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mardi 29 juin 2010

L’homme qui voulait voir le roi

Endurance !
Par Jacques-Marie Bourget, Bakchich, 29/6/2010
Le Marocain Zakaria Moumni, honoré d’un titre de champion de monde en 1999, mérite une rente à vie promise par son roi. Il l’attend toujours et ne lâche rien. Fable moderne d’une quête de justice.
Zakaria Moumni fait penser au héros de « Je veux voir Miousov ». Au temps béni du stalinisme, la pièce décrit l’entêtement d’un homme qui, quoiqu’il arrive, veut parler au camarade Miousov, le responsable du département peinture de l’usine dans laquelle il travaille.
Zakaria est du même métal. Lui, c’est le camarade M6, roi du Maroc qu’il veut rencontrer. Normal puisque Moumni est marocain, et que le bon monarque aime tous ses sujets comme ses enfants.
L’idée fixe de Zakaria est née d’une injustice un peu rigolote. Si tant est qu’on puisse rire avec une trahison de promesse.
En 1999, à 19 ans, Zakaria devient champion du monde de « Light Contact », une sorte de « savate » du genre asiatique. A Malte, à la fin du championnat, Zakaria est fêté, honoré, la presse évoque son exploit de « premier Marocain et premier Africain » à emporter une telle timbale. Généreuse comme l’est depuis Mahomet la monarchie, un décret royal prévoit que tout champion du monde marocain sera doté d’une rente à vie. Pas quelque chose digne des cadeaux de madame Bettencourt. Non, une petite bourse du genre mille euros par mois.
Notre Zakaria, grand type a très bonne gueule, cultivé et malin, n’a jamais reçu un centime. Depuis il traque le roi comme le cerf à courre. Que M6 aille dans son château d’Ile-de-France, il campe devant la grille. Que le roi bien aimé soit dans un palace parisien, même séance de pied de grue au risque de faire croire qu’il fait le tapin. Le jeune homme, qui fait donc chasseur de roi à plein temps, n’a pas peur d’aborder gardes du corps et conseillers. Une fois, en 2006, il a réussi à glisser sa supplique au roi qui lui répondu « écrivez-moi ». Mais, placé en embuscade sur le chemin du trône, l’épouvantable conseiller Mohamed Mounir Majidi, un type qui rendrait Hortefeux sympathique, a escamoté la lettre de Zakaria.
Depuis le jeune champion frappe, c’est sa nature. Non pas à l’estomac mais aux portes. Dès qu’un prince ou un haut fonctionnaire du Royaume est annoncé quelque part, Zakaria est là pour lui lancer : « Et alors, c’est quand qu’on l’applique le décret royal ? ».
Bakchich, à la suite de Zakaria, a tenté de percer ce mystère alaouite. L’ambassade du Maroc en France, trop occupée sans doute à faire connaitre les grands mérites de la grande démocratie marocaine, n’a jamais répondu à nos demandes répétées.
Reste Zakaria au bord du trottoir, guettant les cortèges royaux… Il espère toujours en disant : « le roi est un grand homme, très honnête, mais mal entouré. Il va sûrement me rendre justice… ». Bien sûr, n’est-il pas connu pour ne faire que cela ?

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