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samedi 21 février 2015

La Légion d'honneur pour un tortionnaire de Marocains et de Sahraouis

La Légion d'honneur pour le tortionnaire

 François Hollande n'en est plus à une catastrophe près. Il va remettre la Légion d'Honneur à un Marocain qui a torturé des Sahraouis. Inadmissible, insupportable ! On savait que cette distinction est délivrée à n'importe qui, des élus dévoyés, des personnalités indignes, des escrocs, des bandits au col blanc mais, là, à un tortionnaire il y avait un pas que F. Hollande va franchir. Voici le courrier qu'il va recevoir de la part de la Présidente d'une association havraise pour l'aide au peuple Sahraoui, peuple oublié par la communauté internationale malgré des résolutions à l'O.N.U. :                                                 
Madame Nadine LEFRANCOIS Présidente de l'Association « Un camion Citerne pour les Sahraouis »
à
Monsieur Le Président de la République, Palais de l'Elysée, PARIS
Le Havre le 19 février 2015

Monsieur Le Président,
            Lors de son voyage à Rabat le 14 février dernier,  Monsieur Le Ministre de l'Intérieur Bernard CAZENEUVE a annoncé l'intention de la France de remettre la Légion d'Honneur à un agent du contre espionnage marocain Abdelattif HAMMOUCHI, poursuivi en France à la suite d'une plainte déposée en février 2014 pour faits de tortures à l'encontre de 2 citoyens marocains et  un citoyen Sahraoui.

Tortionnaire à Rabat,  décoré à Paris !
            Je suis indignée par cette annonce reçue comme une terrible provocation,  dont les conséquences prévisibles inquiètent.
       Je m'adresse à vous aujourd'hui, au nom de l'association que je préside qui accueille chaque année en famille, et depuis 25 ans des enfants sahraouis des campements de réfugiés.    
           Samedi prochain une délégation de notre association se rendra dans ces campements pour rendre visite aux enfants et à  leur famille et les soutenir dans leur  exil qui constitue une lutte pacifique et interminable pour obtenir de toute la communauté internationale qu'elle fasse appliquer leur Droit à l'autodétermination , processus soutenu par l'ONU auquel s'oppose le Maroc avec violence usant de la torture et des arrestations arbitraires à l'encontre du peuple sahraoui dans les territoires qu'il occupe depuis 40 ans.
            Votre décision est une insulte à leur souffrance,  à leur résistance pacifique et à leur dignité.
            Ce n'est pas la première fois que notre association  s'adresse à vous pour  rappeler le Devoir que la France, pays des Droits de l'Homme, a envers ce peuple .
            Aussi nous ne négligeons  aucun aspect,  aucune démarche « diplomatique » pour apporter autour de nous,  aux élus de notre région et en toute circonstance, des témoignages directs sur la réalité de la situation.                                                                                  
      Nous attendons aussi que  l' « instrument démocratique » que représente le groupe d’Étude parlementaire sur le Sahara Occidental mène enfin son travail d'enquête au Maroc et dans les territoires occupés du Sahara Occidental  ..... il sera alors temps, après,  de distribuer les médailles aux plus méritants !
            Nous avons beau retourner le problème dans tous les sens, aucune « Raison d’État » ne peut justifier pareil marchandage indigne pour notre pays, indigne aussi au regard de la signification de la Légion d'honneur en elle-même.
            C'est pourquoi, nous vous demandons instamment de ne pas donner suite à cette annonce
et vous prions de recevoir l'expression de notre haute considération.

                                                                                              Nadine LEFRANCOIS
                                                                                           Présidente de l'Association
copie adressée à :
-        Mr Le Ministre des Affaires Etrangères
-        Mme Catherine TROALLIC Députée 

Après l'expulsion de journalistes français, le jury Albert-Londres renonce à se rendre au Maroc

Le Monde.fr avec AFP 
Le drapeau du Maroc.

