Chers amis lecteurs de solidmar,

Solidmar est fatigué ! Trop nourri ! En 8 ans d’existence il s’est goinfré de près de 14 000 articles et n’arrive plus à publier correctement les actualités. RDV sur son jumeau solidmar !

Pages

samedi 29 juin 2013

Jeunesse marocaine : génération perdue


Décryptage. Génération perdue


  •  Par Hassan Hamdani et Hicham Oulmouddane, Tel Quel, 13/6/2013
    Décryptage. Génération perdue
    immolation
    (AFP)
 42% des 15-29 ans veulent immigrer.
5% des 15-17 ans consomment des psychotropes.
11% des 15-24 ans n’ont aucun niveau d’instruction.
18% des 18-24 ans sont au chômage.

Plus de 80 immolations depuis le 20 février 2011.
 Sources :
Enquête du HCP : “Les jeunes en chiffres”.
Rapport 2011 de l’Observatoire marocain des prisons.
Enquête de la Banque mondiale.
Rapport du ministère de l’Education nationale.


Le Maroc a mal à sa jeunesse, dont une grande partie n’attend plus rien de son pays. Les uns s’immolent, d’autres vandalisent, s’évadent par la drogue ou rêvent de l’eldorado européen. Autant de signes d’un malaise profond.
En février 2011, à Souk Sebt, Fadoua Laroui, 25 ans et mère de deux enfants, s’immole par le feu devant l’hôtel de ville. Son geste est sa réponse au refus des autorités de lui accorder un logement social qu’elle réclamait du fait de son statut de mère célibataire. Le suicide de la jeune femme va faire de nombreux émules chez des Marocains n’ayant pas encore la trentaine. Cet effet de mimétisme morbide est tel qu’il est difficile de dénombrer aujourd’hui  les tentatives d’immolation. Le ministre de la Justice, Mustafa Ramid, déclarait qu’on en comptabilisait plus de 80 en février 2012. Elles n’ont pas cessé depuis, alimentant la page des faits-divers. “C’est vraiment un “J’accuse”, un acte de protestation publique”, expliquait la psychiatre Saïda Douki après les premiers cas d’immolation dans le monde arabe. Ainsi, l’endroit choisi pour se suicider n’est pas anodin. Que l’on soit diplômé chômeur ou marchand ambulant, on se fait brûler devant des lieux qui représentent le pouvoir : le parlement, une préfecture, etc. “Ces tentatives de suicide sont le résultat de l’angoisse profonde et la frustration des jeunes envers les conditions économiques et sociales de toute une génération”, constate un groupe de psychiatres du CHU de Fès qui a travaillé sur la question. En bref, c’est grave docteur. Très grave. Car l’immolation est la conséquence d’une pathologie de la société, et non pas le résultat d’un malaise purement personnel comme dans les autres formes de suicide. Sur ce point, les observateurs des mutations sociales rejoignent les psychiatres : “Il est dramatique que le suicide soit devenu un canal de revendication, le dernier mode de prise de parole dans une société qui semble être devenue sans écoute”, déplore ainsi le sociologue Jamal Khalil.

“La Constitution parle de droit à la vie, les immolés ont préféré faire jouer leur droit à la mort”, assène le vice-président de l’AMDH, Abdelilah Benabdeslam. Ce n’est pas par goût de la formule. C’est plutôt l’expression de son profond désarroi face à cette nouvelle forme de protestation, incompréhensible pour ce vieux briscard du sit-in et des marches. “Nous avons milité en organisant des grèves de la faim en prison. J’ai même perdu des camarades. Mais là, je suis sidéré, je n’ai jamais vu un tel degré de désespoir chez les nouvelles générations”, confie-t-il. La jeunesse de nos jours semble se manifester différemment.

Hooligans en force
Les actes de vandalisme qui ont entaché le match opposant le Raja aux FAR, le 11 avril dernier, sont venus relancer les interrogations sur ces jeunes supporters de plus en plus violents, aux limites de la sauvagerie. Ce “jeudi noir”, comme l’ont surnommé les médias, est l’apogée de heurts qui ponctuent depuis cinq ans les matchs de football. On y a vu le signe évident qu’une frange de la jeunesse est désormais en roue libre totale, ne se considérant plus tenue aux règles sociales de la vie en communauté. Et le football ne serait qu’un prétexte pour déverser les frustrations accumulées. “D’après mes enquêtes de terrain, les casseurs sont essentiellement issus de familles défavorisées, en proie au chômage,  à l’exclusion et au mépris”, égrène Abderrahim Bourkia, qui prépare une thèse sur le hooliganisme. “La violence n’est jamais gratuite, elle est toujours l’expression que quelque chose va mal. Lorsqu’un individu s’attaque à des biens publics qui sont aussi censés lui appartenir, il se met en dehors de la collectivité tout en estimant qu’on l’a forcé à en sortir. Il est réactif et ne se considère pas comme responsable”, analyse Jamal Khalil.

Certains soutiennent que cette génération de casseurs n’est pas spontanée, mais le résultat de la faillite des structures d’encadrement, à savoir la famille et l’école. Si on peut critiquer l’institution scolaire déficiente, il est difficile de jeter la pierre aux parents qui sont démissionnaires malgré eux dans beaucoup de cas. “Nous ne sommes plus dans la famille élargie où, du père en passant par l’oncle, les jeunes étaient contrôlés et recadrés. La nucléarisation de la famille ne permet plus cela, surtout dans les foyers où l’homme et la femme doivent travailler pour joindre les deux bouts. Comment dans ce cas de figure trouver du temps pour éduquer ses enfants ?”, constate Mohamed Hazim, prospectiviste au Haut-commissariat au plan. C’est en tout cas le motif avancé par Malika B., dont le fils de 23 ans passe en jugement, accusé de vandalisme suite au jeudi noir : “Je ne suis plus en mesure de savoir ce qu’il fait ou de quoi il vit. Je fais des ménages toute la semaine chez deux ou trois familles, je n’ai donc pas le temps de m’occuper de lui et de ses frères et sœurs. Mon mari est souffrant, il  a baissé les bras et ne veut plus se mêler de leur éducation”. Effondrée, Malika ne comprend pas comment son fils s’est retrouvé au stade alors qu’il ne regarde jamais de match de football. Sa présence est sans doute due à l’effet d’entraînement décrit par Abderrahim Bourkia : “Sur un groupe d’une dizaine d’adolescents, seul un ou deux vont jeter des pierres pour casser un abribus, une vitrine ou une devanture de café. Ces “initiateurs” ont leurs “suiveurs”. Ce que nous pouvons traduire par le goût du risque, source de motivation de ces adolescents en quête de visibilité”. La nature ayant horreur du vide, de nouvelles normes sociales gagneraient du terrain parmi les jeunes. “Une culture de rue s’est installée progressivement parmi eux. S’adonner à des petits délits, à des actes de violence et à la casse pendant des manifestations sportives participe à la construction du respect de ses pairs”, a pu observer Abderrahim Bourkia. Et on se serre les coudes quoi qu’il arrive. “Quand je suis parmi les miens, je m’engage totalement dans les affrontements contre les membres des groupes rivaux, a raconté un supporter ultra à Abderrahim Bourkia. Je ne crains rien. Lorsqu’on est nombreux, ils ne peuvent pas nous attaquer. D’où l’importance de se diriger vers le stade accompagné d’un grand nombre de supporters. Cela m’encourage même davantage à attaquer les autres, s’ils sont inférieurs”.

Passage par la case prison
“J’ai passé 12 jours en prison, les pires de ma vie. C’est une épreuve que je ne souhaite à personne. Dès que tu débarques, il faut être aux aguets tout le temps pour ne pas être agressé ou violé”, raconte Imad, 17 ans, arrêté avec d’autres supporters des FAR après le jeudi noir casablancais. Comme lui, de plus en plus de mineurs font l’expérience de l’incOMParcération. Sur les 55 000 détenus que compte le Maroc, plus de 50% ont moins de 30 ans. Plus grave encore, 8% de la population carcérale est âgé de 13 à 20 ans, ventilés pour les plus jeunes entre les quatre maisons de redressement du royaume : Casablanca, Benslimane, Settat et Salé. Aucune prise en charge spécifique n’est prévue pour les mineurs, comme le souligne chaque année l’Observatoire marocain des prisons (OMP) dans ses rapports, qui dénonce par ailleurs les terribles conditions de détention. Les infrastructures en prison sont insuffisantes, il y a une absence d’hygiène, un manque flagrant d’assistants sociaux pour la réinsertion des jeunes détenus, tandis que certains prisonniers mineurs souffrant de troubles mentaux sont laissés à l’abandon.
Selon l’OMP, l’augmentation de la population carcérale (plus de 11 000 nouveaux prisonniers entre 2008 et 2012) est en partie due à l’emprisonnement de plus en plus courant de mineurs. “Il est clair qu’on assiste à un glissement dangereux. Les prisons marocaines accueillent des détenus de plus en plus jeunes. Face à ce phénomène nouveau, il devient nécessaire de recadrer la politique carcérale du royaume. Le travail en amont pour éviter que les jeunes ne sombrent dans la délinquance est plus que jamais une nécessité”, constate Abdellah Moussedad, secrétaire général de l’OMP. Les statistiques des condamnations de mineurs, selon la nature des délits, montrent que pour beaucoup d’entre eux les peines d’emprisonnement auraient pu être évitées, les actes incriminés étant de faible gravité. “Des mesures non privatives de liberté auraient été plus adéquates, notamment parce que les établissements de détention ne sont pas aptes à assurer une rééducation effective et efficace”, souligne-t-on à l’OMP. Ainsi, rien n’est fait pour lutter contre la récidive très forte chez les mineurs qui, faute d’une autre éducation, acquièrent “des principes en “criminologie” dans une ambiance qui contribue à encourager le crime”, écrit l’OMP dans un de ses rapports. L’observatoire souligne ainsi que cet apprentissage est d’autant plus facilité que les détenus ne sont pas séparés par délit ou crime, les plus jeunes se retrouvant au contact d’anciens plus endurcis. A leur sortie de prison, le regard que la société porte sur ces jeunes en tant qu’anciens détenus contribue, qui plus est, à les faire plonger encore plus profondément dans la criminalité.

Paradis artificiels
Un rapport du ministère de l’Education nationale sur l’usage des drogues en milieu scolaire, daté de 2011, révèle que les jeunes âgés de 15 à 17 ans ont accès facilement à toutes les formes de stupéfiants. Près de 5% d’entre eux consomment régulièrement des psychotropes, à savoir le fameux karkoubi. Les autres drogues citées par l’enquête sont le cannabis, fumé par 7,2% des sondés, suivi par l’ecstasy et les produits à inhaler (colles, solvants). Et inutile de chercher bien loin pour planer. Plus de 30% des élèves interrogés ont déclaré se procurer leur drogue à l’intérieur même de l’établissement, près de 60% l’achètent à proximité de leur école et 55% dans les cafés et salles de jeux alentour. L’accès aux drogues est d’autant plus facile que les dealers sont les élèves eux-mêmes, comme le signalent près de 65% des sondés. Pire, près de 10% des interrogés signalent que les fournisseurs font partie du personnel de l’établissement, du gardien à l’enseignant en passant parfois par le directeur.
“L’usage des stupéfiants a atteint des proportions inquiétantes chez les mineurs depuis quelques années”, se désole le professeur en psychiatrie Nadia Kadiri, spécialiste des addictions et coauteur de plusieurs études sur la prévalence des drogues au Maroc. En clair, le royaume est rentré dans la culture de la défonce de masse et tout est bon pour planer : “La colle synthétique, communément appelée ‘silicioun’, fait des ravages chez les 14-15 ans. Pas chère et accessible, elle fait office de produit d’initiation aux stupéfiants”, déplore Nadia Kadiri. Il en est de même pour le karkoubi qui, longtemps considéré comme la drogue du pauvre, touche désormais des jeunes de la classe moyenne. C’est le cas de Yassine, beau jeune homme de 23 ans, bien sous tous rapports. Sauf qu’il a des dizaines de cicatrices sur les bras, résultat de ses séances d’automutilation quand il est sous l’effet des psychotropes. “J’ai commencé à me droguer après le divorce de mes parents, n’admettant pas leur séparation. J’ai commencé par le haschich, avant de passer à beaucoup plus hard sur les conseils d’amis. J’achète ma drogue en volant ou en bradant les fringues de marque que mes oncles me ramènent de l’étranger”, raconte-t-il, d’un ton neutre, comme s’il parlait de la pluie et du beau temps. Et comme beaucoup d’autres jeunes de son âge, Yassine ne rêve que d’une chose : quitter le pays.

