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samedi 24 octobre 2009

Droits de l’Homme au Maroc : le souffre-douleur des lignes rouges


Par le Conseil d’Administration de l’ASDHOM, Paris, 21/10/2009
Le Conseil d’Administration de l’ASDHOM, réuni dimanche 19 octobre 2009, tient à exprimer ses inquiétudes quant à l’évolution de la situation des droits de l’Homme au Maroc.

En effet, tous les indicateurs sont au rouge. Les libertés des citoyens, des militants associatifs et politiques, des journalistes et des défenseurs des droits de l’Homme sont mises à mal dès lors qu’il y a « franchissement » des sacro-saintes « lignes rouges » : la monarchie, la religion et l’intégrité territoriale.

D’abord la famille royale :

Trois journalistes, viennent d’être poursuivis et condamnés le jeudi 15 octobre à la prison ferme pour avoir traité de la santé du Roi. Le journaliste Idriss CHAHTANE, directeur de l’hebdomadaire AL-Michaâl, a été condamné à un an de prison ferme et à 10 000 Dirhams d’amende, avec mandat d’arrêt et d’incarcération immédiate. Ses deux autres collègues, Rachid MHAMDI et Mustapha HIRANE, ont été condamnés à 3 mois de prison ferme et à 5000 Dirhams d’amende.
Deux autres journalistes comparaîtront ce vendredi 23 octobre devant le tribunal pour « manquement au respect dû à la famille royale ». Le directeur du quotidien Akhbar Al-Youm, Taoufiq BOUACHRINE, et le dessinateur-caricaturiste, Khalid GUEDDAR, sont poursuivis pour un dessin publié représentant le prince Moulay Ismaïl. En dépit des excuses, présentées par le directeur de la publication qui affirme ne pas vouloir offenser et porter atteinte à l’image du prince, les 2 journalistes encourent jusqu’à 5 ans d’emprisonnement !


Rappelons que le siège du journal incriminé a été mis sous scellé par le ministère de l’intérieur qui a également interdit la parution d’Akhbar Al-Youm depuis plus de vingt jours maintenant en mettant les soixante-quatre salariés sur le carreau et ce, sans aucune décision juridique.
Il y a peu de temps encore, le 1er août, le même ministère de l’intérieur a ordonné en toute illégalité la saisie de 100 000 numéros exemplaires des magazines TelQuel et de Nichane qui étaient encore sous presse et de leur destruction dans les locaux même de leur imprimerie. Les autorités marocaines leur reprochent d’avoir voulu publier, en partenariat avec le journal français le Monde un sondage d’opinion sur le bilan des dix ans de règne du Roi. Le numéro du quotidien le Monde a été interdit de vente au Maroc. Même si les résultats de ce sondage peuvent s’apparenter à un plébiscite, pour le porte parole du gouvernement : « la monarchie ne pouvait être sujette à débat, même dans le cadre d’un sondage » !
Ensuite la religion :

Au cours du mois de ramadan, six jeunes se revendiquant du mouvement MALI (Mouvement Alternatif pour les Libertés Individuelles) ont été interpellés pour le seul fait d’avoir exprimé leur souhait via le site de Facebook de se retrouver le dimanche 13 septembre 2009 avec d’autres membres du mouvement, dans une forêt aux environs de Mohammedia, pour un pique-nique. Par cette volonté de rompre le jeûne de ramadan, collectivement et dans un endroit isolé, ces jeunes citoyens ont voulu protester contre un article du code pénal (Article 222) qui punit la non observation du jeûne de ramadan au Maroc : « Celui qui, notoirement connu pour son appartenance à la religion musulmane, rompt ostensiblement le jeûne dans un lieu public pendant le temps de ramadan, sans motif admis par cette religion, est puni de l'emprisonnement d'un à six mois et d'une amende de 12 à 120 dirhams.»

Zineb el-Rhazoui et Ibtissame Lachgar, deux animatrices et cofondatrices du MALI, sont toujours persécutées. Elles ont été empêchées de quitter le territoire, pour assister à une rencontre-débat à Paris sur la liberté de conscience et de culte, organisée le 19 octobre par l’association «Manifeste des Libertés. » La mesure d’interdiction de sortie du territoire a été prise par le procureur et signifiée à leur avocat, Mr Jamai, alors qu’aucune poursuite judiciaire n’a été engagée contre les deux jeunes femmes et les autres membres du mouvement, interpellés le 13 septembre 2009…

Enfin l’intégrité territoriale :

Sept militants originaires du Sahara, connus pour leur engagement politique et associatif ont été interpellés le 8 octobre à leur descente d’avion à Casablanca. Ces Sahraouis revenaient d’un voyage en Algérie où ils ont effectué une visite aux camps de Tindouf. Après une semaine d’interrogatoires par les services secrets, ils ont été déférés devant le tribunal militaire de Rabat… !

Les autorités reprochent aux 7 protagonistes (Ali Salem Tamek, Brahim Dahane, Ahmad Anasiri, Dagja Lachgar, Yahdih Ettarrouzi, Rachid Sghayar et Saleh Lebayhi) leurs opinions et positions politiques quant à la question du Sahara alors que leur engagement n’est un secret pour personne. Certains sont d‘anciens détenus politiques, ou victimes de la disparition forcée durant les années de plomb et/ou membres d’associations de défense des droits humains.

Ces arrestations bafouent un droit élémentaire, celui de la liberté d’opinion et d’expression, tel qu’il est consacré par la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, notamment dans son Article 19 qui stipule: « Tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considération de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d'expression que ce soit.»

Un tribunal militaire et la résurgence d’une campagne de lynchage médiatique font craindre le pire pour les 7 arrêtés en particulier et pour les libertés en général.
Vigilance

Le vent qui souffle sur notre pays, ravive nos douleurs et des réminiscences nous rappellent un passé, non lointain, où l’arbitraire s’est imposé au fil des jours et des mois pour déboucher sur les sinistres « années de plomb.»
L’ASDHOM, fondée il y a 25 ans (1984) pour apporter sa contribution à la lutte des démocrates marocains, des familles des détenus politiques et des disparus et pour dénoncer la répression qui sévissait au Maroc, ne peut qu’exprimer :


- ses inquiétudes sur le déferlement des atteintes aux droits élémentaires des citoyens marocains;

- ses exigences pour que les autorités marocaines rompent avec cette logique sécuritaire et répressive basée sur des prétendues « lignes rouges » ;
L’ASDHOM, appelle l’ensemble des défenseurs des droits de l’Homme et leurs organisations à une plus grande vigilance et à une unité d’action pour faire valoir notre volonté commune : Pour un véritable État de droit.

