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samedi 24 avril 2010

SMESI , nouvelle escalade : 19 hospitalisations, 15 arrestations

Par Ali Fkir, coordinateur do CSOC, 17/4/2010
Depuis juillet 2009, les 850 prolétaires licenciés abusivement par SMESI (filiale 100% de l'OCP, géant étatique), sont en lutte pour leurs légitimes droits, à savoir la réintégration, la régularisation de leur situation, le respect de la liberté syndicale et cela, sur la base de la  législation en vigueur (malgré les tares dont elle souffre).
Les ouvriers amaigris, les femmes en désarroi, les enfants déscolarisés, les bébés et les vieux/vieilles meurent de faim, du froid...Des dizaines de familles se disloquent; C'est un véritable drame social dont la responsabilité incombe totalement à l'OCP et l'Etat marocain.
Le combat légitime, le combat héroïque de ces centaines de mineurs vient de franchir un nouveau pas.
Comment ?
- Le mardi 20 avril 2010: des centaines d'ouvriers accompagnés de leurs familles se sont rassemblé-es à Hattane (village ouvrier situé à une quinzaine de km de Khouribga). Des dizaines d’ouvriers ont pu investir l'usine de séchage du phosphate de Beni Idir. Ils ont ainsi bloqué l'activité, immobilisé les trains et les cars. Ils n'ont quitté les lieux que le mardi après-midi.
- Le jeudi 22, avril 2010: Les victimes de l'arbitraire patronal et makhzanien, accompagnés de leurs famille, épaulés par des centaines d'habitant-es de Hattane, ont organisé une marche à laquelle ont participé plus de 3 000 personnes. Les forces de répression ont réagit violemment ce qui a provoqué une bataille rangée entre les victimes et les diverses forces de répression qui ont utilisé les bombes lacrymogènes, tiré en l'air…
Résultats:
- 18 hospitalisations à Khouribga ( 8 ouvriers et10 éléments des forces de répression)
- Un commandant de la gendarmerie hospitalisé à Casablanca
- 15 arrestations (13 ouvriers et 2 simples citoyens)
Jusqu'à cette heure (16h10) les 15 victimes sont toujours en détention
Aujourd'hui, la situation se dégrade, la région de Khouribga se militarise, les prolétaires licenciés arbitrairement par l'OCP, les militants de l'Union locale des syndicats de l'UMT...sont déterminés à aller de l'avant pour imposer une solution qui satisfait les victimes de l'arbitraire;
Le CSOS tient:
- à dénoncer l'entêtement de la direction de l'OCP
- à condamner la répression dont sont victimes les prolétaires
- à condamner la complicité de l'Etat avec son rejeton l'OCP
- à réaffirmer sa solidarité avec les ouvriers de SMESI et avec l'Union locale de l'UMT
- à réaffirmer sa solidarité avec les familles des 850 mineurs licenciés arbitrairement
LA SOLIDARITE NOUS INTERPELLE
Dernière minute :
25/4/2010, 00:21
Les 13 ouvriers de SMESI et les 2 citoyens arrêtés le jeudi 22 avril 2010 suite aux affrontements qui avaient eu lieu entre les forces de répression d'un côté et les prolétaires licenciés abusivement par l'OCP et les citoyens solidaires de ces victimes de l'autre, ont été présentés  (le samedi après-midi) au tribunal après deux jours d'interrogatoire dans  dans les locaux des forces de répression. Le parquet a décidé de les mettre en prison.    Le commandant de la gendarmerie (responsable de la région de Khouribga) blessé au cours de ces affrontements, serait hospitalisé à l'hôpital militaire de Rabat
   Rappelons que ces affrontements avaient eu lieu suite aux provocations des gendarmes
       Dénonçons ces arrestations!
        Mobilisons pour imposer la libération des détenus
       Exprimons notre solidarité effective avec les victimes de l'arbitraire
                      Ali Fkir, coordinateur du "Comité de Solidarité avec les Ouvrier de SMESI "-CSOS

vendredi 23 avril 2010

Comment puis-je manger quand il a faim ?

Par APSO, 20/4/2010
Elouali Amidane est Sahraoui, il a 23 ans. Il a été condamné par le Maroc à 5 ans de prison pour ses opinions politiques. Sa santé est très fragile. Il est aujourd'hui en grève de la faim depuis 16 jours, en solidarité avec les prisonniers politiques Sahraouis enfermés à Salé pour avoir visité leurs familles dans les campements de réfugiés. Hospitalisé contre sa volonté, et maintenant de retour dans sa cellule, il refuse de manger, contre les avis médicaux, tant que les grévistes de Salé ne seront pas libérés.
Rabab, la soeur d'Elouali, réfugiée politique en Suède, partage aujourd'hui ses pensées amères, et celles qu'elle lui adresse.
J’essaie de garder vivant mes doux souvenirs. J’essaie de me souvenir quand nous jouions sur le toit de la grande maison de mes grand parents, ou avec les enfants des voisins, où quand nous nous battions et qu’il gagnait toujours la bataille… quand il m’appelait la loucheuse, ou gros nez pour me mettre en colère.
Je me souviens des plans diaboliques pour voler des bonbons dans la cuisine sans que notre mère le sache.
Toutes ces petites choses me font sourire quand elles me viennent en mémoire. Mais rapidement, les sombres et horribles souvenirs chassent les délicieux.
Je me souviens que les policiers l’ont poursuivi, que nous l’avons caché, qu’ils ont pris d’assaut notre petite maison. Je me souviens des cris et des larmes, des coups et de la torture. Je me souviens combien je hais le Maroc.
Mon petit frère est maintenant en grève de la faim avec les prisonniers politiques Sahraouis et prisonniers de conscience de toutes les prisons marocaines. Certains ont commencé le 18 Mars 2010.
Mon frère a été envoyé en urgence à l’hôpital aujourd’hui, il avait déjà était hospitalisé en début de semaine. Sa santé est trop fragile, il est très faible.
Cela fait quatre ans qu’il est en prison maintenant, sans soin, mal nourri, maltraité par les gardiens. Il est seul dans une prison marocaine, dans une région où une autre langue est parlée, différente encore de celle que nous connaissons, celle des colons marocains dans notre pays.
Il est tellement loin qu’il est difficile à la famille ou aux amis de lui rendre visite.
Nous disons en Hassanya que ces terribles expériences font tomber les montagnes en ruine.
J’aimerais être en prison et lui en liberté. Je suis plus âgée et j’ai connu de bons moments dans la vie. Je serais d’accord pour être à sa place en prison.
Il est plus jeune et a déjà été emprisonné deux fois. Il a aussi été plusieurs fois détenu et torturé.
Il a perdu ses années d’école, les douces années de la jeunesse, sa santé, son développement vers la maturité.
Cela me tue de voir combien sa souffrance est infinie, et combien je ne peux rien faire.
Et malheureusement, mon frère n’est qu’un exemple parmi des centaines de Sahraouis qui souffrent dans les prisons marocaines et les prisons secrètes.