Rêve d’ailleurs
Une enquête de la Banque Mondiale, publiée en juin 2012, souligne que près que 42% des Marocains entre 15 et 29 ans veulent immigrer. Ce chiffre révèle que ces jeunes ne croient pas pouvoir bâtir leur avenir dans le pays, un sentiment qui ne touche plus seulement ceux qui n’ont rien à perdre mais aussi ceux qui possèdent des biens. C’est ainsi que dans la région de Fkih Ben Salah et Khouribga, de jeunes agriculteurs revendent leurs terres pour financer leur voyage et leur installation de l’autre côté du détroit de Gibraltar. “Paradoxalement, ce sont les plus ambitieux qui veulent immigrer. Ils préfèrent être simples employés dans les exploitations agricoles espagnoles que propriétaires terriens dans un système sclérosé. Là-bas, ils peuvent révéler leur savoir-faire et leurs compétences tant bien que mal”, souligne Khalil Jemmah, ancien président de l’Association des familles et victimes de l’immigration clandestine (AFVIC).
Selon les chiffres de cette association, ils étaient en 2002 environ 100 000, issus de la région comprise entre Fkih Ben Salah, Khouribga et Beni Mellal, à tenter la traversée du détroit de Gilbraltar en pateras. La zone a été surnommée le “triangle de la mort” en raison du nombre impressionnant de candidats à l’immigration qui se noyaient lors des tentatives de hrig.  Aujourd’hui, ce surnom semble surfait, puisqu’en 2013, ils ne sont plus que 2000 à  5000 à tenter leur chance. Une bonne nouvelle ? Pas tant que ça. “Les motivations de l’immigration étaient saines : on recherchait la dignité et la considération. Les jeunes de la région n’ayant plus cette soupape de sécurité, du fait de la crise en Espagne, attendent tout désormais de l’OCP, principal acteur économique de la région”, souligne Noureddine Karam, président actuel de l’AFVIC. Mus par l’énergie du désespoir, ils veulent un emploi tout de suite, refusant les règles de recrutement de l’office et les périodes d’attente. “Ils estiment que la génération qui les a précédés a déjà beaucoup donné à l’OCP et réclament ces emplois comme un héritage des sacrifices de leurs parents”, poursuit Karam.
Désormais, le sentiment d’être face à un mur infranchissable en matière d’emploi touche même les jeunes qui s’estimaient à l’abri du fait de leur parcours scolaire brillant. “On le voit chaque année avec l’aggravation de la sélection dans l’enseignement supérieur. Une mention Bien au baccalauréat n’est plus suffisante pour accéder aux études de médecine, d’architecture ou à l’ISCAE”, relève l’économiste Mustapha Meftah. Etre méritant n’est plus la garantie d’un avenir brillant selon les jeunes qui, interrogés sur les facteurs d’ascension sociale, estiment à 55% qu’il est nécessaire d’être issu d’une famille riche et aisée. “Lors des manifestations du 20 février, des étudiants, loin d’être en situation d’échec scolaire, ont essayé de se battre contre le système de sélection post-baccalauréat. Ils  arboraient des panneaux affirmant que “pour réussir il fallait le bac plus babak”. C’est significatif du peu de confiance qu’ils accordent à l’enseignement supérieur”, conclut Mustapha Meftah. Roulez jeunesse ? Difficile quand on carbure au désenchantement…

Jamal Khalil. “Notre société n’est pas méritocratique”
Auteur de plusieurs travaux de recherche sur les transformations sociales, le sociologue fait le point sur les raisons du désenchantement des jeunes.

Est-il possible de former les jeunes à la citoyenneté si l’école ne fait pas son travail ?
Non, surtout dans le contexte actuel. Les choses sont devenues tellement complexes qu’il faut un certain niveau d’instruction pour pouvoir assimiler les règles relatives à nos relations. Les 15-24 ans ont un poids démographique important dans la société marocaine : ils représentent aujourd’hui plus de 20% de la population. C’est un groupe d’âges dont la borne inférieure correspond à la fin de la scolarité obligatoire, c’est le début de la déscolarisation massive, surtout chez les filles et dans le monde rural. D’un autre côté, c’est une population qui se cherche et qui, intellectuellement, devrait posséder des atouts énormes. C’est la période de vie où l’individu est le plus créatif et le plus productif à l’école ou hors de l’école. Quand une société délaisse ses jeunes, c’est comme si elle dilapidait ses propres ressources.

L’absence d’encadrement de la jeunesse est-elle à l’origine du sentiment d’abandon d’une génération ?
Un grand nombre de choses utiles ont été larguées en cours de route : maisons des jeunes,colonies de vacances, groupement de jeunes, enseignement des sciences sociales... On est passé par plusieurs périodes. La première commence après l’indépendance, dans la mouvance nationaliste : il s’agissait d’éduquer les jeunes afin qu’ils construisent le pays. Juste après, en 1965, on a changé de posture : il fallait dorénavant mater la jeunesse pour qu’elle rentre dans les rangs. Cela correspond aux années de plomb. Par la suite, on a pensé neutraliser leur énergie en les gardant le plus longtemps possible à l’école, quel que soit leur niveau. Ça a donné les diplômés chômeurs. Après, on a songé à leur faciliter l’accès au crédit pour qu’ils deviennent de jeunes promoteurs, mais cette initiative a rencontré trop de résistance. Puis il y a eu les attentats du 16 mai 2003 et l’INDH, qui correspondent à une autre période avec la recherche de nouvelles postures. Le Mouvement du 20 février est venu clore cette variation d’attitudes sinusoïdales, les jeunes ont eux-mêmes pris la parole et ont ouvert le début d’un nouveau cycle. En résumé, ce n’est pas le manque d’encadrement des jeunes qui pose problème, c’est la variation des attitudes qui crée ce sentiment d’abandon.

Dans quelle mesure l’incapacité de se réaliser dans son propre pays participe-t-elle à la désillusion d’une génération ? 
Aujourd’hui les jeunes se comparent avec d’autres jeunes vivant ailleurs. Dans ce benchmark, ils visualisent leur trajectoire future au Maroc. Trop d’éléments interviennent, rendant leur avenir opaque. Et trop de variables semblent devoir être mobilisées pour qu’un jeune puisse s’en sortir localement. Nous n’avons pas réellement installé les fondements d’une société  méritocratique. Le futur sur place leur semble donc aléatoire. Quelles que soient leurs compétences, ils ne savent pas ce qui les attend et de ce fait redoutent le pire. Vouloir partir à l’étranger est une réponse à la question “comment faire pour ne pas rater les opportunités qui se présentent ?”.

Sondage. L’espoir fait vivre
Les bacheliers rêvent d’un Maroc prospère où ils auront un avenir brillant. C’est la lueur d’espoir qui ressort de l’enquête réalisée par le Haut-commissariat au plan sur la perception par les jeunes Marocains de leur pays en 2030. Près des trois-quarts des sondés se voient cadres supérieurs, tandis que 64 % imaginent faire leur carrière dans le royaume. Les bacheliers ont aussi été invités à imaginer le principal titre d’actualité en 2030. Dans près de 25% des titres choisis, l’analphabétisme et le chômage sont éradiqués. La majorité des lycéens sondés s’accorde à dire qu’il n’y aura plus d’habitat insalubre en 2030. Selon eux, les conditions de vie se seront améliorées, on valorisera les jeunes, les femmes seront les égales des hommes, la mendicité et la consommation de drogue déclineront. L’enseignement sera de bonne qualité, tout comme le système de santé. Tout ceci permettra au Maroc de progresser  de manière vertigineuse dans le classement basé sur l’indice de développement humain : certains bacheliers voient même le pays se classer 3ème à l’échelle mondiale. Enfin, selon eux, le royaume possédera l’arme nucléaire. Ce qui fera de lui une puissance militaire qui exportera son excédent d’armes aux pays musulmans.
 http://www.telquel-online.com/Le-Mag/Decryptage-Generation-perdue/573
 -------------------------------------------------------------

BAC 2013 : le Maroc enregistre des résultats catastrophiques !

 par Biladi


Avec seulement 37,91% de réussite, les résultats des examens du baccalauréat marocain sont les plus mauvais de ces dernières années.
La première session d’examens du baccalauréat 2013 aura vraiment fait couler beaucoup d’encre au Maroc. Après un nombre de cas de fraude et de tricherie record, ce sont les résultats qui sont records avec le plus bas taux de réussite de ces dernières années.
Avec 146 979 candidats admis sur 484 780 candidats inscrits, le taux de réussite n’est en effet que de 37,91%. Il faut préciser que 51% des admis sont des filles et que 13.39% sont des candidats libres.
Il faut également préciser, selon les résultats finaux publiés par le ministère, que le taux de réussite dans les filières scientifiques et techniques est de 45.91%, et de 27.82% pour les filières littéraires et d'enseignement originel.
Si 175 904 candidats peuvent encore tenter de décrocher leur précieux BAC lors de la session de rattrapage qui est prévue du 9 au 11 juillet prochain, ce bas taux de réussite remet à l’ordre du jour la qualité de l’enseignement au Maroc et la motivation des candidats à décrocher leur diplôme.
 http://biladi.ma/1138832-bac-2013-le-maroc-enregistre-des-resultats-catastrophiques.html

LETTRE OUVERTE DE RACHID RAHA , AMAZIGH, AU ROI DU MAROC

Par Rachid Raha , 29/6/2013
Lettre ouverte au roi du Maroc

A Sa Majesté Mohamed VI
Roi du Maroc
Objet : Amazighité, respect de la Constitution et démocratisation du Maroc.

Majesté,

A l’occasion de la deuxième année de la reconnaissance officielle de la langue et de l’identité amazighes dans la Constitution du premier juillet 2011/2961, permettez moi d’attirer votre attention sur l’évolution préoccupante de l’amazighité, qui est devenue une question incontournable du passé, du présent et du futur du royaume du Maroc.

Majesté,
Vous avez eu le mérite d’être le premier chef d’Etat de toute Tamazgha (Afrique du Nord) à reconnaître l'amazighité à travers vos différents discours (30 juillet 2001, 17 octobre 2001, 9 mars 2011) et à l’entériner au sein de la dernière réforme constitutionnelle, «en tant que patrimoine commun à tous les Marocains sans exception ». Lors de votre discours au parlement, le 12 octobre 2012, vous avez eu le courage de mettre l’accent sur la nécessité d'une priorité de l’action parlementaire, pour l’adoption des lois organiques relatives à la mise en œuvre du caractère officiel de la langue amazighe, tout en soulignant qu’elle devait se faire « loin de tout à priori et de tout calcul étroit »,  comme il est clairement stipulée dans l’article 5 de la Constitution.

