H.A.,Liberté, 19/2/2015
La énième manœuvre de Rabat via le Forum de Crans-Montana
À la veille de la réunion du Conseil de sécurité sur le Sahara occidental
Que vise l’organisation du Forum de Crans-Montana à Dakhla, une ville
sahraouie sous occupation marocaine, à la veille de la réunion du
Conseil de sécurité des Nations unies, jugée cruciale, sur la situation
de l’ex-colonie espagnole, classée “territoire non autonome” par l’ONU ?
La tenue de ce congrès international sur la coopération et le
développement, du 12 au 14 mars prochain, s’apparente à un coup de force
contre le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination, destiné à
faire dévier le processus de paix des rails de la légalité
internationale. L’entêtement dont a fait montre l’ONG suisse Forum
Crans-Montana, qui a décidé de maintenir sa rencontre dans la ville
occupée du Sahara occidental, comme s’il s’agissait d’une ville
marocaine, en dit long sur ses intentions.
En effet, l’acharnement de ses responsables qui, pour rappel, intervient
au moment où la République sahraouie (RASD) s’apprête à commémorer le
39e anniversaire de sa proclamation (le 27 février 2015), vient
contrarier les efforts de l’ONU, notamment ceux de l’envoyé personnel de
son secrétaire général, Christopher Ross, chargé sur le terrain de
rapprocher les vues des deux parties en conflit, le Front Polisario et
le royaume du Maroc, afin de trouver une solution politique juste et
pacifique, qui assurerait l’autodétermination du peuple sahraoui. De
plus, les faits sont là et ne trompent pas. En avril 2014, le Conseil de
sécurité avait prorogé le mandat de la Mission onusienne pour
l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (Minurso), jusqu'au
30 avril prochain.
Malgré le travail actif des lobbies pro-marocains, l’ONU reste toujours
attachée au droit du peuple du Sahara occidental à l’autodétermination
et à l’indépendance. Et, en dépit de l’alignement inconditionnel de la
France aux thèses du palais royal, la bataille des droits de l’homme
dans les territoires sahraouis a connu des avancées. Par ailleurs, l’an
dernier, dans son rapport sur la situation au Sahara occidental à
l’instance dirigeante de l’ONU, Ban Ki-moon avait appelé les deux
belligérants à progresser en urgence et à dialoguer sérieusement sur
deux questions clefs, à savoir le contenu d’une solution politique au
conflit et la forme de l’autodétermination.
Le SG des Nations unies avait en outre laissé clairement entendre que
s’il n’y avait aucun progrès avant avril 2015, il inviterait alors les
membres du Conseil de sécurité à réexaminer le cadre qu’il avait fixé en
avril 2007 pour le processus de négociation. Ces observations avaient, à
ce moment-là, redonné de l’espoir aux Sahraouis, à l’inverse du Maroc
qui appréhendait l’étape du respect et de l’application de la légalité
internationale. On comprend dès lors les tentatives de Rabat d’éloigner
M. Ross de son poste, et les blocages dressés pour empêcher Kim Bolduc
de prendre la direction de la Minurso.
La fermeté de l’ONU a été payante jusque-là, puisque le diplomate
américain a repris, récemment, son bâton de pèlerin pour relancer le
processus des négociations maroco-sahraouies, et les obstacles montés
contre la diplomate canadienne ont été levés. Mais contrairement à
l’Union africaine, qui a dénoncé publiquement la tenue du Forum de
Crans-Montana dans les territoires sahraouis sous occupation marocaine,
la position des Nations unies semble plus timorée. Il faut s’attendre,
en avril 2015, à ce que la réunion du Conseil de sécurité se distingue
des précédentes.
Espérons alors que l’arrogance des chefs du Forum de Crans-Montana, comme le pillage scandaleux des ressources naturelles du territoire du Sahara occidental et les violations flagrantes des droits de l’homme, soient utilisés à bon escient, pour obliger, cette fois, l’occupant marocain à se conformer au droit international.
Espérons alors que l’arrogance des chefs du Forum de Crans-Montana, comme le pillage scandaleux des ressources naturelles du territoire du Sahara occidental et les violations flagrantes des droits de l’homme, soient utilisés à bon escient, pour obliger, cette fois, l’occupant marocain à se conformer au droit international.
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