Sahara occidental: perspectives d'avenir
Par Amirouche Mehidi, 24/6/2013
Les données du conflit au Sahara occidental sont des plus simples.
Un régime envahissant un territoire étranger et voulant pérennisant sa présence et un peuple résistant à ces tentatives.
Ce peuple a résisté en 1975 à l'invasion de son territoire. Il a
résisté par les armes entre 1975 et 1991. Il résiste depuis par la voie
pacifique.
Cette résistance pacifique d'aujourd'hui est visible
par les manifestations des Saharouis à l’intérieur du territoire
conquis, contrés par les forces marocaines, et à l’extérieur par un
intense travail diplomatique du front POLISARIO.
Le travail
diplomatique entrepris par le front POLISARIO a mis en grande difficulté
le royaume du Maroc au mois d'avril 2013 lors du renouvellement de la
MINURSO. Ce succès du peuple saharaoui, il le doit à sa propre
diplomatie.
La résistance du peuple saharoui dans les
territoires occupés par le Maroc a permis de rendre visible leur lutte
que beaucoup d'observateurs qualifient d'oubliée.
Le royaume du Maroc essaie de
présenter le conflit comme un conflit d'influence entre lui et L’Algérie
comme si les Saharouis n'existaient pas. (...)
En réalité le royaume
du Maroc souhaite que L'Algérie abandonne son soutien aux Saharouis. Par
cet abandon il espère désespérer les Saharouis qui rejoindraient le
MAROC.
Ce calcul aurait été juste si la présence marocaine au
Sahara occidental avait donné des résultats positifs. Or en 38 ans de
présence et à cause de sa politique répressive le royaume n'a fait que
renforcer le patriotisme sahraoui.
La lutte du peuple saharoui se
manifeste fortement dans le territoire occupé par le Maroc depuis 38 ans
pulvérisant du coup le rêve marocain.
Comment dans ces conditions
parler de conflit avec l'Algérie alors que les Saharouis scolarisés
dans les écoles et établissements contrôlés par le Maroc portent les
mêmes revendications que leur compatriotes des camps de TINDOUF ?.
Du
coup le temps ne travaille plus pour le Maroc. Les revendications
saharouies à l'indépendance se feront de plus en fortes dans le temps. Le
gouvernement algérien quelle que soit sa nature n'a pas prise sur les
événements.
La stratégie du découragement des Sahraouis par
l’abandon algérien ne pourra pas se produire. De plus dans leur propre
intérêt les Algériens n’abandonneront pas les Sahraouis qui
n'ont pas besoin d'effort pour persuader les Algériens, il suffit d'une
déclaration d'un Chabat Hamid disant 'libérer Tindouf ou Béchar' pour
remettre la pendule à l'heure.
La seule perspective garantissant
la paix est de demander aux Saharouis leur avis sur le devenir de leur
pays vis a un référendum d'autodétermination.
Mais comment bastonner un peuple et lui demander après une déclaration d'amour ?
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Par Philippe Leclercq, militant de la paix et Président de l'ASPS, 27/6/2013
Une des difficultés des Sahraouis dans le territoire occupé...Perversité de l'Etat marocain
Appelons le Oumar. Il est adhérent de notre association. Il s'est rendu dans les territoires occupés et il vient de rentrer. Il nous explique ce qu'il a vu, entendu et vécu :
L’état marocain laisse
étudier les Sahraouis jusqu’en licence. La licence étant inutile
sans le master, ils acceptent seulement 1% des dossiers sahraouis
pour poursuivre le cursus LMD, creusant ainsi l’injustice entre
étudiants sahraouis et étudiants marocains.
Les étudiants sahraouis
avaient jusqu’aujourd’hui trouvé la parade : ils partaient
poursuivre leur cursus universitaire en Égypte. A présent l’état
marocain décrétant que le master obtenu en Égypte n’est pas
équivalent à celui obtenu au Maroc cette pratique a été
interdite. De plus, après la licence, les étudiants bénéficiaient
d’une « bourse de mérite ». Cela a également pris
fin.
Après avoir essayé de
négocier avec le gouvernement et sans réponse de leur part les
étudiants décident d’organiser en septembre un blocus place
centrale. C'est une place stratégique. Cela dure environ 3 mois.
Puis avec le froid qui arrive ces étudiants décident de monter une
tente. Les forces de l’ordre interviennent en matraquant les
manifestants. La tente est enlevée. En effet, depuis les événements
qui se sont produits lors du camp de GDEIMIZIK, le préfet a interdit
(oralement) de monter des tentes .
Il s’ensuit alors une
grande marche. Les manifestants récupèrent la place.
Pour l’état marocain,
cela ne doit pas durer car, sur cette place, doivent avoir lieu
plusieurs festivals, entre autre, le festival de Mouloud, en février.
Les manifestants occupent pourtant la place jusqu’en mai. Durant
cette période les chefs de tribus tentent désespérément de
négocier afin de récupérer leurs droits. Ils finissent par
déclarer : « ces gens ne désirent aucune négociation
faites ce que vous avez à faire ».
Les jeunes envisagent
alors de quitter Assa Zag (Région
Guelmim Es Smara, juste au dessus de la frontière avec le Sahara
Occidental) pour
aller à Almahbes avec leurs tentes et drapeaux à l’endroit où
était Christopher Ross il y a deux mois.
Le 1er mai,
ils montent une tente sur la place centrale. Les forces de l’ordre
sont intervenues dans les 20 min qui ont suivi frappant femmes et
jeunes pour les déloger.
S’enchaîne alors une
riposte ; les manifestant récupèrent la place .
Le lendemain à 7h les
forces de l’ordre interviennent à nouveau en augmentant les
effectifs avec plus de 70 véhicules contenant chacun 9 agents. Ce
qui provoque une émeute générale. J’étais à cet instant, moi,
membre de l’association, présent. Cette émeute se termina dans
les alentours de 18h.
Résultat : la place
centrale reste occupée par les manifestants.
Malheureusement dans les
alentours de 17h30 le jeune Omar Bahiana (18 ans) se fait écraser
volontairement par un véhicule des forces de l’ordre marocaines . Ils ont également blessé Ouargziz en lui
balançant un morceau de rocher à la tête. Ils sont tous deux dans un
état préoccupant.
Notre association (ASPS) réfléchit à la
meilleure façon de les aider tous les deux. Les manifestants sont
actuellement toujours sur la place centrale... Mais résisteront-ils
encore longtemps ?
En effet avec le ramadan
qui approche et la chaleur qui va en augmentant (pouvant atteindre
les 50°), ils ne pourront pas subsister bien longtemps.
L’état marocain le
sait bien et compte sur ces événements à venir…
Dernière précision, Oumar est Sahraoui !
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