Malheureusement, du fait que les membres des deux chambres du parlement et de l'actuel gouvernement sont insensibles à vos discours et du fait qu’ils ont finalement des calculs étroits, rien n’a été fait en faveur de l'intégration de la langue amazighe dans l’enseignement et dans les domaines prioritaires de la vie publique, et ce afin de lui permettre de remplir à terme sa fonction de langue officielle. Deux années qui devaient constituer une révolution de mentalités se sont perdues, en contribuant au génocide culturel et linguistique dont l’UNESCO n’arrête pas de nous alarmer pour sauvegarder ce grand et immense patrimoine autochtone, qu’est la civilisation amazighe.

Majesté,

En me référant à l’article 37 de la Loi fondamentale qui stipule que « Tous les citoyens et les citoyennes doivent respecter la Constitution et la loi», je fais appel à votre compréhension et à votre sens de la responsabilité, vu que l’article 42 de la constitution vous consacre en tant qu’Amghar d’Etat à veiller et à faire veiller au respect de la Constitution, au bon fonctionnement des institutions constitutionnelles, à la protection des choix démocratiques et des droits et libertés des citoyennes et des citoyens (…)», et cela en vous invitant à changer le gouvernement actuel qui n’a montré aucune volonté politique pour l’application de la loi suprême du pays.

Ce gouvernement, issu des dernières élections, à la suite du mouvement du 20 février, dirigé par un Chef de gouvernement, de tendance  « islamiste », qui ne parle même pas notre langue officielle, et qui ne cache pas non plus sa haine envers les Amazighs et la question amazighe, s’est distingué par des violations flagrantes et continues des articles de la Loi fondamentale. En interdisant à la députée du Sud, Fatima Tabaamrant de parler dans sa langue maternelle, désormais reconnue comme officielle, au sein du parlement, on n’a pas seulement violé le préambule et l’article 5 de la Constitution, sinon aussi d'autres articles. Article 10, article 25 et surtout l’article 19 qui stipule que « L’homme et la femme jouissent, à égalité, des droits et libertés à caractère civil, politique, économique, social, culturel et environnemental, énoncés dans le présent titre et dans les autres dispositions de la Constitution, ainsi que dans les conventions et pactes internationaux dûment ratifiés par le Royaume », dont la convention sur l’élimination de toute forme de discrimination à l’égard des femmes, sachant que la représentation des femmes au sein des deux chambres, -et du gouvernement-, est dérisoire. Et ses violations se répètent de nouveau en interdisant tout récemment au conseiller Abdellatif Ouammou d'exprimer sa liberté d’opinion et d’expression.

Certaines ONG, prenant le dessus sur la paresse des partis politiques marocains, et selon l’article 14 de la constitution, qui les y autorise, ont présenté un avant- projet de loi organique relatif au Conseil national des langues et de la culture marocaine et à l'officialisation effective de la langue amazighe. Mais sans aucune suite. Quant à l’article 21 qui consacre que « Tous ont droit à la sécurité de leur personne, de leurs proches et de leurs biens. », celui-ci a été bafoué par le président de votre gouvernement qui ne s’est soucié guère à assurer la sécurité à un intellectuel qui a été menacé de mort par certains salafistes, ni à critiquer la fatwa du Conseil Supérieur des Oulémas appelant à l’exécution de l’ apostat, qui contredit l’esprit de  l’article 41 à propos des principes et desseins tolérants de l’Islam, et surtout l’article 20 qui préconise que : « Le droit à la vie est le droit premier de tout être humain. La loi protège ce droit ».

Majesté,

Même si cette Constitution, qui vient de souffler sa deuxième bougie, est loin d’avoir les mêmes modalités que les constitutions parlementaires, à l’image des monarchies européenne, et auxquelles on aspire en tant que citoyens amazighs de ce pays, elle a été largement saluée parce qu’elle avait suscité un grand espoir pour la réhabilitation effective de l’identité amazighe et pour la réconciliation des Amazighs avec leur histoire. Mais malheureusement, sur le terrain, on s’est retrouvé déçus par les multiples blocages et tracasseries mis en œuvre quasi à tous les niveaux des institutions de l’Etat et à l’encontre de l’intégration réelle de la langue et de l’identité amazighs, en reportant l’article 5 précité aux calendes grecques.Ainsi, la situation de l’amazighité est de plus en plus alarmante. Dernièrement, le ministre de l’Education Nationale, qui avait promis d’élargir l’enseignement de la langue amazighe à un million d’élèves, ce qui aurait absorbé un grand nombre de diplômés chômeurs, a envoyé de nouveaux professeurs à l’étranger pour enseigner, uniquement, la langue arabe. De même, le ministre des affaires islamiques continue à envoyer des imams et à faire comme si la langue amazighe ne faisait pas partie de l’identité nationale comme stipulé dans le préambule et l’article 16 de la constitution qui précise que : « Le Royaume du Maroc œuvre à la protection des droits et des intérêts légitimes des citoyennes et des citoyens marocains résidant à l’étranger, dans le respect du droit international et des lois en vigueur dans les pays d’accueil. Il s’attache au maintien et au développement de leurs liens humains, notamment culturels, avec le Royaume et à la préservation de leur identité nationale (...)». Ce qui est pire, c’est que certaines formations, comme celle du Chef du gouvernement, en l’occurrence le PJD, au lieu de préparer avec ses partenaires la loi organique pour la mise en œuvre du caractère officiel de la langue amazighe, s’obstinent à œuvrer pour la consolidation et le renforcement de la langue arabe, qui est déjà sauvegardée par les institutions, et cela en pensant renforcer l’arabisation du système éducatif qui est en faillite totale à cause de la politique uni linguiste et linguicide, sans penser à la dette historique faite à l’encontre de l’amazighe qui a été privée de toute promotion durant plus de cinquante années, depuis l’indépendance du Maroc.

