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vendredi 2 juillet 2010

Amnesty International Maroc. Le harcèlement de journalistes critiques à l'égard de la politique du gouvernement doit cesser

Déclaration publique
Par AMNESTY INTERNATIONAL, 29/6/2010
Amnesty International lance un appel au gouvernement marocain pour qu'il cesse de harceler les journalistes qui critiquent les autorités ou commentent des sujets considérés « tabous », comme le statut du Sahara occidental et la question de l'autodétermination de ses habitants ou la monarchie, et pour qu'il respecte le droit à la liberté d'expression.
L'organisation lance cet appel peu après la condamnation d'un journaliste à une peine d'emprisonnement de six mois et alors qu'un autre journaliste doit être jugé sur la base d'accusations manifestement motivées par des considérations politiques.
Taoufik Bouachrine, journaliste et rédacteur en chef du quotidien Akhbar al Youm al Maghribyaa été condamné à une peine de six mois d'emprisonnement et à une amende le 10 juin après avoir été reconnu coupable d'escroquerie par le tribunal de première instance de Rabat. Il avait précédemment été acquitté en 2009 mais l'affaire a ensuite été rouverte par les autorités judiciaires, peut-être pour des raisons à caractère politique du fait de ses écrits critiques à l'égard du gouvernement. Il a interjeté appel et se trouve actuellement en liberté. Il avait été auparavant condamné à une peine de quatre ans de prison avec sursis en 2009 pour outrage au drapeau national et manque de respect dû à un membre de la famille royale.
Ali Amar, autre journaliste à s'être montré critique de la monarchie, doit comparaître pour escroquerie et vol au titre de l'article 505 du Code pénal. Son arrestation et l'interrogatoire mené par la police ont été entachés d'irrégularités. Il a été arrêté le 4 juin 2010 en même temps que Zineb El Rhazoui, par des policiers venus perquisitionner le domicile de celle-ci à Casablanca, sans produire de mandat comme l'exige pourtant la loi marocaine. Ali Amar et Zineb El Rhazoui ont été conduits au poste de police et interrogés pendant 12 heures, notamment sur leurs écrits, avant d'être libérés. Cependant, trois jours plus tard, Ali Amar a été arrêté à Rabat, ramené à Casablanca et placé en détention pendant 24 heures avant d'être inculpé dans le cadre d'une affaire de vol d'ordinateur. Lors de cette détention, il a été interrogé par la police et les forces de sécurité sur ses voyages à l'étranger, en Espagne et en France, ses liens avec des organisations de défense des droits humains et ses écrits en tant que journaliste. Il a comparu devant le tribunal de première instance de Rabat le 15 juin. Quelques jours auparavant, le 10 juin, Mohamed Naciri, ministre de la Justice, avait déclaré: « Le procès d'Ali Amar n'a rien à voir avec la liberté d'expression ou la liberté de la presse, il est poursuivi pour des infractions pénales, pour vol... Ali Amar essaie de donner une connotation politique à son procès... »
Zineb El Rhazoui, journaliste et co-fondatrice du Mouvement Alternatif pour les Libertés Individuelles (MALI), a également fait l'objet de harcèlement de la part des autorités dans le passé en raison de ses activités pacifiques.
Un autre journaliste, Omar Radi, qui écrit pour l'hebdomadaire Le Temps, aurait été frappé et insulté par des policiers à Rabat le 20 juin 2010, au cours d'une manifestation pacifique qu'il couvrait pour son journal. Au moins neuf autres personnes qui participaient à la manifestation auraient été agressées physiquement par des policiers.
L'Association marocaine pour les droits humains (AMDH) qui soutient depuis le début Taoufik Bouachrine et les autres journalistes cités précédemment, a subi récemment des pressions de la part du gouvernement et de certains médias. Après son 9èmeCongrès en mai 2010, l'AMDH a été publiquement critiquée par une partie des médias et des membres influents de la classe politique, notamment le Premier ministre Abbas El Fassi, qui l'ont accusée de soutenir le Front Polisario – une accusation que l'AMDH réfute avec vigueur et qualifie de calomnie visant à la discréditer vis-à-vis de l'opinion publique. En fait, l'AMDH est l'une des premières organisations à avoir fait campagne en faveur des droits humains au Maroc ; elle dénonce depuis de nombreuses années les atteintes aux droits humains perpétrées par les autorités marocaines au Sahara occidental et s'est toujours prononcée clairement en faveur de la laïcité au Maroc.
Complément d'information
Défenseurs des droits humains, journalistes, avocats et autres sont toujours confrontés à des actes d'intimidation et risquent même des poursuites lorsqu'ils franchissent certaines « lignes rouges ». Amnesty International lance un appel en faveur de l'abrogation ou de l'amendement des dispositions du Code pénal et du Code de la presse qui font de l'exercice pacifique du droit à la liberté d'expression un acte passible de poursuites pénales.
Amnesty International salue la remise en liberté d'Idriss Chahtane le 11 juin 2010 après une grâce royale accordée par le roi Mohamed VI. Prisonnier d'opinion, Idriss Chahtane était détenu uniquement pour avoir exercé pacifiquement son droit à la liberté d'expression. Le 15 octobre 2009, Idriss Chahtane avait été reconnu coupable au titre de l'article 42 du Code de la presse marocain de diffusion de fausses informations « dans le but de nuire », en lien avec un article publié dans l'édition de septembre 2009 de l'hebdomadaire Almichaal sur la santé du roi Mohamed VI. Le tribunal l'avait condamné à un an de prison et à une amende.
Ali Amar et Zineb El Rhazoui travaillaient tous deux pour Le Journal hebdomadaire, un magazine d'actualités, avant sa fermeture en janvier 2010, consécutive à l'imposition de plusieurs amendes infligées par les tribunaux dans le cadre de poursuites à caractère politique. Ali Amar a écrit un livre intitulé "Mohamed VI : le grand malentendu," publié en France en 2009 mais interdit au Maroc, dans lequel il critique la façon de gouverner de Mohamed VI. Zineb El Rhazoui avait été arrêtée en septembre 2009 à l'issue d'un sit-in organisé par le MALI pour protester contre la loi interdisant de manger en public pendant le mois du Ramadan ; elle est interdite de voyages à l'étranger.
L'ancien journal de Taoufik Bouachrine, Akhbar Al Youm, a été fermé par les autorités au moment de sa condamnation le 30 octobre 2009 – en même temps que Khader Gueddar, caricaturiste – pour outrage au drapeau national et non-respect dû à un membre de la famille royale ; les deux hommes ont été condamnés à quatre ans de prison avec sursis.
Dans une autre affaire, Chekib El Khiari, journaliste et défenseur des droits humains, purge une peine de trois ans d'emprisonnement dans la prison d'Oukacha à Casablanca. Amnesty International le considère comme un prisonnier d'opinion, incarcéré uniquement pour son action pacifique et légitime en faveur des droits humains et pour avoir critiqué ouvertement les autorités et responsables marocains. Il a été reconnu coupable d'insulte à une institution publique et pour avoir fait des dépôts non autorisés sur un compte bancaire ouvert à l'étranger et transféré de l'argent sans avoir obtenu les autorisations nécessaires.

