RABAT , 29/5/2014
Dix ans après la promulgation du Code de la famille au Maroc, c’est l’heure du bilan : il n’a pas permis de limiter le mariage des mineures.
Dix ans après la promulgation du Code de la famille au Maroc, c’est l’heure du bilan : il n’a pas permis de limiter le mariage des mineures.
CC by hellolapomme, Flickr.
Mariage
Mercredi 28 mai, le ministre marocain de la justice, Mustapha Ramid, a présidé une conférence intitulée « Dix ans après l’application du Code de la famille : bilan et perspectives ». C’était
donc l’heure du bilan sur ce domaine, et si le ministre a parlé d’une
évolution stable des chiffres du mariage des mineurs, les chiffres
montrent en réalité une nette augmentation de ce phénomène.
En 2004, 7,75% des mineurs étaient mariées, un chiffre qui est passé à
11,47% en 2013 ce qui correspond à une hausse de 18.341 cas en 2004 à
35.152 en 2013 : le nombre de mariage de mineures a doublé en une décennie. Une augmentation vertigineuse qui alerte les protecteurs des droits de la femme et des enfants, moins d’une semaine après la journée nationale de l’enfant.
Des chiffres qui cachent aussi de nombreux drames familiaux, car la
majorité des mineures qui se marient se voient contraintes d’abandonner
leurs études et de se soumettre à une vie de famille qu’elles n’ont pas
toujours souhaité. Les cas de suicides ne
sont par conséquence pas rares. En outre, les filles âgées de 15 à 19
ans mettent au monde chaque année 7% des nouveau-nés marocains, ce qui
porte à 50.000 le nombre de naissances issues de mariages de mineures.
Mustapha Ramid a aussi parlé des chiffres du divorce lors de son
intervention. Chez les mineurs, il est en forte hausse : il est passé de
7.213 cas en 2004 à 40.850 en 2013, soit une incroyable hausse d'environ 500%.
97% d’entre eux sont dus au chiqaq, c’est-à-dire à une discorde ou un
différend entre les deux époux qui ne peut être concilié, même après
intervention d’un arbitre. Toutefois, sur l’ensemble de la population,
le code de la famille a eu des incidences positives sur le divorce. Il
aurait permis en 2013 de sauver plus de 8.000 couples ; 40.000 autres
ont divorcé.
Concernant la polygamie, les chiffres sont assez contradictoires. D’un
côté, son taux est passé de 0,34% entre 2004 et 2011 à 0,26% entre 2012
et 2013 ; de l’autre, l’acceptation des demandes par les juges a
augmenté de 25%. Dans tous les cas, ce sont des données à nuancer,
d’autant plus que les premiers chiffres ne sont pas utilisables : les
périodes comparées n’étant pas les mêmes, ils n’ont au final aucune
valeur comparatrice.
Le Code de la famille n’a donc pas permis de réduire le mariage des mineures, qui continue à représenter 10% des mariages marocains. Il devient donc urgent que le gouvernement se penche sur ce sujet et propose des solutions car, comme l’a souligné Bassima Hakkaoui,
ministre de la Solidarité, de la femme, de la famille et du
développement social, ce phénomène engendre d’autres problèmes et créer
une instabilité pour les femmes.
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