(AFP)
–8/3/2014
Paris
— Un boxeur qui a porté plainte en France contre un responsable
marocain qu'il accuse de l'avoir torturé en 2010, réclame "une enquête
approfondie, indépendante et impartiale" dans un courrier à François
Hollande dont l'AFP a eu copie samedi.
Cette procédure et deux
autres plaintes précédentes pour complicité de torture visant Abdellatif
Hammouchi, patron du contre-espionnage marocain, sont à l'origine d'une
rarissime querelle diplomatique entre les deux alliés.
Le Maroc
avait notamment exprimé son vif courroux après que des policiers
s'étaient rendus à la résidence de son ambassadeur pour notifier à
Abdellatif Hammouchi --en visite à Paris-- une convocation d'un juge
d'instruction.
Dans sa longue lettre à François Hollande datée de
vendredi, Zakaria Moumni, ancien champion de boxe thaïlandaise, qui
dispose de la nationalité française, décrit les sévices dont il dit
avoir été victime après son arrestation le 27 septembre 2010 à
l'aéroport de Rabat.
"Tout au long de ces quatre jours de
tortures, ils n'ont cessé de me répéter: +Ici, c'est l'abattoir de Sa
Majesté et, nous, on ne dépend ni du ministère de l'Intérieur, ni du
ministère de la Justice. Nous, on travaille directement avec le roi. Et
ça, c'est les ordres du roi+", écrit M. Moumni.
"En réalité, le
pouvoir marocain ? le Palais royal pour être plus précis - m'a fait
payer chèrement le fait d'avoir exprimé publiquement mes revendications
et mes griefs à l'égard du Palais royal", poursuit le boxeur, qui
explique qu'il réclamait en vain un poste au ministère de la Jeunesse et
des Sports.
Condamné à 30 mois de prison au terme d'un procès
qualifié d'"inéquitable" par Human Rights Watch, il affirme avoir signé
sous la torture les aveux selon lesquels il aurait soutiré à deux
Marocains 1.200 euros, contre la promesse de leur trouver du travail en
Europe.
Grâcié en février 2012, Zakaria Moumni, qui vit en France,
explique à François Hollande que des responsables marocains lui "ont
fait clairement comprendre que les individus responsables des tortures
(...) ne peuvent être traduits en justice".
Il écrit espérer que
sa "plainte fera l'objet d'une enquête approfondie, indépendante et
impartiale, le Maroc ayant démontré son absence de volonté politique
pour rendre justice aux victimes de torture".
Il explique encore à
François Hollande avoir entrepris son action judiciaire "en pensant à
toutes les victimes de torture au Maroc qui ne peuvent saisir un juge
là-bas".
Pour apaiser la crise et "dissiper les malentendus",
François Hollande avait appelé le roi Mohammed VI. Le ministère français
des Affaires étrangères avait évoqué un "incident regrettable",
évoquant la convocation d'Abdellatif Hammouchi.
Cette réaction
avait été vivement critiqué par l'ONG Action des chrétiens pour
l'abolition de la torture (Acat), à l'origine des deux premières
plaintes.
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