Maroc : Recrudescence de cas de disparitions forcées

Par Alkarama, 16 Avril 2010
M. Adnan ZAKHBAT a été enlevé le 29 mars 2010 par des agents des services de sécurité sur la voie publique. Il a été emmené vers une destination inconnue et a disparu depuis.
M. Adnan ZAKHBAT est âgé de 27 ans. Il est marié et père de deux enfants et réside avec sa famille à Berrechid, une petite ville à 70 km au sud de Casablanca. Il a été enlevé par quatre agents des services de sécurité en civil sur la voie publique le 29 mars 2010 vers 13 heures à la porte de la Mosquée Zahra située sur la route principale à l'entrée de la ville.
Lorsque sa famille a appris cet enlèvement elle a immédiatement cherché à savoir où il se trouvait, les raisons pour lesquelles il avait été enlevé par les services de sécurité et le sort qui allait lui être réservé.
Voilà aujourd'hui 19 jours que M. Adnan ZAKHBAT a disparu, et, malgré les nombreuses démarches effectuées par sa famille auprès des différentes autorités locales, celles-ci refusent à ce jour de reconnaître sa détention.
Pour rappel, le Groupe de travail sur les disparitions forcées et involontaires des Nations unies s'est rendu en mission au Maroc, à l'invitation des autorités officielles et y a effectué une visite du 22 au 25 juin 2009.
L'objectif de la visite était de réunir des informations en vue d'élucider certains cas non résolus de disparitions, d'examiner la situation des disparitions dans le pays à la lumière des normes internationales et de faire le point sur le travail de l'Instance Équité et Réconciliation (IER).
Le Groupe de travail n'a pas manqué, dans son rapport de mission rendu public le 8 mars 2010, de relever un certain nombre de pratiques inacceptables qui consistent à arrêter ou enlever des personnes privant ces dernières pendant une longue durée de tout contact avec l'extérieur et notamment leur famille.
Les experts de l'ONU ont appelé les autorités marocaines à prendre toutes les mesures nécessaires pour prévenir ce type ces agissements qui tendent anifestement à se généraliser ; force est cependant de constater, à la lumière de la persistance de cette pratique, que l'appel des experts n'a pas été entendu.
Notre Organisation rappelle que les disparitions forcées constituent l'une des violations les plus graves des droits de l'homme et appelle les autorités marocaines à mettre un terme définitif à cette pratique assimilable à un crime contre l'humanité et qui ne saurait se justifier même sous le prétexte de la lutte contre le terrorisme.
Il faut également souligner que le Comité contre la torture de l'ONU avait exprimé ses préoccupations dès la fin de l'année 2003 lors de l'examen du 3ème rapport périodique du Maroc au sujet notamment de la garde à vue dont le délai avait été étendu par la loi du 5 juin 2003 à 12 jours, à l'instar de la législation d'exception algérienne. Ce délai est jugé particulièrement excessif par de nombreuses ONG de droits de l'homme.
Les experts du comité onusien avaient d'ailleurs, à l'issue de leur examen, notamment recommandé aux autorités marocaines « de limiter au strict minimum le délai de garde à vue et de garantir les droits des personnes gardées à vue d'avoir rapidement accès à un avocat, un médecin et un membre de leur famille. »
Alkarama a décidé de soumettre ce jour un appel urgent au Groupe de travail sur les disparitions forcées en vue d'enjoindre aux autorités de faire la lumière sur le sort de M. Adnan ZAKHBAT et de le placer, dans tous les cas et immédiatement, sous la protection de la loi.
Notre organisation exprime de vives inquiétudes sur la recrudescence des cas d'enlèvements et de disparitions forcées qui tendent à se multiplier ces derniers mois et appelle le Maroc à respecter ses engagements internationaux qui résultent de sa ratification du Pacte international relatif aux droits civils et politiques le 03 mai 1979 et de la Convention contre la torture le 21 juin 1993.

jeudi 22 avril 2010

APPEL À TOUS LES GRÉVISTES DE LA FAIM DU MONDE

Appel /alerte des avocats des prisonniers politiques sahraouis en grève de la faim illimité à Salé,communiqué par APSO,21/4/2010
Avis : avant de vous mettre en grève de la faim illimitée pour exiger le respect de vos justes droits, assurez vous de la présence d'un médecin, d'un avocat, de journalistes...
Quand la règle journalistique du mort au kilomètre s’applique, alors vous obtiendrez, avec un peu de persévérance, le soutien international.
Mais si vous êtes isolés et sans soins, si votre cause est oubliée, sacrifiée malgré toutes les évidences de votre bon droit pour diverses sombres raisons, la pression internationale sur vos tortionnaires se fera attendre.
Surtout lorsque contre toute logique, le tortionnaire a pour meilleur soutien hypocrite la France.
Et plus encore quand en France les médias frileux ou dociles et corrompus aboient sans résistance en écho de la voix de leur maître.

Aujourd’hui les jours s'égrènent impitoyablement pour les prisonniers politiques Sahraouis en grève de la faim dans les geôles marocaines.
35 jours de protestations aux limites des forces physiques, mais dans la détermination infinie des hommes du désert.
Des dizaines de prisonniers politiques Sahraouis mettent en jeu leur vie, contre les conditions de leur incarcération, contre l’occupation de leur pays, le Sahara Occidental par son voisin le Maroc, contre la couardise de la communauté internationale qui ne soutient pas ses propres décisions par les outils de leur mise en application.
Ils mettent leur vie en jeu pour la vie, pour la liberté, pour le respect des règles internationales établies, pour leur loyauté universelle.
35 jours de silence des médias français. Silence sur les faits, silence sur les appels et protestations des amis des Sahraouis, silence sur la déclaration en préparation au parlement européen appelant le Maroc à cesser cette torture.
35 jours de silence sur l’aberration de la présence de civils Sahraouis sous régime juridique militaire, « traîtres » à la nation Marocaine, le colonisateur, après leur visite à leurs compatriotes qui survivent dans les camps de réfugiés de l’autre côté du mur de la honte qui coupe le Sahara Occidental en deux.
Quelle réaction peuvent avoir les médias à la lecture de cela ? C’est au choix. Réaction positive ou boycott de l’information. Mais 35 jours de silence ne sont-ils pas à l’évidence un boycott ?

Tunisie : Aziz Enhaili s'entretient avec Moncef MARZOUKI

Par Aziz Enhaili,  pour Tolérance, 21/4/2010
Moncef Marzouki est un médecin et homme politique tunisien. Il est élu en 1989 à l’unanimité président de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme. Il y a milité jusqu’à sa quasi destruction en 1994 par un régime qui ne souffre ni autonomie de la société civile ni opposition véritable. D’où son déchaînement contre ce militant des droits de l’Homme. Dr. Marzouki a également agi comme porte-parole du Conseil National pour les Libertés en Tunisie (CNLT) de 1998 à 2001. Il a été empêché de se présenter contre Zine el-Abidine Ben Ali à l’élection présidentielle de 1994. Il préside depuis 2001 le Congrès pour la République, un parti non reconnu. Nous l’avons interviewé à propos de la situation des droits de l’Homme en Tunisie.

Aziz Enhaili: Comment se porte l’État de droit en Tunisie?
Moncef Marzouki: De quoi parlez-vous? Il n'y a jamais eu d'État de droit dans ce pays.
L’État de droit suppose une justice indépendante. Nous avons la magistrature la plus couchée que puisse rêver une dictature. Le 30 janvier dernier un procès extraordinaire a eu lieu à Tunis, à huis clos, un samedi après midi, en l’absence du principal accusé, le fameux maffieux Imad Trabelsi, gendre ou beau-fils du dictateur et il a été acquitté du vol d’un yacht en France. Crime connu de tous. Un État de droit suppose un Parlement qui vote les lois. En Tunisie, c’est en fait une chambre d’enregistrement, dont les lois sont toutes là pour limiter les libertés. L’État de droit en Tunisie reste à construire sur les décombres d’une dictature maffieuse de la pire espèce.
Aziz Enhaili: Quel est l’état actuel des libertés publiques sous Zine el-Abidine Ben Ali?
Moncef Marzouki: Elles étaient moribondes. Elles sont mortes. Trois opposants ne peuvent s’asseoir ensemble dans le même café. La surveillance du courrier, d’Internet, des journaux, des opposants est digne de la Corée du Nord.
Aziz Enhaili: A quoi cet état est-il dû, selon vous ?
Moncef Marzouki: Un régime vil, une opposition veule et un peuple avili. Le régime ne recule plus devant aucun moyen de basse police pour intimider le dernier carré des résistants. La classe politique –ou ce qu’il en reste- ne veut pas admettre une simple loi vérifiée tant de fois par l’histoire. L’opposition est un concept qui n’a de sens que dans une démocratie. Sous une dictature, il n’y a que la résistance, soit armée, soit pacifique. Je n’ai pas arrêté d’appeler les acteurs politiques à organiser la résistance civile en vue d’un long combat déterminé ayant pour objectif clair d’abattre la dictature. Mais ces messieurs, dames sont persuadés ou font semblant de l’être- qu’on peut amender une dictature, qu’en faisant semblant de participer à ses farces électorales, on élargit l’espace des libertés. C’est pitoyable! Le peuple, lui, sans leadership, sans alternatives claires, se laisse aller à la débrouillardise individuelle, en rentrant la tête dans les épaules. Quel spectacle que celui de la Tunisie. Jeunesse, où es tu? Quand vas-tu retrouver la colère salvatrice pour sortir le pays de ce marigot?
Aziz Enhaili: Comment expliquez-vous l’«efficacité» de ce régime autoritaire dans le musèlement d’un pays comme la Tunisie?
Moncef Marzouki: N'importe quel idiot peut gouverner un pays trente ans s'il use de la corruption, ne recule devant aucune répression. C'est le cas de Ben Ali.
Aziz Enhaili: Y a-t-il encore une opposition digne de ce nom dans ce pays? Si oui, de quelles forces politiques se compose-t-elle? Quel est l’état aujourd’hui de cette opposition?
Moncef Marzouki: Il y a d’abord l'opposition du décor, Tajdid (ex-Parti communiste) compris; ensuite, l'opposition magique type Parti démocratique progressiste (PDP), qui joue à l’extension des espaces de liberté, en prétendant participer à un jeu électoral qu'elle sait pipé. Elle n'a pas d'autre stratégie pour faire semblant d’exister. Il y a enfin les irrédentistes. Ils sont en prison ou en exil ou encore en clandestinité. Je parle ici du Congrès pour la République (CPR), du Parti ouvrier communiste tunisien (POCT) et du parti d’Ennahda. Trois formations illégales.
Aziz Enhaili: Les islamistes demeurent-ils de nos jours la principale force d’opposition au régime?
Moncef Marzouki: Non. Ennahda est paralysée par ses contradictions internes entre les résistants et ceux qui veulent collaborer avec le régime. Tant que ce parti islamiste n'aura pas éclaté en deux groupes, les résistants rejoignant la résistance et les collabos allant clairement à la «soupe», les choses resteront figées en l’état.
Aziz Enhaili: Comment expliquez-vous le silence occidental face à la détérioration continue depuis de nombreuses années de l’état des libertés en Tunisie? Et que devrait faire l’Occident pour redresser cet état?
Moncef Marzouki: Ce n'est pas l'Occident qui est en cause ici, mais cinq gouvernements (États-Unis, Grande-Bretagne, France, Italie et Espagne). Leur intérêt immédiat est de soutenir la dictature de Ben Ali, faute d'alternative. La démocratie risquant, pensent-ils, de donner le pouvoir à des forces nationalistes et/ou islamistes. Les sociétés civiles occidentales, elles, sont contre la dictature et constituent pour nous un puissant allié.
Aziz Enhaili: Quel crédit accordez-vous au scénario de dévolution du pouvoir à Tunis à des membres du clan Ben Ali-Trabelsi, en cas d’incapacité du président en exercice?
Moncef Marzouki: Aucun! Il faut réactiver la résistance civile pour en finir avec la dictature. Tout autre choix stratégique condamnerait notre pays à la corruption éternelle et à des lendemains bien tristes pour nos jeunes.

mercredi 21 avril 2010

Découverte du sud du Maroc et du Sahara Occidental : témoignage d'un couple de voyageurs


VOYAGE AU MAROC 2010
Par Madeleine et Alain, 21/4/2010
Le Maroc, nous l'avions découvert il y a 4 ans : découverte des villes impériales, des paysages variés, du désert. Nous avions envie d'y retourner pour découvrir le sud, le Sahara Occidental et rencontrer des habitants, c'est pourquoi nous avions contacté Solidarité Maroc 05 de Gap. Nous ne savions rien ou si peu sur les Sahraouis. Nous sommes chargés de récupérer une commande d'huile d'argan à Taroudant et avons un contact possible à El Aaiun, Fatimatou .
Bien entendu, découverte des paysages sauvages désertiques et splendides, des marocains toujours aimables, accueillants et des rencontres inoubliables..

El AAIUN SAHARA OCCIDENTAL.

Courant février nous arrivons à Foum El Oued petite localité située à 20 Km de El Aaiun, il y a une très belle plage avec des petites maisons. Nous stationnons sur un parking réservé aux
camping cars.
Nous contactons Fatimatou qui nous rejoint avec une amie et nous nous rendons dans la maison d'un autre ami sahraoui. L'accueil est chaleureux et nous buvons les 3 thés. Nous apprenons que l'amie de Fatimatou est la mère d'un jeune de 19 ans qui a été arrêté avec une quinzaine de lycéens pour avoir manifesté. Cette femme a créé une association avec les autres mères pour savoir où ont été emmenés leurs enfants qui ont 18 ans environ, l'un d'eux est décédé et les autres emprisonnés. Pour nous c'est une découverte de la répression de l’État marocain face aux Sahraouis.
Un ami sahraoui qui s'est joint à nous, nous apprend qu'il est professeur et a dû cesser d'enseigner car ses élèves étaient constamment questionnés par la police pour savoir ce que le prof avait dit. Par respect pour ces enfants il ne travaille donc plus et se consacre à la lutte pour la reconnaissance et le respect du peuple saharoui, c'est un jeune homme décidé et déterminé.
Nous nous quittons et prenons rendez-vous pour le lendemain avec Fatimatou à El Aaiun.
Nous sommes devant l'hôtel de l'ONU, il y a des policiers marocains partout,..
Nous téléphonons comme convenu à Fatimatou que nous apercevons avec un jeune qui nous demande de la suivre mais de loin, elle emprunte un chemin détourné pour nous amener jusque chez elle.
Elle nous apprendra qu'elle risque des ennuis si on la voit avec des étrangers. Pour nous c'est une découverte, choquant dans un pays où nous pensions qu'il y régnait une certaine liberté.
Nous discutons avec Fatimatou, un jeune cousin, un ami, sa mère, partageons un très bon tajine avec de la viande de chameau préparé par sa mère, le thé, les gâteaux etc...
Nous apprenons que le frère de Fatimatou 19 ans est emprisonné pour avoir manifesté. Il est condamné à 5 ans de prison. Il a un droit de visite une fois par mois. Comme la prison est à environ 2000 Km ce n'est même pas possible car trop couteux. Nous voyons la photo de ce frère. Fatimatou nous montre des photos de tortures infligées lors des arrestations, elle-même en a subi.
Au cours de la discussion, nous apprenons que le produit de la pêche riche et varié de la mer du Sahara Occidental est expédié au Nord du pays et en Europe Les Sahrouis peuvent seulement acheter les sardines à El Aaiun. Nous n'avons pas été au marché pour le constater et sommes un peu surpris car à Dakla nous trouvions toutes sortes de poissons. Fatimatou explique que lorsqu'il y a d'autres poissons, ils sont beaucoup trop chers pour qu'ils puissent les acheter.
Nous apprenons aussi que le travail est réservé aux marocains, les Sahraouis ne sont pas embauchés, Fatimatou a perdu son emploi à cause de son militantisme.
Nous gardons de Fatimatou l'image d'une jeune femme éblouissante, déterminée, très cultivée prête à donner sa vie pour la cause sahraouie.
Après une telle rencontre nous n'avons pas pu nous empêcher de faire part de ce que nous avions appris aux touristes occidentaux que nous rencontrions et qui pour la plupart n'étaient pas au courant.
TAROUDANT
Visite d'une petite coopérative de femmes qui travaillent à la fabrication de l'huile d'argan. Cette coopérative est soutenue par Solidarité Maroc 05, elle est tenue par la femme de Lahoucine Amal qui, lui, est professeur d'arabe au collège. Les femmes qui travaillent à cette coopérative font toutes partie d'une association de paysans pauvres qui n'ont plus la possibilité de vivre de leur culture à cause de problèmes d'irrigations..
Accueil très chaleureux, nous partageons le couscous avec les femmes, Amal sa femme et leur jeune fils Abdou.
Nous nous retrouvons place An Narsj à Taroudant à la terrasse d'un café, et rencontrons un Marocain qui a travaillé 4 ans dans les mines à Valencienne puis à Dijon. Un jeune homme de 26 ans se joint à nous, il sort de 54 jours de grève de la faim, c'est un jeune  diplômé chômeur qui a fait des études, licence d'histoire géo, informatique ....mais pas de travail ou seulement des proposition pour des salaires de misère.
Un professeur gagne 3000 Dh par mois à peine 300€, et pour la moindre protestation ou manifestation il est réprimé et convoqué au tribunal. Ce jeune fait partie d'un mouvement de  diplômés chômeurs qui demandent qu'on les entende.
Cependant ils donnent des cours de soutien aux jeunes élèves mais bénévolement, ils n'acceptent pas d'être payés.
Nous faisons une petite balade à pied, il fait bon, nous nous quittons et promettons de revenir les voir si nous retournons au Maroc (c'est très possible).
Après ces rencontres, nous voyons le Maroc différemment.

Bougrine Adieu et grand MERCI!



Par Mohamed Belmaïzi,20/4/2010
Je reviens d’une longue absence et j’apprends le décès du grand Mohamed Bougrine. Affligé et meurtri par cette injuste révoltante perte de l’un des nôtres, je lui décline ici toute mon admiration et mon respect.

Un homme de cette dignité si rare de nos jours. Toujours élégant et la noblesse transparaît de son visage rayonnant de bonté, complice des opprimés, avec une posture qui nargue les injustices, l’arrogance, la bêtise et le totalitarisme de ces pouvoirs étêtés prétendant à l’éternité. Un militant modèle, sans nul doute.
Je le mets dans la race humaine des Mandela dont la grande sagesse ouvre un nouveau chapitre sur des hommes loyaux et désintéressés qui se méfient du « Pouvoir », rejettent sans détour la folle aspiration de le monopoliser à vie… ainsi que les ravages qu’il provoque sur « l’élite » toujours prête à trahir, pour quelques dirhams, la parole donnée et les idéaux affichés et tant partagés.
Mohamed Bougrine nous lègue cette noble leçon de rester vigilants vis-à-vis de tout pouvoir aux leviers redoutables menant aux prestiges et corrompant si aisément l’éthique et la responsabilité morale propres aux combattants pour la liberté et la justice.
Mohamed Bougrine aurait pu, s’il voulait, mettre sa tête entre les autres têtes pour dire « je veux qu’on reconnaisse mes mérites et qu’on me donne la part du gâteau qui me revienne » ! Mais Mohamed Bougrine était un visionnaire et ne s’était pas laissé patauger dans de telles considérations si viles et si dévastatrices. Prisonnier sous les Trois Rois, notre grand Mohamed Bougrine savait que l’immobilisme makhzanien qui opprime et terrorise les citoyens n’était pas fatalement indécrottable et qu’il suffira d’une éthique intraitable pour le déraciner d’une simple chiquenaude.
Ton message mon cher Mohamed restera planté au fond de nos cœurs. Et mille mercis pour avoir été l’enfant miraculeux de ce pays du Couchant et le compagnon de lutte des militants sincères et amoureux d’un véritable changement dans ce pays qui se refuse à décoller.
Mon cher Mohamed, repose enfin en paix ! Un grand mérite pour un homme parti en jardinant !
Mes condoléances à ta famille et à tes amis.
Cordial,
Belmaïzi








mardi 20 avril 2010

Maroc : Solidarité avec les Iguili

Par Ali Fkir, 21/4/2010
Les militants d'ANNAHJ ADDIMOCRATI ( la Voie Démocratique) - région orientale ont organisé (le 19 avril 2010) une caravane de solidarité avec les victimes de la mafia foncière de la région de Missour. Rappelons que des centaines de victimes appartenant à la tribu Iguili sont toujours en sit in devant la préfecture de la province exigeant la restitution des terres collectives spoliées illégalement.
Voir les photos.
Bravo camarades!

De: hajhamou othman
Date: Mardi 20 avril 2010, 11h17
صور القافلة التضامنية للنهج الديمقراطي بجهة فاس مع ضحايا مافيا العقار بمنطقة إكلي إقليم ميسور يوم 19 ابريل 2010


Au Maroc, paradis des riches, enfer des autres, l'armée n'échappe pas à la règle

Par Ali Fkir, 20/4/2010
Il est vrai que les corps tels que l'armée, la police, la gendarmerie...constituent des instruments de répression. Leur raison d'existence est de défendre les intérêts des classes dominantes, de veiller sur les "biens des riches", de réprimer les mouvements légitimes des sans-droits, de "casser" les grèves légitimes des travailleurs, de persécuter les militant-es...mais il est vrai aussi que ces corps de répression sont composés de strates et de couches sociales différentes.
Au Maroc les officiers, les cadres, vivent le paradis terrestre aussi bien avant qu'après la retraite: des salaires colossaux, des avantages scandaleux, des dons "étatiques" sans limites (fermes, terrains de construction, pâturages, licences de pêches, de transport d'exploitation de carrières...). et n'oublions pas l'immunité réelle dont ils jouissent contre toute poursuite juridique.
D'un autre côté nous retrouvons les sous-officiers et surtout les soldats, les policiers simples...qui touchent, comme leurs concitoyens travailleurs, des salaires ( soldes) de misère.
Une fois retraités, ni vus ni connus; Ils sont jetés à la rue comme des vauriens. C'est l'ingratitude des nantis pour qui ils ont bossé pendant des années.
On connaît aujourd'hui le drame que vivent les soldats retraités, les veuves, les orphelins (à Meknès, Fès, salé, Ouazzane...).
A Casablanca, des centaines de policiers retraités, des veuves et orphelins sont sommés de quitter les "logements de fonction" sans aucune alternative, alors que les officiers retraités, les cadres supérieurs de l'Etat retraités ( tous les ministères compris)continuent d'occuper de véritables palais, continuent de piller la richesse nationale, continuent de jouir de privilèges sans retenue aucune...
Ces victime de l'ingratitude de l'Etat des riches, ont rejoint aujourd'hui le mouvement des sans-droit au logement. Ils ne font que réclamer leur dû.
La dernière victime des décisions arbitraires de "délogement" n'est autre que le policier retraité Mouard Mustapha, âgé de 74 ans.
En juillet 2009, il fut sommé d'évacuer le logement qu'il occupe pendant des décennies.
sa pension ne lui permet pas de prendre en location un logement. Ses enfants (la plus jeune a 38 ans) sont sans travail (comme la plus part des enfants des déshérités), l'épouse au foyer...Mustapha tomba paralysé. Hospitalisé dans une clinique. Il y a quelques jours on le mit à la porte. Les 9 mois de la prise en charge par l'AMO sont terminés. Il est transporté "chez lui". Le vendredi 16 avril il assiste à un "délogement" dans conditions inhumaines. Il rechute et perd la vie le dimanche 18 avril 2010.
Aujourd'hui, des millions de marocains vivent une situation cauchemardesque (précarité d'habitation, chômage, pas d'enseignement public, pas de soins...): le Maroc est un véritable paradis pour les riches et un véritable enfer pour les travailleurs et autres démunis.
C'est un eldorado pour les exploiteurs, les parasites, les corrompus, les pilleurs des deniers publics, les fraudeurs, les spéculateurs sans scrupule, les commerçants de la drogue et du sexe.
Les sans-droit de citoyenneté ont raison de se révolter. Il est de notre devoir de les soutenir. Il est de notre devoir d'oeuvrer plus que jamais pour un changement profond de la société. Le changement ne peut se faire que par la voie de la lutte des masses populaires conscientes et organisées, loin des illusions électoralistes réformistes sous la houlette du makhzen.
La SOLIDARITE avec les mouvements protestataires des victimes nous interpelle.
La VOIE de changement nous interpelle


 la veuve de Saddik qui succombé à la crise cardiaque suite une décision arbitraire de délogement. Il y a à peine un mois, elle s'adressait à la foule des victimes de l'exclusion.
    Le camarde Mohammed Abounasr le "coordinateur du comité de suivi du dossier de l'habitat à Casablanca" retient difficilement ses larmes.
 Les victimes de l'ingratitude de l'Etat des classes dominantes en sit in avec les autres sans-droit au logement de dignité à Casablanca,soutenus par les militant-es de l'AMDH

Hasbara ou Za'bara

par Salman ABU SITTA سلمان ابو ستة, Traduit par  Fausto Giudice, Tlaxcala
Pour maintenir une façade de code moral, vous ne tuez pas un ami, vous tuez un ennemi. Vous ne dérobez pas la maison d'un autre homme, vous récupérez votre propriété oubliée depuis longtemps. Ce sont les principes adoptés dans toutes les guerres et tous les conflits. C'est pourquoi la mission de l'agresseur a toujours été de décrire la cible à tuer, c'est-à-dire l'ennemi, comme une personne ou un groupe mauvais, méchant, méritant d'être vaincu, et s'il est tué, cela sera une fin naturelle pour son mauvais comportement. De même, la mission de l'occupant a été de prétendre qu'il n'est pas en train de voler quelqu'un d'autre mais simplement en train de récupérer son  bien, ce qu’il avait négligé de faire depuis des siècles.
Personne n’a autant perfectionné cet art de la tromperie, ou du double langage, que les agents sionistes. Comment expliquer autrement le succès d'un Hongrois comme Herzl, assis dans un café de Vienne, et professant qu’un État  des Juifs serait établi dans 50 ans dans un pays lointain, où il n'avait jamais vécu ? Son succès, presque uniquement en Europe à l'époque, s’est manifesté par le fait qu’il a réussi à convaincre les puissances coloniales des avantages qu’il y aurait à soutenir son projet colonial et à convaincre leurs peuples, les Européens, que cette conquête, - par le meurtre, le pillage et la mise d'un peuple dans le dénuement – était le fait d’une volonté divine, un miracle et une victoire pour la civilisation occidentale.
Nul n'a eu à créer créer autant de mythes et de mensonges dans ses efforts que les sionistes. La raison est simple: ils n’avaient pas de faits crédibles pour étayer leur cause, ils ont donc dû inventer des alternatives douteuses, en s'appuyant sur la disposition à les croire de gens crédules et de politiciens opportunistes.
Prenez le slogan: “La Palestine est une terre sans peuple”. C’était une terra nullius, disent-ils. Bien entendu, les sionistes savaient que des gens y vivaient et avaient construit plus de 1000 villes et villages, la plupart vieux de 2000 ans, selon Eusèbe l'évêque de Césarée (313 ap. JC) qui les a enregistrés. Pourtant, les sionistes ont fourni une carte à la Conférrence de paix de Versailles en 1919, montrant la Palestine comme ”une terre de pâturage pour les nomades”. Ils ont présenté cette carte aux puissances coloniales, en particulier les Britanniques et les Français. L'ironie, bien sûr, c'est que les Britanniques avaient conclu leur enquête volumineuse sur la Palestine, 40 ans plus tôt , en 10 volumes, énumérant 12 000 sites historiques, dont des villes et des villages, et les Français avaient conclu leur enquête, menée par le savant Victor Guérin, en 1863, qui a produit 8 volumes sur son voyage dans presque tous les villages palestiniens. Pourtant, ils ont choisi de croire les sionistes et de tromper leur public pour soutenir cette “noble et morale " conquête, dans les églises, les journaux et les débats publics.
Quel est donc le sens de terra nullius? Cela ne veut pas dire (pour eux) une terre vide. Cela veut dire que ceux qui y vivent n'ont pas d'importance, ils ne valent rien. C'est comme nettoyer les bois de broussailles sèches et d’ insectes.
Voici les paroles exactes de Herzl :
    "Si nous entrons dans une région où il y a des animaux sauvages auxquels les Juifs ne sont pas habitués - grands serpents etc - je vais utiliser les indigènes, avant de leur donner un emploi dans les pays de transit [lire: expulsion], pour l'extermination de ces animaux. "
Bien sûr, il n’a pas écrit cela dans son livre publié, mais seulement dans son journal alors inédit.
Balfour l'a dit:
    "... En Palestine, nous ne proposons même pas de passer par la formalité de la consultation des souhaits des habitants actuels du pays. Le sionisme [a] un impact plus profond que les désirs et les préjugés [pas les droits] des 700.000 Arabes qui habitent actuellement cette terre ancienne. "
Comment ce projet colonial en Palestine était-il emballé dans le  langage diplomatique? Dans la Déclaration Balfour, on appelle cela un “foyer national” pour les Juifs - pas un État visant à l'exclusion des habitants du pays - en Palestine, et non pas de Palestine. Quid de ces habitants? Bien sûr, il y a une référence à eux: "sans préjudice pour les communautés non-juives existant en Palestine”, 92% de la population. Voilà une idée d’après-coup vraiment civilisée.
Si votre maison et votre famille sont menacées par une flot importun d’ immigrants  (juifs européens),  et que vous vous levez pour le combattre, vous êtes appelé un “bandit”. Votre maison est détruite, vos reserves sont brûlées, votre fils et votre père sont tués ou emprisonnés. C'est ce que les Britanniques ont fait en 1939.
Dix ans plus tard, quand les sionistes ont dépeuplé 675 villes et villages palestiniens et commis plus de 70 massacres, pendant le nettoyage ethniques de la Nakba, certaines personnes naturellement tenté de rentrer chez elles, au moins pour secourir un vieux père, pour arroser le jardin ou pour nourrir les animaux laissés sur place. Personne ne croyait que l'exil durerait plus de quelques semaines. Ces rapatriés ont été tués par les Israéliens sur place. Des plaintes ont été déposées au Comité mixte d'armistice disant que les victimes étaient des "infiltrés", par les mêmes personnes qui s’étaient “infiltrées” en Palestine à peine  quelques années plus tôt.
Ainsi, la sagesse conventionnelle veut que ceux qui ont abordé les cotes de Palestine à bord d'un bateau de contrebandiers dans l'obscurité de la nuit ne sont pas des “infiltrés”, ils sont les maîtres de la terre, et les propriétaires réels de la maison qui ont été expulsés de leurs foyer et ont essayé de rentrer chez eux sont “les infiltrés”.
Vingt mille cinq cents jours plus tard, cette ruse est toujours appliquée. Au moment de la rédaction de ce texte, Israël a émis l'ordonnance militaire n ° 1650 (Deuxième amendement) en vertu de laquelle soixante-dix mille Palestiniens résidant en Cisjordanie et originaires d'autres parties de la Palestine sont susceptibles d'être déportés comme “infiltrés”. Par analogie, un Italien de Naples trouvé à Rome, sous l'occupation nazie durant la Seconde Guerre mondiale aurait été susceptible d’être expulsé vers l'Albanie comme “infiltré”. Il faut admettre que le crime de nettoyage ethnique, régulièrement qualifié par la machine de propagande israélienne de "transfert de population”, a atteint de nouveaux sommets de sophistication. Il est maintenant appelé« prévention de l'infiltration ».
 