Cette politique de déracinement culturel, prêchée par cet actuel et impuissant gouvernement, se manifeste en plus par la violation de l’article 29 de la constitution, interdisant la liberté de réunion et de rassemblement, comme les manifestations des populations d’Imiter, d’Ait Bu Ayache, d’Imzouren, de Sidi Ifni, Demnat, ainsi que les tawadas amazighes d’Agadir et d’Al-Hoceima. Que dire du non respect de l’article 32 de la Loi fondamentale se référant à la famille et à la convention des droits de l’enfant de porter le prénom que les parents veulent lui donner et dont la liste des interdictions ne fait que s’allonger malgré les démentis répétitifs du ministre de l’Intérieur au parlement.

L'institut Royal de la Culture Amazighe, que l’on pensait devoir être renforcé et consolidé dans son rôle, a vu au contraire son conseil d’administration démis de ses fonctions sans respect aucun des formes légales.

Majesté,

L’actuel gouvernement mérite d’être sanctionné et nombreux sont celles et ceux qui attendent que vous fassiez usage de vos hautes prérogatives pour que le processus de la démocratisation soit irréversible et que la question de l’amazighité soit l’une des  pièces angulaires de ce processus que nous appelons tous de nos vœux, loin des sirènes du chantage des conservateurs, et du chaos de la pensée irrationnelle des obscurantistes.


Veuillez agréer, Majesté, l’expression de ma considération fort distinguée.

                                                                                                        
                          Rachid RAHA

Nota : lettre envoyée au Palais royal en langue amazighe accompagnée par cette traduction en français.



Point hebdomadaire n°29 sur la campagne de parrainage des prisonniers politiques au Maroc, 24/6/2013

Association de Défense des Droits de l’Homme au Maroc
ASDHOM 79, rue des Suisses  92000 Nanterre

Point hebdomadaire n°29 sur la campagne de parrainage des prisonniers politiques au Maroc, 24/6/2013

Les familles des prisonniers politiques de l’Union Nationale des Étudiants du Maroc (UNEM) se sont données rendez-vous hier, 23 juin, devant le Conseil National des Droits de l’Homme (CNDH) à Rabat pour crier leur colère et réclamer la libération immédiate des leurs. Elles ont fait le déplacement de Fès, Meknès, Taza et d’Agadir et elles étaient soutenues dans leur sit-in par les militants de l’UNEM, de l’ANDCM (Diplômés chômeurs) et de l’AMDH. Sur les pancartes, on lisait leurs revendications et surtout le rappel du nombre de jours (105 jours) de la grève de la faim et de la soif que mènent les cinq détenus de Meknès depuis le 3 mars 2013. L’accès à ces revendications et à leur libération en passant par l’amélioration de leurs conditions de détention devient plus qu’une priorité. Le danger de mort les guète à tout instant et il faut que les autorités marocaines fassent quelque chose avant qu’il ne soit trop tard. C’est aussi l’objet de l’appel lancé par quelques parrains et marraines ainsi que le député français, Alain Bocquet. Vous trouverez leurs lettres d’interpellation sur la rubrique « Témoignages et Lettres » de notre site.
L’ASDHOM qui les soutient sans réserve est très préoccupée par leur sort. Elle s’indigne et condamne le traitement que leur réservent les autorités marocaines. Elle se rendra le 1er juillet dans la région de Gap (05)* pour participer à une rencontre-débat consacrée au parrainage de tous les prisonniers politiques et syndicaux au Maroc. Notre but étant de sensibiliser les citoyen(ne)s à cette forme de solidarité pour dire aux victimes de la répression que nous ne les oublions pas et dire aux autorités marocaines qu’elles n’arriveront jamais à briser et à isoler leurs victimes. Si nous avons réussi, depuis le lancement de cette campagne en novembre dernier, à faire parrainer une soixantaine de détenu(e)s politiques, la liste proposée au parrainage n’est malheureusement pas entièrement couverte. Notre site internet www.asdhom.org nous sert à tenir régulièrement alimentée une rubrique spéciale consacrée au parrainage. La liste s’est allongée depuis. Elle est passée de 172 en novembre 2012 à plus de 220 au jour d’aujourd’hui sachant qu’entre temps une trentaine de prisonniers politiques a retrouvé sa liberté en fin de peine.
Notre mobilisation ne doit pas faiblir et nous devons gagner plus de parrains et marraines à cette action de solidarité concrète. Un dépliant pour expliquer la procédure à suivre pour parrainer quelqu’un est édité. Vous le trouverez ci-dessous ainsi que sur notre site avec un dossier complet sur cette campagne de parrainage.
Pour illustrer nos propos, voici quelques informations inquiétantes que l’ASDHOM reçoit régulièrement. Et ce n’est pas le rapport sur le Maroc d’Humain Rights Watch (http://www.hrw.org/fr/node/116608), publié le vendredi 21 juin à Rabat, qui va nous rassurer sur les conditions d’arrestation et de détention.

Tribunal de Ain Sebaâ à Casablanca (nouveau): Le journaliste Youssef Jalili, directeur de l’hebdomadaire Al-Aan, a été condamné pour « diffamation » le 18 juin 2013 à 2 mois de prison avec sursis assortie d’une amende de 50 000 dirhams. Ce jugement devra être publié dans quatre journaux marocains. Youssef Jalili avait publié en juin 2012 un article sur les dépenses, qu’il a estimés extravagantes, pendant un voyage officiel au Burkina Faso du ministre marocain de l’Industrie, Abdelkader Amara. Reporters Sans Frontières (RSF) dénonce dans son communiqué cette « peine de privation de liberté ». Vous retrouverez ce communiqué sur le site de l’ASDHOM. Cette condamnation témoigne une fois encore du décalage entre le discours de l’État marocain en matière de respect des libertés et la pratique quotidienne bafouant la liberté d’expression entre autres.

Cour d’appel de Taza (nouveau): Kamal Alami, un des militants arrêtés après les événements dits de « Koucha » en 2011 à Taza, a été présenté au tribunal ce mardi 18 juin. La Cour qui a reporté le dossier au 9 juillet 2013 lui a refusé la liberté provisoire que sa défense à demandée.

