Par Hassan Bentaleb, 30/11/2013
Le Maroc entre permissivité algérienne et rigidité espagnole
Le Maroc aurait son propre mur de séparation tout le long de la
frontière avec son voisin oriental. C’est ce qu’a révélé dernièrement
une certaine presse de la place. Inquiet par les agissements des mafias
de contrebande et des stupéfiants et pressé par l’augmentation du flux
des migrants irréguliers sur son territoire, le Royaume envisagerait de
dresser un grillage le long de la frontière maroco-algérienne,
s'étendant sur une distance de 450 km de Saidia à Figuig. Un projet qui
suscite d’ores et déjà la polémique et jette un pavé dans la mare.
En effet, les associations œuvrant dans le domaine des migrations n’ont pas hésité à émettre des objections à la construction d'une telle barrière. « Même si on ne dispose pas d’informations confirmant ou infirmant ce projet, on est contre toute militarisation des frontières et la restriction des libertés de circulation», nous a déclaré Hicham El Baraka, président d’ABCDS Maroc, association qui vient en aide à ces migrants à Oujda. Et d’ajouter: « Cette entreprise nous laisse perplexe parce que le Maroc a déjà émis son objection concernant la construction de la barrière du préside occupé de Mellilia». Même son de cloche de la part de Khadija Elmadmad, chaire Unesco «Migration et droits humains», Université Hassan II de Casablanca, qui estime que ledit grillage aura certainement des conséquences sur les droits des migrants. « Si le Royaume a le droit d’exercice de sa souveraineté sur son territoire, il reste pour autant la question de garantie des droits des migrants. C’est le cas, par exemple, des demandeurs d’asile. On se demande si le Maroc permettra au HCR et aux associations œuvrant dans le domaine de la migration d’accéder à ces zones», nous-a-t-elle précisé.
Mais l’Algérie est-il aujourd’hui un pays émetteur de migrants irréguliers vers le Maroc ? «Oui», nous a répondu Hicham El Baraka. «Les chiffres et les statistiques manquent mais sur le terrain, le constat est flagrant. Un grand nombre de migrants entrent clandestinement au Royaume via Maghnia, la ville algérienne la plus proche, pour arriver à Oujda et Nador», nous a-t-il expliqué.Suite de la première page
Notre source nous a révélé que s’il y avait une certaine baisse, ces derniers mois, du flux migratoire due au renforcement des contrôles aux frontières à cause de la guerre au Mali, de plus en plus de migrants irréguliers quittent l’Algérie pour le Maroc afin d’échapper aux attaques des bandes mafieuses et aux agressions des forces de l’ordre algériennes. «Aujourd’hui, les migrants irréguliers souffrent le martyre en Algérie à l’insu de tout le monde d’autant qu’il y a peu d’associations qui s’occupent des droits des migrants dans ce pays », nous a-t-il affirmé.
Pourtant, nos sources sont unanimes à souligner que la mise en place de ce grillage aurait des conséquences néfastes sur les relations entre les deux pays. Ainsi, Khadija Elmadmad estime que ce projet portera un coup dur à l’unité maghrébine. Même constate de Hicham El Baraka. Il pense que ce sont les peuples des deux pays qui seront les premiers perdants. Certains spécialistes vont plus loin, en avançant que cette entreprise éventuelle susciterait des réactions de la part de l’Algérie à l’instar de la campagne menée depuis peu contre le Royaume.
Autres interrogations suscitées par ce projet et non des moindres: le coût de ce projet. En effet, nombre de spécialistes de la question migratoire se demandent combien cette clôture coûterait au budget de l’Etat. Des expériences mondiales similaires démontrent que le mur séparant les Etats-Unis et le Mexique aurait coûté de 10 à 20 milliards de dollars et que la barrière de Mellilia a été estimée à 33 millions d'euros. Des sommes faramineuses sans compter les frais de maintenance et de fonctionnement. Le Royaume a-t-il les moyens de ses ambitions ? Difficile de trancher mais ce qui sûr, c’est que ces murs de séparation ont déjà montré leurs limites. Le cas des Etats-Unis est édifiant à ce sujet. En effet, la Cour des comptes américaine a révélé que certaines parties des barrières ont été traversées plus de 3000 fois en trois ans, découpées ou trouées à 1300 reprises par les immigrants ou leurs passeurs. Pire, cette barrière dont la construction a commencé en 2002, aurait limité de 25 % seulement l'immigration mexicaine. Même constat au niveau de la barrière de Mellilia qui a enregistré une hausse de 87% des tentatives de franchissement entre le 1er janvier et le 17 septembre 2013.
En effet, les associations œuvrant dans le domaine des migrations n’ont pas hésité à émettre des objections à la construction d'une telle barrière. « Même si on ne dispose pas d’informations confirmant ou infirmant ce projet, on est contre toute militarisation des frontières et la restriction des libertés de circulation», nous a déclaré Hicham El Baraka, président d’ABCDS Maroc, association qui vient en aide à ces migrants à Oujda. Et d’ajouter: « Cette entreprise nous laisse perplexe parce que le Maroc a déjà émis son objection concernant la construction de la barrière du préside occupé de Mellilia». Même son de cloche de la part de Khadija Elmadmad, chaire Unesco «Migration et droits humains», Université Hassan II de Casablanca, qui estime que ledit grillage aura certainement des conséquences sur les droits des migrants. « Si le Royaume a le droit d’exercice de sa souveraineté sur son territoire, il reste pour autant la question de garantie des droits des migrants. C’est le cas, par exemple, des demandeurs d’asile. On se demande si le Maroc permettra au HCR et aux associations œuvrant dans le domaine de la migration d’accéder à ces zones», nous-a-t-elle précisé.
Mais l’Algérie est-il aujourd’hui un pays émetteur de migrants irréguliers vers le Maroc ? «Oui», nous a répondu Hicham El Baraka. «Les chiffres et les statistiques manquent mais sur le terrain, le constat est flagrant. Un grand nombre de migrants entrent clandestinement au Royaume via Maghnia, la ville algérienne la plus proche, pour arriver à Oujda et Nador», nous a-t-il expliqué.Suite de la première page
Notre source nous a révélé que s’il y avait une certaine baisse, ces derniers mois, du flux migratoire due au renforcement des contrôles aux frontières à cause de la guerre au Mali, de plus en plus de migrants irréguliers quittent l’Algérie pour le Maroc afin d’échapper aux attaques des bandes mafieuses et aux agressions des forces de l’ordre algériennes. «Aujourd’hui, les migrants irréguliers souffrent le martyre en Algérie à l’insu de tout le monde d’autant qu’il y a peu d’associations qui s’occupent des droits des migrants dans ce pays », nous a-t-il affirmé.
Pourtant, nos sources sont unanimes à souligner que la mise en place de ce grillage aurait des conséquences néfastes sur les relations entre les deux pays. Ainsi, Khadija Elmadmad estime que ce projet portera un coup dur à l’unité maghrébine. Même constate de Hicham El Baraka. Il pense que ce sont les peuples des deux pays qui seront les premiers perdants. Certains spécialistes vont plus loin, en avançant que cette entreprise éventuelle susciterait des réactions de la part de l’Algérie à l’instar de la campagne menée depuis peu contre le Royaume.
