Accords sur la mobilité: quand l’Europe joue les « Ponce Pilate »
Saad Dine El Otmani, et Cécilia Malmsstrom, Commissaire européenne chargée des Affaires intérieures, après la signature de la déclaration conjointe sur la mobilité.
Rien ne réconcilie jamais les régimes autoritaires avec la raison et
encore moins avec un minimum d’humanité ! L’histoire vient une fois de
plus de démontrer combien cette affirmation se vérifie, en ce qui
concerne notre pays.
Pompeusement baptisée « partenariat pour la mobilité »,
le Maroc et l’Union européenne ont signé, vendredi 7juin, une
déclaration commune, en vertu de laquelle, ils s’engagent à ouvrir des
négociations pour des accord sur l’immigration.
En échange
d’une prétendue facilitation des visas pour ses hommes d’affaires et ses
étudiants et d’une aide financière, notre pays reprendrait sur son
territoire, ses propres citoyens, expulsés de l’Union européenne, ainsi
que tous les migrants clandestins ayant transité par son territoire.
Cécilia Malmsstrom, la Commissaire
européenne chargée des Affaires intérieures, peut sourire de toutes ses
dents. Elle a réussi à entraîner notre pays là aucun des
riverains du sud de la méditerranée ne se serait aventuré. Une première,
se vante-t-on, au siège de l’Union européenne. Une première qui
confirme, si besoin est, que rien ne dérange jamais Rabat, lorsqu’il
s’agit de foncer, en premier, dans les pires ignominies concoctées, par
un « Ponce Pilate » à Bruxelles ou à
Washington, comme lorsqu’il s’était agi de torturer, pour le compte de
l’administration américaine, de prétendus Talibans.
Un marché de dupes, tant notre pays n’a rien à gagner et beaucoup à
perdre et tant l’Europe qui n’ignore pas à quel point le Maroc est
fragilisé, semble lui avoir forcé la main, et enfoncé un coin, dans ce
round de négociations qui traînaient en longueur, depuis les accords de
statut avancé en 2008.
Une majorité gouvernementale qui part à vaut l’eau, des responsables
politiques qui qualifient leurs alter ego des pires noms d’oiseau,
désaveu cinglant infligé au PJD, par l’annulation in-extremis, d’accords
économico-stratégiques maroco-turques, accroissement de la répression
et des procès politiques, crise économique menaçant d’amplifier la
contestation sociale, crise du Sahara qui fait perdre à Rabat ses
derniers soutiens et enfin, absentéisme royal qui jette une lumière bien
crue sur l’ampleur des pouvoirs régaliens de Mohamed VI et sur sa drôle
de conception de la conduite des affaires de l’Etat, sont autant
d’éléments qui portent à croire que l’Europe a tordu le bras au Maroc,
comme on le ferait à celui qui n’aurait pas tout-à-fait la conscience
tranquille
On connaissait le Maroc rempart contre le « Péril rouge » et ses
parachutistes sautant sur Kolwezi, au zaïre, pour protéger le régime du
prédato-dictateur de Mobutu.
On connaissait notre pays rempart contre la «Peste noire » et ses
prisons secrètes, infligeant d’abominables tortures à de soi-disant
terroristes qui n’avaient à se reprocher que leur foi inébranlable en
l’Islam.
Voila que le Maroc s’improvise, à présent, rempart contre
l’immigration clandestine vers une Europe qui ambitionne de laver plus
blanc que blanc. Une façon pour le vieux continent, de « croquer de
l’ail, avec la bouche d’autrui », comme dit le vieil adage marocain.
C’est, un peu vite, oublier que le Maroc est un drôle de gendarme.
Brutal et cruel, envers ses propres citoyens et dont nos voisins du nord
espèrent, en toute hypocrisie, qu’il traitera avec humanité les
migrants subsahariens qu’ils planifient de lui renvoyer, manu militari,
alors que journaux et organisations de défense des Droits de l’homme, se
font chaque semaine, les échos de brutalités policières insoutenables,
envers les clandestins africains, échoués cheznous.
