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samedi 7 juin 2014

Point n°62 sur la campagne de parrainage des prisonniers politiques et d’opinion au Maroc


Association de Défense des Droits de l’Homme au Maroc
ASDHOM 79, rue des Suisses  92000 Nanterre

Point n°62 sur la campagne de parrainage des prisonniers politiques et d’opinion au Maroc

Avant d’aborder les nombreuses arrestations et condamnations qu’a connues le Maroc au mois de mai, nous voudrions saluer la mémoire de Christine Daure-Serfaty, qui, quatre ans après le décès de son mari Abraham Serfaty, vient de s’éteindre le 28 mai 2014 à Paris. Les démocrates marocains, rassemblés le vendredi 30 mai en région parisienne, lors d’une rencontre initiée par l’ASDHOM et dédiée à la mémoire des militant(e)s de l’immigration marocaine, ont rendu un hommage vibrant à cette femme qui a épousé la cause du peuple marocain. Une minute de silence a été observée à sa mémoire et une délégation, composée de plusieurs organisations marocaines, dont l’ASDHOM, s’est rendue le jeudi 5 juin à son inhumation qui a eu lieu à la commune de Juvanzé dans l’Aube (10). Plusieurs témoignages émouvants ont été prononcés dont notamment celui d’Afous, fils d’Akka, victime du bagne de Tazmamart, et celui de Laila Chahid, la représentante de la Palestine en Europe, qui a bien connu la défunte quand elle était au Maroc.
Nous vous ferons parvenir par la suite le mot qui a été lu au nom de toutes les forces démocratiques de l’immigration marocaine.

Le mois dernier était très dense en informations provenant du Maroc relativement aux atteintes aux droits et aux libertés, toutes aussi préoccupantes les unes que les autres. Celles qu’on va traiter dans ce point rallongent, malheureusement encore plus, les listes déjà établies par l’ASDHOM dans le cadre de sa campagne de parrainage lancée en novembre 2012. (voir www.asdhom.org)

Groupe 20-Février à Casablanca : Après plusieurs reports, le procès des onze manifestants et militants du 20-Février, arrêtés le 6 avril 2014 à Casablanca lors d’une manifestation intersyndicale, a eu finalement lieu le 21 mai. Les condamnations sont tombées et elles sont lourdes. Un an de prison ferme pour Hamza Haddi, Youssef Bouhlal, Ghani Zaâmoun, Hamid Alla et Abdellatif Sarsari. Sis mois de prison ferme pour Hakim Sarroukh, Mohamed Harrak, Mustapha Aârass et Ayoub Boudad. Deux mois avec une amende de 5000 Dirhams  pour Amine Kabbabi et Fouad El-Baz. Ces deux derniers ont été libérés à l’issue du procès puisqu’ils avaient déjà purgé leur peine en préventive. Les familles et les soutiens des prévenus n’ont pas été autorisés à assister au procès. Les neufs prévenus, en détention, ont refusé d’assister eux aussi tout en continuant leur grève de la faim pour protester contre le traitement qui leur a été infligé. Seul Mohamed Harrak est allé dénoncer les violences subies en montrant au juge les traces de passage à tabac. Les avocats de la défense, Me Abderrahmane Ben Amro et Me Mohamed El Messaoudi, lui-même poursuivi dans une autre affaire pour outrage à magistrat, ont dénoncé un procès politique et inéquitable où les droits de la défense n’ont pas été respectés. Plusieurs rassemblements ont été organisés à Casablanca et Rabat pour les soutenir et réclamer leur libération.
Toujours à Casablanca, le jeune rappeur Mouad Belghouat, alias Elhaqed, militant du mouvement 20-Février, a de nouveau été arrêté le dimanche 18 mai alors qu’il s’apprêtait à assister, avec son frère Hamza et ses amis, à un match de foot. La police n’a rien trouvé cette fois-ci que de lui reprocher « la vente de tickets au marché noir ». Son petit frère, embarqué avec lui au commissariat, a été relâché au bout d’un interrogatoire surréaliste. Mouad, lui, a été retenu et sa garde à vue s’est vue prolonger avant d’être présenté à un juge. Faut-il rappeler que ce n’est pas la première fois que ce jeune rappeur soit confronté à ce genre d’épreuves. Mouad a déjà été condamné à 4 mois de prison en 2011 pour « coups et blessures » et à un an de prison en mars 2012 pour « outrage à la police ». Tout le monde sait que c’est son rap qui dérange. Les autorités marocaines veulent lui faire payer ensuite son implication active dans le mouvement 20-Février. Il n’y a pas longtemps, une conférence de présentation de son nouveau album Walou » a été interdite.

Groupe UNEM-Meknès : Arrêtés le 17 décembre 2012, les cinq étudiants, militants de l’UNEM (Mounir Ait Khafou, Hassan Koukou, Soufiane Sghéri, Hassan Ahamouch et Mohamed Eloualki) ont vu, depuis, leur procès reporter à plusieurs reprises. Ils viennent d’être fixés sur leur sort le 12 mai 2014. Si Mohamed Eloualki a écopé de six mois et a donc été libéré à l’issue du procès puisqu’il en a passé deux ans de plus en préventive, les quatre autres ont, eux, écopé de trois ans chacun. Ce groupe, parrainé par notre ami Gilles Deloustal du sud de la France, a mené plusieurs grèves de la faim, plus ou moins longues, pour alerter l’opinion sur son sort et l’injustice qui l’a frappé.

Groupe Islamistes-Belliraj : Amnesty International mène de 2014 à 2016 une campagne intitulée « Stop torture ». Parmi les cinq pays sur lesquels elle se focalise, figure le Maroc avec le cas d’Ali Aarrass que Me Alima Boumediene-Thierry parraine dans le cadre de la campagne lancée par l’ASDHOM en 2012. Amnesty International s’appuie sur les rapports établis par le Rapporteur spécial de l’ONU Juan Mendez et par le Groupe de travail de l’ONU sur la détention arbitraire. Rappelons que ce dernier avait demandé la libération immédiate d’Ali Aarrass qui purge une peine d’emprisonnement de quinze ans à la prison de Salé, depuis son extradition en 2010 par l’Espagne alors qu’il avait été innocenté par le juge Baltasar des faits de terrorisme qu’on lui reproche.

Groupe Libertés d’expression-Journalistes-Syndicalistes : L’audition du journaliste Ali Anouzla qui devait avoir lieu le 20 mai a été reportée à une date non communiquée. Raison invoquée : le juge est parti pour quelques jours de vacances ! Le comité national de soutien qui avait appelé à un sit-in, a condamné ce nouveau report injustifié et dénoncé le maintien des poursuites contre Ali Anouzla pour « incitation au terrorisme » ainsi que le blocage continu du site électronique Lakome.com dont il est le directeur en chef.
Le journaliste Mustapha El-Hasnaoui, condamné en juillet 2013 à trois ans de prison pour des délits liés au « terrorisme », observe depuis le vendredi 16 mai une grève de la faim illimitée pour protester contre ses conditions de détention à la prison centrale de Kénitra.
Le militant syndicaliste Hamid Majdi, ex-secrétaire adjoint du syndicat CDT à Ouarzazate et secrétaire général du PSU à Kalaât Sraghna, n’a pas fini d’avoir des déboires avec la justice marocaine. Après avoir été condamné, le 6 mai 2014, à un an de prison ferme et à une amende de 500 dirhams, il a été de nouveau convoqué à comparaitre devant le tribunal de 1ère instance d’Ouarzazate, le 22 mai, pour entre autres « entrave à al liberté de travail, insultes, etc. » sur la base du fameux article liberticide 288 du code pénal.

Groupe Sahraouis-Guelmim-Ait Melloul : Après plusieurs reports, la Cour d’appel d’Agadir a finalement condamné, le 15 mai 2014, les trois prisonniers politiques sahraouis Mohamed Khalfoun, Youssef Attar et Azouz Cheikhi à 4 mois de prison ferme. Les trois ont donc été libérés à l’issue de ce procès étant donné qu’ils avaient déjà passé 6 mois et demi de préventive à la prison d’Ait Melloul. Leur arrestation était liée aux manifestations qu’a connues la ville de Zak après le démantèlement du campement Tizimi et les protestations à Assa en septembre 2013.
Le 27 mai, ce sont six autres prisonniers politiques sahraouis qui ont, eux, été condamnés par la même Cour d’appel à des peines allant d’un an à trois ans de prison ferme. Mohamed Ghazouani (3 ans), Mohamed lamine Attar et Mohamed Hamou (un an et six mois), ainsi que Mohamed Hasnaoui, Hiba Chouiâr et Moussa Malki (un an) ont tous été arrêtés à Guelmim en septembre 2013 en lien avec les mêmes évènements d’Assa. Placés en détention préventive à la prison d’Inzgane puis d’Ait Melloul, leur procès a été reporté à plusieurs reprises.
Avant eux, c’était au tour du jeune prisonnier politique Abdallah Boukayoud d’être condamné, le 23 mai 2014, par cette même Cour d’appel, à quatre ans de prison ferme après avoir été placé en détention préventive à la prison d’Ait Melloul depuis 7 mois. Abdallah s’est présenté à la cour en étant en grève de la faim, entamée le 20 mai, pour protester contre les mauvais traitements dont il a fait l’objet. Il a été arrêté entre Laâyoune et Smara pour avoir participé aux manifestations à Guelmim après la mort en septembre 2013 à Assa du jeune sahraoui Rachid Echine.
Toujours en lien avec ces évènements, une autre victime sahraouie fait les frais de la justice marocaine. Il s’agit de Kaiss El-Hiba qui vu sa peine augmenter, le 26 mai 2014, par la Cour d’appel d’Agadir d’un an à 5 ans de prison ferme.
La prison d’Ait Melloul, qui abrite également le défenseur sahraoui des droits de l’Homme Yahya Mohamed Hafed Izza, connait un mouvement de grève de la faim pour protester sur les conditions désastreuses de détention. L’AMDH a interpellé dernièrement les autorités marocaines sur la dangerosité de cette prison qui a enregistré plusieurs morts parmi les prisonniers de droit commun.

D’autres informations aussi préoccupantes nous sont parvenues de Fès où des militants de l’UNEM-Fès font face à des procès politiques. Nous y reviendrons au prochain point sur cette campagne de parrainage.
Nous ne pouvons par contre clore ce point sans signaler et dénoncer l’arrestation, le jeudi 5 juin, de plusieurs ouvriers de la société « Moulins de la cote » à Salé lorsqu’ils ont voulu manifester pour réclamer l’application d’un jugement rendu en leur faveur en 2002 et qui exigeait de leur employeur le paiement des indemnités pour un licenciement abusif.
Deux de leurs soutiens, les syndicalistes et défenseurs des droits de l’Homme Naima Naim, Abdallah Laftansa et Ben Mchich, ont, eux, été libérés après l’interrogatoire au commissariat. Nous revenons dans le prochain point sur le développement de cette affaire.

Bureau exécutif de l’ASDHOM
Paris, le 7 juin 2014


Arrestations, torure, procès : Un appel à l'aide pour Abdel-Aziz, franco-algérien, Yassine, franco-tunisien et Tarek, franco-marocain.





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Procès en appel à Tanger, ce lundi 9 juin 2014

"Mon frère et ses amis étaient assis tranquillement dans un billard à Tanger lorsque soudain des agents de police de Casablanca les ont arrêtés pour motif "détention d'armes à feu" . 
Les policiers leur ont bandé les yeux, attaché les mains et les pieds jusqu'au commissariat de Casablanca où ils les ont torturés durant 5 jours. 
Ils leur ont mis la tête sous l'eau, ils leur ont envoyé des décharges électriques dans les parties intimes à l'aide de batterie de voiture, les ont tabassés, leur ont craché dessus. Ils les ont pendus par les pieds, et j'en passe.

Accusés sans la moindre preuve de culpabilité  les inspecteurs de polices les ont forcés à s'accuser les uns et les autres afin d'obtenir des aveux sous contraintes. 
Mon frère est asthmatique, ils l'ont traité comme un chien. Le seul de ses amis qui était de nationalité marocaine a été relâché, mon frère et ses amis sont de nationalité française.

Aujourd'hui mon frère REDAOUIA Abdel-Aziz se trouve incarcéré avec ses amis dans la prison de Tanger pour trafic de stupéfiants, alors qu'ils n'ont même pas été arrêtés pour ce motif-là au départ ! Car les inspecteurs les ont torturés afin de leur faire dire n'importe quoi.
Aidez-nous s'il vous plait à savoir auprès de quel organisme, nous pouvons  nous retourner, afin d'avoir un recours. Pour qu'ils soient  relâchés et que ceux qui leur ont fait subir ces tortures  soient punis.
J'espère que ce témoignage va attirer l'attention sur ces faits graves qu'ont subis mon cher frère et ses amis.
Je suis désespérée,  svp répondez-moi".

Souad REDAOUIA
Tél: 0651942379

Dernières nouvelles des trois Maghrébins en vacances au Maroc arrêtés, torturés et condamnés


Par Solidarité Maroc 05

Abdel-Aziz Redaouia, 33 ans, est le frère de Souad qui a lancé l’ appel à l'aide,  diffusé également sur le blog de Luk Vervaet, du Comité des familles des prisonniers européens au Maroc . Il est franco-algérien, son ami Yassine est franco tunisien et Tayeb est franco-marocain. Rappelons que ces trois amis étaient venus au Maroc pour passer des vacances ! Pour leur souhaiter la bienvenue, des membres la DST de Casablanca sont venus en vieux 4x4 les arrêter dans ce fameux billard où ils se trouvaient. Ils leur ont bandé les yeux et n’ont déclaré leur garde à vue que deux jours plus tard ... au cas où les tortures leur auraient été fatales ?

Après avoir été torturés pendant 5 jours à Casablanca, pour avouer d’abord qu’ils détenaient des armes (ils ne semblent pas avoir été fouillés), puis accusés d’être des trafiquants de drogue,  ils ont été ramenés à la prison de Tanger,  et condamnés à 2 ans de prison. Ils doivent être jugés en appel lundi 9 juin. Mais on leur a déjà fait comprendre que le procès sera remis au 16 juin…selon le rituel de reports de procès.
L'autre sœur d'Abdel-Aziz a pu se rendre à Tanger pour le rencontrer et lui apporter ses médicaments pour l'asthme.


L’état de santé du journaliste Mustapha Hasnaoui se détériore en prison








L’état de santé du journaliste marocain Mustapha Hasnaoui, actuellement en grève de la faim en prison, se serait détérioré, d’après son comité de soutien.

L’état de santé de Mustapha Hasnaoui, actuellement emprisonné pour « terrorisme », se serait dégradé suite à une grève de la faim. Selon le comité de soutien de ce journaliste marocain, il a été « transféré à l’hôpital » après avoir été retrouvé « inconscient dans sa cellule par les gardiens de prison, dimanche à l’aube ». Mohamed Zhari, le coordinateur du comité de soutien, a affirmé à l’AFP que Mustapha Hasnaoui a été renvoyé en prison après avoir repris conscience. « Sa vie reste en danger », a-t-il dit. « Il n’est plus capable de se tenir debout et n’a même plus la force de parler », a-t-il complété.

