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samedi 1 janvier 2011

Suite de l'affaire Aïcha Mokhtari : son frère veut poursuivre l’Etat français en justice

La France lui a refusé le visa qui lui aurait permis de soigner son cancer

 PAR DJAMEL BELAYACHI, 31/12/2010


Abdelaziz Mokhtari est déterminé à obtenir justice pour sa sœur Aïcha, ressortissante marocaine décédée le 15 août 2009 des suites d’un cancer sans avoir pu obtenir un visa pour aller se faire soigner en France. Et ce à cause d’une erreur des services consulaires français.
Abdelaziz Mokhtari n’a pas encore fait le deuil de sa sœur Aïcha : il souhaite que justice soit faite. Cette citoyenne marocaine est décédée le 15 août 2009 des suites d’un cancer des os faute d’avoir pu obtenir un visa pour se soigner en France, au bout d’un an et demi de vaines procédures. Depuis la disparition de sa sœur, Abdelaziz Mokhtari poursuit un inlassable combat judiciaire pour que les responsables ne restent par impunis : les autorités françaises, qui lui ont refusé le visa à la suite d’une erreur administrative commise par les autorités consulaires de Fès et qu’ils se borneront à ne pas reconnaître malgré plusieurs recours ; l’Etat marocain, coupable de n’avoir pas fait grand-chose pour lui garantir l’accès aux soins. La famille Mokhtari a obtenu une première victoire fin septembre dernier devant le tribunal administratif de la ville d’Oujda (Est du Maroc) qui, grande première, a condamné l’Etat marocain, en la personne du Premier ministre Abbas El Fassi et la ministre de la Santé Yasmina Baddou, à verser une indemnité s’élevant à 45 000 DH aux ayant-droits d’Aïcha Mokhtari pour « négligence » et « non-assistance à personne en danger ». Mais Abdelaziz Mokhtari ne compte en rester là. « Ce n’est pas l’argent qui nous intéresse mais qu’ils reconnaissent leurs erreurs », affirme-t-il. Il envisage de poursuivre les deux ministres déjà incriminés en correctionnelle, mais aussi Lakhdar Haddouche et Omar Hjira, respectivement ancien et actuel maires d’Oujda.

« Un acte de racisme »
En France, où il souhaite également poursuivre l’administration en justice, Abdelaziz Mokhtari s’est attaché les services de Maîtres Léa Leforestier et William Bourdon, spécialisé dans la défense des droits de l’Homme. Ce dernier a adressé mi-novembre un courrier aux ministères de l’Intérieur et des Affaires étrangères leur demandant de faire amende honorable et d’indemniser la famille Mokhtari. Passé le délai légal de deux mois, si aucune suite n’est donnée à cette correspondance, « nous en tirerons les conséquences », prévient M. Mokhtari.
Les mésaventures d’Aïcha Mokhtari avec l’administration française commencent le 25 mars 2008 quand elle demande un visa pour soins médicaux auprès du consulat français de Fès, au Maroc. Pourtant complète, sa demande est rejetée le 2 avril 2008, sans aucun motif. Sollicité sur les raisons de ce refus, le ministère de l’Immigration indique dans un courrier un mois plus tard « qu’aucune demande au nom de Madame Mokhtari n’a été enregistrée (…) depuis la dernière demande de visa de court séjour pour visite familiale qui a fait l’objet d’un refus du consulat général de Fès le 10 avril 2007, l’intéressé ne satisfaisait pas à toutes les conditions requises pour la délivrance du visa sollicité ». A son étonnement, la famille Mokhtari apprend par cette correspondance qu’il s’agit d’une homonyme : l’objet et la date de la demande ne correspondent pas à Aïcha Mokhtari. Avertie, la sénatrice française Alima Boumediene-Thiery mène son enquête auprès de services consulaires d’Oran (Algérie), laquelle confirme la confusion avec une ressortissante algérienne dont la demande avait été rejetée près d’un an avant qu’Aïcha Mokhtari n’introduise la sienne. Il s’avère aussi que sa demande n’a même pas été enregistrée sur le fichier informatique des services consulaires. Résultat : elle a été purement et simplement ignorée. Une erreur que l’administration française n’admet toujours pas en dépit des nombreux recours. Entretemps, Aïcha Mokhtari est décédé sans avoir pu bénéficier de visa pour se soigner convenablement. « Un acte de racisme », dont Abdelaziz Mokhtari promet de ne pas laisser impuni.

http://www.afrik.com/article21611.html

Mohammedia : après les intempéries, journée d'action au local de l'AMDH

Par Ali Fkir,  coordinateur du Comité de la défense et de l'action pour la libération des détenus, et de la solidarité avec les victimes des intempéries et de l'exclusion, 1/1/2011


Les familles des détenus du Bidonville de Brahma Lhafra (6 détenus) et du douar Lhaj Miloudi (2), et en coordination avec le "Comité de la défense et de l'action pour la libération des détenus, et de la solidarité avec les victimes des intempéries et de l'exclusion", et avec la section de Mohammedia de l'AMDH, une journée d'activités au sein du local de la section, et ce, le vendredi 31 décembre 2010 (de 10h du matin jusqu'à 17h30 de l'après-midi).
Des dizaines d'habitant-es qui ont pu trouver place au sein du local ont assisté à des projections (vidéos, photos) sur les inondations, sur les dégâts, sur les victimes de l'exclusion, sur les sit in de protestation organisés à Mohammedia et à Casablanca... l'assistance a vécu des moments très émouvants.
La journée d'information, de sensibilisation, de protestation a été clôturée par les allocutions: de Abdellatif Dchich, du "comité de suivi du dossier de l'habitat à Casablanca", de Mohammed Abounasr, président de la région de Casablanca de l'AMDH, de Ali Fkir, coordinateur du comité de Mohammedia, et d'une citoyenne/victime bidonvilloise.
La journée de l'information/sensibilisation organisée par les familles des détenus a connu un grand succès: organisation sans faille aucune, haute qualité (technique et contenu) des projections, discussions fructueuses en groupes et bilatérales... Des dizaines des citoyen-nes (sans droits de citoyenneté) ont bravé certains obstacles pour venir exprimer aux familles leur solidarité, et pour étaler devant l'opinion publique les conditions cauchemardasses où ils/elles vivent
Rappelons que 6 habitants du bidonville Brahma Lhafra, ont accepté d'aller dialoguer au nom des habiatnt-es avec le gouverneur de Mohammedia, et se sont retrouvés en prison à Casablanca avec des chefs d'inculpation très graves. Les dossiers ont été complètement préfabriqués. C'est du pur Kafka!
Rappelons aussi que M'barka Sefri et son frère Moussa, ont été condamnés à 2 mois de prison ferme pour avoir refusé de quitter (sans alternative aucune) un taudis que la famille Sefri (3 ménages) occupaient depuis 1958. C'est scandaleux!
LA SOLIDARITE AVEC LES VICTIMES DES INTEMPERIES, AVEC LES VICTIMES DES POLITIQUES "SOCIALES" DE L'ETAT, AVEC LES VICTIMES DE LA REPRESSION NOUS INTERPELLE .

 

 

LETTRE OUVERTE AU GOUVERNEMENT PORTUGAIS SUR LA POSITION PORTUGAISE FACE À LA QUESTION DU SAHARA OCCIDENTAL

Par António Manuel Baptista da Silva Luísa Teotónio Pereira
Associação de Amizade Portugal-Sahara Ocidental,
R. Pinheiro Chagas, 77-1º Dto, 1069-069 Lisboa, 28/12/2010

Monsieur le Premier Ministre
Engº. José Sócrates
Residência Oficial
R. da Imprensa à Estrela, 4
1200-888 Lisboa

Monsieur le Premier Ministre
Au nom de l’Association d’Amitié Portugal-Sahara Occidental, nous avons l’honneur de vous faire parvenir le Lettre Ouverte ci-jointe sur la question du Sahara Occidental et la position qu’un ensemble de figures éminentes nationales estiment fondamentales que le Gouvernement portugais adopte sans délai et sans hésitation.
Cette prise de position gagne une importance spéciale du fait que la question se trouve dans une phase décisive et que le Portugal s’apprête à assumer sa place comme membre du Conseil de Sécurité des Nations Unies. Ce dossier est l’un de ceux qui exigeront un accompagnement permanent durant tout le mandat et par rapport auquel le Portugal, avec son passé de défense intransigeante et diplomatiquement habile des droits du peuple de Timor-Leste, particulièrement du droit à l’autodétermination et indépendance, pourra avoir une contribution spécifique et enrichissante.
C’est ce que nous désirons, confiant dans la responsabilité de Portugal devant la communauté des Nations en ce qui concerne son compromis pour la défense des Droits de l’Homme et du Droit International.
Avec nos vœux d’un 2011 exigeant en termes de cohérence politique et de succès concrets en cette matière,
nous présentons à V. Exª nos meilleurs compliments.

