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jeudi 19 février 2015

France. Les Chibanis parisiens, menacés d’expulsion, sont enfin tirés d’affaire lundi 16 février 2015

Par Nadir Dendoune, 16/2/2015


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15 personnes parmi les 33 Chibanis parisiens menacés d’expulsion, ont reçu des propositions de logement (Photo de Jean-Michel Sicot)
 

Il fait assez bon à Paris ce dimanche 15 février. Il est 20h. Au Mk2 de Bastille, des badauds, bobos pour la plupart, sortent du cinéma l'air heureux. A quelques centaines de mètres de là, au 73 rue du Faubourg Saint-Antoine, d'autres personnes, de vieux retraités maghrébins ont eux aussi le sourire aux lèvres.
 
Au 1er étage, Layachi, Djamel, Saïd, Youcef, Mohamed et Achour, trinquent ensemble, en écoutant Malika Domrane, une artiste algérienne qui chante en kabyle. Leur bonheur fait plaisir à voir. Il y a quelques jours, tous les locataires de cet hôtel meublé, 33 personnes au total, menacés d'expulsion depuis juin dernier (voir également notre article de décembre) ont reçu un courrier rédigé conjointement par la préfecture et la mairie de Paris, leur indiquant que « conscients de la situation difficile à laquelle vous devez faire face, après de nombreuses années de travail en France et de vie quotidienne dans cet hôtel meublé dégradé et compte tenu de votre situation d'occupant de bonne foi, la Ville de Paris et l'Etat ont décidé de vous proposer un logement social à Paris ».

Espoir
Cette lettre précise également que toutes « les propositions de relogement seront faites d'ici le 30 juin 2015 », date à laquelle l'hôtel doit être vidé de tous ses occupants. Ces derniers jours, quinze personnes ont d'ailleurs reçu une offre de logement. « Pour la première fois depuis plusieurs mois, on n'a plus peur », s’enthousiasme Layachi Ait Baziz, 65 ans, qui partage depuis10 ans une minuscule chambre de 10m2, sans douche et sans toilette, au 2ème étage avec Said Allouche, un vieux monsieur de 82 ans. Layachi fait même partie des cinq locataires qui ont pu visiter leur prochain appartement. Le sien est à deux pas de la bibliothèque François Mitterand, dans le 13ème arrondissement de Paris. Et après l'avoir visité, vendredi dernier, le retraité est aux anges. « En face de chez moi, il y a le tramway », nous explique-t-il. « Je suis au deuxième étage, il y a un ascenseur. C'est le grand luxe », continue-t-il. Layachi n'aura plus à « descendre les deux étages pour aller aux toilettes ». Et puis, « je pourrais aussi inviter des gens », ajoute-t-il, sourire aux lèvres.

Solidarité
Le retraité devrait recevoir ses clefs dans « un mois environ ». Mais pas question pour lui « d’emménager sans que tous les autres aient leur logement ». « Nous avons commencé cette aventure ensemble, nous irons jusqu’au bout ensemble », rappelle Layachi. Car c’est grâce à cet état d’esprit que les Chibanis des 73 rue du Faubourg Saint-Antoine ont pu faire valoir leurs droits. « Ça faisait longtemps qu’on n’avait pas vu autant de gens lutter de cette manière », rappelle Jean-Baptiste Eyraud, militant historique du Droit Au Logement (DAL), une association qui a été très vite aux côtés des Chibanis.

Petit rappel des faits
En juin dernier, la gérante des lieux demande aux retraités maghrébins de faire leurs valises. Propriété de la Société Immobilière de Seine (SIS), leur immeuble doit être détruit. Le Tribunal de grande instance de Paris en a décidé ainsi. En fait, la SIS demandait depuis plusieurs mois que le lieu soit vidé de ses occupants (certains parlent de gros projet immobilier qu’elle aimerait construire à la place de cet hôtel miteux), mais les locataires n’étaient pas au courant. La gérante avait tenu le secret pour continuer à empocher les loyers.

« Nous ne savions pas qu’il existait autant de gens comme ça en France »
Pour les Chibanis, tout ceci paraît tellement loin. Aujourd’hui, ils veulent juste retenir le bel élan de solidarité autour de leur combat. « Nous ne savions pas qu’il existait autant de gens comme ça en France », dit ému Achour Amarouche, 69 ans, au 73 rue du Faubourg Saint-Antoine depuis 1980. « Le Dal a été formidable, mais nous avons également eu droit à la visite de parfaits inconnus. Des citoyens qui venaient nous apporter du réconfort, », continue Achour. « Même les politiques, notamment Ian Brossat, l’élu au logement, ont tenu parole. Ça nous avait vraiment fait chaud au cœur. On se sent aujourd’hui moins seuls ». Mais cette « triste histoire » a aussi permis de tisser des liens entre des gens qui vivaient ensemble mais ne se connaissaient à peine. « Avant la menace d’expulsion, on se disait bonjour-au-revoir, chacun menait sa vie de son côté », se souvient Youcef Ferkous, 72 ans, 16 ans dans cet hôtel. « Aujourd’hui, nous sommes devenus plus que des frères de lutteDe vrais amis », renchérit-il. « Quand on a su qu’on allait être expulsé, je n’aurais jamais pensé à une telle issue. La vie est formidable ». 
Malgré ces bonnes nouvelles, il y a tout de même de la nostalgie tout autour de ces mursPeut-être aussi la peur de se retrouver seul de nouveau. « On continuera tous à se voir », promet Mohamed en levant son verre. « Oui, il faut prendre ça comme un nouveau départ et de toute façon, on gardera toujours le contact», renchérit de son côté Youcef. Il est 23h. Guerouabi, le chanteur chaabi a remplacé Malika Domrane. Tous sont désormais debout et dansent heureux, le verre à la main…

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