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samedi 7 décembre 2013

Mandela, le Sahara Occidental , la RASD et la déclaration malhonnête de Mohammed VI !

"j'ai dit à Hassan II que je reconnaitrai le Front POLISARIO mais que je ne reconnaitrai pas la RASD vu le processus de paix en cours mais si ce processus tardait trop longtemps nous serons obligés de reconnaitre aussi la RASD" Nelson Madiba Mandela.
Nelson Mandela, comme chacun le sait, avait annoncé la reconnaissance de la RASD par l'Afrique du sud mais, en homme de paix, il a dû ajourner cette reconnaissance pour laisser le temps au processus de paix en cours et surtout pour accéder aux demandes de certains chefs d’État... Finalement Mandela n'a pas eu le temps d'accréditer le 1er ambassadeur de la RASD car il n'est resté au pouvoir qu'un seul petit mandat de 4 ans. 
En revanche son successeur s'est bien rendu compte que pour le roi du Maroc le processus de paix n'est que du baratin..et il le lui fit savoir, presque crûment dans une longue lettre restée célèbre dont extraits suivants:
"(...)la réponse au plan de paix de l'ONU du gouvernement du Maroc datée du 9 avril cherche sans équivoque à priver le peuple du Sahara Occidental de son droit à l'autodétermination, en contradiction avec le droit international fondamental et inviolable et des engagements antérieurs solennels pris par le gouvernement du Maroc(...)"
ET "(...)Vous devez convenir, Majesté, que ceci constitue une tentative non déguisée de nier le droit à l'autodétermination lui-même que l'ONU de par sa Charte est tenue de défendre et de faire progresser, et dont elle cherche depuis presque deux décennies à faire bénéficier le peuple sahraoui(...)"
ET "(...)Pour nous, ne pas reconnaître la RASD dans cette situation c'est devenir un complice de la négation du droit à l'autodétermination du peuple du Sahara Occidental. Cela constituerait une trahison grave et inacceptable de notre propre lutte, de la solidarité que le Maroc nous a apportée, et de notre engagement à respecter la Charte des Nations Unies et l'acte constitutif de l'Union Africaine(...)"
Lire la longue  lettre intégrale , suivie de l'inacceptable  propagande qu'ose en tirer le roi du Maroc !
ORIGINAL ENGLISH [traduction littérale par arso]
(http://arso.org/MBKfr.htm)

Président de la
République d'Afrique du Sud

1er août 2004
Sa Majesté le Roi Mohamed VI
Rabat
Royaume du Maroc.
 Votre Majesté,

J'ai l'honneur de vous transmettre les salutations de notre gouvernement et les miennes propres, ainsi bien que certains de nos points de vues divergent au sujet du conflit du Sahara Occidental.

Votre majesté se souvient qu'il y a des années notre président d'alors, Nelson Mandela, avait annoncé la décision de notre gouvernement de reconnaître et d'établir des relations diplomatiques avec la République Arabe Sahraouie Démocratique (RASD) en conformité avec des décisions antérieures de l'OUA que notre pays a rejoint en 1994.

Votre défunt père, sa majesté le Roi Hassan II, avait demandé au Président Mandela de ne pas exécuter cette décision. Le Secrétaire général des Nations Unies d'alors, Botrus Botrus Ghali, et d'autres leaders mondiaux avaient fait parvenir une demande semblable au président Mandela.

Ce même point de vue nous avait été communiqué lorsque nous avons accédé à la présidence de notre pays. L'argument avancé était qu'il fallait donner une chance de réussite aux négociations en cours sous les auspices du Conseil de sécurité de l'ONU et du Secrétaire général de l'ONU. On nous a dit que notre reconnaissance de la RASD minerait sérieusement ces négociations en cours.

Nous avons respecté et estimé les points de vues exprimés par le roi et le gouvernement du Maroc, des chefs d'autres pays avec lesquels nous entretenons des relations amicales et les Nations Unies.

Par conséquent, 10 ans après avoir réalisé notre libération nous n'avons toujours pas reconnu la RASD, en dépit de pressions soutenues de la part du Front Polisario et de quelques Etats membres de l'OUA, et maintenant de l'UA, nous demandant de respecter la décision de l'OUA et de l'UA de reconnaître la RASD.

Pendant cette période, nous avons sans cesse cherché à persuader le Front Polisario de faire au mieux pour contribuer à l'aboutissement des négociations menées par l'ONU, conformément aux décisions de l'ONU, y compris le "Plan de paix pour l'autodétermination du peuple du Sahara Occidental".

Nous avons régulièrement informé la direction du Front Polisario de notre détermination à prêter attention aux avis et aux demandes des chefs d’États dont nous avons apprécié les avis. Nous n'avons pas caché le fait que ceux-ci s'étaient exprimés contre la reconnaissance de la RASD.

Nous avons indiqué au Front Polisario que nous étions convaincus que notre respect de cette consigne était la meilleure contribution que nous pouvions apporter pour le succès du plan de paix et d'autres propositions qui mèneraient à la tenue d'un référendum donnant au peuple du Sahara Occidental la possibilité d'exercer son droit à l'autodétermination.

Nous avons donc été gravement troublés de lire le rapport du 23 avril 2004 du Secrétaire général de l'ONU M. Kofi Annan sur le Sahara Occidental, dans lequel il a dit :

" à mon avis tout comme de l'avis de mon Envoyé personnel, la réponse finale du Maroc au Plan de paix exigerait que les parties concernées acceptent de négocier un règlement de la question du Sahara occidental, fondé sur " l'autonomie dans le cadre de la souveraineté marocaine ". Le problème de la souveraineté est de toute évidence le problème fondamental qui a divisé les parties pendant toutes ces années. Le Maroc n'accepte pas le Plan de règlement auquel il avait souscrit pendant de nombreuses années. Il convient de rappeler que si le Maroc avait accepté le projet d'accord-cadre, il rejette l'examen de toute proposition tendant à diviser le Territoire et il n'accepte pas non plus maintenant les éléments essentiels du Plan de paix.". (c'est moi qui souligne)

Naturellement, à cet égard, nous avons également pris connaissance en particulier de la réponse du royaume du Maroc du 09 avril 2004 à la proposition de l'Envoyé personnel du sécrétaire général de l'ONU d'alors, M. James Baker, intitulé "Plan de paix pour l'autodétermination du Sahara Occidental", telle que communiquée par votre ministre des affaires étrangères et de la coopération, M. Mohamed Benaissa.

