Chers amis lecteurs de solidmar,

Solidmar est fatigué ! Trop nourri ! En 8 ans d’existence il s’est goinfré de près de 14 000 articles et n’arrive plus à publier correctement les actualités. RDV sur son jumeau solidmar !

Pages

samedi 7 décembre 2013

Langue marocaine / Débat frelaté !

Par Mohammed Belmaïzi, 03/12/2013

4 décembre 2013, 00:38
Préambule :

Ce n'est pas parce que Noureddine Ayouch, contesté pour diverses raisons, milite pour l'enseignement de l'arabe marocain (il oublie d'ajouter l'amazighe), qu'il faut jeter le bébé avec l'eau du bain...

Par ailleurs, je voudrais conseiller la lecture d'un texte épais et combien mirifique de notre ami Ahmed Benani : "Langue et nation à l'aune de la modernité". Un texte qui mérite d'être traduit en arabe, pour contribuer efficacement à ce débat.

Ma contribution, succincte et bien modeste, et je reste ouvert au débat :

La langue marocaine qu’on s’empresse de qualifier de « darija » (dialecte) est une langue comme toutes les autres langues. Elle a sa structure et sa logique pour appréhender et dire le monde (poésie de Majdoub, des Nass Ghiwane, Jil Jilala, proverbes et contes... et cela s'applique sur la langue amazigh aussi) Elle ne peut être qualifiée de langue indigente ou complètement irrationnelle.

Ce dernier jugement a été déjà proféré par la « science coloniale ». Marçais savant de cette bourrasque indigne qui infériorise à souhait l'altérité, disait :

« l’arabe parlé est aussi peu apte que possible à formuler les choses intellectuelles. Son vocabulaire abstrait est indigent et ne permet que d’exprimer en gros, sans précision et sans nuances, des idées très simples »…

Mais ce n’est pas fini ! Car pour l’arabe écrit, c’est-à-dire littéraire, le même Marçais dit:

«Il manque presque infailliblement de naturel et de simplicité. On ne sera donc pas surpris que beaucoup de prosateurs arabes aient gongorisé, subtilisé à outrance, exprimé de pures niaiseries avec une recherche et un pédantisme incroyables, parlé trop souvent longuement pour ne rien dire et ne puissent en conséquence fournir de pâture convenable à de jeunes esprits français. »

(j’ouvre la parenthèse ici pour souligner que les islamistes d’aujourd’hui ont repris ce genre d’assertions insensées et terriblement dangereuse de la « science coloniale » pour décréter que la poésie et les écrits des penseurs arabo-musulmans, étaient la cause de la décadence de la civilisation andalouse et arabo-musulmane. Retenons que la cognition des islamistes et de la science coloniale, sont kif kif pareilles).

Pour être concis et viser la pertinence, je dirai que l’enfant marocain est dès sa première scolarité confronté au problème bilingue ou trilingue. Et l’enfant amazighophone et l’enfant arabophone affrontent au Maroc une situation tragique qui ne peut favoriser leur épanouissement et leur formation intellectuelle. Rare sont les enfants qui échappent à cette schizoglossie… qui fait que nombre d’enfants abandonnent leur scolarité. Et le régime marocain n'en a cure!

Déjà du temps de la revue Souffles, la question d’une langue étrangère imposée au détriment de la langue maternelle, a été posée avec acuité. Abdellatif Laâbi écrivait à ce propos que «L’adolescent de l’indépendance a perdu ce véhicule imposé (le français) mais il n’a pas reconquis l’autre (la langue marocaine). Il est aphasique. Sa pensée, sa personnalité profondes n’émergent qu’en bribes sporadiques, imprécises. »

Le linguiste marocain Ahmed Boukous, quand à lui relevait bien plus tard, que « la question de l’enseignement est pensée en terme de centralisme linguistique de sorte que ne sont enseignés que l’arabe classique et le français, comme si l’arabe dialectal et le tamazight étaient dénués de toute fonction cognitive, alors qu’il serait plus opératoire, plus juste et plus économique de les introduire dans le système scolaire, ce faisant, l’on éviterait au moins à la jeunesse les affres de la schizoglossie. »

Voilà qui est dit, pour infirmer cette folle idée qui attaque la langue maternelle marocaine (amazigh et arabe marocain) en la jugeant de débile et qui rendra les enfants débiles… si elle était enseignée à l'école primaire. Scientifiquement faux, archi-faux!!!

Des linguistes canadiens ont travaillé sur ce sujet et on abouti à l’idée que le bilinguisme ou trilinguisme dès la petite enfance peut retarder la parole et nuire à la capacité linguistique de l’enfant et à son intellect. Ils ont arrêté cette phase critique à l’âge de 12 ans, pour conseiller l’apprentissage dans la langue mère avant toute autre langue.

Après 12 ans, l’apprentissage des langues devient un jeu d’enfants. Et bien sûr, à ce moment, il faut encourager l’apprentissage des langues. Le maximum de langues sans conséquences néfastes!

-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
 
  • Photo de Ali Fkir.Ayouch et Laroui n'osent pas aller au fond du problème. Leur polémique en dehors du temps et de l'espace. C'est tout à fait normal. Les raisons?
    - Certainement qu'ils n'ont pas vécu dans leur enfance l'enfer que vivent les 90% des enfants du peuple.
    - Que leurs enfants n'ont pas fréquenté et ne fréquentent pas l'école "publique"
    - Qu'ils ne veulent en aucun cas un changement qui toucherait à l'ordre établi, l'ordre établi sur la trinité: Dieu, Patrie, Roi. La remise en cause de l'édifice social...leur fait peur. L'intérêt de classe oblige.
    Le débat relatif à la langue comme moyen/instrument d'apprentissage, comme élément d'identité ne peut qu'être positif. Mais il ne peut être productif que s'il s'inscrit dans le "diagnostic" de l'enseignement dans son ensemble.
    Ayouch est aveuglé par sa toile d'araignée de micro-crédit. Un créneau très rentable. Le taux d'intérêt est de 24% l'an. La darija est suffisante pour communiquer et amasser des fortunes. Les victimes du système de micro-crédit ne doivent en aucun cas accéder aux mathématiques financières ni être "trop savants". Ils faut les empêcher de comprendre.Laroui, grand intellectuel, produit d'idées. Mais quelles idées? Aveuglé par le panarabisme étroit, il réduit notre identité à l'arabe. Il oublie que nous sommes amazighs, arabes, africains et avant toute autre chose humain. Humain? Oui et par conséquent nos enfants doivent avoir les mêmes chances à leur naissance. L'enfant d'Imilchil, celui de Doukkala, celui de Jbala, celui du bidonville de la périphérie de Casablanca ont-ils les mêmes chances que ceux des beaux quartier tels Souissi à Rabat, Anfa à Casa et j'en passe? Nos deux intellectuels ont-ils parlé de l’unicité de l'enseignement? Aujourd'hui, la qualité de l'enseignement est proportionnelle à votre "fortune".
    L'arabe classique est une langue du passé, du présent- et de l'avenir, n'en déplaise à monsieur Ayouch. Notre autre langue Tamazigh a un grand avenir. Il suffit de se mettre au boulot.
    Le problème de toute langue trouve les causes de son rayonnement ou de sa décadence dans la puissance des peuples qui la parlent. Or l'arabe classique souffre de "l'arriérisme/sous-développement" التخلف quasi général que vit le monde arabe (y compris les pays arabo-amazighs du grand Maghreb). La tyrannie politique, le sous-développement économique, l'obscurantisme idéologique, les rapports sociaux moyenâgeux et j'en passe. Il y a un siècle, les européens riaient du chinois en tant que langue, en tant qu'écriture. C'était la Chine semi-féodale, la Chine arriérée. Aujourd'hui, on se bouscule pour apprendre le chinois, on fait les yeux doux aux Chinois...hier, le 3 décembre 2013, les chaînes européennes ont annoncé que le Yuan (monnaie chinoise) a surpassé l'euro. Yuan est devenu la 2ème monnaie des transactions internationales. Cette nouvelle ne reflète que la réalité des nouveaux rapports de force à l'échelle de la planète.
    Monsieur Laroui! si vous voulez assurer l'avenir de l'arabe classique, alors mettez vous au boulot en dénonçant les régimes despotiques (parmi eux le régime marocain), rangez-vous du côté des opprimés. Dénoncez le contenu de "notre" enseignement. A quoi ils servent التربية الاسلامية، التربية الوطنية، تاريخ السلاطين...الخ ؟
    Ali Fkir
    — avec Salah Elayoubi.
    --------------------------------------------------------------

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire