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samedi 17 mai 2014

La torture au Maroc : une politique d’État


« … Ils m’ont enlevé mes vêtements. Tous mes vêtements. J’étais nu. Toujours les yeux bandés. Menottes derrières. Les pieds ligotés avec les menottes. Ils ont commencé à me taper. Ils m’ont mis par terre. Ils ont ligotés mes pieds. Il y avait deux mecs. Ils ont sorti une barre de fer sur laquelle ils ont attaché mes jambes. D’autres personnes me frappaient les pieds avec des tuyaux et des cordes. J’ai reçu des coups partout. Sur le ventre. Sur le torse. Ils se sont acharnés sur moi en disant tout le temps, sans arrêt, qu’ici c’est l’abattoir des hommes, on va te tuer. On va te découper. On va faire de toi de la viande hachée. On va te mettre dans des boîtes de conserves et personne n’en saura rien … »
Ceci n’est qu’un extrait de la torture qu’a subi Zakaria Moumni, champion du monde de Kick Boxing (1999). Zakaria a eu la « mauvaise » idée de réclamer ses droits haut et fort (l’application d’un décret royal donnant droit à une indemnité aux champions du monde marocains). Il a été enlevé le 27 septembre 2010 à l’aéroport de Rabat à sa descente de l’avion en provenance de Paris où il vit depuis plusieurs années avec sa femme. Il a été conduit secrètement, les yeux bandés, au centre de torture de Temara où il a subi les pires sévices [1]. Le passage cité ci-dessus n’est qu’un exemple des pratiques en œuvre dans ce lieu de torture selon les différents témoignages des victimes. Le centre de Temara a une mauvaise réputation au point que certaines personnes l’appellent Temara-ntánamo (en référence au camp américain de Guantanamo) et d’autres la surnomment le « Tazmamart » de « la nouvelle ère » [2] .
Face aux accusations régulières de « peine ou traitement cruel, inhumain ou dégradant » pratiqué par l’Etat marocain, ce dernier a recourt, généralement, à deux stratégies. Nier la torture de manière systématique, ou relativiser les cas révélés qui seraient selon lui « isolés » (En se référant, par exemple, aux « années de plomb », pour dire que c’était pire avant ! Quand même !).
L’usage de la torture n’est pas spécifique à un lieu particulier. Les Marocain(e)s habitué(e)s des commissariats de police ou des postes de gendarmerie (pour militantisme ou autre) connaissent très bien l’accueil qui leur est réservé en général dans ces lieux dits du « Makhzen ». Les témoignages ne manquent pas.
  • Samir Bradely, militant du mouvement contestataire du 20 février [3], ancien prisonnier politique et d’opinion est arrêté le 23 juillet 2012 et condamné à 6 mois de prison : « J’étais, toujours les yeux bandés, torturé dans la voiture de police ainsi que dans le commissariat ; j’ai reçu des coups de poings et des coups de pieds, on m’a obligé à dormir par terre pendant deux mois. Jusqu’à aujourd’hui, j’endure les conséquences de la torture ; j’ai une sciatique ».
  • Zahra Boudkour, militante de l’Union Nationale des Etudiants Marocains, est arrêtée le 15 mai 2008 et jugée le 19 mars 2009 après 10 mois de détention provisoire. Elle raconte les conditions de son interrogatoire : « … A minuit, on m’a descendue, nue, encore une fois, à la cave. On m’a demandé des noms et des adresses. Quand j’ai refusé de répondre, j’ai reçu une pluie de claques et de coups de pieds. Ce fut la même violence, lorsque qu’ils m’ont accusé d’avoir falsifié mon nom. Lorsque j’ai eu mes règles, on m’a laissé saigner pendant deux jours. Sans vêtements ! … »  [4].
  • Ezedine Erroussi, ancien détenu politique à la prison locale de Taza, militant de l’Union Nationale des Etudiants Marocains (UNEM) est arrêté le 1er décembre 2011 et libéré le 18 avril 2012. Il a mené une longue grève de la faim pour réclamer sa libération, protester contre ses conditions de détention et réaffirmer son combat politique. Dans une lettre, il dit : « ... Alors un des agents a mis encore une fois un pistolet dans ma bouche et sur ma tempe, il m’insultait et me menaçait « je vais t’exploser la tête si tu ne parles pas.. » J’ai quand même gardé le silence. Alors ils ont commencé à arracher mes cheveux, à tel point qu’ils arrachèrent mon cuir chevelu ... Ils se sont mis à me provoquer pour m’obliger à parler. Comme ils n’ont pas réussi, ils ont repris la torture. Ils ont mis un torchon plein de boue et d’huile de moteur dans ma bouche. J’ai failli m’étouffer car ils ont continué à me rouer de coups sur la totalité de mon corps, surtout sur les parties sensibles ... » i/
D’autres exemples encore :
  • En juillet 2002, Mohammed Ait Si Rahal (immigré marocain en France) succombe aux violences exercées par le commissaire du commissariat de Marrakech [5].