LETTRE OUVERTE AU GOUVERNEMENT PORTUGAIS SUR LA POSITION PORTUGAISE FACE À LA QUESTION DU SAHARA OCCIDENTAL

Monsieur le Premier Ministre du Portugal
Monsieur le Ministre d’État aux Affaires Étrangères du Portugal

Nous suivons avec douleur et indignation l’opération de répression du gouvernement du Royaume du Maroc qui s’est abattue sur la population sahraouie de El Aaiun, comme réponse au soulèvement pacifique du Camp de la Dignité de Gdeim Izik. Le fait d’avoir été précédé de mesures intentionnelles d’isolement du territoire renforce nos sentiments. Devant l’incompréhensible silence du gouvernement portugais devant de telles violations des droits de l’Homme, nous venons réclamer leur condamnation publique et claire.
Le Camp de la Dignité a voulu exprimer la protestation par les citoyens et citoyennes sahraouis, devant la discrimination continue, nommément en termes socio-économiques, dont ils sont l’objet dans leur propre territoire. Si cette réalité était déjà connue par ceux qui ont des contacts ou s’intéressent pour cette région, elle est devenue évidente pour tout le monde à travers cet acte pacifique et de courage. Devant le refus marocain de répondre aux questions posées par la Commission Européenne sur les bénéficiaires des richesses qui sont produites dans le territoire, les Sahraouis ont donné leur témoignage. Dans ce contexte, et en accord avec le Droit International, comme il a été démontré et reconnu par les services juridiques du Parlement Européen, il ne sera pas possible de renouveler l’Accord de Pêche entre l’Union Européenne et le Maroc, lequel se trouve en phase de renégociation. Nous demandons instamment au Gouvernement portugais qu’il clarifie rapidement sa position, en se basant sur les principes du Droit International.

Cette dernière vague de violations des Droits de l’Homme contre des citoyens sahraouis et leurs organisations ont de graves précédents. En réalité, ces violations se sont établies comme une politique et une pratique constantes, favorisées par le contrôle des informations par les autorités marocaines. Il est urgent d’établir une surveillance rigoureuse et impartiale de ces faits, et la MINURSO (United Nations Mission for the Referendum in Western Sahara), établie en 1991, peut l’assurer, comme cela se pratique dans les autres missions de paix des Nations Unies. Nous demandons au gouvernement portugais qu’il s’engage activement pour que le Conseil de Sécurité donne à la MINURSO, le plus rapidement possible, un mandat de surveillance des Droits de l’Homme au Sahara Occidental.

Nous savons, en particulier par l’expérience de Timor-Leste, que les droits du peuple sahraoui ne pourront être pleinement exercés que lorsqu’il fera entendre sa voix, dans le cadre d’un acte d’autodétermination juste et libre, conduit et supervisé internationalement. Toutes les mesures antérieures suggérées sont nécessaires et urgentes, mais elles ne sont pas suffisantes. Une solution claire de ce conflit ouvrira de nouvelles perspectives pour le Maroc, pour la région et pour le dialogue euro-méditerranéen.
Nous ne pouvons pas accepter que notre politique extérieure ait deux mesures opposées. Le Portugal a assumé un rôle essentiel dans la libération du peuple timorais et a demandé aux autres États, dans le même cas, de respecter le droit international. Soyons cohérents. Appuyons tous les efforts internationaux qui conduisent à la réalisation d’un référendum d’autodétermination. C’est cette politique que nous voulons voir concrétisée par le gouvernement portugais.
Lisbonne, Décembre 2010
28 personnalités de la société portugaise prennent position sur la position du Portugal par rapport au conflit du Sahara occidental

MIGUEL GALVÃO TELES, une des personnalités qui on signé la lettre, Avocat avec une longue expérience dans les litiges prés de la Cour internationale de Justice et des tribunaux arbitraux internationaux. Il est membre de la Cour permanente d'arbitrage de La Haye. Il a défendu la cause portugaise à la Cour de Haye dans le litige avec l’Australie a propos du pétrole de Timor Oriente (TIMOR GAP)
Alvaro Siza Vieira, connu internationalement pour Siza Vieira, est le plus respecté et primé contemporaine architecte portugais. Prix Pritzker (1992), Prix Luso-Espagnol des Arts et de la Culture 2010
Adelino Gomes, jornalista
Alice Vieira, escritora
Álvaro Siza Vieira, arquitecto
Ana Tostões, arquitecta
Frei Bento Domingues
Eduarda Maio, jornalista
Francisco Teixeira da Mota, advogado
Jacinto Lucas Pires, escritor
Janita Salomé, músico
João Proença, dirigente sindical
José Augusto França, ensaísta
José Luís Peixoto, escritor
José Mattoso, historiador
José Ribeiro, editor
Joaquim Azevedo, professor universitário
Luís Moita, professor universitário
Manuel Carvalho da Silva, dirigente sindical
Manuel da Costa Cabral, pintor
Mário Nogueira, dirigente sindical
Miguel Galvão Teles, advogado
Miguel Gomes, realizador de cinema
Miguel Oliveira da Silva, médico
Maria Helena Mira Mateus, investigadora
Maria João Seixas, jornalista
Paulo Sucena, dirigente sindical
Teresa Féria, jurista
Vasco Lourenço, tenente-coronel
Viriato Soromenho Marques, professor universitário

vendredi 31 décembre 2010

Les voeux de Stéphane Hessel pour la nouvelle année


A quelques heures de la nouvelle année, indignons-nous avec Stéphane Hessel


http://www.dailymotion.com/video/xgcbml_les-vyux-de-stephane-hessel-pour-2011-sur-mediapart_news



Le succès d’ Indignez-vous !
Par  Gilles Moreau, RFI, (extrait)
« 2010 fut une année record de la contestation en Europe », affirme de son côté l'Humanité. Et pour étayer son propos, le quotidien communiste accorde sa une à Stéphane Hessel, l'auteur d' Indignez-vous ! le livre le plus vendu actuellement en France. Âgé maintenant de 93 ans, Stéphane Hessel a été résistant et déporté en Allemagne, avant de consacrer toute sa carrière à la diplomatie et à la défense des droits de l'homme.
Interrogé par l'Humanité sur les raisons de cet énorme succès de librairie, il répond que « nous avons la claire conscience d'être au milieu et non à la fin d'une grave crise de l'économie néo-libérale, et donc il est normal de se poser des questions sur les raisons des dysfonctionnements de nos sociétés ».
« S'indigner c'est déjà résister », c'est le propos de Stéphane Hessel retenu à la une de l'Humanité.



