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samedi 30 janvier 2010

Le débat sur l'avis légal pour la pêche de l'Union Européenne reporté in extremis

Par WSRW, 30/1/2010
Un avis juridique statuant que la pêche de l’UE au large du Sahara Occidental occupé doit être suspendue, devait être débattu hier à la Commission Pêche du Parlement Européen. Cet avis rédigé par le Service juridique du Parlement Européen a été exclu de l’ordre du jour à la dernière minute.
L’avis juridique du Parlement Européen suit l’Avis Juridique de l’ONU de 2002, et déclare que l’exploitation par le Maroc des ressources naturelles du Sahara Occidental occupé doit bénéficier au peuple Sahraoui, condition pour que ces activités économiques soient légales.
Contrairement à la Commission Européenne, le service juridique de Parlement Européen n’a trouvé aucune preuve que ce soit le cas.
Le service juridique du PE a rendu son avis en juillet 2009, mais le texte est toujours hors du débat public. Programmé en fin de l’ordre du jour du programme de la commission pêche du PE, la présidente Carmen Fraga Estévez a décidé d’ajourner la discussion jusqu’au 23 février pour des contraintes horaires. Un jugement qui ne convient pas à plusieurs députés européens, qui demandent un débat public avant la prochaine réunion de la commission mixte EU-Maroc, qui aura lieu à Rabat la semaine prochaine.
La réunion de la commission mixte entre le Maroc et l'UE n'a lieu qu'une fois par an.
La députée Européenne Suédoise Isabella Lövin à réussi à glisser une question à la Commission : Quelles preuves la commission possède- t-elle que les Sahraouis bénéficient de l’accord de pêche EU-Maroc, et la commission juge -t-elle ces preuves satisfaisantes ?
Fraga Estévez a maintenu que la commission ne répondrait pas aujourd’hui. Elle a déclaré qu’il était plus important de donner en priorité du temps au ministre Espagnol de la pêche.
Le 30 décembre 2009, 25 organisations Sahraouies ont envoyé un courrier à la commission soulignant que le peuple sahraoui n’avait pas été consulté sur la pêche Européenne dans leur pays, et qu’ils n’avaient retiré aucun bénéfice des activités économiques de l’UE dans leur territoire occupé. Le Front Polisario, mouvement de libération Sahraoui, a déclaré la même chose à plusieurs occasions. Jusqu’ici, l’accord UE-Maroc ne contient aucune référence concernant le peuple Sahraoui.
« Enfin voilà un avis juridique de l’institution européenne qui est en conformité avec le droit international, comme mis en évidence par le service juridique de l’ONU en 2002. Il est décevant que cet avis critique n’ait finalement pas été discuté. Il aurait été à la fois important et intéressant d’entendre la réponse de la commission à ce texte, avant la rencontre de la commission mixte de la semaine prochaine à Rabat » a déclaré Sara Eyckmans, coordinatrice internationale de Western Sahara Resource Watch.
« L’UE doit respecter le droit international et arrêter de payer le pouvoir occupant pour pêcher dans des eaux contestées. Le soutien politique implicite de l’UE à l’occupation Marocaine illégale du Sahara Occidental noircit la réputation de neutralité de l’UE, spectateur du processus de paix Onusien » a continué Eyckmans.
L’UE pêche dans les eaux au large du Sahara Occidental depuis 2007. Aucun état au monde ne reconnaît la revendication de souveraineté du Maroc sur le Sahara Occidental.
WSRW coordonne actuellement la campagne internationale Fish Elsewhere -« Allez Pêcher Ailleurs ! »- qui demande à l’UE de cesser de saboter les efforts de l’ONU pour la décolonisation du territoire.
Pour toutes questions et commentaires :
Sara Eyckmans
WSRW international coordinator
tel (+32) 475 458695,
sara.eyckmans@gmail.com

Solidarité avec famille El Manouzi

Par Ali Fkir, 29/1/2010
La famille de Houcine Manouzi, militant kidnappé en Tunisie par des services marocains, qui a réapparu Maroc, avant qu'il ne disparaisse de nouveau. La famille El Manouzi qui a lutté contre le colonialisme, s'est retrouvée au lendemain de "l'indépendance" dans le collimateur du nouveau pouvoir. C'est la descente aux enfers pour cette famille qui a enfanté des miltant-es dont nous ne pouvions qu'être fiers. Tout démocrate conséquent ne peut qu'admirer cette noble famille en général et le vétéran combattant de la liberté Hadj Ali El Manouzi, âgé aujourd'hui de 96 ans, en particulier.
Cette grande famille réitère pour la nième fois son vœu le plus humain, son désir le plus légitime de connaître le sort de son fils Houcine. La plupart des responsables des disparitions des militants politiques, sont en vie, ils détiennent aujourd'hui des postes clés dans les appareils de répression. Ce sont eux qui dictent aux appendices tels le CCDH la conduite à suivre.
Nous ne pouvons qu'exprimer notre solidarité avec les familles des victimes de la répression. Nous ne pouvons que défendre le droit inaliénable des familles à connaître le sort des leurs. Nous ne pouvons qu'exprimer notre solidarité avec elmoujahid Hadj Ali Manouzi et sa grande famille.
Nous n'avons pas le droit de rester muet devant la connivence CCDH-services de répression.
Décongelons notre conscience! la solidarité nous interpelle !

De: Fatima Elmanouzi , 28/1/2010
COMMUNIQUE FAMILLE HOUCINE EL MANOUZI: POUR LA VERITE ET LA JUSTICE,
«La lutte des familles des disparus est la lutte de
la mémoire contre l’oubli et pour la démocratie.»
Hadj Ali El Manouzi , POUR LA VÉRITÉ ET LA JUSTICE, NOUS NE CÈDERONS PAS
Après un long et étrange silence, le CCDH est sorti de son mutisme et a procède le 14 janvier 2010 à la diffusion d’un rapport ayant trait à la mise en œuvre des recommandations de l’IER. Ce rapport fait état entre autres des résultats des investigations menées depuis 2005 pour dévoiler le sort des 66 citoyens disparus restés.
Rien de nouveau pour le cas de Houcine El Manouzi, mécanicien d’avion, syndicaliste et militant politique, enlevé de Tunis le 29 octobre 1972 et détenu depuis au secret au Maroc Son sort est classé parmi les 9 cas non résolus.
Après 4 nouvelles années d’attente, d’angoisse et de souffrances, sa famille et ses amis ont eu droit à un compte rendu succinct et des conclusions surprenantes, qui ne traduisent nullement un souci de vérité équitable. D’un seul coup, on tente de faire disparaître et la vie et la mort.
Le CCDH se base sur sa subjectivité de conviction pour supposer « le décès de Houcine » avec absence totale d’éléments de références, de preuves et d’information.
Pour argumenter la complexité de l’affaire HOUCINE EL MANOUZI, une volonté de brouiller les pistes apparaît nettement. Le CCDH parle de son enlèvement du PF4, alors qu’il est prouvé qu’il était détenu dans le fameux PF3. Ce tristement célèbre centre PF3, qui dépend de la DGED, fait partie des lieux que le juge Français Patrick Ramaël souhaite visiter dans le cadre de la commission rogatoire relative à la disparition de Mehdi BENBARKA.
Faire disparaître Houcine durant sa disparition est un double crime. Cela ne permet en aucun cas d’effacer les traces du crime, de soustraire Houcine à son pays et à sa famille, d’effacer non seulement la vie mais l’existence, de dissoudre la vérité.
L’Etat est coupable de cette disparition, il a reconnu sa responsabilité. C’est à lui de procéder immédiatement à une enquête approfondie pour retrouver nos disparus et les auteurs qui dissimulent le sort réservé à nos proches, le lieu où ils se trouvent et les faits qui ne sont pas élucidés.
La non prise en considération des informations communiquées par la famille El Manouzi lors de la dernière rencontre informelle avec la Présidence du CCDH, du 7 décembre 2006 en présence de l’avocat de la famille Maître Martinet, est révélatrice de la légèreté avec laquelle les investigations ont été menées. Les témoins cités par la famille n’ont pas été auditionnés. Plus grave encore, le principal témoin-acteur de l’enlèvement de Houcine El Manouzi de Tunis, dont la famille avait fourni l’identité exacte, la fonction et l’adresse est décédé entretemps sans avoir été contacté par l’IER et le CCDH, privant ainsi la famille et l’opinion publique d’une source importante pour le rétablissement de la vérité.
De même que plusieurs pistes suggérées par la famille n’ont pas été exploitées, notamment :
-une nouvelle audition du responsable des surveillants du centre PF3, encore en vie, pour demander plus de précisions sur le soit disant enlèvement de Houcine durant sa séquestration au PF3 au début du mois d’août 1975.
- la clarification du rôle de la gendarmerie royale . C’est une de ses brigades qui avait de nouveau arrêté Houcine le 19 juillet 1975 après son évasion du PF3, et mené l’enquête sur la tentative d’évasion. C’est ce même corps de l’Etat qui avait soustrait les frères Bourequat du PF3 pour les garder à l’état major de la gendarmerie royale à Rabat pendant 6 ans avant de les transférer à Tazmamart au mois de septembre 1981.
Le CCDH pouvait avancer dans la voie de la vérité et de l’équité pour clore définitivement le dossier des cas de disparus en suspens. Mais le manque de courage, et les lignes rouges qu’il s’est fixées l’ont entravé dans l’accomplissement de la mission royale qui lui a été confiée.
Le dernier rapport du CCDH n’a finalement servi qu’à tenter d’achever très partiellement le processus d’éveil aux droits de l’homme entamé dès les années 1990. Ses conclusions semblent avoir comme objectif d’éviter la poursuite des responsables tout en consolant les victimes. Cette approche personnelle d’Equité et de Réconciliation ne permettra pas au Maroc d’accomplir l’essentiel : cicatriser les années de plomb et se démocratiser.
Nous considérons que la proposition du CCDH d’un nouveau mécanisme pour régler les cas en suspens est une fuite en avant et une atteinte à la confiance des familles disparus dont il jouissait.
Comment peut-on parler d’un mécanisme dénué de sens et de contenu en l’absence de recommandations claires pour la mise en œuvre rapide de mesures conservatoires préservant les lieux de crime, tels que le centre PF3, de mesures coercitives pour amener les témoins cités par les familles à témoigner ?
Les familles réclament leurs proches, c’est un droit et non une demande. C’est un droit qui ne cessera d’être exigé et de s’affermir. C’est ce droit qui nous permettra de briser les barrières du silence mortel qui menace le Maroc et qui veut nous obliger à l’oubli. Accepter ce qu’on nous a annoncé, c’est accepter l’impensable. Y donner son adhésion, c’est être complice d’un montage pervers.
Comment peut-on se référer aux principes de la justice transitionnelle dans un cadre où la question de l’impunité n’est pas évoquée et où le débat contradictoire est banni.? C’est une provocation pour un Maroc qui veut se démocratiser et non un accomplissement des promesses formulées par les plus hautes autorités de l’Etat,
Pour Houcine El Manouzi, détenu-disparu depuis le 29 octobre 1972
Pour le Commandant Brahim El Manouzi, victime d’une exécution extra judiciaire le 13 juillet 1971, et dont le corps n’a pas été rendu à la famille
Pour Moujahid Kacem El Manouzi, mort sous la torture à Derb Moulay Chérif au mois de septembre 1970, et dont le corps n’a pas été rendu à la famille
Pour Docteur Omar El Manouzi, victime de l’abominable machine de répression, et qui sombre dans la folie
Pour Eux et pour la vérité et de la justice, nous ne céderons pas
Famille Houcine EL MANOUZI
Casablanca le 28 janvier 2010
Contact : famille.elmanouzi@gmail.com


vendredi 29 janvier 2010

OCP :Infatigables, exemplaires, les ouvriers licenciés organisent sit-in sur sit-in


Par Ali Fkir, coordinateur du CSOS, 28/1/2010
Ils sont des centaines à se déplacer à Rabat, la capitale administrative du Maroc, (presque 300 km de Khouribga, la capitale minière du Maroc). Les prolétaires licenciés abusivement par l'OCP (le premier groupe économique du pays, le géant étatique), sont venus dans des conditions difficiles (froid, manque d'argent, manque de moyens de transport...).
Ils sont des dizaines à avoir vendu un dernier meuble familial pour pouvoir se déplacer. " On a pratiquement tout vendu". 7 mois de chômage forcé. 7 mois sans revenu aucun. Les enfants sont déscolarisés, les mères sont dans le désespoir, les bébés sans goutte de lait, les malades sans soins, les âgées quittent avant terme le monde des vivants...c'est une calamité d'origine humaine: les responsables de ce crime contre l'humanité ne sont autres que la direction de l'OCP, et l'Etat marocain.
La connivence OCP-Etat est entrain d'assassiner des innocents et des innocentes.
Des producteurs qui ont tout donné à l'OCP, à la nation, sont jetés aujourd'hui à la rue comme des vauriens.
C'est inadmissible. C'est un crime.
Aujourd'hui (jeudi 28 janvier 2010) ils se sont retrouvés à Rabat devant le ministère de l'énergie et des mines, ministère de tutelle.
Ils crient leur colère, ils réitèrent leurs légitimes revendications:
- Leur réintégration
- Leur titularisation
- La reconnaissance de leur bureau syndical
- Le respect de la liberté syndicale
Demain vendredi 29 janvier, ils organiseront un deuxième sit-in au même endroit (devant le ministère de tutelle)et à la même heure ( de 11h à 14h)

Photos prises le jeudi 28 janvier 2010 devant le ministère de tutelle à Rabat

Mohamed Lahbabi : "La gauche traditionnelle est morte. Elle ne peut revivre qu’en intégrant l’islam et la démocratie"

