Par Ali Fkir, le 19 février
2015
Une troisième victime des traumatisés par
la torture vient de nous quitter.
Je suis affligé par cette nouvelle
disparition. Hamid Ezroura, Albou Hassan, Achdini Miloud , vous serez des
inoubliables!
1- Ezroura: la première rencontre a eu lieu
en octobre 1969. En tant que président de l'association des élèves ingénieurs
de l'INSEA, j'avais reçu le défunt et ce, dans le cadre du bizutage, pratique
réactionnaire héritée (par les grandes écoles) de l’ère « napoléenne » . On ne
se connaissait pas. Je lui avais posé la question suivante : quelles sont les
forces politiques et syndicales marocaines? Hamid, qui venait directement du
lycée, n'avait pas froid aux yeux. Il exprima ses opinions révolutionnaires.
Nous sommes devenus amis. Il ne pouvait pas rejoindre le PLS (ex parti
communiste), parti réformiste et monarchisme auquel j'adhérai jadis. Il
rejoignit un groupe de marxistes léninistes qui prônait la lutte armée immédiate
contre le régime de Hassan II. Le groupe était dirigé par Ahmed
Herzeni.
Au début de 1972, il fut arrêté dans des
conditions horribles. Il passa des jours à Dar Al Mokri (Rabat), le plus ancien
des sinistres centres de torture et de liquidation physique. Puis il fut
transféré à Derb Moulay Chérif (Casablanca), autre centre de torture de
liquidation physique, puis incarcéré à Ghoubila, l’une des sinistres prisons de
Casablanca.
Nous
nous retrouvions dans cette prison en été 1972. J’ai retrouvé un autre Ezroura.
Il a été bousillé, physiquement et psychiquement, par la police. Il ne se
remettra jamais de cette cauchemardesque situation.
Après
le procès d’août/septembre 1973, nous fûmes coffrés et ce, pour des années à la
prison centrale de Kénitra.
Il
nous a quitté il y a de cela quelques années.
2- Hassan Al Bou, militant d’ILAL AMAM.
« Simple salarié » d’occasion. Il fut arrêté, atrocement torturé à Derb Moulay
Cherif. Il fut condamné à des années de prison ferme (procès de janvier 1977 à
Casablanca). Il a été transféré à la prison de Kénitra. Je fis sa connaissance
en été 1979 (au sein de la prison). Je l’avais trouvé aussi bousillé
qu’Ezroura.
Il
nous a quittés il y a de cela quelques années.
3- Miloud Achdini, militant d’ILAL AMAM,
organisation marxiste léniniste marocaine. Il fut arrêté, alors qu’il suivait
ses études d’ingénieur à l’INSEA. Il fut atrocement torturé à Derb Moulay
Cherif. Il fut condamné en janvier 1977 (à Casablanca) à des années de prison,
puis transféré à la prison centrale de Kénitra. Je fis sa connaissance (dans la
même prison) en été 1979. Il était aussi bousillé
qu’Ezroura.
Le 17 février 2015, Miloud nous a
quittés.
Points
communs de ces 3 regrettés :
Bousillés par la police du tyran Hassan
II
N’ont jamais baissé les bras et ce, malgré
la souffrance qu’ils enduraient. Ils avaient participé à toutes les luttes des
prisonniers politiques.
Ils étaient d’une bonté
exceptionnelle.
* Poings levés, ils furent arrêtés,
torturés, coffrés pendant des années.
* Bousillés par les forces du régime, ils
sortirent de la prison la tête haute
* Ils nous ont quittés, avec une dignité
intacte.
Ces trois camarades, ces victimes du régime,
resteront immortels.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire