Par Demain avec AFP, 28/10/2011
Zakaria Moumni devant l'ambassade du Maroc à Paris avant qu'il ne soit arrêté par la police au Maroc
Rabat.- L’ancien champion de boxe Zakaria Moumni, détenu au Maroc depuis septembre 2010 et condamné pour « escroquerie » a été entendu jeudi matin par le tribunal de Rabat qui a rejeté sa demande de mise en liberté provisoire, a constaté un journaliste de l’AFP.
Lors de cette comparution, M. Moumni, 31 ans, a nié connaître l’identité des deux personnes qui l’auraient accusé de les avoir escroqués, et dénoncé des tortures subies par les agents de la DST (Direction de la surveillance du territoire, services de renseignement).
« J’ai été torturé pendant quatre jours dans un lieu secret avant d’être présenté devant un juge. Je n’ai jamais vu ceux qui m’ont accusé« , a-t-il déclaré à la cour.
Selon l’acte d’accusation du 30 septembre 2010 présenté au tribunal de Première instance de Rabat et qu’il dit avoir signé sous la torture, M. Moumni a avoué avoir soutiré à chacun de ces deux Marocains 1.200 euros, en échange de la promesse de leur trouver du travail en Europe.
Après l’avoir entendu, le tribunal a demandé que les deux accusateurs soient convoqués, a indiqué pour sa part le juge, qui a reporté la séance au 15 décembre.
L’avocat du boxeur, Me Abderrahim Jamaï, connu comme défenseur des droits de l’homme a, par ailleurs, demandé la mise en liberté provisoire, mais celle-ci a refusée par la cour, qui s’est prononcée en fin de matinée.
Le Parquet avait auparavant appelé à ce que la demande de liberté provisoire soit rejetée.
Condamné en octobre 2010 à trois ans de prison ferme, M. Moumni, qui résidait en France avant son arrestation et qui est marié à une française, a vu sa peine en janvier 2011 réduite à deux ans et demi en appel.
Au cours de l’audience de jeudi, le juge a demandé au boxeur s’il serait prêt à confronter les personnes qui l’accusent.
« Mais bien sûr M. le juge. Je ne demande que ça depuis plus de 13 mois. Mon seul tort est d’avoir honoré le drapeau de mon pays en gagnant le championnat du monde« , a-t-il répondu.
Dans une déclaration à l’AFP, Me Jamaï a précisé que la Cour suprême a explicitement demandé que les personnes qui accusent M. Moumni soit convoquées. Il est tout à fait normal que ces personnes confrontent l’accusé.
Mon client a toujours déclaré qu’il a été torturé par les agents de la DST. Ils lui ont dit au cours de ces quatre jours de détention illégale qu’il était dans +un abattoir pour hommes+, a ajouté M. Jamaï.
Depuis qu’il a remporté en 1999 le championnat du monde de boxe light-contact, M. Moumni réclame un travail dans l’administration au Maroc auquel il estime avoir droit en application d’un décret royal de 1967, ce que le gouvernement conteste.
Le ministre de la Jeunesse et des sports Mouncef Belkhayat a mis en cause ce droit, faisant valoir que ce décret s’applique uniquement, aux disciplines olympiques reconnues par le Comité international olympique (CIO).
Maintenant, tout le monde sait qui a ordonné l’arrestation de Zakaria Moumni. C’est après avoir embêté « Sidna » le sultan dans son château refuge de Betz, dans la région parisienne, que le boxeur a été arrêté. Auparavant, il avait eu une conversation houleuse avec le secrétaire particulier du roi, Mohamed Mounir Majidi (M3 pour les copains).
D’ailleurs, si la DST, une police politique qui ne répond que devant le roi Mohamed VI, est derrière l’arrestation et la torture subie par Zakaria Moumni, c’est bien pour une raison.
Bien entendu personne, pas même dans cette cour suprême de courbatures ne va appeler 3M pour déclarer.
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Un commentaire (parmi 7 autres)
Par Hatimi, 28 octobre 2011 - 17 h 06 min
« J’ai été torturé pendant quatre jours dans un lieu secret avant d’être présenté devant un juge. Je n’ai jamais vu ceux qui m’ont accusé«
Au delà des détails, ce qui est inacceptable c’est de constater que les mêmes pratiques de torture, détention dans des lieux secret, accusation fabriquées de toutes pièces (car franchement quand il y a accusation, la moindre des choses est de présenter les parties accusatrices, ), condamnations expéditives…toutes ces pratiques des régimes dictatoriaux, les pratiques de l’ère de Hassan2 sont bien vivantes sous le règne de son fils M6. On peut même constater que la torture, l’arbitraire, les dossiers louches où des innocents ont été expédiés dans les geôles du régime, se sont multipliés au cours de ces dix dernières années.
Prenez n’importe quel dossier d’atteinte aux Droits de l’Homme au Maroc depuis 1970, on retrouve systématiquement les même techniques, les mêmes méthodes et procédés.
Pourquoi ?
A mon humble avis, il n y a pas eu au Maroc une véritable réconciliation nationale. On n’a pas tourné la page des années de torture. On ne reconnaît pas encore les valeurs universelles des Droits de l’Homme.
Le régime a tout simplement calmé certains opposants en leur attribuant des indemnisations financières. Point. Il a acheté les opposants comme une vulgaire marchandise…
Les tortionnaires, les centres de détentions secrets, le recours à la torture, les inculpations fabriquées pour servir certains intérêts ou neutraliser ceux qui osent critiquer le régime…etc tout cela n’a pas changé.
Le cas de Rachid NINI est très similaire sur la forme : on l’arrête, on le jette en prison, et après on cherche une formule d’accusation absurde. Aucune des personnes critiquée dans ses articles n’a porté plainte contre NINI. Pourtant, le Palais l’a condamné pour 1 an de prison.
Ce qui est certain, il n’est pas possible d’édifier un Etat de droits sans condamner les responsables de torture, de corruption, de détournements et d’abus de pouvoirs.
Au Maroc, force est de constater avec amertume, que les réponses du régime aux problèmes socio-économiques et à l’aggravation de la mauvaise gouvernance dans tous les domaines, vont dans le sens d’Etat de non droit, un Etat où les plus forts, ceux qui gravitent autour du Roi ont tous les droits.
Mais, tous les démocrates qui aspirent à un Maroc juste et équitable pour Tous les Marocains continueront à dénoncer et à se battre contre cette gouvernance féodale.