par Ali Fkir, 18/3/2010
Nos questions et les réponses du camarade Mohammed Abounasr, coordinateur du "Comité de Suivi du Dossier de l'habitat à Casablanca":
1 - Quel est l'objectif de la marche que vous organisez en coordination avec l'AMDH, section de Casablanca?
- Abounasr: la satisfaction des revendications légitimes des citoyen-nes relatives à des logements salubres; à des logements qui respectent la dignité humaine.
2 - Quels sont les quartiers de Casablanca qui sont représentés dans ce mouvement?
- Abounasr: pratiquement tous les quartiers populaires qui souffrent de la précarité de l'habitat: Bernoussi, Aïn Sebaâ, Hay Mohammedi, Medina, Bourgogne, Beauséjour...
3 - Quelle est la réaction de l'Etat?
- Abounasr: l'administration a essayé de "dialoguer" avec la section de l'AMDH en l'absence des représentant- es des victimes. Le bureau de la section a refusé tout dialogue en l'absence des premiers concernés.
4 - Qui se solidarise avec ce vaste mouvement des victimes de la marginalisation ?
- Abounasr: Les militant-es des droits humains, les forces démocratiques, les syndicats militants...
Abounasr (à droite) accompagné du camarade Saïd Chihab, en visite aux victimes de la marginalisation et de l'exclusion.
Le camarade Mohammed Abounasr est né et a grandi à Hay Mohammedi, l'un des plus pauvres quartiers de Casablanca. Il a trimé depuis l'âge de 16 ans pour subvenir aux besoins les plus élémentaires de sa famille restée sans ressource aucune après le décès de son père. Aujourd'hui enseignant chercheur, militant incontournable du Syndicat National de l'Enseignement Supérieur, se retrouve dans la tourmente de la lutte des siens pour les droits de citoyennetés les plus élémentaires.
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Nos questions et les réponses de la militante Zineb Alaoui, membre du "Comité de Suivi du Dossier de l'habitat à Casablanca"
1 - Vous êtes en train de préparer la marche du dimanche 21 mars 2010. Quelles sont vos revendications?
- Zineb: je peux résumer nos revendications dans les points suivants:
a - Annuler les décisions prises par les pouvoirs publics en 1989, qui exclurent pratiquement des milliers de familles du droit aux logements salubres.
b - Généraliser ( dans la transparence, sans corruption.. .) la distribution des logements salubres.
c - Accorder des facilités des payement aux bénéficiaires (selon les moyens de chaque famille).
3 - Dans quel cadre vous - t on arrêtée le mardi 16 mars 2010?
- Zineb: Les citoyen-nes distribuaient normalement l'appel à la marche du 21 mars. La police a embarqué ma camarade Fatima et mon camarade Abdennabi, je me suis alors précipitée pour monter dans la fourgonnette. Les policiers n'en revenaient pas. C'est la première fois qu'une citoyenne ne s'enfuit pas et ose monter dans la fourgonnette sans qu'elle y soit "invitée".
Nous avons protesté énergiquement au commissariat: nous distribuons légalement l'appel d'une association légale (AMDH) à une marche populaire pacifique.
En apprenant que nous sommes membres de l'AMDH, ils ont changé de ton et on a été traité avec respect. Ils voulaient connaître notre appartenance politique. Nous avons répondu que nous sommes simplement militantes de l'AMDH. Ce qui est vrai. Nous avons insisté sur le fait que nous continuerons notre légitime combat et qu'on a pas peur de la prison. Nous voulons des logements salubres.
On a été relâchés après 2h30mn de détention
4 - Vous n'étiez pas brutalisée?
- Zineb: absolument pas. De toute façon, ils avaient compris que nous n'avions pas peur et qu'on était prêt pour le pire.
5 - Vous êtes toujours déterminée à combattre pour des logements de dignité?
- Zineb: bien sûr. Je ne peux pas dormir tranquillement tant que ma petite famille n'a pas où vivre dignement. Nous sommes, toutes et tous déterminé-es à arracher nos droits.
Zineb, à la gauche du camarade Saïd Chihab, tous les deux membres du "Comité de Suivi..."
Zineb Al Alaoui, femme au foyer (mère de deux enfants) se retrouve aujourd'hui au cœur de la lutte des sans-droits de citoyenneté. Forgée dans le feu de la lutte, oratrice convaincue et convaincante, cette femme née et grandi dans la édina, n'a pas froid aux yeux. "On m'a toujours dit que Dieu me viendra en aide, aujourd'hui j'ai décidé d'arracher moi-même mes droits".
Photos des précédentes manifestations (Ali Fkir, 05/03/2010)
Finie l'époque de "la femme à la maison!". Elles prennent la lutte en main. Merci combattantes! . Vous êtes la fierté de ce peuple.
Pas d'âge pour protester.
Le camarade Abdellatif Dchiche, président de la section de l'AMDH -Casablnaca, toujours avec les sans-droits en lutte.
Le discours des foules n'est plus le monopole des hommes. Elles sont nombreuses les oratrices à drainer les foules. Elles sont sur le terrain. Quant à nos "intello-bourgeoises " , elles peuvent fêter tranquillement le 8 mars dans les palaces à cinq étoiles.
De toute façons elles ne vivent pas dans les mêmes conditions et donc elles ne peuvent pas avoir les mêmes priorités. C'est une question d'appartenance de classe.