image: http://s1.lemde.fr/image/2015/02/20/768x384/4580610_3_d04c_le-drapeau-du-maroc_b5e84b4cdee63adfbe62eb1210290167.jpg
Les prix Albert-Londres 2015 ne seront pas remis, comme il était prévu, à Tanger. Après l'« expulsion manu militari » de journalistes français qui travaillaient au Maroc, le jury du prestigieux prix de la presse française renonce à ce projet.
Dans un communiqué, l'association estime que « les conditions – précaires – de la liberté de la presse dans le royaume [du Maroc] sont de notoriété publique et le prix Albert-Londres ne comptait certes pas les passer sous silence. Mais cette volonté systématique d'obstruction au travail d'enquête de journalistes courageux et intègres fait preuve d'un irrespect total à l'égard d'un métier et de valeurs que nous défendons ».
« Le prix Albert-Londres ne peut pas laisser planer le doute d'une quelconque indulgence pour des pratiques contraires à notre éthique, encore moins d'une connivence avec des autorités qui ordonnent ou laissent faire. »
« LES AUTORITÉS ONT GARDÉ LE MATÉRIEL »
L'expulsion de Jean-Louis Perez et de Pierre Chautard, de l'Agence Premières Lignes, qui réalisaient un documentaire pour France 3 sur l'économie du Maroc, fait suite à des problèmes similaires subis par des confrères de France 24 en janvier à Rabat, ajoute le communiqué.
Les deux journalistes ont été arrêtés le 15 février au soir à Rabat dans les locaux de l'Association marocaine des droits de l'homme (AMDH), où ils réalisaient une interview. « Ils ont été mis dans un avion pour Paris. On leur a rendu leur passeport à la dernière minute. En revanche, les autorités marocaines ont gardé tout leur matériel : leurs caméras, leurs ordinateurs et leurs téléphones portables également », a déclaré à l'Agence France-presse Benoît Bringer, rédacteur en chef de Premières Lignes.
Le 77e prix Albert-Londres sera remis dans une autre ville étrangère, qui sera choisie dans les jours qui viennent. 
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vendredi 20 février 2015

ACAT : « Il y a un double discours du Maroc sur la torture »




Par Mathieu Viviani, 3/2/2015
En mai 2013, l’ACAT assignait en justice le chef du contre-espionnage du Maroc pour « complicité de torture » sur deux citoyens franco-marocains. Le 20 février 2014 voit ce haut fonctionnaire de sécurité convoqué par la Justice française. Cet événement déclenche une véritable brouille diplomatique entre les deux pays. Le 25 février 2014, la Justice du royaume chérifien décide également de riposter contre l’ONG en déposant plainte pour « diffamation et injure publique ». Hélène Legeay, responsable des programmes Maghreb de l’ACAT, livre sa réaction à Altermondes.
L’Action chrétienne pour l’abolition de la torture (ACAT) a reçu fin janvier 2015 une convocation de la Justice marocaine dans le cadre d’une plainte pour « diffamation et injure publique ». Une offensive juridique du Maroc qui fait suite à une plainte pour « complicité de torture » que l’ONG avait déposé en mai 2013 contre Abdellatif Hammouchi, chef du contre-espionnage marocain (DGST). 

Fin février 2014, ce dernier avait été convoqué par la justice française, mais n’avait pas donné suite. Jugée inadmissible par la chancellerie marocaine, cette convocation avait provoqué un véritable incident diplomatique entre la France et le Maroc. Le royaume chérifien avait alors décidé de suspendre ses accords de coopération judiciaire avec l’État français. Bien que les deux pays aient officiellement rétabli cette coopération le 31 janvier 2015, le Maroc poursuit sa procédure judiciaire contre l’ACAT ainsi qu’Adil Lamtalsi et Ennaama Asfari, deux victimes de la torture marocaine ayant porté plainte aux côtés de l’association. Cette plainte du Maroc n’a pour celle-ci qu’un seul et unique but : « faire taire les victimes de torture et les ONG qui luttent contre sa pratique dans ce pays ».
Comment avez-vous réagi suite au dépôt de plainte du ministère de l’Intérieur marocain à l’encontre de l’ACAT ?

Hélène Legeay, ACAT
Hélène Legeay, ACAT
Hélène Legeay : « Nous avons été en premier temps surpris de voir l’ACAT poursuivie en justice en sa qualité d’ ONG. Nous sommes parallèlement inquiets pour les victimes que nous soutenons dans leur combat pour dénoncer la torture au Maroc.  Je pense notamment à Adil Lamtalsi,  lui aussi visé par ce dépôt de plainte. Il encourt en effet le risque d’un nouvel emprisonnement. D’un autre côté, cette plainte ne nous étonne pas non plus. L’an dernier, nous avions déjà constaté la mise en détention de citoyens marocains suite à leur dénonciation en justice d’actes de torture. Je pense notamment à Wafaâ Charaf, qui purge actuellement une peine de deux ans de prison au Maroc. »

Le Mouvement du 20 février au Maroc vu par un journaliste égyptien




À mon arrivée à Rabat, en provenance du Caire, pour la commémoration du quatrième anniversaire du Mouvement du 20 février marocain, j’avais en ma possession une étude portant sur la presse égyptienne et l’exacerbation du culte de la personnalité. Très rapidement, je me suis douté que mes collègues marocains ne manqueraient pas de relever les risques que mes propos feraient encourir : partout, il y avait des portraits en couleur du roi, depuis le hall de l’aéroport en passant par les billets de banque et jusque sur les plus petites pièces jaunes de la menue monnaie.

Le fait est que le portrait du «  Commandeur des croyants  » — titre maintenu, conformément à la Constitution modifiée de 2011 qui établit une monarchie constitutionnelle et parlementaire1 — vous accompagne partout, presque jusque dans votre chambre à coucher.
Avant de partir pour le Maroc, j’avais consulté les archives d’Al-Ahram, le quotidien égyptien le plus ancien et le plus important, celui qui s’intéresse le plus à l’actualité régionale et internationale. J’avais constaté le peu d’attention accordée au Mouvement du 20 février marocain. Six titres seulement durant l’année du lancement du mouvement  ; des informations limitées, relayées par des agences de presse internationales, à l’exception d’un article daté du 6 août 2011 qui reprend un entretien effectué par le journal avec la secrétaire d’État auprès du ministre des affaires étrangères, Latifa Akherbach, ainsi titré : «  Nul besoin de cloner les expériences de transition démocratique  ».
Néanmoins, en écoutant à Rabat les jeunes du Mouvement relater leurs expériences, j’ai été convaincu que la vague de changement impulsée par les deux révolutions tunisienne et égyptienne a eu un impact profond dans le monde arabe, jusqu’aux confins de l’Atlantique.

Mobilisés pour un changement social et politique

Il est vrai que les contestations marocaines avaient été précédées de signes annonciateurs dès le début des année 2000, à travers les manifestations nombreuses contre le chômage et le coût de la vie. De même, des comités de coordination et des campagnes avaient appelé dès 2007 à boycotter le paiement des factures d’électricité et d’eau dans de nombreuses villes du royaume, suite à la privatisation engagée dès cette date, de ces deux services publics, et à leur prise en main par des compagnies européennes. Mais le déclenchement du printemps arabe a poussé les jeunes présents sur Facebook, hors des partis politiques et des associations, à se poser la question : «  Pourquoi ne ferait-on pas comme en Tunisie et en Égypte  ?  »
En suivant les récits du soulèvement populaire qui s’est étendu à l’ensemble du Maroc sur une durée variable de trois mois à deux ans selon les sources, il apparaît que la mobilisation a commencé par un communiqué en huit points prononcé officiellement au siège de l’Association marocaine des droits de l’homme (AMDH) à Rabat le 17 février 2011. Élaboré par des jeunes de diverses tendances politiques ainsi que par des indépendants, le texte en appelait à une Constitution démocratique représentant la volonté du peuple. Il contenait également d’autres clauses politiques, sociales et culturelles, dont la reconnaissance de la langue amazigh. Cependant, ni les revendications consignées dans ce communiqué, ni les slogans de la rue n’ont été jusqu’à réclamer la chute du régime ou l’instauration d’une République.
Les activistes ont réussi à engager une lutte de longue haleine qui s’est étendue sur l’ensemble du pays. La mobilisation se renouvelait à travers des manifestations qui avaient lieu chaque dimanche et le 20 de chaque mois. Mais elle n’a jamais atteint le stade de l’insoumission civile, ni réussi à organiser un rassemblement décisif en un lieu central et symboliquement important.
Des comités de coordination ont essaimé dans de nombreuses villes et de jeunes leaders de terrain ont émergé. Un Conseil national pour soutenir les revendications du mouvement a été créé, composé de partis politiques, d’associations, de comités et de syndicats. Cependant, les jeunes de ce mouvement n’ont pas réussi à se fédérer autour d’une direction centralisée au niveau national.

