Par Christelle Marot, 6/1/2012
Depuis près de quatre mois, Tinghir, petite ville minière du Maroc est en ébullition. Ses habitants dénoncent la mine d'argent d'Imiter accusée de polluer l'environnement au cyanure et au mercure.
Depuis près de quatre mois, Tinghir, petite ville minière (centre est du Maroc), à 160 kilomètres de Ouarzazate, est en ébullition. Ses habitants, hommes, femmes, enfants, multiplient sit-in et manifestations pour dénoncer les agissements des responsables de la mine d'argent d'Imiter, à 30 kilomètres de là, accusés de polluer sans vergogne l'environnement au cyanure et au mercure, deux produits chimiques couramment utilisés dans le traitement de l'argent. La population réclame également une meilleure redistribution des richesses.
La mine, située à une trentaine de kilomètres de la ville, est exploitée par la Société métallurgique d'Imiter (SMI), filiale du groupe minier Managem (holding SNI). Elle emploie près d'un millier d'ouvriers. Managem, la société mère, a enregistré une hausse de son chiffre d'affaires de 35,6 % au premier semestre de 2011.
"Il n'y a aucun respect de l'environnement", s'indigne un militant syndical de la Confédération démocratique du travail (CDT) qui préfère rester anonyme par crainte des représailles. La nappe phréatique est touchée ! Polluée et asséchée ! Dans l'agriculture, le rendement et la qualité ont baissé. Les déchets contaminés sont laissés à l'air libre. Les habitants de la région ne profitent pas des retombées de la mine. Où sont les emplois ? Où sont les routes ?
Depuis plusieurs semaines, environ 200 diplômés chômeurs se relaient, jour et nuit, devant le réservoir d'eau du mont Alban, pour bloquer l'alimentation de la mine qui tournerait donc au ralenti. Les discussions entamées avec la SMI et le gouverneur de la province de Tinghir n'ont pour l'instant rien donné.