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samedi 25 juin 2011

Le coût du Roi au Maroc en 2010

 (Source des chiffres : loi de finances 2010
Par Ahmed Benseddik, Lakome, 19/6/2011
Quel est, pour le contribuable Marocain, le coût annuel du roi et du palais royal en général?

Combien de dirhams affecte la loi de finances aux dépenses du palais? Quelles comparaisons avec d’autres pays peut-on dresser?

Quel est le poids de ce cout par rapport à notre PNB (Produit national brut) et le PNB de ces pays pour que la comparaison puisse avoir un sens?

Quel poids aussi par rapport au budget général de l’Etat?

Qui vote ce budget chaque année et qui le contrôle? Est-il débattu au parlement?

Pourquoi les médias publics ne l’évoquent jamais? Pourquoi le citoyen moyen n’est pas au fait de ces données ? Plus significatif, de nombreux responsables politiques et intellectuels portant avisés semblent découvrir un tabou chaque fois que le sujet est évoqué?
Pourtant, il suffit d’aller au site Internet du Ministère des finances HYPERLINK "http://www.finances.gov.ma" et repérer les données de la loi de finances pour trouver les chiffres bruts, puis de faire un premier tour d’horizon.
La loi de finances de 2010 au Maroc comporte les éléments suivants:

- Total Budget Général de fonctionnement :                136 912 629 000 DH

- Total Budget Général d’investissement :                     81 984 225 000 DH

- Total Fonctionnement ET investissement : 218 896 854 000 DH

Sur ce budget de l’Etat,  ce qui est affecté au Roi et au Palais est  réparti ainsi :

Le total fonctionnement et investissement s’élève à :

2 433 719 000 + 131 608 000 = 2 565 327 000 DH

Si on ramène ce budget à la journée : 2 565 327 000 / 365 = 7.028.293 DH par jour.

Dans ces chiffres le «salaire annuel du roi», dit liste civile, est de 26 292 000 DH. Par jour cela donne : 26 292 000 / 365 = 72 032 DH.

Si l’on compare ce salaire à celui du président Américain Barack OBAMA en 2010, que l’on trouve dans plusieurs sources sur Internet, soit 400.000 USD, on s’aperçoit que ce dernier est environ 8 fois plus faible que le salaire royal.

La nature des dépenses couvertes par le terme dotation de souveraineté dont le montant s’élève à 517 164 000 DH n’est pas explicitée dans le texte de loi de finances.

Si maintenant on compare le coût annuel global du palais (investissement et fonctionnement), nous trouvons le ratio suivant:

2 565 327 000 / 218 896 854 000 = 1,17%. Si le Maroc a une population de 32 000 000 d’habitants, la part du palais royal est équivalente à celle de 375.000 Marocains.

Bien entendu ces montants ne couvrent que le budget du palais et ne concernent pas les frais des autres corps de l’Etat qui sont engagées par exemple à l’occasion des déplacements royaux. Ainsi, les frais de carburant de l’armée ou de la gendarmerie, ainsi que les frais de restauration et séjour qui sont engagées à ces occasions sont très probablement pris sur les budgets respectifs des administrations concernées.

Comparatif avec les PNB

Les PNB respectifs en 2009 du Maroc, de la France et de l’Espagne sont de 90 milliards de dollars,  2750 milliards de dollars   (30  fois celui du  Maroc) et 1476 milliards de dollars   (19.7 fois celui du Maroc).

Les budgets annuels respectifs du palais royal Marocain (2565 millions de dirhams soit 228 millions d’euros), de la présidence de la république Française (Palais de l’Elysée, 112,6 millions d’euros) et celui du Palais royal Espagnol (8,9 millions de euros) montrent que :

Le budget du palais royal au Maroc est dans l’absolu 2 fois celui de l’Elysée et 12,6 fois celui du palais royal espagnol.

Ramené au PIB le ratio devient ainsi : le palais royal au Maroc coute 2 fois 30 =  60 fois le cout de l’Elysée et 12,6 fois 19,7 = 248 fois le cout du palais royal Espagnol.

La monarchie marocaine serait-elle donc 248 fois moins parlementaire que l’Espagnole?

On peut aussi comparer à d’autres organes ou administrations. Ainsi, en 2010, la chambre des représentants a couté au contribuable (fonctionnement et investissement) 299 494 000 DH. La chambre des conseillers a couté 239 115 000 DH.

Autres comparaisons possibles:

Par ailleurs, sachant que le budget de fonctionnement (Rubriques Frais de personnel plus Matériel et dépenses diverses) s’élève en 2010 à :

774 449 000 DH pour le ministère des transports et de l’équipement,

579 044 000 DH pour le ministère de la jeunesse et des sports,

317 990 000 DH pour le ministère de la culture,

594 919 000 DH pour le ministère de l’habitat et de l’urbanisme,

Le budget de fonctionnement du palais cité plus haut, 2 433 719 000 DH, dépasse le cumul pour ces quatre ministères qui s’élève à 2 266 402 000 DH.

Le vote:

Le budget du palais royal est voté chaque année par le parlement, sans aucune discussion, à l’unanimité, semble-t-il. Ce qui veut dire que tout député qui ne serait pas d’accord et estimerait qu’il y a une dilapidation de l’argent public, dispose théoriquement de toute la latitude de voter contre, conformément à sa conscience.

Budget du palais et la constitution:

Que ce soit dans la constitution de 1996 ou le projet de constitution de juin 2011, on retrouve le même paragraphe très court : Le roi dispose d’une liste civile. Cela veut dire que seule cette enveloppe (26 292 000) a un fondement constitutionnel. Ce montant représente 1% environ du montant global cité plus haut. Les 99% restants sont ainsi décidés par le palais et approuvés par les représentants de la nation. Où est la justification ? Est-ce démocratique ? Si demain le roi (ou celui qui gère les palais) décide de manière arbitraire d’exiger 5 ou 10 milliards de DH à la place des 2.56 milliards de DH actuels, que fait-on ?

Ce silence des constitutions rappelle un autre tout aussi volontaire : ni le projet de constitution actuel ni celle de 1996 ne traite le cas de maladie ou d’incapacité du roi. Pourtant, cela peut arriver à tout moment, auquel cas ce vide volontaire peut entrainer une instabilité et paralyser le pays. Les constituions des monarchies européennes ont prévu des mécanismes pour gérer ces situations (article 93 de la constitution Belge, article 35 de la constitution hollandaise et l’article 59.2 de la constitution Espagnole).

Le contrôle:

Est-ce que les organes de contrôle des dépenses publiques, comme l’inspection générale des finances ou la cour des comptes procèdent à des missions de contrôles des finances du palais royal comme elles font avec les autres administrations? Il semblerait que non.

Est-ce qu’il existe un texte qui les en empêche ? Le palais est-il une administration qui utilise l’argent public mais bénéficie d’une immunité reconnue par les textes ? Ou bien ce sont juste des usages de la part des responsables de ces organes (en particulier le président de la cour des comptes) à qui renoncent volontairement à une partie de leurs prérogatives?

Une lecture juridique approfondie est nécessaire mais à la lecture simple du nouveau projet de constitution est claire à ce propos. En effet l’article 147 consacré à la cour des comptes garantit l’indépendance de cet organe qui est l’instance suprême de contrôle des finances publiques de l’Etat (aucune exception n’est mentionnée) chargé de contrôler l’exécution des lois de finances.
"http://fr.lakome.com/politique/42-actualites-politique/483-le-cout-du-roi-au-maroc-en-2010-source-des-chiffres-loi-de-finances-2010.html

COMPRENDRE LE « MOUVEMENT MAROCAIN DU 20 FÉVRIER »


Par Marc Olivier, Maroc Solidarité Citoyenne, 25/6/2011

avec Ayad Ahram, représentant du Comité de soutien de Paris-Île de France au mouvement du 20 février

Le 8 juin dernier, le CIIP et Maroc Solidarités Citoyennes ont convié le public grenoblois à une conférence-débat sur ce mouvement, version marocaine de l'immense mobilisation sociale qui traverse l'Afrique du nord et le Moyen-orient.
Ayad Ahram a d'abord rappelé que le mouvement actuel, certes partie prenante de ce « printemps méditerranéen », trouve ses racines dans les nombreuses mobilisations qui se sont manifestées au Maroc depuis l'indépendance (il cite les actions des diplômés-chômeurs depuis 30 ans, les manifestations du mouvement des mal logés, les coordinations contre la vie chère, la révolte de Sidi Ifni etc..). Il ne s'agit donc pas de rassemblements de jeunes tombés du ciel sur un simple clic des réseaux sociaux, mais une mobilisation populaire de toutes les couches de la société qui émerge depuis le 20 février, dans les grandes villes comme dans les plus petits villages, et qui est porteuse de cette mémoire des résistances passées. Cette mobilisation populaire se produit autour d'une base commune de revendications politiques :
• pour une constitution démocratique émanant de la volonté du peuple
• pour la démission du gouvernement actuel et la dissolution des deux chambres du Parlement
• pour la séparation des pouvoirs et une justice indépendante
• pour une pleine reconnaissance de l'amazighité
• pour une politique sociale de création d'emplois et de hausse des salaires
• pour la libération des démocrates emprisonnés et le jugement de tous les criminels (tortionnaires, assassins, corrompus et spoliateurs des richesses de la nation)
Selon Ayad Ahram, le fonctionnement du mouvement traduit son caractère profondément innovant dans le champ politique marocain. Partout où il s'organise, les décisions d'action sont prises par des « coordinations » auxquelles tous les citoyens ont le droit de participer à titre individuel. Ces coordinations dirigent localement le mouvement en adaptant ses objectifs -au delà de la plate-forme nationale- aux problèmes locaux. Parallèlement, les partis, syndicats, associations diverses qui soutiennent le mouvement constituent des « comités de soutien » ou des « conseils locaux » où s'expriment ces organisations et qui appuient les décisions prises par les coordinations. Cette règle de fonctionnement responsabilise directement les citoyens appelés à décider eux-mêmes de la conduite du mouvement, tout en prenant appui sur les organisations politiques et sociales qui déclarent soutenir la mobilisation. Comme l'a dit un participant au débat, « il s'agit d'un extraordinaire processus de conscientisation citoyenne ».
Le mouvement du 20 février est confronté aux manoeuvres du pouvoir maghzénien pour le diviser et pour affaiblir la mobilisation populaire. D'un côté le maghzen (c'est à dire l'appareil d'état monarchique) l'accuse d'être manipulé par l'extrême gauche (la « Voix démocratique ») et par les islamistes (Justice et bienfaisance), ce qui est matériellement impossible compte tenu de l'ampleur de cette mobilisation. De l'autre le roi, dans son discours du 9 mars, a promis une réforme de la constitution et institué une commission d'experts qu'il a lui-même nommés. Il tente ainsi de préserver son pouvoir absolu, sans répondre aux revendications posées par le mouvement du 20 février. C'est pourquoi les manifestations ont continué et se sont élargies après le 9 mars.
Selon Ayad Ahram, il faut comprendre que le 20 février n'est pas un parti nouveau, mais une massive mobilisation populaire exigeant l'application des valeurs démocratiques de liberté, de justice et de dignité. C'est pourquoi ce mouvement ne met en cause ni la monarchie ni le roi. En affirmant « le roi peut régner mais ne doit pas gouverner », il laisse le soin aux partis de proposer aux citoyens leurs programmes politiques, afin que le peuple marocain, par ses choix librement exprimés, prenne lui même son destin en mains.

Les nouveaux défenseurs du trône : les « Baltajias de Sidna »

Par Badr Soundouss, demainonline, 23/6/2011

Les "Baltajias de Sidna" en action

Casablanca.- Changement de tactique du pouvoir face au mouvement du 20 février. Après la répression, qui n’a pas donné d’effets concrets et a plutôt poussé la communauté internationale, réticente jusque-là, à rappeler Rabat à l’ordre, le palais change de stratégie.

Dorénavant, la répression policière sera utilisée de manière exceptionnelle face aux manifestations du mouvement. Par contre, une nouvelle méthode déjà employée ailleurs fait son petit bout de chemin. Elle consiste à faire appel à un élément extérieur du pouvoir pour tenter de mater un mouvement qui ne s’essouffle pas.

Ce sont les « Baltajias de Sidna », des jeunes désoeuvrés recrutés un peu partout par des partis politiques, des syndicats et indirectement par des éléments de la DST. L’administration caïdale s’occupant uniquement de l’encadrement.

Pour 100 DH (et un peu moins ( ou plus ndlr) dans certains cas), ces jeunes qui ne savent rien de constitution, de droits et de libertés, et beaucoup de « tachemkarite » et de drogues, ont commencé à être appelés pour défendre un trône qui ne vacille pourtant pas.

Leurs emblèmes sont le drapeau national, le portrait du souverain, et beaucoup de barres de fer, de couteaux et de sabres (Voir photo). Selon toutes les vidéos postées sur YouTube, ils bénéficient d’une incroyable mansuétude de la part des autorités. Tout le monde se rappelle de « Moul chakour », un homme armé d’une hache qui a menacé sur YouTube les jeunes du mouvement du 20 février et ceux qui les soutiennent.

Il faut dire que cette méthode à la tonton macoute est déjà utilisée au Sahara contre la population sahraouie. Même celle qui n’est ni polisarienne ni indépendantiste. Agressions, vols et intimidations de toutes sortes, les Sahraouis connaissent déjà depuis longtemps ce que les militants du mouvement du 20 février commencent à connaître et vont connaître dans les prochains mois et années.

http://www.demainonline.com/?p=5788

RAPPEL : BOYCOTT DU REFERENDUM MAKHZENIEN !!!

Le Mouvement Marocain du 20 février Paris/Ile-de-France appelle à boycotter le référendum du 1er juillet sur la Constitution au Maroc

Le Mouvement Marocain du 20 février Paris/Ile-de-France appelle à :


Manifester le dimanche 26 juin à 15h de Trocadéro à l’Ambassade du Maroc

Observer un sit-in devant l’Ambassade, le vendredi 1er juillet à 15h


Il organise par ailleurs une conférence de presse à Paris, le vendredi 1er juillet à 11h, pour informer et expliquer les raisons qui l’ont poussé à appeler au boycott du référendum.


Actions soutenues par :AMF, ASDHOM, ATMF, FMVJ-France, Amis AMDH-Paris, APADM, FSCME, RIAS, Voie Démocratique, PSU, PADS, CAPDEMA, Cris des Marocains, GIM, TAMAYNUT, Collectif des Amazighs de France pour le Changement Démocratique au Maroc, PCF, URIF-CGT, SNES, FSU-IDF, NPA, PIR, Forum Palestine Citoyenneté, PG.
Cordialement,
Ayad Ahram

vendredi 24 juin 2011

Le PCF critique Sarkozy, soutien inconditionnel du roi du Maroc

Par Ali Fkir, 23/6/2011
Il est vrai que Sarkozy, ainsi que d'autres jusqu’au-boutistes impérialistes ont beaucoup à perdre avec des changements véritablement démocratiques dans les" pays du sud" dont les peuples luttent entre autres, pour une véritable indépendance...
Pour les bourgeoisies occidentales, pour l'impérialisme, l'Etat marocain est un véritable relais dans la région. Un fidèle gendarme.
Un Maroc national, démocratique et populaire c'est, entre autres, une mamelle perdue pour le capitalisme français.
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COMMUNIQUE DE PRESSE
Par le Parti communiste français, Paris, le 23/6/2011.

Le référendum au Maroc: « les dés sont pipés » (PCF)

De la même manière que Nicolas Sarkozy avait loué en 2008 son homologue Ben Ali pour les progrès accomplis en matière de libertés en Tunisie, le Président de la République a fait le choix de s’engager aux côtés du roi Mohamed VI et soutient son projet de constitution. Pourtant on est encore loin des réformes nécessaires pour engager le Maroc sur le chemin de la démocratie et d’un état de droit.

Ce projet ne rompt pas avec la logique de « constitution octroyée » et qui légitime la poursuite de l’absolutisme. Le roi garde en effet l’essentiel des pouvoirs politique, judiciaire et militaire. Par ailleurs aucune annonce n’est faite contre la corruption et les inégalités sociales qui minent la société marocaine. Le peuple marocain n’aura que deux semaines pour se faire un avis et se prononcer, les élections ayant lieu le 1er juillet.
Une fois de plus, les dés sont pipés. Le roi et son alliée la France cherchent le plébiscite.

La jeunesse marocaine, les associations de défense des droits humains, les partis de la gauche démocratique, rassemblés au sein du mouvement du 20 février dénoncent cette mascarade de démocratie et appellent au boycott du référendum.

Le Parti communiste français, pour sa part, continuera d’apporter son soutien aux démocrates, aux progressistes marocains et à leurs exigences démocratiques et sociales qui s’expriment aujourd’hui dans tout le monde arabe.

jeudi 23 juin 2011

Le texte de la constitution ne propose pas un régime politique démocratique

[2è partie]
Par Jad Siri, juriste23.06.2011 
 Le référendum approche, et les Marocains doivent s'informer sur le contenu du projet de constitution proposé. Faisant suite à l'analyse des avancées qu'apporte le texte, publiée mercredi, le juriste marocain Jad Siri fait une série de critiques sur les dispositions institutionnelles prévues dans la constitution. Les pouvoirs exécutifs du roi qui restent importants, un gouvernement encore trop faible, un parlement dominé, une justice dont l'indépendance ne semble pas garantie : le régime politique marocain n'est pas prêt à se démocratiser, juge le juriste.


Un manifestant le 20 février 2011 à Rabat. Photo : Yabiladi.com
Le progrès certain qu’offre le projet de constitution en matière d’énonciation des droits de l’Homme [voir première partie de la critique de la constitution] ne doit pas cacher les insuffisances majeures en matière d’institutions et de fonctionnement politiques démocratiques.

Un roi qui continue de gouverner et de disposer de pouvoirs exécutifs exorbitants
Au terme du projet proposé, le roi règne mais gouverne aussi tout en bénéficiant d’une immunité totale puisque sa personne « est inviolable, et respect Lui est dû ». Ainsi, manifestement, le roi a droit à un respect supérieur à celui dont ont droit les autres Marocains. Certes, auparavant sa personne était en plus « sacrée », faisant de lui un monarque de droit divin !