Désamorçage de la contestation

Trois évènements ont permis de désamorcer le mouvement de contestation le plus long de l’histoire contemporaine du Maroc. D’abord, des réformes constitutionnelles, avalisées le 1er juillet 2011, ont été engagées par le Palais royal, dont la reconnaissance de la langue amazigh. Ensuite, à la suite des élections parlementaires anticipées du 25 novembre 2011, un parti islamiste, le Parti de la justice et du développement (PJD) présidé par Abdelilah Benkirane s’est trouvé en janvier 2012 à la tête du gouvernement et d’une coalition de quatre partis, dont le parti communiste classique (royaliste  !)2. Enfin, l’organisation islamique Al-Adl wal-Ihsan3, l’une des forces politiques les plus influentes et les plus populaires du pays (bien que n’ayant jamais été autorisée), s’est retirée du Mouvement.
Malgré la réforme constitutionnelle de 2011, le Maroc est toujours loin d’être une monarchie constitutionnelle et parlementaire. Car le roi reste la source de tous les pouvoirs, y compris un pouvoir moyenâgeux sur le fait religieux. Il est au-dessus de toutes les lois et n’est comptable à l’égard d’aucune autorité. Même le discours du trône à l’adresse du Parlement ne peut être discuté. De plus, les cérémonies annuelles d’allégeance, serviles et humiliantes, sont maintenues. Sans compter que le Palais et son entourage comptent les plus gros propriétaires et investisseurs du royaume. Ces derniers pratiquent une économie originale, où les caractéristiques de la féodalité se combinent avec ceux d’un capitalisme clientéliste. Ils ont mis la main sur des superficies considérables de terres, des avoirs bancaires, des exploitations industrielles, commerciales et minières (dont le phosphate), sans que le moindre contrôle ne soit exercé, ni la moindre transparence imposée. De même que des sommes considérables sont transférées vers des comptes à l’étranger, comme en attestent les documents de Swiss Leaks dont la presse du nord de la Méditerranée s’est faite l’écho.

Une dynamique en marche

Néanmoins, de nombreuses personnes appartenant à l’élite politique rencontrées à Rabat s’accordent à dire que des changements sont à l’œuvre au Maroc, dans la foulée des contestations du Mouvement du 20 février. D’abord, les citoyens ont surmonté la peur et la marge d’expression s’est élargie. De plus, les islamistes et les laïcs (dont à la fois des militants de gauche et des libéraux) font l’expérience inédite du dialogue et du travail conjoint. Une conviction s’est installée, selon laquelle il est impossible à un courant d’être à lui seul l’unique opérateur du changement. Une leçon importante aussi pour l’Égypte et le Machrek arabe.
Incontestablement, la trajectoire sinueuse et à rebondissements de la révolution égyptienne, l’entrée du confessionnalisme et du tribalisme dans les dynamiques des soulèvements arabes (en Libye, Syrie, Yémen, Bahreïn), de même que la montée du danger représenté par l’organisation de l’État islamique ont participé de la restriction des marges de libertés et du développement démocratique au Maroc. Les forces réactionnaires ont utilisé tous les éléments évoqués, en sus de la nécessité de «  préserver le prestige de l’État  » comme arguments pour freiner les dynamiques démocratiques à l’œuvre. De nombreux Marocains rencontrés parlent de régression. Le gouvernement et le Parlement échouent à mettre en application les nouvelles mesures – pourtant limitées — de la Constitution et à faire voter des lois en adéquation avec les nouveaux textes. De vraies questions se posent sur la marge de manœuvre dont dispose le gouvernement Benkirane pour faire face au pouvoir quasi absolu du roi. Bien plus, on s’interroge sur les manières dont le Palais instrumentalise ce gouvernement pour faire passer des décisions économiques et sociales impopulaires, en réponse aux demandes de la Banque mondiale et du Fond monétaire international (FMI).
Mais le changement le plus important au Maroc demeure l’émergence de jeunes leaders partout dans le pays. L’expérience du Mouvement du 20 février leur a permis d’acquérir des savoirs et des compétences. Nombreux sont ceux, parmi eux, qui n’ont pas perdu l’espoir de voir une autre vague révolutionnaire déferler, tout simplement parce que les causes qui ont déclenché la première vague sont toujours là. Des causes que les portraits en couleur du roi et de la famille royale n’ont pas pu cacher.
1NDLR. Amir al-Mouminine ("Commandeur" ou "Prince" des croyants) : «  Le Roi, Amir Al-Mouminime, veille au respect de l’Islam. Il est le Garant du libre exercice du culte.  » (...), titre III, article 41 de la Constitution de 2011.
2NDT. Le parti communiste marocain a été fondé sous le protectorat français, en 1943. Après une période d’interdiction, il réapparaît en 1968 sous le nom de Parti du socialisme et du progrès. Le PPS soutient résolument la monarchie dans sa politique au Sahara occidental. Dès 2010, et dans le sillage des printemps arabes, des dissensions sont apparues au sein du PPS dont la ligne officielle s’est opposée au Mouvement du 20 février.

