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samedi 7 juin 2014

UE : Il faut agir pour éviter les décès de migrants en mer

 
HRW a appelé les ministres européens de la Justice et des Affaires intérieures, à l’occasion de leur réunion à Luxembourg, à mettre en place des mesures visant à éviter les décès de migrants en mer, compte tenu des cas tragiques de noyades ces dernières années. www.hrw.org
Communiqué de presse
« Si l’UE ne prend pas de mesures collectives plus énergiques, cet été risque de devenir la saison des noyades en Méditerranée. »
Benjamin Ward, directeur adjoint de la division Europe et Asie centrale à Human Rights Watch. 
(Londres, le 5/6/2014) – 
La réunion des ministres de l’Union européenne qui se tiendra le 5 juin 2014 à Luxembourg devrait soutenir l’adoption de mesures plus énergiques pour sauver la vie aux migrants et réfugiés en mer, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. Les ministres devraient également veiller à ce que les réfugiés qui fuient la Syrie et les personnes qui tentent d’échapper aux persécutions et aux abus bénéficient d’un meilleur accès à des mesures propices à leur protection en Europe.

Les ministres européens de la Justice et des Affaires intérieures s’apprêtent à débattre des travaux du Groupe de travail Méditerranée de la Commission européenne créé en octobre 2013 suite à la mort tragique de 366 migrants et réfugiés qui ont fait naufrage au large des côtes italiennes. À l’exception notable de l’opération Mare Nostrum de la Marine italienne, qui a secouru des bateaux transportant en tout plus de 30 000 personnes ou les a aidés à atteindre l’Italie, la majorité des réponses politiques de l’UE ont porté sur l’application des réglementations frontalières et les expulsions. Le mécanisme communautaire mis en œuvre pour améliorer la surveillance maritime, EUROSUR, n’a pas encore eu d’impact réel en termes de vies sauvées.

« Si l’UE ne prend pas de mesures collectives plus énergiques, cet été risque de devenir la saison des noyades en Méditerranée », a affirmé Benjamin Ward, directeur adjoint de la division Europe et Asie centrale à Human Rights Watch. « Les ministres européens de la Justice et des Affaires intérieures devraient apporter un soutien financier et matériel aux dispositifs cruciaux que l’Italie met en place pour sauver la vie des migrants en mer. »

Chaque été, des milliers de personnes fuyant la guerre, les persécutions et la misère risquent leur vie dans la Méditerranée en tentant de gagner l’Europe. Un pic a été enregistré en 2011, l’année des soulèvements arabes, avec 140 000 personnes. Le nombre record constaté pendant les mois d’hiver de 2014 suggère que la saison estivale des traversées pourrait également être l’une des plus chargées. Un rapport d’experts du Conseil de l’Europe publié le 3 juin 2014 sur la question des naufragés en Méditerranée souligne que des lacunes constantes en matière de coordination des secours entravent gravement les opérations destinées à sauver des vies.

S’il n’existe pas de chiffres définitifs, on estime que le nombre de personnes qui ont trouvé la mort en Méditerranée au cours des vingt dernières années se situe entre 20 000 et 25 000. Le monde entier a été choqué de découvrir des images de cercueils alignés après que plus de 360 personnes, pour la plupart des Érythréens et des Somalis, avaient péri alors qu’ils tentaient de rallier l’île italienne de Lampedusa en octobre 2013.

C’est en réponse à ce sinistre que l’Italie a mis en place l’opération Mare Nostrum, qui a d’ores et déjà permis de sauver des milliers de vies. Toutefois, son coût élevé, estimé à 9 millions d’euros (plus de 12 millions de dollars US) par mois, et le nombre de personnes secourues qui sont ensuite acheminées en Italie pour que leur dossier y soit traité font que l’Italie ne pourra pas indéfiniment gérer cette opération à elle seule. Il est impératif que tous les États membres de l’UE et l’UE elle-même partagent les responsabilités financières et juridiques alors même que des milliers d’autres individus cherchent à trouver refuge en Europe, a précisé Human Rights Watch.