بتاريخ: 29يونيو/حزيران 2010
المغرب: ينبغي الكف عن مضايقة الصحفيين بسبب انتقاداتهم
دعت منظمة العفو الدولية الحكومة المغربية إلى الكف عن مضايقة الصحفيين الذين ينتقدون السلطات أو يعلقون على قضايا تعتبر منالمحرمات"، ومن بينها وضع الصحراء الغربية وحق تقرير المصير لسكانها والملَكية، وإلى احترام الحق في حرية التعبير. "
وقد وجهت المنظمة هذا النداء بعد مرور فترة قصيرة على صدور حكم على أحد الصحفيين بالسجن ستة أشهر، ومواجهة صحفي آخر للمحاكمة بتهم، يبدو أنها ذات دوافع سياسة.
ففي 10 يونيو/حزيران، حُكم على توفيق بوعشرين ، وهو صحفي وناشر جريدة أخبار اليومالمغربية، بالسجن ستة أشهر ودفع غرامة بعد إدانته بتهمة النصب والاحتيال من قبل المحكمة الابتدائية بالرباط. وكان قد بُرأت ساحته في عام 2009، ولكن سلطات الادعاء العام أعادت فتح القضية، ربما لأسباب تنطوي على دوافع سياسية، وذلك بسبب كتاباته التي تتضمن انتقادات للحكومة. وقد رفع دعوى استئناف، وهو الآن مُطْلق السراح. وكان قد حُكم عليه في السابق بالسجن أربع سنوات مع وقف التنفيذ، بعد إدانته من قبل إحدى المحاكم في 30أكتوبر/تشرين الأول 2009، بإظهار عدم الاحترام للعلم الوطني، والإخلال بالاحترام الواجب لأحد أفراد العائلة المالكة.
ويواجه علي عمار، وهو صحفي آخر انتقد الملكية، المحاكمة بتهم النصب والاحتيال والسرقة بموجب المادة 505من القانون الجنائي. وكانت عملية اعتقاله واستجوابه من قبل الشرطة مشوبة بالتجاوزات. فقد قُبض عليه مع زينب الغزوي، في 4يونيو/حزيران،عندما اقتحمت الشرطة منـزل الأخيرة في الدار البيضاء وقامت بتفتيشه من دون إبراز مذكرة تفتيش كما يقضي القانون المغربي. واقتيد علي عمار وزينب الغزوي إلى مركز الشرطة، وتم التحقيق معهما لمدة 12ساعة حول كتاباتهما، ثم أُطلق سراحهما. ولكن بعد مرور ثلاثة أيام قُبض على علي عمار في الرباط، وأُعيد إلى الدار البيضاء، حيث احتُجز لمدة 24ساعة، ثم وُجهت إليه تهمة سرقة حاسوب شخصي. وأثناء فترة احتجازه هذه المرة، استجوبته الشرطة وقوات الأمن بشأن سفره إلى أسبانيا وفرنسا، وبشأن علاقاته بمنظمات حقوق الإنسان، وكتاباته الصحفية. وفي 15يونيو/حزيران مثُل أمام المحكمة الابتدائية في الرباط. وقبل ذلك ببضعة أيام، وتحديداً في 10يونيو/حزيران، صرح وزير العدل محمد الناصري علناً بأن "محاكمة علي عمار بعيدة عن أن تكون بسبب حرية التعبير وحرية الصحافة، فهو مطلوب على قضية تتعلق بالحق العام، منها السرقة...وإن علي عمار حاول أن يعطي طابعاً سياسياً لمحاكمته..." 2010
وكانت زينبالغزوي، وهي صحفية وعضو مؤسس في "الحركة البديلة للدفاع عن الحريات الفردية" (مالي)، قد تعرضت فيما مضى للمضايقة على أيدي السلطات بسبب أنشطتها السلمية.
و تعرض صحفي آخر، وهو عمر الراضي الذي يكتب لصحيفة "Le Temps"، للضرب والإهانة من قبل الشرطة فييونيو/حزيران 2010أثناء تغطيته أخبار مظاهرة احتجاج سلمية في الرباط. وذكر أنه تعرض ما لا يقل عن تسعة أشخاص آخرين كانوا يشاركون في المظاهرة لاعتداءات جسدية على أيدي الشرطة. 20
كما أن الجمعية المغربية لحقوق الإنسان، التي ما فتئت تقف في مقدمة الداعمين لتوفيق بوعشرين وغيره من الصحفيين المذكورين آنفا،ً تعرضت مؤخراً لضغوط من جانب الحكومة وبعض وسائل الإعلام نتيجة لذلك. وعقب عقد مؤتمرها التاسع في مايو/أيار 2010، تعرضت الجمعية لانتقادات علنية من قبل بعض وسائل الإعلام وكبار السياسيين، ومن بينهم رئيس الوزراء عباس الفاسي وآخرون، ممن يتهمونها بدعم "جبهة البوليساريو"- وهو اتهام ترفضه الجمعية المغربية لحقوق الإنسان بشدة، وتعتبره تشويهاً لموقفها بهدف نزع مصداقيتها في نظر الرأي العام. لقد ظلت الجمعية المغربية لحقوق الإنسان، في الحقيقة، في طليعة المنظمات المناضلة من أجل حقوق الإنسان في المغرب على مدى سنوات عدة، أدانت خلالها، مراراً وتكراراً، انتهاكات حقوق الإنسان التي ارتكبتها السلطات المغربية في الصحراء الغربية، وأعلنت التزامها الواضح بالعلمانية في المغرب.
خلفية
لا يزال المدافعون عن حقوق الإنسان والصحفيون والمحامون و غيرهم يواجهون الترهيب، وحتى الملاحقة القضائية، عندما يتجاوزونخطوطاً حمراء" معينة. وتدعو منظمة العفو الدولية إلى إلغاء أو تعديل أحكام القانون الجنائي وقانون الصحافة اللذين يجرمان الممارسة السلمية لحرية التعبير. "
وترحب منظمة العفو الدولية بإطلاق سراحإدريس شحتان، في 11يونيو/حزيران 2010،بموجب عفو ملكي أصدره الملك محمد السادس. وكان إدريس شحتان سجين رأي احتُجز بسبب ممارسته السلمية لحقه في حرية التعبير ليس إلا. ففي 15أكتوبر/تشرين الأول 2009، وُجد إدريس شحتان مذنباً بموجب المادة 42من قانون الصحافة المغربي بتهمة نشر معلومات كاذبة "بسوء نية" تتعلق بمقالة نشرها في عدد سبتمبر/أيلول 2009من جريدة المشعلحول صحة الملك محمد السادس. وقد حكمت عليه المحكمة بالسجن لمدة سنة واحدة مع دفع غرامة.
وعمل كل من علي عمار وزينب الغزوي مع الصحيفة الأسبوعية المغربية "Le Journal Hebdomadaire" قبل إغلاقها في يناير/كانون الثاني 2010في أعقاب فرض غرامات عديدة عليها من قبل المحاكم نتيجة لمحاكمات ذات دوافع سياسية. وكتب علي عمار كتاباً بعنوان: محمد السادس: سوء الفهم الكبير، نُشر في فرنسا، ولكنه محظور في المغرب بسبب انتقاده لحكم الملك محمد السادس. وفي سبتمبر/أيلول 2009،قُبض على زينب الغزوي إثر اعتصام دعت إليه الحركة البديلة للدفاع عن الحريات الفردية احتجاجاً على قانون يحظر الإفطار علناً في رمضان ومُنعت من السفر إلى الخارج.
وقررت السلطات إغلاق جريدة توفيق بوعشرين السابقة أخبار اليوم، عندما أُدين في 30أكتوبر/تشرين الأول 2009- مع خالد كدار، وهو رسام كاريكاتير- بتهمة عدم الاحترام الواجب للعلم الوطني وأحد أفراد العائلة المالكة. وقد حُكم على الرجلين بالسجن أربع سنوات مع وقف التنفيذ.
وفي حالة أخرى، يقضي الصحفي والمدافع عن حقوق الإنسان شكيب الخياري حكماً بالسجن ثلاث سنوات في سجن عكاشة في الدار البيضاء. وتعتبره منظمة العفو الدولية سجين رأي احتُجز بسبب عمله المشروع والسلمي في مجال حقوق الإنسان، وبالذات بسبب جهره بانتقاد السلطات المغربية والمسؤولين المغاربة. وقد اُدين بتهمة تجاهل المؤسسة العامة أو إهانتها، وفتح حساب مصرفي في الخارج وتحويل أموال من دون ترخيص.

Maroc : SMESI nouveau report de procès, deux autres jugements annoncés

Par Ali Fkir, 2/7/2010
I - les 13 ouvriers de SMESI et les deux sympathisants, tous condamnés à 4 mois de prison ferme et à 500 dh d'amende, ont été amenés le mardi 29 juin 2010 au tribunal (dans le secret le plus absolu) pour leur annoncer qu'ils passeront en appel le 13 juillet 2010.
II - les membres du secrétariat de la coordination de la province de Figuig (Bouarfa, Talsint, Beni Tadjit, Tandrara, Bouanane...) seront jugés le 13 septembre 2010
II - Les syndicalistes (CDT) de Talsint seront jugés le 28 septembre 2010
Ci-dessous deux rapports relatifs à ces événements(en arabe)
--- En date de : Mar 29.6.10, assal Hajjaj a écrit :
بدأت يومه الثلاثاء 29 يونيو 2010 محاكمة عمال سميسي 13 والمواطنين الاثنين إستئنافيا بمحكمة الإستئناف بخريبكة، وقد تم تأجيلها إلى غاية 13 يوليوز لإعداد الدفاع، وللتذكير فقد أدين الجميع خلال المحاكمة ابتدائيا ب 4 أشهر حبسا نافذا وغرامة 500 درهم يوم 7 يونيو 2010
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De: ali belghoud beni-tadjit 0667922349
Objet: [PAD-MAROC] تقرير مختصر حول المحاكمة ببوعرفة
تأجيل محاكمة الكونفدراليين والمعطلين ببوعرفة.
تم هذا اليوم 29 يونيو 2010 تقديم السؤولين النقابيين الكونفدراليين أمام المحكمة الابتدائية ببوعرفة في حالة سراح مؤازرين بمحامين عن الجمعية المغربية لحقوق الإنسان والكونفدرالية الديمقراطية للشغل ، وبحضور جمهور غفير من المتتبعين بعد أن وجهت لهما النيابة العامة تهمة التجمهر غير المرخص .
وقد التمس المحامون تأجيل الجلسة لتمكينهم من إعداد الدفاع ، وهو ما تم بالفعل حيث أجلت الجلسة إلى غاية 28 شتنبر 2010.
كما تم تقديم أعضاء السكرتارية الإقليمية للجمعية الوطنية لحملة الشهادات المعطلين للمحاكمة خلال نفس اليوم مؤازرين بعدة محامين من مدن مختلفة ، وقد تم تأجيل الجلسة إلى يوم 13 من الشهر القادم بطلب من الدفاع.
وتجدر الإشارة إلى انه بعد انتهاء الجلسة نظمت وقفة احتجاجية ناجحة رددت خلالها شعارات منددة بالاعتقال والمحاكمات الصورية . ملحوظة: نظمت الكونفدرالية الديمقراطية للشغل إضرابا إقليميا عرف نجاحا كبيرا في جميع القطاعات.
للنشر والمؤازرة

ali belghoud
GSM 0667922349
BENI-TADJIT

Unicef: L'école marocaine à la loupe



Par Mohamed Badrane | LE MATIN, 28/6/2010
L'organisation onusienne vient de rendre public un rapport élaboré par son bureau régional sur le système éducatif au Maroc. La présentation a eu lieu à Marrakech qui abrite la troisième rencontre de l'Unicef pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord sur la qualité de l'éducation dans la région.
«L'une des motivations pour le choix du Maroc est qu'il a abrité, dans le cadre du programme de coopération entre le gouvernement et l'UNICEF, un certain nombre d'expériences pilotes qui sont aujourd'hui considérées comme étant de bonne pratiques ».
Les propos émanent de Aloys Kamuragiye, représentant de l'UNICEF au Maroc. Le bureau régional de l'organisation onusienne vient en effet de présenter à Marrakech un rapport sur le système éducatif marocain à l'occasion de la troisième rencontre de l'Unicef pour le Moyen Orient et l'Afrique du Nord sur la qualité de l'éducation dans la région. Intitulé «École du respect : Réforme, participation, et innovation dans le système éducatif marocain», le rapport est le troisième du genre après deux autres qui ont étudié les expériences de l'Egypte et de la Jordanie dans le domaine éducatif. «Suite à la Conférence Arabe sur la Qualité de l'Education, tenue au Caire, Egypte, le bureau régional de l'UNICEF pour le Moyen Orient et l'Afrique du Nord a initié une série de documentations, des expériences réussies en matière d'éducation dans la région intitulé ‘'séries d'apprentissage''.
L'expérience marocaine en matière d'éducation de qualité est ainsi la troisième expérience documentée après l'initiative de l'Education de la Fille en Egypte et celle de la petite enfance en Jordanie», explique Aloys Kamuragiye.
Le choix du Maroc n'est pas donc fortuit. Les responsables du bureau régional de l'Unicef ont voulu présenter une radioscopie de la réforme marocaine dont les origines, selon le rapport, remontent à loin.
50 ans de réforme
Le document retrace ainsi le chemin parcouru par le Maroc depuis l'indépendance jusqu'au lancement de la réforme du système à partir des années 2000. Dans ce sens, les auteurs affirment que le royaume avait déjà initié une réforme au lendemain de l'indépendance. Une réforme qui fut à l'époque axée sur quatre piliers notamment l'arabisation, la marocanisation, l'unification et la généralisation. «Les infrastructures héritées de la période coloniale n'étaient pas unifiées.
Elles ne faisaient pas partie d'un système éducatif homogène puisque les écoles fondées par les colons suivaient une ligne parallèle par rapport aux établissements marocains comme l'université ‘'al Qarraouiyine''. De même, le système mis en place dans les zones dominées par la France fut différent de celui créé dans les régions colonisées par l'Espagne», lit-on dans le document. Cette situation a eu un impact direct sur la population marocaine. Car les écoles dirigées par les colons étaient très restrictives ,voire verrouillées. Même les élèves marocains qui intégraient ces établissements étaient pour leur part condamnés d'une manière générale à les quitter à la fin du cycle primaire.
Les résultats de cette politique ont été catastrophiques ,concourant considérablement à répandre le phénomène de l'analphabètisme parmi la population marocaine. Les chiffres sont édifiants. En 1960, le pourcentage des analphabètes était estimé à 87%.
Pour rattraper ce retard ,des actions furent menées dès la proclamation de l'indépendance du pays. En parallèle avec les efforts visant l'homogénéisation de l'école marocaine au Nord comme au Sud, une campagne d'alphabétisation a été lancée en 1956. Cette première initiative initiée par feu Mohammed V toucha un million de personne. Ce grand succès encouragea le Maroc à lancer une deuxième campagne qui a permis de doubler le nombre des bénéficiaires en le portant à deux millions de personnes. La lutte s'est poursuivie au fil des années. Et Les taux d'analphabétisme ont de facto fondu à 65% en 1985 et à 55% en 1994. Ce même pourcentage est estimé actuellement à 44%, selon les données contenues dans le rapport.
Cependant, les problématiques ont commencé à changer de nature à partir des années 80 du siècle dernier. Certes le nombre des élèves scolarisés ainsi que les diplômes augmentaient annuellement mais le marché du travail peinait d'année en année à absorber les vagues des étudiants formés dans les établissements publiques. D'autres stratégies de réforme ont été mises en œuvre. On en dénombre d'ailleurs plusieurs notamment celles de 1960-1964, 1973-1977, 1999-2003.
Un chantier qui est toujours en cours aujourd'hui avec un plan d'urgence 2009-2012. Pour les auteurs du rapport de l'Unicef, la succession des réformes entreprises dans ce domaine reflète une dynamisation constamment en quête du renouveau du chantier de la réforme au Maroc sans écarter les expériences acquises au préalable. Aujourd'hui, il est évident que le pays fait face à plusieurs défis. Si le royaume s'achemine à pas sûrs vers la généralisation de l'enseignement au primaire, les taux de déperdition scolaire demeurent relativement élevés. Le rapport de l'Unicef avance les causes derrières cette situation. Selon les auteurs, de nombreuses écoles manquent toujours d'infrastructures nécessaires (sanitaires).
La pauvreté amplifie également l'abandon scolaire puisque les enfants dans certains milieux sont contraints de travailler pour aider leurs familles et finissent ainsi par abandonner l'école.
Enfin, le document évoque également un certain regard négatif porté par certaines familles sur l'école ainsi que les mariages précoces.
Enjeu
L'éducation formation constitue aujourd'hui un grand défi pour le Maroc engagé dans une démarché de développement et de modernisation de ces institutions. Il était donc primordial d'engager une réflexion profonde pour la réforme du système éducatif. En 1999, une commission spéciale a été constituée avec un seul objectif : réformer l'école marocaine. Les réflexions menées ont abouti à une charte nationale d'éducation et de formation. Une sorte de feuille de route qui allait par la suite aiguiller les actions entreprises dans le domaine. Une année plus tard, un plan de réforme décennal est lancé.
En dépit des avancées, un long chemin restait à parcourir à quelques années seulement de la fin de la décennie de la réforme. C'est ainsi qu'un plan d'urgence est mis en œuvre à partir de 2009. ce dernier est destiné à booster la réforme.

jeudi 1 juillet 2010

Saïdia : La station balnéaire côté cour

Par Suzannah Horowitz, journaliste, barricades, 1/7/2010
• Aucune unité médicale opérationnelle sur place
• Hygiène, santé, entretien… Encore des griefs
• Le tourisme médical, un segment encore inexploité
LA station pilote du plan Azur vient de boucler sa première année en ce mois de juin. Après la période de rodage, des ajustements ont été opérés: extension de la marina, station-service pour l’approvisionnement du port de plaisance en carburant, renfort de sécurité, hypermarché et commerces, station d’épuration… Mais ces efforts ne doivent pas occulter les points noirs au tableau de cette station: les odeurs nauséabondes des eaux usées, des sacs noirs en plastique amoncelés non loin des parcours de golf, des lézards, des scorpions et même, tenez-vous bien… des serpents dans la broussaille entre les lots de villas et le port de plaisance!
Plus encore, l’inexistence d’une clinique revient sur toutes les langues. «Il est inadmissible de développer et lancer une station touristique de dernière génération sans y intégrer une clinique avec des équipements de dernier cri», relevait le président de la chaîne Iberostar, Miguel Fluxa Rossello, lors d’une rencontre sur l’investissement dans le tourisme à Casablanca, en présence de patrons de banques d’affaires internationales, du ministre de tutelle et de dirigeants de fonds d’investissement. «C’est un volet important qui a été jusque-là omis ou ignoré délibérément, le temps d’avoir de la visibilité sur ce business», s’accordent à dire de nombreux touristes sur place. De l’avis de plusieurs médecins, la spécificité du site fait que des milliers de touristes sont exposés au quotidien à des risques certains tels que les intoxications, brûlures, méningites, fièvres, turista, déshydratation… D’où l’obligation de mettre en place des unités d’urgentistes et de soins intensifs, suggère un médecin urgentiste.
Mieux, d’autres installations sont nécessaires pour les interventions d’urgence en chirurgie en plus de blocs pour les pathologies gynéco-obstétricales (accouchements prématurés, complications...), la réanimation, les urgences pédiatriques, l’hémodialyse...
D’ailleurs, l’accident vasculaire cérébral (AVC) est l’un des risques récurrents chez les populations âgées. Idem pour les infarctus du myocarde, la cardiomyopathie, les anévrismes, les insuffisances rénales ou encore les traumatismes crâniens et œdèmes suite à des accidents… Ce qui requiert l’équipement en ambulances médicalisées bien équipées. Aujourd’hui par exemple, l’évacuation d’un cas grave devra se faire en trois quart d’heures au minimum. L’hôpital le plus proche de la station, de surcroît public est El Farabi d’Oujda. Il est à trois quarts d’heures du site, à une soixantaine de kilomètres. L’autre hôpital Derrak, public lui aussi, mais encore plus petit et moins équipé, se trouve à Berkane (soit à une trentaine de km de la station). Pour l’heure, le seul projet médical de la station porte sur une clinique, en chantier depuis plusieurs mois. Interrogé sur l’absence d’une offre médicale dans la station, le management de Groupe Fadesa Maroc (GFM devenue Excelia, qui est une filiale du groupe Addoha) précise qu’un chantier est lancé dans ce sens. Mais pour qu’il devienne opérationnel, il va falloir que des praticiens manifestent de l’intérêt.

http://barricades.over-blog.com/
Relire aussi, dans Solidarité Maroc, 19/6/2009 :"Saïdia ou le grand fiasco immobilier"

La résistance face à la reddition

Par Ali Fkir1/7/ 2010
Ces derniers temps les divers appareils de l'Etat, des forces conservatrices, des forces occultes, ont entamé une campagne d'intimidation, de dénigrement, de calomnie contres les forces progressistes militantes, contre la résistance des masses populaires et cela au nom de la défense des "valeurs sacrées de la patrie". Tout est bon pour discréditer les forces qui résistent à la domestication makhzenienne.
Dans le cadre de la clarification et des mises au point, le secrétariat national d'ANNAHJ ADDIMOCRATI (la Voie Démocratique) a publié un communiqué où il réfute les allégations de certains milieux, allégations reprises et amplifiées par le quotidien "le sahara marocain" (journal officieux du makhzen) et du quotidien de l'USFP, parti qui a déjà essayé par le passé (1983) d'enterrer vivante l'AMDH. L'USFP et avec la bénédiction de l'Etat avait crée l'OMDH. L'USFP a dirigé le ministère de la justice pendant plus de 10 ans, période qui a connu des milliers d'arrestations, d'enlèvements...des militants de l'AMDH dont le grand militant Mohamed Bougrine ont été emprisonnés pour "atteinte aux valeurs sacrées", des étudiant-es (à leur tête la militante Zahra Boudkour), des ouvrier(ères), des paysans, des diplômé-es sans travail et autres exclus ont été réprimés sauvagement...période connue pour ses procès iniques...
L'USFP qui a pris le train du makhzen depuis des années, est aujourd'hui mal placée pour donner des leçons aux militant-es de l'AMDH, aux militant-es d'ANNAHJ ADDIMOCRATI, sur la démocratie interne...
ANNAHJ ADDIMOCRATI, les autres sensibilités marxistes, des centaines de militant-es des autres partis de "gauche" refusent de baisser les bras. Ils sont déterminés plus que jamais à continuer d'avancer sur le sentier de la résistance populaire, et cela quel que soit le prix à payer; ils refusent de se laisser enrôler dans "l'armée" ayant pour mission la défense des "valeurs sacrées de la patrie" , ils refusent de trahir la mémoire des martyrs Mehdi Ben Berka, Cheikh Al Arab, Dahkoun, Zeroual, Saïda Mnebhi, Jbiha, Bougrine...Ils refusent d'emprunter le train de la réaction, le train du conservatisme, le train du défaitisme et cela sous la houlette du makhzen.
Le débat d'aujourd'hui dépasse de loin le cas "AMDH", c'est un débat de choix fondamentaux, c'est un débat de repères idéologiques, c'est un débat qui fait le clivage entre le progressisme et le conservatisme, entre la résistance et la reddition, entre les valeurs et choix stratégiques révolutionnaires pour lesquels des milliers de marocain-es ont sacrifié leur vie , et les valeurs et choix stratégiques conservateurs imposés par l'impérialisme et les classes réactionnaires locales (surtout depuis 1961).
Faire face, théoriquement et politiquement, aux forces conservatrices, à la campagne qui vise actuellement l'AMDH, qui vise les forces du progrès...est un engagement historique qui nous interpelle.
Le 9ème congrès de l'AMDH n'est qu'une occasion qu'attendaient certains pour se débarrasser définitivement d'un héritage historique légué par des martyrs tels Mehdi Benbarka...Bougrine et Jbiha Rahhal. Ce n'est pas un pur hasard que des individus comme Mohammed Talbi qui a conspiré en 1996 (avec Driss Basri, ministre de l'intérieur de l'époque) contre l'OADP, et qui alimente aujourd'hui le quotidien de l'USFP par ses "contributions" nauséabondes, comme le "parlementaire" Radi (de l'UC)... prennent aujourd'hui la défense des détracteurs de l'AMDH, d'ANNAHJ ADDIMOCRATI...
Mohamed Talbi, cet ancien militant du panarabisme et de la jeunesse bassiste syrienne, converti au marxisme en 1969 (cerveau de 23 mars), avant qu'il ne dépose définitivement les armes et , corps courbé, se rende aux ennemis d'hier, et termine son parcours politique dans la bergerie de l'USFP, mouvement qu'il avait quitté en 1969.
Faire face, théoriquement et politiquement, aux forces conservatrices, à la campagne qui vise actuellement l'AMDH, qui vise les forces du progrès...est un engagement historique qui nous interpelle.
Les militant-es, quelle que soit leur "casquette politique", n'ont le choix qu'entre capitulation et résistance, entre conservatisme et progressisme
Communiqué du secrétariat national d'ANNAHJ ADDIMOCRATI

Par kitabanahj , 1/7/2010
À: pressemaroc@yahoogroupes.fr

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الكتابة الوطنية
بلاغ توضيحي
نشرت جريدة "الاتحاد الاشتراكي" ليوم الأربعاء 30/6/10 على صفحتها الأولى تغطية للقاء جمع الذين سحبوا ترشيحاتهم على اثر انتخاب اللجنة الإدارية في المؤتمر التاسع للجمعية.م.ح.ا بعدما كانت جريدة "الصحراء المغربية" ليوم 29/6/10 قد أصدرت تغطية مماثلة حول نفس اللقاء الذي انعقد يوم السبت 26/6/10 بمقر الحزب الاشتراكي الموحد بالدار البيضاء.وحسب نفس المصادر فان المجتمعين ينتمون إلى حزب الطليعة والاشتراكي الموحد وعدد من الحساسيات (؟)وكذا بعض المنتسبين أو المحسوبين على النهج الديمقراطي(؟).
وتضيف المصادر نفسها أن" المجتمعين شكلوا حركة تصحيحية واتفقوا على استمرار التنسيق إلى حين وأد الديكتاتورية وانتهاج التحكم والإقصاء والهيمنة الذي يحاول"، ما أسمته " تيار أمين عبد الحميد"،في إشارة إلى النهج الديمقراطي، "تسييده داخل الجمعية".
إن الكتابة الوطنية بعد تدارسها لمضمون وحيثيات هذه التغطيات تود توضيح للرأي العام الديمقراطي ما يلي:
1- نفيها القاطع لمشاركة أي عضو(ة)في النهج الديمقراطي أو منتسب(ة) إليه ولا محسوب(ة) عليه في الاجتماع المذكور وتعتبر مثل هذه الادعاءات مجرد أكاذيب في سياق الحملة المسمومة التي يتعرض لها النهج الديمقراطي والجمعية.م.ح.ا معا،أساليب تنزل بالصراع إلى مستوى بئيس لا يليق بالتنظيمات التي ينتمي إليها المجتمعون.
2- رفضها لهذا الأسلوب العدائي الذاتي لمعالجة التناقضات الذي يشخصن الأمور وتوضح أن النهج الديمقراطي ليس فيه تيارات وتستنكر الحملة المغرضة التي يتعرض لها عدد من رفيقاتنا ورفاقنا وفي مقدمتهم الرفيق أمين عبد الحميد،العضو في اللجنة الوطنية للنهج الديمقراطي واحد مؤسسي منظمة إلى الأمام وقادتها البارزين والذي نعتبره بالنظر لمساره الكفاحي الطويل مفخرة لشعبنا وكادحيه وطبقته العاملة.
3- إن موقع النهج الديمقراطي كمكون أساسي من بين مكونات الأغلبية في الجمعية والذي ينعت ،بغية التشويه، بالهيمنة هو نتيجة منظوره للنضال الديمقراطي الجماهيري وثمرة استماتة مناضلاته ومناضليه في الميدان ولم يحصل عليه بالكذب والبهتان والمغالطات أو دعم خارجي أو داخلي أو تحالفات غير مبدئية أو بالعنف وغيره من الأساليب غير الديمقراطية.وترفض كل أساليب الابتزاز وغيرها من الأساليب الملتوية التي تهدف في المحصلة النهائية إلى تحويل الأقلية إلى أغلبية.
4- دعوتها لتجنب أسلوب تأجيج التناقضات والنفخ في الخلافات والعمل على فتح نقاش هادئ حول كل الإجراءات التي من شأنها المزيد من تعميق التدبير الديمقراطي للاختلاف داخل الجمعية.
الكتابة الوطنية في 1/7/2010

La presse Marocaine : indicatrice d’une transition politique factice.

Par Aboubakr Jamaï, ancien directeur du Journal Hebdomadaire, juin 2010, spécial colloque information Maghreb
La dégradation de la situation de la presse indépendante au Maroc est indéniable. La palette des méthodes de répression du régime marocain n’a cessé de s’étoffer durant ces dix dernières années. Les procès iniques qui condamnent des journalistes à des  amendes ou à des « dommages et intérêts » énormes, ou même à des peines de prison ferme, se sont multipliés. Les boycotts publicitaires qui étranglent financièrement les entreprises de presse se sont intensifiés. Les campagnes diffamatoires orchestrées par les médias proches du pouvoir, dûment (des)informés par les officines sécuritaires de l’Etat, sont devenues monnaies courantes.
Jusqu’à un passé récent, les amis du régime expliquaient que les déboires de la presse libre étaient plus le fait des débordements de celle-ci que d’un retour aux pratiques de l’ère Hassan II. La presse indépendante serait allée plus vite que la musique, mais la musique serait toujours là. En somme, la libéralisation politique se serait poursuivie, l’état de droit consolidé, les affaires publiques gérées avec plus de transparence. Sauf que la presse ne tenant pas en compte la nature nécessairement graduelle du changement dans nos pays, se serait enivrée d’une liberté nouvellement acquise et en aurait abusé. Cet argument aurait un semblant de validité si la liberté de la presse était le seul domaine de régression. Or le régime de Mohammed VI a régressé ou au mieux stagné dans tous les domaines afférant à la gouvernance politique et économique du pays. Selon les indicateurs de gouvernance, publiés annuellement par l’institut de la Banque mondiale, le Maroc réalise en 2008, dans cinq dimensions de gouvernance sur les six étudiées, des scores moindres qu’en 2000, année
de transition entre le règne de Hassan II et celui de Mohammed VI.

 Source : 
Pour un Maghreb des droits de l’Homme Bulletin du Collectif d’associations*
maghrebddh@yahoo.fr
N°4. juin 2010, Spécial Colloque
LA LIBERTÉ D’INFORMATION EN PÉRIL DANS LES PAYS DU MAGHREB