Comme votre majesté le sait, cette réponse apporte les affirmations catégoriques suivantes:

"en conséquence, et pour autant que le royaume est concerné, le caractère définitif de la solution d'autonomie n'est pas négociable pour le Royaume.

"Par ailleurs, la solution d'autonomie, agréée par les parties et approuvée par la population, exclut, par définition, la présentation à celle-ci, de l'option de l'indépendance. Il n'est donc pas question pour le Maroc d'entamer des négociations avec quiconque sur sa souveraineté et l'intégrité de son territoire".

Majesté, vous vous rendez compte du fait que quand le SG de l'ONU Kofi Annan dans ses commentaires de la réponse de votre gouvernement indique que "Or, si la réponse finale du Maroc au Plan de paix dénote une volonté de poursuivre l'action menée en vue de parvenir à un règlement politique du conflit, elle indique aussi sans équivoque qu'une " solution politique d'autonomie ne peut être que définitive ", ce qui a des incidences néfastes sur l'autodétermination, telle que prévue dans la résolution 1429 (2002)".

Vous êtes assurément aussi au courant de la résolution 1541 (2004) du Conseil de sécurité de l'ONU qui a été adoptée à l'unanimité par le Conseil de sécurité, suite à l'examen du rapport du SG de l'ONU du 23 avril 2004.

Dans cette résolution, le Conseil de sécurité a réitéré son engagement à aider "à parvenir à un règlement politique juste, durable et mutuellement acceptable qui permette l'autodétermination du peuple du Sahara occidental dans le cadre d'arrangements conformes aux buts et principes énoncés dans la Charte des Nations Unies".

Nous sommes entièrement d'accord avec le Conseil de sécurité que la question du Sahara Occidental doit être résolue sur la base de cet engagement.

Depuis 1985, quand le secrétaire général des Nations Unies, en coopération avec l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA), a mis sur pied une mission de bons offices menant "aux propositions de règlement", qui ont été approuvées par le Conseil de sécurité en 1990, l'Afrique et le reste de la communauté internationale ont cherché une solution qui donnerait au peuple du Sahara Occidental la possibilité de choisir librement entre l'indépendance et l'intégration au Maroc.

Par conséquent, quand nous avons reporté la reconnaissance de la RASD c'était dans l'idée que tous deux, le Maroc et le Front Polisario, travailleraient avec le SG de l'ONU et le Conseil de sécurité pour se mettre d'accord sur les modalités d'un processus qui permettrait au peuple du Sahara Occidental d'exercer son droit à l'autodétermination, d'une manière conforme aux principes et aux buts de la Charte des Nations Unies et des documents pertinents de l'OUA et de l'UA.

Cependant, la réponse au plan de paix de l'ONU du gouvernement du Maroc datée du 9 avril cherche sans équivoque à priver le peuple du Sahara Occidental de son droit à l'autodétermination, en contradiction avec le droit international fondamental et inviolable et des engagements antérieurs solennels pris par le gouvernement du Maroc.

En ce qui concerne cette dernière considération , je suis convaincu que le SG de l'ONU et son Envoyé personnel concluent avec justesse que le Maroc n'accepte pas le plan de règlement auquel il avait adhéré il y a de nombreuses années, et que maintenant il n'accepte également pas des éléments essentiels du plan de paix.

La réponse du 9 Avril de votre gouvernement avance que les paramètres d'une "autodétermination" telle qu'elle pourrait être exercée par le peuple du Sahara Occidental devraient être fixés par le gouvernement du Maroc. Votre gouvernement définit alors ces paramètres comme une solution d'autonomie qui exclurait que l'option d'indépendance soit soumise à la population du Sahara Occidental.

Vous devez convenir, Majesté, que ceci constitue une tentative non déguisée de nier le droit à l'autodétermination lui-même que l'ONU de par sa Charte est tenue de défendre et de faire progresser, et dont elle cherche depuis presque deux décennies à faire bénéficier le peuple sahraoui.

Nous avons exprimé dans le passé notre profonde et claire reconnaissance de l'importante contribution que le Maroc a apporté à notre propre lutte pour l'autodétermination, dans le contexte spécifique de la lutte contre l'apartheid dans notre pays. Ceci a créé une base solide pour le développement des relations d'amitié et de solidarité que nos deux pays ont cherché à établir avec succès depuis notre libération en 1994.

À cet égard, nous avons regretté et continuons de regretter le fait que, en raison de la question non résolue du Sahara Occidental, le Maroc n'est pas à même de jouer le rôle qui lui revient pour le renouveau de notre continent en tant que membre plein et actif de l'OUA et de l'UA.

De même, en ce qui concerne la question similaire, non résolue et importante de la Palestine, nous avons aussi travaillé ensemble sur la base que nos deux pays sont unis dans leur détermination de tout faire ce qui est dans leur pouvoir pour garantir au peuple palestinien l'exercice de son droit à l'autodétermination y compris l'indépendance.

Ces conclusions sont le fruit de l'expérience à laquelle nous avons été confrontés durant les périodes les plus difficiles de notre propre histoire, quand le Roi Mohamed V et Hassan II, les gouvernements et le peuple du Maroc ont adopté et maintenu la position de principe selon laquelle nous et notre peuple devions être soutenus dans l'exercice de notre droit à l'autodétermination.

Nous étions profondément convaincus que même en ce qui concerne le problème du Sahara Occidental, indépendamment de l'histoire de la colonisation de cette partie de l'Afrique, le Maroc resterait fidèle à sa tradition de respect du principe d'autodétermination pour tous les peuples.

Nous avons cru comprendre que le Maroc poursuivait comme objectif central dans les négociations menées par l'ONU d'assurer au peuple du Sahara Occidental son droit à l'autodétermination, sans entrave, tout en se réjouissant de la conviction qu'il déciderait librement de devenir une région du Maroc.