Les responsables pénitentiaires démentent
A la Direction générale des prisons, une source dément formellement ces affirmations. Selon elle, l’état du détenu est « normal » et il ferait l’objet d’un « suivi quotidien de la part du médecin de l’institution pénitentiaire ».
Pour rappel, Mustapha Hasnaoui a entamé une « grève de la faim illimitée » afin de protester contre ses conditions de détention. Employé par le magazine pro-salafiste marocain Assabil, ce journaliste de 34 ans a été condamné à quatre ans de prison, en vertu de la loi antiterroriste votée en 2003, après une vague d’attentats à Casablanca.
Hasnaoui s’était rendu en Turquie où il comptait enquêter sur des djihadistes marocains recrutés pour aller combattre en Syrie. Il avait toutefois été refoulé par les autorités turques avant d’être poursuivi au Maroc pour « constitution de bande criminelle » et « tentative de cacher des informations sur des crimes terroristes ».
Le groupe de travail de l’ONU sur la détention arbitraire a appelé à sa libération. L’ONG Amnesty International, qui appelle aussi à sa libération, a estimé, le mois dernier, que son procès était « inique ».

Pour un Maroc sans torture

Mustapha Ramid : "Il serait naïf de croire qu’il n’y a pas de torture au Maroc"


4/6/2014
Mustapha Ramid : "Il serait naïf de croire qu'il n'y a pas de torture au Maroc"

Le ministre de la Justice et des libertés, Mustapha Ramid, vient d’affirmer que deux choses existent bel et bien au Maroc : La torture, et les fausses allégations concernant les cas de torture. Pour lui, seul un naïf pourrait contredire leurs existences.

Selon Ramid, cité par Alquds :
« La volonté de l’Etat marocain pour combattre toutes les formes de torture est catégorique, même pour des dommages mineurs […] L’Etat marocain ne donnera jamais son aval pour que de la torture soit pratiquée ».
Toujours selon Ramid, l’Etat marocain n’est en rien impliqué dans tous les cas de torture qui voient le jour dans ses institutions. Tout tortionnaire avéré mérite une punition adéquate.
Donc, en résumé, la torture existe bel et bien et l’Etat le sait et désengage sa responsabilité, puisqu’il la combat. D’après le ministre PJD : « Celui qui dit que la torture n’existe pas, est un naïf. Mais celui qui dit que les fausses allégations de cas de torture n’existent pas, est tout aussi naïf ».
Le ministre promet, au nom de l’État, de combattre la torture et de punir tous les tortionnaires, mais promet également de ne pas rester les bras croisés par rapport à toute fausse allégation émanant de personnes mal intentionnées.


Pétition : Torture, aveux, condamnations : un triptyque persistant

M. Mustafa Ramid
Ministre de la Justice et des Libertés
Rabat, Maroc
Monsieur le Ministre,

Je vous fais part de ma vive préoccupation face à la persistance de la prise en compte, par les magistrats marocains, d’aveux et informations obtenus sous la torture. L’ACAT a documenté plusieurs des nombreux cas de condamnations fondées sur des aveux forcés régulièrement dénoncés par les organisations de défense des droits de l’homme.
Afin de mettre fin à cette forme de procès inéquitable, je vous demande, Monsieur le ministre, de bien vouloir :
  • œuvrer en faveur de l’introduction, dans le Code de procédure pénal, d’un article mentionnant explicitement la nullité des aveux et informations obtenus ou signés sous la contrainte ;
  • ordonner aux procureurs d’ouvrir une enquête chaque fois que leurs sont rapportées des allégations de torture ou de mauvais traitements exercés par ou avec la complicité d’agents de l’Etat ;
  • sanctionner les magistrats qui refuseraient d’ouvrir de telles enquêtes ou utiliseraient des aveux que leurs auteurs allèguent avoir signés sous la contrainte.
Lien pour signer la pétition : http://www.acatfrance.fr/action/torture-aveux-condamnations-un-triptyque-persistant

Texte de la pétition

Torture, aveux, condamnations : un triptyque persistant


Réformée en 2011, la constitution marocaine consacre l’interdiction absolue de la torture et le droit à un procès équitable. Des garanties sérieusement mises à mal avec la persistance de la prise en compte par la justice d’aveux obtenus sous la torture.