Virée dans l’école sahraouie

L’espagnol et l’arabe dominent, le français et l’anglais sont souhaités 
Par : Larbi Graïne Le Midi Libre, 16/6/2010
La première question qui nous vient à l’esprit est celle-ci : pourquoi cette société vivant en autarcie dans le Sahara a pu accoucher d’un système éducatif qui a pu développer un enseignement de la langue espagnole au point où le taux de réussite avoisine les 100 % ?
Il y a une touche hispanique dans ce bout de désert du côté de Tindouf qui abrite le camp de réfugiés sahraouis. Quand on construit en dur, ça donne des édifices très bas, presque à ras du sol qui rappellent les forts mexicains. Ça tranche avec la couleur ocre et le style soudanais dont se revêtent les constructions à Timimoun ou à Adrar. Le blanc de la chaux est ici tout simplement surprenant. On dirait un pan de la blanche Andalousie transposé sur le sable. Les édifices qui veulent en imposer par leur solennité parce qu’incarnant les institutions de souveraineté, écoles, siège de wilayas, gendarmerie, etc., sont aussi sobres qu’élégants. (...) Les conditions climatiques incitent à pratiquer avec parcimonie les ouvertures sur les murs. Les vents, quand ils soufflent un peu fort, soulèvent les tornades de sable sur fond de chaleur suffocante. (...)
On est étonné par la nature des reproches adressés à l’ex-occupant. «L’Espagne n’a rien construit au Sahara occidental alors que la France a beaucoup fait au Maroc, au Sénégal et en Mauritanie où elle a construit des écoles, des rues et des chemins de fer» lance Smaïl Mbarek, 42 ans, célibataire enseignant de français au camp du 27-Février.
Smaïl Mbarek est licencié. Activiste à Laâyoune dans les territoires occupés par le Maroc, il eut maille à partir avec la justice marocaine qui le poursuivait pour sa participation à Intifada. Fuyant les exactions des autorités chérifiennes, il a fini par lâcher son poste d’administrateur avant de rejoindre les camps des réfugiés.(...)
Pour autant, le ressentiment anti-espagnol ne semble pas être une donnée générale. Le rapport qu’entretiennent les camps des réfugiés avec l’ancienne puissance coloniale semble s’être quasiment inversé.  (...)L’espagnol est massivement parlé par les enfants scolarisés. Pour autant le «hassania», le dialecte arabe local, a gardé toute sa vigueur. La maîtrise de la langue espagnole n’induit pas la perte de la langue maternelle. C’est celle-ci que parlent les Sahraouis entre eux, la langue espagnole n’étant utilisée qu’en situation de communication avec les étrangers. C’est dire que la notion d’hispanophonie n’existe pas encore dans cette société. «On n’éprouve pas de difficultés pour enseigner l’espagnol parce que les élèves passent chaque année les deux mois de vacances en Espagne. Les familles espagnoles les accueillent, et celles-ci à leur tour viennent chez nous passer des vacances d’une semaine» explique Bedda Mohamed Salem, 35 ans, enseignant d’espagnol au niveau du primaire, le seul cycle scolaire existant dans les camps de réfugiés avec le collège qui vient d’être lancé il y a à peine 2 années.
Né en 1975 dans les camps de réfugiés, Bedda Mohamed Salem, aujourd’hui père d’une petite fille, a obtenu un master à l’université de la Havane, capitale d’un pays considéré comme «ami». Il y a passé 14 ans. Depuis qu’il est revenu au bercail, il enseigne la seconde langue du pays dans le "camp du 27-Février" ainsi dénommé en référence à la date de la proclamation de la République arabe sahraouie démocratique.(... )
Le nombre d’élèves qui vont chaque année passer leurs vacances au pays de Cervantès atteint annuellement plus de 5 mille selon Hamdi El Bah, secrétaire général de l’enseignement dans la wilaya de Dakhla. Ce chiffre, précise-t-il, concerne l’ensemble des wilayas. Selon lui, la présence de ces élèves en Espagne contribue à la sensibilisation de l’opinion à la cause sahraouie.
Les écoles sahraouies si elles sont rudimentaires en ce qu’elles sont faites souvent de murs en argile avec comme toit une simple plaque de zinc, dégagent un air de douceur qui les fait se confondre avec des intérieurs domestiques. Le mobilier qu’on trouve dans les classes est moins austère, plus varié. Les murs y sont soigneusement décorés. On voit des couleurs égayantes partout comme si on était dans une chambre d’enfants. Des graffitis et même des tags sont tracés sur les murs, on lit le mot « Liberté » en arabe et en français. On voit des petits meubles peinturlurés visiblement fabriqués à la main . Les filles autant que les garçons arborent la blouse blanche. La coiffe féminine espagnole formée par les deux tresses ornées de rubans rouges va très bien aux filles sahraouies.
La relative surcharge des classes (il y a en moyenne entre 30 et 35 élèves par salle de cours) n’est pas vécue par ici comme un handicap. Dans le camp du 27- février, les jeunes semblent moins nombreux, on croise plus de femmes et d’enfants que d’adolescents. On croirait que dans un tel campement où il n’y a ni usines ni grands chantiers, les parents seraient plus disponibles pour être au plus près de leurs petits enfants. Mais ces derniers sont plutôt envoyés dans la maternelle locale qui compte 2 classes. 
B. Fatima, 48 ans, mariée à un militaire, y exerce le métier d’éducatrice depuis 1981. Elle a fait sa formation dans des stages organisés au niveau de l’établissement. Elle a pu se perfectionner en 1987 en suivant un stage dispensé par l’association humanitaire «Carritas». Elle encadre les enfants âgés entre 1 et 3 ans. Elle leur apprend comment se laver les mains et le visage, nouer les chaussures et utiliser la craie, distinguer entre les couleurs, etc. Les enfants sont retenus à la maternelle entre 9h et 13h 30 en hiver et entre 8h et 12h 30 en été. Le système éducatif sahraoui repose donc sur le préscolaire et le primaire en attendant que le cycle moyen fasse son bonhomme de chemin. «Les collèges et le secondaire vont être mis en place dans un avenir proche» assure Hamdi El Bah. Et celui-ci de préciser : «Nous avons lancé les collèges depuis 2 ans et je peux vous dire que c’est une réussite à 100 %». Selon lui, les noyaux de lycées vont être mis en place dès l’année prochaine.
(...) Depuis quelques années, on commence à s’intéresser au français, cette langue a été introduite en 5e année primaire surtout pour permettre aux élèves sahraouis qui vont étudier au sein des établissements algériens d’être au diapason avec leurs voisins qui n’ont pas l’espagnol comme langue étrangère.
Hamdi El Bah fait valoir les réalisations du système éducatif sahraoui. Il parle de la sahraouisation de l’effectif enseignant puisqu’au départ l’enseignement était assuré par des étrangers venus de Cuba ou d’Algérie. La plupart de ceux qui encadrent l’enseignement sahraoui sont formés dans les instituts de formation pédagogique algériens. Hamdi El Bah reconnaît que les résultats relatifs à l’enseignement de la langue espagnole «sont de loin meilleurs que ceux qui concernent la langue arabe». «Je peux vous dire que presque 95 % des élèves réussissent en espagnol contre 40 % en arabe» poursuit le SG de l’enseignement de la wilaya de Dakhla, une wilaya qui compte - tous cycles confondus - 2.600 élèves, 200 enseignants environ et 8 éducatrices. «Depuis la fin des années 90, l’école sahraouie a opté pour la méthodologie algérienne et a annulé les directives datant de 1976 en raison du fait que la majorité des élèves pour ne pas dire l’ensemble qui vont poursuivre leur cursus scolaire à l’étranger sont accueillis par l’Algérie». (...).
Un autre atout que fait valoir le SG de l’enseignement de Dakhla : la baisse du taux d’analphabétisme. Selon lui, «il n’ y pas quelqu’un qui ne sait pas lire et écrire» et d’ajouter : «Seuls 2 ou 3 % sont analphabètes» de quoi justement faire pâlir d’envie les pays les plus développés. A ce propos , les démographes disent que la baisse de la natalité est étroitement liée à la généralisation de l’instruction.

Belgique : Constitution d'un comité de soutien à l'AMDH

DÉCLARATION
Par Lhoussaine, transmis par Ali Fkir, 30/6/2010
L'Association marocaine des droits humains (AMDH), créé le 24 juin 1979, est une organisation de défense de l'ensemble des droits humains dans leur acception universelle et dans leur indivisibilité.
A la suite de son 9ème Congrès national tenu du 20 au 23 mai 2010, l'AMDH subit une campagne médiatique et politique particulièrement agressive. Une presse aux ordres du pouvoir et quelques partis politiques d'un autre âge s'en sont pris à l'action et à l'engagement de l'AMDH dans sa défense des droits humains en général et des droits et libertés des citoyennes et citoyens marocains en particulier.
 
 La popularité croissante et la légitimité de l'AMDH dans tous les milieux de la société civile marocaine indisposent manifestement le système makhzenien (l'appareil étatique marocain de type féodal) dont les attaques visent les militants des droits de l'homme que le pouvoir veut museler. Leur voix libre et indépendante ne peut être étouffée.
L'AMDH est solide et, tels les monts de l'Atlas, profondément ancrée dans la société civile et dans son époque. Les agressions subies par ses membres ne peuvent toutefois laisser indifférents les démocrates de Belgique et d'ailleurs, attachés aux valeurs universelles promues par l'AMDH.
Ce 29 juin 2010 un comité de soutien s'est donc constitué à partir de Bruxelles et a l'ambition de réunir le plus grand nombre possible d'adhérents et de sympathisants qui voudraient apporter leur voix dans la dénonciation des attaques actuellement perpétrées contre l'AMDH au Maroc.
Toute femme, tout homme intéressé par ce Comité de soutien est invité à communiquer ses coordonnées à l'adresse suivante : csk.AMDH.belgium@gmail.com
Les membres constitutifs du Comité de soutien :
- Saîd BEJI - Fonctionnaire – Blogosphère
- Mohamed BELFILALIA - Acteur associatif et militant des droits humains
- Naïma BENTAYEB - Actrice associative et militante des droits humains
- Farid DERRAS BERRAHAL - Acteur associatif et militant des droits humains
- Himi BOUCHAOUI - Membre du Bureau politique du Parti Communiste de Bruxelles Wallonie
- Hamid BOUSEGHIR - Membre de l'AMDH
- Said EL AMRANI - Acteur associatif et militant des droits humains
- Abdellah EL HAJI - Enseignant
- Said KARAOUI - (Voix Démocratique Belgique)
- Abderrahim MHASSNI - Membre de l'AMDH Belgique
- Aziz MKICHRI - Secrétaire général de SOS Migrants a.s.b.l.
- Rachid MOUMNI - Président du Comité préparatoire Organisation Euro-Amazigh
- Lhoussaine OUACHEN - Secrétaire de l'a.s.b.l. Afrique-Bruxelles pour la bonne gouvernance
- Philippe SCHWARZENBERGER - Ancien président de la Fédération des associations de parents de l'enseignement officiel et de la section du parti Socialiste de la Ville de Bruxelles
- Luc VANCAUWENBERGE - Parti du Travail de Belgique (PTB)
- Rachid ZAHI - Acteur associatif et militant des droits humains

mercredi 30 juin 2010

L'AMDH mérite notre soutien plus que jamais


Par Ali Fkir, 29/6/2010
L’AMDH est plus que jamais dans le collimateur de l’Etat. Toutes les forces conservatrices se sont mobilisées en véritable meute. «  Les valeurs sacrées seraient en danger »  à cause de l’AMDH.
On reproche à l’AMDH 
-  de défendre le principe de l’institutionnalisation de tamazight, 
-  de défendre le principe de la laïcité en tant que l’une des caractéristiques d’une société démocratique, 
-  de défendre le principe du respect des libertés individuelles, 
-  de défendre une solution démocratique au conflit du Sahara. 
Voila ce qu’on reproche à une association qui a  pour mission (voir ses statuts) la défense des droits humains dans leur globalité et dans leur universalité tels qu’ils sont mentionnés dans la déclaration universelles des  droits de l’Homme (1948), repris et développés dans un certain nombre de chartes et de conventions internationales.
A L’Etat et aux  forces réactionnaires classiques, se sont joints certains groupes  de chauvins,  certains néo-religieux, certains néo-makhzaniens …pour réclamer la tête de l’AMDH.
Dans cette tourmente caractérisée par l’intimidation, la calomnie, le dénigrement …l’AMDH est plus forte que jamais. C’est grâce à ses 10 400 militant-es, à des milliers de sympathisant-es, à la solidarité nationale et internationale.