La hasbara - هاسباراه-הסברה – n’est que de la Za'bara- زعبرة


On raconte souvent l’histoire d’ Ain Haoud, un charmant petit village au sud de Haïfa, aux belles maisons de pierre. Sa population a été expulsée, mais elle a réussi à rester en Israël. Ils ont construit des cabanes sur la colline opposée, en regardant tous les jours leurs maisons, aujourd'hui occupées par des artistes en provenance de Roumanie qui ont transformé le village en “colonie d’artistes”. Leurs terres et leurs maisons ont été confisquées en vertu de la Loi de 1950 sur la Propriété des Absents. Les "Absents", ce sont les réfugiés expulsés.
La logique est que l'État d'Israël prend la propriété de ceux qui sont «absents», parce qu'ils «abandonné» leurs biens, sans doute pour passer un exil doré sur la Côte d'Azur, et pas dans un camp de réfugiés. Il est donc du devoir d'un État "démocratique" de prendre soin de leurs biens (les utiliser, les louer) pour le compte exclusif de Juifs. Cette logique exclut le fait qu'ils sont absents parce qu'ils ont été expulsés. S’ils revenaient, ils seraient abattus comme “infiltrateurs”.
L'ironie n'a pas de fin. Si d’une manière ou de l’autre les habitants du village sont restés dans la zone conquise par Israël, ils doivent être recensés et recevoir des cartes d'identité. Par conséquent, ils sont “presents”. Mais leurs biens doivent être confisqués parce qu'ils sont “absents”. Par conséquent, ils ont reçu l'appellation d’“absents-présents", un veritable oxymore.
On ne finit jamais de s’étonner. Un de ces "absents-présents" d’Ain Haoud n’en pouvait plus. Alors, un jour, il se dirigea vers la colline d’en face et frappa à la porte de sa maison. Un artiste roumain lui ouvrit. Le propriétaire lui demanda qui il était :
    - Je suis Ephraim
    - D’ùù êtes-vous, Ephraïm?
    - D’ici, bien sûr, d’Ain Haoud. Pourquoi posez-vous cette question? Et vous êtes qui, vous ?
    - Je suis Abou Ahmed, de Roumanie.
Le nettoyage ethnique massif de la Palestine, qui a eu lieu en 1948/49, l'année de la  Nakba (Catastrophe), sans précédent dans l'histoire moderne, doit avoir dans le lexique sioniste un nom approprié qui cache sa laideur. Ils ont appelé cela "Guerre d'Indépendance», qui est précisément ce dans quoi les Palestiniens ont été engagés depuis la Déclaration Balfour de 1917, c’est-à-dire depuis la trahison des Alliés et leur  collusion avec les sionistes pour les priver de leur patrie. Ce terme sioniste a été adopté, par des immigrants juifs qui ont infiltré la Palestine, pour décrire le nettoyage ethnique des premiers habitants de la Palestine. Il a été largement accepté par l'Occident. Heureusement, maintenant des  fissures ont commencé à apparaître dans cet édifice de tromperie. Maintenant, il est contraire à la loi en Israël de parler de Nakba. Le monopole reste exclusivement à la tromperie.
La ligne verte est le terme souvent utilisé pour décrire la ligne qui sépare Israël et le Territoire palestinien occupé (TPO) de Cisjordanie et Gaza. Qu'est-ce que cette ligne? Pourquoi est-elle verte ? Son vrai nom est “ligne d'armistice de 1949”. Il s'agit de la ligne sur laquelle les forces israéliennes d’invasion se sont arrêtées en 1949, ayant conquis 78% de la Palestine. Ce fut un grand bond par rapport aux 5,5% de terres appartenant à des Juifs sous le Mandat (britannique) et plus de 24% par rapport à la répartition proposée par le plan de partition (de l’ONU). Israël a signé 4 accords d'armistice avec des pays arabes. L’ article 2 de ces accords inidque clairement que cette ligne ne confère ni ne dénie aucun droit à l'une des parties et n'a pas de valeur juridique. Aucune force militaire n’est autorisée à la franchir, d'où l'armistice. C’ est tout simplement une ligne de séparation entre la Palestine qui a été occupée en 1948 de celle occupée en 1967. Israël l’a franchie en 1967, en violation du droit international. Pour occulter le sens juridique de la ligne et de son franchissement, elle a été surnommée par Israël la Ligne verte, la couleur du crayon utilisé par les Israéliens sur leurs cartes. Ce dispositif simple consistant à renommer la ligne permet à Israël d’impliquer dans sa machine médiatique qu'il n'a violé aucun droit et n'a conquis aucun territoire. Ainsi, Netanyahou peut annoncer froidement dans des interviews à CNN que les Juifs devraient être capables de vivre n'importe où (en Palestine) sans crainte de contradiction. Maintenant, Israël a carrément supprimé cette ligne de ses cartes.
Comment voler un gâteau tout entier et le manger ? Vous devez d'abord voler la moitié d'un gâteau. En l'absence de dissuasion, vous volez l'autre moitié. Vous mangez tout le gâteau dans le cadre du «principe» que les deux moitiés doivent être «unifiées» (dans votre estomac).
Israël a occupé Jérusalem-Ouest en 1948 et  Jérusalem-Est en 1967. Israël a affirmé que la ville doit rester “unifiée” sous son contrôle. Le mantra de “l'unification” est destiné à dissimuler le fait que les deux actes sont non seulement illégaux au regard du droit international, mais que, chose surprenante, ils sont contraires aux lois fondatrices d'Israël.
La Déclaration d’ «'indépendance» d’Israël mentionne que sa légitimité internationale, si faible qu'elle soit, repose sur les recommandations du Plan de partition. Mais ce plan n’a jamais placé Jérusalem en Israël. Israël a occupé Jérusalem-Ouest, Lydda, Ramleh, la Galilée et des parties du sud en violation du Plan de partition. L'admisssion d’Israël à l'ONU était subordonnée à la condition qu’il se conforme au Plan de partition et à la résolution sur le retour des réfugiés. Il ne s’y est jamais conformé. Inutile de dire que l'occupation de la Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est, est une violation claire de “l'inadmissibilité de la conquête militaire”. Pourtant, “l'unification de Jérusalem” est claironnée par Israël et l'AIPAC comme la justification pour construire n'importe où (pour les juifs seulement) "dans la capitale éternelle d'Israël, qui n'est pas une colonie".