Sahara Occidental : Témoignage de l'octogénère Deida-Da Yasid :" A Laâyoune la cohabitation avec les Marocains s'est brisée"

Par Laura Gallego, GUINGUINBALI, 27/12/201
“Je ne suis toujours pas vieux pour prendre une arme”
“De l’âge indiqué sur le passeport, ne vous fiez pas”, lance-t-il en le rendant. Dans ce document marocain qui, pour lui – Sahraoui de pure souche – n’a aucune validité, on peut lire qu’il est né en 1930. Mais les siens, tout en feuilletant le passeport en question, évoquent près de cinq de plus. En tout cas, il a bien l’aspect d’un octogénaire.
Tout le monde à Laâyoune  connaît Deida-Da Yasid ; tous les Sahraouis lui professent le respect. À chaque fois qu’il entrait dans n’importe quelle khaïma du camp de Gdeim Izik, tout le monde se levait ; on courait lui baiser la tête, leur façon à eux de montrer leur respect aux personnes âgées. Il n’y passait jamais la nuit, mais on l’y trouvait à toute heure, voire la nuit tombée. Il y venait tous les jours depuis la ville avec son fils. Ce même fils avec qui il a débarqué, il y a deux jours, en Grande Canarie.
Il nous reçoit chez l’un des Sahraouis résidant ici depuis des années. Il dort de son long par terre, dans le salon, enveloppé dans une couverture. C’est un vieux qui inspire la tendresse. Mais une fois réveillé, il arrange sa chevelure puis s’assoit, agile, pour parler avec les voisines venues le saluer, qu’on entend rire aux éclats à ses dissertations sur les tribus sahraouies – selon elles m’expliquent plus tard – et rajeunit. Lorsqu’il vous montre du doigt, et vous cloue le regard, on dirait un gosse. Et il répond ainsi à toutes les questions.
Des fois, par une autre question. S’il y a plus de deux Sahraouis morts ? “Et où sont alors tous ceux qui manquent?”
Deida-Da veut parler. Au nom de sa fille, qu’on a frappée. De son petit-fils emprisonné. De celui qui ne sait pas où il est. Des plus de 20 000 personnes qui formaient ce camp qu’on dénommait aussi Camp de la Dignité. De tous les enfants qui sont toujours dans des bras inconnus –tandis que leurs familles passent des messages avec leur description –, en attendant de retrouver leurs parents. Où sont-ils ? Voilà les questions de Deida-Da.
Le jour où l’armée marocaine a reçu l’ordre d’entrer à sang et à feu dans cette mer de khaïmas, et de venir à bout de la protestation pacifique – à la surprise de certains, quoique le gouvernement savait déjà qu’il n’y aurait pas de représailles de la part de la communauté internationale –, le vieil homme était chez lui à Laâyoune. À six heures du matin le portable le réveille. Avant de se coucher, raconte-t-il, plusieurs agents de police lui ont rendu visite. “Je leur ai dit que, quitte que quitte, s’ils entraient chez moi je les fusillerais, qu’ils appellent s’il était nécessaire et que nous sortirons pour parler, mais que s’ils forçaient ma porte, j’userais des armes que j’ai, et ils savent que je ne plaisante pas, pour cela ils ne sont jamais revenus”, se rappelle-t-il. Et il convainc.
En tant que leader de son peuple, au moins, en tant que personne âgée respectée, ils ont pu vouloir alerter, d’une certaine manière par cette visite, ce qui était sur le point de se passer. Durant les deux affrontements auxquels a été mené le démantèlement, lorsque tant de portes ont été forcées à coups de pieds, ils ne sont en effet pas passés par chez lui. Mais si maintenant il est en Grande Canarie, c’est parce qu’il s’est peu à peu rendu compte qu’on “voulait le mettre de côté”, dit-il. “Quelqu’un a dit que c’était nous qui faisions passer les étrangers au camp et mon fils est demeuré trois jours caché ; quand il est réapparu chez moi, nous sommes venus en Grande Canarie.”
Depuis ici, il veut faire ses papiers de naturalisation, malgré qu’il inculpe l’Espagne de quelque chose : “Je ne peux pas rentrer maintenant car l’Espagne ne garantit pas ma sécurité.” Il sort alors de son dossier un autre document, celui du ministère de la Défense espagnol, où l’on lit “Unité des Affaires Sahraouis et Caisse des Pensions”, et une ligne plus bas : “Carte d’Identité Garde Juré, a prêté des services à Zoco Bocalitos Apolico”. Pension : 270 euros.
Deida-Da fut soldat espagnol. Quoique plus tard il ne se soit pas enrôlé dans les rangs Front Polisario. Il est demeuré dans sa terre, attendant une solution pacifique et le fait d’avoir dû partir à son âge lui rompt le cœur. Pour cela, malgré qu’il vient d’affirmer qu’il n’a aucune garantie pour sa sécurité là-bas, il renchérit : “Mais bien que je n’aie pas la nationalité je veux retourner, je me sens très mal.”
Des derniers jours passés à Laâyoune, il ne peut parler que d’arrestations quotidiennes. “On arrête des gens sans cesse, on veut les éliminer, que ceux qui restent aient peur et prennent la fuite.” Et lui ? Craint-il ce qui pourrait se passer ? “Non, les gens n’ont pas peur, ce qu’ils n’ont pas c’est des armes et ils ne vont pas sortir pour mourir ; nous avons fait ce que nous pouvions, il vaut mieux faire un pas en arrière et que ceux de Tindouf fassent ce qu’ils peuvent maintenant, ou les journalistes, les ONG, qu’ils viennent voir ce qui se passe”, propose-t-il.
Voilà son analyse de la situation. La peur, à son avis, c’est le Maroc qui l’a. Pour cela il s’attendait “d’une part” que la situation au camp tourne tel qu’elle a tourné. Pour Deida-Da – parle la voix de l’expérience –, cette protestation est “ce que les Sahraouis ont fait de mieux”, et maintenant, “le Maroc sait que tous veulent la liberté”. C’est-à-dire – poursuit-il son argument –, “avant, le Maroc pensait que les indépendantistes étaient tout au mieux un 5 %, les militants, mais quand on nous a vus tous unis, main dans la main, on n’en revenait pas ; cela n’était jamais arrivé, pour cela on nous accuse de terrorisme et tous ces mensonges, afin que personne ne voie que nous sommes tous unis autour d’un même mot." La Liberté", évidemment.
Mais la liberté brille par son absence ces jours-ci à Laâyoune. Au moins, pour une partie de la population, les Sahraouis. Pour cela, dit le vieux, la cohabitation avec les Marocains s’est aussi brisée. “C’est terminé, chacun pour soi, parce que plusieurs, qui ont été nos voisins durant 35 ans, ont raconté à la police où étaient cachés certains Sahraouis, voire ont participé au harcèlement. Et tout ce qu’on avait partagé pendant tout ce temps ? Où est resté tout cela ?”, demande-t-il de nouveau.
Il n’y a pas de liberté, pas d’espoir ni en l’Espagne ni en aucun organisme international – “il se fait tard que l’ONU tarde en sorte, c’est un occupant de plus” –, pas de cohabitation. Mais il insiste pour terminer : il n’y a pas de peur non plus. “Nous n’avons plus peur, il ne nous reste plus rien à faire, sauf aller en guerre ; peu importe qui est le plus fort, il ne reste a plus rien à dire, nous voulons lutter, tous, voire moi-même. Pour tenir une arme je ne suis toujours pas vieux.” La force d’un gosse et l’épuisement de 35 ans de soumission. Mais il ne se rend pas.
Vidéo : le vieux militant, blessé en même temps que ses filles, s'explique 

La diplomatie française en déroute au sein du Sahara occidental

  1. Mais chut! faut pas en parler, même wikileaks ne bronche....
Par Humanitas,26/12/2010
Si ces événements s’étaient déroulés en République démocratique du Congo, en Haïti ou au Soudan, des experts en droits de l’homme de l’ONU auraient immédiatement été dépêchés sur place.
Les événements qui ont embrasé El Ayoun, la capitale du Sahara occidental, le 8 novembre dernier, devraient convaincre la diplomatie française de «changer de cap sur un dossier peu connu, mais qui embarrasse jusqu’aux plus aguerris de ses diplomates», a indiqué le représentant de Human Rights Watch à l’ONU, Philippe Bolopion. S’exprimant dans un «point de vue» publié sur le Monde.fr, Bolopion il a relevé que «depuis plusieurs années, à l’abri des portes closes du Conseil de sécurité de l’ONU, la France use du pouvoir de dissuasion que lui confère son droit de veto pour tenir les Nations unies à l’écart des questions touchant au respect des droits de l’homme dans le territoire annexé par son allié marocain, en 1975».