31 octobre : journée de débats autour de la pensée de Mehdi Ben Barka



L'Association des Marocains de France,
l'Institut Mehdi Ben Barka -Mémoire vivante-
et la Maison des métallos vous convient à

une journée de débat
autour de la pensée de Mehdi Ben Barka
le samedi 31 octobre 2009 de 9h à 18h
à la Maison des Métallos
94 rue Jean-Pierre Timbaud - 75011 Paris
M° Couronnes

entrée libre


Programme
9h - Accueil des participants
9h30 - 10h - Présentation
• Allocutions : Souad Chaouih, Présidente de l’A.M.F, Bachir Ben Barka, Président de l’Institut Mehdi Ben Barka
10h - 10h30
• « La migration marocaine et son mouvement associatif en France, exemple de l’AMF » Mohamed Moubaraki – Coordinateur du Forum Citoyenneté et solidarité des Marocains à l’étranger
10h30 – 11h
• « La Votation Citoyenne, un combat pour la démocratie » Jean Pierre Dubois – Président de la Ligue des Droits de l’Homme
11h – 11h30
• « Interculturalité, quels enjeux ? » Hayat Bousta - Conseil et intervention sur les questions d’interculturalité
11h30 – 12 h Débat
14h30 - 15h15
• « La contribution de Mehdi Ben Barka au développement de l’Education populaire de base » Henryane de Chaponey – Présidente du Centre d’études du développement en Amérique latine
15h15 – 16h
• « La pensée et l’action de Mehdi Ben Barka » Mâati Monjib – Historien, Professeur d’université
16h -16h45
• « Mehdi Ben Barka et le Maghreb » René Gallissot - Historien, spécialiste du Maghreb, Professeur émérite à l’Université de Paris VIII
16h45 – 17h30 Débat
Information : maisondesmetallos.org / 01 48 05 88 27

L'ATMF se solidarise avec les 850



Association des Travailleurs Maghrébins de France
10, rue Affre. 75 018 PARIS
Tel : 01 42 55 91 82 / Fax : 01 42 52 60 61
National@atmf.org / www.atmf.org

Par Driss El Kherchi, Président ATMF, 21/10/2009


Solidarité avec les ouvriers licenciés par l’OCP à Khouribga
Depuis juillet dernier, la ville minière de Khouribga, 120 km au sud-est de Casablanca, est le lieu d’un conflit qui oppose des ouvriers licenciés abusivement à l’OCP, office Chérifien des phosphates.


L'Association des travailleurs maghrébins de France exprime son soutien au combat légitime des 850 ouvriers licenciés par SMESI régie, filiale du groupe OCP


Ce groupe réalise 1,5 milliard de dollars de chiffre d’affaire, il prévoit d'embaucher 1600 nouveaux salariés. Il refuse cependant, d'intégrer ces 850 salariés, qui ont osé refuser les contrats précaires de 3 mois, et ont de surcroît créé une section syndicale de l’union marocaine du travail, UMT pour organiser leur lutte.


L'ATMF demande aux pouvoirs publics d'intervenir sans plus tarder. Ce conflit n’a que trop duré, les conséquences du non emploi de ces travailleurs sont néfastes sur les familles concernées, et commencent à se faire sentir sur la ville de Khouribga.

L'ATMF exige la réintégration immédiate de ces ouvriers dans le groupe OCP et le respect des libertés syndicales.



sit in devant le siège central de l'OCP le mercredi 21 octobre 2009

Par Ali Fkir, 21/10/2009

Comme cela a été programmé, des centaines de prolétaires se sont déplacés à Casablanca pour observer un sit in devant le siège central de l'OCP le mercredi 21 octobre 2009 de 10h30 à 17h.

Malgré les difficultés financières (se déplacer de Khouribga à Casablanca n'est pas facile pour les sans revenus), malgré l'emplacement du siège de l'OCP (il se trouve pratiquement en dehors de Casa au milieu de la verdure interdite aux ouvriers et aux simples citoyenNes). Les ouvriers ne pouvaient pas se déplacer ensemble dans des cars pris en location (les barrages des gendarmes ne les laisseraient pas passer). Les centaines de prolétaires qui ont appris sur le tas à s'organiser et à affronter avec succès les obstacles, se sont donnés rendez-vous à Casa, devant le siège de l'OCP. A 1015, ils sortent de tous les coins, des buissons...les voilà en centaines devant le siège avec banderoles, scandant des slogans relatifs à leurs revendications légitimes. Ça vous prend à la gorge, votre corps est secoué de frissons d'admiration, de fierté, et surtout d'optimisme quant à l'avenir.

Pas d'incidents, seuls quelques cadres de divers services du ministère de l'intérieur étaient là. Leur attitude, leurs comportements étaient normaux. Pas de provocation. Signe de détente? La détente ne peut avoir lieu sans que la direction de l'OCP ne s'assoie avec les représentants syndicaux des  ouvriers qui ont tout donné à l'OCP pendant des années et qui se retrouvent aujourd'hui jetés à la rue comme des "bons à rien". La direction de l'OCP, géant groupe étatique, doit répondre positivement aux revendications des 850 prolétaires licenciés abusivement par SMESI, sa filiale de l'OCP.


Notons que des dizaines de prolétaires licenciés par SMESI (à Benguerir, et Youssoufia) avant les 850 s'étaient déplacés à Casa et ont décidé de rejoindre le mouvement. Ils sont des centaines à Benguerir, Youssoufia et à Eljedida à être licenciés abusivement par l'OCP. Aujourd'hui le mouvement de résistance déclenché par les 850 victimes de Khouribga, gagne du terrain et s'étend aux autres régions phosphatière où l'OCP agit en véritable hors la loi.

Vive la résistance ouvrière

Vive la solidarité nationale

Vive la solidarité internationale

Vive la solidarité internationaliste


Le coordinateur du comité de solidarité avec les ouvriers de SMESI




Au nom des 850 ouvriers SMESI REGIE, nous tenons a remercier :


Ali Fkir : Le coordinateur du comité de solidarité avec les ouvriers de SMESI, et qui soutient notre cause par tous les moyens. *


Les représentants d'AMDH, section Casablanca. Abdellah Hasbi, responsable de l'Union des syndicats de Khouribga (UMT). Le militant Fekkak , un homme bien connu qui est bien sûr toujours à nos côtés.