Ironie de l’histoire, comme par un juste retour de bâton, l’Europe
qui est, elle-même, en proie à une crise économique sans précédent,
depuis celle de 1929, se trouve confrontée au phénomène inverse. Nombre
de ses ressortissants en proie au chômage et à la précarité économique,
n’hésitent plus à chercher leur salut ailleurs, quitte à le faire en
clandestins. Un juste retour de bâton, pour ces pays qui se gavent des
richesses du continent africain et refusent sur leur sol, ses
ressortissants qu’ils ont, ce faisant, contribué à précipiter dans la
misère.
A qui profite donc cet accord qui choque à plus d’un titre?
Certainement pas au Maroc. La contrepartie offerte par l’Europe
n’engagera pas celle-ci au-delà de ce qu’elle a toujours daigné
accorder, « à bien plaire », à ses partenaires du sud de la
Méditerranée.
Les visas resteront tributaires de la démonstration, documents à
l’appui, de la solvabilité et de la crédibilité du requérant. Un
assouplissement de la procédure en vigueur, se révélerait dangereux
politiquement et interprété comme laxiste et difficilement défendable,
en ces temps de crise. Les partis de l’extrême-droite, qui surfent sur
les questions de l’immigration, ne manqueraient pas d’en tirer profit,
lors des prochaines échéances électorales.
Aucune raison, non plus, d’espérer de quelconque retombées sur le
niveau de vie du citoyen marocain lambda. Tout au plus, quelques fonds
supplémentaires viendront-ils garnir l’escarcelle déjà bien rebondie des
ministères de souveraineté et des services de sécurité du royaume. Des
fonds qui serviront à mieux armer les polices et à sophistiquer les
moyens de surveillance et de répression par le régime de ses opposants.
Quant aux Droits de l’homme, inutile d’attendre du Maroc qui se
complaît dans leur transgression qu’il se résolve à les respecter.
On ne le dira jamais assez, chaque fois que ce genre d’accord est
passé, il l’est au bénéfice exclusif des dictateurs, avec, à la clé,
quelques années de répit supplémentaire pour leurs régimes exécrables.
Et qu’il s’agisse d’accords portant sur la pêche, l’agriculture, le
train à grande vitesse, l’immigration ou je ne sais quelle autre
énormité, le dindon de la farce en est toujours le petit peuple.
Les européens préfèrent s’en laver les mains. Une fois de plus !
URL: http://wp.me/p1Qm0m-h2
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Le Maroc lance la chasse aux immigrés clandestins... enfin de manière très courtoise pour les Européens
Par Mohammed Jaabouk, 17/6/2013
L’an dernier, le Maroc exigeait aux demandeurs de titre de séjour de fournir un casier judiciaire et un certificat médical. Cette année, le ministère de l’Intérieur recommande, dans des termes très courtois, aux Européens ayant dépassé les trois mois de séjour accordés aux touristes de régulariser leur situation.
La crise qui sévit en Europe a contraint de nombreux Européens à jeter l’ancre au Maroc. Un phénomène qui, apparemment, commence à inquiéter le gouvernement Benkirane. Vendredi 14 juin, le ministère de l’Intérieur publie un communiqué dans lequel il dit avoir « constaté que de plus en plus de ressortissants de pays européens, espagnols, français et autres, qui visitent ou séjournent au Royaume du Maroc, y occupent, à titre temporaire ou permanent, des emplois ou y créent des entreprises ».
Contrairement aux Subsahariens, le département de Mohand Laenser s’adresse à ces sans papiers d’un autre genre dans des termes très courtois. Preuve en est la suite du texte : « fidèle à sa tradition de pays hospitalier, ouvert et accueillant, le Maroc se réjouit de cette nouvelle marque de confiance dans sa politique de développement (…) il leur est recommandé de remplir auprès des services concernés, les formalités relatives à leur séjour et à leurs occupations professionnelles ».
Difficile de contrôler les Européens
A l’exception de diffuser un communiqué, force est de constater que le ministère de l’Intérieur n’a pas les moyens de contrôler le séjour de ces immigrés en provenance du Vieux continent, une seule journée passée à Sebta ou à Mélilla et le problème de la résidence au Maroc est réglé. De nouveau l’employé est considéré comme un touriste pendant une durée de trois mois. La méthode rencontre un franc succès auprès de certains patrons marocains qui n’hésitent pas à l’utiliser pour échapper à la régularisation de leurs salariés français ou espagnols et à payer les cotisations à la CNSS.
Cette recommandation du département Laenser aux Européens de régulariser leurs situations au Maroc intervient, une année, après la publication dans le bulletin officiel du 13 janvier 2012 de nouvelles dispositions pour les demandeurs de carte de séjour. Un arrêté du ministère de l’Intérieur exigeait d’eux de fournir un casier judiciaire et un certificat médical. A ces mesures, s’ajoute le paiement de 100 dh en espèce, le timbre du même montant n’est plus demandé.
Environ 6000 étrangers travaillent légalement au Maroc
Le 1er janvier dernier, le groupe parlementaire du PJD interpellait, lors de la séance des questions hebdomadaires, le ministre de l’Emploi, Abdelouahed Souhail, sur le nombre des Européens qui travaillent légalement au Maroc. Dans sa réponse, il a tenu à préciser que les recrutements de ces profils obéissent à une procédure juridique bien définie dans laquelle l’autorisation de l’ANAPEC (Agence nationale de promotion de l’emploi et des compétences) y est indispensable. Souhail a précisé que se sont pas moins de 5800 étrangers, y compris les Européens, qui travaillent légalement dans le royaume. Un chiffre bien en deçà des réalités du terrain.
Par Mohammed Jaabouk, 17/6/2013
L’an dernier, le Maroc exigeait aux demandeurs de titre de séjour de fournir un casier judiciaire et un certificat médical. Cette année, le ministère de l’Intérieur recommande, dans des termes très courtois, aux Européens ayant dépassé les trois mois de séjour accordés aux touristes de régulariser leur situation.
La crise qui sévit en Europe a contraint de nombreux Européens à jeter l’ancre au Maroc. Un phénomène qui, apparemment, commence à inquiéter le gouvernement Benkirane. Vendredi 14 juin, le ministère de l’Intérieur publie un communiqué dans lequel il dit avoir « constaté que de plus en plus de ressortissants de pays européens, espagnols, français et autres, qui visitent ou séjournent au Royaume du Maroc, y occupent, à titre temporaire ou permanent, des emplois ou y créent des entreprises ».
Contrairement aux Subsahariens, le département de Mohand Laenser s’adresse à ces sans papiers d’un autre genre dans des termes très courtois. Preuve en est la suite du texte : « fidèle à sa tradition de pays hospitalier, ouvert et accueillant, le Maroc se réjouit de cette nouvelle marque de confiance dans sa politique de développement (…) il leur est recommandé de remplir auprès des services concernés, les formalités relatives à leur séjour et à leurs occupations professionnelles ».
Difficile de contrôler les Européens
A l’exception de diffuser un communiqué, force est de constater que le ministère de l’Intérieur n’a pas les moyens de contrôler le séjour de ces immigrés en provenance du Vieux continent, une seule journée passée à Sebta ou à Mélilla et le problème de la résidence au Maroc est réglé. De nouveau l’employé est considéré comme un touriste pendant une durée de trois mois. La méthode rencontre un franc succès auprès de certains patrons marocains qui n’hésitent pas à l’utiliser pour échapper à la régularisation de leurs salariés français ou espagnols et à payer les cotisations à la CNSS.
Cette recommandation du département Laenser aux Européens de régulariser leurs situations au Maroc intervient, une année, après la publication dans le bulletin officiel du 13 janvier 2012 de nouvelles dispositions pour les demandeurs de carte de séjour. Un arrêté du ministère de l’Intérieur exigeait d’eux de fournir un casier judiciaire et un certificat médical. A ces mesures, s’ajoute le paiement de 100 dh en espèce, le timbre du même montant n’est plus demandé.
Environ 6000 étrangers travaillent légalement au Maroc
Le 1er janvier dernier, le groupe parlementaire du PJD interpellait, lors de la séance des questions hebdomadaires, le ministre de l’Emploi, Abdelouahed Souhail, sur le nombre des Européens qui travaillent légalement au Maroc. Dans sa réponse, il a tenu à préciser que les recrutements de ces profils obéissent à une procédure juridique bien définie dans laquelle l’autorisation de l’ANAPEC (Agence nationale de promotion de l’emploi et des compétences) y est indispensable. Souhail a précisé que se sont pas moins de 5800 étrangers, y compris les Européens, qui travaillent légalement dans le royaume. Un chiffre bien en deçà des réalités du terrain.