Droits de l’homme / France-Maroc : des militants rassemblés ce jeudi pour manifester contre une Légion d'honneur déshonorée

ACAT (Action des chrétiens pour l’abolition de la torture)
Communiqué de presse + photos


Aujourd’hui, des militants de l’ACAT se sont rassemblés devant le musée de la Légion d’honneur afin de protester contre la remise de la Légion d’honneur à Abdellatif Hammouchi, le chef du contre-espionnage marocain, visé par des plaintes pour complicité de torture déposées par des victimes marocaines et l’ACAT.

Plusieurs membres de l’ACAT portaient des portraits de grandes personnalités des droits de l’homme ayant toutes reçu la Légion d’honneur, pleurant [1] : Victor Hugo, Emile Zola, Stéphane Hessel, Nelson Mandela et Jacques de Bollardière.

« C’est la Légion d’honneur que l’on déshonore. Abdellatif Hammouchi est mis en cause par au moins deux victimes qui allèguent avoir été torturées au centre de détention de Temara administré par la Direction de la surveillance du territoire marocain dont M. Hammouchi était déjà à l'époque des faits le responsable. Le geste des autorités françaises indique clairement que la France a décidé de faire prévaloir ses intérêt diplomatiques sur l’intérêt des victimes » témoigne Nordine Drici,  directeur des programmes de l’ACAT. « Cette décoration semble être une contrepartie de la reprise de la coopération, un geste destiné à laver le soi-disant affront de la justice française qui a osé faire son travail en convoquant M. Hammouchi le 20 février 2014. »

« La remise de la Légion d’honneur à M. Hammouchi est un affront aux victimes de torture, aux droits de l’homme et à un symbole de la république française » a ajouté Jean-Etienne de Linares, délégué général de l’ACAT. « Cet hommage est un blanc-seing pour les tortionnaires, une façon de leur dire que la France regarde ailleurs. »

La Légion d’honneur est en théorie attribuée par la France à des personnes « ayant rendu des services à la France » ou « encouragé des causes qu’elle défend », dont les droits de l’homme.

En mai 2013 un ressortissant franco-marocain, Adil Lamtalsi, et l’ACAT ont déposé une plainte pour « complicité de torture » contre Abdellatif Hammouchi, le chef de la DST. Cette plainte a donné lieu, en février 2014, à la remise par la police française d’une convocation à M. Hammouchi, alors présent en France, sur demande d’une juge d’instruction française, ce qui avait provoqué le courroux du Maroc. Dans le même temps, l’ACAT a déposé une autre plainte pour torture pour le compte d’Ennaâma Asfari, défenseur des droits de l’homme sahraoui incarcéré au Maroc. L’ACAT a reçu une convocation de la justice marocaine dans le cadre d’une plainte pour « diffamation, outrage envers les corps constitués, utilisation de manœuvre et de fraude pour inciter à faire de faux témoignages, complicité et injure publique ».

Contact presse :

Pierre Motin, 01 40 40 40 24 / 06 12 12 63 94 pierre.motin@acatfrance.fr  

Note aux rédactions :

·         [1] Les visuels et photos sont disponibles à l’adresse suivante :  http://we.tl/jSa39rrE1H

Pierre Motin
Chargé des relations médias

01 40 40 40 24 / 06 12 12 63 94

MAROC : Intrusion dans les locaux de l’AMDH et agression d’une militante

MAROC : Intrusion dans les locaux de l’Association marocaine des droits humains (AMDH) et agression d’une militante
Paris – Genève – Copenhague, le 19 février 2015 –

 L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme, programme conjoint de la FIDH et de l’OMCT, ainsi que le Réseau euro-méditerranéen des droits de l’Homme (REMDH) et la Fédération Euro-méditerranéenne contre les Disparitions Forcées (FEMED), condamnent l’intrusion des autorités marocaines dans les locaux de l’Association marocaine des droits humains (AMDH) ainsi que l’agression de l’une de ses militantes.
Le dimanche 15 février 2015 au soir, les forces de l’ordre marocaines, accompagnées d’une quarantaine de personnes en civil et armées d’instruments en fer, ont fait irruption dans les locaux de l’AMDH, encerclés depuis la matinée. À cette occasion, une membre de l’administration centrale et de la commission administrative de l’AMDH, Mme Rabea Bouzidi, a été physiquement et verbalement agressée. Cherchant à lui arracher les clefs de son logement et des locaux de l’association, quatre personnes se sont en effet précipitées sur elle et l’ont mise à terre, l’empêchant de respirer. Mme Bouzidi a été transférée à l’hôpital dans un état préoccupant. Plus tôt dans la journée, les forces de l’ordre marocaines avaient déjà tenté de pénétrer dans les locaux de l’AMDH, ce que M. El Haij, président de l’association, avait refusé en l’absence de mandat officiel.
Cette intrusion dans les locaux de l’AMDH visait deux journalistes français, Jean Louis Perez et Pierre Chautard, de l’agence Première Ligne, venus proposer à des membres de l’AMDH de les interviewer au sujet du « mouvement du 20 février ». Les deux journalistes étaient au Maroc dans le cadre d’un tournage pour le compte de France 3 sur l’économie marocaine.
Les autorités ont procédé à la confiscation de leur matériel, y compris de leurs téléphones, au motif qu’ils ne disposaient pas encore d’une autorisation officielle en dépit d’une demande formulée plusieurs semaines auparavant auprès des autorités marocaines[1]
 Ces derniers ont été renvoyés du sol marocain le 16 février, sans pouvoir récupérer leur matériel ni le contenu de leur tournage.
L’Observatoire, le REMDH et la FEMED condamnent l’agression de Mme Rabea Bouzidi et l’intrusion des forces de l’ordre dans les locaux de l’AMDH, qui constituent une grave entrave à la liberté d’association. Nos organisations s’inquiètent des actes de violence perpétrés par les forces de l’ordre à l’encontre des défenseurs des droits de l’Homme, et déplorent plus généralement la recrudescence des entraves à la liberté d’information, d’association et de réunion au Maroc depuis plusieurs mois[2].
Nos organisations appellent les autorités marocaines à garantir la liberté d’association des défenseurs des droits de l’Homme en toutes circonstances, ainsi que la sécurité des membres et locaux des ONG de défense des droits de l’Homme, notamment ceux que les journalistes ont pu rencontrer, conformément à l’article 29 de la Constitution marocaine, à l’article 22 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), et à l’article 5.b de la Déclaration sur les défenseurs des droits de l’Homme adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies le 9 décembre 1998.
Pour plus d’informations, merci de contacter :


[1]     Les journalistes, qui avaient formulé une demande d’autorisation auprès des autorités, pensaient toutefois exercer dans la légalité, leur requête n’ayant pas reçu de réponse. Ils s’apprêtaient à faire le suivi de leur demande d’autorisation le 16 février auprès des autorités.
[2]     Cf. communiqués de presse de l’Observatoire du 29 juillet 2014 et du 7 octobre 2014 et du REMDH du 2 octobre 2014, ainsi que la lettre ouverte du REMDH au Ministre de l’intérieur Mohamed Hassad du 26 Novembre 2014 et la lettre ouverte du REMDH à l’Union européenne du 5 décembre 2014.
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 L'autre manière de voir les évènements...Mais ce n'est pas la faute de la police, bien sûr!