Très regrettablement, la réponse du 9 avril du gouvernement du Maroc à l'Envoyé personnel du SG de l'ONU nous a convaincu que nous nous sommes trompés. Il semble maintenant clair que le Maroc n'a absolument pas l'intention de respecter le droit du peuple du Sahara Occidental à choisit son destin.

Au lieu de cela, il a décidé unilatéralement, sans référence au peuple du Sahara Occidental ni respect pour les avis de l'ONU et de l'UA, que tout le monde est obligé d'accepter une solution "consistant en une autonomie dans le cadre de la souveraineté du Maroc."

Pour expliciter ce point, votre gouvernement est allé plus loin en indiquant que "le caractère définitif de la solution d'autonomie n'est pas négociable". Il n'est donc pas question pour le Maroc d'engager des négociations avec quiconque sur sa souveraineté et son intégrité territoriale.

Mais, de même que dans la question de la Palestine, le problème du Sahara Occidental comporte inéluctablement la question du territoire et de la souveraineté sur ce territoire. Insister pour que ces aspects ne soient pas partie intégrante d'une solution quelle qu'elle soit, revient à prétendre qu'aucune solution juste ne doit être recherchée.

Les récents développements nés des décisions de votre gouvernement ne nous permettent plus d'espérer que le report de notre reconnaissance de la RASD est un élément en faveur de ce que le Conseil de sécurité appelle une solution politique, juste, durable et mutuellement acceptable qui permette l'autodétermination du peuple du Sahara Occidental.

L'impasse évitable provoquée par les positions avancées par le gouvernement du Maroc a créé une situation telle que le fait de retarder encore de notre côté la reconnaissance de la RASD se traduirait inévitablement par un abandon de notre soutien au droit du peuple du Sahara Occidental à l'autodétermination.

Pour nous, ne pas reconnaître la RASD dans cette situation c'est devenir un complice de la négation du droit à l'autodétermination du peuple du Sahara Occidental. Cela constituerait une trahison grave et inacceptable de notre propre lutte, de la solidarité que le Maroc nous a apportée, et de notre engagement à respecter la Charte des Nations Unies et l'acte constitutif de l'Union Africaine.

Cela suggérerait également que ce que je viens de dire ne sont que des mots, sans obligation pour nous de respecter de solennels accords internationaux.

Votre majesté se rend également compte du fait que la récente Assemblée de l'Union Africaine a décidé que notre pays allait accueillir le Parlement Panafricain . Le peuple du Sahara Occidental sera appelé à envoyer ses délégués élus à ce parlement, comme représentants du peuple de la RASD.

Il serait clairement insoutenable de refuser à ces délégués l'entrée dans notre pays parce que nous ne les reconnaissons pas en tant que représentants légitimes d'un Etat africain reconnu par l'UA et qui participe à ses travaux comme Etat membre.

Dans sa résolution 1541 (2004), le Conseil de sécurité a décidé "de prolonger le mandat de la Mission des Nations Unies pour le référendum au Sahara occidental (MINURSO) jusqu'au 31 octobre 2004". Ce serait une grande satisfaction pour nous si le répit que donne cette prolongation pouvait finalement servir à conclure des négociations prolongées sur le Sahara Occidental, en accord avec les décisions internationales antérieures qui nous ont donné l'espoir qu'une paix juste était possible.

À la lumière des développements auxquels je me suis référé, nous avons commencé des discussions avec le Front Polisario pour convenir des modalités de l'ouverture de l'ambassade de la République Arabe Sahraouie Démocratique dans notre pays.

En toute équité je dois également informer Votre Majesté qu'en plus, nous continuerons à soutenir l'ONU et les efforts de l'UA visant à permettre au peuple du Sahara Occidental d'exercer son droit à l'autodétermination, en utilisant tous les moyens possibles et légitimes à notre disposition.

En attendant, nous accorderons au Front Polisario tous les droits et privilèges qui sont dus à tout les Etats membres de l'UA afin de remplir nos obligations envers l'UA et les peuples d'Afrique et de fournir un domicile au Parlement Panafricain.

Permettez-moi, Majesté, de profiter de cette communication pour vous remercier sincèrement de votre message de félicitations après la décision du comité directeur de la FIFA d'accepter notre offre d'accueil de la coupe du monde de football 2010 , ainsi que notre conviction que le Maroc aura la même opportunité dans l'avenir.

Veuillez agréer, Majesté, l'assurance de notre plus haute considération.


Thabo Mbeki
Président de la République d'Afrique du Sud

arso.org

ORIGINAL ENGLISH [traduction littérale par arso]
(http://arso.org/MBKfr.htm)
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Interprétation malhonnête de Mohammed VI de la position de Mandela  sur le Sahara Occidental :

Le Roi rend hommage à Mandela, qui « n'a jamais voulu soutenir la partition » du Maroc 

Le 20 heures, 7/12/2013

Suite au décès de l'ancien président sud-africain Nelson Mandela, le Souverain a adressé un message de condoléances à Graça Machel Mandela, veuve de « Madiba », ainsi qu’à la nation sud-africaine. Dans ce message rapporté par la MAP, le Roi dit avoir « appris avec une profonde émotion la disparition » de Nelson Mandela, et rend hommage aux grandes qualités morales et au courage politique de ce héros de la lutte contre l’apartheid ayant combattu pour la paix et la construction d'une Afrique du Sud nouvelle. Le Souverain a par ailleurs rappelé les rapports étroits qu’a entretenus le tombeur de l’apartheid avec le Maroc, où celui-ci a séjourné au début des années 60 et au cours duquel « le regretté a bénéficié pendant deux ans d'un appui pionnier, politique et matériel à son action ». Ces « liens singuliers tissés par le défunt avec le peuple marocain et son Roi ont pu continuer à se développer après Mon accession au Trône, notamment à l'occasion de sa dernière visite privée à Rabat, en août 2005», a-t-il ajouté. Enfin, le Roi Mohammed VI a rappelé que « durant son exercice de la plus haute charge de l'Etat, le défunt a respecté la légitimité du Maroc dans son Sahara et n'a jamais voulu reconnaître ni soutenir la division ou la partition de Mon pays », conclut le Souverain.

Nelson Mandela / Hommage à mon frère

Par Mohammed Belmaïzi, 3/10/2013

Mon si cher et si noble Madiba, tu m'as appris tant !

L’Apartheid, en connivence avec la CIA t'ont mis en prison, lorsque j'étais presque môme. Je ne savais ce qui était le moteur qui régente ce monde où il m'était donné de vivre! Et lorsque j'ai ouvert les yeux sur la lâcheté et la méchanceté qui m'entoure, j'ai choisi le camp de la contestation et du combat. Et surtout, j'ai compris comme il était beau et délicieux de vivre et de mériter cette offrande! Et je me sens heureux d'avoir été de toutes les manifestations et sit-in de soutien à la cause que tu défendais. L'Apartheid tuait aussi bien en Afrique du Sud qu'en Europe ou ailleurs. Toute conscience qui réfutait cette honte était exposée aux assassinats et le "monde libre" laissait faire en silence. Et ce même "monde libre" autorise aujourd'hui une autre monstruosité, celle d'Israël, à sévir à sa guise en toute impunité... et tu l'avais dit en toutes les occasions, en comparant l'Apartheid au Sionisme!

L'Apartheid qui n'avait aucun avenir, tu le savais de grande certitude, t'a libéré et tu étais sorti de ton calvaire, beau et triomphant, serein et confiant. Et qu'elle était ma joie d'appartenir à toute une communauté humaine qui a fait pression pour que le scandale cesse. Pour l'abolition de l'Apartheid!

Mon si cher et si noble Madiba,

Libre, tu as su abolir l'Apartheid sans violence ni vengeance. Tu as pardonné les monstres qui croyaient briser ta vie et anéantir tout un peuple avec. Une éthique nouvelle est née avec toi. Tu nous a appris la dignité en toutes circonstances. Tu nous a appris de nous éloigner de la rancune, de la haine et de la stérile vengeance. Tu nous a appris surtout à ne jamais sacraliser le pouvoir, ni aspirer à la folie des grandeurs. C'est que même vis-à-vis du pouvoir, tu avais une méfiance alerte pour ne pas te laisser végéter dedans, dodu et salement repu... comme certains sous nos yeux, nouveaux venus aux hautes instances ! Résistance est ton mot d'ordre! 

Mon si cher et si noble Madiba,

Malade, tu t'es battu pour te mettre debout. Ou plutôt, tu as choisi de quitter l'institution hospitalière pour revenir chez toi, et mourir dans la chaleur de ton cocon, en paix!

Je ne dis pas que tu as résolu les problèmes de l'Afrique du Sud, mais tu as posé les jalons d'un comportement nouveau vis-à-vis de la politique et du pouvoir. La révolution et le travail de la grande libération sont permanents. Espérons toutefois que l'Afrique du Sud ne sera pas dessus-dessous, à feu et à sang ! Mais qu'il n'en sortira que du meilleur...

Je m'incline d'admiration et de bonheur me permettant de dire : " Oui les hommes libres et intègres existent, je les ai rencontrés en toi !".








La dernière danse pour « Madiba »

Par Salah Elayoubi, 7/12/2013

Nelson Mandela

C’est la mort qui aura finalement eu raison de « Madiba », le matricule 46664 de Robben Island. Le géant a choisi de s’éteindre, dans la nuit de jeudi, à l’âge de 95 ans, alors même  que le film « Mandela: un long chemin vers la liberté »,  retraçant sa vie était projeté en avant-première à Londres, en présence du Prince William et de ses deux plus jeunes filles Zindzi et Zenani.
Les sud-africains sont venus en masse pleurer devant la modeste demeure du père de la nation. Ils dansent, aussi, car tout, dans ce coin d’Afrique commence et tout finit par une danse. Qu’il s’agisse de guerre ou de paix, de joie ou de peine, de naissance ou de deuil.
Ce 6 décembre 2013, de ce pas saccadé qui fit se soulever la poussière et trembler l’apartheid, hommes et femmes, petits et grands ont esquissé une dernière chorégraphie pour le héros qui venait de s’endormir à tout jamais. Comme pour rappeler qu’après la liberté, si durement acquise, il reste encore tant de combats à mener, pour la justice, pour l’égalité et pour la fraternité. Ils seront certainement plus faciles à mener en Afrique du Sud, grâce à Mandela et sans doute beaucoup plus ardus ailleurs, où sévissent encore de bien sombres dictatures.
« Au pays où  tout se danse », ce fut Nelson qui mena le bal, cinquante ans durant, malgré la toute puissance de ces blancs venus d’ailleurs, leur  arrogance coupable et leurs exactions criminelles. Et lorsque ses juges le condamnèrent à casser des pierres, ils ignoraient que chaque caillou  que le bagnard allait produire, participerait du compte à rebours qui mettrait un jour, fin à la tyrannie.
Je me souviens de ce jour de 1994, et de cette légitime émotion qui vous étreint, chaque fois que triomphe enfin le bon droit et la vérité. Mandela venait d’être élu Président dans un pays qui avait, jusque là, érigé l’ostracisme et l’assassinat des gens de couleur, en système politique.
L’homme dansait sur une estrade devant des centaines de milliers de ses compatriotes. Et pour mieux équilibrer son mouvement, il balançait ses bras alternativement  d’avant en arrière, dans une gestuelle parfaite qui le faisait chalouper. Un sourire inextinguible éclairait son doux visage.
Il était magnifique, souverain et d’une élégance de seigneur, dans sa chemise bigarrée, à l’image du pays qu’il s’était promis de bâtir, sans haine, avec les ennemis d’hier.
-       « Lorsque ma dernière heure sera venue, j’aimerai qu’on se souvienne de moi comme celui qui a fait son devoir envers son pays, son peuple et l’humanité. », se plaisait-il à répéter.
Mandela a fait bien plus que cela. Il fut tel un Christ des temps modernes, rachetant de vingt-sept années de travaux forcés, la rédemption des bourreaux du peuple sud africain. Rendre la dignité aux siens ne suffisait pas à ce héros d’un autre temps, il lui fallait encore restituer leur honneur aux ennemis de la veille, histoire d’extirper définitivement son pays des risques de la perdition qui le guettait.
Nelson Mandela s’est éteint, à l’heure où s’ouvrait à Paris,  le sommet franco-africain. Un  ultime pas de danse, en solo, de celui qui sortit son pays des ténèbres de la dictature, pour le conduire vers la lumière de la fraternité. Peu ou prou de ceux qui se trouvent réunis dans la capitale française, aujourd’hui, pourrait en dire autant.
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-       « Lorsque ma dernière heure sera venue, j’aimerai qu’on se souvienne de moi comme celui qui a fait son devoir envers son pays, son peuple et l’humanité. » Disait Mandela.
la seule chose dont pourra se vanter notre prédateur national, pour sa part, c'est d'avoir largement contribué à appauvrir les plus pauvres et enrichir ses thuriféraires !!!!
Et pendant ce temps, les doux rêveurs, les lâches et les autres, continuent de disserter sur la nébuleuse qu'ils appellent "Le Makhzen". La belle affaire, la formidable trouvaille pour éviter d'appeler le chat par son nom. C'est plus commode et ça noie le poisson. Ou en tous les cas ça fait semblant de le noyer !!!!- « Lorsque ma dernière heure sera venue, j’aimerai qu’on se souvienne de moi comme celui qui a fait son devoir envers son pays, son peuple et l’humanité. » disait Mandela.
 

