Sahara Info n°83 — Novembre 2015 À quelques semaines d'intervalle, d'octobre – date de l'examen périodique à Genève – à novembre 2015 – date du discours anniversaire de la Marche verte –, Mohammed VI vient de dénoncer, avec un aplomb insensé, les engagements que son pays, le Royaume du Maroc, a pris en adhérant aux principaux Traités internationaux relatifs aux droits de l'Homme et au droit humanitaire. N'a-t-il pas pourtant solennellement déclaré, en décembre 1999, pour le 51e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'Homme : « Nous sommes fermement convaincus que le respect des droits de l'Homme et des Conventions internationales qui consacrent ces droits n'est pas un luxe mais une nécessité dictée par les exigences du développement » ? Ainsi, en adhérant au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels et en le ratifiant, le Maroc s'est engagé à rendre compte auprès du Comité des droits économiques, sociaux et culturels de la manière dont il respecte les dispositions de ce Pacte et à tenir compte des observations finales que le Comité adresse aux pays parties qui sont soumis à un examen périodique. Pour mémoire, chaque Comité – comme celui des droits économiques, sociaux et culturels – est composé d'experts indépendants, qui sont chargés de surveiller la mise en œuvre par les États parties des instruments relatifs aux droits de l'Homme des Nations unies. Que s'est-il passé dans le cas du Maroc ? Les observations finales sur le quatrième rapport périodique présenté par Rabat sont particulièrement éloquentes sur la question du Sahara Occidental : la première recommandation concerne le nécessaire respect du droit à l'autodétermination ; la seconde demande au Maroc de « garantir le respect du consentement préalable, libre et en connaissance de cause des Sahraouis afin qu'ils puissent exercer leur droit à profiter et à user pleinement et librement de leurs ressources et richesses naturelles ». En outre, à propos du mur de sable ou berm, le Comité recommande au Maroc de « prendre les mesures adéquates pour permettre aux Sahraouis d'accéder à leurs terres et ressources naturelles et de se réunir avec leurs familles », et d'« accélérer son programme de déminage du mur de sable ». À cette attention portée aux Sahraouis, le Maroc a réagi avec brutalité en deux épisodes : - à Genève d'abord, où les autorités marocaines « dénoncent et rejettent l'approche biaisée et tendancieuse », « la partialité et le parti pris flagrants » des experts et leur soumission au point de vue des « autres parties hostiles à l'intégrité territoriale du Maroc » ; - à El Aïoun ensuite, où Mohammed VI a repris avec emphase, pour célébrer les 40 ans de la Marche verte, la propagande habituelle. Propagande qui tout à la fois mobilise l'histoire revue par le Makhzen : « rappel des liens d'allégeance unissant les Sahraouis au roi du Maroc », et défie la Communauté internationale et ses différents organes : « nous savons aussi que ces organisations internationales n'ont pas le droit de s'immiscer dans les affaires du Maroc » ; « nous préparons un cadre juridique incitatif pour l'investissement étranger dans nos provinces du Sud ». Pour cet anniversaire, le palais royal a fait venir à El Aïoun de très nombreux Marocains – les sources locales parlent de plusieurs dizaines de milliers qui sont arrivés au cours des deux semaines précédant le 6 novembre – et les a envoyés « manifester » leur hostilité à la présence de la MINURSO devant le siège de la mission des Nations Unies à El Aïoun. En outre, Christopher Ross, l'envoyé personnel du Secrétaire général de l'ONU, est aujourd'hui interdit de Sahara occidental par le Maroc ! Les Nations unies, le Secrétaire général et le Conseil de sécurité doivent en urgence prendre la mesure d'une telle surenchère et mobiliser les moyens juridiques et politiques pour ramener les autorités marocaines à la raison et préserver ainsi l'équilibre du Maghreb. |
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