Groupe UNEM-Fès : Une petite victoire fêtée comme il se doit par les militants de l’UNEM à Fès. Quatre des leurs (Asmae Sabah, Aïcha Albouche, Achraf Sekkouri, Rachid Aghzar) ont été libéré-e-s provisoirement le 18 juin après avoir été condamnés à 3 mois de prison ferme et une amende de 500 dirhams en compagnie de Yassine Trid, Anas Bachiri, la militante Jihane Sghér et deux autres militants poursuivis mais en liberté provisoire. Le tribunal a reporté leur procès au 9 juillet 2013.

Groupe UNEM-Meknès : Hassan Koukou, l’un des cinq grévistes de la faim et de la soif est hospitalisé d’urgence depuis le 17 juin. Son état de santé s’est complètement détérioré. Il devient urgent de sauver la vie des grévistes de la faim. Les familles lancent un appel pour leur venir en aide. Le rassemblement du 23 juin devant le CNDH n’est qu’une étape dans leurs actions pour libérer et sauver leurs enfants d’une mort certaine.

Groupe Sahraouis-prisons de Laâyoune et Dakhla : Six prisonniers politiques sahraouis ont été transférés le 18 juin de la prison locale de Laâyoune à la prison locale de Dakhla au Sahara. Atikou Baray, Mohamed Manolo, Hasna Elouali, Abdelaziz Baray, Amar Kazzari et Hamada Alaoui, tous défenseurs des droits de l’Homme, avaient à plusieurs reprises demandé ce transfert pour se rapprocher de leurs familles. Ils laissent derrière eux deux autres défenseurs des droits de l’Homme, Mahjoub Oulad Cheikh et Kamal Treh. Ils étaient tous étonnés de voir l’administration pénitentiaire accéder à leur demande et procéder dans le même temps à quelques aménagements et améliorations des lieux de détention. Ce qu’ils ne savaient pas par contre c’est que cette même administration a accepté de recevoir la visite de quelques parlementaires européens qui avaient l’intention de les rencontrer le 23 juin 2013 pour s’enquérir de leur situation. Qu’avait-elle à leur cacher ? Peut-être ne voulait-elle certainement pas reproduire la même expérience qu’avec Juan Mendez, rapporteur spécial de l’ONU sur la torture lors de sa tournée dans la région en septembre dernier.

Groupe Gdeim Izik- prison de Salé1 : Claude Mangin, femme de Naâma Asfari, l’un des condamnés à 30 ans de prison ferme du groupe Gdeim Izik, a fait part à l’ASDHOM de sa déception et condamnation quant à la réponse du ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, faite à des parlementaires qui l’ont interpellé sur la situation de son mari et de ses camarades dudit groupe. Elle lance à nouveau un appel à la communauté internationale pour faire pression sur l’État marocain en vue de, sinon libérer le groupe, du moins le rejuger devant une juridiction civile en lui garantissant les normes d’un procès équitable. Vous trouverez ces documents sur la rubrique « Témoignages et Lettres » du site de l’ASDHOM. Les parrains et marraines des prisonniers politiques de ce groupe peuvent adresser à Claude Mangin des lettres à transmettre à leurs filleuls. Elle compte rendre visite à son mari courant le mois prochain.   

Groupe Demnate : Le 18 juin, la Cour d’appel de Béni Mellal a de nouveau reporté le procès des événements connus sous le nom de « 25 mai 2013 » au 27 juin. Les citoyens arrêtés lors de ces événements sont jugés pour « désobéissance et blocage de route ». Pour rappel, les habitants de la ville de Demnate avaient protesté ce 25 mai contre la hausse des prix des bouteilles de gaz et la spéculation qui l’a accompagnée.
Une bonne nouvelle tout-de-même : le jeune Mohamed Akroud, élève en troisième au collège, a été libéré le jour-même.
  
Pour le bureau exécutif
Ayad Ahram
Président de l’ASDHOM
Paris, le 24 juin 2013 
* Cette rencontre-débat a dû être reportée à une date ultérieure

Une lettre d’Ali Aarrass au mouvement de solidarité : Merci Jour et Nuit



Voici une lettre qu’Ali vous adresse à vous tous, ceux qui le soutiennent d’une quelconque manière.

lettre Ali 


































Merci Jour et Nuit !
J’aimerais remercier tous ceux qui ont lutté, qui luttent et qui lutteront encore.
Contre toutes les formes d’injustices et violations des droits  fondamentaux, à l’égard des personnes innocentes.
Merci à toutes les consciences unies, main dans la main, les bras bien hauts, que ce soit dans le froid, sous la pluie, criant et scandant à haute voix, sans aucune crainte des répercussions.
Merci à tous ceux dont les cœurs battent vraiment et battront encore sous l’inquiétude à l’égard de l’avenir de nos enfants. Pour un meilleur avenir. Pour une vie avec des droits et une justice.
Si nous restons unis, nous atteindrons notre objectif.
Il faut crier « ASSEZ ! »
Nous voulons vivre dans l’égalité, sans différences de races, couleur, religion, dans une réelle démocratie.
Merci pour tout, même s’il reste encore beaucoup à faire. Il y a tellement d’innocents condamnés injustement !
Aujourd’hui, d’ici, je m’adresse à ceux qui m’ont séquestré, violé mes droits….
A ceux qui m’ont vendu comme si j’étais une marchandise, ou pour être plus clair, qui m’ont échangé contre du poisson.
A ceux qui ont gardé silence « Ma Patrie, la Belgique ! »
A ceux qui m’ont torturé, qui m’ont saigné, qui m’on fait souffrir. Une souffrance que j’endure encore…
Que tous apprennent que « Les tâches formées par le sang, ne sont pas faciles à nettoyer ! »
Mais aujourd’hui tout est bien plus clair pour moi. Peu importe le temps que prendra ma libération, puisqu’aujourd’hui la vérité a enfin surgi !
Elle continuera à surgir tant que je serai en vie et tant que des mains unies contre les injustices, seront présentes.
Que les consciences bien vivantes sachent que « Tout ce que nous faisons dans la vie, aura son écho dans l’éternité ».
Je voudrais vous dire aussi qu’avec un tel potentiel, vous n’avez pas à craindre qu’on vous atteigne !
Merci jour et nuit ….
Celle-ci est une lutte qui nous concerne tous sans exception. Un combat pour tous les éveillés, pour les réellement vivants !
Merci jour et nuit à ceux qui ont abandonné la peur et qui bravent les injustices.
Moi Ali, j’ai servi d’exemple.
Mot de la fin :
« C’est dans le besoin qu’on reconnaît ses vrais amis. Un ami dans le besoin est un ami en vérité »
Ali Aarrass
Traduit de l’espagnol au français par sa sœur Farida Aarrass.

Belgique : Lettre ouverte à Monsieur Reynders , et demande de rencontre des familles, à propos des prisonniers belges au Maroc


Les familles de prisonniers belges au Maroc veulent rencontrer Didier Reynders

26/6/2013
(Belga) Une trentaine de personnes se sont rassemblées mercredi devant le ministère des Affaires étrangères, à Bruxelles, pour demander la protection et le retour de prisonniers belgo-marocains détenus au Maroc. 
Le Comité des familles des détenus européens au Maroc, à l'initiative de ce huitième rassemblement, déplore que le ministre des Affaires étrangères Didier Reynders "refuse systématiquement" de recevoir les familles des détenus.
Vers midi, les participants au rassemblement ont accroché des banderoles demandant la libération d'Ali Aarrass, d'Abdelkader Belliraj, d'Abdellatif Bekhti ou encore d'Hicham Bouhali Zriouil, détenus au Maroc pour terrorisme. Selon les familles des détenus, ceux-ci sont victimes de fausses accusations, d'aveux sous la contrainte, de procès inéquitables et de tortures. "Nous demandons depuis des mois à Didier Reynders de recevoir une famille, n'importe laquelle", s'impatiente Luk Vervaet, porte-parole du Comité. "Nous souhaitons simplement une protection consulaire pour les détenus belges au Maroc, comme cela existe dans les autres pays." Dans son combat, le Comité s'appuie notamment sur le rapport du Rapporteur spécial des Nations Unies contre la torture, l'Argentin Juan Mendez, sur la détention du Belgo-Marocain Ali Aarrass. Récemment rendues publiques, ses conclusions font notamment état de "l'absence d'enquêtes par les autorités marocaines", de "harcèlement constant", de "refus d'un traitement médical approprié" ou encore de menaces. 
"A quoi sert une convention sur la torture si rien n'est fait alors que les preuves existent?", s'interroge Luk Vervaet. "Les autorités belges gardent le silence à cause d'intérêts diplomatiques, économiques et politiques. L'interdiction de la torture est une norme du droit international impérative, la Belgique doit intervenir.»

 http://www.levif.be/info/belga-generique/les-familles-de-prisonniers-belges-au-maroc-veulent-rencontrer-didier-reynders/article-4000337234586.htm
----------------------------


    Lettre ouverte
    à Monsieur Reynders
    Ministre des Affaires Etrangères
A propos des prisonniers belges au Maroc

Monsieur le Ministre,
La lutte contre le terrorisme a généré des arrestations tous azimuts, appuyée par des lois liberticides au Maroc, où des citoyens belges ont été arrêtés, torturés et jugés avec de lourdes peines d’emprisonnement, le moins que l’on puisse dire, expéditives. Les médias qui ont couvert ces évènements sont unanimes pour souligner que nul droit des inculpés n’a été respecté.
Monsieur Abdelkader Belliraj, citoyens belge, considéré par le Maroc comme le chef d’une cellule terroriste, a été arrêté dans des circonstances illégales pour passer un mois – sans nouvelles, ni à sa famille ni à ses enfants – sous la torture. Six militants marocains ont été inculpés avec lui pour l’unique intention de bourrer et amplifier le « dossier Belliraj », ils ont été libérés sous pression de la société civile marocaine qui était convaincue que ce procès était clairement une coquille vide, monté de toute pièce.
Monsieur Ali Arrass, citoyens belge, a été arrêté, torturé et jeté en prison, alors qu’aucune charge contre lui n’a été étayée de preuves irréfutables, et tout indique que son dossier est vide. Il est victime d’un flagrant déni de justice, selon le rapport de Juan Mendez.
Nous ne mentionnons ici que deux cas représentatifs d’une liste de prisonniers belges dont les familles ont constitué une association qui vous demande aujourd’hui de faire votre devoir de ministre citoyen, à l’écoute d’autres citoyens. Mais vous refusez à ces familles et leur association, audience et justice ; alors qu’il est de votre devoir d’examiner et de répondre aux doléances justes et justifiées.
Il est de votre devoir, Monsieur le ministre, de ne point ignorer le rapport accablant du représentant de l’ONU au Maroc, Juan Mendez, à propos d’Ali Arass et les autres prisonniers dans le même cas. Ce rapport souligne la brutalité du déni de justice et la gravité de la pratique « systématique de la torture pendant la détention » au Maroc. Son rapport accablant est connu de toutes les instances des Droits de l’Homme. Même le CNDH (Conseil National des Droits de l’Homme), organe fondé par le roi, reconnaît, contre toute ‘pudeur’ exigée par l’Etat, ces abus et ces violations des droits humains.
La Belgique, pays moderne qui prône la démocratie et l’Etat de Droit, ne peut laisser ses ressortissants croupir injustement dans les prisons d’un Maroc qui ne cesse de violer les droits humains sous une chape de silence et sous une cuirasse de complaisance.
Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, nos sincères salutations.
22/06/2013


Sam Touzani

comédien, metteur en scène, auteur, chorégraphe…


 



Mohammed Belmaïzi 
 
 Acteur associatif et défenseur des droits humains

-------------------------------------------------------------------------------------------------