Hommage à Mandela adressé du fond de sa cellule n°28, par notre ami Marwan Barghouti

Du fond de sa cellule n°28, notre ami Marwan Barghouti, nous adresse spécialement un texte en hommage à Nelson Mandela

Blog Mandela Barghouti
« Votre pays est devenu un phare et nous, les palestiniens, nous hissons les voiles pour atteindre ses rivages »
Durant toutes les longues années de mon combat j’ai eu l’occasion à maintes reprises de penser à vous, cher Nelson Mandela. Et encore plus depuis ma propre arrestation en 2002. Je songe à un homme qui a passé 27 ans dans une cellule, en s’efforçant de démontrer que la liberté était en lui avant qu’elle ne devienne une réalité dont son peuple allait s’emparer. Je songe à sa capacité à défier l’oppression et l’apartheid, mais aussi à rejeter la haine et à placer la justice au dessus de la vengeance.

Combien de fois avez-vous douté de la victoire au bout de ce combat ? Combien de fois vous êtes vous demandé vous-même si la justice pourrait s’imposer? Combien de fois vous êtes vous interrogé sur le silence du monde ? Combien de fois vous êtes vous demandé si votre ennemi n’allait jamais pouvoir devenir votre partenaire ? A la fin vous ferez la preuve de cette volonté implacable qui fera de votre nom l’une des plus brillantes références pour la liberté.

Vous êtes beaucoup plus qu’une inspiration. Vous aviez bien compris le jour où vous êtes sorti de prison que vous n’étiez pas seulement en train d’écrire l’histoire mais que vous contribuiez au triomphe de la lumière sur la nuit. Et vous êtes alors resté humble. Et vous portiez une promesse bien au-delà des frontières de votre pays, la promesse que l’oppression et l’injustice seront vaincues et que sera ouverte la voie de la liberté et de la paix. Au fond de ma cellule, je me rappelle sans cesse cette démarche et je poursuis moi-même cette quête, et tous les sacrifices deviennent supportables dans la seule perspective qu’un jour le peuple palestinien puisse accéder aussi à la liberté, à l’indépendance et que ce pays puisse vivre finalement en paix.

Vous êtes devenu une icône. Ce qui a permis l’éclat de votre cause et son rayonnement sur la scène internationale. L’universalité pour contrer l’isolation. Vous êtes devenu un symbole pour tous ceux qui croient que les valeurs universelles sur lesquelles vous fondiez votre combat pouvaient rassembler, mobiliser, pousser à l’action. L’unité est la loi de la victoire pour les peuples opprimés. La cellule exigüe et les heures de travail forcé, la solitude et l’obscurité ne vous auront pas empêché de regarder au-delà de l’horizon et de faire partager votre vision. Votre pays est devenu un phare et nous, les palestiniens, nous hissons les voiles pour atteindre ses rivages.
Vous disiez: « Nous savons trop bien que notre liberté n’est pas  complète car il lui manque la liberté des palestiniens.» Et depuis l’intérieur de  ma cellule, je vous dis que notre liberté semble possible parce que vous avez atteint la votre. L’apartheid n’a pas survécu en Afrique du sud et l’apartheid ne survivra pas en Palestine. Nous avons eu le grand privilège d’accueillir en Palestine, il y a quelques mois, votre camarade et compagnon de lutte, Ahmed Kathrada, qui a lancé, à la suite de sa visite, la campagne internationale pour la libération des prisonniers palestiniens de leurs  cellules où une part importante de l’histoire universelle s’écrit, démontrant que les liens avec vos combats sont éternels.

Votre capacité à constituer une figure unificatrice et à conduire le mouvement depuis l’intérieur de la prison, d’être confiant dans l’avenir de votre peuple alors que vous étiez vous-même privé de la capacité de choisir votre destin, constituent les marques d’un dirigeant exceptionnel et d’une véritable figure historique. Je salue le combattant de la liberté, le négociateur et faiseur de paix, le commandant militaire et l’inspirateur de la résistance pacifique, le militant infatigable et l’homme d’Etat.

Vous avez dédié votre vie à la cause de la liberté et de la dignité, de la justice et de la réconciliation, de la paix et de la coexistence. Beaucoup maintenant honorent votre lutte dans leurs discours. En Palestine nous promettons de poursuivre le combat pour nos valeurs communes, et d’honorer votre combat pas seulement par des mots, mais aussi en dédiant nos vies aux mêmes objectifs. La liberté, cher Madiba, l’emportera et vous y avez contribué au plus haut point en faisant de cette idée une certitude. Reposez en paix et Dieu bénisse votre âme insoumise.

