Allocution de l’Association Marocaine des Droits Humains Paris/IDF au rassemblement devant le siège de Véolia le 7 novembre 2015 à Paris.
CherEs amiEs,
Je
souhaite, au nom de l’Association Marocaine des Droits
Humains-Paris/IDF, remercier tout d’abord toutes celle et tous ceux qui
ont répondu présents à cet appel aujourd’hui pour soutenir les habitants
du nord du Maroc (mais ailleurs aussi dans le pays) et protester contre
les pratiques frauduleuses d’Amendis, filiale de Véolia. J’aimerais
remercier aussi toutes celles et tous ceux qui se sont mobilisé-e-s pour
cette cause juste, individus, associations, syndicats et partis
politiques.
CherEs amiEs,
Depuis
plusieurs semaines des milliers de Marocains sont sorti-e-s dans les
rues du nord du Maroc pour protester contre la cherté des factures
d’électricité tout en rappelant avec force l’un des slogans du mouvement
du 20 février « Amendis dégage ».
Nous
avons, à l’AMDH-Paris/IDF, pu consulter plusieurs factures
d’électricité. Certaines présentent des sommes exorbitantes à payer.
Surtout que des personnes (que nous avons pu consulter) qui habitent en
France et ne rentrent au Maroc que pendant les vacances, ont reçu des
factures très importantes pour des périodes où leurs
maisons/appartements étaient vides. Il y a des milliers de cas
incompréhensibles de ce genre.
Nous
sommes aujourd’hui ici, devant le siège de cette multinationale, pour
insister et transmettre ce même slogan des habitants, « Amendis Dégage », et aussi pour dire aux autorités marocaines qu’elles sont les premières responsables de cette situation.
CherEs amiEs,
Il
est du devoir de l’État de garantir les droits fondamentaux à ses
citoyens et citoyennes qui leur assureraient une vie digne et
respectueuse.
Le Maroc est signataire du « Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels »
depuis 1979. Déjà en 2006, le comité chargé de suivi de l’application
de ce pacte, le Comité des droits économiques, sociaux et culturels des
Nations Unies s’inquiétait de la situation. Il disait être « préoccupé
par les mauvaises conditions de logement dont souffrent notamment les
personnes déplacées et les habitants de bidonvilles. Dans ce contexte,
la privatisation des services publics, tels que l’eau et l’électricité,
dans les centres urbains a aggravé l’état de pauvreté des plus
vulnérables. ».
Même
la Cour des Comptes a révélé plusieurs manquements des entreprises de
gestion déléguées (Lydec, Rédal et Amendis). Or, les élus locaux, les
différents ministères sont restés silencieux. Certains évoquent même les
« intérêts suprêmes » du Maroc quand les citoyens demandent la réddition des comptes.
CherEs amiEs,
S’ajoutent,
au mépris des citoyenNEs, une répression sécuritaire et un non-respect
des libertés publiques, notamment le droit à manifester pacifiquement
contrairement aux engagements internationaux et à la constitution
marocaine.
En
conséquence, plusieurs citoyens et citoyennes sont poursuivies,
arrêté-e-s et harcelé-e-s. Il n’a pas suffi à l’État marocain de faire
subir une hausse exorbitante, mais il a fallu aussi que des citoyens
soient réprimés parce qu’ils ont exigé dignement et pacifiquement leurs
droits. A l’heure actuelle, plusieurs personnes sont poursuivies suite
aux diverses manifestations contre Améndis/Véolia.
Nous souhaitons aujourd’hui, rappeler, à travers ce rassemblement, quelques revendications :
-
«Améndis Dégage » mais juste avant
1. La reddition des comptes.
2. La définition des responsabilités.
3. L’indemnisation des victimes.
-
Nous rappelons à l’État marocain ses engagements en matière de droits civils, politiques, économiques et sociaux au lieu de suivre des politiques d’appauvrissements depuis des décennies.
-
Nous appelons à l’arrêt des poursuites contre les activistes à Tanger et à la libération de tous et toutes les prisonnierEs politiques et d’opinions.
-
L’État doit prendre ses responsabilités pour garantir à tous les citoyennes et citoyens les conditions d’une vie respectueuse de la dignité de tout un chacun.
Ouadie Elhankouri
Pour l’AMDH-Paris/IDF
Le 7 novembre 2015, à Paris.
Merci au camarade Abou Farid Hassan pour la vidéo.
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