Mohamed Lahbabi , Professeur universitaire et membre fondateur de l’USFP (Union socialiste des forces populaires)
Intellectuel, homme de principes, enseignant et leader historique de l’UNFP (Union nationale des forces populaires) puis de l’USFP (Union socialiste des forces populaires), Mohamed Lahbabi, de par son honnêteté et son expérience, bénéficie du respect de la gauche marocaine et de la classe politique en général. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages de référence sur la politique marocaine et l’économie. Si ses détracteurs tentent de le marginaliser, celui qui est aujourd’hui âgé de 85 ans a le mérite de ne pas user de la langue de bois tout en adoptant un discours modéré et cohérent. La déportation de Mohammed V en août 1953 fait partie des événements qui ont marqué la vie de ce militant chevronné. En mars 1965, il a fait une intervention au Parlement pour dénoncer les exactions du régime. Ce qui a provoqué la colère de l’ancien monarque qui a demandé au ministre de l’Enseignement de rayer Mohamed Lahbabi des cadres de son département. Mais Lahbabi était avant tout l’ami intime de Aberrahim Bouabid, membre fondateur de l’USFP, avec qui il a passé six mois derrière les barreaux à Missour en 1981 pour avoir remis en cause le référendum de Hassan II sur le Sahara.
L’Ittihadi a une vision plutôt optimiste pour le Maroc des trente prochaines années. Pour lui, l’affaire Aminatou Haidar aurait très bien pu être menée par l’ancien ministre de l’Intérieur Driss Basri. A l’occasion du 66è anniversaire du manifeste de l’Indépendance, Mohamed Lahbabi a envoyé une lettre au Premier ministre Abbas El Fassi demandant la transformation de la monarchie makhzenienne en monarchie citoyenne par le biais d’un nouveau parti de la gauche musulmane. Selon lui, la croyance est une affaire personnelle qui se négocie directement avec Dieu. Ce qui explique qu’il applaudisse devant les militants du MALI qui voulaient rompre le jeûne publiquement. Dans cette interview accordée au Journal Hebdomadaire, Mohamed Lahbabi tire à boulets rouges sur Mohamed El Yazghi, Driss Lachgar et Fathallah Oualalou et imagine ce que serait une USFP avec Aberrahim Bouabid.
Interview :
Comment évaluez-vous la situation politique du pays ?
Depuis l’accession de Mohammed VI au trône, il y a une bataille entre la monarchie citoyenne et la monarchie makhzenienne. L’une pousse et l’autre la retient. Le conflit n’est pas gagné, mais la victoire est en marche. Cela prendra vingt ou trente ans, ce qui n’est rien pour un pays qui a vécu sous une monarchie makhzenienne très forte depuis des centaines d’années.
Est-ce que le rôle du makhzen a changé ?
Le peuple marocain veut un Pouvoir monarchique. Il veut que l’on respecte sa religion de façon moderne. En même temps, il est assoiffé de progrès et de dignité. Le makhzen rabaisse les partis et les hommes à la soumission et non pas à la dignité. Environ dix ans avant sa mort, Hassan II nous avait reçus à Ifrane, Bouabid, Radi et moi-même pour discuter de la situation politique du pays. Radi et moi avons été accueillis par Driss Basri dans un grand hôtel de la ville et il nous avait dit : «Notre politique est de discuter avec des gens soumis, vous devez vous soumettre pour obtenir des choses !» Aujourd’hui on ne peut plus dire ça. Il y a donc davantage d’espoir…
La politique vis-à-vis du Sahara vous paraît-elle logique ?
En 1981, nous avons fait six mois de prison, avec Aberrahim Bouabid, parce que nous avions en tant que bureau politique de l’USFP, publié un communiqué en disant que le référendum que demande le Maroc était inacceptable. Si le Sahara est marocain, on ne doit pas faire un référendum ! Driss Basri a appliqué les années de plomb au Sahara. Récemment, Aminatou Haidar a été renvoyée comme si elle était étrangère. C’est une aberration qu’aurait pu commettre D. Basri. On ne chasse pas quelqu’un de son pays ! Toutefois, je pense que grâce à la régionalisation avancée, le problème du Sahara sera résolu dans cinq ans.
Qu’en est-il des partis politiques ?
Les partis, c’est la soumission et la voracité pour bénéficier des biens matériels et politiques. L’exemple de Lachgar est totalement manifeste. Il était pro-El Yazghi parce qu’il lorgnait un poste de ministre. Lorsqu’il ne l’a pas eu, il a changé de discours. Il a parlé du PJD pour faire peur et pour allécher. Il n’a pas été élu au conseil de la ville. Et ce, parce qu’il ne voulait pas rendre visite aux gens des quartiers populaires comme Takaddoum.
La nomination de Lachgar est-elle une manière d’isoler le PJD ?
Oui. Mais c’est plus profond que cela. C’est pour lui faire peur. Lui dire qu’il peut être maté à tout moment.
Etes-vous en faveur d’un rapprochement avec le PJD pour obtenir une constitution démocratique ?
A l’heure actuelle, l’USFP est incapable de prendre une orientation politique précise. Lachgar s’est fait désirer par le PAM. L’USFP n’a pas été capable de le remettre à sa place. Autre chose : Bouabid et moi-même n’aurions jamais accepté d’être maire de la capitale du Maroc avec moins de cinq pour cent des voix. Ce n’est pas représentatif du peuple puisque ce pourcentage ne représente pas les votants. Si  Bouabid était encore en vie, nous serions ouverts à toutes les discussions avec n’importe quel parti. Même avec le PAM. Mais sur un programme précis, aussi bien dans les objectifs que dans les actes.
Même avec Al Adl Wal Ihssane ?
Je pense que le PJD va fusionner avec Al Adl Wal Ihssane après la mort de Cheikh Yassine. Nous pouvons encourager Al Adl Wal Ihssane à donner à Nadia Yassine le rôle de porte-parole. Les prises de positions de cette femme sont très importantes. Voilà un point d’accord.
Radi devrait-il quitter la direction de l’USFP ?
C’est un honnête homme. Mais du juste milieu. Il devrait se retirer pour laisser la place aux jeunes. Il pourrait alors les conseiller de par son expérience.  Il ne doit pas y avoir des gens de plus de 60 ans au bureau politique.
Et que pensez-vous d’El Yazghi ?
C’est un petit Staline. Avec tous les défauts de Staline et sans ses qualités. Je l’ai dit à l’avant-dernier conseil national. Je me souviens que Hassan II nous avait convoqués à Skhirat, El Yazghi, Radi et moi-même. Nous devions parler de Youssoufi qui était à Cannes. Au cours de la discussion, El Yazghi avait lâché à Hassan II : «Majesté, vos paroles sont pour nous une constitution» ! Avec Radi, nous étions outrés. Par la suite, El Yazghi a été nommé ministre…
A votre avis, qu’est-ce qui a poussé Youssoufi à rentrer au Maroc ?
L’objectif d’El Yazghi était que Youssoufi ne soit pas Premier ministre. Driss Slaoui m’avait appelé et dit : «Boby, la situation est très grave, même la monarchie peut être touchée. Vous nous avez fait du mal et on vous a fait du mal. Sa Majesté est prêt à effacer le passé. Va voir Youssoufi à Cannes pour le convaincre de prendre la tête du gouvernement.» Le lendemain, j’ai pris l’avion et je l’ai convaincu.
La gauche est-elle morte aujourd’hui ?
La gauche traditionnelle est morte. Elle ne peut revivre qu’en intégrant l’islam et la démocratie. Il y a des gens valables  noyés dans une masse d’arrivistes. Pour la décennie 2010-2020, la vie politique va se redresser par la constitution de trois grands partis : un parti de la gauche musulmane (USFP, Istiqlal, PPS), un parti de la droite musulmane (PJD, Al Adl Wal Ihssane) et un parti de la modernisation du makhzen (PAM). Ils seront entourés de petits partis. Le premier est un nouveau concept basé sur une lecture du Coran sur la base de la foi, de la science et de la raison et non pas sur la base d’une soumission absolue à la tradition de lecture. La Koutla n’a rien donné, ce n’est pas une solution. Je propose le parti de la citoyenneté et de la modernité. Nous ne voulons pas de makhzen, ni modernisé ni archaïque. Nous voulons une monarchie de citoyenneté. L’islam est par définition laïc. L’islam, c’est la relation entre l’homme et Dieu. Beaucoup de choses qui ont été écrites dans le Coran l’étaient uniquement pour la société arabe du VIIè siècle.
Vous voulez dire que l’Etat n’a pas à intervenir dans la religion ?
L’homme est libre de faire et de penser ce qu’il veut. Il y a l’enfer et le paradis. Je soutiens les jeunes du MALI. Si une jeune femme a décidé de manger dans la rue pendant le ramadan, c’est entre elle et Dieu. Nous, gauche musulmane, nous applaudissons. L’affaire du MALI est une bombe contre la droite musulmane.
Propos recueillis par Hicham Bennani
Le Journal Hebdomadaire, janvier 2010

L’intifada qui vient et l’inéluctable réconciliation (entre Hamas et Fatah)

par عبد الباري عطوان Abdelbari  ATWAN , 26/1/2010. Traduit par Tafsut Aït Baamrane, Tlaxcala