Les autres qu’on a oublié de citer.


Les autres qui nous soutiennent de près ou de loin et par tous les moyens.

Merci et merci.


*La solidarité avec les victimes de l'arbitraire, la solidarité avec ceux et celles qui produisent les richesses des pays et qui n'en profitent malheureusement pas, cette solidarité est le devoir de toute personne éprise de la justice.

Je ne fais que ce que je dois faire

Ali Fkir

mercredi 21 octobre 2009

Intervention de Salah Eddine Amaidan, parlement britannique,

Intervention de Salah Eddine Amaidan, parlement britannique,20/10/2009

Bonjour

Je voudrais d’abord vous remercier d’être venu m’écouter et de bien vouloir par ce biais entendre les traitements inhumains que subit mon peuple.
Ce que je vais vous dire est mon histoire mais ce n’est qu’un exemple de ce que souffre le peuple sahraoui au Sahara Occidental occupé. Et certains ont souffert et souffrent bien d’avantage et tous les jours encore, de tortures physique et psychologique.
J’aurai pu prononcer un discours académique devant vous. Pour préparer cela j’ai relu la déclaration universelle des droits de l’homme et la convention internationale des droits de l’enfant. Et j’ai constaté qu’au Sahara Occidental occupé tous les articles de ces déclarations étaient violés par l’occupant et sans aller dans le détail par le fait même d’être un colonisateur impuni depuis 1975
C’est à titre d’illustration que je vous parle de mon histoire.


Je suis né en 1982 à El Aaiun au Sahara Occidental. J’ai 26 ans.
Je suis né alors que mon pays était occupé militairement depuis 7 ans par le royaume du Maroc.
Je me souviens comment très petit j’étais en colère contre les marocains qui nous discriminaient, nous volaient ce que nous avions ou essayer de nous frapper mes frères et sœurs et moi.
J’ai commencé ma carrière de sportif avec la police… en fait, elle me poursuivait.
Tous les sahraouis des territoires occupés peuvent être de bons coureurs…
J’ai grandi en pensant que ce que nous vivions tous les jours, la famille, les voisins et les copains, était normal.
J’ai été repéré par un sélectionneur de l’équipe du Maroc à 12 ans alors que j’avais gagné une course de détection pour les enfants à El Aaiun.
Suite à cela mon père a reçu une invitation pour que je parte à Rabat dans une école sportive de l’équipe nationale marocaine, pour des entraînements et compétitions.
J’étais plutôt un rebelle et j’étais connu de la police, par peur réelle des conséquences d’un refus, pour moi ou pour la famille, mon père a accepté.
Il était déjà handicapé, il avait perdu une jambe sur une mine qui avait explosé alors qu’il menait ses troupeaux dans le désert en 1979 vers Smara.
Il craignait que les allocations d’aide qu’il recevait lui soient supprimées.


A 13 ans, j’ai donc été envoyé à Rabat, à 1500 kilomètres de ma famille.
J’étais en internat et le seul sahraoui de cette équipe. J’ai toujours ressenti la discrimination de la part des entraîneurs et des jeunes avec qui j’étais.
Je n’avais pas la même langue ni la même culture, ni les mêmes habitudes ou traditions.
Les adultes qui nous encadraient ne me permettaient pas de parler hassanya. J’avais souvent des programmes d’entraînements trop durs pour mon âge et mes vacances scolaires ont souvent été réduite aux derniers 15 jours d’août sans considération pour mes demandes de rentrer chez moi.
Je faisais néanmoins des bonnes performances.
Pendant ma carrière avec l’équipe du Maroc, j’ai été triple champion du Maroc en cross country (1996, 1997, 1999), 2e champion du Maroc du 3000 stiple (2000), 15 fois champion du Sahara occidental (1993-2002, toutes disciplines), 2e champion d’Afrique (cross cadet, 5000m), deux fois champion cadet des pays arabes en cross country (1998 et 1999).
Quelqu’un m’a dit que parmi vous il y avait de bons sportifs alors je vous dit aussi mes meilleurs chronos : 3’’39 sur 1500m, 28’’ 53 au 10 Km, 44’’ 56 au 15 Km et 1h 03’’43 au semi marathon.



En juin 1999 j’ai été blessé. Une blessure de sportif au tendon.
Les responsables de l’équipe nationale m’ont mis dehors et m’ont renvoyé chez mes parents à El Aaiun.
En septembre, j’ai pris part à la première intifada contre l‘occupation marocaine, cela a duré 15 jours. Pendant 6 jours et nuits nous avons manifesté et résisté contre les forces de polices et militaires qui étaient très bien équipées.
Le 6ème jour j’ai été arrêté avec 80 autres jeunes.
J’ai été détenu dans un centre de police pendant 18 jours.
J’avais les yeux bandés, et les jambes attachées.
Nous étions tous serrés les uns contre les autres et l’espace était trop petit pour le nombre que nous étions.
J’ai été battu et torturé tous les jours, interrogé sur mes activités, celle des gens que je connaissais ou pas, sur les relations avec le POLISARIO.
J’ai reçu des coups sur l’ensemble de mon corps.
J’ai été relâché au bout de 18 jours sous la pression de ma famille et de responsables sportifs qui attestaient de mon niveau.
En fait on m’a donné le choix suivant. Sortir pour retourner faire du sport à Rabat, ne plus avoir d’activité politique et ne plus jamais revenir à El Aaiun ou aller en prison.
J’ai choisi de retourner à Rabat et de continuer à faire du sport.
J’avais l’idée que courir pouvait être pour moi un moyen de continuer à lutter pour mon peuple et pour l’indépendance de mon pays.
Je suis retourné à rabat et après deux années de très bonnes performances j’ai été repris dans l’équipe nationale du Maroc.
Pendant ces années à Rabat je n’ai pas cessé de ressentir la discrimination du fait de mon identité sahraouie. À chacun des contrôles de police pour lesquels je devais présenter mes papiers d’identité j’étais conduit au poste de police et interrogé longuement sur mes activités, alors qu’il été bien visible que j’étais un sportif de haut niveau et que je m’entraînais.
Sur la carte d’identité de tous les Sahraouis, une carte marocaine, il y a deux lettres : SH qui nous identifient comme Sahraouis. C’est pour ce signe que je faisais au moins une fois par semaine un séjour toujours inconfortable au poste de police.


