New York , 11 nov 2015 (SPS)
Le
droit de l'Envoyé personnel du SG de l'ONU pour le Sahara occidental,
Christopher Ross, de se rendre dans les territoires sahraouis occupés a
été expressément réaffirmé par un haut responsable onusien, plaçant de
plus en plus le Maroc dans une position de faiblesse du point de vue
diplomatique vis-à-vis de la question sahraouie, a rapporté mercredi
l’Agence de presse algérienne (APS).
Le porte-parole du SG de l'organisation des Nations Unies, Martin
Nesirky était clair dans sa réaction aux propos tenus par le chef de la
diplomatie marocaine, Salahedine Mezouar, selon lesquels "le Maroc ne
pourrait accepter la visite de Ross au Sahara occidental", en
réaffirmant que "Ross, a le droit de se rendre au Sahara occidental".
Autrement dit, Ross continuera à arbitrer les négociations entre le
Front-Polisario et le Maroc en vue d'organiser un référendum sur
l'autodétermination du Sahara occidental, une solution "pleinement
appuyée" par nombre de pays.
Pour rappel, le Maroc n'en est pas à son premier accroc avec le
médiateur onusien. En 2012 déjà, le Royaume lui avait retiré sa
confiance l'accusant de "partialité" après avoir, dans l'un de ses
rapports, épinglé Rabat sur la situation des droits de l'homme dans les
territoires sahraouis occupés.
Samedi, le ministre des Affaires étrangères sahraoui, Mohamed Salem Ould
Salek, avait souligné que la dernière tentative de l'occupant marocain
d'empêcher l'Envoyé personnel du SG de l'ONU de visiter les villes
sahraouies occupées témoigne de "son isolement et de ses contradictions
avec les résolutions des Nations Unies".
M. Nesirky a réitéré lundi l'appel du chef de l'ONU à de véritables
négociations entre le Front Polisario et le Maroc qui seront lancés dans
les prochains mois devant conduire à l'autodétermination du peuple du
Sahara occidental.
La diplomatie marocaine mise à mal
Le Maroc est en froid avec des ONG, experts et députés de nombreux pays.
Ils étaient nombreux à défendre le principe que le conflit au Sahara
occidental était une question de décolonisation, ce que Rabat a du mal à
accepter.
Des juristes et experts en droit international, réunis mardi au
Parlement européen à Bruxelles à l'occasion d'une Conférence sur "les
droits de l'homme et le respect de la légalité internationale au Sahara
Occidental", ont réaffirmé que "malgré les tentatives du Maroc de faire
reconnaître ce conflit comme une question de sécession, il s'agit bien
d'une question de décolonisation.
Ce fait est incontestable", ont insisté à l'unanimité les participants à cette Conférence.
"Le Sahara occidental n'ayant jamais été un territoire sous souveraineté
marocaine, il est dès lors impossible de parler de sécession", ont-ils
expliqué, soulignant que le Sahara Occidental est recensé parmi les 17
territoires non autonomes (TNA) sur la liste établie par les Nations
Unies.
Autre percée pour le cause sahraouie, et pas des moindres, un délégué
des Équipes de réponses aux catastrophes de la Fédération internationale
des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR), Sadrack
Bertrand Mantanda effectue une visite dans les camps de réfugiés
sahraouis affectés récemment par les inondations, une première depuis 40
ans.
Cette visite qui consiste à évaluer la situation humanitaire suite aux
inondations qui ont frappé les camps des réfugiés, est une première
depuis leur installation en 1975 à Tindouf, un événement qu'il a
qualifié d’"acquis humanitaire".
Le Maroc gagné par la peur d'un retour vers la légalité
La sujet qui inquiète actuellement les autorité marocaines, c'est de
voir le Conseil de sécurité de l'ONU retenir la proposition exprimée
lundi par des experts et juristes internationaux depuis Bruxelles
portant nécessité d'intégrer un mécanisme de surveillance du respect des
droits de l'homme à la mission des Nations Unies pour le référendum au
Sahara occidental (Minurso).
Des juristes venus des territoires occupés du Sahara Occidental,
d'Espagne, de Grande Bretagne, de France, d'Algérie et de nombreux
autres pays, ont tiré la sonnette d'alarme sur la situation des
Sahraouis vivants aux territoires occupés.
Ces derniers ont convenu de publier très prochainement une déclaration
dans laquelle ils comptent appeler le Parlement européen et les autres
institutions de l’UE à "plus d’engagement dans cette cause", emboitant
le pas à l'appel du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-Moon à de
véritables négociations entre le Front Polisario et le Maroc qui doivent
être lancées dans les prochains mois et devant aboutir à "une solution
politique mutuellement acceptable, permettant l'autodétermination du
peuple du Sahara occidental".
Tout cela est perçu comme une avancée pour le Front Polisario, ce qui
pour le Maroc constitue un échec de sa politique expansionniste au
Sahara Occidental.
Dernière colonie en Afrique, le Sahara Occidental a été occupé par le
Maroc, il y a 40 ans, après le départ des troupes espagnoles, et reste à
ce jour inscrite à l'ONU au chapitre des territoires à décoloniser
selon les règles du droit international en la matière. (SPS)
020/090/700 111606 NOV 015 SPS