Le pouvoir du roi s’étend sur le gouvernement : s’il ne dispose plus de la liberté totale de choisir le chef du gouvernement, puisqu’il doit le choisir au sein du parti politique arrivé en tête aux élections législatives, il nomme les ministres qui lui sont proposés par le chef du gouvernement. Cela obligera ce dernier à négocier avec le roi le choix des ministres de son gouvernement, et ce sera particulièrement vrai avec le ministre de la défense, le ministre du culte, le ministre de l’intérieur, de la justice, des affaires étrangères et de l’économie. Cet ascendant du roi sur le gouvernement est d’autant plus réel qu’il peut discrétionnairement révoquer chacun des ministres sans l’accord du chef du gouvernement. Dès lors, une fois nommés, les ministres verront dans le roi leur chef puisque leur maintien en fonction dépendra de ce dernier, étant précisé que le chef du gouvernement ne pourra révoquer ses ministres sans l’accord du roi.

Par ailleurs, le roi dispose du pouvoir exclusif en matière religieuse et en matière militaire puisque non seulement il « est Chef Suprême des Forces Armées Royales » mais en plus il « nomme (seul) aux emplois militaires ». Le pouvoir de nomination du roi s’étend aux autres domaines : sur proposition du chef du gouvernement, il nomme les walis et gouverneurs (préfets), les directeurs d’administrations chargées de la sécurité intérieure (c’est-à-dire la police, les renseignements généraux, le gendarmerie etc.), les ambassadeurs (étant précisé que c’est lui qui signe les traités internationaux et qui accrédite les ambassadeurs), le directeur de la banque centrale mais aussi les « responsables des établissements et entreprises stratégiques ». Ce dernier point vise, concrètement, la caisse des dépôts marocaine puisqu’il s’agit d’un établissement stratégique, sans compter les grandes entreprises marocaines telle que l’OCP, la RAM, ou encore les directeurs des établissements de mise en œuvre de la politique du tourisme puisque ce secteur est, au Maroc, stratégique. Étant donné qu’il préside le conseil des ministres, le roi aura également son mot à dire notamment sur la loi de finance annuelle puisqu’avant d’être soumise au parlement, elle devra être délibérée d’abord en conseil des ministres.

Par ailleurs, en matière de justice, la nomination des magistrats ne peut se faire sans son approbation, il préside le Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire et dispose, de manière discrétionnaire, du droit de grâce.

En substance, sont de son ressort exclusif ou quasi-exclusif, l’armée, la police, le champ religieux, et les affaires étrangères. Il a par ailleurs la haute main sur la magistrature ainsi qu’un droit de regard certain sur le champ économique ! En revanche, le projet proposé est muet sur la limitation de l’intervention du roi et de la famille royale dans l’économie. Prévoir un encadrement de cet interventionnisme aurait été de bon aloi. Au-delà du gouvernement et de l’administration, le roi va pouvoir également exercer son ascendant sur le parlement par deux leviers : il dispose de la faculté discrétionnaire de dissoudre le parlement et il peut, avant sa promulgation, demander la relecture d’une loi votée par le parlement. Rappelons que les parlementaires ne peuvent émettre une opinion qui « met en cause la forme monarchique de l’Etat, la religion musulmane ou qui constitue une atteinte au respect dû au Roi ».

Un exécutif et un gouvernement encore trop faible
Face à un roi qui demeure puissant, le chef du gouvernement apparait faible et dépendant. Il est dépendant de la confiance que doit lui donner le parlement mais surtout il doit son maintien au Roi, puisque ce dernier peut le révoquer ou révoquer un ou plusieurs ministres individuellement. Le pouvoir de nomination du gouvernement est restreint puisque il dépend, pour de nombreux domaines, du roi ! Par ailleurs, son pouvoir de créer une norme juridique a été restreint car, le champ des questions qui relèvent de la loi a été étendu.

Le conseil de gouvernement, présidé par le chef du gouvernement, est une nouvelle instance qui a une double fonction. D’une part préparer les questions qui relèvent du conseil des ministres, qui est présidé par le roi, et d’autre part, traiter les questions qui relèvent du gouvernement, c'est-à-dire les nominations qui ne relèvent pas du roi, les décrets d’application des lois, et les projets de lois à soumettre au parlement (sous réserve que certains doivent d’abord être validés par le conseil des ministres), décliner en politiques sectorielles la politique général et stratégique définie en conseil des ministres, puis enfin, prendre position sur des questions d’actualité notamment matière de droit de l’Homme. Enfin, si le projet de constitution lui donne le pouvoir de « superviser l’action des entreprises et des établissements publics » il aura du mal à exercer ce pouvoir sur les administrations, établissements et entreprises publics dont les directeurs seront nommés par le roi !

Un parlement dominé
Si le domaine de la loi est étendu, ce qui renforce a priori le rôle du parlement, d’autres dispositions du projet viennent en partie « annuler » cette extension. Bien que concrètement la menace soit rare, il peut être dissout par le roi. Par ailleurs, la souveraineté du peuple qu’il représente pourra constamment être discutée par le roi qui pourra demander la relecture (comprendre la révision) de toute loi votée par lui. De même, il n’est pas maître de son ordre du jour qui lui est imposé par le gouvernement. Certes, il dispose de la faculté de censurer le gouvernement par la voie d’une motion de censure. Enfin, on ne peut que regretter le texte ne prévoit aucun contrôle de la part du parlement sur les nominations du roi ou du gouvernement.

Une justice par vraiment indépendante
Les dispositions relatives à la justice ne permettent pas de dire que celle-ci est véritablement indépendante ! S’il est affirmé que « le pouvoir judiciaire est indépendant du pouvoir législatif et du pouvoir exécutif » et que « est proscrite toute intervention dans les affaires de la justice » et « que dans sa fonction judiciaire, le juge ne saurait recevoir d’injonction ou d’instruction, ni être soumis à une quelconque pression », d’autres dispositions relativisent ces déclarations! En effet, il est clairement indiqué que « les magistrats du parquet (..) doivent se conformer aux instructions écrites émanant de l’autorité hiérarchique », c'est-à-dire, concrètement, du gouvernement et du roi, puisque ce dernier approuve les nominations des magistrats et préside le Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire lequel nomme les magistrats, gère « leur avancement, leur mise à la retraite et leur discipline », étant précisé qu’au moins la moitié des membres du Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire devront leur place dans cette instance à leur nomination par le roi. Ainsi, un procureur sera tenu d’ouvrir une information ou de la clore s’il en reçoit l’instruction du gouvernement ou du roi.

Une liberté de pensée, d’expression et de la presse incertaine
Si le projet affirme que l’opposition parlementaire dispose de « la liberté d’opinion, d’expression et de réunion », que « sont garanties les libertés de pensée, d’opinion et d’expression sous toutes ses formes », que « la liberté de la presse ne peut être limitée par aucune forme de censure préalable » et que « tous ont le droit d’exprimer et de diffuser librement et dans les seules limites expressément prévues par la loi, les informations, les idées et les opinions », il n’en demeure pas moins que la loi peut limiter le droit à l’information, qu’il n’est pas possible d’émettre une opinion qui « remet en cause la forme monarchique de l’Etat, la religion musulmane ou qui constitue une atteinte au respect dû au roi » et qu’il conviendra de réformer le code de la presse qui prévoit des peines de prison lourdes concernant des délits de presse mineur. En outre, le texte ne garantit pas la protection des sources des journalistes. Ainsi, cette liberté d’expression et de la presse reste à confirmer ! Peut-on par exemple dire dorénavant, sans craindre la répression, qu’il n’est pas normal que le roi et la monarchie détiennent des sociétés qui interviennent massivement dans l’économie du pays ? Peut-on, sans craindre la répression, dire clairement son désaccord sur les nominations de certaines personnalités par le roi ? Peut-on écrire et dire qu’il faut réviser la constitution pour restreindre les pouvoirs du roi ?

Droits humains dans un régime non-démocratique
Sans nier certaines avancées non négligeables, notamment dans l’exposé des droits de l’Homme, il n’en demeure pas moins que compte tenu des pouvoirs dont il dispose, le roi règne mais gouverne aussi sans avoir à rendre de comptes, ce qui est contradictoire avec une démocratie où, par nature, celui qui dispose du pouvoir doit rendre compte de son pouvoir et doit être soumis à la critique et au contrôle ! On est loin du modèle Espagnol. Le problème que pose donc ce texte est le suivant : est-ce qu’une constitution qui énonce et veut promouvoir les droits de l’Homme (sous réserve qu’ils soient effectivement mis en œuvre) mais qui n’offre pas des institutions et un fonctionnement politique démocratique et qui n’offre pas une garantie absolue des droits de la presse et des médias, est une constitution démocratique ?

Peut-on se contenter de ces avancées et remettre à plus tard, on ne sait pas quand, les réformes qui seront nécessaires pour enfin instaurer des institutions démocratiques. Dire non au texte proposé et prévoir l’établissement d’une constituante pour élaborer un nouveau texte d’ici la fin de l’automne est possible. Nous ne sommes pas à trois mois près ! La Tunisie est sur cette voie. Pour conclure définitivement, une dernière interrogation : pourquoi organiser un referendum aussi vite après la publication du projet (15 jours) si ce n’est pour éviter au maximum, tout débat sur le texte proposé ! Le processus démocratique commence mal !
www.marocconstitution.com

Maroc : des citoyens brûlent leurs "cartes d'électeurs et d'électrices" comme moyen de résistance

A Chtouka Aït Baha, des citoyen-nes (surtout les enchômagé-es) brûlent en public leurs "cartes d'électeurs et d'électrices".
Par Ali Fkir, 23/6/2011

De toute façon, et depuis 1962, ces cartes n'ont fait (lorsqu'on participe) que cautionner les politiques anti-populaires du régime.
On peut avoir ces cartes (c'est mon cas) et aussi boycotter les "urnes" du makhzen tant qu'il n'y a rien de sérieux. J'ai 65 ans, inscrit dans les listes, je récupère "ma carte",mais je n'ai jamais, JAMAIS, mis les pieds dans un isoloir makhzenien.
C'est une bonne idée, ces cartes peuvent être utilisées comme moyen de protestation, de résistance en les brûlant dans un espace public par exemple. BRAVO!
source : Maroc Libre

19 juin 2011 : APRES L’ETAT MAKHZANIEN ARRIVE L’ETAT « CHMAKRI »

PAR KHALID JAMAI

Le 19 juin 2011.

Triste journée pour la monarchie.

Triste journée pour le gouvernement.

Triste journée pour le régime.


Triste journée pour des partis qui furent, à un moment de l’histoire contemporaine de notre pays, fers de lance du changement, de la démocratie, de la justice, de la liberté, plaidant pour un citoyen libre dans un pays libre.

Triste journée, mais combien révélatrice pour toutes ces composantes, acculées, faute de mieux, à faire appel, contre monnaie sonnante et trébuchante, à des repris de justice, à des voyous de la pire espèce, à des « chmakrias » pour faire l’apologie de la nouvelle constitution.

Les dizaines de vidéos circulant sur le net sont plus qu’édifiantes quant aux profils de ces « Chmakrias ».

Sur l’une d’elles enregistrée à Safi et rapportant « une manifestation spontanée », des « chmakris » scandent « Ahaab yourid zatla wal lfanid »(1), ( Le peuple veut du « hach » et des comprimés hallucinogènes ) 

Sur une autre enregistrée à Casablanca, un «chmakri» déclare, hilare : « Nous avons fait quinze prisonniers parmi les militants du 20 février et nous les avons délestés de leurs portables ».

Si on était dans un État de droit, un tel individu aurait été poursuivi pour vol qualifié. Ce qui ne sera pas le cas bien entendu.

Sur une troisième, une « chmakria » réclame son dû pour sa « prestation en faveur de la constitution» et se voit répondre qu’elle doit attendre… que le roi ait fini de prononcer son discours.

Quelle déchéance et quelle décrépitude pour un makhzen réduit à de telles extrémités et condamné à recourir à de telles bassesses, à de telles méprisantes magouilles. 

Pourquoi ce recours à ces « chmakrias », pour organiser des « manifestations spontanées », dans toutes les villes, dans les lieux et aux moments où devaient manifester les militants de M.20 février ?

Un tel timing indique que l’on a affaire à une action planifiée qui s’inscrit dans une stratégie makhzanienne visant à contrer et à faire taire ce mouvement.

Le recours à ces énergumènes, payés entre 40 et 200 DH chacun, serait le moyen qu’ont trouvé les stratèges du Makhzane pour poursuivre la répression du M. 20 sans pour autant indisposer les USA et l’UE qui ont clairement fait savoir qu’ils s’opposaient à tout recours à la violence contre les manifestations pacifistes.

Par le biais aussi de ces dévoyés, le pouvoir pourra continuer à terroriser les militants de ce mouvement, voire à organiser contre eux des expéditions punitives.

Grâce à ce stratagème, le makhzen entend sous- traiter sa répression.

De même qu’il pourra toujours arguer, en cas de violence, qu’il ne s’agit que d’affrontements entre pro et anti nouvelle constitution. Il croit pouvoir, ainsi, tromper américains et européens. Or ceux-là, comme chacun sait, disposent de tous les moyens pour être au courant, et dans les plus petits détails, de ce qui se passe sur la scène politique marocaine, comme l’ont montré les révélations publiées par Wikileaks concernant la corruption qui sévit aux plus hauts niveaux de l’Etat.

De même, ce recours est le seul moyen qui restait pour le makhzen pour remédier à l’incapacité des partis, tels que ceux de l’Istiqlal, l’USFP, le PPS et autre RNI, à mobiliser les masses populaires et faire contre poids aux militants du 20 février.

Enfin, et comme le fait remarque un internaute, l’instrumentalisation des « chmakrias » de la plus vile et pire espèce révèle « Un makhzen aux abois, enfoncé dans ses contradictions, ses incuries, et ses aveuglements qui fuit en avant et adopte la concertation sur ses positions, ses privilèges, obsédé et dominé par son autoritarisme sans bornes, ses habitudes et pratiques moyenâgeuses et ses coutumes d’hégémonie et de force brutale »

Mais, les « stratèges makhzanéens » semblent avoir oublié qu’en faisant appel à ces hordes de dépravés, ils ont, non seulement, attenté gravement à l’image et à la crédibilité de Mohamed VI, mais transformé le referendum sur la constitution en referendum sur la monarchie et sur la personne même du monarque. 

De même qu’ils laissent supposer que le roi n’a plus pour autres soutiens que balafrés, repris de justice, drogués et autres « Bouchakors ».

Le recours aux « chmakrias », en fait un copié coller de ce qui s’est passé en Tunisie et en Egypte, n’est pas une nouvelle innovation « makhzanienne ».

Que l’on se rappelle comment les autorités avaient mobilisé des « chmakrias » pour s’attaquer au « Journal hebdomadaire » lors de l’affaire des caricatures du prophète. 

Que l’on se rappelle les « manifestations spontanées » initiées et orchestrées par ce même makhzen contre l’AMDH et le journaliste Mrabet.

Mais ce recours a eu le mérite, le grand mérite de révéler encore plus de visage hideux et voyou de ce régime et faire comprendre, à tout un chacun, que les dispositions de la nouvelles constitution concernant les droits humains, la liberté d’expression, le droit à la différence ne sont rien d’autre que de la poudre aux yeux.

En faisant appel aux « chmakrias », le régime joue aux apprentis sorciers car ceux-ci sont incontrôlables. Ainsi, tôt ou tard, l’un d’eux commettra l’irréparable.
Lors des manifestations de dimanche dernier les agents du makhzen désignaient les cibles pour ces « chmakrias » lesquels s’empressaient de les attaquer. C’est ainsi que Samira Kinani membre de la direction de l’AMDH, fut battue, insultée, ses agresseurs voulant la forcer à clamer « vive la roi » et « allah, al watan, al malik ».

Quant à Khadija Ryadi, présidente de la dite association, elle risqua le pire. 

Un régime réduit à de telles extrémités mérite qu’on lise à son encontre la fatiha.

A signaler, au passage, que jamais pendant les années les plus noires du régime de Hassan II, le pouvoir n’eut recours à des « chmakrias » pour défendre ses option.

Après l’Etat makhzanien arrive, à grands renforts de « chamakria » et de repris de justice, l’Etat « chmakri ».

-1« Zalta », terme de l’argot algérien signifiant Hachich 

Le comité de Suivi du Mouvement Marocain 20 Février, Nord-France appelle au BOYCOTT du référendum

Dimanche 26 juin 2011 à 15h à l'esplanade du Trocadéro à Paris
Vendredi 1er juillet 2011, 9h rassemblement devant 
le Consulat du Maroc 
à Lille,

NON à la constitution octroyée 
Seul le peuple est souverain




Depuis le mois de février, la jeunesse marocaine se révolte, le peuple marocain descend dans les rues et la parole s'est libérée pour exiger un véritable État de droit et une véritable démocratie.
Le « mouvement 20 février » à l'initiative de ces manifestations pacifiques ne cesse de se mobiliser en vue d'asseoir la liberté, de rétablir la dignité de tout un chacun et d'instituer une justice sociale, économique et politique garante de l'égalité des droits et des devoirs de tous les Marocains sans distinction aucune.


Face à cette effervescence populaire, le monarque dans son discours du 9 mars annonce une révision constitutionnelle. Un discours qui perpétue les vieilles pratiques archaïques du régime, à travers la désignation, encore une fois, d'une commission chargée de cette révision et selon un agenda bien défini par le palais royal.


Le 17 Juin, la montagne accouche d'une souris, le roi Mohammed VI, prononce un nouveau discours annonçant la proposition d'une nouvelle constitution issue de cette commission ad-hoc et la tenue d'un référendum le premier juillet 2011.
Nous estimons que cette réponse est insuffisante et ignore totalement les revendications légitimes du peuple marocain.

Nous estimons que le processus même d'élaboration de cette nouvelle constitution est antidémocratique et ne respecte en aucun cas l'expression de la volonté populaire, revendication centrale du Mouvement 20 février.

Nous estimons que le temps réduit alloué à la préparation et la façon dont a été conduite la consultation ainsi que l'organisation d'un référendum à peine 10 jours après la publication de la proposition de la nouvelle constitution montrent bien la volonté du régime de confisquer le débat démocratique.


Le roi dans son discours du 17 juin, n’a pas hésité à appeler à voter «oui» lors de ce référendum et ce, en totale contradiction avec son « rôle d’arbitre » qu’il veut s’assigner et en dehors de la période de la campagne référendaire. Nous estimons que cela constitue une violation flagrante de toute règle démocratique.

Nous estimons que cette nouvelle constitution, dans le fond, ne change rien à la précédente et consacre encore une fois une concentration des pouvoirs accrue aux mains du roi :

1) commandeur des croyants,

2) chef des armées,

3) président du Conseil des ministres,

4) président du conseil constitutionnel,

5) président du conseil supérieur de la justice,

6) président du conseil de sécurité...etc.

Nous dénonçons fermement cette mascarade de démocratie et ce simulacre de référendum.
Nous refusons cette nouvelle constitution octroyées ; antidémocratique dans son processus d'élaboration, insatisfaisante dans son contenu et irrespectueuse de la volonté du peuple marocain dans son ensemble.


Nous dénonçons la propagande du « Makhzen » et nous mettons en garde contre ses manœuvres dangereuses visant à attiser les tensions entre la population marocaine.

Nous dénonçons l'ingérence et la complicité de la France à travers son Président Nicolas Sarkozy qui a salué "les avancées capitales au Maroc" et qui a déclaré que "la France appuie pleinement cette démarche exemplaire". L’air du protectorat est révolu !

Nous dénonçons la participation de l'Union Européenne, à travers sa Haute Représentante Catherine Ashton, à cette mascarade de démocratie en déclarant que « la réforme constitutionnelle proposée (par le Roi) est conforme aux ambitions du statut avancé ». Et en insistant sur le fait que « l'Union européenne est prête à soutenir le Maroc dans les efforts qu'il déploie pour mettre en œuvre ces réformes d'envergure. »
Nous estimons que ces déclarations constituent une insulte envers le peuple marocain et un non respect de sa dignité et de son combat pour une véritable démocratie et un véritable État de droit.

Le Comité de Suivi du Mouvement Marocain 20 février, Nord France, renouvelle son attachement aux revendications populaires et légitimes du mouvement au Maroc.

Le Comité de Suivi du Mouvement Marocain du 20 février, Nord France, refuse et condamne ces manœuvres et appelle à boycotter ce référendum.
Seul le boycott du référendum du 1er juillet est à même de faire comprendre au régime que le peuple marocain ne peut rester à la marge des peuples de la région qui ont entamé leurs marches vers la liberté, la dignité et la démocratie. Et ce, malgré que le régime est prêt à tout pour imposer sa Constitution et que sa machine médiatique est mise en branle pour broyer et étouffer toute voix dissonante.
Le Comité de Suivi du Mouvement Marocain 20 février, Nord-France appelle à :


-Manifester le dimanche 26 juin à 15h du Trocadéro à l’Ambassade du Maroc à Paris.

-Organise un rassemblement devant le Consulat du Maroc à Lille, le vendredi 1er juillet à 9h00, pour informer et expliquer les raisons qui l’ont poussé à appeler au boycott du référendum.

Tous solidaires pour l'instauration d'un véritable Etat de droit et de démocratie au Maroc et pour la Liberté, la Dignité et la Justice pour tous les Marocains !

Contacts :
E-mail: 20fev.nordfrance@gmail.com
Facebook : comité de suivi du mouvement du 20 février Maroc, Nord-France
Blogspot: http://20fev-nordfrance.blogspot.com
Téléphone:06 24 35 30 99

La rage de résister dans les bidonvilles

Par Ali Fkir, 16/6/2011

extraits :
Au Maroc d'aujourd'hui, la population que le système dominant a criminellement entassée dans les bidonvilles, dans des conditions inhumaines, n'est pas le "lumpen-prolétariat prêt à égorger les paisibles citoyens, à violer les paisibles citoyennes...", ni le "lumpen-prolétariat" prêt à s'engager à la solde du régime pour mater les révoltes populaires.

Ce sont des travailleurs et travailleuses qui contribuent à la production de la richesse "nationale", et surtout ce sont des producteurs exploités quotidiennement et sans vergogne par les capitalistes. Des dizaines de milliers d'ouvrières dans les secteurs "précaires" tels le textile, les conserveries, le bâtiment, les femmes de "ménage"...ont comme gîte des baraques insalubres dans des bidonvilles sans eau, sans électricité, sans écoles, sans dispensaires, respirant les nauséabondes odeurs des détritus jamais ramassés par les "services" publics....Avec un salaire de moins de 2 000dh (moins de 200 euros) par mois, ces prolétaires ne peuvent se permettre mieux qu'un taudis comme logement.

Ces "cités" de prolétaires constituent aujourd'hui de véritables bastions de la résistance.
Ils , elles se réunissent  au siège d'ANNAHJ ADDIMOCRATI , le marxiste, sous les regards de Karl Marx, Engels, Lénine, Che , Saïda, Zeroual, Tahani.. assistent en masses aux marches populaires organisées par le mouvement du 20 février à Casablanca, Mohammedia, Tanger, Salé...En attendant l'entrée en action du prolétariat des grandes unités modernes, unités stratégiques (les mines, l'énergie...), les démuni-es des quartiers populaires en général et ceux des bidonvilles en particulier constituent aujourd'hui le réservoir de la résistance populaire, la force du mouvement du 20 février.

L'épopée de la lutte des bidonvillois-es de Casablanca et de Mohammedia (avant même le 20 février 2011) n'est plus à démontrer. Les sections locales de l'AMDH et d'autres militants de gauche ont joué un grand trôle dans cette mobilisation.

La mobilisation, l'unité, la solidarité, la lutte, ont imposé la libération des 5 représentants des habitants de Brahma El Hafra (dont le crime était de demander de l'aide lorsque les baraques étaient submergées par les eaux - ndlr) qui allaient être condamnés à plus de 10 ans de prison, et la résolution relative/provisoire du problème de logement de ces victimes des politiques sociales de l'Etat. (...)

Voir la vidéo: paroles, musique, "air", amertume...,venant des profondeurs de la société marocaine en général et des bidonvilles de Mohammedia en particulier, de ces opprimés qui n'ont rien à perdre face à ceux qui ont tout pris et peur de tout perdre ...

La femme du boxeur Moumni sur le ring de la justice marocaine

Par  Leslie Fauvel, Slate, 23/6/2011,


Taline Moumni, la femme du champion de boxe Zakaria Moumni, se bat depuis plus de huit mois pour la libération de son mari, incarcéré au Maroc pour des raisons qu’elle juge «kafkaïennes».
Ce samedi de juin, Taline Moumni arrive avec le sourire aux lèvres. Elle vient de rentrer du Maroc où elle a pu rencontrer son époux qu’elle n’avait pas vu depuis plus de huit mois. Arrêté pour «escroquerie» alors qu’il demandait audience au roi Mohammed VI, le boxeur Zakaria Moumni est impliqué dans une affaire loin d’être limpide.

«On n’a même pas pleuré tant nous étions heureux de nous retrouver. Même quand je suis rentrée, j’avais le sourire jusqu’aux oreilles dans l’avion. C’était comme si on ne s’était jamais quittés», raconte d’emblée la jeune Française de 31 ans, les yeux pétillants.

Trois jours de suite, pendant plusieurs heures à chaque fois, Taline a rendu visite à son mari à la prison de Zaki, aux environs de Rabat. Elle a vu les blessures sur les tibias de l’ancien boxeur, qui a remporté en 1999 un titre mondial de «light contact». Des plaies encore vives qui témoignent du traitement dont aurait été victime Zakaria Moumni les jours suivant son arrestation, le 27 septembre 2010, à l’aéroport de Rabat.

«Zakaria a su qu’il était à Temara [un centre de détention] parce qu’il a entendu un fonctionnaire qui parlait et qui disait qu’il était tombé en panne dans une ville à côté de Temara, qu’il n’y avait pas de bus pour Temara, donc qu’il avait mis du temps à venir. Zakaria avait les yeux bandés. Il a été ligoté pendant 3 jours et 3 nuits, tabassé, on lui interdisait de s’allonger. Quand je l’ai vu la semaine dernière, j’ai constaté les marques de blessures, elles sont encore vives», témoigne Taline.

Trois jours de retrouvailles, certes surveillées, qui ont affermi la détermination de la jeune femme, plus que jamais décidée à prouver l’innocence de son mari, condamné à trois ans de prison pour «escroquerie», une affaire montée de toutes pièces, selon le couple et leur avocat. L’insistance de l’ancien champion à faire valoir son droit d’obtenir un poste au ministère de la Jeunesse et des Sports, tel que stipulé par le décret du 9 mars 1967 (Dahir royal n° 1194-66 promulgué par Hassan II) de la loi marocaine, serait la véritable cause de son incarcération.

Le jour même de l’arrestation de Moumni, alors qu’elle est sans nouvelles de lui et qu’un mauvais pressentiment l’assaille, Taline contacte un avocat marocain spécialiste des droits de l’homme, Maître Abderrahim Jamaï, qui prend en charge la défense du boxeur.

La mise en place du soutien
Depuis Paris, où elle continue de travailler, elle coordonne le soutien à son mari. Création d’un comité appuyé par de nombreuses associations et ONG internationales, manifestations, organisation de conférences de presse (dont la première a eu lieu il y a quelques jours seulement, le 7 juin 2011, à Rabat); la jeune femme ne ménage aucun effort pour soutenir son époux.

«Pendant une semaine, entre le lundi de son arrivée au Maroc et le lundi de son jugement, j’ai eu le dos bloqué. J’ai envoyé des textos pendant 4 jours sur son portable français pour supplier les gens de ne pas lui faire de mal. Je recevais les accusés de réception, ce qui signifiait que quelqu’un lisait mes messages.

Après, j’ai dû agir. Maître Jamaï m’a donné les contacts d’Amnesty International, de Human Rights Watch (HRW), de toutes ces associations. J’ai donc saisi les ONG, qui ont pour la plupart tout de suite adhéré et pris l’affaire en main. Ils ont dû attendre que l’appel soit prononcé le 13 janvier. J’ai commencé à alerter les médias, les journalistes.»

Une détermination infaillible qui a su convaincre jusqu’au Parlement européen, qui apporte officiellement son soutien à Zakaria Moumni depuis le 26 mai dernier. Amnesty International a publié un communiqué et HRW a sorti un rapport le 25 avril demandant la tenue d’un procès équitable pour l’ancien champion. Le Monde, Marianne, L’Express, ou encore les journaux marocains El Ayam et Le Soir ont fait paraître des articles évoquant l’emprisonnement du boxeur.

A ce jour, les autorités marocaines sont restées muettes. Sollicitées par HRW, elles ne se sont manifestées qu’après la publication du rapport, dans une lettre adressée à l’ONG en arabe reprenant le procès-verbal de la police —complètement affabulateur, selon le couple Moumni, leur avocat et les ONG qui les soutiennent.

Un procès «kafkaïen»
Pour la femme du champion de boxe, c’est avant tout l’incompréhension qui domine:

«Mon mari aime son roi et son pays. A l’heure actuelle, je ne peux pas vous dire si Mohammed VI est ou non au courant de l’affaire. Si tel était le cas, je suis sûre qu’il l’aurait reçu. Mon mari n’a pas fait d’excès de zèle, il a juste demandé audience au roi. Il n’en a jamais mal parlé.

Quand bien même il aurait fait quelque chose de mal, rien ne justifie qu’on l’arrête à l’aéroport, sans donner de nouvelles à sa famille, qu’on le torture et qu’on le condamne sous de faux prétextes.

Comment lui, qui a véhiculé une image positive de son pays, qui lui a rapporté une médaille de champion du monde, se retrouve traité comme un criminel? C’est ça que je veux comprendre. Lui ne comprend toujours pas ce qu’il fait là-bas. C’est kafkaïen comme situation.»
Mais rien n’émousse sa détermination. Avec son comité de soutien —le même que celui de Kaddour Terhzaz, un ancien officier marocain injustement condamné à la prison—elle se fait le porte-voix de son mari et continue d’espérer sa libération:

«Aujourd’hui, je suis sa voix, parce qu’il ne peut pas s’exprimer de là où il est. Ce que je veux dire, c’est que j’ai confiance dans le Maroc, j’ai confiance dans la justice, mon mari est fier de son pays, fier de son roi, il attend que justice soit rendue.

Je suis là pour qu’il s’exprime à travers moi. Sa place est avec moi, sa place est sur les rings, sa vie c’est sa famille et sa profession. Je vais tout faire pour le sauver et je ne lâcherai rien. J’ai toujours espoir dans la justice du Maroc. J’ai espoir aussi dans mes actions.»

A l’heure où le souverain du Maroc, Mohammed VI annonce une réforme constitutionnelle, l’affaire Zakaria Moumni est un test pour la justice du pays.

La Cour de cassation doit décider le 29 juin prochain si oui ou non le boxeur aura droit à un autre procès en appel. La porte est ouverte aux autorités marocaines, qui ont là une occasion de prouver que la justice n’est pas un vain mot au Maroc.