MOUVEMENT SUR LA VOIE DE
96 IMIDER
A l’occasion du
cinquième anniversaire du Mouvement sur la voie de 96 -MSV96- et à l’aube de sa
sixième année, Imider a connu une journée de protestation mouvementée en
reconnaissance de cet événement historique durant laquelle les contestataires d’Imider
sortirent dans la rue, et en commémoration du début des manifestations
pacifiques depuis l'été 2011, après 60
mois de sit-in ouverts et d’autres formes de lutte en parallèle.
Depuis les
premières heures de ce matin du 31 Juillet 2016, les manifestants et habitants
d’Imider ont rejoint le lieu de départ de la manifestation en plus d'un groupe
de personnes de conscience et de démocrates qui ont répondu à l’appel du
mouvement de protestation et qui sont venus de différentes régions du sud-est afin
de soutenir la population d’Imider dans leur détresse et de participer à cet
événement qui a trouvé sans doute une place importante dans mémoire collective
vivante des villageois.
Les participants
ont commencé le programme de lutte par une marche pacifique au long de la route
nationale n°10 dans la direction de Taourirt N-ousebdan, et ont soulevé
divers slogans, portant des banderoles et des pancartes, ainsi que quelques modèles
qui reflètent les problèmes qui ont du mal à être résolus, et les exigences les
plus importantes qui résument la perception du mouvement de protestation à
l’ombre des politiques et des pratiques qui menacent et violent les droits de la
population sur sa terre mère.
Et pour coïncider
avec le problème actuel dont souffre la population d’Imider au niveau de l’eau
potable, les manifestants ont organisé un sit-in à la fin de la marche
pacifique, où ils ont entouré le puits Targitt en dénonçant la
continuation de son exploitation illégale et excessive depuis 1986 par cette
société minière privée d’Imider et sous la protection des forces publiques du makhzen
répressif.
Le programme de
l’après midi a connu un autre sit-in en solidarité avec les détenus du
mouvement, victimes de plaintes malveillantes et de procès verbaux contrefaits de
la police judiciaire à la gendarmerie royale d’Imider et de Tinghir, victimes
de faux témoignages et victimes de jugements injustes basés sur des accusations
fragiles et non fondées, ainsi que le harcèlement et pratiques violatrices de
leurs droits au sein des cellules qui ont conduit actuellement à la grève de la
faim menée par Omar Houran et Mustafa Faska depuis le 26 Juillet 2016 en
protestation de leur situation.
Le programme de la
journée continue avec une présentation faite par les militants et militantes d’Imider,
dans le but de rappeler les évènements et les objectifs les plus importants ainsi
que les dossiers du mouvement. Les intervenants ont souligné la manière dont
les parties impliquées dans l'affaire ont réagi, commençant par leur négligence
et les blocus sécuritaire et de médias imposés sur les manifestations d’Imider,
ainsi que la répression et la détention arbitraire des manifestants. Un des
anciens détenus du mouvement Mustafa Ochttoubane a présenté un extrait sur la
réalité et les conditions de son arrestation et emprisonnement injustes qui a
duré quatre ans, et la relation de cet acte odieux avec la lutte de la
population d’Imider comme étant une expérience nécessaire qui devrait constitue
le chemin afin d’arracher les droits légitimes.
Ceci est en plus à
la présentation des obstacles imposés par le makhzen sur la population afin
de perturber toute tentation de communiquer avec les parties concernées, en
particulier l’entreprise minière, Comme l’a souligné un porte-parole du mouvement,
toutes les réunions qui ont eu lieu entre le comité de dialogue du mouvement et
les responsables n’ont aucun trait d’un dialogue véritable, ceci en raison du
manque de sérieux et de responsabilité de la part des représentants des
autorités et de la part des responsables de l'entreprise. Ces rencontres ne
furent que des réunions marathoniennes policières et d’épuisement d’énergie des
manifestants, surtout après une tentative de contourner les droits de la
population en 2012 après la conclusion d'un protocole d'accord avec les élus d’Imider
perdus de légitimité.
Le rôle des femmes durant
les manifestations antérieures et actuelles était et est toujours fort et
convaincant ; les intervenantes l’ont fortement exprimé au cours de cet évènement,
où elles ont rappelé l'arrestation de deux femmes lors du soulèvement de 1996
et leur protestation en 2004 pour empêcher l’autorisation d'exploitation de la
source d’eau -Tidssa- par la société minière, ainsi que leurs journées
de protestation du 8 Mars de chaque année depuis 2012, sans oublier
l'intervention violente dont elles ont souffert et qui fut dirigée par le
commandant de Toudgha – M. Ikmakhen- en Mars 2014.
Avant la fin de l’évènement,
la parole a été donnée à deux militants de la coordination de Ait Ghighuch-
sites de Boumalen-dades et de Tazarin, qui ont exprimé leur solidarité inconditionnelle
avec la population d’Imider en protestations et ont rappelé les politiques makhzeniennes
anciennes qui ciblent la population de ces régions marginalisées et les considère
comme des "rebelles". Ils ont aussi également appelé toutes les
organisations démocratiques à "suivre de près la situation d’Imider",
"de s’opposer à la politique d’isolation des protestations de cette
population", et de considérer Alban comme étant "une école de
dignité, de résistance et de d’engagement …", et non pas seulement une
montagne. En fin, ils ont exprimé leur encouragement à mener plus de résistance
et d’être prudent par rapport aux discours démoralisants qui détruisent
l'espoir d'atteindre les objectifs fixés.
L’animateur du
cercle de débat a conclu avec un résumé sur les formes de contestations durant
cet événement de lutte et sur les messages les plus importants qui devraient
être remis aux parties concernées au travers de cette action. Ensuite, il a
annoncé le rendez-vous de la prochaine protestation, parallèle au sit-in
ouvert, en continuation des manifestations pacifiques d’Imider pour la défense
des droits fondamentaux socio-économiques et environnementaux de la population,
à la lumière de l'intransigeance de la société métallurgique d’Imider SMI et le
silence coupable des autorités dans notre «Etat de droit et de la loi »
Imider, le 31
Juillet 2016