Faute d’un mandat approprié, la mission de l’ONU au Sahara occidental (Minurso) est restée «aveugle» tout au long des événements qui ont opposé, le mois dernier, les forces de l’ordre marocaines aux militants sahraouis, les troubles les «plus graves» depuis le cessez-le-feu de 1991, a-t-il fait remarquer. Pour lui, le Conseil de sécurité de l’ONU, en charge de la paix internationale, s’est vu dans l’incapacité de faire la part des choses entre le mouvement indépendantiste du Front Polisario, qui a dénoncé sans preuve le massacre de 36 manifestants pacifiques, et le Maroc qui prétendait, sans plus de crédibilité, libérer les milliers de civils sahraouis soi-disant retenus en otages par des «criminels» dans un camp érigé, en signe de protestation, à proximité d’ El Ayoun. M. Bolopion a estimé que si ces événements s’étaient déroulés en République démocratique du Congo, en Haïti ou au Soudan, des experts en droits de l’homme de l’ONU auraient immédiatement été dépêchés sur place pour établir une version objective des événements et informer le Conseil de sécurité, contribuant ainsi à apaiser les tensions. La présence d’observateurs de l’ONU aurait aussi pu s’avérer dissuasive pour les forces de sécurité marocaines qui ont, à plusieurs reprises, selon une enquête de Human Rights Watch, passé à tabac des personnes arrêtées à la suite de troubles.

Toutes les missions de maintien de la paix de l’ONU, établies depuis 1991, disposent de ces mécanismes, qui reposent sur le constat que «toute paix durable s’appuie sur le respect des droits de l’homme». Partout ailleurs, du Darfour au Timor Est, en passant par le Kosovo, la France soutient pleinement l’intégration croissante des questions touchant aux droits de l’homme dans les missions de l’ONU. «Il n’y a que sur le dossier sahraoui que Paris s’arc-boute, persistant à défendre une anomalie historique», a-t-il déploré. «Au lieu de s’aligner sur Rabat, la France devrait convaincre le Maroc qu’il a tout à gagner à améliorer les conditions dans lesquelles vivent les Sahraouis sous son contrôle, souvent muselés et harcelés par les forces de l’ordre marocaines lorsqu’ils osent se prononcer pour l’indépendance», a affirmé le militant de Human Rights Watch, pour qui le renouvellement du mandat de la Minurso, en avril 2011, «offre à la diplomatie française une chance de corriger la situation». «Il est temps que Paris reconnaisse que, sans un strict respect des droits des Sahraouis, garanti par l’ONU, les deux camps continueront à se livrer à des campagnes de désinformation qui ne font que compliquer les efforts du Conseil de sécurité en faveur d’une solution politique», a-t-il conclu.

De Sidi Ifni à Sidi Bouzid : la révolte logique des Bac + contre la dictature des Bac –

par FG, 31/12/2010

Démocratie
Le drapeau va au paysage immonde, et notre patois étouffe le tambour.
Aux centres nous alimenterons la plus cynique prostitution. Nous massacrerons les révoltes logiques.
Aux pays poivrés et détrempés ! — au service des plus monstrueuses exploitations industrielles ou militaires.
Au revoir ici, n'importe où. Conscrits du bon vouloir, nous aurons la philosophie féroce ; ignorants pour la science, roués pour le confort ; la crevaison pour le monde qui va. C'est la vraie marche. En avant, route !

Arthur Rimbaud, Illuminations



17 décembre : Mohamed Bouazizi, 26 ans, s’immole par le feu. 22 décembre : Hocine Neji, 24 ans, s’électrocute sur un poteau électrique. 26 décembre : Lotfi Kadiri, 34 ans, se jette au fond d’un puits.
Ces trois actes de désespoir de jeunes diplômés chômeurs et précaires ont alimenté la révolte qui secoue la Tunisie depuis le 18 décembre 2010. Une révolte qui a pris d’emblée une tournure politique au vrai sens du terme, loin du Karakouz* de la politicaillerie. Les manifestants qui ont déferlé dans les rues de dizaines de villes et de villages s’en prennent tous à la corruption du régime et au manque de perspectives. Le "contrat social" établi par le régime du général Ben Ali - la dictature en échange de la prospérité économique - ne marche plus : l’époque des vaches grasses a pris fin et le général est nu. Il y a plusieurs raisons à cela :
  • dans la concurrence mondiale entre les pays à bas coûts de main d’œuvre et à haute productivité, la Tunisie est détrônée par la Turquie, la Pologne et la Roumanie – pour ce qui est de la productivité – et par la Chine, l’Inde, l’Indonésie et le Bangla desh – pour ce qui est des coûts de main d’œuvre.
  • les emplois proposés privilégient la main d’œuvre non qualifiée, laissant de côté les diplômés chômeurs.
  • ’économie de prédation et le système mafieux mis en place par le clan familial au pouvoir découragent l’investissement dans des activités productrices, les détenteurs de capitaux préférant mettre leur argent dans la spéculation, en premier lieu immobilière, qui ne crée pas d’emplois.
  •  les seuls diplômés assurés de trouver un emploi sont les ingénieurs. Or, moins de 10% des diplômés tunisiens ont fait des études d’ingénieur, la plupart des bacheliers préférant choisir les sciences humaines, le droit ou l’enseignement.
  •  la corruption érigée en système administratif fait que les incapables semi-analphabètes ont la priorité sur les diplômés surqualifiés.
  • Chaque famille tunisienne compte au moins un un diplômé de 25-30 ans, bardé de diplômés allant du Bac + 3 au Bac + 8, qui est obligé de rester vivre chez ses parents et qui n’a pas le choix : soit il se contente de "garder les murs" - c’est alors un hittiste -, soit il tente de faire du "bisness" dans le secteur informel – le seul  qui connaisse une forte expansion -, soit il "brûle " et choisit d’affronter la traversée de la Méditerranée dans une embarcation précaire pour tenter  sa chance en Europe, devenant ainsi un "harraga".
Mohamed, Hocine et Lotfi : ce sont les "étranges soldats" de la guerre sociale du XXIème siècle dans ce petit pays, la Tunisie, qui est l’emblème et le symbole des effets ravageurs de la globalisation capitaliste. Un pays étroitement dépendant de l’Union européenne, auquel il est "associé" par un accord qui a entraîné la fermeture d’au moins un tiers des entreprises tunisiennes. 76% des exportations de la Tunisie se font vers l’UE, qui assure 83% des revenus du tourisme et d’où proviennent 90% des transferts d’argent.
Ils sont des centaines de milliers de Mohamed, Hocine et Lotfi, en Tunisie, en Algérie, au Maroc, en Égypte. Selon une estimation prudente, les diplômés chômeurs seraient entre 400 et 500 000 au Maroc, autant en Tunisie, entre 600 et 700 000 en Algérie, et…2, 5 millions en Égypte !
Ils se battent depuis des années, avec l’énergie du désespoir. La révolte déclenchée à Sidi Bouzid le 18 décembre s’inscrit dans un cycle de luttes déclenché au printemps 2008, simultanément au Maroc, en Algérie et en Tunisie.
Au Maroc, ce sont les jeunes de Sidi Ifni qui ont bloqué l’accès au port de pêche d’où partent les sardines mises en boîte par les entreprises espagnoles installées à Agadir. À l’aube du samedi 7 juin 2008, les forces de prépression ont déclenché une "opération éradication" d’une violence inouïe contre le sit-in sous la tente des jeunes diplômés chômeurs.
Au même moment, la jeunesse de Redeyef et Gafsa, en Tunisie, se soulevait, entraînant pratiquement toute la population dans sa révolte. Ici aussi, la réponse fut une répression impitoyable, qui fit des morts, des blessés et jeta en prison un certain nombre de révoltés.
Auparavant, c’était les jeunes de Gdyel, dans la banlieue autrefois rurale d’Oran, en Algérie, qui s’était révoltés, mettant le feu aux bâtiments du pouvoir. Dans les trois cas, la cause immédiate des révoltes était la même : les jeunes diplômés chômeurs  en avaient assez de ne pas obtenir de réponse à leurs revendications, de voir les concours d’embauche privilégier des parents et des proches des gens du pouvoir, souvent étrangers à la région et peu qualifiés, et d’être réprimés dans leurs tentatives de s’en sortir.
À Gdyel, les policiers avaient pris l’habitude de répandre du détergent sur les étals de poissons mis en place par les jeunes précaires, étals "sauvages" puisqu’ils n’avaient pas accès aux étals officiels du Souk El Fellah (marché) local. À Sidi Bouzid, Mohamed Bouazizi, diplômé de l’Institut supérieur d’informatique de Mahdia, s’était mis à vendre des fruits et légumes sans autorisation. Les policiers lui avaient confisqué ses produits, ce qui a provoqué son geste de protestation.

Toutes ces révoltes ont des caractéristiques communes :
  • Sous leur apparence spontanée, elles sont organisées. Les jeunes diplômés chômeurs se connaissent tous, se voient tous les jours, dans les mêmes rues, dans les mêmes cyber-boutiques. Ils ont tout le temps pour mettre au point leurs actions de résistance.
  •  Ils ont une méfiance absolue dans tout ce qui se présente comme "politique" – officielle ou opposante – et ne font confiance qu’à ceux qu’ils connaissent eux-mêmes, leurs pairs d’âge, les membres de leurs familles élargies, leurs enseignants du primaire, du secondaire et du supérieur.
  •  Ils constituent une nouvelle classe, le cognitariat, équivalent du XXIème siècle du prolétariat du XIXème et du XXème siècle. Les prolétaires étaent ceux dont l’unique richesse était leur proles – leur progéniture en latin. Les cognitaires sont ceux dont la connaissance - cognitio en latin – est l’unique richesse. Ils savent tout de ce qui se passe dans le monde et aucune des barrières électroniques dressées par le régime – il y a en Tunisie un bon millier de policiers uniquement chargés d’Internet – ne les empêche d’accéder aux informations disponible sur la Toile dans toutes les langues du monde. Les pages créées sur Facebook par les jeunes de Sidi Bouzid comptent désormais des milliers d’inscrits.
  • Les deux armes principales de ces jeunes sont donc le téléphone portable et Internet. À Sidi Bouzid, comme à Sidi Ifni, les images filmées sur des portables ont connu une diffusion mondiale, grâce à Facebook, Youtube et le relais des chaînes satellitaires arabes, en premier lieu Al Jazeera. Et la réaction du régime tunisien a été la même que celle du makhzen marocain : il s’en est pris à Al Jazeera, devenue l’incarnation de la fameuse " main invisible de l’étranger " à laquelle de tout temps, les dictatures ont attribué les révoltes logiques. Ce qui fait rigoler tout le monde.
Cette intelligence collective à l’œuvre dans les révoltes se heurte à la stupidité, à la veulerie, à l’impudence, bref au caractère totalement amoral du régime en place, qui n’est qu’une bande de profiteurs faisant étalage de leur richesse d’une manière qui ne peut que susciter la haine. Que peuvent penser les petites gens des palais des gens de la Famille régnante, de leurs jets privés, de leurs allers-retours entre Hammamet, Saint-Tropez et les Maldives ? Comment les jeunes en cage ne pourraient-ils pas s’identifier à "Pacha", le tigre que Sakher El Materi et Nesrine Ben Ali nourrissent dans leur palais de Hammamet ? Un tigre en cage  restera tranquille et dépressif tant qu’il sera bien nourri. Mais il suffira qu’un jour, il n’ait pas sa ration de viande et là, il risque de manger la main qui ne le nourrit plus. Et le bras avec.
La jeunesse tunisienne est en train renverser le proverbe ottoman "Baise la main que tu ne peux mordre" : "Mords la main que tu ne veux plus baiser". Les Bac+ ont entamé une marche qui ne pourra conduire qu’à la chute lamentable de celui que le peuple appelle "Bac  - 12", et dont l’ambassadeur US lui-même, Robert F. Codec, écrivait en 2009 qu’il n’y avait plus rien à attendre. Il aura beau pérorer, gesticuler et prendre des mesurettes, il ne pourra pas endiguer le tsunami qui l’emportera, lui et sa smala. Mektoub – c’est écrit.
*Karakouz : du turc Karagöz (Œil Noir), un des deux personnages traditionnels du théâtre de marionnettes ottoman. Karagöz est un homme du peuple illettré proche du public tandis que Hacivat appartient à la classe éduquée et s'exprime en turc ottoman en utilisant des tournures littéraires et des termes poétiques. En Tunisie, le terme Karakouz désigne la politique politicienne, que l’on peut résumer ainsi : d’un côté le RCD d'UBUenali et ses 5 appendices béni oui-oui, le MDSPUPUDUPSLPVP ; de l’autre les  4 ou 5 groupuscules de l'opposition extra-parlementaire, aussi appelés "l'Hôtel Majestic" (du nom d'un hôtel de Tunis où leurs chefs aiment se retrouver), qui pourraient tenir leur congrès d'unification dans une cyber-boutique et dont les leaders passent plus de temps à Paris qu'à Tunis.Congrès d'unification qui ne risque jamais d'avoir lieu tant ces mêmes leaders, tous plus "charismatiques" et imbus d'eux-mêmes les uns que les autres tiennent à avoir chacun son propre joujou.

France : La Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l'Egalité doit vivre

Pétition :La Halde doit vivre
Par les membres du Comité consultatif de la HALDE, Le collectif SOS HALDE,22/12/2010
> Depuis juin 2010, 49 organisations syndicales et associations réunies dans le collectif « SOS HALDE » ont rejoint l’appel lancé par les membres du Comité consultatif de la HALDE. Ils ont dénoncé la disparition programmée de la HALDE. Leurs inquiétudes rejoignent celles exprimées par la totalité des membres du Comité consultatif, de sensibilités très diverses
> Le 11 janvier 2011, va commencer à l’Assemblée nationale le débat sur le projet de loi organique sur le Défenseur des droits. Le Sénat a décidé d’inclure, dans le champ d’application de cette nouvelle institution, les discriminations et donc de supprimer la HALDE en tant qu’autorité administrative indépendante. Le même sort a été réservé au Défenseur des enfants et à la Commission nationale de déontologie de la sécurité.
> Certes, on pourrait très bien imaginer que la lutte contre les discriminations soit portée par une autre institution. Mais le projet de loi contient des dispositions qui conduisent fortement à croire que ce qui a été fait par la HALDE depuis 5 ans, ne sera pas, loin de là, poursuivi par le défenseur des droits. Les règles mêmes de fonctionnement de l’institution, mises en place par le projet et/ou adoptées par le Sénat, en témoignent :
le défenseur des droits, nommé par le président de la République, sera seul doté du pouvoir de décision ;
il pourra décider en opportunité, sans que ses décisions puissent être contestées, et dans le même temps opérer un tri selon les dossiers ou les critères discriminatoires en jeu ;
il pourra librement opter pour la médiation dans le règlement des litiges sans dire le droit.
> En conséquence, la saisine du collège par le Défenseur des droits sera facultative, mais encore il ne rendra qu’un avis consultatif. La prise de décision de façon collégiale est ainsi remise en cause. La société civile disparaît du paysage puisque le projet en l’état n’a pas prévu de créer un comité consultatif susceptible de faire le lien entre l’institution et les organisations et associations, riches de leurs expériences de terrain.
> A ces règles de fonctionnement, qui du reste interrogent la compatibilité du texte avec le droit communautaire mais aussi avec la Constitution, se mêle un contexte politique de dénigrement du travail mené par la HALDE. Comment croire dans ces conditions que la lutte contre les discriminations ne va pas être sacrifiée ?> Alors si l’on peut souscrire au souhait d’une certaine mutualisation des moyens et des ressources, c’est à la condition que le combat pour la lutte contre les discriminations et pour l’égalité soit porté par une institution indépendante, transparente, autonome, collégiale et spécialisée.
Signez la pétition

http://www.petitionenligne.fr/petition/appel-des-membres-du-comite-consultatif-de-la-halde/278http:

jeudi 30 décembre 2010

Côte d’Ivoire: Dates clés d’une décennie de crise politique

par Aziz Enhaili,Chroniqueur de Tolerance.ca, 29/12/2010
Au cours de cette première décennie du vingt-et-unième siècle, la Côte d’Ivoire n’a cessé de s’enfoncer, un peu plus chaque jour, dans les méandres mouvants d’une crise politique sans précédent. Retour ici sur les dates clés de cette crise.
23-24 juillet 2000: Une nouvelle réforme constitutionnelle décrète que tout candidat à la présidence «doit être Ivoirien de père et de mère eux-mêmes Ivoiriens» et qu'il «ne doit pas s'être prévalu d'une autre nationalité», ce qui excluait de facto Alassane Dramane Ouattara (ADO), l’ancien Premier ministre de Félix Houphouët-Boigny.
22 octobre: L’élection présidentielle est boycottée par le PDCI d’Henri Konan Bédié et le Rassemblement des républicains (RDR) d’un ADO dont la candidature a été encore une fois invalidée sous prétexte qu’il n’était pas Ivoirien! Provoquant des heurts meurtriers entre partisans du Front populaire ivoirien (FPI) et du RDR. Laurent Gbagbo (chef du FPI) est déclaré nouveau président par la Commission nationale électorale.
Octobre-décembre 2001: Ouverture des travaux d'un «Forum pour la réconciliation nationale». De retour en novembre dans son pays de son exil français, ADO y prend part à côté d’autres leaders politiques. Il gagne la reconnaissance de son «ivoirité» et Gbagbo la légitimité de son cabinet.
Septembre 2002: Dans un contexte délétère, une tentative de coup d'État est déjouée par un pouvoir faisant aussi face à la rébellion des Forces Nouvelles (FN). Des proches de Gbagbo en incriminent ADO, qui se réfugie à l’ambassade française avant de se réfugier au Gabon en novembre. À l’ombre d’une médiation de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), les rebelles nordistes et Gbagbo signent un accord de cessez-le-feu. Dans le cadre de l’opération «Licorne», des unités de l’armée française sont chargées du maintien de la paix en Côte d’Ivoire et de la protection de la sécurité des ressortissants étrangers. Cette opération est complémentaire de la mission de l’ONUCI (Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire). La CEDEAO crée un «groupe de contact» et envoie une force de maintien de la paix dans le pays.
Octobre 2002: Le 17, un accord de cessez-le-feu est signé avec le Mouvement patriotique de Côte d'Ivoire (MPCI) de Guillaume Soro.
Janvier 2003: Sous l’égide du président Jacques Chirac, les accords de Linas-Marcoussis (France) sont signés. Ils prévoient le maintien de Gbagbo au pouvoir en échange notamment d’un gouvernement «de réconciliation nationale» ouvert, entre autres, aux rebelles du mouvement des FN qui obtiennent les postes de Défense et de l’Intérieur, malgré l’opposition de «Jeunes patriotes» proches du président ivoirien. La CEDEAO déploie finalement un contingent militaire.
13 mai: Adoption par l'ONU de la résolution 1479 créant la Mission des Nations Unies en Côte d'Ivoire (MINUCI).Avec comme mandat de faciliter la mise en œuvre par les parties ivoiriennes de l’Accord de Linas-Marcoussis comprenant une composante militaire, en complément des opérations menées par les forces françaises et celles de la CEDEAO.
4 juillet 2003: Annonce de la fin de la guerre civile.
5 août: Une tentative de coup d'État est déjouée.
Décembre: Tentative sanglante de prise de contrôle de la radio et télévision ivoirienne (RTI) par des groupes armés.
27 février 2004: Aux termes de la résolution 1528, le Conseil de sécurité remplace, à compter du 4 avril 2004, la MINUCI par une nouvelle mission: l’ONUCI.
Avril: Sous l’égide du président sud-africain Thabo Mbeki, les acteurs de la crise ivoirienne signent, le 6, l’Accord de Pretoria, qui complète celui de Linas-Marcoussis et stipule la fin des hostilités et la reprise du processus de désarmement des rebelles. Le 26, Gbagbo dit accepter la candidature d'ADO à la présidentielle.
29-30 juillet: Le Sommet Accra III (Ghana) de chefs d’État africains (dont celui ivoirien) et du secrétaire général de l’ONU, Koffi Annan, accouche d’un accord qui prévoit un train de réformes politiques et un échéancier du désarmement des milices et des rebelles. À défaut de quoi, le pays s’exposerait à de multiples sanctions onusiennes. Mais dès le 15 octobre, les rebelles des FN refusent de déposer les armes.
Novembre: Reprise des hostilités entre l’armée régulière et les FN en raison de l’échec du lancement du processus de désarmement. En perdant des soldats à Bouaké, les troupes de l’opération Licorne (plus de 5000 soldats) abattent deux chasseurs ivoiriens. Une «chasse aux Blancs» est lancée par des partisans de Gbagbo. Un nouveau raid français détruit les chasseurs ivoiriens. Désormais, la maîtrise de l’espace aérien ivoirien échappe à Gbagbo. Neuf mille étrangers sont évacués du pays. La résolution 1572 de l’ONU instaure l’embargo sur la vente des armes à la Côte d’Ivoire.
Mai 2005: L'armée et les FN signent un accord fixant le calendrier du désarmement des milices et prévoyant leur intégration au sein d'une armée dite «refondée et restaurée». ADO et Bédié concluent en France une alliance inattendue en vue de battre Gbagbo lors de la présidentielle prévue pour le 30 octobre 2005.
24 juin: Le Conseil de sécurité adopte la résolution 1609 renforçant les effectifs de l’ONUCI et prolongeant le mandat de l’opération Licorne jusqu’au 24 janvier 2006.
29 juin: L’accord de Pretoria II fixe le calendrier du désarmement et crée une Commission électorale indépendante (CEI). Permettant la conclusion de l’accord du 9 juillet entre l’armée et les FN relativement au calendrier du désarmement des rebelles.
31 août: L’échec de la médiation d’un Mbeki accusé par les FN de prendre le parti de Gbagbo. D’ailleurs, une semaine plus tôt, celles-ci avaient refusé de cautionner la présidentielle prévue pour le 30 octobre estimant que les conditions d’une élection «libre, démocratique, et transparente» n’étaient pas encore réunies.
6 octobre: Conformément au souhait exprimé le 27 septembre par Gbagbo, l’Union africaine (UA) se déclare favorable à son maintien après le 30 octobre à son poste et appelle à la nomination d'un Premier ministre de transition. Décision approuvée aussitôt par le Conseil de sécurité d’une ONU, dont le secrétaire général avait, le 9 septembre, annoncé le report sine die de la présidentielle. La résolution 1633 adoptée le 21 octobre stipule la limitation de la période de transition à douze mois et la désignation d’un Premier ministre. Charles Konan Banny, directeur de la Banque centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO), est chargé, le 4 décembre, de mener cette transition jusqu’à la tenue d’une présidentielle prévue en principe pour le 31 octobre 2006. Il a, le 28 décembre, formé un cabinet où se retrouvent des partisans du président, de l’opposition et des rebelles.
15 janvier 2006: Le Groupe de travail international (GTI) s'oppose à la prolongation du mandat des députés arrivé à échéance en décembre 2005. En vain! Mis sous fortes pressions, les députés d’opposition associés en un Rassemblement des Houphouétistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP) retrouvent, en juin, leurs sièges à l’Hémicycle.
28 février: Les «Cinq grands»: Gbagbo, Charles Banny, ADO, Bédié et Guillaume Soro (FN) se réunissent à Yamoussoukro (capitale de la Côte d’Ivoire). Une première depuis 2002. Ils s’y rencontreront de nouveau, le 5 juillet, sous l’égide d’Annan, et accoucheront d’un communiqué final fixant au 15 juillet au plus tard le début des audiences foraines (visant la fourniture des documents d'état civil et d'identité aux nombreux Ivoiriens qui n'en possèdent pas, dont des personnes originaires du nord du pays, tenues pour «étrangers» par les partisans de l'«ivoirité») et demandant, entre autres, «la publication d'un décret présidentiel d'ici le 15 juillet autorisant la CEI à procéder à tout ajustement nécessaire du code électoral en vue des élections», et prévoyant «d'examiner à la mi-septembre une éventuelle prolongation du mandat du président Gbagbo après le 31 octobre».
Juillet: Lancement du processus d'identification des électeurs en vue du scrutin présidentiel prévu avant le 31 octobre, malgré l’opposition des «Jeunes patriotes». Gbagbo déclare, le 6 août, que ces «audiences foraines» ne peuvent pas délivrer de certificats de nationalité, et affirme qu’il demeurera président jusqu'aux prochaines élections. Deux jours plus tard, les FN suspendent leur participation au dialogue militaire. Aussi, lors de leur rencontre le 5 septembre, les «Cinq grands» ne s’entendent point sur les questions du désarmement et de l'actualisation des listes électorales. Trois jours plus tard, le GTI constate l’échec de la mise en œuvre de la Résolution 1633.
1 novembre: À l’instar de l’UA, le Conseil de Sécurité adopte à l'unanimité la Résolution 1721 reportant la présidentielle et reconduisant Gbagbo à son poste pour une période de transition d'un an, et ce à partir du 1 novembre 2006. Aussi, il reconduit le 13 décembre les mandats de l’ONUCI et de Licorne jusqu'au 10 janvier 2007.
4 mars 2007: Signature par Gbagbo et Soro de l'«Accord de Paix de Ouagadougou» (Burkina Faso), qui prévoit la formation d'un nouveau gouvernement de transition, la relance du processus d'identification et d'enregistrement des électeurs en vue des élections prévues fin 2007 et le départ à terme des casques bleus onusiens et des soldats de l’opération Licorne. Suite à la signature le 27 à Ouagadougou du premier Accord complémentaire de l’Accord politique d’Ouagadougou (APO), Soro devient en avril nouveau Premier ministre. Il est chargé du règlement des questions du désarmement, de la réunification et de l'organisation des élections d'ici à la fin de l'année. Une ordonnance d’amnistie est signée le 12 avril. Elle couvre les crimes et délits survenus entre le 17 septembre 2000 et le 4 mars 2007. Signature le 28 novembre des deuxième et troisième Accord complémentaire de l’APO (et le 24 décembre 2008 du quatrième Accord complémentaire).
27 novembre: Suite au nouveau report de l’élection présidentielle, le président et son Premier ministre prévoient la tenir au plus tard à la fin du premier semestre de 2008.
16 avril 2008: Gbagbo confirme devant l’Assemblée générale de l’ONU la date du 30 novembre 2008 pour la tenue de l’élection présidentielle. En vue de cette présidentielle, le FPI, le RDR et le PDCI signent, le 24, un gentleman’s agreement élaboré par la CEI.
15 septembre: Lancement du processus d’identification des populations et du recensement en vue de la mise à jour des listes électorales en vue du scrutin présidentiel.
10 novembre: Nouveau report du premier tour de l’élection présidentielle.
25 décembre: Signature par le président et son Premier ministre d’un accord d’intégration des ex-rebelles au sein de l’armée régulière.
15 mai 2009: La CEI fixe le 30 novembre 2009 comme date de l’élection.
31 octobre: Nouveau (et sixième) report de la présidentielle, en raison encore une fois du retard pris dans l'élaboration des listes électorales.
12 février 2010: Dissolution par le président du gouvernement et de la CEI. Une décision assimilée par l’opposition à un «coup d’État», d’où son insistance à rétablir la CEI. Un membre du PDCI, Youssouf Bakayoko, est, le 26 février, désigné à sa tête.
5 août: L’annonce par Soro du 31 octobre 2010 comme date définitive de la présidentielle. Après cinq ans d’attente.
Octobre: Ouverture le 15 de la campagne électorale du premier tour de la présidentielle. Gbagbo (FPI) fait face à ADO (RDR) et à Bédié (PDCI). Le 31, le président sortant récolte 38% des voix exprimées contre 32% pour ADO et 25% pour Bédié. Celui-ci appelle ses partisans à reporter leurs voix sur son allié ADO.
28 novembre: Lors du second tour de l’élection, Gbagbo affronte ADO.
Décembre: La CEI accrédite, le 2, ADO de 54,1% des suffrages contre 45,9% pour Gbagbo. Mais le 3, un Conseil constitutionnel aux ordres invalide les résultats de la CEI et déclare réélu le président sortant avec 51,45% des suffrages. L'ONU valide l’élection d’Ouattara. Le lendemain, l’UA emboîte le pas à l’ONU, tout comme l’UE et les États-Unis. Devant le refus obstiné du président sortant d’accepter le verdict des urnes, l’UA suspend son pays le 9. Désormais, plusieurs institutions financières internationales et régionales refusent de reconnaître la validité de la signature de son gouvernement. L’UE met en place plusieurs mécanismes de rétorsion contre des personnalités du camp présidentiel réputées être dures. La CEDEAO brandit la menace d’intervenir militairement en Côte d’Ivoire pour chasser Gbagbo du pouvoir. La troïka africaine dépêchée le 28 décembre en Côte d’Ivoire auprès de Gbagbo semble la mission de la dernière chance.

