Par Mohamed Badrane | LE MATIN, 28/6/2010
L'organisation onusienne vient de rendre public un rapport élaboré par son bureau régional sur le système éducatif au Maroc. La présentation a eu lieu à Marrakech qui abrite la troisième rencontre de l'Unicef pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord sur la qualité de l'éducation dans la région.
«L'une des motivations pour le choix du Maroc est qu'il a abrité, dans le cadre du programme de coopération entre le gouvernement et l'UNICEF, un certain nombre d'expériences pilotes qui sont aujourd'hui considérées comme étant de bonne pratiques ».
Les propos émanent de Aloys Kamuragiye, représentant de l'UNICEF au Maroc. Le bureau régional de l'organisation onusienne vient en effet de présenter à Marrakech un rapport sur le système éducatif marocain à l'occasion de la troisième rencontre de l'Unicef pour le Moyen Orient et l'Afrique du Nord sur la qualité de l'éducation dans la région. Intitulé «École du respect : Réforme, participation, et innovation dans le système éducatif marocain», le rapport est le troisième du genre après deux autres qui ont étudié les expériences de l'Egypte et de la Jordanie dans le domaine éducatif. «Suite à la Conférence Arabe sur la Qualité de l'Education, tenue au Caire, Egypte, le bureau régional de l'UNICEF pour le Moyen Orient et l'Afrique du Nord a initié une série de documentations, des expériences réussies en matière d'éducation dans la région intitulé ‘'séries d'apprentissage''.
L'expérience marocaine en matière d'éducation de qualité est ainsi la troisième expérience documentée après l'initiative de l'Education de la Fille en Egypte et celle de la petite enfance en Jordanie», explique Aloys Kamuragiye.
Le choix du Maroc n'est pas donc fortuit. Les responsables du bureau régional de l'Unicef ont voulu présenter une radioscopie de la réforme marocaine dont les origines, selon le rapport, remontent à loin.
50 ans de réforme
Le document retrace ainsi le chemin parcouru par le Maroc depuis l'indépendance jusqu'au lancement de la réforme du système à partir des années 2000. Dans ce sens, les auteurs affirment que le royaume avait déjà initié une réforme au lendemain de l'indépendance. Une réforme qui fut à l'époque axée sur quatre piliers notamment l'arabisation, la marocanisation, l'unification et la généralisation. «Les infrastructures héritées de la période coloniale n'étaient pas unifiées.
Elles ne faisaient pas partie d'un système éducatif homogène puisque les écoles fondées par les colons suivaient une ligne parallèle par rapport aux établissements marocains comme l'université ‘'al Qarraouiyine''. De même, le système mis en place dans les zones dominées par la France fut différent de celui créé dans les régions colonisées par l'Espagne», lit-on dans le document. Cette situation a eu un impact direct sur la population marocaine. Car les écoles dirigées par les colons étaient très restrictives ,voire verrouillées. Même les élèves marocains qui intégraient ces établissements étaient pour leur part condamnés d'une manière générale à les quitter à la fin du cycle primaire.
Les résultats de cette politique ont été catastrophiques ,concourant considérablement à répandre le phénomène de l'analphabètisme parmi la population marocaine. Les chiffres sont édifiants. En 1960, le pourcentage des analphabètes était estimé à 87%.
Pour rattraper ce retard ,des actions furent menées dès la proclamation de l'indépendance du pays. En parallèle avec les efforts visant l'homogénéisation de l'école marocaine au Nord comme au Sud, une campagne d'alphabétisation a été lancée en 1956. Cette première initiative initiée par feu Mohammed V toucha un million de personne. Ce grand succès encouragea le Maroc à lancer une deuxième campagne qui a permis de doubler le nombre des bénéficiaires en le portant à deux millions de personnes. La lutte s'est poursuivie au fil des années. Et Les taux d'analphabétisme ont de facto fondu à 65% en 1985 et à 55% en 1994. Ce même pourcentage est estimé actuellement à 44%, selon les données contenues dans le rapport.
Cependant, les problématiques ont commencé à changer de nature à partir des années 80 du siècle dernier. Certes le nombre des élèves scolarisés ainsi que les diplômes augmentaient annuellement mais le marché du travail peinait d'année en année à absorber les vagues des étudiants formés dans les établissements publiques. D'autres stratégies de réforme ont été mises en œuvre. On en dénombre d'ailleurs plusieurs notamment celles de 1960-1964, 1973-1977, 1999-2003.
Un chantier qui est toujours en cours aujourd'hui avec un plan d'urgence 2009-2012. Pour les auteurs du rapport de l'Unicef, la succession des réformes entreprises dans ce domaine reflète une dynamisation constamment en quête du renouveau du chantier de la réforme au Maroc sans écarter les expériences acquises au préalable. Aujourd'hui, il est évident que le pays fait face à plusieurs défis. Si le royaume s'achemine à pas sûrs vers la généralisation de l'enseignement au primaire, les taux de déperdition scolaire demeurent relativement élevés. Le rapport de l'Unicef avance les causes derrières cette situation. Selon les auteurs, de nombreuses écoles manquent toujours d'infrastructures nécessaires (sanitaires).
La pauvreté amplifie également l'abandon scolaire puisque les enfants dans certains milieux sont contraints de travailler pour aider leurs familles et finissent ainsi par abandonner l'école.
Enfin, le document évoque également un certain regard négatif porté par certaines familles sur l'école ainsi que les mariages précoces.
Enjeu
L'éducation formation constitue aujourd'hui un grand défi pour le Maroc engagé dans une démarché de développement et de modernisation de ces institutions. Il était donc primordial d'engager une réflexion profonde pour la réforme du système éducatif. En 1999, une commission spéciale a été constituée avec un seul objectif : réformer l'école marocaine. Les réflexions menées ont abouti à une charte nationale d'éducation et de formation. Une sorte de feuille de route qui allait par la suite aiguiller les actions entreprises dans le domaine. Une année plus tard, un plan de réforme décennal est lancé.
En dépit des avancées, un long chemin restait à parcourir à quelques années seulement de la fin de la décennie de la réforme. C'est ainsi qu'un plan d'urgence est mis en œuvre à partir de 2009. ce dernier est destiné à booster la réforme.
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