Nador : trois ados emprisonnés à cause de baisers postés sur facebook, le procès fixé au 11 octobre
En vue de dénoncer la colère de députés du PJD,
à bord d’un avion, contre des séquences osées d’un film, l’écrivain et
peintre marocain Moulim Laâroussi, publiait, fin janvier, sur facebook
la photo d’un baiser avec sa femme, sans qu’il soit poursuivi par la
justice. Une chance que trois adolescents de Nador n’ont pas eue.
Accusés d’atteinte à la pudeur, ils risqueraient un mois à deux ans
d’emprisonnement (article 483 du code pénal).
Un journal local aurait participé, peut-être sans le savoir, dans l’arrestation en publiant une copie de la photo. Le jeune qui a pris la photo, 15 ans, est également derrière les barreaux pour le même délit. Le procès des trois adolescents devra s’ouvrir le vendredi 11 octobre au tribunal de première instance de Nador.
Une Inquisition des temps modernes, dénoncée sur les réseaux sociaux
Lever de bouclier sur les réseaux sociaux, contre l’arrestation des trois adolescents. La solidarité a pris la forme de publication, sur des comptes personnels sur facebook ou Twitter, de photos de baisers de couple. L’affaire est très suivie, également, par la presse internationale, au point de concurrencer le dossier d’Ali Anouzla. Il est prévu que lors du procès de vendredi prochain, la présence à Nador, de représentants d’associations locales, nationales et internationales, pour soutenir les trois ados.
Il n’y a pas que les laïcs qui ont déclaré leurs solidarité avec les trois élèves du lycée Tarik Ben Zyad de Nador, le salafiste Abdelouhad Rafiki, alias Abou Hafs, libéré suite à une grâce royale en février 2012, a exprimé, sur sa page facebook, son hostilité à cette arrestation, appelant les promoteurs de la vertu sur les réseaux sociaux à suivre les crimes qui méritent mieux la réprobation.
Que risquent les trois ados ?
Ils sont poursuivis pour atteinte à la pudeur. Le code pénal marocain a réservé tout un article à cette accusation : « Quiconque, par son état de nudité volontaire ou par l'obscénité de ses gestes ou de ses actes, commet un outrage public à la pudeur est puni de l'emprisonnement d'un mois à deux ans et d'une amende de 120 à 500 dirhams. L'outrage est considéré comme public dès que le fait qui le constitue a été commis en présence d'un ou plusieurs témoins involontaires ou mineurs de dix-huit ans, ou dans un lieu accessible aux regards du public ».
Toutefois, le texte est sujet à diverses interprétations. D’abord « l’outrage » n’était pas public et ensuite le texte ne mentionne pas les sanctions quand des mineurs sont les « auteurs » de l’ « obscénité ».
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Bons baisers du Maroc
Mahdi Zahraoui, bladi.net, 6 octobre 2013
L’un des exercices les plus ardus à pratiquer dans le plus beau pays du monde est d’analyser et de décortiquer la scène publique en étant muni du bistouri de la raison et de la logique. Mener cette tâche à bon escient peut vous doter d’une migraine, une pratique quotidienne de cet exercice est le droit chemin à l’asile psychiatrique.
En Jordanie, on a revu les prix des carburants à la hausse, le peuple a répondu avec un soulèvement où les portraits du roi Abdallah II ont été vandalisés. Au Soudan, des victimes sont tombées sous la répression du sanguinaire Omar El-Bechir suite à la même décision. Quant au Maroc et grâce à son exception réputée, une seule augmentation n’a pas suffi. Du coup, on a récidivé, dans la joie et la bonne humeur. Lors de la première augmentation, un pantin est sorti calmer les ouistitis que nous sommes en affirmant qu’il veillera à ce que le prix des bananes n’augmentera guère. La deuxième fois, le pantin n’a même pas daigné s’adresser aux ouistitis. Sublime.Notre pays est sans gouvernement depuis plusieurs mois. Énième preuve que ce dernier n’est qu’un pare-chocs sans surplus. « Une croissance à 7% », « une lutte acharnée contre le despotisme et la corruption », « une bonne gouvernance et de la transparence » … C’étaient les slogans du PJD lors de sa campagne. Maintenant Benkirane invite les marocains à remercier Dieu « car ils ont de l’électricité et en prime, sans coupure … ». Pauvre tyrannie terrassée … Chabat prend les rênes de l’Istiqlal et invite les ânes aux manifestations « politiques » au boulevard le plus important de la capitale. Mezouar, avec ses primes qu’on ne présente plus, s’apprête à reprendre les finances du pays. Cerise sur le gâteau : le pauvre PJD « Dénonce, fustige et crie » à l’égard des « pratiques douteuses » ayant conduit à la perte de son siège à Moulay Yaacoub. Ah oui, c’est vous qui allez éradiquer le despotisme ? Riez ou pleurez, vous avez au moins le choix.
Et afin de veiller à l’exception marocaine, il fallait emprisonner le plus dangereux terroriste du pays : Anouzla. Et oui, avec sa plume il menait constamment des attentats nuisant à la sérénité des marocains. Les sujets de sa majesté qui offrent leurs âmes et corps au commandeur des croyants veulent que le budget royal soit de 15 fois celui de son confrère espagnol et adorent qu’on gracie les pédophiles ayant abusé de leur progéniture. Qu’en savent les mille et une organisations internationales qui ont fustigé cette arrestation ? Qu’en sait le Washington Post à l’exception marocaine ? Qu’en savez-vous bande de nihilistes ? Soulignons ici la prestation ubuesque d’un présumé porte-parole du gouvernement pour défendre cette arrestation. C’est une excellente manifestation de l’incompétence et de la bassesse d’un ministre qui s’est converti au rôle du « Berrah » du régime, faute de pouvoir exercer ses fonctions dans un ministère qu’on bannit dans les pays démocrates.
Ah oui, n’oublions pas les baisers. Nous avons mis en taule, les voyous, les tueurs les pédophiles (pardon, ceux-là on les gracie) et les corrompus. Vint le tour des adolescents du baiser. Entre temps allons raconter aux citoyens d’Imider et d’Anefgou comment on a inventé « le militantisme des baisers » et comment on a créé le front national à la défense des lèvres insoumises pour contrecarrer les « atteintes féroces » aux libertés individuelles. Quand on aura fini, rendons une visite à Anouzla et présentons-lui nos fulgurants accomplissements … à la défense du baiser.
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