De même, l'occupation de la Cisjordanie est étiquetée “libération de la Judée et la Samarie”. Le Mur de l'Apartheid, condamné par la Cour internationale de Justice, est nommé “clôture de sécurité”. Le redéploiement des forces d'occupation est décrit comme " retrait ".
Rien n'est plus trompeur que le retrait de la bande de Gaza. Israël contrôle ce territoire, son ciel, son sous-sol et ses alentours. La famine organisée à Gaza a été décrite par des responsables israéliens comme une “mise au régime de la population", un nouveau genre de mort lente conçue pour ne pas  faire les manchettes des journaux du monde.
Le vrai nom de cette tragédie est “crimes de guerre” et “genocide” au sens des articles 6 et 8 du Statut de Rome de 1998 créant la Cour pénale internationale. Ces deux articles décrivent exactement la situation à Gaza.
Les Palestiniens de Gaza se sont vu promettre de l'eau, de la nourriture, des soins médicaux et une levee (partielle?) du blocus  s’ils se pliaient aux conditions du Quartet: reconnaître les occupants israéliens et cesser la résistance contre eux. Blair n'a pas épargné un microphone pour y bêler que  4,5 milliards $ sont en attente pour la reconstruction de Gaza détruite, à la seule condition que les Palestiniens acceptent les conditions du Quartet.
Blair est un menteur patenté. Les médias l'ont cru ou ont fait semblant. Aucun responsable, aucun journaliste, aucun “expert” avisé ne lui dit qu'il ment. Un seul homme. Alvaro de Soto, le médiateur de l'ONU, dans son rapport de fin de mission, en mai 2007, dit au paragraphe 79, que le Quartet n'a jamais imposé aucune condition. Ce sont des conditions usaméricaines et de l'Union européenne en fonction de leur propre politique, utilisant les Nations unies et la Russie comme bouclier de leurs exigences.
Un nom familier sur les écrans de télévision est Sderot, la colonie israélienne, victime de projectiles lancés par des tubes de cuisine qui ont brisé une fenêtre et tué une personne en 8 ans. Le maire de Sderot exprime sa crainte perpétuelle de l'incroyablement bondée bande de Gaza, berceau du terrorisme, et est visité par des dignitaires de capitales européennes et du Congrès usaméricain.
Aucun de ces dignitaires ne sait, ou ne  souhaite déclarer que Sderot est une colonie construite sur les terres du village de Najd, dont la population vit expulsée à seulement deux kilomètres de là, dans un camp de réfugiés. Ils lancent leurs projectiles maison sur leurs propres terres, sur leurs occupants, dans un geste symbolique pour faire valoir leur droit à leurs maisons dans le territoire occupé.
Les dignitaires se lamentent sur les conditions de surpeuplement dans la bande de Gaza, la misère, la pauvreté et le désespoir. Ils hochent tristement la tête. Les plus courageux se rendent à Gaza en visite-éclair de deux heures, sans contact avec les vrais gens, blottis derrière des fonctionnaires de l’agence de secours de l'ONU, pour leur éviter d'être dévorés par les habitants affamés.
Un seul de ces visiteurs de marque a-t-il jamais demandé pourquoi la bande de Gaza est bondée et misérable? Elle  est bondée car c'est là que la population de 247 villages palestiniens, victimes du nettoyage ethnique en 1948, a été entassée dans une prison à ciel ouvert sur une superficie de 1 % de la Palestine. Ils sont entassés à une densité de 6000 personnes par kilomètre carré tandis que le maire de Sderot & Co.. se baladent sur des terres ayant une densité de 6 personnes par kilomètre carré.
Laissez-les retourner sur leur terre et vous n'aurez pas de surpeuplement, pas de la pauvreté et pas de “terrorisme”. Si l’idée ne vous plait pas, donnez-leur ce que les Israéliens ont : des F16 et des chars Merkava. Le “terrorisme” s'arrêtera et une jolie petite guerre pourra commencer.
Israël se donne la licence de détruire tout village et tuer ses habitants sous la rubrique ”opérations préventives”, parfois appelées “représailles”. Selon ce principe, vous êtes autorisé à penser que votre voisin a l'air méchant et qu'il pourrait un jour décider de vous tuer. Vous décidez donc de prendre des mesures pour le prendre par surprise et le tuer. Vous n'avez pas besoin de voir des tanks avancer. Vous n'avez besoin d’aucune preuve. Votre état d'esprit est suffisant, surtout si vous êtes un raciste. C'est l'explication donnée par Israël pour les massacres dans le camp de Bureij, à Qibya, Samou et une douzaine d'autres endroits. Cette politique est entrée dans la langue de la diplomatie internationale comme un mot respectable. On peut la voir s’étaler aux manchettes des journaux, même si elle est en violation flagrante de l'esprit et de la lettre de la Charte des Nations Unies.
À partir des exemples ci-dessus, il est clair que la manipulation des médias et la terminologie chargée sont l'armée secrète des sionistes. Ce genre d'armée ne peut pas être épinglé par Goldstone, Dugard ou Falk. Mais elle commet des crimes tout comme l’autre armée.
La Hasbara, la fabrication de l'image d’un Israël à la blancheur de lys, est un art raffiné. Ses outils ont été exposés récemment dans le manuel secret de Hasbara d’ Israel Project:
http://www.richardsilverstein.com/tikun_olam/2009/07/10/the-israel-projects-secret-hasbara-handbook-exposed/    
Pas besoin de déveloper plus. Mais pour ceux qui sont désireux de connaître les faits, et ils sont heureusement de plus en plus nombreux, pour ces braves gens du monde entier qui sont guidés par leur sens moral et pour les Palestiniens, bien sûr, les porteurs de la charge de vérités indicibles, pour tous ceux-là, la Hasbara israélienne est le mieux décrite par un mot arabe homophone : Za'bara, qui signifie: des mots sonores vide de sens et alambiqués.
Le monde sera un meilleur endroit, et la justice aura une chance de l'emporter, quand la Hasbara sera reconnue pour ce qu’elle est vraiment: une pure Za'bara. Lorsque la vérité resplendit, elle dissipe les nuages des mythes.



