Par Salma Bakri, 20/10/2010
193 pays en débattent ces jours-ci à l'occasion de la conférence de l’ONU sur la diversité des espèces. La biodiversité est un enjeu majeur au niveau mondial, mais aussi au Maroc. Au royaume, le sujet est discuté, mais ne figure pas encore en première position des priorités nationales.
L'autruche à cou rouge a disparu du Maroc au 20è siècle |
Plus de 15 000 personnes provenant de 193 pays signataires participent à la conférence des pays membres de la convention sur la biodiversité. Les travaux qui ont débuté ce lundi 18 octobre pour s'étendre jusqu'au 29, visent à formuler un nouveau plan stratégique pour la période 2011-2020 ainsi qu'une vision de la biodiversité en 2050.
« Nous allons discuter sincèrement de l'avenir de la Terre pour trouver une solution », a déclaré le ministre japonais de l'Environnement, Ryu Matsumoto, dans son discours d'ouverture. « Transmettre une Terre, belle, avec une biodiversité riche, aux prochaines générations est le désir partagé partout dans le monde », a-t-il ajouté.
Des questions budgétaires et stratégiques vont être au cœur des débats.
De plus, les avancées constatées jusqu’à présent seront évaluées, de nouveaux objectifs seront fixés afin de limiter la perte constante d'espèces, et au final aura lieu la signature du protocole « ABS ». Ce protocole devrait mettre en place un meilleur cadre juridique pour répartir équitablement les bénéfices tirés de l'exploitation des ressources génétiques.
Au Maroc, diversité biologique exceptionnelle – et enjeux de taille
Le Maroc a signé la convention sur la biodiversité en 1992 pour la ratifier en 1995. Depuis, un suivi régulier de la biodiversité a lieu, le dernier rapport national datant de 2009. Quelques constats s'imposent.
La biodiversité au Maroc est d’une variété et diversité remarquable. Comme l'explique le Centre d'Echange d'Information sur la Biodiversité du Maroc, cela est dû à sa situation géographique entre la Méditerranée et l’Atlantique ainsi qu'à la diversité de ses écosystèmes. Les espèces animales et végétales recensées dépassent les 32 000 (dont plus de 24 000 sont animales); un chiffre qui démontre la richesse du pays en la matière.
Mais la faune et la flore sont de plus en plus en danger à cause de l’activité humaine. Parmi les espèces disparus tout au long du XXème siècle, on peut citer le crocodile d’Afrique de l’Ouest et l’autruche à cou rouge (voir photo)… Et aujourd’hui encore, de nombreux mammifères, poissons et oiseaux font partie des espèces menacées.
Quelques exemples d’espèces menacées et leurs caractéristiques
Comme le mentionne Telquel dans un article dédié à la faune marocaine, la tortue mauresque est une espèce lente et vulnérable. C’est la seule tortue terrestre du Maghreb qui supporte bien le climat chaud et sec. Elle est victime du développement agricole et la construction de routes sans passages aménagés pour la faune.
Autre exemple d'espèce menacée, le singe magot est le seul primate à vivre au nord du Sahara. En 30 ans, la population marocaine de magots est passée d’environ 17 000 à 8 000 individus, et ils ne seraient plus que 3000 d’après une étude en 2009. Les estimations montrent que 300 jeunes singes sont capturés chaque année pour être exportés vers l’Europe ou exposés aux touristes. Cette espèce est également menacée par la surexploitation forestière et la diminution de la diversité végétale.
Pour protéger sa biodiversité, le Maroc a mis en place plusieurs initiatives, telles que l’élaboration de la charte environnementale, des journées nationales de sensibilisation et des conférences pour le grand public ainsi que les étudiants. Il y a également plusieurs parcs naturels pour préserver le patrimoine biologique naturel. Les principaux sont : Le parc d'Al Hoceima, le parc d'Ifrane, le parc de Souss-Massa, le parc de Tazekka et le parc de Toubkal.
Une chose est sûre, même si ce n'est pas une priorité, la population -notamment rurale- est de plus en plus consciente de la problématique de la biodiversité. Le nombre d'associations dans ce domaine ainsi que leurs actions ont permis d'attirer l'attention des pouvoirs publics sur la menace qui pèse sur telle ou telle espèce. Les autorités marocaines gagneraient à appuyer ce mouvement de la société civile afin de protéger sa principale richesse naturelle : sa biodiversité.
La panthère de l’Atlas n’a pas disparu !
La Maroc avait déclaré l’extinction totale de l'espèce autochtone de panthère, chose qui vient d'être réfutée par une équipe de chercheurs espagnols. Ils ont révélé l'existence d’une colonie d’une trentaine de panthères dans un endroit inhabité de l’Atlas marocain.
Leur découverte a fait l'objet d'un ouvrage publié en mai 2010 : «El leopardo del Atlas » (Le léopard de l’Atlas) du professeur, zoologue, Francisco Purroy.
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Peut-on protéger la biodiversité et en même temps inviter des chasseurs qataris à la détruire ?
Lire : dimanche 17 octobre 2010, Destruction de la biodiversité : le Maroc invite les Qataris à chasser les oiseaux rares au Sahara Occidental (ndlr)