Elle a commémoré son 31ème  anniversaire avec succès.(...)

FRANCE : POUR UNE RADIO PUBLIQUE INDEPENDANTE

APPEL A LA MOBILISATION
Nous, auditeurs-trices et salarié-e-s de Radio France (France INTER, France INFO, France BLEU et ses 42 locales, France CULTURE, France MUSIQUE, LE MOUV’, FIP) refusons la main mise du pouvoir en place sur les antennes de la radio publique. Les suppressions injustifiées d’émissions, les licenciements sans ménagement de producteurs-trices et de  chroniqueurs-euses dont ceux de Didier Porte et Stéphane Guillon sont les plus symboliques, mettent en évidence la mission confiée par Nicolas Sarkozy à la direction de Radio France : transformer les antennes de la Radio Publique en machine de guerre électorale à son profit.
Les antennes de la radio de service public sont celles de tous les citoyen-nes et non pas la propriété d’un clan.
Nous exigeons :
· Le respect et la garantie de la liberté d’expression, de l’indépendance des programmes et de l’information sur les radios de service public.
· Le respect du travail des rédactions de Radio France.
· Le droit à l’impertinence, à la différence.
· Des propositions professionnelles réelles et sérieuses pour les producteurs-trices écarté-e-s des antennes de Radio France .
Et demandons le retour sur l’antenne des chroniques de Didier Porte et Stéphane Guillon dans la matinale de France Inter et dans l’émission le fou du roi.
Nous, auditeurs-trices et salarié-es sommes attaché-e-s aux valeurs qui ont bâti la radio de service public.
ARRETEZ DE CASSER NOS ANTENNES !
Retrouvons nous tous ensemble, auditeurs-trices et salarié-e-s, JEUDI 1er juillet 2010 à 18h :
• devant les locaux des France Bleu en région et du Mouv’ à Toulouse.
• devant la Maison de la Radio à Paris.
(116 Av du Président Kennedy, 75016)
SIGNEZ LA PETITION DE SOUTIEN SUR :
Avec le soutien de l‘intersyndicale de Radio France

Leila Shahid:"Alléger le blocus de Gaza est loin d'être suffisant, il faut l’abolir !"

