Par Thami Afailal, 1er/6/2014
Hamma Hammami sauve un peu l’honneur des Tunisiens. Cet opposant historique à la dictature de Ben Ali, porte-parole d’un parti longtemps clandestin, le Parti communiste des ouvriers de Tunisie (PCOT), devenu le Parti des travailleurs, a annoncé qu’il refusait d’assister à un dîner offert en l’honneur du roi Mohamed VI par le président Moncef Marzouki, ce médecin hier opposant à la dictature tunisienne, aujourd’hui cireur de babouches de l’autocratie alaouite.
Hamma Hammami s’en explique dans une vidéo où il se solidarise avec les jeunes du Mouvement du 20 février, avecle rappeur Lhaqed, avec le journaliste Ali Anouzla
et avec le reste des prisonniers politiques marocains. Il rappelle
aussi que la torture est toujours pratiquée dans les geôles du Makhzen.
Mais à part Hamma Hammami, époux de l’avocate et opposante Radhia Nasraoui, peu de politiciens tunisiens ont suivi son exemple. A commencer par Rachad Ghannouchi, le chef du parti islamiste Ennahda qu’on a vu applaudir le discours du dictateur marocain.
Les Tunisiens ont la mémoire courte. Ils ne
se rappellent pas que le Makhzen a été l’allié objectif de la dictature
tunisienne, alors que les opposants marocains, aujourd’hui encore
persécutés, ont été les amis et les alliés des dissidents tunisiens.
Un exemple frappant de cette collaboration des dictatures : Kamel Jendoubi, l’ex-président de l’Instance supérieure indépendante des élections (ISIE), qui a organisé les premières élections libres de la Tunisie post-Ben Ali,
et autre opposant historique à la dictature benalienne. En octobre
2010, quelques mois avant la chute de la dictature en Tunisie, il fut
arrêté à l’aéroport de Rabat parce que, selon le quotidien français Le Monde, « le régime de Ben Ali [est intervenu] auprès du palais royal du Maroc pour le faire refouler de ce pays ».
Cruauté gratuite du Makhzen, le pauvre
Jendoubi fut obligé, alors qu’il était malade, de dormir dans l’avion
qui allait le ramener le lendemain en France après son expulsion du
Maroc.
Et aujourd’hui ces Tunisiens qui ont souffert
la dictature applaudissent le discours d’un homme, le roi du Maroc,
dont le modèle sécuritaire était la dictature d’un certain Ben Ali.
Thami Afailal
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire