Par Simo Sbaï, 5/12/2013
Et de trois. Certains diront de cinq, six ou même plus. Hier soir, un
clandestin subsaharien est mort pendant une rafle durant laquelle la
police marocaine, qui respecte, comme tout le monde sait, les droits
d’autrui, a utilisé la violence gratuite pour se faire quelques pauvres
hères qui attendaient le moment propice pour passer en Espagne.
Comme au bon vieux temps des années de plomb, nos forces de l’ordre
ont fait le nécessaire. Les coups et les injures racistes ont fusé,
raconte un témoin. Et tout le monde en a pris pour sa couleur de la
peau.
Cette violence naturelle, dans un pays dont le chef de l’Etat a
déclaré il y a peu qu’il allait régulariser la situation des migrants
africains bloqués chez nous, est déclenchée à intervalles réguliers ces
derniers temps pour plaire aux « nouveaux amis » espagnols du
gouvernement conservateur de Mariano Rajoy.
L’Espagnol, englué dans une crise économique sans précédents, a
demandé aux Marocains de faire le sale boulot chez eux afin de préserver
sa police, qui ne peut contenir les assauts massifs des barrières de
Sebta et Melilla à partir du territoire marocain, mais ne peut non plus
utiliser la force brute comme le font si bien les « merdas » de chez
nous. L’Espagne est un Etat régi par des règles de droit. Ce qui n’est
pas le cas du Maroc
Le jeune Camerounais est mort dans un quartier périphérique de l’ex-cité
internationale, Boukhalef. Et le pauvre « frère » immigré africain est
tombé sur la tête depuis le quatrième étage d’un immeuble. On ne sait
pas s’il est tombé en voulant s’enfuir devant la horde des forces de
l’ordre qui agressent et pillent leurs victimes (voir à cet effet les
nombreuses vidéos qui circulent sur internet et qui montrent les forces
de l’ordre attisant le désordre) ou parce que quelqu’un a voulu lui
apprendre à voler et par la même terroriser le reste de ses camarades
d’infortune.
C’est une vieille méthode de la terreur, et la réputation de la
police marocaine n’est plus à faire dans ce domaine. En plus, le Maroc
fait partie de ces pays où l’impunité policière est totale et où la
justice n’enquête jamais quand il y a des allégations de torture ou
d’assassinat visant des membres des forces de l’ordre.
Le mort s’appelait Cédric, il était jeune et
camerounais, et surtout il bénéficiait du statut de réfugié puisqu’il
était reconnu comme tel par la délégation du Haut Commissariat aux
réfugiés.
C’est pour cela qu’on se demande honnêtement pourquoi quelqu’un qui
possède des papiers en règle aurait-il eu la tentation de s’enfuir ?
En attendant une énième enquête qui n’aboutira pas, même si au Maroc on a un ministère dit, sans rire, « de la justice et des libertés »,
on se demande ce que font les ambassades africaines de Rabat pour
protester contre un accroissement substantiel des violences policières
et une montée en flèche du racisme dont sont victimes leurs
compatriotes.
Quoi ? On attend les instructions de Messier le Présida, Bwana !
Hier, contrairement aux autres fois, les mauvais « nègres »
pourchassés par les bons blancs se sont rebellés, appuyés par quelques
citoyens marocains, pas nombreux mais suffisamment pour sauver l’honneur
d’une nation qui a vite oublié ce qu’est le racisme quand on le souffre
dans sa propre chair.
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