Marwan Barghouti, Prison Hadarim, cellule n° 28
 http://patrick-le-hyaric.fr/du-fond-de-sa-cellule-n28-notre-ami-marwan-barghouti-nous-adresse-specialement-un-texte-en-hommage-a-nelson-mandela/

Mandela / Israël

Nombre de ceux qui rendent hommage de crocodile à Nelson Mandela, soutiennent bec et ongles le sionisme et ses crimes! De Caroline Fourest à BHL, en passant par les philosophes de l'apocalypse, dont Alain Finkielkraut...
Pourtant Mandela, qui a lutté toute sa vie contre le racisme et la purification ethnique, compare la mémoire endolorie de son peuple à la tragédie qu'endure le Peuple Palestinien :
« La réponse de l'Afrique du Sud, dit-il, en matière de violation des droits humains provenant des politiques de déportation et des politiques d'apartheid ont mis en lumière ce que la société israélienne doit nécessairement accomplir avant que l'on puisse parler d'une paix juste et durable au Moyen-Orient et de la fin de la politique d'apartheid ».

Que ces hypocrites maso qui célèbrent la mort de Mandela, encaissent allègrement la gifle !


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 Par Fausto Giudice, 7/12/2013

Nelson Mandela
"Vous pouvez, et devez, prendre en charge la responsabilité de changer le monde et d’améliorer le sort de tous les peuples".

« Le choix n'est pas entre la liberté et la justice, d‟une part, et leur contraire, d‟autre part. La paix et la prospérité, la tranquillité et la sécurité ne seront possibles que si tous y ont droit sans discrimination. C‟est dans cet esprit que je me joins à vous aujourd'hui pour ajouter ma voix à l'appel universel en faveur de l'autodétermination des Palestiniens et de l‟État palestinien...
Mais nous ne savons que trop bien que notre liberté demeurera incomplète sans la liberté des Palestiniens, sans la résolution des conflits au Timor-Oriental, au Soudan et dans d‟autres régions du monde.» (Discours de décembre 1997)

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Quand Mandela s’indignait en privé de certaines « pratiques » de Dar Makhzen


Nelson Mandela avec Hassan II (Photo DR)
Nelson Mandela avec Hassan II (Photo DR)
Il n’a pas été le seul à s’en indigner, mais il était celui dont l’indignation était la plus sincère. 

Selon une source proche d’un défunt et connu politicien, lors de sa visite au Maroc en avril 1995, Nelson Mandela aurait appris que les noirs qui servaient directement Hassan II, ses « abids » (esclaves), comme disent encore certains au Maroc, lui baisaient la main. Mais pas de la même manière que le font pratiquement tous les Marocains, mais d’une manière assez spéciale.
Hassan II obligeait ses « abids » à baiser sa main enveloppée d’une sorte de mouchoir en tissu ou un fichu.
Le baisepied hier....
Le baisepied hier…
« Sidna » senior estimait que les lèvres aimantes charnues de ses noirs, dont la plupart vivaient et résident encore à Touarga, le quartier situé à l’intérieur du palais royal de Rabat, étaient indignes d’effleurer sa divine main.
Mandela, chantre de la lutte contre le racisme anti-noir, en aurait gardé un souvenir amer jusqu’au point de le dire en privé à ce politicien marocain qu’il considérait comme un ami.

Mohammed Ali sur Nelson Mandela: «Il nous a appris comment pardonner à grande échelle»



Mohammed Ali, en 1967. Via Wikimedia Commons.

C'est sans doute aussi à cela qu'on reconnaît la mort d'une icône: elle suscite des réactions partout, y compris chez d'autres icônes. Ce jeudi 5 décembre, Mohammed Ali a lui aussi publié un communiqué pour saluer la mémoire de Nelson Mandela

Voici l'intégralité de la réaction de l'ancien champion du monde des poids lourds, icône de la lutte pour les droits civiques et contre la guerre du Vietnam aux Etats-Unis:
«Je suis profondément attristé par la disparition de M. Mandela. Sa vie a été tendue vers un but et un espoir; un espoir pour lui-même, son pays et le monde entier. Il a inspiré des gens à se battre pour ce qui paraissait impossible et leur a fait briser les barrières qui les maintenaient mentalement, physiquement, socialement et économiquement otages. Il nous a fait réaliser que nous sommes les gardiens de nos frères et que nos frères sont de toutes les couleurs.
Ce dont je me souviendrai le plus à propos de M. Mandela, c'est que c'était un homme dont le cœur, l'âme et l'esprit ne pouvaient être contenus ou restreints par l'injustice raciale ou économique, des barreaux métalliques ou le fardeau de la haine ou de la vengeance. Il nous a appris comment pardonner à grande échelle.
C'était un esprit libre, destiné à s'élever au-dessus des arcs-en-ciel. Aujourd'hui, son esprit s'envole jusqu'au paradis. Il est maintenant libre à jamais.»
 http://www.slate.fr/monde/80835/mohammed-ali-mort-nelson-mandela

Mediapart : Nelson Mandela ou le triomphe des principes


Le président sud-africain Jacob Zuma a annoncé, jeudi 5 décembre, la mort de Nelson Mandela, âgé de 95 ans. Le grand homme sud-africain a eu plusieurs vies, mais c'est lors de sa transition de prisonnier à président qu'il a montré ce qui faisait de lui une personnalité exceptionnelle : son intégrité non dénuée de réalisme politique.
La mort de Nelson Mandela, annoncée jeudi 5 décembre, n’est rien de moins que la mort d’un des plus grands hommes du XXe siècle, sinon le plus grand dans la sphère politique. Pas seulement parce que ses combats ont épousé les luttes majeures de son époque (égalité des droits, anticolonialisme, antiracisme), mais parce qu’à chacune des étapes de sa vie, il a fait triompher ses principes, même quand il les a trempés dans le réalisme politique. Il a eu des pairs dans ses luttes – combat révolutionnaire, leader syndical et politique, emprisonnement, pouvoir, retraite –, des personnalités qui ont marqué leur temps sur les cinq continents, mais aucun n’est parvenu à franchir toutes ces phases avec autant de réussite et surtout d’intégrité.