  الانتفاضة آتية والمصالحة حتمية
Le sénateur George Mitchell, envoyé spécial du président Obama pour le Moyen-Orient, a conclu son dernier voyage sans atteindre le but recherché : la possibilité d’une reprise des négociations entre l’Autorité palestinienne et le gouvernement israélien, qui était l’objectif principal de sa tournée.
Trois raisons principales ont conduit à l’échec de cette tournée de l’émissaire, rentré les mains vides à Washington :
1°- La déclaration par  Benjamin Netanyahou, Premier ministre israélien, de sa volonté de maintenir toutes les principales colonies juives de Cisjordanie et le contrôle total d’Israël sur la vallée du Jourdain, c’est-à-dire la frontière orientale d’un État palestinien, au cas où celui-ci verrait le jour suite à un accord entre les deux parties ;
2°- L’insistance du Président Abbas à ne retourner à la table de négociation qu’après un engagement de Netanayahou et de son gouvernement à geler les colonies en Cisjordanie et à Jérusalem-Est occupée et  à établir des termes de référence et un calendrier précis pour des négociations bénéficiant de garanties internationales ;
3°- Le commentaire du président US Barack Obama, reconnaissant que son administration avait mal évalué les obstacles se dressant sur le chemin du processus de paix et que le rôle des USA était limité, du fait qu’il avait cédé aux pressions israéliennes en faveur d’un renoncement à l’exigence de gel des colonies, dont il avait auparavant dit que c’était une condition sine qua non de reprise du processus de paix.

L’échec officiellement déclaré du sénateur Mitchell signifie qu’un vide politique –certains parlent de rigidité – s’est créé et que  l’option arabe d’une solution pacifique s’est effondrée, l’initiative de paix arabe étant devenue caduque.

Jeu de cartes pour tuer le temps en période de vide politique
En haut à droite : Irak
En bas à droite : Palestine
En bas à gauche : Liban

Les expériences passées dans la région arabe et ailleurs nous enseignent que la nature a horreur du vide politique, qui ne fait pas long feu, des changements venant le combler d’une façon ou d’une autre. La région arabe, qui a vécu pendant environ 20 ans sur un processus de paix illusoire, ne peut pas s’en passer, parce que les régimes arabes ne veulent tout simplement pas penser à une alternative ou à un « plan B », comme c’est l’usage dans les pays civilisés.
L’Autorité palestinienne a évoqué, avec une « timidité extrême » l’éventualité de déclencher une intifada pacifique en Cisjordanie, c’est-à-dire d’ordonner des manifestations pacifiques, des protestations, des actions de désobéissance civile, avec peut-être un retour à « l’arme des pierres », s’inspirant ainsi de l’expérience de la première intifada qui a conduit l’Autorité palestinienne à s’installer à Ramallah il y a seize ans.
Si nous parlons de « timidité extrême », c’est que lorsque la première intifada avait éclaté il ya 22 ans, il n’existait pas d’ Autorité palestinienne financée par les donateurs internationaux, dont les forces police et de sécurité étaient supervisées le général US Dayton, sans parler des cartes de VIP pour les grandes personnalités. Il n’y avait alors ni gouvernement ni ministres, ni présidence installée à la Mouqataa.

Sur le personnage : Autorité palestinienne
Sur l’affiche Wanted : Paies de fonctionnaires
L’Autorité vit une crise sans précédent car son soutien à une nouvelle intifada pourrait signifier son autodissolution et ramener la  Cisjordanie à son état antérieur de territoire directement occupé par les forces israéliennes, sortant d’une occupation camouflée, et dont  l’occupation  israélienne prendrait la responsabilité de l’administration en totalité, se chargeant de procurer sécurité, eau, électricité, et santé aux trois millions de Palestiniens.

Le Président Abbas est actuellement confronté à la même conjoncture que le défunt président Arafat après l’échec des négociations de Camp David, immédiatement après son rejet des pressions US pour qu’il accepte un compromis proposé par Bill Clinton, à une différence essentielle près : le Président Yasser Arafat, dès son retour, avait choisi, lui, d’opter pour la résistance, en créant les Brigades de Martyrs d’Al Aqsa et renforçant les liens avec le Hamas et le Jihad islamique et en envoyant des émissaires au Liban, en Iran et ailleurs, pour se procurer des armes.

Le Président Yasser Arafat a payé cher ce choix : blocus, isolement dans son QG à Ramallah pour finir en martyr empoisonné. Il prévoyait – que Dieu lui accorde miséricorde – cette fin honorable et il a eu ce qu’il voulait.

Nous ne savons pas jusqu’à quand  le Président Abbas campera sur sa position actuelle consistant à refuser de négocier si la  condition de gel des colonies n’est pas satisfaite. Les pressions arabes sur lui à cet égard sont plus fortes que celles des Usaméricains et de leurs alliés européens. Mais tout ce que ne savons – et il le sait, lui aussi, c’est que la probabilité de sa résiliation et de sa révocation figure déjà dans l’agenda de l’administration US et de ses alliés européens, et on ne serait pas surpris d’apprendre qu’ils ont se sont mis à la recherche d’un successeur dès qu’il eut annoncé qu’il ne se présenterait plus à l’élection présidentielle à venir. Madame Clinton lui avait alors répondu qu’elle n’était pas « peinée » de son départ et qu’elle était prête à poursuivre sa collaboration avec lui, quel que soit le nouveau poste qu’il occuperait.

La scène palestinienne est « triste » à tous les niveaux : le Président a dépassé  le terme de son mandat et il n’a pas l’intention de se présenter à la prochaine élection, dont nul ne sait quand elle aura lieu ; le Conseil législatif élu a aussi perdu toute légitimité, ayant dépassé la durée de sa législature et aucune élection ne se profilant à l’horizon pour le remplacer. Il en va de même pour toutes les instances de l’OLP, que ce soit le Conseil national, le Conseil  central ou le Comité exécutif.

Israël aussi vit un véritable dilemme : il est haï et condamné à l’échelle planétaire pour avoir commis des crimes de guerre à Gaza et le maintien de son blocus de Gaza n’a fait qu’envenimer les choses.  À cela s’ajoutent la détérioration de ses relations avec la Turquie et la fin des négociations avec la Syrie, accroissant son isolement régional, en plus de son isolement international. Netanyahou avait hâte de reprendre les négociations à ses propres conditions, non pour parvenir à un règlement mais pour gagner du temps, corriger l’image d’Israël, atténuer la haine, prolonger la durée de vie de son gouvernement, fournir une couverture à la poursuite de l’implantation de colonies et avaler ce qui reste de Jérusalem-Est. Ses ambitions se sont évaporées, du moins pour le moment, et il doit chercher à son tour un moyen de sortir de l’impasse.

L’histoire nous enseigne également que le recours à la guerre est l’éternel choix de sortie de crise d’Israël. C’est ce qu’a fait Menahem Begin, face à l’intensification de la résistance au Liban, quand il a envahi ce pays à l’été 1982. C’est ce qu’a fait Barak, attaquant la bande de Gaza pour effacer sa défaite humiliante au Sud-Liban. C’est ce que pourrait faire Netanyahou dans les semaines ou les mois à venir : une nouvelle agression contre le Liban ou la Bande de Gaza ou les deux à la fois. Il est en ce moment en train de chercher les prétextes  et son gouvernement aura peut-être l’audace de les fabriquer ; un encouragement décisif à Netanyahou pourrait venir de l’appui arabe, qui est clair et net. On n’a pas entendu protester un seul État arabe, à l’exception de la Syrie, et demander la levée du blocus sur Gaza et l’arrêt de la construction du mur d’acier sur la frontière égyptienne afin d’’asphyxier un million et demi de Palestiniens. Ce dernier pourrait être un feu vert du gouvernement égyptien au gouvernement israélien, au cas où celui-ci enverrait ses chars à Gaza.