  • Le 17 septembre 2010 ; Foudail Abderkane est mort suite aux blessures sous la torture au commissariat central de Hay Salam à Salé.
  • Récemment, fin janvier 2014, une jeune femme affirme avoir été violée par un policier lors de sa garde à vue dans un commissariat à Rabat.
  • A Marrakech encore, début février, un jeune est mort dans le commissariat de police. Une fois encore, durant le mois de février 2014, une autre personne, Salah Eddine Saki, est décédée lors de sa présence au service régional de la police judiciaire de la ville de Safi.
A cela, s’ajoutent les interventions des forces de l’ordre qui entraînent la mort. A titre d’exemples, Karim Chaib (Ville de Séfrou), Kamal Ammari (Ville de Safi), Mohamed Boudouroua (Ville de Safi), Kamal Hussaini (Ville Aït Bouayach) ont tous trouvé la mort pendant l’année 2011. Respectivement le 20 février, le 29 mai, le 13 octobre et le 27 octobre.
Après sa mission menée du 15 au 22 septembre 2012, le rapporteur spécial des Nations-Unies, Juan Mendes, a rendu public son rapport. Il parle d’un « recours accru aux actes de torture et aux mauvais traitements lors de l’arrestation et pendant la détention » [6] . Il se dit « vivement préoccupé par plusieurs témoignages relatifs au recours à la torture et aux mauvais traitements dans des cas présumés de terrorisme ou de menace contre la sécurité nationale » [7].
On remarque d’ailleurs une similitude dans les méthodes et outils de torture entre des commissariats dans des lieux pourtant éloignés géographiquement. Il y a un "savoir-faire" (pour emprunter la terminologie de Michèle Alliot-Marie [8]), qui circule entre les tortionnaires. Il est probable que ces tortionnaires aient suivi des formations dans le domaine.
Le Maroc est allé plus loin en sous-traitant ses services de professionnels de la torture à la Central Intelligence Agency (CIA). Binyam Mohamed est emmené, en juillet 2002, « à bord d’un avion affrété par la CIA jusqu’au Maroc, où il est détenu au secret pendant environ dix-huit mois » [9]. Binyam révèlera au journal hebdomadaire anglais The Mail on Sunday [10] les pratiques cruelles et inhumaines qu’il a endurées. Il s’est fait découper la poitrine et les parties génitales à l’aide d’un scalpel [11]. Selon Reprieve, une organisation qui lutte à travers le monde contre la peine de mort, plusieurs responsables seraient impliqués directement dans ces opérations. Comme son prédécesseur Hamidou Laânigri, patron de la DST (de 1999 à 2003) et de la DGSN (jusqu’à 2006), Abdellatif Hammouchi, l’actuel patron de la DST, « aurait supervisé les différentes opérations entrant dans ce cadre ».
De son côté, l’ambassade du Maroc à Paris serait impliquée dans la préparation d’une entreprise criminelle [12] contre deux Franco-Marocains à la demande de l’industriel Serge Dassault. Le numéro 2 de l’ambassade à Paris aurait déclaré, selon les révélations de France Inter : « Ces gens-là vous font chanter ? On va s’en occuper Monsieur Dassault ! » [13].
D’ailleurs, l’Etat français, quel que soit le parti au pouvoir (UMP comme PS), reste complice de la politique répressive menée par le régime monarchique. Il serait même impliqué dans le « blocage » des dossiers comme celui de l’enlèvement et l’assassinat de Mehdi Ben Barka [14] le 29 octobre 1965 devant la brasserie Lipp à Paris. Or, ce dossier n’évolue toujours pas au nom de la « raison d’Etat » et par absence de décision politique. Dans le même temps, l’avocat de la famille Ben Barka, Maurice Buttin, est poursuivi devant la justice française, certainement pour l’intimider. Il ne serait pas étonnant que soient étouffées, d’une manière ou d’une autre par le pouvoir politique, les plaintes déposées récemment par l’Action Chrétienne pour l’Abolition de la Torture [15] et Maître Joseph Breham, contre le patron marocain de la DST .
L’impunité des tortionnaires, l’absence d’enquêtes indépendantes, la répétition fréquente d’actes de « peine ou traitement cruel, inhumain ou dégradant » sans poursuite des responsables, le retour à l’enfermement carcéral, dans des conditions inhumaines, pour les voix dissidentes (comme en témoigne la longue liste des prisonniers politiques) appuient l’interprétation que l’Etat marocain a recours systématiquement à la torture. Déjà en 2000-2001, l’Association Marocaine des Droits Humains (AMDH) avait publié une liste des noms de responsables [16], certains toujours en poste, pour lesquels l’association dispose de présomptions sur leur implication dans les crimes d’enlèvements, d’assassinats, d’arrestations arbitraires et de torture [17] . L’Etat n’a pas jugé utile de réagir à cette liste.
D’ailleurs, nonobstant l’opération de communication qui a accompagné l’annonce de « la nouvelle ère », largement relayée en Europe, notamment en France, l’Etat marocain a gardé le même appareil sécuritaire répressif que lors du règne d’Hassan II. Certains même de ceux présentés comme des « nouveaux visages » ont passé des stages de formation chez le ministre de l’Intérieur Idriss Basri, connu pour sa main de fer au service de la dictature d’Hassan II.
Le point commun entre les différents cas de tortures c’est l’impunité. Il faut se battre, parfois des années (cas de Zoubida Aït Si Rahal épouse de Mohammed Ait Si Rahal évoqué plus haut), pour obtenir un jugement contre un des tortionnaires ; puis il faut encore se battre pour que le jugement soit appliqué. La somme importante des cas rapportés permet de douter de la justification officielle selon laquelle ceux-ci seraient des « cas isolés ». La torture touche une large partie des citoyen(ne)s ; passant de simples personnes à des « militant(e)s » de l’Union Nationale des Etudiants du Maroc (UNEM), des « islamistes », des « syndicalistes », des « activistes » des mouvements sociaux, des « défenseur(euses) des droits humains », des « militant(e)s sahraouis », des « militant(e)s du mouvement amazigh », des opposant(e)s politiques, etc.
Tous ces faits mènent à penser que la pratique de la torture au Maroc, par son caractère systématique, est une politique d’Etat. Elle est un des maillons d’un système répressif ancré au cœur des mécanismes du pouvoir. Comme le reste des régimes despotiques, malgré une façade démocratique, le pouvoir en place dispose d’un vaste arsenal d’interventions pour contrer les mouvements sociaux et démocratiques qui combattent l’arbitraire policier, la corruption et les politiques anti sociales au service d’une logique de prédation internationale et locale menée et soutenue au plus haut niveau de l’appareil d’Etat.
En France tout comme au Maroc, intellectuels, médias et partis institutionnels dominants sont totalement muets face à une situation pourtant connue. Sans doute, le rôle que joue le pouvoir marocain comme tête de pont et allié stratégique dans le maintien de la Françafrique, le poids des intérêts des entreprises du CAC 40, la défense de l’Europe forteresse y sont pour beaucoup. Il serait judicieux d’ouvrir une enquête détaillée sur les coopérations sécuritaires, qui loin d’être seulement techniques, aboutissent à transférer un savoir-faire dans « la gestion des débordements sociaux » et à faire face, par tous les moyens, au risque d’un soulèvement populaire.
Car le Maroc est loin d’être une exception par rapport aux autres pays de la région, même si le pouvoir « bien conseillé » par les officines impériales a pu maitriser la première vague de contestation. Cette complicité va jusqu’au soutien affiché des initiatives royales pour leur donner un label démocratique avec l’aval de la communauté internationale.
Au Maroc, on réprime, on torture, on assassine dans l’impunité totale.. Nous ne pouvons nous résigner à cette situation et il est urgent que se développe un large mouvement de solidarité contre la pratique de la torture et la répression sous toutes ses formes au Maroc, condition pour dessiner un avenir démocratique pour notre peuple mais aussi d’une région où l’exigence d’un changement radical soit portée par des dynamiques progressistes.
CHAWQI Lotfi, militant du mouvement du 20 février.
EL HANKOURI Ouadie, militant du mouvement du 20 février.
JAITE Mohamed, militant du mouvement du 20 février.
[1Pour écouter le témoignage en intégralité de Zakaria Moumni : http://www.dailymotion.com/video/xoxio9_temoignage-zakaria-moumni-torture_news
[2Tazmamert était une prison secrète pour prisonniers politiques au Sud-Est du Maroc. Elle est un symbole d’oppression dans l’histoire du Maroc.
[3Mouvement né en 2011 à la suite de la vague de protestation qui a touché le Maghreb et le Machrek
[4Extrait du témoignage de Zahra Boudkour, ancienne prisonnière politique et d’opinion. Cf. http://ar.mideastyouth.com/?p=141
[6A/HRC/22/53/Add.2, « Rapport du Rapporteur spécial sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, Juan E.Méndez », page 2.
[7A/HRC/22/53/Add.2, « Rapport du Rapporteur spécial sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, Juan E.Méndez », page 6.
[8Ministre française des affaires étrangères entre le 14 novembre 2010 et le 27 février 2011. Elle avait proposé le « savoir-faire » français pour réprimer le soulèvement tunisien contre le dictateur Ben Ali. Cf. http://www.youtube.com/watch?v=3pHORBsfNR8
[14Opposant marocain socialiste connu pour ses positions critiques vis-à-vis de la monarchie
[17Comme le cas du général Hosni Benslimane, commandant de la gendarmerie royale depuis 1974. Il serait impliqué dans l’enlèvement et le meurtre de Mehdi Ben Barka. Un mandat d’arrêt international est en cours contre lui.

Article publié le 28 mars 2014 - actualisé le 25 mars 2014

Amnesty : Maroc: La torture au Maroc et au Sahara occidental

30 ans après son interdiction, la torture est toujours

largement pratiquée - Lancement de Stop Torture,

 nouvelle campagne d'Amnesty International


STOP TORTURE Synthèse pays :
 Maroc et Sahara occidental

La torture au Maroc et au Sahara occidental : en bref Le règne du roi Hassan II (de 1956 à 1999), période connue sous le nom des « années de plomb », a été caractérisé par la répression de la dissidence politique, la disparition forcée de centaines de personnes, la détention arbitraire de plusieurs milliers d’autres, et l’usage systématique de la torture et d’autres mauvais traitements. Même si la situation des droits humains s’est largement améliorée depuis l’accession au trône du roi Mohammed VI, Amnesty International continue de recevoir des informations faisant état d’actes de torture et d’autres mauvais traitements infligés par la police ou la gendarmerie lors des interrogatoires en garde à vue et, plus rarement, en prison et en détention au secret dans des centres de détention clandestins.

La torture et les autres formes de mauvais traitements sont expressément interdites et érigées en infraction dans le droit marocain depuis plusieurs années, mais elles restent une réalité dans la pratique. Les auteurs de ce type d’agissements continuent de jouir d’une impunité quasi totale. Les juges et les magistrats du parquet mènent rarement d’enquêtes sur les allégations de torture et d’autres mauvais traitements, ce qui signifie que peu d’auteurs de ces actes ont à rendre des comptes. Le climat d’impunité qui en découle annule le pouvoir dissuasif de la législation du Maroc contre la torture.

Les défaillances du système judiciaire, par exemple l’absence d’avocats pendant les interrogatoires par la police, continuent de créer des conditions propices à la torture et à d’autres mauvais traitements. Les « aveux » obtenus sous la torture qui figurent dans les procès-verbaux d’interrogatoires policiers sont toujours une pièce maîtresse dans les condamnations, au détriment de constatations matérielles et de témoignages devant la justice. Les projets actuels de refonte de l’appareil judiciaire marocain constituent une occasion sans précédent de faire bouger les choses. Amnesty International engage les autorités marocaines à :

1. Offrir des garanties en détention, y compris la consultation d’avocats peu de temps après l’arrestation, la présence d’avocats pendant les interrogatoires et l’enregistrement vidéo de ceux-ci ;

2. Mettre fin à la détention secrète en établissant un registre de détenus centralisé, consultable à tout moment, sur demande et sans délai, par les avocats et les proches des personnes détenues ; 

3. Mettre fin à l’impunité bien ancrée en veiller à ce que toutes les allégations de torture et d’autres mauvais traitements fassent l’objet d’enquêtes impartiales et indépendantes dans les meilleurs délais et que, dès lors qu’il existe suffisamment de preuves recevables, les responsables présumés de ces agissements soient jugés équitablement ; 

4. Veiller à ce que les éléments de preuve obtenus sous la torture ou d’autres mauvais traitements ne puissent être invoqués dans le cadre d’une procédure, si ce n’est contre la personne accusée d’actes de torture ou d’autres mauvais traitements ; 

5. Fournir pleinement réparation, dans les meilleurs délais, aux victimes de torture et d’autres mauvais traitements ainsi qu’aux personnes qui sont à leur charge.

Il est temps de dire stop à la torture au Maroc et au Sahara occidental.
(...) lire la suite
  http://www.amnesty.fr/CP-Campagne-Stop-Torture-11670
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 Par Zine Cherfaoui,  El Watan, 14/5/2014

Entre le 25 avril 2013 jusqu’au 18 mars 2014, la répression des manifestations pacifiques dans les territoires sahraouis occupés par le Maroc a touché 912 personnes (458 femmes, 399 hommes, 28 enfants et 27 handicapés).
 Cette période a enregistré également 52 enlèvements, dont des femmes et des enfants, qui ont été tabassés et/ou torturés pour être ensuite relâchés, tandis que des attaques et agressions ont été commises contre les défenseurs des droits de  l’homme et des blogueurs sahraouis, alors que 197 maisons ont été saccagées.
Quant aux poursuites judiciaires, elles ont concerné 108 prisonniers politiques sahraouis durant cette même période. En septembre 2012, au terme d’une première visite au Maroc et au Sahara occidental, le rapporteur spécial de l’ONU, Juan Mendez avait, rappelle-t-on, confirmé que les «actes de torture» n’avaient pas disparu, démentant ainsi le discours régulièrement tenu par Rabat.        (Z. C.)
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Par Léa Ducré - 13 mai 2014

La torture « en plein essor »

La torture n’est pas de l’histoire ancienne. Elle ne se cantonne pas aux zones de guerre. A l’occasion

Pour lui extorquer des aveux sur sa possible implication dans un trafic de drogue, des soldats en civil ont détenu Miriam López Vargas une semaine. Violée trois fois. Asphyxiée. Electrocutée. Trois années ont passé depuis, aucun de ses tortionnaires n’a été traduit en justice.
Cette femme de 31 ans, mère de quatre enfants, est Mexicaine mais elle pourrait être Marocaine, Nigériane ou même Américaine. 
Le rapport d’Amnesty International qui transmet son témoignage met en évidence l’ampleur de la torture, encore aujourd’hui.
Trente ans après l’adoption historique de la Convention contre la torture par l’ONU, la lutte contre les traitements inhumains est toujours d’actualité.

« Trente ans d’engagements non tenus »

Au cours des cinq dernières années, l’ONG a dénombré des cas de torture et de traitements inhumains dans 141 pays, dont 79 des 155 États qui ont ratifié la Convention des Nations unies en 1984. Exceptions ou dérapages dans certains États, cette violation des droits humains est une pratique généralisée dans d’autres. « La torture est non seulement toujours pratiquée, mais elle est même prospère dans de nombreux pays à travers le monde », explique Geneviève Garrigos, secrétaire générale d’Amnesty International.
« Depuis 2001, la torture est utilisée au nom de la lutte contre le terrorisme. Cette forme de justification est lourde de conséquences... Dans le monde entier des gouvernements font preuve d’hypocrisie face à la torture. Ils l’interdisent à travers la législation mais l’encouragent dans la pratique. »
L’organisation lance ce mardi 13 mai la campagne « Stop torture » qui durera deux ans. Elle sera axée sur cinq pays où elle estime pouvoir amener des changements rapides et exemplaires : le Mexique, les Philippines, le Maroc et le Sahara occidental, le Nigéria et l’Ouzbékistan. Mais ces cinq priorités ne sauraient occulter l’étendue du problème : la torture est encore une pratique répandue à travers le monde.
Les résultats du sondage de l’institut Globescan, réalisé à la demande d’Amnesty, sont pour le moins alarmants. Sur 21 000 personnes interrogées, réparties dans 21 pays, près de la moitié (44%) craignent d’être torturées en cas d’incarcération.

Abjectes, les méthodes de torture sont utilisées contre les personnes suspectées de crimes ou de terrorisme, contre les dissidents et opposants politiques. Mais aussi contre les minorités, les femmes ou les jeunes. Parfois arrêtés au hasard, comme en Egypte où de plus en plus de témoignages révèlent l’usage massif de la torture et de l’humiliation sexuelle par les autorités.
En 2014, lutter contre la torture est encore une urgence.
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 Amdh Nord/France

#‎StopTorture‬  
Clip réalisé par Sylvain Chomet http://youtu.be/qgVYeIqNhpk


Agissez aux côté d'Amnesty International France contre la torture : http://www.amnesty.fr/stop-torture

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Les violations des ddH au Sahara Occidental depuis la résolution 2099 CSNU (25/4/2013)

 RAPPORT DU CODESA








Durant la période allant du 26 avril 2013(date de l’adoption par le Conseil de Sécurité de la résolution 2099)  au 05 avril 2014, le Maroc a continué à exercer la même politique répressive à l’encontre des civils Sahraouis  dans la  partie du Sahara Occidental qu’il occupe  et au Sud du Maroc.

En effet,

- le retrait du projet de résolution proposé  par les Etats Unis en Avril  2013 au Conseil de Sécurité, proposition sur laquelle la population sahraouie et les défenseurs sahraouis des droits de l’Homme ont beaucoup compté pour freiner les violations des droits de l’homme commises par l’Etat Marocain,

- la résolution du Conseil de Sécurité n° 2099/2013 qui n’a pas demandé l’élargissement du mandat de la MINURSO pour couvrir  le contrôle et la protection  des droits de l’homme au Sahara Occidental,



 

Ont constitué, deux éléments qui, apparemment ont encouragé l’Etat marocain à continuer à commettre plus de violations des droits  de l’Homme et ce en flagrant contradiction avec le discours officiel des autorités Marocaines et les engagements prises par les différends responsables Marocains  à plusieurs occasions : lors   de la discussion du rapport du SG des Nations Unies en Avril 2013, lors de la soumission du Maroc  à l’examen  périodique universel au Conseil des Nation Unies pour les droits de l’Homme en Mai 2012 ,ou  encore dans le communiqué commun des Etats unis et le royaume du Maroc publié en Novembre 2013suite à la visite du Roi du Maroc aux Etats Unis….etc.
Le collectif des Défenseurs Sahraouis des droits de l’Homme, CODESA préoccupé par la situation grave des droits de l’homme auSahara Occidental a répertorié  les atteintes des droits de l’homme commises par l’Etat marocain durant la période allant du 26 Avril 2013  au 08 avril 2014. Le bilan est très lourd et témoigne de l’absence d’une  volonté réelle  de la part du  Maroc  de respecter les droits l’Homme au Sahara Occidental.


www.facebook.com/CODESA.SOwww.facebook.com/CODESA.SO




Droits de l’Homme : Indignation en France suite aux interventions "musclées" dans des universités marocaines

Plan de paix au Sahara Occidental, 11/5/2014




L’Association de défense des droits de l’homme au Maroc (Asdhom) s’est indignée de récentes interventions "musclées" des forces de sécurité dans des universités marocaines, ayant fait de nombreux blessés parmi des étudiants-militants des droits de l’homme. 

 L’Ong, basée à Paris, évoque des affrontements ayant eu pour théâtre, le 25 avril dernier, un campus universitaire à Fès où des affrontements entre groupes d’étudiants ont fait un mort, suscitant l’intervention des forces de l’ordre qui, à son tour, s’est soldée par des blessés et des interpellations parmi les étudiants. Tout en signalant que les arrestations opérées "rapidement" après les affrontements et avant la mort du défunt n’ont touché qu’un groupe des antagonistes, l’Asdhom dit ne pas s’expliquer ces arrestations qui, a-t-elle affirmé, ont été suivies d’une accusation jugée grave requalifiée de "meurtre avec préméditation". 

Selon elle, ces interpellations auraient touché des anciens prisonniers politiques de l’UNEM-Fès qui n’étaient pas présents le jour des affrontements. "Les opérations de police se sont poursuivies au-delà de Fès, dans d’autres universités du pays, comme à l’université de Marrakech, où un groupe de criminels non identifié s’est attaqué aux militant(e)s de l’UNEM", a ajouté l’Association, qui regrette l’assimilation d’étudiants à des criminels. "Nous restons vigilants et mettons en garde les autorités marocaines contre cette escalade de violence et contre toute tentative de son exploitation pour venir à bout de tout mouvement de protestation populaire et pacifique", a-t-elle averti, dans un communiqué parvenu hier à l’APS. 

Pour l’Asdhom, assimiler les militants de l’UNEM, du mouvement 20-Février, du mouvement des diplômés chômeurs et les défenseurs des droits de l’homme à de "vulgaires criminels n’est pas acceptable". "Nous refusons qu’ils soient victimes de procès non équitables, montés de toutes pièces, où ils sont généralement accusés à tort de ‘‘violences à l’encontre d’agents de l’Etat, rassemblements armés et non autorisés, destruction de biens publics, désobéissance, etc.’’", a affirmé l’Association qui dit continuer à défendre ces "victimes d’atteinte aux droits" qu’elle considère comme des prisonniers d’opinion. 
Ces derniers sont proposés au parrainage dans le cadre de la campagne de solidarité internationale que l’Asdhom à lancée en novembre 2012, depuis Paris sous la houlette de l’écrivain-journaliste français Gilles Perrault.




Lancement de la campagne Stop Torture d'Amnesty

Zakaria Moumni et Robert King (détenu 31 ans à l'isolement à la prison américaine d'Angola) au lancement de la campagne Stop Torture d'Amnesty International aujourd'hui 
Zakaria Moumni et Robert King (détenu 31 ans à l'isolement à la prison américaine d'Angola) au lancement de la campagne Stop Torture d'Amnesty International aujourd'hui

Maroc: le pouvoir multiplie les procès contre des manifestants du 20-Février


  Par Ilhem Rachidi, 12/5/2014
Un procès, un de plus, se tient en ce moment à Casablanca : une dizaine de jeunes militants du mouvement du 20-Février sont emprisonnés pour avoir manifesté. Méthodiquement, le pouvoir réprime un à un des groupes ciblés pour faire taire une contestation qui est de plus en plus dispersée.

Maroc, correspondance. Ils sont plusieurs dizaines de manifestants à être venus ce mardi après-midi 6 mai de Rabat, Casablanca ou Marrakech, pour soutenir ceux qu'on appelle désormais « les détenus du 6 avril ». Avant l'audience, dans ce procès qui va encore durer des semaines au rythme d'une séance hebdomadaire, ils crient leur colère devant le tribunal de première instance de Aïn Sbaa, un quartier situé à l'est de Casablanca. « Liberté immédiate pour les détenus politiques ! » ; « Ils sont détenus pour nous, nous militons pour eux ! » Plusieurs anciens prisonniers, dont Samir Bradley et Younes Belkhdim, condamnés par ce même tribunal en 2012, sont venus dénoncer ce qu'ils considèrent comme un procès politique.

Manifestation devant le tribunal, mardi 6 mai.Manifestation devant le tribunal, mardi 6 mai. © (dr)
Le 6 avril, onze manifestants du mouvement du 20-Février sont violemment arrêtés alors qu'ils participent à une manifestation syndicale d'une dizaine de milliers de personnes. Un homme qui prenait des photos d'un café et qui n'a aucun passé militant a été, lui aussi, embarqué par les policiers. Ils sont aujourd'hui poursuivis pour « manifestation non autorisée » et « violence contre les forces de l'ordre ». Ils encourent des peines de deux à cinq ans de prison, d'après leurs avocats.
À la surprise générale, deux d'entre eux, Amine Leqbabi et Fouad Elbaz, ont été placés en liberté provisoire à l'issue de leur garde à vue de 48 heures, après avoir signé un procès-verbal dans lequel ils nient ces accusations. Neuf autres, qui n'ont pas signé de procès-verbal, ont été transférés à la prison de Oukacha, à la périphérie de Casablanca.
« C'est un procès fabriqué, regrette Youssef Raïssouni de l'AMDH (Association marocaine des droits humains). Ils sont poursuivis pour organisation de manifestation non autorisée mais ce cortège était autorisé. Ils sont aussi poursuivis pour actes de violence à l'égard des agents de l'autorité mais il y a des vidéos qui prouvent le contraire. Les autorités cherchent à intimider le mouvement et empêcher toute action militante. »
« Nous avons été arrêtés parce que nous sommes membres du mouvement du 20-Février et le Makhzen (l'administration royale) veut se venger de nous. Ils me poursuivent parce que je suis militant », affirme Amine Leqbabi. « La stratégie du Makhzen a changé. La répression et les arrestations ont nettement augmenté. Au début du mouvement, lorsque nous avions un poids dans la rue marocaine, le Makhzen ne nous embêtait pas mais ensuite, avec l'affaiblissement de la mobilisation, le pouvoir a commencé à avoir recours aux arrestations », explique-t-il.
Trois ans après les grandes mobilisations, écho des autres grandes révolutions arabes, le mouvement du 20-Février est en effet en difficulté (lire ici notre précédent article). La structure du mouvement, ouvert à tous, sans leader ni mécanisme de décision, a rapidement laissé apparaître de profondes divisions tandis que les syndicats et les partis de la gauche institutionnelle se tenaient à distance (la gauche radicale, elle, ayant soutenu le mouvement). Les contestations se poursuivent mais de manière dispersée tandis que le pouvoir marocain a peu à peu repris en main la situation par une répression ciblée sur quelques groupes militants. D’après l’AMDH, au moins 2 000 personnes ont été arrêtées depuis février 2011. L'actuel procès des « détenus du 6 avril » est une nouvelle illustration de la pression sans relâche exercée par le pouvoir.
Parmi les accusés, il y a Mustapha Aarass, un membre de Attac-Tanger, Ayoub Boudad, membre de l'Union des étudiants pour le changement du système éducatif (UECSE), organisation créée en 2012 dans la foulée des premières grandes manifestations, Hakim Sarroukh, étudiant en philosophie et militant de l'Union nationale des étudiants du Maroc (UNEM). Hamza Haddi, 20 ans, un militant connu du M20, en est à sa troisième incarcération.
« Hakim Sarroukh avait juste quitté le cortège de l'UNEM pour aller voir les militants du mouvement en queue de manifestation, et il n'est pas revenu », raconte un membre de l'UNEM qui manifestait ce jour-là. Plusieurs manifestants témoignent d'une présente policière particulièrement importante. Ils décrivent une intervention violente, avec coups de mégaphone et insultes.
Comme chaque mardi depuis le début du procès, l'entrée au tribunal est un parcours d'obstacles. Il faut convaincre à deux reprises des policiers pour pouvoir assister à l'audience. Pourtant, d'après la loi marocaine, les audiences sont publiques. « Je vais voir avec mon chef », dit un policier qui semble ignorer cette loi. Il autorise finalement des membres de l'AMDH à entrer et, par la suite, quelques militants supplémentaires.

