Archives 2009-2017 du blog du Réseau de solidarité avec les peuples du Maroc, du Sahara occidental et d'ailleurs(RSPMSOA), créé en février 2009 à l'initiative de Solidarité Maroc 05, AZLS et Tlaxcala. Rejoignez-nous!
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Chers amis lecteurs de solidmar,
Solidmar est fatigué ! Trop nourri ! En 8 ans d’existence il s’est goinfré de près de 14 000 articles et n’arrive plus à publier correctement les actualités. RDV sur son jumeausolidmar !
Faudra t'il
attendre 50 ans? Pour que cette lente danse gracieuse et patiente des Sahraouis
s'immobilise en une danse mortelle.
Ils sont là, par
centaines, à fêter leur résistance, collective et individuelle.
Quarante années
d'un front dressé pour se libérer d'un système colonial et aussitôt tomber sous
le joug d'un autre.
Quarante années
dont presque trente huit d'exil géographique pour la moitié d'entre eux dans
les camps de réfugiés et trente huit d'exclusion sociale pour celle restée sur
place, en zone occupée.
Ils sont là, par
centaines, par plus de 40 degrés à l'ombre à attendre de défiler, devant un
monde absent aux institutions immobiles.
Une année de
souffrance et d'usure supplémentaire affichée au thermomètre d'une indifférence
aussi accablante qu'un soleil de plomb fondu. Le seul chiffre qui baisse ici,
c'est l'âge de la mort !
Les années
défilent. Les hommes aussi, dans leurs uniformes militaires.
Les années
passent. Les femmes aussi, en costumes noirs et blancs, comme figées par le
temps.
Les années
coulent. Comme coule cette génération d'enfants dans ces oueds oubliés,
chantant des slogans d'appels à l'espoir sur le ton d'appels au secours.
Ces années
inscrites en chiffres égrenés sur ces panneaux brandis, ces visages de disparus
pleurés, jusqu’aux pierres de cimetières dressées, paradant immobiles en rangs
serrés.
Des hommes, des
femmes, des enfants, oubliés par milliers, vieillissants. Condamnés à marcher
dans le désert, prison à ciel ouvert. Que le pas soit martial, dansant ou
hésitant, il demeure exilé, inutile, désorienté, année après année.
La mort s’annonce
ici dès la naissance, comme un porte drapeau. L’échec est l’ombre du moindre
espoir au point qu’échouer devient victoire, pour que l’espoir demeure, malgré
tout.
On défile donc,
parce que l’espoir s’est défilé en 1975, puis en 1991, puis d’années en années.
Seules les
condamnations pleuvent sur les innocents qui défilent aujourd’hui dans ce camp
d’El Ayoun ou dans la capitale du Sahara Occidental. Vingt ans, trente ans,
perpétuité, la mort.
Ce damné défilé
d’années n’en finira t-il donc jamais?
Suite au lancement de la première version de la base de données
FreeKoulchi, nous avons reçu beaucoup de messages d'encouragement et de
remarques extrêmement pertinentes. Ce qui prouve que notre initiative a
un sérieux potentiel et nous motive pour continuer à développer notre
base de données.
Nous mettons donc en suspens pour quelques jours le site le temps
d'intégrer les différentes remarques et nous reviendrons bientôt avec
une version du site plus aboutie.
Le 9 mai dernier, les forces de sécurité marocaines à Laayoune, au
Sahara occidental, ont arrêté six Sahraouis, dont un âgé de 17 ans, après que
ceux-ci ont participé à une manifestation pour réclamer l'autodétermination du
Sahara occidental. Ils risquent de faire l'objet d'un procès inique après
s'être vu extorquer « des aveux » sous la torture, semble-t-il.
El Hussein Bah, 17 ans, Yassine Sidati, 22 ans, Mohamed Garmit, 22 ans, Mohamed Ali Saidi, 26 ans, Abdelaziz Hramech, 27 ans et Youssef Bouzid, 31 ans, auraient été interpellés à leurs
domiciles très tôt dans la matinée du 9 mai 2013. Les forces de sécurité
n'auraient montré aucun mandat d'arrêt ou de perquisition avant de placer les
six hommes en garde à vue.
Ces derniers ont été
appréhendés après avoir participé à une manifestation en faveur de
l'autodétermination et de l'organisation d'un référendum permettant à la
population de choisir entre l'indépendance et l'annexion du Sahara occidental
au Maroc. Le défilé a eu lieu à Laayoune le 4 mai dernier, dix jours après que
le Conseil de sécurité des Nations unies a voté pour renouveler le mandat de la Mission des Nations unies
pour le référendum au Sahara occidental (MINURSO), qui ne comprend aucun
mécanisme de surveillance des droits humains. Le 12 mai, au bout de trois jours
en garde à vue, El Hussein Bah, Yassine Sidati, Mohamed Garmit, Mohamed Ali
Saidi, Abdelaziz Hramech et Youssef Bouzid ont été déférés devant un juge
d'instruction à la cour d'appel de Laayoune, et accusés de « violences à
l'égard de fonctionnaires » et d'avoir « participé à un rassemblement armé », «
placé des objets bloquant la circulation routière » et « dégradé des biens
publics ». Ils risquent une peine de prison pouvant aller jusqu'à 10 ans, aux
termes du Code pénal. El Hussein Bah a été libéré sous caution le même jour,
tandis que les cinq autres ont été placés en détention provisoire à la prison
de Lakhal, à Laayoune.
Le jeune homme a expliqué
à Amnesty International qu'il avait été torturé et menacé de viol en garde à
vue, et qu'il s'était vu forcé de signer des « aveux » qu'il n'a pas été
autorisé à lire. Il a ajouté que des policiers lui avaient posé une éponge
imbibée d'urine sur le visage, qu'ils lui avaient descendu son pantalon et
l'avaient menacé de viol, et qu'ils l'avaient frappé et questionné alors qu'il
était suspendu par les genoux, les mains attachées devant les jambes dans la
position dite du « poulet rôti ». D'après les informations dont dispose Amnesty
International, les six hommes ont expliqué au juge d'instruction qu'ils avaient
été victimes de torture et d'autres mauvais traitements, et que leurs « aveux »
leur avaient été extorqués sous la torture en garde à vue. El Hussein Bah a
raconté que plusieurs d'entre eux présentaient des ecchymoses, des traces de
menottes et une inflammation des articulations. Il a également affirmé avoir
entendu d'autres détenus se faire maltraiter dans des cellules voisines quand
il était en garde à vue.
DANS LES APPELS QUE VOUS FEREZ PARVENIR LE PLUS VITE POSSIBLE AUX
DESTINATAIRES MENTIONNÉS CI-APRÈS, en arabe, en français, en espagnol ou dans votre propre langue :
vappelez les autorités marocaines à veiller à ce
que les détenus soient traités avec humanité et protégés de la torture et
d'autres mauvais traitements, et qu'ils puissent bénéficier de tous les soins
médicaux nécessaires ;
vengagez-les à diligenter immédiatement une
enquête minutieuse, indépendante et impartiale sur les allégations de torture
et d'autres mauvais traitements formulées par les six Sahraouis, à garantir
qu'aucun « aveu » obtenu sous la torture ne soit utilisé au cours de procédures
judiciaires, et à veiller à ce que les responsables présumés de ces sévices
soient traduits en justice ;
vdemandez-leur de s'assurer
que les familles des détenus puissent librement rendre visite à ces derniers.
ENVOYEZ VOS APPELS
AVANT LE 26 JUIN 2013 À :
Ministre de la Justice et des Libertés
Mustafa Ramid
Ministère de la Justice et des Libertés
Place El Mamounia – BP 1015
Rabat, Maroc
Fax : +212 537 73 47 25
Formule d'appel : Monsieur le Ministre,
Ministre de l 'Intérieur
Mohand Laenser
Ministère de l'Intérieur
Quartier administratif
Rabat, Maroc
Fax : + 212 537 76 68 61
Formule d'appel : Monsieur le Ministre,
Copies à :
Conseil
national des droits humains
Driss El Yazami
CNDH, Place Achouhada-
BP 1341, 10
001, Rabat Maroc
Courriel : elyazami@cndh.org.ma
Fax : +212 537 73 29
27
Veuillez également adresser des copies aux
représentants diplomatiques du Maroc dans votre pays (adresse/s à compléter) :
nom(s), adresse(s), n° de
fax, adresse électronique, formule de politesse
Vérifiez auprès de votre
section s'il faut encore intervenir après la date indiquée ci-dessus. Merci. ------------------------------------------------------------------------------------------------------
Amnesty International appelle à une enquête indépendante et impartiale sur la torture au Sahara Occidental
17/5/2013
Sahraouis dans une prison marocaine. D. R.
