Des journalistes français expulsés de Rabat
zoom Les intérêts du gouvernement français avec le Maroc...
Pourtant, depuis les attentats contre Charlie Hebdo, les autorités françaises ont multiplié les déclarations vertueuses en faveur de la liberté totale des journalistes dans l’exercice de leur travail. Le silence assourdissant de Paris, après l’expulsion par Rabat des journalistes Jean-Louis Perez et Pierre Chautard, en dit long sur la nouvelle diplomatie française adoptée avec le Maroc.
C’est à un pur chantage que cède la France pour des raisons économiques
et stratégiques. Même les ONG françaises restent partiellement
silencieuses, à l’exception de Reporter sans frontières (RSF).
Dans un communiqué, rendu public le jour même, RSF a dénoncé «une
censure odieuse et demande la restitution du contenu du tournage des
deux journalistes». Nos deux confrères étaient en train de réaliser un
documentaire pour France3 sur les droits de l’homme au Maroc quand ils
ont été arrêtés puis expulsés par la police marocaine. «L’objectif des
autorités marocaines est clairement affiché : empêcher la réalisation du
documentaire en question et saisir des informations sur leurs sources.
Le Maroc ne peut exercer de censure sur des journalistes français qui
avaient sollicité une autorisation de tournage sans obtenir de réponse»,
a déclaré Christophe Deloire, secrétaire général de RSF. C’est donc la
deuxième fois, en quelques semaines, que les autorités marocaines
agissent ainsi.
Le 23 janvier dernier, des journalistes de la chaîne arabophone de
France24 ont été empêchés de tourner une émission sur la liberté
d’expression. Pour comprendre l’attitude de Paris envers Rabat
concernant ce volet, il faut remonter à février 2014.
De passage à Paris, Abdellatif Hammouchi, le chef du contre-espionnage
marocain, a été arrêté et interrogé par une juge d’instruction. Il est,
en effet, visé par plusieurs plaintes pour torture. Le makhzen avait
aussitôt suspendu sa coopération judiciaire avec la France et remis en
cause de nombreux accords bilatéraux. A Paris, c’est la panique. Les AE
françaises ont tout fait pour arranger la situation. Le 31 janvier 2015,
un nouvel accord quasi-secret a été signé. Le 14 février, jour de la
Saint-Valentin, le ministre français de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, a
annoncé depuis Rabat que «M. Hammouchi sera bientôt décoré de la Légion
d’honneur à Paris» !
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