Protestation des syndicats

La salle est comble et la présence policière palpable. Les neuf détenus entrent en faisant le signe de la victoire, très amaigris par une récente grève de la faim d'une semaine, mais souriants. Les plaignants sont – encore une fois – absents. L'un des dix avocats présents – ils sont une quarantaine –, Mohamed Messaoudi, attire l'attention sur l'état d'un détenu qui souffre de tuberculose. Le juge n'a jusque-là pas cru nécessaire de l'hospitaliser. Il s'ensuit un vif échange sur l'accès aux soins des détenus entre l'avocat et le juge, qui refusera d'accorder un suivi médical aux détenus.
Début mai, plusieurs dizaines de militants emprisonnés ont observé une grève de la faim simultanée d'une semaine dans les prisons de Casablanca, Marrakech, El Hoceima, Taza, Fès et Kénitra, pour dénoncer les conditions de leur détention mais aussi pour appeler à la libération tous les détenus politiques.
Un autre avocat, Abderrahman Benamar, demande au juge d'ordonner aux policiers, conformément à la loi, de faire entrer tous ceux qui veulent assister à l'audience. Il passe le reste de l'audience à dénoncer les nombreuses incohérences des accusations et les irrégularités des procès-verbaux. Pour la défense, le dossier est vide et les arrestations sont illégales.
Quelques-uns des accusés photographiés durant l'audience. 
Quelques-uns des accusés photographiés durant l'audience. © (dr)
Fait défiant tout logique, les militants sont accusés d'avoir organisé une manifestation non autorisée au sein d'une manifestation autorisée. Ils auraient été arrêtés alors qu'ils scandaient des slogans contre le régime, sans qu'on sache toutefois lesquels. « Aucune loi n'interdit ce type de slogans, expliquera Me Benamar après l'audience. Cela relève de la liberté d'expression. » Les autorités justifient l'intervention des forces de l'ordre par une demande des organisateurs de la manifestation, qui auraient voulu écarter des éléments perturbateurs. Depuis, les trois centrales syndicales (CDT, UMT, FDT) ont démenti cette version dans une lettre de protestation où elles condamnent ces arrestations et évoquent un retour aux « années de plomb », la pire période de la dictature de Hassan II.
D'après l'accusation, les militants auraient ensuite frappé les policiers avec des bâtons et jeté des pierres. Pourtant, ces objets n'ont pas été présentés au tribunal. De plus, les certificats médicaux des plaignants sont datés du 6 avril à 10 heures alors que les forces de l'ordre ne sont intervenues que deux heures plus tard.
Lorsqu'ils ont été placés en garde à vue, les détenus ne savaient pas de quoi ils étaient accusés. Ils n'ont pas non plus été autorisés à joindre leurs familles. Me Messaoudi intervient alors, soulignant que « selon la constitution octroyée de 2011 », les détenus doivent être remis en liberté jusqu'à leur jugement définitif. Sans surprise, le juge refuse à nouveau toute libération. La prochaine audience se tient le 13 mai. Les accusés sont emmenés en quelques secondes, sans que leurs proches puissent les saluer.
À la sortie du tribunal, la déception se lit sur les visages. « Je n'ai pas honte de mon fils ! », crie la mère de Hamza Haddi, alors que les slogans reprennent de plus belle. Quelques manifestants pro-régime, présents à chaque audience, crient « Vive le roi ! ».

Les détenus, épuisés par leur grève de la faim, passeront une semaine de plus en prison. Hamza Haddi a perdu douze kilos. Ayoub Boudad et Hakim Sarroukh ne pourront peut-être pas se présenter à leurs examens de fin d'année. Amine Leqbabi, qui n'a pas été emprisonné, est pour sa part à la recherche d'un emploi. « Après mon arrestation, ma patronne m'a viré parce que la police le lui a demandé. Elle m'a dit : "Tu travailles avec nous et tu t'éloignes du mouvement, ou tu t'en vas." Moi, j'ai choisi le mouvement, bien sûr ! », dit-il.