Dans cette équipe nationale, j’ai réussi des performances me permettant de participer à des compétitions sur route en France.
J’ai couru les 10 kilomètres d’Agde et j’ai gagné. J’ai fait les 200 derniers kilomètres en faisant flotter le drapeau de ma république. La république Arabe Sahraouie Démocratique. Un ami marocain m’a donné le drapeau à la fin de la course.
Je me suis mis sous la protection de la police, et j’ai demandé l’asile politique à la France. Pour moi la France était un pays démocratique où l’on pouvait parler sans risquer sa vie.
Je sais que les autorités marocaines ont essayé d’empêcher que j’obtienne l’asile politique.
Je suis maintenant en France, un frère et une sœur sont aussi en France.


C’est pour mon pays et son indépendance que je cours.
Je sais que de nombreuses personnes de ma famille résistent et sont harcelés par la police.
Mon père bien qu’handicapé et dialysé maintenant est convoqué chaque semaine par l’agent secret marocain pour un interrogatoire.
5 de mes cousins sont en prison. Un de mes frères a été emprisonné alors qu’il avait 15 ans et demi. Il est resté 1an et demi dans une prison pour majeurs et il porte de nombreuses marques des blessures et tortures qu’il a subies et qu’il s’est infligées tellement les conditions étaient dures pour lui.
Les femmes de ma famille sont régulièrement enlevées par les forces de sécurités, interrogées, torturées, humiliées et abandonnées dans le désert.
En tout ce sont 17 membres de ma famille qui ont subi des brutalités, des arrestations et des emprisonnements arbitraires.
Pour moi cela fait 14 ans que je n’ai pas passé un mois entier avec ma famille.
J’attends de pouvoir bénéficier des échanges familiaux mis en place dans le cadre de l’ONU par la MINURSO pour pouvoir rendre visite à ma famille en sécurité ou au moins en étant protégé. Cela fait deux ans que j’en ai fait la demande.
Je vous parle de ma famille, mais c’est le sort de tout le peuple sahraoui vivant aux territoires occupés dont je vous parle.


Pour finir, je vous invite à venir dans les campements de réfugiés, ou malgré les très dures conditions de survie nous sommes libres.
Libres de nous exprimer, libre de pratiquer nos traditions et de vivre selon notre culture, libres de vous accueillir… et pourquoi pas lors de la semaine du Sahara Marathon…

Interview d'Ali FKIR sur la lutte des mineurs de l'OCP

Par Jérémie Berthin, SI de la CNT, 14/10/ 2009

Depuis début septembre 850 mineurs de l'OCP (entreprise étatique qui extrait du phosphate), dans la région de Khouribga, mènent une lutte exemplaire. Entretien avec Ali FKIR sur les raisons de la colère ouvrière.

Ali, peux tu nous expliquer ce qui a mis le feu aux poudres à l'OCP ?
Après des années de trime , 850 ouvriers sont jetés à la rue. Pourquoi ? Pour avoir refusé les nouvelles conditions contractuelles qui revenaient, en fait, à remettre en cause des acquis sociaux gagnés, dans le passé, au prix de luttes dures (parfois trois mois de grève). Parmi ces nouvelles clauses, la direction « propose » par exemple aux salariés des contrats à durée déterminée (3 mois) à 2000 dh (moins de 200 euros par mois).
Les dirigeants de l'OCP suppriment ainsi les CDI qui prévalaient jusqu'alors. Même chose au plan des salaires qui jusqu'alors pouvaient atteindre 6000 dirhams ce qui était très appréciable pour les ouvriers de l'OCP en comparaison des salaires moyens au Maroc. Autre nouveauté, ces nouveaux contrats en CDD étaient sans garantie aucune quant au renouvellement du contrat et surtout sans couverture sociale. Rappelons que travailler dans le cadre de CDD, c'est se préparer au chômage à partir de la quarantaine, car on vous remplacera par des jeunes de 20 ans qui peuvent enfanter plus de plus-value. On vous suce votre sang, on vous dépouille de votre énergie, on vous vide de votre sève de jeunesse, et on vous jette "usé" à la rue sans espoir de bénéficier d'une quelconque retraite pour le reste de vos jours. Après 20 ou 25 ans, les patrons vous considèrent complètement amortis, comme n'importe quel outil de travail. Vous êtes bon pour la ferraille. Aujourd'hui, l'OCP, le gigantesque groupe minier de l'État procède de même avec "ses" prolétaires. L'OCP ne voit en eux que le moyen de maximiser le profit, le dit profit qui ne sert en fin de compte qu'à renflouer les poches de ceux qui ne risquent jamais leur vie à descendre aux entrailles de la terre pour extraire le phosphate.
Que représente l'entreprise OCP pour la région de Khouribga et plus généralement dans l'économie marocaine ?

Khourigba est la capitale minière du Maroc. C'est de très loin le plus important site en production et en main-d'oeuvre. Le Groupe OCP extrait le phosphate brut du sous-sol marocain grâce à des chantiers à ciel ouvert ou des mines souterraines. Le minerai est ensuite épierré et criblé, puis séché ou calciné. Parfois, il subit une opération de lavage ou de flottation pour une augmentation de sa teneur en phosphore. Environ la moitié du minerai est exportée comme matière première à destination d'une quarantaine de pays à travers le monde. L'autre moitié est livrée aux industries chimiques du Groupe pour être transformée en produits dérivés commercialisables : acide phosphorique de base, acide phosphorique purifié, engrais solides. Leader mondial sur le marché du phosphate et des produits dérivés, et première entreprise du Royaume, le Groupe OCP opère sur les cinq continents.
Dans quelles conditions se déroule la lutte ?

Après le succès de la caravane de solidarité organisée par l'AMDH (l'Association marocaine des Droits de l'Homme), les 850 ouvriers licenciés ont poursuivi leur lutte en multipliant sit in, manifs et actions. Les conditions sont difficiles car les forces de répression quadrillent tout le quartier où se trouvent les locaux syndicaux de l'OCP. La police s'est attaquée aux ouvriers et à leur famille, aux militants des droits de l'Homme, aux syndicalistes. Les badauds ont eu leur part de coups de matraque. Plusieurs blessés ont été menés à l'hôpital de la ville. La police, en outre, a arrêté 41 ouvriers dont 4 du bureau syndical. Au commissariat, après prise d'empreinte, de photos, les ouvriers ont fait l'objet d'un interrogatoire provocateur et serré : « ton appartenance politique ? Qui vous pousse à agir ainsi ? Quels sont tes rapports avec les responsables de l'Union locale de l'UMT ? Il faut quitter l'UMT et rejoindre un autre syndicat ? ». Après ce calvaire, les 41 ouvriers ont été relâchés. Quatre d'entre eux sont poursuivis et actuellement en liberté provisoire. Leur procès aura lieu en novembre.
Le mot de la fin ?

La solidarité internationale constitue certainement un moyen de pression sur l'OCP et l'Etat marocain, et un élément important dans l'encouragement des prolétaires en lutte. Nous devons cultiver l'esprit internationaliste.

Propos recueillis par Jérémie Berthuin, SI de la CNT




Les patronats marocains exploitent et licencient aussi les prolétaires

بلاغ إخباري

عمال وعاملات شركة أطلانتيك دونيم للنسيج بسلا يطالبون بالإرجاع الفوري للمطرودين واحترام الحق النقابي

في خرق سافر لمدونة الشغل ولكل التشريعات الوطنية والمواثيق الدولية وخاصة تلك المتعلقة بالحقوق النقابية، أقدمت شركة أطلانتيك دونيم للنسيج بسلا لصاحبها، ادريس السنوسي، بتاريخ 16 أكتوبر 2009 على طرد أزيد من 400 عامل وعاملة دفعة واحدة كعقاب جماعي لهم مباشرة بعد تشكيلهم لمكتب نقابي تابع للاتحاد المغربي للشغل.

وعلى إثر هذا الطرد التعسفي، الذي تم إثباته عن طريق عون قضائي، قرر عمال وعاملات الشركة المطرودين تنظيم اعتصام إنذاري طيلة يوم الثلاثاء 20 أكتوبر 2009 ليؤكدوا حقهم في العودة إلى عملهم وممارستهم حقهم الدستوري في التنظيم النقابي.

إن المكتب النقابي ، إذ يطالب إدارة الشركة بالإرجاع الفوري لجميع العمال والعاملات وفتح حوار جدي ومسؤول مع المكتب النقابي كما يطالب السلطات المعنية بالتدخل العاجل وتحمل مسؤولياتها كاملة لحماية هؤلاء العمال وأسرهم، فإنه يهيب بجميع العمال والعاملات إلى الوحدة والتضامن مع زملائهم ويدعو جميع الهيآت الحقوقية والسياسية والنقابية الديموقراطية من أجل مساندتهم والوقوف إلى جانبهم في محنتهم من أجل فرض حقوقهم المشروعة.

عن المكتب النقابي

الرباط في 19 أكتوبر 2009

مقر الشركة -مكان الاعتصام-:
انتيك دونيم، بوقنادل، طريق القنيطرة سلا 

Deux fichiers pour le prix d’un. Exit Edwige

Par Claude-Marie Vadrot, 19/10/2009

Exit Edwige Place au fichier des bandes et au fichier des Interdits. La CNIL s’est docilement couchée
En bandes ou isolés, les Français vont être surveillés par deux nouveaux fichiers qui pourront évidemment être croisés et exploités non seulement par la police et la justice mais par des organismes, des administrations et des entreprises travaillant dans des « domaines sensibles ». Manque évidemment la définition de ce qu’est un « domaine sensible ». Tout comme n’est pas définie la notion de « bande ». Cela reste à la libre imagination et aux besoins du pouvoir. C’est bien sur ce qui fait le charme de ces deux nouveaux fichiers dont on remarquera évidemment qu’ils n’ont pas été créés à la suite d’une consultation des parlementaires et que, miraculeusement, ils ont surgi dans l’espace politique quelques jours après les graves incidents de Poitiers où, pourtant, il n’a pas été repéré la moindre bande. A moins que la « bande » cela soit tout simplement, désormais, une manifestation. Mais la bande, cela peut-être aussi des copains que je convoque pour une réflexion ou une réunion, ou encore une association qui n’est pas en amitié avec le pouvoir ou l’UMP. Dans le cas ou cette association, d’écologistes ou de naturalistes par exemple, décide de s’opposer à une projet autoroutier, à une installation industrielle, à des plantations de maïs OGM ou à une centrale nucléaire (et j’en passe), elle risquera la double peine : la « bande » organisée et le « domaine sensible ». Lequel sera certainement complété dans quelques mois par une loi du ministère de la Défense sur la protection des « intérêts vitaux » du pays.

Dans le fichier des « bandes » pourront figurer les adolescents à partir de 13 ans. Pour l’autre, sursis jusqu’à 16 ans. On respire. Quand je pense aux bandes du 3 ° arrondissement, à celles des anciennes fortifications et à celles de Fontenay sous Bois auxquelles j’ai appartenu, je frissonne rétrospectivement. Et je laisse à l’imagination du lecteur, le nombre de « bandes » auxquelles ils appartiennent déjà. De quoi débander...

Dans le second Opus du ministre de l’Intérieur, celui qui va répertorier les femmes et les hommes à écarter des emplois ou des domaines « sensibles » (quelle merveille que les nouveaux vocabulaires de la sécurité !) il n’est plus question, comme dans le défunt Edwige, de répertorier les origines ethniques. Juste les « origines géographiques » : je pense que cela vous rassure tous, vous qui êtes nés ou qui avec des parents en Italie, en Afghanistan, au Mali, au Maroc, en Pologne, en Russie, en Moldavie, en Roumanie, en Algérie, en Egypte, en Irak et dans tous ces foutus pays qui ne font pas vraiment des bons français, des bons titulaires de « l’identité nationale ». Le ministère et tous les organismes et industriels pourront donc trier le bon grain (français) de l’ivraie (étrangère). Ce qui permettra de donner une base pseudo-légale aux interdictions professionnelles qui se construisaient jusqu’à présent par l’intermédiaire de STIC et Judex, le fichier de la police et le fichier de la gendarmerie, dont tout le monde dit, à commencer par la Commission Nationale Informatique et libertés, qu’ils sont truffés d’erreurs. Une Commission qui, sous peine d’être définitivement désarmée soit transformée a dû se coucher devant le pouvoir.

Quel va être le statut de "banque" ?

La CGT de l'Etat Espagnol soutient le Comité de Solidarité avec les travailleurs de Smesi-Regie

Par Jose Pascual Rubio Cano Scr. Relaciones Internacionales, 20/10/2009

SALUTATION DE CGT À LA MANIFESTATION DU 21 OCTOBRE DEVANT LE SIÈGE DE L’OCP À CASABLANCA (MAROC) POUR CONDAMNER LE LICENCIEMENT DES 850 CAMARADES DES GISEMENTS DE KHOURIBGA.
La Confédération Générale du Travail de l’Etat espagnol veut saluer les avocats, journalistes, syndicalistes, défenseurs des droits humains et militants des différentes associations qui constituent le Comité de Solidarité avec les travailleurs de Smesi-Regie (CSOS).
Spécialement, nous voulons saluer les 850 camarades licenciés des gisements de Khouribga, sises à environ 120 Km de Casablanca.
Nous voulons vous féliciter pour votre énorme capacité de résistance et votre ténacité. Comme d’habitude c’est la classe ouvrière qui souffre les attaques du système capitaliste. Un système dont la base est l’obtention des bénéfices sans coût et sans prendre en considération les besoins des personnes de vivre et se développer comme êtres humaines.
Toutes les entreprises et compagnies multinationales se guident par cette prémisse, suivant une ligne marquée par le système et appuyée par les gouvernements du monde entier, indépendamment du parti au pouvoir.
Même si le groupe de phosphates marocain OCP a obtenu en 2008 des miles de millions de dirhams de bénéfices, son cupidité n’a pas de limite: n’ayant pas assez avec la précarisation des conditions de travail de ses employés, ils ont été directement expulsés du marché du travail.
Nous souhaitons que la manifestation qui aura lieu le prochain mercredi 21 octobre devant le siège de l’OCP de Casablanca ait un vrai succès et serve pour obtenir vos revendications. Il est important de souligner qu’il s’agit d’un cas de flagrante violation des droits fondamentaux et syndicaux, situation complètement inacceptable.
Dès la Confédération Générale du Travail (CGT) de l’Etat Espagnol nous voulons exprimer notre solidarité et notre appui à votre lutte, la même lutte menée par tous les travailleurs et travailleuses de toute la planète. Une lutte pour nos droits, contre l’exploitation et l’exclusion. Une lutte contre le système capitaliste.
Pour ce qui a été exposé, la CGT exige:
- La réincorporation immédiate des 850 travailleurs licenciés illégalement.
- Le respect des droits syndicaux à l’OCP et ses filiales.
- L’annulation des procédures judiciaires contre les 4 camarades inculpés.

REINCORPORATION DES 850 LICENCIÉS!
POUR LE RESPECT DES DROITS SYNDICAUX AU MAROC!

Mohammedia : LA SAMIR règne du non droit


Par Ali Fkir, 20/10/2009
1 – Quelques données :
- Dénomination : Société anonyme marocaine de l’industrie du raffinage ; SAMIR
- Date de constitution : 1er janvier 1959
- Capital social : 1 189 966 500,00 MAD
- Principal actionnaire (actuellement) : Groupe CORRAL petroleum appartenant essentiellement aux saoudiens (67,20%)
- Emplacement :Mohammedia, avec des activités secondaires à Sidi Kacem (à quelque 200 km de Mohammedia)
- activité : raffinage (monopole absolu) du pétrole brut importé essentiellement du moyen orient , l’industrie de transformation des dérivés du pétrole, et d’une façon générale toutes les activités relevant de l’industrie pétrolière…
- introduction en bourse : 19 mars 1996, à la veille d sa privatisation
2 – Certaines remarques :
- La constitution de la SAMIR a été l’une des réalisation importantes du 1er et dernier gouvernement national (gouvernement de Abdellah Ibrahim).
- C’était l’un des « joyaux » de l’Etat marocain qui renflouaient ses caisses.
- Elle a été cédée il y a une dizaine d’année au privé dans des conditions obscures. Quelques mois après la « vente de ce joyau » à un prix dérisoire, le ministre marocain qui avait supervisé l’opération fut « recruté » par les saoudiens comme directeur général de SAMIR. ( ???!!!)
- Actuellement aussi bien le président que le directeur général ne sont autres que des cheikhs saoudiens.
- Les nouveaux propriétaires ont hérité du passé « public » de SAMIR sa « tolérance » du syndicalisme ouvrier. Rappelons qu’en Arabie saoudite, le droit syndical n’existe pas dans lexique des émirs. Et cela le grand problème, l’origine des mauvaises humeurs des nouveaux dirigeants. Pour eux la radiation de l’esprit syndical devient une priorité. La CDT qui encadre plus de 80% du personnel est devenue indésirable. Tous les moyens sont bons pour s’en débarrasser.
3 – Conflit actuel :
- La direction de SAMIR renie ses engagements initiaux, remet en cause les acquis des travailleurs, refuse de négocier avec les représentants des travailleurs…
- Face à cette attitude qui constitue un véritable affront à la législation de travail en vigueur, les travailleurs (syndiqués au sein de la CDT) ont tenu une assemblée générale pour débattre de la nouvelle situation conflictuelle créée délibérément par la direction de SAMIR. Ils ont décidé d’observer une grève de travail le mercredi 28 octobre 2009, aussi bien à Mohammedia qu’à Sidi Kacem.
- En réaction à cette décision légitime de la CDT, la direction des ressources humaines et des relations institutionnelles de SAMIR publia une circulaire d’informations dont le contenu vous fait dresser les cheveux :
* Elle accuse la CDT de violer la « la paix sociale » en appelant à la grève du 28/10/2009
* Elle considère cette grève illégale. Rappelons à ces cheikhs que selon la législation marocaine en vigueur, elle est tout à fait légale.
* Elle considère que toute participation à cette grève sera considérée comme absence non justifiée, et comme refus délibéré d’effectuer un travail, ce qui sera considéré comme faute grave dont les conséquences sont précisées dans l’article 39 de la moudwana de travail (code de travail marocain).
* Elle fera tout pour assurer « la liberté de travail »
* Elle considère toute incitation à la grève…comme faute grave qui entraînera le licenciement et des poursuites judiciaires
* Elle appelle les travailleurs à faire preuve de bon sens et à refuser l’appel à la grève, sauvegardant ainsi « nos unité productives » ( ???!!!) et « la paix sociale »...
* Les responsables de la société ont entamé une véritable opération d’inquisition : on demande aux salariés (individuellement) s’ils participeront à la grève « suicidaire ». Tous les moyens d’intimidations sont bons pour démobiliser les travailleurs en situation légitime défense.
L’Etat marocain est, une fois de plus, en situation inconfortable : voilà un groupe étranger auquel on a pratiquement offert l’unique raffinerie de pétrole qui existe sur le seul marocain et qui veut appliquer sa propre « législation », c'est-à-dire le non droit.
Comme nous nous solidarisons avec les 850 ouvriers de l’UMT licenciés abusivement par l’OCP , groupe étatique, à Khouribga, solidarisons nous avec les travailleurs de la CDT dont les droits sont bafoués par la SAMIR à Mohammedia et à Sidi Kacem !


A Paris, manifestation pour défendre la liberté de la presse


Par Catherine Graciet, 21/10/2009
La liberté de la presse bafouée au Maroc

Le caricaturiste de Bakchich Khalid Gueddar sera jugé au Maroc vendredi pour un dessin représentant le prince Moulay Ismaïl. Il risque entre 3 et 5 ans de prison. Manifestation jeudi à 11h devant l’ambassade du Maroc à Paris.
Il sera jugé vendredi 23 octobre pour « outrage à l’emblème du royaume », en l’occurrence le drapeau marocain, et pour « manquement au respect dû à la famille royale ». Initialement prévu lundi 19, le premier procès vient d’être reporté de quatre jours.
UN RASSEMBLEMENT EN SOUTIEN À KHALID GUEDDAR – ET PLUS GÉNÉRALEMENT POUR LA LIBERTÉ DE LA PRESSE AU MAROC – EST PRÉVU JEUDI 22 OCTOBRE À 11 HEURES DEVANT L’AMBASSADE DU MAROC À PARIS. VENEZ NOMBREUX !
La cause de ce harcèlement judiciaire sans précédent : un dessin paru dans le quotidien Akhbar Al-Youm qui représente le cousin du roi Moulay Ismaïlsur fond de drapeau marocain.
Le directeur de ce quotidien, Taoufiq Bouachrine, sera également jugé aux côtés de Khalid Gueddar. Les deux hommes risquent entre trois et cinq ans de prison. Pour un dessin ! Une peine privative de liberté doublée d’un risque de faillite personnelle puisque le prince Moulay Ismaïl réclame des dommages et intérêts « évalués à trois millions de dirhams ». Soit 270 000 euros. Soit 83 ans de salaire moyen marocain.

Zineb El Rhazoui : Défendre les libertés individuelles, sans concessions


Par Aziz Enhaili, tolerance.ca 

Zineb El Rhazoui est une journaliste franco-marocaine pigiste âgée de 27 printemps. Elle a été à l’origine de la fondation (avec Ibtissam Lachgar) du «Mouvement alternatif pour les libertés individuelles» (MALI) au Maroc. Un groupe Facebook de jeunes qui prévoyaient de rompre publiquement et en plein jour le jeûne de Ramadan, un des cinq piliers de l’islam. Provoquant la réaction énergique des autorités marocaines et la colère des conservateurs. Pour en savoir un peu plus sur le MALI, nous avons réalisé l' entrevue qui suit avec cette universitaire de gauche. Entrevue réalisée par Aziz Enhaili pour Tolerance.ca ®.


Aziz Enhaili : Comment l'idée de lancer votre «Mouvement alternatif pour les libertés individuelles» (MALI) au Maroc vous est-elle venue?
- Au Maroc (plus qu'ailleurs), la problématique des libertés individuelles est au cœur des préoccupations des citoyens. Nous avons une société qui s'ouvre de plus en plus sur le monde. La jeunesse marocaine aspire à des valeurs de progrès, de démocratie et d'affirmation de l'individu au sein d'un climat social très conservateur. Cela fait des années que je discute des libertés individuelles avec un groupe d'amis, dont Ibtissam Lachgar (co-fondatrice du Mouvement Alternatif pour les Libertés Individuelles : MALI). L'envie de «faire quelque chose» existait depuis longtemps, mais le manque de moyens nous a souvent empêché d'agir. C'est pour cela qu'Ibtissam et moi-même avons décidé de créer un mouvement alternatif dédié au lancement d’actions symboliques et pacifiques, avec comme objectif de relancer le débat au sein de la société..


Aziz Enhaili : Sachant le conservatisme de la société marocaine, le fait d'organiser le «dé-jeûner» en plein jour durant le mois du jeûne ne comportait-il pas une part de provocation pour la sensibilité des pratiquants musulmans? Avez-vous pensé à cet aspect de votre action avant de l'entreprendre ?
Oui, nous avons évidemment envisagé cet aspect de la question. Le pique-nique devait avoir lieu dans la forêt, donc dans un lieu peu fréquenté. Au cas où nous aurions croisé des promeneurs ou des joggeurs, nous en aurions profité pour leur expliquer notre action, ouvrir avec eux le débat sur l'article 222 du code pénal, et les sensibiliser à la nécessité d'avoir plus de tolérance envers ceux qui font des choix religieux différents. Je rappelle que nos méthodes sont pacifiques, et que notre but est avant tout d'ouvrir le débat.


Maintenant, la question qui se pose est la suivante : les musulmans pratiquants sont-ils nécessairement choqués par le fait que d'autres ne pratiquent pas leur religion ? Personnellement, dans mon entourage proche, beaucoup sont pratiquants, et il n'y a jamais eu de problème sur le fait que je ne jeûne pas. L'essentiel, c'est qu'il y ait un respect mutuel, sans hypocrisie et sans représailles. Les "dé-jeûneurs" sont probablement une minorité au Maroc, mais je pense qu'une grande majorité de citoyens est contre des articles de loi liberticides comme le 222, les gens nous en témoignent tous les jours.


Aziz Enhaili : Pourquoi (maintenant) le MALI ?

Le décalage est devenu trop grand entre les aspirations de la jeunesse et le conservatisme des lois et d'une partie de la société. L'Etat veut véhiculer une image d'ouverture et de tolérance à l'international, alors que la réalité du terrain n'est pas toujours en accord avec les libertés individuelles et les droits de l'homme de manière générale. Les citoyens marocains (plus particulièrement les jeunes) se désintéressent de la politique (dans sa forme traditionnelle). Ils n'ont plus confiance ni dans les partis politiques traditionnels ni dans les institutions. À raison. Il était important pour nous de donner un canal d'expression à toutes ces voix, qui au demeurant ne partagent pas forcément les mêmes opinions politiques, encore moins les mêmes croyances ou penchants personnels. Mais elles ont en commun la revendication de la démocratie, de la laïcité et du respect des libertés individuelles. De notre point de vue, les libertés individuelles ne sont pas un luxe réservé aux sociétés démocratiques. Elles sont au contraire au cœur-même de la notion de citoyenneté.


Aziz Enhaili : Qu'est-ce que le MALI ?

- Notre mouvement n'est pas constitué en association. Nous n'avons ni siège, ni budget, ni organigramme. Nous sommes simplement un groupe de personnes qui défendent les mêmes valeurs et qui sont prêtes à descendre dans la rue pour contribuer au changement de la société. Nous avons créé une identité virtuelle sur le Net : un groupe sur facebook où nous expliquons ce qu'est notre mouvement et les libertés que nous défendons. Dès la première semaine du lancement de cette page virtuelle, plus d'un millier de personnes ont adhéré à l'idée.

Les jeunes du MALI sont issus de toutes les régions du Maroc, et même de l'étranger. De manière inédite dans notre pays, un mouvement rassemble des jeunes arabophones, amazighophones, francophones, hispanophones… issus de toutes les classes sociales, des plus pauvres aux mieux nanties. Le mouvement compte également des étudiants, des chômeurs, des journalistes, des intellectuels, des artistes, des vendeurs ambulants, des médecins…

Le MALI se veut une Movida, un mouvement en lequel les jeunes croient, qui les interpelle et les pousse à se positionner. Sa naissance a été perçue comme une vraie rupture avec l'hypocrisie sociale. Il a du coup suscité un grand espoir de voir les lois évoluer dans un sens libéral.


Aziz Enhaili :Pensez-vous que cela valait la peine de lancer le MALI maintenant ? Pensez-vous que cela a permis d'ouvrir un débat public relativement aux libertés individuelles ?
- Notre première action a jeté un pavé dans la mare. Le mouvement a été créé au cours de la première semaine du mois de ramadan de cette année. Deux semaines plus tard, nous organisions un pique-nique pour les "dé-jeûneurs" dans la forêt de Mohammedia.


Cette action symbolique avait pour but de revendiquer le droit des "dé-jeûneur" à exister et de protester contre l'article 222 du code pénal marocain, qui punit d'un à six mois de prison toute personne «notoirement connue pour son appartenance à la religion musulmane», qui rompt le jeûne publiquement. Il s'agit d'un article liberticide, qui contredit à la fois l'article 6 de la Constitution marocaine (qui garantit la liberté de culte) et l'article 18 du Pacte international des droits civils et politiques (ratifié sans réserves par le Maroc dès 1979).
Lorsque l'on défend les libertés individuelles, on le fait sans concessions. On ne peut rester éternellement dans l'attente d'un climat plus «propice», afin de réclamer certaines libertés (dont la liberté de culte).. C'est en agissant ainsi que l'on fait évoluer la société. Notre action a soulevé un vrai tollé, elle a eu le mérite d'imposer un débat longtemps délaissé par les intellectuels. Elle a été un vrai révélateur du débat social au Maroc. Les voix officielles et conservatrices nous ont sévèrement condamnés, beaucoup ont crié au scandale. Mais le plus important, c'est que nous avons eu le soutien de tous les vrais démocrates. Les militants des droits de l'homme, de nombreux intellectuels et des jeunes de tous les milieux nous ont soutenus.

Aziz Enhaili : Quelles sont les perspectives d'avenir du MALI? Y aura-t-il une suite pour votre initiative?

- Oui ! Nous continuerons à protester contre l'article 222. N’oublions pas que chaque année, on assiste à des dizaines d'arrestations de dé-jeûneurs pendant le mois de ramadan, voire des lynchages sur la voie publique, sans que la police n'engage de poursuites contre les lyncheurs. Nous prévoyons d'autres actions dans le futur pour défendre d'autres libertés, comme la liberté d'expression, la liberté de choix de vie personnelle ou contre la peine de mort.

mardi 20 octobre 2009

Quel sens donner au non-sens de ces licenciements (850 ouvriers sans couvertures sociales) ?


Par Mohamed Belmaïzi,20/10/2009
Il est clair pour l’observateur que le contexte, dans lequel ces licenciements ont été décidés, n’est pas anodin.
D’abord, il s’enracine dans la crise financière internationale. Le capitalisme criminel a conduit toute la planète dans un gouffre sans fond, en portant atteinte aux plus fragilisés des terriens : des licenciements tout azimut partout dans le monde ; paupérisations et misères dans le Sud ; désarroi et suicide au Nord. Des usines ferment partout dans les pays riches ; leurs succursales font de même dans les pays pauvres. Alors que les prix de produits de premières nécessités augmentent en flèche pour affamer et asservir les êtres humains…
Ensuite, les petits nantis de nos contrées croient retenir la leçon pour échafauder – en se basant sur une analyse biscornue et barbare – une alliance criminelle avec les méfaits d’un capitalisme aux abois, décrié de toutes parts. C’est ainsi qu’ils croient s’autoriser impunément de licencier les 850 ouvriers de l’OCP.
Or, ces nantis incultes occultent les conséquences incalculables de ces licenciements. Sur fond d’une culture makhzénienne basée sur l’arbitraire et la Hogra, ces nantis sont décidément aveugles pour mener le pays à sa perte, en menaçant la stabilité – déjà si fragile – et la paix sociale au Maroc.
Car, non seulement ils licencient les 850 ouvriers pour avoir organisé un syndicat défendant leurs droits et leurs intérêts… mais nos obscurantistes nantis vont parfaire leur vision diabolique en engageant des retraités pour les laminer et leur sucer le sang, au su et au vu du droit et des valeurs universelles !!
Mais, il faut ajouter à ce climat macabre édifié par l’Etat-de-Non- Droit, que ces 850 ouvriers n’ont ni couverture sociale, ni indemnité au chômage, à l’instar des ouvriers du Nord…
Ce mauvais calcul d’une gouvernance sans éthique et qui devient illégitime, par la force des choses, aura du sens et de la consistance dans les combats que les 850 ouvriers, alliés objectifs de la majorité des citoyens laissés pour compte dans notre pays, vont mener.
Et tout dépendra du rapport des forces qui penche clairement pour les revendications légitimes des ouvriers. Toute autre logique répressive mènera à la catastrophe