Par Soundouss El Kasri et Younes Foudil, Au Fait, 27/6/2010 
Rencontrée au festival d'Essaouira Gnaoua et Musiques du Monde où elle était l'invitée d'André Azoulay, conseiller du Roi Mohammed VI et Président de l'association Essaouira Mogador, Leïla Shahid, déléguée générale de l’Autorité palestinienne auprès de l’Union Européenne, revient sur les relations Fatah/Hamas, le processus de paix, la position européenne, mais aussi le Tribunal Russel. Rencontre.
Israël continue, en toute impunité, à imposer un blocus de la Bande de Gaza empêchant, manu militari, les convois d’aide humanitaire. Qu'elle a été la réaction des pays Européens face à l’attaque meurtrière du 31 mai contre la flottille humanitaire? Pensez-vous que l’Europe est prête à revoir ses relations avec Israël sous la pression de l’opinion publique internationale ?
Cette action de la flottille est citoyenne. Elle a commencé avec des associations en Europe longtemps avant les Turcs. En fait, il était difficile de continuer d’être indifférent à cette tragédie d’un châtiment collectif imposé à un million et demi de civils à Gaza sous prétexte de punir le Hamas. Ceux qui y ont participé sont des citoyens lambda d’Angleterre, d’Irlande, de Belgique … notamment les membres du mouvement “Free Gaza” et “ Viva Palestine”. Ce sont des mouvements multiconfessionnels, multiculturels et multinationaux.
De mon point de vue, la signification de cette flottille est surtout l'intervention des sociétés civiles et des citoyens dans le champ politique du Moyen-Orient. C’est la première fois qu’il y a une implication internationale de mouvements associatifs et de citoyens qui se regroupent autour d’un objectif: casser un blocus dans lequel sont complices beaucoup d’États, notamment les États-Unis et les membres de l’Union Européenne. La responsabilité européenne et américaine est totale parce qu’ils pensaient qu’en imposant ce siège, les gens finiraient par se révolter contre le Hamas, mais c’est le contraire qui s’est produit.
Pour ce qui est de la réaction européenne après l’attaque de la flottille, il faut distinguer entre l’opinion publique et les gouvernements. L’opinion publique est reflétée par le parlement européen à Bruxelles qui a été unanime, abasourdi par la criminalité de l’acte. Pour elle, le fait d’attaquer une flottille de citoyens internationaux qui n’étaient pas armés dans les eaux internationales était inacceptable.
En l’espace d’une semaine, on a assisté à des positions très claires des différents groupes politiques au sein du Parlement Européen qui a adopté une résolution condamnant l’acte et demandant à Madame Ashton, vice présidente de la Commission Européenne, en charge des affaires étrangères, de diligenter une enquête internationale et la levée totale du bouclage. Actuellement, l’UE étudie comment elle pourrait assurer l’ouverture des six points de passage et non uniquement celui de Rafah. De mémoire, en tant que représentante de la Palestine en Europe, je n’ai jamais vu les médias et l'opinion publique autant mobilisés.
Malheureusement, au niveau des Etats ce n’est pas la même chose, puisque les 27 n’ont pas une position claire et unie et la position du Conseil est plus forte que celle du Parlement. Le fonctionnement des institutions européennes privilégie plus les décisions du Conseil puisque les décisions du Parlement n’ont pas un caractère obligatoire. Désormais, l’Union Européenne essaie de récupérer cette émotion très sincère de son opinion publique pour aboutir à la proposition de Tony Blair. Mais cette proposition n’a aucun intérêt pour nous puisqu'elle consiste seulement à augmenter la liste de produits qui entrent à Gaza.
Pour notre part, alléger le siège est loin d'être suffisant, il faut l’abolir. C’est pour ça que des bateaux continueront de partir vers la région jusqu’à la levée totale du blocus.
Des voix de plus en plus importantes s’élèvent au sein de la diaspora juive depuis l’attaque de la flottille. Est-ce que vous pensez que ceci pourrait faire basculer un peu la position des Israéliens et des Américains?
L’opinion publique mondiale est très importante pour Israël et surtout celle de la diaspora juive. Nous avons vu des positions très courageuses s’exprimer à travers des organisations représentantes de la diaspora juive américaine comme “J Street”, ou encore en Europe, mais aussi de citoyens israéliens. Pour exemple, un commentateur israélien, Daniel Bensimon, a dit en substance “ce que nous avons fait est très grave. Nous ne sommes capables que de tirer avant de parler”.
On a l’impression qu’il y a deux Palestine, l’une en Cisjordanie sous autorité du Fatah et l’autre à Gaza sous influence du Hamas. Cette division porte atteinte à l’unité du peuple palestinien dans sa lutte contre l’occupant et offre des arguments à Israël et ses alliés pour refuser de reprendre les pourparlers de paix et éterniser le blocus de Gaza. Quels sont les véritables points de discorde entre les deux mouvances? Y a-t-il des perspectives de réconciliation dans le court terme?
Cette division entre le Hamas et le Fatah et entre Gaza et la Cisjordanie est une réelle tragédie, et elle peut être la fin de la cause palestinienne. Mais il faut la comprendre même s’il ne faut absolument pas l’accepter. Le mouvement de libération de la Palestine est loin d’être un long fleuve tranquille. Il allait du mouvement d’extrême Gauche de George Habach, jusqu’aux islamistes en passant par les sociaux-démocrates du Fatah. Arafat a passé une bonne partie de sa vie à apprendre aux différentes sensibilités des Palestiniens à coexister. Le plus grave dans cette division ne réside pas dans la divergence d’opinions, mais dans le recours à un affrontement armé et à des liquidations physiques entre militants. Mais pourquoi ceci est arrivé?
L’échec des accords d’Oslo et la promesse non tenue de la création d’un État Palestinien qui devait avoir lieu en 1999 étaient tels que les gens ont voté pour le Hamas, sanctionnant ainsi politiquement le Fatah. D’un autre côté, en refusant les résultats des urnes qui ont permis au Hamas d’accéder démocratiquement au pouvoir, les pays européens et les USA contribuent à planter les germes d’une guerre civile.
Il faut signaler qu’il y a aussi une part de responsabilité palestinienne parce qu’il y a des responsables qui se sont habitués à être au pouvoir au sein du Fatah et qui sont devenus complices des USA et de l’Union Européenne en refusant de reconnaître la victoire des islamistes du Hamas. Sans oublier la complicité de certains pays arabes qui ne veulent pas que des islamistes arrivent au pouvoir. Il y a la croyance qu’en volant la victoire au Hamas, ils seraient assurés qu’ils n’accéderont jamais au pouvoir.
Mais c’est le contraire qui s’est passé parce le fait de reconnaître leur victoire, contribue à les faire passer pour des martyrs et à les disculper de devoir montrer qu’ils sont capables de faire mieux que le Fatah en matière de gestion nationale et locale. La seule voie à une réelle réconciliation est le retour le plus tôt possible aux élections.
Ce que je demande au Hamas et au Fatah est de “souscrire” à un contrat de bonne conduite jusqu’à la fin des élections pour permettre aux candidats, notamment les indépendants de faire leur campagne dans la sérénité.
La division entre le Fatah et le Hamas est une réelle tragédie pour la cause palestinienne.
La reprise des négociations entre Palestiniens et Israéliens tarde toujours malgré les nombreuses visites de George Mitchell, l’envoyé spécial américain au Proche-Orient, et la médiation de certains pays comme l’Egypte et la Turquie. Où en est actuellement ce processus de paix et quelles en sont les perspectives de dégel?
En réalité, Israël n’a jamais voulu de processus de négociations. En tout cas je parle de cet Israël qui n’est pas seulement celle du Likoud. En effet, Ehud Barak qui est président du Parti Travailliste (gauche) est pire que Netanyahu qui est chef du Likoud et Tzipi Livni de Kadima n’est pas très différente des deux.
Il y a au sein de cet establishment ce que Arafat appelait l’“OAS israélien”, qui est une partie de l’armée qui n’accepte ni un État palestinien, ni une entité palestinienne, ni même une autodétermination palestinienne. Et donc, depuis Yitzhak Rabin, tous ceux qui sont venus après lui n’ont pas vraiment voulu la paix. Il faut rappeler que Sharon et Barak ont voté contre les accords d’Oslo au sein du Parti Travailliste qui se dit socialiste.
Il est clair que le fait qu’on soit divisé donne un alibi à Israël pour ne pas relancer le processus de paix ce qui lui permet de gagner du temps. Le monde entier est convaincu de la nécessité d’un État palestinien. Ce n’est pas pour les beaux yeux des Palestiniens mais c’est parce que les États-Unis et les Européens ne peuvent plus accepter la menace que constitue l’instabilité au Proche-Orient.
On aurait dû avoir un sommet de l’Union pour la Méditerranée il y a deux semaines, mais il a été annulé, parce que personne ne voulait s’asseoir avec Netanyahu. Maintenant, Israël n’est plus un atout pour les États-Unis comme pendant la Guerre Froide. Pire, il est devenu un fardeau pour leurs intérêts stratégiques. Les États-Unis veulent avancer dans le conflit en Afghanistan mais tant que le conflit israélo-arabe n’est pas résolu, les pays arabes ne cautionneront aucune action américaine dans la région.
Donc, pour toutes ces raisons, il y a sur le plan international, une volonté de créer un État Palestinien sur la base des frontières de 1967 et ceci est la plus grande menace pour Israël. Donc il essaie non seulement d’utiliser l’alibi de la division Hamas/Fatah, mais il est capable d’attaquer l’Iran dans une sorte de fuite en avant obligeant ainsi les Américains à les soutenir en raison de l’hystérie qu’il y a aujourd’hui autour des armes nucléaires iraniennes.
Les israéliens s’inquiètent beaucoup du rapprochement de Barack Obama avec l’OLP et le Président Mahmoud Abbas et de la position de l’Union Européenne parce que c’est leur premier partenaire économique et commercial. Ce qu’ils essayent de faire est de gagner du temps en retardant l’échéance d’un État palestinien tout en imposant des faits accomplis irréversibles comme ce qu’ils sont en train de faire à Al Qods qui est totalement annexée aujourd’hui. Ils sont en train de vider la population arabe de la ville. Al Qods arabe est complètement noyée au milieu de 280.000 colons israéliens. Le monde arabe est lui malheureusement dans un état de torpeur. Il est “très fort” au niveau des discours mais dans la pratique, il ne fait pratiquement rien.
Le monde arabe fait beaucoup de discours mais rien de concret au finish.
En mars 2009, vous avez fondé en compagnie de personnalités de divers horizons, notamment des prix Nobel, d’anciens présidents, ministres, hommes de lettre… un tribunal d’opinion appelé “Tribunal Russell sur la Palestine”. Pouvez-vous nous en dire plus sur ses objectifs, ses moyens et la portée effective ou symbolique de ses actions ?
J’ai lancé avec Nourit Peled, militante de la paix et lauréate du Prix Sakharov, un appel pour la création d'un Tribunal pour la Palestine similaire à celui pour le Vietnam et l’Amérique Latine. Nous avons été agréablement surprises lorsque nous avons recueilli les signatures de toutes ces personnalités internationales et que nous avons été en mesure de mettre en place un jury d’une très grande qualité qui a déjà tenu à Barcelone le premier chapitre de ce tribunal, consacré à l’évaluation de la politique Européenne. Il s’agissait d’évaluer le potentiel de l’Europe et les résultats sur le terrain concernant ce conflit.
Vers la fin de cette année, nous aurons un autre chapitre à Londres consacré quant à lui à la responsabilité des sociétés multinationales dans ce conflit. En 2011, nous aurons un troisième chapitre en Afrique du Sud dédié à la comparaison du système d’Apartheid avec celui pratiqué par Israël à l’encontre des Palestiniens et un quatrième chapitre sera organisé à New York et traitera du rôle des Nations Unies.
Pendant des années, les associations de la société civile au niveau international étaient solidaires, mais symboliquement comme pour le Vietnam, le Timor Oriental… Ce qui est intéressant pour le cas palestinien aujourd'hui, c'est que les sociétés civiles et les ONG essayent de penser en termes d’action politique. Dire la solidarité ne suffit plus. Il faut trouver des formules plus offensives pour tordre le bras aux États, aux Nations Unies et au Conseil des Droits de l’Homme. Le Tribunal Russel, n’a pas un pouvoir exécutif, il ne peut que recommander mais l’impact de ses verdicts a une très grande valeur symbolique, en raison de la respectabilité de son jury.
L’une des fonctions du Tribunal Russel est de donner des argumentations contre les sociétés multinationales qui s’activent dans les colonies. Nous avons actuellement un procès contre Véolia et Alstom parce qu’ils sont en train de construire un Tramway dans les territoires occupés d’Al Qods qui va permettre aux colons d’agrandir leurs colonies. Nous avons eu un procès à la Cour Européenne de Justice en Luxembourg qui, à la demande de l’Allemagne, a interdit l’importation des machines Bretta qui sont fabriquées dans les colonies.
Il y a donc des possibilités à travers l’argumentation juridique, de combattre Israël. C’est une autre forme de résistance dans laquelle est impliquée la société civile internationale et qui n’est pas seulement symbolique, mais qui est de faire du “Ressource Work”, le travail de ressources et d’arguments à donner aux citoyens pour contrecarrer les projets israéliens.
Quelle est à vos yeux l'urgence pour entamer le règlement de ce conflit?
Pour moi, le plus important est de mettre fin à l’occupation militaire parce que cette occupation est le plus grand danger pour le peuple palestinien. Elle est porteuse d’atomisation de notre société et elle plante les germes de la division et de la guerre civile. Elle cherche non plus à contrôler, mais à détruire notre société de l’intérieur.