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La Première guerre mondiale des mots est une initiative de Palestine Think Tank et Tlaxcala.

Les auteurs souhaitant y participer peuvent envoyer leurs contributions à 
contact@palestinethinktank.com et à tlaxcala@tlaxcala.es.




Source : Hasbara or Za’bara
Article original publié le 16/4/2010
Sur l’auteur

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lundi 19 avril 2010

Appel de Thawra au 33ème jour de grève de la faim de son père.

Par Thawra Ali Salem Tamek, 19/4/2010
Español: Llamamiento de Thawra Ali Salem Tamek
Thawra, « Révolution », crie son appel au monde pour la libération et le retour de son père vivant à la maison.
Son père est un défenseur sahraoui des Droits de l’Homme.Il est en prison à Salé, au Maroc, avec 5 autres militants pacifiques. Les autorités marocaines les ont arrêtés à leur retour d’une visite à leurs familles dans les campements de réfugiés sahraouis. Ce sont des prisonniers d’opinion.
Ils s’appellent Ali Salem Tamek, Brahim Dahan, Hammadi Nassiri, Yahdih Ettarouzi, Rachid Sghayer, Saleh Lebihi.
Cela fait 33 jours qu’ils sont en grève de la faim illimitée pour faire valoir leur droit à un procès, ou à une relaxe immédiate et sans conditions.
D’autres après eux ont fait les mêmes voyages dans les campements et aucun n’a été arrêtés à leurs retours au Maroc, ou au Sahara Occidental occupé.
40 prisonniers politiques sahraouis sont en grève de la faim par solidarité et pour faire respecter leur droit à des procès justes et des conditions d’incarcération respectueuses.
Quelles séquelles irréversibles s’inscrivent-elles au jour le jour dans les corps de ces hommes déterminés à défendre jusqu’à la mort leurs droits et leurs dignités ?
Les cris et les larmes de Thawra portent la fierté de son peuple, et la force infinie des révolutions.
Appel de Thawra Ali Salem Tamek
Je ne m’arrêterai pas de t’appeler, papa !
Je ne serai jamais fatiguée de répéter « libérez mon papa ! libérez mon papa ! »
Mon père que j’aime m’a élevée pour être rebelle, et m’a appelée « Thawra », Révolution, pour que la révolution soit le premier mot que j’entende et auquel je réponde. Il voulait que je sois une graine de la révolution qui grossit, et résiste, et l’emporte. Mais mon nom ne veut rien dire sans mon peuple, parce que mon peuple est une révolution, et la révolution, à mes yeux est mon peuple. Chacun est lié à l’autre pour donner de l’amour, de la compassion, sécurité et paix, parce que dans notre cas, la révolution n’est pas seulement le sang et le feu, la révolution est aussi la vie.
Papa pour moi tu es un symbole ! Une source qui me fait me sentir appartenir à mon peuple. Tu me rends fière de mon peuple et de toi. C’est pour cela que je crie, maintenant, demain et tout le temps, pour que tous les hommes libres viennent au secours d’hommes nobles comme toi. Ceux qui ont le même nom, les révolutionnaires, les militants qui préfèrent se battre pour des principes et prendre des risques. Ils ont abandonné leur confort personnel, leur joie, pour consacrer ce qu’il ont de plus précieux aux besoins de la cause du peuple sahraoui, pour inscrire la lutte de ce peuple parmi les autres révolutions du monde.
Les révolutions ne meurent jamais, parce qu’elles sont faites par les peuples, et les peuple n’oublient jamais. La mémoire collective transporte les histoires et légendes des honorables fils et immortalise leurs noms. Souviens toi que les caravanes de partisans ont pris le chemin tracé par le martyr El Ouali Mustapha Sayed, et d’autre encore prennent ce chemin, et ils seront demain plus et plus encore. (...)
Tu es grand à mes yeux, un combattant de la liberté qui ne fait jamais de compromis, et ne désespère jamais, inlassable. Plus important, papa, n’abandonnes jamais, malgré la faiblesse ou la maladie, malgré la mort elle-même.
Si la mort doit venir papa, tu mourras debout ! Parce que tu es né pour mourir debout. Tu m’as donné le nom de la Révolution et son chemin. Sois sûr papa, que le sadisme des tortionnaires, leur arrogance n’ont fait que me rendre plus déterminée à suivre le chemin que tu as choisi pour moi. Même s’ils m’ont abusivement empêchée de pouvoir grandir avec les camarades sahraouis, et privée de mes grands parents et de mon pays. Malgré tout cela, j’accepte mon sort et celui de mon peuple.
Je t’aime papa ! Pas comme les autres enfants aiment leurs parents, mais parce que je ne peux vivre que par toi. Quand j’ai entendu que tu avais été arrêté avec tes compagnons, et présenté devant la justice des soldats, j’ai paniqué et j’ai eu tellement peur que je suis allée me cacher pour pleurer et soulager mon cœur, pleurer ma solitude et le mal de mon pays. Nous sommes tous deux privés de notre pays mon papa. Je vis à l’étranger comme une étrangère, et tu vis dans la prison de l’occupant. (...)
Oui je peux te le dire, j’ai peur. J’ai terriblement peur, et je crains une tragédie et les mauvaises nouvelles, et pour cela je pleure. Je pleurerai et tout le monde verra mes larmes, et je promets que je n’arrêterai pas de pleurer tant que je ne t’aurai pas vu libre avec tes camarades. Jusqu’à ce que toi et tes camarades retrouviez le sourire.
Rendez nous votre sourire. C’est un espoir et un désir – et un espoir et un désir que nous avons perdu des milliers de fois à chaque moment de tous les jours de votre grève de la faim.
Je ne me lasserai pas, papa, de crier très fort, « libérez mon père et libérez ses camarades… et partez pour ne jamais revenir. Vous qui faites nos jours si tristes et noirs ! Vous qui faites de nous des orphelins, qui nous avez séparés, déplacés ou emprisonnés ! Vous n’êtes pas encore satisfaits de tous les crimes que vous avez commis ? Laissez nous seul et ne revenez jamais, et nous pourrons recommencer à sourire, et mon père reviendra avec moi et les victimes de disparition forcées reviendront, et les prisonniers et les réfugiés.

Thawra Ali Salem Tamek
Fille de Ali Salem Tamek, éminent défenseur des droits de l’homme.

APSO, le 19 avril 2010

Les mineurs marocains du Nord Pas de Calais continuent leur lutte

UN COMITÉ POUR SOUTENIR LES ANCIENS MINEURS MAROCAINS EN LUTTE
POUR LEURS DROITS
lundi 19 avril 2010
Les anciens mineurs marocains du Nord Pas de calais occupent l’ANGDM, Agence Nationale pour la Garantie des Droits des Mineurs, depuis le 14 Avril 2010.
Dans le cadre d’un plan social de 1987, ils ont fait l’objet d’une fausse conversion, qui les a exclus du statut de mineurs et de ses avantages (chauffage et le logement).
Aujourd’hui, des loyers que leurs maigres revenus ne permettent pas de supporter leur sont réclamés, ils sont menacés d’expulsion des logements qu’ils ont toujours occupé.
Ils ont interpellé l’ANGDM sur leur situation mais cette dernière a répondu par le silence et le mépris.
Trois d’entre eux ont été convoqués devant le juge à la demande de l’ANGDM qui réclame l’évacuation de ses locaux et une lourde astreinte, le jugement sera rendu le 19 avril à 15h.
Samedi 17 avril 2010, un comité de soutien constitué d’associations et d’élus de la région a vu le jour.
Le comité de soutien aux anciens mineurs marocains du nord appelle l’ensemble de la population, des organisations à un large mouvement de solidarité avec cette lutte contre la précarité et la résignation.
REJOINGEZ LE COMITE DE SOUTIEN : 03.27.96.23.34
LES PREMIERS SIGNATAIRES :
Les associations :
Association des mineurs marocains du Nord Pas de Calais (AMMN), Association des travailleurs maghrébins de France (ATMF), Fédération des tunisiens pour une citoyenneté des deux rives (FTCR), Mouvement contre la racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP), Association Immigration et Droits des Migrants (AIDM), Collectif Manouchian, Collectif Afrique, CSP 59, Section Fédérale des Retraités de la Fédération Syndicale Unitaire Nord-Pas de Calais, Association Mémoire du Fond, Association Idées à coudre, Association ARFAID, association CH’FAID
Les élus :
Guy DELCOURT (Maire de Lens), Jacques ROBITAIL (Conseiller Général AVION), Jean Marc TELLIER (Maire d’AVION), Bernard BAUDE (Maire de Méricourt), Bruno TONI (Maire de BILLY MONTIGNY), Alain ROGER (Maire de Noyelle sous Lens), Patrick BLEITRACH (conseillier municipal d’AVION), Moutaouakil Jamilla, (conseillière Municipale de Noyelle sous Lens) Naceira Vincent (conseillère Municipale à la ville de Lens), Marc LECUBIN (Adjoint au Maire de Méricourt), Annie Delannoy (adjointe au maire de la ville de Noyelles sous Lens), Frederic POUMAER (Conseiller municipal AVION) etc...
Toutes les infos sur cette action sur : www.atmf.org
Association des Travailleurs Maghrébins de France
10 rue Affre. 75018. Paris
Tel :01 42 55 91 82 / Fax : 01 42 52 60 61
national@atmf.org / www.atmf.org