Le Président Moubarak n’avait jamais auparavant attaqué le Hamas avec une telle virulence comme il l’a fait dans son discours du Jour de la Police (sic) et on a même entendu certains dirigeants égyptiens menacer d’envahir et de détruire la Bande de Gaza en punition pour le meurtre d’un soldat égyptien à a frontière il y a trois semaines.

Ce qui nous conduit à penser qu’il existe un plan arabo-israélo-US de « solution finale » militaire de la « question de Gaza » (le pouvoir du Hamas), après l’échec de la politique consistant à affamer Gaza par le blocus, dans le but de voir les Gazaouis se retourner et se soulever contre le Hamas. En outre, le fait que la reconstruction des 60 000 logements détruits par l’agression de l’année dernière n’ait pas encore été entamée ne peut signifier qu’une chose : une entente pour laisser les choses en l’état dans l’attente de la « solution » militaire israélienne.

Une nouvelle attaque de la bande de Gaza ne sera pas facile et aggravera le dilemme israélien. La précédente agression n’a pas mis fin à « l’Autorité du Hamas », elle n’a pas provoqué de révolte contre celle-ci ni n’a fait disparaître la « culture de la résistance », mais a eu un effet contraire.

Le peuple de Gaza résistera à l’agression comme il l’a fait durant la précédente et il continuera la résistance si jamais les troupes israélienne décident de rester dans la Bande pour longtemps.
Des leçons ont été tirées de la dernière agression et sans doute assimilées : on s’en apercevra au cas où Netanyahou s’entêterait et passerait des menaces aux actes.
La réconciliation interpalestinienne est plus proche que jamais, surtout si Abbas maintient sa position et si le Fatah décide d’allumer la mèche de l’intifada pacifique en Cisjordanie, retirant son épingle du jeu des négociations absurdes et revenant à ses origines de chef de file de la résistance.

Le compte à rebours pour une telle réconciliation est, à notre avis enclenché ou il devrait l’être – sur une plateforme de résistance, qu’elle soit pacifique ou armée.

Ce serait la seule issue convenable et efficace.

Réseau syndical euromaghrébin : rencontre de Marseille

La réunion qui s’est tenue dans les locaux de Solidaires 13 à Marseille a rassemblé des délégations du Maroc (ODT et comité syndical de Voie démocratique), d’Egypte (syndicat autonome des impôts fonciers et CTUWS), d’Espagne (CGT), d’Italie (USI), de France (CNT, Solidaires). Les camarades des syndicats autonomes d’Algérie n’ont pu venir, à cause de la forte répression à laquelle ils font face actuellement. Nous avons décidé d’écrire plusieurs communiqués de soutien et de mener ensemble plusieurs actions :
Algérie : une délégation internationale, dans laquelle l’Union syndicale Solidaires sera représentée, se rendra dès que possible en Algérie, pour marquer notre solidarité avec les syndicalistes autonomes. Il y a urgence, car l’étau étatique
répressif se resserre…
Maroc : une autre délégation de notre réseau rencontrera prochainement les grévistes de l’Office Central des Phosphates qui luttent depuis septembre 2009, pour la réintégration des 850 mineurs licenciés abusivement, le respect des droits syndicaux au sein de l’OCP et ses filiales, la libération immédiate des syndicalistes inculpés. Nous prévoyons aussi notre présence le 16 mai, lors de l’action menée chaque année par l’Association Nationale des Diplômés Chômeurs du Maroc.
Tunisie : la motion de solidarité reprise plus bas résume les décisions prises.
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Human Rights Watch : Rapport mondial 2010

Afrique du Nord : Une nette détérioration des droits humains en 2009
par HRW, 27/1/2010
La situation des droits humains s'est essentiellement dégradée en Afrique du Nord, conclut le rapport


Chapitre Maroc (traduction française)

Chapitre Tunisie (traduction française)

Chapitre Algérie (traduction française)


"Le Maroc a réprimé durement les personnes qui ont brisé les tabous en exprimant des critiques à propos de la monarchie, de l'Islam et du Sahara occidental. Les présidents algérien et tunisien, tous deux réélus après l'amendement des constitutions respectives de leurs pays pour leur permettre de se représenter, n'ont  permis aucun élargissement de l'espace accordé à l'opposition."
Sarah Leah Whitson, directrice pour le Moyen Orient et l'Afrique du Nord à Human Rights Watch

(Rabat) - La situation des droits humains s'est détériorée à travers l'Afrique du Nord en 2009, où les procès inéquitables dans les affaires politiques ont été la règle et où les journalistes et associations indépendants ont dû fonctionner dans un espace de plus en plus étroit, a observé Human Rights Watch aujourd'hui dans son Rapport mondial 2010.
Le Maroc, l'Algérie et la Tunisie font partie des 15 pays de l'Afrique du Nord et du Moyen Orient, et des plus de 90 pays du monde analysés dans le Rapport mondial 2010, qui constitue le 20ème bilan annuel de Human Rights Watch des pratiques en matière de droits humains dans le monde et dont l'édition anglaise fait 612 pages. Le rapport affirme que les gouvernements qui se sont rendus coupables de graves violations des droits humains au cours de l'année passée ont intensifié leurs attaques contre les militants des droits humains, ainsi que les organisations de défense des droits humains qui rendent compte de ces violations.
« Le Maroc a réprimé durement les personnes qui ont brisé les tabous en exprimant des critiques à propos de la monarchie, de l'Islam et du Sahara occidental », a déclaré Sarah Leah Whitson, directrice pour le Moyen Orient et l'Afrique du Nord à Human Rights Watch. « Les présidents algérien et tunisien, tous deux réélus après l'amendement des constitutions respectives de leurs pays pour leur permettre de se représenter, n'ont  permis aucun élargissement de l'espace accordé à l'opposition. »
Le rapport estime que la situation des droits humains s'est globalement détériorée au Maroc, sapant les progrès réalisés au début de la décennie. Le gouvernement a incarcéré le rédacteur en chef d'un magazine ainsi qu'un militant des droits humains pour avoir évoqué des sujets sensibles ; il a multiplié pour des raisons politiques les restrictions du droit des militants sahraouis de voyager librement, et condamné des militants politiques lors de procès inéquitables. Le Président tunisien Zine El-Abidine Ben Ali, réélu pour la cinquième fois sans aucune opposition véritable, n'a toléré pratiquement aucune forme de contestation, recourant à des procès inéquitables et à des policiers en civil omniprésents pour étouffer la capacité des Tunisiens à s'exprimer et à s'associer librement. Le Président algérien Abdelaziz Bouteflika, lui aussi largement réélu, a maintenu l'état d'urgence en Algérie, dans le cadre duquel les libertés civiles, notamment le droit d'organiser des réunions et des manifestations, sont étroitement contrôlées.
Maroc
Une législation répressive punit ceux qui critiquent le gouvernement
Le Maroc conserve une société civile dynamique et une presse indépendante. Toutefois le gouvernement, aidé par des tribunaux complaisants, a recours à une législation répressive pour punir et emprisonner des opposants non violents, en particulier ceux qui violent les tabous en critiquant le roi ou la monarchie, en contestant la « marocanité » du Sahara occidental, ou en « dénigrant » l'Islam.
Le gouvernement  s'appuie sur des lois prévoyant des peines de prison pour diffusion de propos « diffamatoires » ou de « fausses informations » pour poursuivre en justice les auteurs d'articles et de reportages critiques. Driss Chahtane, éditeur de l'hebdomadaire al-Mish'al, est en prison depuis le mois d'octobre pour avoir publié un article sur la santé du roi. Un militant des droits humains, Chekib el-Khayari, de Nador, achève de purger la première année d'une peine de trois ans de prison pour « outrages aux institutions de l'Etat » après qu'il eut accusé certains fonctionnaires marocains de complicité dans le trafic de stupéfiants. Le 14 novembre, les autorités marocaines ont expulsé sommairement une militante sahraouie, Aminatou Haidar, sous le prétexte qu'elle aurait renoncé à sa citoyenneté marocaine par la façon dont elle avait rempli sa fiche d'entrée à la frontière. Cédant aux pressions internationales, le gouvernement l'a autorisée à rentrer chez elle au bout de 33 jours.
Le 28 juillet, la Cour d'appel de Rabat a déclaré les 35 accusés dans l'affaire « Belliraj » coupables de constitution d'un réseau terroriste, basant les verdicts de culpabilité presqu'entièrement sur les déclarations attribuées aux accusés par la police, même si la plupart des accusés avaient désavoué ces déclarations devant le juge d'instruction et que tous les avaient désavouées lors du procès. Le tribunal a refusé d'enquêter sur les allégations de torture et les déclarations falsifiées. Les chefs de deux partis et quatre autres personnalités politiques bien connues figuraient parmi les accusés.
« Le recul du Maroc en matière de droits a été évident pour tous en 2009 », a souligné Sarah Leah Whitson.  « Les événements en 2010 montreront si les autorités cherchent à renforcer cette tendance négative ou à remettre le pays sur la voie du progrès en matière de droits humains. »
Human Rights Watch a indiqué que les deux principales mesures que le Maroc pouvait prendre afin de renouer avec les progrès seraient d'abroger les lois qui sanctionnent les propos pacifiques ou les revendications qui franchissent les « lignes rouges »: critiquer la monarchie, la revendication par le Maroc du Sahara occidental, ou l'Islam ; et de mettre en application l'appel du Roi Mohammed VI à la consolidation de l'indépendance judiciaire en garantissant que les tribunaux respectent les droits des accusés de contester les pièces à conviction, notamment leurs déclarations à la police, et de présenter des témoins pertinents et d'autres preuves pour leur propre défense.
Tunisie
Aucun espace pour les voix de l'opposition
Le Président Ben Ali a été réélu pour un cinquième mandat lors d'une campagne qui n'a autorisé aucun espace aux voix de l'opposition sur des questions cruciales. Les autorités ont empêché les organisations des droits humains et les journalistes indépendants tunisiens d'exercer librement leurs activités, et la police a imposé des restrictions sévères et arbitraires aux libertés des prisonniers politiques libérés.
Le pays, détenteur des plus longues traditions de la région en matière d'activités indépendantes des droits humains, ne dispose aujourd'hui d'aucun groupe d'observation des droits humains autorisé à agir tant légalement que librement. L'année s'est terminée avec l'emprisonnement des journalistes Taoufik Ben Brik et Zouhair Makhlouf  pour avoir exprimé des critiques dans leurs reportages et leurs articles, et des centaines de jeunes hommes purgent des peines de prison, condamnés en vertu de la loi antiterroriste, bien que n'ayant jamais été accusés d'avoir projeté ou commis des actes spécifiques de violence.
« L'intolérance de la Tunisie à l'égard de ceux qui défendent les droits humains font de ce pays un excellent exemple d'une tendance mondiale parmi les pays répressifs à couvrir les abus commis en essayant de réduire le messager au silence », a poursuivi Sarah Leah Whitson.
La principale priorité de la Tunisie pour 2010 devrait être le renforcement de l'indépendance judiciaire en garantissant que les procès sont équitables, que les accusés bénéficient de tous leurs droits à présenter des preuves pertinentes, et que les juges rendent des verdicts basés sur les preuves qui leur sont présentées au tribunal, a indiqué Human Rights Watch.
Algérie
Des restrictions limitent les libertés civiles
Sous l'état d'urgence qui s'est poursuivi pour la 18ème année consécutive, l'Algérie continue de subir des restrictions des libertés civiles. Les autorités ont interdit des rassemblements publics, par exemple des manifestations de rue et même des séminaires organisés par des organisations de défense des droits humains. Les familles des milliers d'Algériens victimes de « disparition » aux mains des agents de l'Etat durant le conflit politique des années 90 ont reçu peu ou pas d'informations sur le sort de leurs proches. En même temps, la loi de 2006, dite Charte pour la paix et la réconciliation nationale, a fourni un cadre juridique pour l'impunité dont bénéficient de facto les auteurs de « disparitions » et autres atrocités commises dans les années 90, et pour la pénalisation des critiques de l'État pour la façon dont il a géré les violences politiques durant cette période. En outre, tout comme au Maroc et en Tunisie, les journalistes ont risqué des peines de prison à cause de lois qui entravent la liberté d'expression en prévoyant des sanctions pénales pour diffamation.
« En Algérie, les violences politiques ont diminué en comparaison à 1999, quand le Président Bouteflika a pris le pouvoir », a ajouté Sarah Leah Whitson. « Mais si les Algériens bénéficient aujourd'hui d'une sécurité physique accrue, ils restent moins libres de critiquer et de contester les politiques gouvernementales. »
Human Rights Watch a exhorté l'Algérie à lever les restrictions qui musèlent les médias indépendants et la société civile, et qui criminalisent toute critique concernant la façon dont l'Etat a géré les violences politiques durant les années 90.

jeudi 28 janvier 2010

Maroc : Mise sous scellés du Journal Hebdomadaire


Par Rachid Hallaouy, Yabiladi, 28//1/2010

Après le titre de presse Economie et Entreprises qui a vu débarquer des éléments de la police judiciaire, courant décembre 2009, pour opérer à une saisie - suivie d’une vente aux enchères improvisée – dans le cadre d’une procédure pénale avec à la clé une condamnation financière d’environ 6 millions de dirhams, c’est au tour du Journal Hebdomadaire de bénéficier d’un traitement de «choc» quasi identique.
En effet, mercredi 27 janvier 2010, en fin de journée, des éléments de la police judiciaire de Casablanca se sont rendus au siège du titre de presse, sis boulevard des FAR à Casablanca et ont demandé expressément aux membres du personnel, présents sur les lieux, de quitter les locaux.
Dans la foulée, une mise sous scellés a été effectuée par les policiers. Cette «situation» fait suite à la condamnation à 3 millions de dirhams, en 2006, pour l’affaire Claude Moniquet, Directeur du Centre European Strategic Intelligence and Security Center (ESIC), basé à Bruxelles, et qui avait mené une réflexion et des travaux, sur le thème «Front Polisario : partenaire crédible de négociation ou séquelle de la guerre froide et obstacle à une solution pacifique au Sahara occidental».
En outre, et selon des informations recoupées, la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS) réclamerait près de 4 millions de Dh d’arriérés pour non règlement de cotisations sociales depuis plusieurs années ainsi que par l’administration fiscale. Me Tabih, avocat des parties plaignantes, a déclaré à l’AFP que cette décision de justice concernait les dirigeants de Média Trust, mais aussi Trimédia, qui a remplacé la première et qui édite la publication depuis sept ans.
Est-ce la fin de l’aventure du Journal Hebdomadaire ? Comment la profession va réagir à ce nouveau coup de vis ? Y aura-t-il une mobilisation internationale de soutien ? Une certitude à ce jour, l’hebdomadaire francophone ne sera pas disponible dans les kiosques ce week-end.

Les droits de l'homme au Maroc selon Human Rights Watch (HRW)

 Human Rights Watch critique le pouvoir marocain 

Par LE MONDE avec AFP, 26/1/2010
Selon l'ONG Human Rights Watch (HRW), la situation des droits de l'homme "s'est globalement détériorée en 2009 au Maroc". "Bien que le pays ait conservé une société civile dynamique et une presse indépendante", l'ONG note l'arrestation de nombreux opposants en dépit des droits humains.
La justice marocaine est particulièrement mise en cause dans les violations constatées par l'ONG. "Le gouvernement, aidé par des tribunaux complaisants, a utilisé une législation répressive pour punir et emprisonner des opposants non violents, en particulier ceux qui [critiquent] le roi ou la monarchie, (...) la 'marocanité' du Sahara occidental, ou (...) l'islam", affirme HRW.

LIBERTÉ D'EXPRESSION, D'ASSOCIATION ET SAHARA OCCIDENTAL
Dans ce même rapport, Human Rights Watch évoque la situation des droits de l'homme au Sahara occidental, sous administration marocaine depuis 1975. "De nombreux Sahraouis ont été inculpés ou emprisonnés à cause de leurs revendications pacifiques en faveur de l'autodétermination pour le Sahara occidental", note HRW. Ainsi, "la police a arrêté sept militants sahraouis non violents le 8 octobre, à leur retour d'une visite non dissimulée des camps de réfugiés gérés par le Polisario [mouvement qui lutte pour l'indépendance du Sahara occidental, ndlr] près de Tindouf", rapporte l'ONG. "Le renvoi de civils devant un tribunal militaire, où les droits de procédure des accusés sont amoindris, a constitué une évolution rare et de mauvais augure", ajoute HRW.
Selon cette dernière, l'année 2009 a également été marquée par plusieurs atteintes à la liberté d'association et à la liberté d'expression, avec des publications interdites et des responsables de journaux condamnés à des peine de prison ferme.
L'association souligne enfin que la France est "le principal partenaire commercial du Maroc" et qu'elle "a rarement critiqué publiquement les pratiques du [royaume] en matière de droits humains".

mercredi 27 janvier 2010

Deux Haïtiens reconduits à la frontière sismique


Malgré la récente déclaration d’Eric Besson, la préfecture du Val-de-Marne a émis, le 22 janvier, un arrêté de reconduite à la frontière à l’encontre de deux Haïtiens.
Par Anaëla Verzaux, Bakchich, 26/1/2010
On a failli le prendre pour un humaniste, Eric Besson. Il avait donné, mercredi 13 janvier, le lendemain du séisme en Haïti, « instruction à ses services de suspendre immédiatement toutes procédures de reconduite dans leur pays d’origine des ressortissants haïtiens en situation irrégulière sur le territoire national », selon un communiqué du ministère.
Le séisme a fait officiellement 112.226 morts, 194.000 blessés et un million de sans-abri.
Mais chassez le naturel… En dépit de la récente déclaration d’Eric Besson, la préfecture du Val-de-Marne à émis, le 22 janvier, un arrêté de reconduite à la frontière à l’encontre de deux Haïtiens.
Le couple s’est présenté muni d’un passeport à la douane d’Orly sud. Les deux ressortissants Haïtiens ont été interpellés à la suite de soupçons sur leur photo d’identité.
Alerté, le parquet de Créteil a botté en touche en demandant à la direction centrale de la PAF (Police aux frontières) de prendre la responsabilité de renvoyer deux Haïtiens dans leur pays dévasté.
C’est finalement le préfet du Val-de-Marne qui a signé l’arrêté de reconduite à la frontière.

Burqatastrophe : Pas de quoi fouetter une chatte



par Ayman El Kayman, Coups de dent n°125, 26/1/2010
Je vous annonçais à la fin de l’année dernière que l’année 2010 serait un annus horribilissimus. Mes prévisions se confirment, en particulier pour la France. Depuis des semaines, le monde politique et médiatique est agité par deux thèmes qui  s’entrecroisent et se mélangent : l’identité nationale et le port de la burqa. Il semblerait que la France s’enfonce joyeusement ( ?) dans la burqatastrophe.  Que faut-il penser de tout ça et que faire ? J’avoue ma profonde perplexité, que vous êtes sans doute nombreux-ses à partager. Voici en tout cas ce dont je suis sûr :

1° - Aucune identité, ni individuelle ni collective, n’est fixée une fois pour toutes. L’identité, quelle qu’elle soit, n’est pas une statue de bronze, mais plutôt un torrent de montagne, une nuée ardente*.

2° - La « réislamisation » des jeunes générations nées en France de parents, de grands-parents ou d’arrière-grands-parents venus du Maghreb et d’Afrique sub-saharienne, est l’indice le plus sûr de leur « intégration » dans la société française. À partir de 1975, les « immigrés » de culture musulmane ont  compris qu’ils n’étaient plus de passage, en voyage, en exil mais qu’ils étaient destinés à vivre et mourir en France et leur progéniture avec eux. Donc, la France changeait de statut, passant de celui de territoire du « Dar El Harb » (maison de la guerre) à celui de territoire de« Dar El Islam », dans lequel on est tenu de respecter les obligations religieuses.

3°- Les premières jeunes filles –elles étaient marocaines - à porter le hijab en France, en 1989, étaient nées ou arrivées dans le pays autour de 1975, dans la vague de regroupement familial qui suivit la fermeture des frontières. Leur décision était motivée par leur souhait de poursuivre leurs études au-delà de la scolarité obligatoire, qui se heurtait à l’opposition de leurs grands-mères restées au Maroc, qui essayaient de convaincre les parents des jeunes filles de les marier vite fait bien  fait pour leur éviter la perdition sur des bancs universitaires. En arborant le hidjab, les jeunes filles envoyaient le message suivant à leurs grands-mères : « Je peux faire des études sans devenir pour autant une dévergondée ».



Burqa républicaine


4°- La « réislamisation », comme tout phénomène de conversion, est une construction imaginaire, un bricolage syncrétique, dans lequel  les intéressé-es se fournissent en arguments, attributs et signes extérieurs pris à des sources très diverses : lectures, contacts personnels, imams, oulémas et prêcheurs plus ou moins savants, plus moins cultivés, plus ou moins sérieux, et…la télé ! De nombreux jeunes Musulman-es de France finissent par  donner d’eux-elles l’image, généralement caricaturale, renvoyée par le petit écran. À qui la faute ?
5° - Une chose est sûre : le hijab ou même la burqa augmentent la valeur des jeunes filles qui les portent sur le marché matrimonial musulman, et donc le prestige de leurs familles. Ils ne sont rien d’autre que l’affichage d’une virginité, réelle ou prétendue.



Burka Chic, Huile et acrylique, 122X96 cm, de la série "Burka chic", de l'artiste britannique musulmane Sarah Maple

6°- La burqa, qui n’est évidemment pas une obligation musulmane mais plus simplement une tradition pachtoune d’Afghanistan, concentre toutes les passions de ce nouveau siècle. D’autres générations ont adopté la casquette Mao, le béret Guevara, ont brûlé leurs soutien-gorges, adopté la mini-jupe ou se sont laissé pousser la barbe. Et dans les pays arabes, la police depuis belle lurette fait la chasse aux jeunes barbus : dans les années 70, ils étaient soupçonnés d’être des communistes, aujourd’hui, d’être des islamistes. Et pour les filles, la chasse aux minijupes a été remplacée par la chasse aux voiles divers.


Burqa érotique


7° - Tout ceci dit, le port de la burqa en France est un phénomène microscopique, qui touche tout au plus 300 personnes. Donc pas de quoi fouetter une chatte. Mais  il est insupportable à ceux qui ressentent une énorme frustration à ne pas pouvoir dévisager des femmes, c’est-à-dire à prendre symboliquement possession de leur corps. Ces nouveaux Tartuffe qui s’avancent masqués en anti-Tartufe pourraient dire : « Ne cachez pas ce visage que je me dois de voir ». Si une femme ne veut pas que je voie son visage, quelles que soient ses raisons, c’est son droit et je ne vois pas au nom de quoi je devrais lui imposer mon droit à le voir à tout prix. Cela peut me déranger, mais je ne vois pas en quoi cela pourrait me nuire. Or, selon la bonne vieille Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, "La liberté consiste à faire tout ce qui ne nuit pas à autrui". Et pour citer le bon vieux Jean-Sol Partre, "Ma liberté s'arrête où commence celle d'autrui." (Sujet classique de dissertation de philosophie sur lequel les honorables membres  de la mission d'information parlementaire sur le port du voile intégral auraient du plancher).
La liberté des regardeurs s’arrête où commence celle des regardées.


Ayman El Kayman, le petit philosophe des lumières du marigot


* Nuée ardente : 
Grand volume de gaz brûlants à très forte pression transportant, suite à à une violente explosion, des masses considérables de débris de lave ( des cendres aux blocs en passant par les scories) et se déplaçant à grande vitesse (100 km/h et plus).[définition selon futura-sciences.com]


Bonne semaine, quand même !
Que la Force de l’esprit soit avec vous !
...et à la semaine prochaine !

Dessin de DILEM, Algérie

LES DEUX MAROC


Ne soyons pas des moutons de Panurge
Par Ali Fkir, 28/1/2010

D'un côté nous avons une minorité qui vit dans des palais, dans de somptueuses villas avec piscines, saunas, bars, beaux "ghilmènes", belles "jawaries"...lieux d'orgies sans fin; une minorité qui se sert, sans vergogne aucune, dans les caisses publiques, une minorité qui s'est accaparée les meilleures terres agricoles, qui a bâti des richesses colossales dans des conditions douteuses, en suçant le sang de millions de travailleurs...une minorité qui monopolise sans partage aucun le pouvoir de décision...

D'un autre côté nous avons des millions de sans-droits de citoyenneté, des millions d'affamés, de millions "d'usés" par la trime pendant des années dans des conditions semblables à celles de l'esclavagisme, des millions qui produisent la richesse du pays et qui se retrouvent sans toit, sans école pour les enfants, sans hôpital pour les malades, sans revenu pour subvenir aux besoins élémentaires de la famille...des millions qui produisent pour que la minorité vive son paradis terrestre...

Secouons nous, relevons la tête, décongelons notre conscience!
La dignité nous interpelle!
La résistance est la seule VOIE du salut!

Colombes, Hauts de Seine: un lycéen sans-papiers expulsé vers le Maroc


Par Le Parisien, 23/1/2010



Mohamed Abourar, 18 ans, élève en 1ère année de Bac Pro Hygiène et environnement au lycée professionnel Valmy de Colombes (Hauts-de-Seine), a été expulsé samedi vers son pays d'origine, le Maroc. Il a embarqué à bord d'un avion tôt dans la matinée, a annoncé la préfecture de police.
Le jeune Marocain avait été arrêté dimanche, gare Montparnasse à Paris, lors d'un contrôle de police pour «consommation sur la voie publique d'alcool dans un périmètre interdit».
Des faits en partie contestés par le Réseau éducation sans frontières (RESF). Selon la préfecture, le jeune homme aurait émis «des menaces de mort à l'encontre des policiers, qui ont porté plainte». Mais «cette plainte a été classée sans suite», a affirmé Richard Moyon, porte-parole de RESF, critiquant «la tendance qu'a le ministre de l'immigration à calomnier les gens qu'il veut expulser».
Au terme de sa garde à vue, le lycéen avait fait l'objet d'un arrêté préfectoral de reconduite à la frontière et son recours a été rejeté jeudi par le tribunal administratif de Paris. La procédure a également été validée par le juge des libertés et de la détention et la cour d'appel de Paris.
Mohamed avait rejoint son père en France à l'âge de 13 ans, assure RESF, dans le but de poursuivre ses études. Selon un enseignant du lycée Valmy, le jeune homme avait déposé un dossier de régularisation en novembre, mais il n'a jamais été étudié. Dans un communiqué, la CGT Educ'action avait souligné «le comportement exemplaire de Mohamed et son investissement» dans l'établissement.

Enseignement au Maroc : sombre tableau du secteur de l’éducation à Tafraout

Les syndicats dénoncent les dysfonctionnements du secteur de l’éducation à Tafraout
Par Toma, Biladi, 26/1/2010
Après ceux d’Ouarzazate, Agadir, Tiznit, ce sont les bureaux locaux de plusieurs syndicats nationaux (FDT, CDT, UNMT et UGTM) qui décident de lancer leur cri d’alarme contre la situation déplorable que vit le secteur de l’enseignement dans la région de Tafraout.  
Premier motif de leur inquiétude, signalé dans le communiqué rendu public conjointement par les représentants des quatre organes syndicaux, se rapporte à la situation de déficit accru des ressources humaines. A commencer par les enseignants qui font toujours défaut dans bon nombre d’établissements aussi bien primaires que secondaires. Les syndicats dénoncent aussi les demi-mesures auxquelles recourt la délégation, notamment la mesure anti-pédagogique qui consiste à charger un seul instituteur de dispenser des cours à plusieurs niveaux scolaires lors de la même séance de classe, pour pallier le déficit en enseignants. Cette carence, selon le communiqué, affecte également les staffs administratifs et les auxiliaires des écoles de ces régions. Ce qui entrave le bon fonctionnement des différents services dans les écoles touchées.
L’autre problème évoqué, la dégradation avancée des bâtiments scolaires. Selon les syndicats, nombreuses sont ces constructions tenant lieu de classes, qui ne répondent plus aux normes requises et constituent dans bien des cas un danger pour les apprenants, en raison de leur vétusté.
A cela s’ajoutent les sureffectifs constatés chaque année dans les établissements, notamment ceux de la ville en raison de l’insuffisance de classes disponibles pour accueillir tous les inscrits. Ces écoles, avance-t-on, sont aussi dépourvues de moyens et matériels pédagogiques nécessaires pour leur bon fonctionnement.
Les syndicats soulignent également l’absence de sécurité dans les écoles de la région, sachant que le nombre de vols et cambriolages perpétrés dans les établissements scolaires monte crescendo chaque année.
Dans ce communiqué, les syndicalistes mettent en exergue les conditions de travail et de vie sociale très difficiles des enseignants affectés dans la région de Tafraout. D’abord, à cause de l’éloignement de cette dernière de la province (Tiznit) où se trouve la délégation de l’enseignement, ce qui leur occasionne des frais de déplacement qui grèvent leurs salaires.
L’autre problème qui rend la vie dure aux enseignants, c’est le manque d’offres sanitaires et médicales des plus élémentaires au centre hospitalier de la ville, les acculant à se déplacer jusqu’à Tiznit ou Agadir pour se faire soigner. Les enseignants sont victimes des prix exorbitants des produits de première nécessité notamment les légumes et viandes, sous prétexte de l’éloignement de Tafraout des régions d’approvisionnement. De même que les tarifs de bail des maisons d’habitation exigés par leurs propriétaires sont difficilement abordables pour l’ensemble des enseignants affectés dans la région. Tous ces problèmes sont considérés comme des conditions inconfortables voire des embûches à l’exercice normal et la mission de l’enseignant dans cette contrée. 
Et c’est pour ces raisons que les quatre syndicats demandent que l’ensemble des travailleurs dans l’enseignement dans la région de Tafraout, bénéficient aussi des indemnités octroyées au profit de leurs homologues affectés dans les régions éloignées. Le corps enseignant promet, en cas de son exclusion, d’entreprendre toutes les formes de lutte et de protestation légales pour défendre leurs revendications.