Emprunter des voies maritimes dangereuses est en passe de devenir la seule option pour ceux qui cherchent désespérément à atteindre l’UE. Ainsi, la Grèce a érigé une clôture le long de sa frontière terrestre avec la Turquie, ce qui la rend bien plus difficile à traverser et dévie vers les îles de la mer Égée les flux de migrants en situation irrégulière et de demandeurs d’asile, y compris ceux qui fuient le conflit syrien. La Bulgarie édifie actuellement une clôture similaire le long de sa propre frontière avec la Turquie. La Grèce et la Bulgarie se sont livrées à des opérations de « refoulements » – retours sommaires – de réfugiés, de migrants et de demandeurs d’asile vers la Turquie. Nombre des personnes qui fuient la guerre, notamment en Syrie, ainsi que celles qui partent en quête d’une vie meilleure, embarquent à bord de bateaux bondés et dangereux en espérant trouver la sécurité en Europe. Cette tendance est exacerbée par le fait qu’il est difficile de gagner un pays de l’UE par des moyens légaux, par exemple au titre d’un regroupement familial.

La Commission européenne a proposé l’instauration d’un nombre accru de moyens légaux de se rendre dans l’UE et appelé les États membres à faire preuve d’une plus grande solidarité pour accueillir les demandeurs d’asile et traiter leurs dossiers. Mais l’UE et ses États membres ont consacré la plupart de leurs efforts à maintenir les migrants hors des frontières européennes. Ils ont ainsi renforcé les contrôles frontaliers, signé des accords de réadmission avec des pays voisins pour que ceux-ci reprennent non seulement leurs ressortissants, mais aussi toute personne ayant transité par leur territoire afin de se rendre en Europe, et consolidé les mesures visant à faciliter l’expulsion des migrants en situation irrégulière et à lutter contre la contrebande et les trafics.

L’examen du Groupe de travail Méditerranée lors de la réunion du Conseil européen « Justice et Affaires intérieures » des 5 et 6 juin devrait permettre aux États membres de l’UE de veiller à ce que ces mesures soient équilibrées et mettent l’accent sur les vies qu’il faut sauver ainsi que sur la mise à disposition d’une protection facilitée, a commenté Human Rights Watch. Il devrait notamment s’agir d’augmenter le nombre de moyens légaux de se rendre dans l’UE et de veiller à ne pas renvoyer les personnes là où elles s’exposent à un risque de persécution, de torture ou d’autres atteintes aux droits humains.

La présidence de l’UE est actuellement assurée par la Grèce, et l’Italie lui succédera en juillet prochain. Ces deux pays étant directement concernés par la migration par voie maritime, ils devraient réclamer l’adoption d’une stratégie européenne commune qui permette à tous ceux qui en ont besoin de bénéficier d’une protection, a déclaré Human Rights Watch. Les autres pays de l’UE, où qu’ils se trouvent, devraient faire preuve de solidarité à l’égard de ce qui constitue un défi et un devoir pour l’Europe.

Les ministres européens devraient par ailleurs renforcer leurs efforts à l’égard des Syriens et des Palestiniens qui fuient la guerre en Syrie, celle-ci n’en finissant pas de s’aggraver, a affirmé Human Rights Watch. Sur les 2,7 millions de personnes qui ont fui la guerre en Syrie, 3 % ont tenté d’obtenir la protection d’un État membre de l’UE. À l’exception de l’Allemagne, qui s’est engagée à débloquer plus de 10 000 places, les offres de réinstallation émanant des membres de l’UE ont été extrêmement limitées.

Les gouvernements de l’UE devraient assumer leurs responsabilités, le nombre de réfugiés enregistrés venus de Syrie et de Jordanie avoisinant les 600 000, dépassant les 765 000 en Turquie et approchant les 1,1 million au Liban – soit près d’un quart de la population –, a observé Human Rights Watch. Les ministres européens devraient s’engager à réinstaller un nombre bien plus important de personnes venues de Syrie, veiller à l’examen prompt et équitable de leurs demandes d’asile indépendamment de leur premier point d’entrée dans l’UE et leur assurer des conditions d’accueil adéquates dès leur arrivée.

« L’UE tient de nombreux discours affligés au sujet de la Syrie, mais lorsqu’il s’agit d’offrir une protection, la plupart des gouvernements européens rechignent à agir », a conclu Benjamin Ward. « Accroître à la fois le nombre de places de réinstallation pour les Syriens et les voies légales de migration permettra de sauver des vies. »
 

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