France de la honte : Dans mon avion, une expulsée et ses deux enfants : « Help me »

Par Dominique Verrier, Comédien, Rue 89, 29/12/2010

J'aimerais vous raconter une histoire dont j'ai été témoin. Je viens de passer une semaine au Mali avec une compagnie théâtrale pour jouer un spectacle au centre culturel français de Bamako. J'étais très content de cette opportunité qui me permettait de découvrir un pays d'Afrique que je ne connaissais pas.
Nous étions neuf ce jeudi 9 décembre, et devions partir de Paris-Orly à 16h30 avec la compagnie Royal Air Maroc par le vol AT 765.

En montant dans l'avion, nous découvrons que nous sommes placés tout au fond. Bon. Trois hommes s'y tenaient debout et formaient un rempart devant les derniers sièges.
En s'approchant pour prendre nos places, ils nous ont tout de suite fait comprendre que ce n'était pas la peine de leur parler ou d'essayer de communiquer d'une façon ou d'une autre.
Nous avons très vite compris que, derrière eux, se trouvait quelqu'un qui n'avait pas choisi d'être là. Une jeune femme, de 25 ans environ, et deux enfants – un an et demi peut-être pour l'un, et trois ans pour l'autre –, étaient à moitié cachés par les trois colosses.
Cette jeune femme nous implorait en psalmodiant un « help me » (aidez-moi) répétitif, inlassable. Toute tentative de demande d'explication de notre part a été immédiatement stoppée par les trois gardiens.
En une seconde, nous nous sommes retrouvés dans la situation que personne ne souhaite vivre : être témoin d'une expulsion sans pouvoir agir.
Se rouler par terre pour empêcher l'avion de décoller ?
Alors que faire ? Invectiver les trois hommes ? Hurler pour que tout l'avion soit au courant ? Courir à l'avant et tambouriner à la porte de la cabine de pilotage pour alerter le commandant de bord (qui devait l'être déjà) ? Se rouler par terre pour empêcher l'avion de décoller ?
Nous avons sans doute tous pensé à ça. Pour ma part, je peux dire que j'ai hésité une seconde. Une seconde de trop.
Je n'ai rien fait et mes camarades non plus. Nous nous sommes assis à nos places, tétanisés.
Pendant ce temps, la jeune femme disait toujours « help me ». Ce « help me » a duré peut-être une heure, ou plus, jusqu'à ce que l'avion décolle enfin et qu'elle s'endorme, épuisée.
Je me suis rendu compte plus tard qu'elle avait les chevilles, les genoux et les coudes attachés ! Il est vrai qu'elle représentait un danger réel pour la sécurité du territoire français, avec ses deux enfants…
Nous n'avons plus décroché un mot entre nous. Nous n'étions pas fiers. Je n'étais pas fier.
Expédiée comme un paquet indésirable
Nous devions faire une escale à Casablanca, au Maroc, et prendre un autre avion pour Bamako.
Avant de descendre, nous avons eu quelques bribes de renseignements : la jeune femme était Sri-Lankaise. Son mari, avec qui elle était arrivée par le Maroc, avait été reconduit immédiatement dans ce pays, mais la législation en vigueur ne permettant pas la même chose pour une femme avec des enfants. Il a fallu un peu plus de temps pour lui faire finalement subir le même sort.
On l'imagine très bien en garde à vue quelque part en France dans un centre de transit pour étrangers, avec ses deux enfants. Pendant des jours, peut-être des semaines. Ne parlant pas un mot de français, ni même d'anglais – à part ce « help me » – avant d'être expédiée ailleurs, comme un paquet indésirable, par le vol AT 765 de la compagnie Royal Air Maroc.
On l'imagine encore mieux débarquant au Maroc, sans connaître davantage un mot d'arabe, sans papiers, sans argent, sans connaître personne…
Elle ne restera pas longtemps sans que les services d'immigration de Mohammed VI ne s'occupent d'elle, et on imagine de quelle manière. Ou que la rue marocaine ne s'en charge.
France, terre d'asile ? Pays des droits de l'homme ?
On repense à de bien belles formules comme « France terre d'asile », ou « France pays des droits de l'homme », ou encore à la belle initiative « Touche pas à mon pote » [de SOS-Racisme, ndlr].
Ça paraît loin tout ça et ça pourrait faire sourire, si nous n'étions pas dans un temps où des ministres de la République, condamnés pour injure raciale [tel Brice Hortefeux, ministre de l'Intérieur], sont toujours à leur place dans leurs palais dorés ; si nous n'étions pas dans un temps où d'autres serviteurs zélés font voter des lois iniques contre les étrangers.
Alors aujourd'hui on ne sourit plus, on ne rit même pas jaune. On a honte, tout simplement.
A lire aussi sur Rue89 et sur Eco89
► Kafka aux Pays-Bas : 16 jours de prison pour un étudiant de Paris-I
► Comment la France a annulé mes visas du jour au lendemain
► La Cour nationale du droit d'asile en grève pour ne pas « craquer »

Au Maroc le monde agricole est victime de traitements ignobles, inhumains !

A la campagne, l’Etat pratique l’arbitraire le plus abject
Par Ali Fkir 28/12/2010
Rappel historique
Au début des années 70, le régime de Hassan II était chancelant :
- Deux tentatives de coup d’Etat militaire (10 juillet 1971 ; et 16 août 1972)
- Soulèvement des paysans ( en 1970 Ouled Khlifa...)
- Grèves ouvrières (grève illimitée des milliers de mineurs de l’OCP en 1971…)
- Radicalisation des ailes révolutionnaires de l’UNFP (déclenchement de la lutte armée en en 1973…)
- Entrée en scène spectaculaire du mouvement marxiste léniniste marocain : encadrement de la jeunesse à travers tout le Maroc, implantation relative dans le milieu ouvrier et paysan (Gharb, Meknès, Beni Mellal, Tétouan, Casablanca…)
- Naissance des premiers noyaux révolutionnaires du mouvement nationaliste sahraoui (soulèvement de Layoune en juin 1970, participation active des sahraouis à la grève générale de 4 août 1970 organisée par les étudiants au Maroc contre la visite du ministre des affaires étrangères espagnol au Maroc, animation de débats universitaire sur le colonialisme au Sahara Occidentale…)
- Radicalisation des slogans scandés au cours des sit in et marches (1er mai par exemple) : appel à la lutte armée, sur la république, sur la personne de Hassan II….
- Refus des partis de la Koutla Al watania de cautionner les « constitutions » imposées par Hassan II (été de 1970 et début 1972), et de participer aux mascarades électorales
Réponses du régime:
- Féroce répression : enlèvements, assassinats, emprisonnement collectif, châtiment collectif (des tribus entières ont été victimes de l’arbitraire le plus aveugle)
- Dissolution du puissant syndicat estudiantin, l’UNEM
- Suspension de la publication des journaux de l’opposition
- Interdiction des activités associatives non inféodées à l’Etat
- Nouvelles lois qui punissent les personnes au nom des « valeurs sacrées » telle que « l’atteinte à la personne du roi » (minimum 5 ans de prison)
- « Fermeture » des bases américaines (Kénitra, Sidi Yahya, Sidi Slimane)
- Envoi d’un détachement militaire au Golan pour « combattre » (1973)
- « Marocanisation » de l’économie : interdit aux étranger de détenir 50% ou plus du capital d’une entreprise au Maroc, et de diriger une entreprise en tant que directeur ou gérant…
- « récupération » du Sahara en livrant une guerre contre, non pas le colonialisme mais contre le mouvement nationaliste sahraoui (arrestation des militants sahraouis au Maroc en 1972…)
- « Réforme agraire » : à partir de 1972, une partie (qui reste insignifiante) des terres « récupérées » est distribuée à des paysans « pauvres », avec un cahier de charges : l’organisation impérative des bénéficiaires en coopératives, le versement obligatoire annuellement d’une somme fixée (rente foncière) à l’Etat…La surface varie entre 4 et 6 ha, selon les régions, selon la qualité de la terre…
C’est cette dernière mesure qui nous intéresse ici.
Quarante ans après, beaucoup de bénéficiaires de « la révolution verte » se sont retrouvés paysans sans terre, « expropriés ». Comment ?
Avec la complicité des autorités locales, certains « prédateurs » ont pu s’emparer de certaines fermes, en recourant à des pressions sur les « bénéficiaires » initiaux pour qu’ils renoncent au « don royal » (les parcelles de terre sont l’objet de dahirs), ou à l’ignorance des paysans pour les pousser à ne pas respecter une ou plusieurs clauses du cahier de charge…
Les victimes perdent automatiquement leur droit d’exploitation, et au lieu que la terre revient à l’Etat, elle « tombe entre les bras » des prédateurs . Le malheur des uns fait le bonheurs des autres ! C’est la loi de la division de la société en classes sociales conflictuelles.
Dans la région de Benslimane et Mohammedia, des dizaines de victime de ce type de racket se présentent fréquemment aux sections de l’AMDH.
Exemple des 6 familles de la coopérative « hassania deux » à une quinzaine de km de La ville de Mohammedia, qui se voient perdre les parcelles qu’elles exploitaient depuis 38 ans, ainsi que leurs habitations (« bâties sur la terre d’autrui » ???!!!).
Le lundi 27 décembre 2010, deux membres de l’AMDH, section de Mohammedia ont assisté (sur demande des victimes) à une scène cauchemardasse.
Des dizaines de gendarmes , des élément des « forces auxiliaires », accompagnés d’individus en civil (ces derniers avaient pour tâche de jeter dans la rue les biens de la famille et de détruire les baraques)… ont investi le douar, encerclé la maison de la 1ère victime. Des propos indignes d’un représentant de la « loi » furent proférés à l’encontre des femmes…le caïd de Ben Yakhlef s’est distingué par son comportement provocateur.
Tous les biens des victimes devraient être transportés et entassés par la suite dans un dépôt de la caïdat (genre de fourrière pour les biens des citoyens). C’est scandaleux de déposséder des citoyen-nes (sans droits de citoyenneté) de leurs biens et de jeter des innocents (femmes, enfants, personnes âgées, malades) à la rue en plein hiver.
LA CONDAMNATION DE CES AGISSEMENTS DÉGRADANTS ET LA SPOLIATION DES FAMILLES PAYSANNES NOUS INTERPELLENT.
LA SOLIDARITÉ AVEC LES VICTIMES DE ARBITRAIRE EST UN DEVOIR POUR TOUT ET POUR TOUTE DéMOCRAT-E CONSÉQUENT-E



On sort, sans ménage aucun, les biens des paysans, on les entasse en attendant l'arrivée du camion de la "fourrière"
Des individus sur le toit: on détruit les baraques. Les baraques sont encerclées.
Nous "volons"" quelques photos au risque de perdre l'appareil. C'est l'arbitraire, quoi!


Cette petite ne réalise pas qu'on lui confisque ses "jouets". Inconsciente du danger elle s'approche et s'asseoit sur la "hsira" pour jouer. Juste derrière, il y a des sans-sentiments. L'Etat, c'est l'ordre! c'est la sécurité! c'est la matraque! c'est la baïonnette! Pas de place à l'humain.
L'innocence personnifiée en cette petite, la méchanceté personnifiée dans les représentant de l'Etat, constituent un tableau "artistique" qui nous rappelle à la réalité: au Maroc on vit encore dans les ténébres moyenâgeuses

Le désarroi ...