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Crédits : mediActivista / Flickr Creative Commons

Le 01 / 05 / 2014
En juin 2011, en réponse au mouvement de protestation né dans dans la veine du Printemps arabe, le roi du Maroc a proposé une réforme constitutionnelle adoptée le 1er juillet suivant et visant notamment à mieux garantir le respect des droits de l’homme dans le Royaume.

Une réforme restée lettre morte

Dans sa nouvelle version, l’article 22 de la Constitution affirme la prohibition de la torture, tandis que l’article 23 garantit le droit à un procès équitable. Ces deux articles concourent à l’interdiction de la prise en compte par la justice d’aveux ou informations obtenus sous la torture, conformément à l’article 15 de la Convention contre la torture ratifiée par le Maroc en 1993.
Pourtant, près de trois ans après cette réforme, les victimes sont toujours nombreuses à alléguer avoir été torturées et condamnées sur la base de procès-verbaux signés sous la contrainte.
Rares sont les cas où l’accusé qui déclare avoir été torturé est soumis à un examen médical. Lorsque le juge consent à ordonner cet examen, il est effectué trop longtemps après les sévices, laissant ainsi aux traces le temps de s’estomper. Le juge invoque alors l’absence de trace flagrante pour justifier son refus de diligenter une enquête.

Une institution judiciaire complice

Le dernier exemple en date documenté par l’ACAT concerne 24 militants sahraouis condamnés à de lourdes peines d’emprisonnement par la justice militaire, en février 2013, en raison de leur participation au camp de protestation de Gdeim Izik en 2010. Le verdict a été prononcé à l’issue de neuf jours de procès inéquitable marqué notamment par la prise en compte d’aveux que les accusés ont déclaré avoir signés sous la torture, sans que cela ne donne lieu à aucune enquête.
Le silence ou la complicité dont font preuve les juges marocains à l’égard des pratiques tortionnaires s’explique par plusieurs facteurs.
Les aveux sont considérés comme la reine des preuves et servent de base à de nombreuses condamnations pénales, même lorsqu’ils sont contestés devant le tribunal par ceux qui sont présumés les avoir signés. Cela est notamment encouragé par l’article 291 du Code de procédure pénale marocain qui prévoit qu’en matière de délit et de contravention, les procès-verbaux établis par la police et la gendarmerie font foi jusqu’à preuve du contraire.
En pratique, même en matière de crime, ces procès-verbaux sont pris pour argent comptant par les juges qui ne les remettent que rarement en question.
De plus, de sérieux doutes pèsent sur l’indépendance de la justice car en vertu de la Constitution, le roi préside le Conseil de la magistrature et procède à la désignation des magistrats. La rareté des enquêtes et poursuites pour torture malgré le grand nombre de dénonciations paraît symptomatique de ce défaut d’indépendance.


Deux victimes en quête de justice en France

Adil Lamtalsi et Mostafa Naïm, deux Franco-marocains, ont été arrêtés respectivement en 2008 et 2010, par la police marocaine, et condamnés pour crime de droit commun dans des affaires différentes. A deux ans d’intervalle, ils ont subi les mêmes supplices : plusieurs jours de sévices au centre de détention secret de Temara, aux mains de la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST), des aveux signés sous la torture et des condamnations prononcées par des magistrats complices sur la base de ces aveux.
Transférés en France au printemps 2013 pour purger le reste de leur peine, ils ont demandé à l’ACAT de les accompagner dans leur quête de justice. Le 21 mai 2013, l’ACAT et les victimes ont déposé deux plaintes pour torture en France. Une instruction a déjà été ouverte dans l’un des deux dossiers, conduisant à la convocation du directeur de la DGST lors de son dernier passage en France.

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Salutations militantes,
Pour le bureau de l'AMDH-Paris/IDF

“Détenus du 6 avril” :Nouveau sit-in des militants du 20-Février à Casablanca




K. Alaoui , Aufait
Militants, proches des condamnés et membres de l'Association marocaine des droits humains (AMDH) ont tenu, dimanche, à Casablanca, un sit-in devant la prison d'Oukacha. /K. Alaoui
Militants, proches des condamnés et membres de l'Association marocaine des droits humains (AMDH) ont tenu, dimanche, à Casablanca, un sit-in devant la prison d'Oukacha. /K. Alaoui Agrandir

Scandant “Libérez nos détenus politiques”, ces manifestants ont réclamé la liberation des cinq militants mouvement du 20-Février. /K. Alaoui
Des manifestants, dimanche, à Casablanca, devant la prison d'Oukacha. /K. Alaoui Agrandir

Scandant “Libérez nos détenus politiques”, ces manifestants ont réclamé la liberation des cinq militants mouvement du 20-Février. /K. Alaoui Agrandir

Si les ONG affirment que les militants du 20-Février ont été arrêtés après avoir scandé des slogans “contre le régime dans son ensemble”, la police soutient que des membres des forces de l'ordre avaient été blessés, lors de cette marche. /K. Alaoui Si les ONG affirment que les militants du 20-Février ont été arrêtés après avoir scandé des slogans “contre le régime dans son ensemble”, la police soutient que des membres des forces de l'ordre avaient été blessés, lors de cette marche. /K. Alaoui Agrandir
Militants, proches des condamnés et membres de l'Association marocaine des droits humains (AMDH) ont tenu, dimanche, à Casablanca, un sit-in devant la prison d'Oukacha. Scandant “Libérez nos détenus politiques”, ces manifestants ont réclamé la libération des cinq militants du mouvement du 20-Février, condamnés il y a quelques jours par le tribunal de première instance d'Aïn Sbaâ à des peine allant jusqu'à un an de prison ferme. Ils ont été inculpés pour “organisation d'une manifestation non autorisée” et “violences envers des fonctionnaires de police”. Les manifestants ont aussi réclamé la libération de l'ensemble des détenus issus du même mouvement.
Ces cinq militants avaient été interpellés, le 6 avril dernier, en marge d'une “marche nationale” organisée par les trois grandes centrales syndicales du pays, en protestation contre la politique du chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane.
Si les ONG affirment que ces militants ont été arrêtés après avoir scandé des slogans “contre le régime dans son ensemble”, la police soutient que des membres des forces de l'ordre avaient été blessés, lors de cette marche.

Un autre militant arrêté à Casablanca
En marge de ce sit-in, des sources concordantes ont fait état de l'arrestation d'Oussama Hassan, membre du mouvement du 20-Février, qui s'était dit, début mai, victime d'une agression de la part de trois inconnus.
Dans son témoignage posté sur YouTube, ce militant dit avoir été insulté, frappé, agressé sexuellement, tabassé et brûlé par trois agresseurs.
Dimanche, des policiers en civil l'ont arrêté dans le quartier Sidi Bernoussi, alors qu'il se trouvait dans la voiture d'un membre de l'AMDH, à en croire le site d'information Febrayer, qui publie l'information.
Selon la même source, qui cite le procureur général du Roi à Casablanca, une enquête approfondie a été menée par la police judiciaire, au lendemain de la publication de la vidéo d'Oussama. La police aurait conclu que les faits racontés n'ont pas eu lieu, et a décidé de le poursuivre, en état d'arrestation, pour faux témoignage, selon la même source.
K. Alaoui


 

L’intersection d’une naïveté et d’une bêtise locales donne un ridicule « national »

Par Ali Fkir, 31/5/2014

Des jeunes « apolitiques », des jeunes qui ont réussi leurs études, sans problèmes particuliers avec les gens du quartier. Ce qui est rare dans notre bled d’aujourd’hui.
Leur principal handicap reste leur naïveté. Ils croient à ce que racontent les médias officiels.
De quoi s’agit-il ?
Avec l’apparition du Mouvement 20 février qui a pu secouer les colonnes sur lesquelles s’est bâti un régime despotique, la police a permis la floraison de hordes de voyous , d’agresseurs, de violeurs qui s’en prennent aux citoyens « simples ». Il n’est pas question de toucher aux habitants des quartiers chics. C’est une opération de classes sociales. Ces groupes de névrosés, issus des « bas-fonds » de la société, s’attaquent en premier lieu aux femmes.

 La police laisse faire. Elle encourage la terreur. Il faut obliger les gens à « souhaiter » l’intervention de la police, à « aimer » la police et donc le makhzen. Aux populations terrorisées devrait (selon le plan du ministère de l’intérieur) incomber la responsabilité de l’insécurité, au mouvement de la lutte pour les droits humains, au mouvement du 20 février, aux forces radicales (progressistes et islamistes)…L’AMDH et le MVT20FEVRIER sont désignés du doigt. Les conséquences sont désastreuses. Des dizaines de jeunes du MVT20FEVRIER, de militants de l’AMDH sont arbitrairement coffrées.
« L’instinct de conservation », a poussé la société à réagir spontanément au plan machiavélique des forces occultes makhzeniennes. De ses entrailles nait le phénomène « tcharmil ». A l’origine de « tcharmil », il y a des jeunes qui veulent dénoncer ( à leur manière) cette guerre menée contre les citoyens et surtout contre les citoyennes. Le mouvement « tcharmil » est une manifestation de l’instinct de conservation de la société. C’est une réaction (peut-être inconsciente) face à l’implication de la police dans la « déstabilisation » de la vie quotidienne des habitant-es des quartiers populaires. C’est une opération de sensibilisation.
« Tcharmil », est un phénomène social « incompris ». Les « intellectuels » et autres « analystes » sont complètement hors-jeux. Seule la police, et donc le makhzen , a compris la nature du phénomène. C’est pourquoi elle l’a réprimé. Quant aux groupes de névrosés, de violeurs d’agresseurs… ils continuent tranquillement leur boulot de terreur. Les blogueurs « tharmilistes », les militants de l’AMDH, du MVT20FEVRIER se sont retrouvés dans les prisons telle la sinistre prison de Oukacha à Casablanca
A Mohammedia des jeunes naïfs, qui ont cru à « la bonne foi » du makhzen, ont voulu participer à cette lutte contre les groupes de névrosés, d’agresseurs. COMMENT ? En réalisant un film documentaire sur le phénomène. Des jeunes intellectuels, parmi eux un diplômé dans le domaine (infographiste)…Leur naïveté, car ils croyaient qu’ils aidaient l’État à « réinstaurer » la sécurité dans les quartiers populaires, les a poussés à faire appel aux « services » de « repentis » et ce, pour mieux illustrer des scènes « d’agression ». Ils ont cherché un grand couteau, déposé leurs portables et montres et ont commencé à filmer des scènes en présence de badauds et sous la muraille de la prison, à l’ombre des arbres. Ils sont tellement naïfs et croyaient bien faire qu’ils sont venus frapper à la porte de « la tanière » de l’ogresse.
Les autres caméras, celles  de la prison, filment les scènes, alertent la police qui embarque ces innocents qui croyaient bien faire. Pauvres garçons !
Aujourd’hui, le 31 mai 2014 ils se trouvent toujours en prison. La maman d’un jeune détenu nous a déclaré : "ils ont jeté mon petit dans une cellule de 46 détenus (des condamnés à 6 et 8 ans)". Signalons que cette  cellule  est conçue pour un maximum de 10 détenus. Il n’a pas de place pour s’allonger. Ils lui bouffent sa nourriture. Il va soit mourir, soit devenir fou.
 L’INTERSECTION DE LA NAÏVETÉ DE CES 14 JEUNES ET LA BÊTISE DE LA POLICE NOUS A « OFFERT » UN RIDICULE « NATIONAL »
L’AMDH, section de Mohammedia, a décidé d’assister ces jeunes. Des centaines de jeunes et de moins jeunes du quartier Derb Marrakech étaient venu-es en masses demander la solidarité de l’AMDH.
Des jeunes qui ont cru en la « bonne foi » de l’État se sont retrouvés coffrés par cet État.
       La solidarité nous interpelle