Notes de lecture, débats et quelques notes de musique
« Il
est grand temps pour la communauté internationale d’agir pour mettre un terme à
l’occupation marocaine criminelle du Sahara Occidental, afin que les Sahraouis
puissent jouir des droits à l’autodétermination et à la liberté pour lesquels
ils ont courageusement lutté durant de nombreuses années, au sein de terribles
conflits. J’espère vivement que cette publication portera le sort du peuple
sahraoui vers un public beaucoup plus large, et contribuera à ouvrir la voie
vers la fin de l’assujettissement brutal de la dernière colonie
d’Afrique. » Noam
Chomsky
Le Sahara occidental : un
simple bout de désert ?
Terre oubliée du nord-ouest de
l’Afrique, le Sahara Occidental a subi une centaine d’années de colonisation
espagnole avant l’actuelle occupation par le Maroc qui empêche
l’autodétermination de la dernière colonie du continent.
Une image qui fait écho à celle
de la Palestine, alors que le Sahara Occidental ne bénéficie pas de la même
attention de la part des médias.
Comment le droit international
se positionne-t-il, et comment est-il respecté ? Comment une occupation se
prolonge-t-elle depuis 40 ans dans le silence ? Pourquoi l’exploitation des
ressources naturelles se trouve-t-elle à la source du statu quo ? Que sont
devenus les droits de l’Homme et comment se transforme la culture
traditionnellement nomade du peuple sahraoui ?
15 spécialistes, témoins et
acteurs directs participent à cet ouvrage unique et contemporain, analysant ces
questions et proposant une vision globale et vivante de l’épineuse
« question » du Sahara Occidental.
Sous la direction de Denis
Véricel et Apso,les auteurs :Edouardo Galeano, Francesco Bastagli, Anna
Theofilopoulou, Oliver Quarante, Bill Fletcher Jr, Jacob Mundy, Vincent
Chapaux, Ayad Ahram, Juan Soroeta, Jeffrey Smith, Erik Hagen, Alice Wilson,
Tara Deubel, Sebastien Boulay, Mohamed Mouloud Mohamed Fadel.
Dernière colonie d’Afrique,
inscrite en 1963 par les Nations Unies sur la liste des territoires à
décoloniser, il reste étonnant que la situation des Sahraouis, des populations
du Sahara occidental, ne préoccupe plus grand monde, y compris dans les
mouvements anti-colonialistes. Que les grands de ce monde s’alignent sur les
thèses et les intérêts de la monarchie marocaine est une chose, que les
mouvements d’émancipation négligent le Front Polisario en est une autre.
Certains peuples seraient-ils plus égaux que d’autres ?
Les auteur-e-s analysent
l’histoire de cette région, la décolonisation « espagnole », la
Marche Verte de la monarchie marocaine, la construction d’un « mur de
défense » qui ressemble étrangement à celui que construisent les autorités
israéliennes pour « isoler » les populations palestiniennes,
l’occupation, les camps de réfugié-e-s, la troisième génération de Sahraouis
née dans l’exil…
Sur les « murs » je
souligne le beau texte d’Edouardo Galeano, « Finalement, ce mur qui
méritait de tomber est tombé, mais d’autres ont surgi et continuent de surgir
partout dans le monde. Bien qu’ils soient beaucoup plus hauts et longs que
celui de Berlin, on n’en parle que peu ou pas ». L’auteur parle aussi
de négation de droit de vote, de vol d’un pays par le Maroc, de reconnaissance
diplomatique des Sahraouis par 82 pays mais aucun d’Europe, « Ainsi le
Sahara est la dernière colonie d’Afrique. On lui a volé son indépendance ».
Le titre de cette note est inspiré d’une phrase de son texte.
L’ouvrage est divisé en quatre
parties :
·
Géopolitique
du conflit
·
Le
Maroc face au Sahara occidental
·
Le
Droit – Les ressources naturelles
·
Regards
anthropologiques
Les auteur-e-s parlent, entre
autres, de l’autodétermination sahraouie, de non respect des lois
internationales par l’État marocain « une puissance occupante n’avait
pas le droit de disposer des ressources naturelles d’un territoire placé sous
son contrôle », de mépris pour la Charte des Nations Unies, de
violation des droits humains, de pillage illégal des ressources, de la réussite
de la propagande marocaine, des soutiens et des investissements dont ceux de la
France… Dans cette première partie je souligne particulièrement l’article de
Bill Fletcher Jr « La lutte au Sahara Occidental : Dépasser son
invisibilité aux États-Unis »
Les auteur-e-s abordent aussi
« l’effort de marocanisation du territoire », les
pratiques de colonisation, les diasporas sahraouis, la minorisation des
« natifs » et des « natives », les constructions
médiatiques de la monarchie marocaine, les droits humains, l’usage de la force,
le mur, le droit humanitaire dans les territoires occupés, « Le Maroc
applique une politique calquée à celle d’Israël dans territoires occupés du
Sahara Occidental : la persécution policière, les détentions illégales, la
torture, l’immixtion dans la vie privée, et les restrictions de la liberté de
circulation et de résidence dont sont l’objet les Sahraouis sur leur territoire
sont pratiquées quotidiennement », l’appropriation/accaparement des
ressources, la corruption, les déplacements de population, les ressources
halieutiques et les droits concédés aux flottes de pèche européennes…
Enfin, dans la dernière partie,
sont analysés les élections et leurs modalités dans les camps de réfugié-e-s
sahraouis, « la préférence pour une démocratie directe plutôt que
représentative, et la concurrence électorale sans parti politique »,
les « identités » et l’intégration des minorités, la résistance et la
place de la poésie…
« Quarante ans sans
souveraineté, c’est compliqué et ça se paie ». En conclusion Mohamed
Mouloud Mohamed Fadel parle de l’éloignement du futur…
Sous la direction de Denis Véricel et Apso : Lutter au Sahara
Du colonialisme vers l’indépendance au Sahara occidental
Amis du Peuple du Sahara Occidental, Givors 2015, 290 pages, 15 euros
http://ap-so.blogspot.fr/p/lutter-au-sahara-le-livre.html
Didier Epsztajn