Gandhi et Martin Luther King sont les deux noms que l’on associe le plus souvent à celui de Nelson Mandela – le premier l’a inspiré, le second a porté le combat pour l’égalité dans la nation majeure du XXe siècle – mais aucun des deux n’a gouverné. Leurs parcours restent donc « purs » et leur assassinat a grandi leur légende. Quant aux grands révolutionnaires ou « libérateurs » de cette ère, la plupart ont grossi les rangs des dictateurs (Lénine, Staline, Castro, Mao…) ou fini précipitamment au cimetière (Guevara, Lumumba…). Du côté de ceux qui ont gouverné dignement (Nehru, Havel, Walesa), aucun n’avait un passé de résistant aussi marquant que celui de Mandela et, de toute manière, aucun n’est parvenu à s’affranchir des basses querelles internes, ni à organiser de succession réussie. Et puis il y a tous ceux qui ont brillé à un moment charnière du siècle, mais n’ont guère été des inspirateurs au-delà de leurs frontières (Churchill, de Gaulle, Roosevelt).
Le musée de l'Apartheid à Johannesburg 
Le musée de l'Apartheid à Johannesburg © TC
La grandeur de Mandela passe évidemment par son activisme de jeunesse et ses vingt-sept années d’emprisonnement durant lesquelles il n’a rien cédé. Mais elle se niche surtout dans sa transition réussie de résistant héroïque à chef d’État. Dès le début des années 1980, le pouvoir sud-africain lui avait fait des offres de libération assorties de différentes conditions (ayant généralement trait au comportement de l’ANC, le parti qu’il avait dirigé). Mais il les a toutes refusées, préférant sortir de prison selon ses propres termes. Ce qui ne l’a pas empêché de commencer à négocier avec des représentants du gouvernement d’apartheid pendant plusieurs années depuis sa cellule. Au nom du pragmatisme, mais aussi parce qu’il savait qu’une fois libre, le régime de ségrégation s’effondrerait et qu’il lui faudrait alors gouverner. Mandela ne voulait pas être pris en défaut ni se retrouver à la tête d’un pays sans avoir rien préparé.
Ces négociations se sont poursuivies pendant trois ans après son affranchissement. Trois années durant lesquelles Mandela

S’il a toujours su composer avec la réalité politique, il n’a jamais trahi ses principes ni ses amis

En 1990, lorsqu’il sort de prison, Mandela n’est pas la figure révérée et consensuelle qu’il est devenu par la suite. Mais ses premiers gestes et ses premières paroles sont à mille lieues de tout esprit de revanche. Il va même jusqu’à qualifier Frederik de Klerk, le président afrikaner qui l’a fait sortir de prison, d’« homme intègre » (il le regrettera plus tard), et à pousser un soupir de soulagement lorsque l’ANC, aux élections de 1994, n’obtient pas la majorité des deux tiers qu’elle espérait et qui lui aurait permis de rédiger seule la nouvelle Constitution.
« Je voulais une constitution sud-africaine, pas une constitution de l’ANC. Je voulais un gouvernement d’union nationale », écrira-t-il dans ses superbes mémoires, Un long chemin vers la liberté. Dans les dernière pages de cet ouvrage, il ajoute : « Quand j’ai franchi les portes de la prison, telle était ma mission : libérer à la fois l’opprimé et l’oppresseur. »
Une fois élu président en 1994, Mandela mettra en place la commission Vérité et réconciliation, qui sera considérée comme LE modèle du genre. Beaucoup de Noirs sud-africains reprocheront à cette instance l’absence de sanctions et le sentiment qu’ils ont parfois eu que les bourreaux s’en sortaient avec une légère réprimande. Mais dans la tête de Mandela et du président de la commission, l’archevêque Desmond Tutu, l’accent a toujours été mis sur le second terme de l’intitulé : la réconciliation. Et même si, vingt ans après la fin de l’apartheid, l’Afrique du Sud demeure un pays complexe, torturé et occasionnellement violent, la nation arc-en-ciel n’est pas qu’un vain mot. C’est le pays le plus riche du continent, mais aussi un des plus démocratiques et des mieux intégrés.
En tant que président, Mandela fera ce que peu de ses pairs ont su faire : il abandonnera le pouvoir après un unique mandat. Il aurait aisément pu devenir « président à vie », mais très peu pour lui. Là encore, il sera exemplaire. Il ne se battra même pas pour imposer son héritier préféré, Cyril Ramaphosa, laissant Thabo Mbeki, le favori de l’ANC, prendre sa place. Enfin, une fois la vieillesse devenue trop débilitante, il saura s’éloigner de la vie publique avec ces mots élégants : « Je me retire de ma retraite. Ne m’appelez pas, je vous contacterai. » Les dernières années de sa vie se dérouleront à l’abri des regards – sauf ceux de ses proches – laissant son image intacte et intouchable.
Nelson Mandela a commis des faux pas durant sa longue vie politique : de son acceptation de la violence comme outil politique, à son soutien persistant à des dirigeants peu recommandables mais qui l’avaient aidé dans son combat contre l’apartheid (Kadhafi ou Mugabé). Il n’a jamais été irréprochable, comme il était le premier à l’admettre avec sincérité, ce qui rend ses réussites encore plus remarquables. S’il a toujours su composer avec la réalité politique du moment, il n’a jamais trahi ses principes ni ses amis, et il n’a jamais perdu de vue le cap qu’il s’était fixé.
« J’ai parcouru ce long chemin vers la liberté », écrit-il au dernier paragraphe de ses mémoires. « J’ai essayé de ne pas hésiter ; j’ai fait beaucoup de faux pas. Mais j’ai découvert ce secret : après avoir gravi une haute colline, tout ce qu’on découvre, c’est qu’il reste beaucoup d’autres collines à gravir. Je me suis arrêté un instant pour me reposer, pour contempler l’admirable paysage qui m’entoure, pour regarder derrière moi la longue route que j’ai parcourue. Mais je ne peux me reposer qu’un instant ; avec la liberté viennent les responsabilités, et je n’ose m’attarder car je ne suis pas arrivé au terme de mon long chemin. »

Les dernières mois de sa vie ont été étonnants : tout la nation sud-africaine est restée suspendue, jours après jour, à ses bulletins de santé. Non pas pour attendre une improbable rémission, mais plutôt comme s’il s’agissait de profiter des derniers instants de vie du grand homme, de partager encore un bout d’existence avec lui sur cette Terre. Car rares sont les personnalités politiques qui ont eu autant de vies en une seule et qui les ont toutes menées avec succès, élégance et dignité.
Il a pu prendre la mesure du monde qu’il rejoignait pleinement – un monde où le communisme, auquel l’ANC était associé, s’effondrait –, éviter les erreurs et préparer la réconciliation nationale.

LE PRIX DES NATIONS UNIES POUR LA CAUSE DES DROITS DE L’HOMME EST DÉCERNÉ À SIX LAURÉATS

5/12/2013
Communiqué de presse
DH/5164

Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York
Note aux correspondants

LE PRIX DES NATIONS UNIES POUR LA CAUSE DES DROITS DE L’HOMME 2013 EST DÉCERNÉ À SIX LAURÉATS

(Adapté de l’anglais)

Les lauréats du prestigieux Prix des Nations Unies pour la cause des droits de l’homme pour 2013 ont été révélés le 2 décembre par le Comité de sélection.

Les lauréats sont: M. Biram Dah Abeid, Mme Hiljmnijeta Apuk, Mme Liisa Kauppinen, Mme Khadija Ryadi, la Cour suprême de justice du Mexique et Mlle Malala Yousafzai.

Le Comité de sélection comprend le Président de l’Assemblée générale, le Président du Conseil économique et social, le Président du Conseil des droits de l’homme, le Président de la Commission de la condition de la femme et le Président du Comité consultatif du Conseil des droits de l’homme.

Le Prix des Nations Unies pour la cause des droits de l’homme est une distinction honorifique qui récompense des individus et des organisations pour leur travail remarquable en matière de droits de l’homme.  Ce Prix a été établi par l’Assemblée générale en 1966 fut décerné pour la première fois en 1968, à l’occasion du vingtième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme.

Depuis cette date, le Prix a ensuite été décerné tous les cinq ans, notamment à Amnesty International, Jimmy Carter, Martin Luther King, Nelson Mandela et Eleanor Roosevelt.  Cette récompense permet, en outre, d’adresser un message clair aux défenseurs des droits de l’homme dans le monde entier, la communauté internationale leur exprimant sa reconnaissance et appuyant leurs efforts inlassables pour promouvoir les droits de l’homme pour tous.

Les nominations sont soumises par diverses sources, telles que les États Membres, les institutions spécialisées ou les organisations non gouvernementales (ONG) dotées d’un statut consultatif.  Plus de 150 nominations ont ainsi été reçues par le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme.

La cérémonie de remise du Prix aura lieu au Siège des Nations Unies, à New York, le 10 décembre 2013, à l’occasion de la célébration du vingtième anniversaire de la création du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme et de la Déclaration et du Programme d’action de Vienne.

BIOGRAPHIES DES LAURÉATS 2013:

M. Biram Dah Abeid, Militant contre l’esclavage (Mauritanie) -- M. Abeid, lui-même fils d’esclaves libérés, est engagé dans une campagne pour éliminer l’esclavage.  En 2008, il a fondé l’ONG « Initiative for the Resurgence of the Abolitionist Movement ».

Mme Hiljmnijeta Apuk, Défenseuse des droits de l’homme et activiste pour les personnes de petite taille (Kosovo) – Mme Apuk lutte pour les droits des personnes handicapées depuis plus de 30 ans, notamment les personnes soufrant d’une dystrophie musculaire et celles dont la taille est inférieure à 125 cm, aux niveaux national et international.  Elle a fondé l’ONG « Little People of Kosovo ».  Elle était également membre du Comité de rédaction des Nations Unies de la Convention relative aux droits des personnes handicapées (2006).

Mme Liisa Kauppinen, Présidente émérite de la Fédération mondiale des sourds (Finlande) -- Le docteur Kauppinen est une « voix » pour les droits de l’homme des personnes sourdes depuis 1970.  Elle a joué un rôle clef pour inclure dans la Convention relative aux droits des personnes handicapées des références au langage des signes, ainsi qu’à la culture, à la communauté et à l’identité des sourds.  Elle se consacre également aux droits des femmes handicapées.

Mme Khadija Ryadi, ancienne Présidente de l’Association du Maroc pour les droits de l’homme (Maroc) -- Mme Ryadi lutte depuis 1983 pour diverses causes des droits de l’homme, notamment contre l’impunité, et pour l’égalité entre les hommes et les femmes, l’autodétermination et la liberté d’expression, quelle que soit l’orientation sexuelle.  Elle coordonne un réseau de 22 ONG des droits de l’homme au Maroc.

Cour suprême de justice du Mexique (Cour constitutionnelle du Mexique) -- La Cour suprême de justice du Mexique protège les droits constitutionnels des citoyens et des résidents du Mexique.  Elle a réalisé des progrès considérables pour promouvoir les droits de l’homme, à travers sa jurisprudence et son interprétation de la Constitution mexicaine et de ses obligations en vertu du droit international.  De plus, elle a établi des normes importantes en matière de droits de l’homme au Mexique et dans la région latino-américaine.

Mlle Malala Yousafzai, étudiante militante (Pakistan) -- Cette étudiante est devenue un symbole pour les droits des jeunes femmes dans le monde entier.  Avant de survivre à une tentative d’assassinat, en 2012, elle militait déjà activement en faveur du droit crucial des filles à l’éducation et de l’autonomisation des femmes.  Son courage et son engagement ne sont plus à démontrer.
Pour plus d’informations, prière de contacter M. Nenad Vasić au (212) 962-5998, vasic@un.org, ou M. Marijn Dalhuijsen au (917) 367-2723, dalhuijsen@un.org.
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 Khadija Ryadi n’attend pas les félicitations de l'Mekhzen qu'elle combat depuis 34 ans !Celles des militants lui suffisent !
  
Bravo Khadija !

Kenza Sefrioui et Jalil Bennani lauréats du Prix Grand Atlas 2013