Autres interrogations suscitées par ce projet et non des moindres: le coût de ce projet. En effet, nombre de spécialistes de la question migratoire se demandent combien cette clôture coûterait au budget de l’Etat. Des expériences mondiales similaires démontrent que le mur séparant les Etats-Unis et le Mexique aurait coûté de 10 à 20 milliards de dollars et que la barrière de Mellilia a été estimée à 33 millions d'euros. Des sommes faramineuses sans compter les frais de maintenance et de fonctionnement. Le Royaume a-t-il les moyens de ses ambitions ? Difficile de trancher mais ce qui sûr, c’est que ces murs de séparation ont déjà montré leurs limites. Le cas des Etats-Unis est édifiant à ce sujet. En effet, la Cour des comptes américaine a révélé que certaines parties des barrières ont été traversées plus de 3000 fois en trois ans, découpées ou trouées à 1300 reprises par les immigrants ou leurs passeurs. Pire, cette barrière dont la construction a commencé en 2002, aurait limité de 25 % seulement l'immigration mexicaine. Même constat au niveau de la barrière de Mellilia qui a enregistré une hausse de 87% des tentatives de franchissement entre le 1er janvier et le 17 septembre 2013.
http://www.libe.ma/Un-mur-pour-mieux-controler-l-arrivee-des-immigres-irreguliers-affluant-de-l-Algerie_a44469.html
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Les barbelés entre le Maroc et l'Algérie, pour soulager la pression migratoire sur Melilla ?
Ils seront certainement les barbelés de la controverse. Depuis quelques jours, la presse espagnole et marocaine fait état de l’établissement prochain de barbelés entre le Maroc et l’Algérie. Et ceux-ci pourraient soulager la pression migratoire que subit l’enclave espagnole de Melilla. Hier, face aux médias ibères, le délégué du gouvernement de la ville autonome, Abdelmalik El Barkani, a, en tout cas, exprimé son soulagement quant à ce projet censé lutter contre l’immigration clandestine. L'installation de ces barbelés réduira les assauts répétés au niveau de Melilla, explique-t-il, puisque la plupart des migrants qui attendent au niveau des zones frontalières avec les deux présides entrent au Maroc via la zone algérienne de Maghnia.
Le délégué du gouvernement l'affirme : si une clôture de barbelés était installée au niveau de la frontière nord entre le Maroc et l'Algérie, ça soulagerait la pression migratoire sur l'enclave. « Plus le contrôle est fait par le Maroc sur l'Algérie, et même l'Algérie sur les pays du Sahel, et plus nous pouvons obtenir de meilleurs résultats dans le contrôle migratoire à Melilla parce qu'il y aurait moins de pression », a-t-il précisé. Selon El Barkani, tous les analystes s'accordent à dire que la pression migratoire existe sur Melilla parce que la route atlantique d’entrée en Europe n’est plus aussi active après avoir connue une vague d’arrivée de canots aux îles Canaries.
De nouveaux barbelés de la discorde
On comprend d’ailleurs l’enthousiasme du délégué de Melilla. Ces derniers mois, la pression migratoire a atteint un niveau rarement égalé au niveau des deux enclaves. Les assauts massifs se sont enchainés au point de pousser les autorités espagnoles à remettre au goût du jour d’anciennes méthodes pour réduire les tentatives d’entrées illégales. Elles ont procédé au rajout de lames tranchantes sur les grillages, dans les zones les plus menacées de la frontière de Melilla, afin de décourager les migrants. Cette mesure drastique a fait l'objet d'une vive polémique en Espagne comme lors de sa première expérimentation en 2007.
A l’époque, les organisations de défense des droits de l’homme étaient même montées au créneau pour dénoncer cette « barbarie » qu’on fait subir aux migrants. Elles déploraient les blessures graves subies lors de l’escalade par certains migrants au niveau des bras et des jambes. Finalement, l’Espagne critiquée de toutes parts, avait fait marche arrière en retirant ces fils de fer et autres matériaux « anti escalade ». Et aujourd’hui les critiques sont de nouveau sur le tapis.
Le projet marocain a lui aussi été dénoncée par le Groupe antiraciste de défense des migrants (GADEM), estimant qu’il s’agit d’une fausse solution. Pour sa part, le leader de l’opposition à Melilla est contre cette nouvelle mesure. Selon Mustafa Aberchàn, « cette clôture hypothétique entre Maroc et l'Algérie » n’a pas lieu d’être. Au contraire, pour lui, c’est à l’Union européenne d’élaborer un plan de lutte contre l’immigration clandestine
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