L’AMDH, un voisin indésirable

Par Khalid Mesfioui, le 360,  le 21/02/2015
 
Les habitants de l’immeuble abritant le siège de l’AMDH ont adressé une pétition au wali de Rabat pour se plaindre du préjudice moral causé par les activités de l’association.
Pas moins de 14 habitants de l’immeuble qui abrite le siège central de l’AMDH, au quartier «Les Orangers» à Rabat, ont signé une pétition pour se plaindre des activités organisées par cette ONG, apprend Le360 de sources proches de la Wilaya de Rabat qui a reçu cette missive le 19 février dernier. Ces habitants estiment qu’ils subissent un préjudice moral. Tapage nocturne, réunions tardives, rassemblements permanents devant l’entrée et le hall de la bâtisse sont autant de nuisances que les copropriétaires de l’immeuble de l’AMDH mettent en avant. «Ils estiment que leur liberté se retrouve limitée et réclament l’intervention du Wali de Rabat pour mettre fin à cette situation».

Les revendications des habitants sont quelque part justifiées. Les activités de l'association ont souvent pour effet une intervention policière au sein de siège de l'association. Pas plus tard que dimanche dernier, le quartier a connu un déploiement policier assez impressionnant après que deux journalistes français qui tournaient clandestinement au Maroc se sont réfugiés au siège de l'association et ont hésité à se rendre pour être expulsés.

La France sauve « son ami » le roi et anoblit un dangereux tortionnaire !

Diaspora saharaui, 18/2/2015

Sans doute que le dénouement de cette affaire participe de la volonté du royaume de se rapprocher de la France à la veille de l’examen annuel de la question du Sahara Occidental au Conseil de sécurité.


La France vient de sauver de la manière la plus officielle le royaume de « son ami » le roi d’un étouffement diphylétique. Le patron du contre-espionnage marocain Abdellatif Hammouchi, convoqué en février 2014 devant un tribunal parisien suite à une plainte pour torture et complicité de torture de l’ONG française l’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT), sera prochainement décoré de la légion d’honneur !

Cette information renversante a été annoncée samedi par le ministre français de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, depuis Rabat, où il est en visite. Quel retournement de situation pour un homme clé du Makhzen qui a failli se retrouver en taule à Paris il y a une année jour pour jour…

Celui qui a été accusé de torture et dont la convocation à un tribunal parisien a jeté un froid glacial entre la France et le Maroc, vient ainsi d’être lavé voire « anobli » par l’Élysée.

« Je veux à cet égard tout particulièrement saluer l’action menée par la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST) » a déclaré à la surprise générale le premier flic de France lors d’un point de presse conjoint avec son homologue marocain, Mohamed Hassad. Il n’a pas tari d’éloge sur le général d’Abdelatif Hammouchi et sa DGST dont il a loué « l’expertise » et « l’efficacité ».

« La France saura prochainement lui témoigner à nouveau son estime en lui remettant les insignes d’officier », a annoncé Bernard Cazeneuve. A nouveau parce que le chef du contre espionnage marocain a déjà reçu en 2011 le titre de Chevalier de l’ordre de la Légion d’honneur.

Un tortionnaire anobli

Voilà donc un tortionnaire aux yeux des organisations de défense des droits de l’homme qui se voit élevé par la « patrie des droits de l’homme » à ce rang prestigieux.

Le siège de la DGST à Temara est en effet décrit par l’Association marocaine des droits de l’homme, Amnesty International et Human Rights Watch comme un « lieu de torture et de détentions arbitraires ».

Mais à Paris on ne s’encombre pas de scrupules quand il s’agit de défendre son «ami le roi» qui offre Riads, argent, juteux contrats et plus si affinités aux responsables français à Marrakech et Agadir.

Le diplomate Hasseni n’a pas eu ces égards

Après une année de brouille diplomatique liée précisément à la convocation de ce général suite à une plainte pour torture, Paris répare de manière spectaculaire cet « impair ». Entre temps, le roi M6 a fait un saut à l’Elysée pour sceller la fin des hostilités avec François Hollande.

La coopération judiciaire suspendue entre les deux pays a été rétablie au terme d’une rencontre le 31 janvier dernier entre le ministre marocain de la Justice, Mustapha Ramid, et son homologue française Christiane Taubira.

Sans doute que le dénouement de cette affaire participe de la volonté du royaume de se rapprocher de la France à la veille de l’examen annuel de la question sahraouie au Conseil de sécurité.

Le Makhzen qui craint l’élargissement du mandat de la Minurso compte comme d’habitude sur la France pour opposer son véto. En contrepartie, les entreprises françaises vont certainement se sucrer un peu plus, histoire de « payer » ce geste capital de Paris.

Le diplomate algérien Rachid Hasseni n’a pas eu les mêmes égards, lui qui a été traîné comme un malfrat dans les commissariats de l’Hexagone, au prétexte qu’il était le commanditaire de l’assassinat de Ali Mecili.

Une accusation qui s’est révélée sans fondements et le diplomate algérien n’a obtenu aucune réparation ni matérielle ni morale pour le grave préjudice qu’il a subi.


Trois camarades, ces victimes des années de plomb, resteront immortels.

Par Ali Fkir, le 19 février 2015
   Une troisième victime des traumatisés par la torture vient de nous quitter.
 Je suis affligé par cette nouvelle disparition. Hamid Ezroura, Albou Hassan, Achdini Miloud , vous serez des inoubliables!
1- Ezroura: la première rencontre a eu lieu en octobre 1969. En tant que    président de l'association des élèves ingénieurs de l'INSEA, j'avais reçu le défunt et ce, dans le cadre du bizutage, pratique réactionnaire héritée (par les grandes écoles) de  l’ère « napoléenne » . On ne se connaissait pas. Je lui avais posé la question suivante : quelles sont les forces politiques et syndicales marocaines? Hamid, qui venait directement du lycée, n'avait pas froid aux yeux. Il exprima ses opinions révolutionnaires. Nous sommes devenus amis. Il ne pouvait pas rejoindre le PLS (ex parti communiste), parti réformiste et monarchisme auquel j'adhérai jadis. Il rejoignit un groupe de marxistes léninistes qui prônait la lutte armée immédiate contre le régime de Hassan II. Le groupe était dirigé par Ahmed Herzeni.
Au début de 1972, il fut arrêté dans des conditions horribles. Il passa des jours à Dar Al Mokri (Rabat), le plus ancien des sinistres centres de torture et de liquidation physique. Puis il fut transféré à Derb Moulay Chérif (Casablanca), autre centre de torture de liquidation physique, puis incarcéré à Ghoubila, l’une des sinistres prisons de Casablanca.
Nous nous retrouvions dans cette prison en été 1972. J’ai retrouvé un autre Ezroura. Il a été bousillé, physiquement et psychiquement, par la police. Il ne se remettra jamais de cette cauchemardesque situation.
  Après le procès d’août/septembre 1973, nous fûmes coffrés et ce, pour des années à la prison centrale de Kénitra.
Il nous a quitté il y a de cela quelques années.
2- Hassan Al Bou, militant d’ILAL AMAM. « Simple salarié » d’occasion. Il fut arrêté, atrocement torturé à Derb Moulay Cherif. Il fut condamné à des années de prison ferme (procès de janvier 1977 à Casablanca). Il a été transféré à la prison de Kénitra. Je fis sa connaissance en été 1979 (au sein de la prison). Je l’avais trouvé aussi bousillé qu’Ezroura.
 Il nous a quittés il y a de cela quelques années.
3- Miloud Achdini, militant d’ILAL AMAM, organisation marxiste léniniste marocaine. Il fut arrêté, alors qu’il suivait ses études d’ingénieur à l’INSEA. Il fut atrocement torturé à Derb Moulay Cherif. Il fut condamné en janvier 1977 (à Casablanca) à des années de prison, puis transféré à la prison centrale de Kénitra. Je fis sa connaissance (dans la même prison) en été 1979. Il était aussi bousillé  qu’Ezroura.
Le 17 février 2015, Miloud nous a quittés.
Points communs de ces 3 regrettés :
Bousillés par la police du tyran Hassan II
N’ont jamais baissé les bras et ce, malgré la souffrance qu’ils enduraient. Ils avaient participé à toutes les luttes des prisonniers politiques.
Ils étaient d’une bonté exceptionnelle.
 * Poings levés, ils furent arrêtés, torturés, coffrés pendant des années.
  * Bousillés par les forces du régime, ils sortirent de la prison la tête haute
  * Ils nous ont quittés,  avec une dignité intacte.
Ces trois camarades, ces victimes du régime, resteront immortels.