L’organisation des droits de l’Homme Amnesty International (AI) a
appelé, aujourd’hui vendredi, à une enquête indépendante et impartiale
sur les allégations selon lesquelles six militants sahraouis, dont un
enfant, ont été torturés par les forces de sécurité marocaines, en garde
à vue au Sahara Occidental occupé.
«Les rapports selon lesquels les
forces de sécurité marocaines ont utilisé la torture et les mauvais
traitements contre les six détenus sahraouis pour les faire parler sont
profondément troublants», a déclaré Philip Luther, directeur d’Amnesty
International pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, ajoutant que
les allégations doivent être soigneusement étudiées et les responsables
de ces actes traduits en justice. Les six militants pour la cause
sahraouie, actuellement détenus à la prison civile d’El-Ayoune, ont été
inculpés de «violence contre des fonctionnaires publics», «participation
à un rassemblement armé» et «dégradation de biens publics», passibles
d'une peine allant jusqu'à 10 ans de prison. Les six détenus ont déclaré
au juge d'instruction qu'ils avaient été torturés et maltraités, et que
leurs «aveux» avaient été extorqués sous la torture durant la garde à
vue. «L'Organisation a demandé la présence de l’ONU au Sahara Occidental
pour une surveillance adéquate des droits de l'Homme dans la région et
l’établissement de rapports indépendants et impartiaux sur la situation
actuelle, y compris les allégations de torture et d'autres mauvais
traitements», a encore ajouté ce responsable. Cette présence jouera un
rôle «clé» dans la documentation des violations des droits de l'Homme
qui, autrement, ne sont pas signalés et préviennent des accusations sans
fondement dans les autres cas, ajoute Amnesty International.
Hussein Abbah, 17 ans, accuse les autorités de torture
Amnesty International et la CODESA demandent l'ouverture
d'une enquête "indépendante et impartiale" suite aux allégations de
torture de six Sahraouis, dont un mineur de 17 ans, incarcérés après les
manifestations de Laâyoune.
Suite aux manifestations pro-autodétermination
qui ont secoué Laâyoune, Smara et Boujdour depuis fin avril, les
autorités ont procédé il y a quelques jours à de nombreuses
interpellations. Selon la version officielle de l'Intérieur, des jeunes
Sahraouis payés par le Polisario et l'Algérie attaquent depuis fin avril
les forces de l'ordre à coups de pierre et d'armes blanches, faisant
150 blessés parmi les policiers. Les autorités nient tout dépassement de
la loi.
Une version vivement contestée par les activistes sahraouis mais
aussi par les associations de défense des droits de l'homme, qui
affirment que les manifestations étaient pacifiques et que ce sont les
forces de l'ordre qui ont provoqué et attaqué les participants,
déclenchant des heurts avec certains jeunes. Une délégation d'Amnesty
international qui était à Laâyoune fin avril affirme avoir observé des
forces de l'ordre en train de lancer des pierres contre les manifestants
le 27 avril. La scène a été filmée.
Amnesty International vient d'ailleurs de publier un communiqué
demandant l'ouverture d'une enquête «indépendante et impartiale» suite
aux allégations de torture formulées par six détenus sahraouis, arrêtés
le 9 mai dernier après les manifestations.
Accusations de torture
Parmi eux, un mineur de 17 ans, Hussein Abbah, qui avait été relâché
sous caution le 12 mai. Après sa sortie, ce jeune avait affirmé à la
CODESA et à Amnesty International avoir été torturé par la police,
menacé de viol et forcé à signer des «confessions». Il racontait
notamment que les officiers de police avaient pressé une éponge imbibée
d'urine sur son visage, lui avaient baissé son pantalon en le menaçant
de viol et l'avaient battu pendant qu'il était suspendu en l'air.
Les autorités n'ont pas commenté ce témoignage mais le jeune Hussein Abbah a été arrêté de nouveau et ramené en prison.
Lui et les cinq autres détenus sont poursuivis selon Amnesty
international pour «violences contre des agents de la force publique»,
«participation à un rassemblement armé», «avoir placé des objets sur une
route pour bloquer la circulation» et «destruction de propriété
publique». Ils doivent comparaître le 14 juin prochain. Ils risquent
jusqu'à dix ans de prison.
Amnesty international mentionne également le fait que les interpellations du 9 mai auraient été menées sans mandat. Un communiqué de l'AMDH
(bureau de Laâyoune) publié le lendemain détaille ces interpellations.
La mère du jeune Hussein Abbah raconte l'arrestation de son fils qu'elle
décrit comme un enlèvement : «Lorsque je l'ai cherché à la
préfecture de police à Laâyoune, ils ont nié avoir arrêté mon fils et
ont nié sa présence chez eux. D'autres femmes dont les enfants avaient
été enlevés se sont regroupées pour demander des informations sur leurs
enfants. Notre groupe de femmes a été expulsé par la force de la
préfecture de Laâyoune et nous avons été insultées.»
Le bureau local de l'AMDH rappelle dans ce communiqué ses précédentes alertes «à
propos de la détérioration des droits humains à cause des forces
publiques à Laâyoune qui commettent des violations des droits humains en
l'absence d'enquêtes et de poursuites légales qui auraient visé à punir
ceux qui commettent ces violations».
« l’hypocrisie est le tribut que le vice paye à la vertu »
Par Eduardo GALEANOn 2 mai 2007. Des barrières pour emprisonner les peuples. Un peu partout à travers le monde, des murs ont été érigés pour séparer
les peuples. Certains font les manchettes. D’autres font rarement
parler d’eux. C’est le cas du mur érigé par le Maroc au Sahara
occidental. Vous souvenez-vous du célèbre mur qui divisait la
ville de Berlin en deux ? Tous les jours, ou presque, il défrayait les
manchettes. Nous avions tellement lu sur lui, nous avions entendu tant
des commentaires à son sujet, et nous l’avions aperçu si souvent, à la
télévision, que nous avions l’impression de le connaître
personnellement. « Mur de la honte », « mur de l’infamie », « rideau de
fer », la plus fameuse construction de l’ère soviétique avait reçu
plusieurs sobriquets peu flatteurs. En novembre 1989, le mur de
Berlin est finalement tombé. Personne ne s’en plaindra. Mais d’autres
murs ont surgi, ailleurs dans le monde. Plusieurs continuent de
s’étendre. Certains sont même devenus beaucoup plus imposants que le
défunt mur de Berlin. Mais nous n’y accordons guère d’attention, comme
si certains murs étaient plus télégéniques ou plus présentables que
d’autres. Par exemple, on parle très peu du mur que les
États-Unis sont en train d’ériger le long de leur frontière avec le
Mexique. Ni de la double rangée de fils barbelés qui a été installée
autour des enclaves espagnoles de Ceata et de Melilla, sur la côte du
Maroc. Le mur que les Israéliens construisent en Cisjordanie occupée ne
fait pas souvent les manchettes, lui non plus. Mine de rien, il sera
bientôt quinze fois plus long que le défunt mur de Berlin. Et
que penser du mur qui perpétue depuis 20 ans l’occupation par le Maroc
du Sahara occidental ? Autant dire qu’on n’en parle jamais. Ce mur,
protégé par des mines et constamment gardé par des milliers de soldats,
se révèle pourtant 60 fois plus long que le mur de Berlin. Pourquoi
certains murs font si souvent parler d’eux alors que d’autres sont
entourés d’un grand silence ? Serait-ce à cause des murs de silence que
les grands médias érigent chaque jour ? Mystère et boule de gomme.
En juillet 2004, la Cour internationale de La Haye a statué que le mur
de Cisjordanie violait la loi internationale et elle a ordonné son
démantèlement. Jusqu’ici, Israël a fait la sourde oreille.
L’attitude d’Israël n’apparaît pas sans précédent. En octobre 1975, la
Cour internationale jugeait qu’il n’y avait pas de lien territorial
entre le Sahara occidental et le Royaume du Maroc. Dire que le
gouvernement marocain a ignoré cette décision de la Cour constitue un
euphémisme. En fait, c’est bien pire que cela. Le lendemain de la
décision de la Cour, le Maroc a envahi le Sahara occidental, dans ce
qu’on a appelé la « marche verte ». Le royaume a confisqué de vastes
portions du territoire, tout en expulsant les populations, de gré de
force, dans une vague de feu et de sang. Ainsi va la vie
Environ un millier de résolutions des Nations unies ont confirmé le
droit à l’autodétermination des citoyens du Sahara occidental. A quoi
bon ? Un plébiscite devait aussi être organisé, pour décider de l’avenir
du territoire. Pour être sûr de faire triompher ses vues, le Maroc a
inondé le territoire avec des colons marocains. Mais bientôt, même ces
gens-là n’apparaissaient plus assez loyaux. Alors le roi, celui-là même
qui avait accepté l’idée d’un plébiscite, s’est mis à reculer. Plus
tard, il a refusé de tenir la consultation. Et maintenant son
fils, l’héritier du trône, poursuit dans la même voie. Le déni de la
réalité constitue une forme de confession. En refusant de permettre la
tenue d’un vote, c’est comme si le Maroc admettait qu’il a volé un pays.
Est-ce que nous allons continuer à accepter ce genre de choses ? Quels
effets ont eu les innombrables résolutions des Nations unies condamnant
l’occupation du territoire palestinien ? Et les innombrables résolutions
contre le blocus de Cuba ? Comme le dit le vieil adage : l’hypocrisie
est le tribut que le vice paye à la vertu. De nos jours, le
patriotisme constitue le privilège des pays dominants. Le patriotisme
des faibles est immanquablement associé à du populisme ou pire, à du
terrorisme. A moins qu’il ne suscite que la plus totale indifférence.
Les patriotes du Sahara occidental qui se battent depuis 30 ans pour
reprendre une place sur l’échiquier mondial ont obtenu la reconnaissance
diplomatique de 82 pays, incluant le mien, l’Uruguay. Ce dernier a
rejoint la majorité des pays d’Amérique latine et d’Afrique.
L’Europe fait exception. Aucun pays européen n’a reconnu la République
sahraouie. Même pas l’Espagne. Selon le cas, on peut interpréter cela
comme de l’irresponsabilité, de l’amnésie ou de la désaffection. Il y a
trois décennies, le Sahara occidental constituait pourtant une colonie
espagnole, et l’Espagne avait le devoir moral de protéger son
indépendance. Or, qu’a donc légué l’administration espagnole, au bout
d’un siècle ? Une poignée d’experts et une trahison. Elle a servi les
Sahraouis sur un plateau pour qu’ils soient dévorés par le Royaume du
Maroc. Il y a quelques années, un journaliste interviewait dans un
hôpital de Bagdad une petite fille de huit ans, grièvement blessée, dans
un bombardement. Au terme de la 11e opération nécessaire pour lui
reconstruire un bras, la petite fille s’était écriée : « Si seulement
nous n’avions pas de pétrole ! » Aujourd’hui, les gens du
Sahara occidental sont bien placés pour comprendre le désarroi de la
fillette. Peut-être sont-ils coupables seulement parce que la côte de
leur pays est reconnue comme l’une des plus poissonneuses de tout
l’océan Atlantique ? Ou parce que sous l’immensité désertique qui couvre
une grande partie de leur territoire, se cachent les plus grandes
réserves de phosphate du monde ? Ou peut-être parce qu’on pense y
trouver du pétrole, du gaz naturel et de l’uranium ? Les
ressources naturelles feront le malheur de ton peuple. Cette « prophétie
» pourrait faire partie du Coran, même si elle ne s’y trouve pas.
Les camps de réfugiés sahraouis du sud de l’Algérie se trouvent dans le
plus aride des déserts. Là -bas, tout n’est qu’un vide immense dans
lequel seuls des rochers semblent pousser. Et pourtant, c’est à ces
endroits et dans les quelques territoires libérés que les Sahraouis ont
réussi à construire l’une des sociétés les plus ouvertes et les moins
machistes de tout le monde musulman. Le miracle des Sahraouis,
qui sont très pauvres et trop peu nombreux, ne s’explique pas seulement
par leur volonté farouche d’être libre. Il dépend aussi de la solidarité
internationale. Et une grande partie de celle-ci provient des gens
d’Espagne. Leur solidarité, leur mémoire et leur dignité apparaissent
bien plus puissantes que les atermoiements des gouvernements et les
calculs cyniques du monde des affaires. Vous aurez remarqué que j’écris
le mot solidarité. Pas charité. La charité humilie, la solidarité donne
du courage. N’oubliez pas le proverbe africain : « La main qui reçoit
est toujours plus basse que la main qui donne. » Les Sahraouis
attendent. Ils semblent condamnés à l’angoisse et à la nostalgie. Les
camps de réfugiés portent les noms de leurs villes occupées, de leurs
liens de rencontres disparus, de leurs familles dispersées : l’Ayoun,
Smara, Dakhla. On les appelle les enfants des nuages parce qu’ils ont
toujours poursuivi la pluie. Mais depuis plus de 30 ans, ils sont aussi
en quête de justice. Dans notre monde, c’est une denrée qui se révèle
bien plus rare que l’eau dans le désert. Eduardo Galéano
Par Equipe Media, El Aaiun Sahara Occidental occupé, 14/05/13
Un enfant sahraoui
reste amnésique suite aux tortures que lui ont infligées les policiers
marocains. C’était il y a 15 jours, après le renouvellement à l’identique par
l’ONU de sa mission du notre territoire. La mission doit organiser le
referendum d’autodétermination du peuple sahraoui depuis 1991. Elle n’avance à
l’évidence pas dans sa mission, et ne peut pas protéger les supposés
bénéficiaires du même référendum.
Adnan Ahmed Amsa'aed,
16 ans, a été enlevé le 30 avril 2013 vers 17h sur le boulevard d'El Qairaouan
à El Aaiun occupée. Il a été torturé par les policiers marocains pendant 2h,
dans une camionnette qui se déplaçait, et relâché loin de sa maison.
Il souffre d’hématomes
évidents au niveau de la tête et de la mâchoire inférieure, et de douleurs
violentes au niveau des parties génitales.
Adnan est né à El
Aaiun occupée en 1997, il a étudié jusqu’en troisième année au collège et
savait lire et écrire avant son arrestation. Mais après avoir été frappé et torturé
le 30 avril, il ne plus reconnaît les lettres ni les mots, et ne reconnaît pas
l'école où il étudiait. Il ne reconnaît d’autre part pas tous les membres de sa
famille. Il est effrayé quand des hommes portant des lunettes s’approchent de
lui, et l’appel à la prière le met dans un état de grande angoisse. La famille
a identifié que cela était en relation avec les caractéristiques physiques des
tortionnaires et la période de la torture.
Selon la famille, le
traumatisme de l’enfant leur a semblé très fort au niveau psychologique.
Sachant qu’il n’y aucun entité de soins psychiatriques à El Aaiun, ils ont
gardé le jeune à la maison pour le protéger.
Néanmoins, le 13 mai
2013, Adnan a été transporté à l'hôpital Ben Mehdi pour les fortes douleurs qui
persistait au niveau de ses parties génitales. Le docteur marocain Hajji a
refusé de le soigner et a dit qu’il fallait le transporter à Agadir.
Selon des activistes
sahraouis M.Hajji semble refuser régulièrement de soigner les sahraouis. C’est
le même docteur qui avait menacé Fatma Daouidi, blessée aux doigts lors des
manifestations du 25 avril, de lui casser les autres.
Le cas d'Adnan
Amsa'aed montre les pratiques réelles du Maroc alors que le Royaume prétend
respecter les droits humains, a signé la Convention relative aux droits de
l'enfant le 26 juin 1990 et l'a ratifiée le 21 juin 1993.
Le royaume torture et
se permet de réfuter les rapports et vidéos qui exposent et montrent les faits. Il adopte même une attitude
d’agressé, pour tenter de cacher ses exactions.
La famille Amsa'aed a
déposé une plainte devant le procureur, mais aucune enquête n'a été ouverte.
C’est une pratique courante de justice sélective pratiquée par le Maroc au
Sahara Occidental.
Le royaume poursuit
les sahraouis avec des accusations fabriquées, mais ne fait rien pour traiter
les milliers des plaintes déposées par les victimes sahraouies.
Si l’information de la
torture de cet enfant n’a été portée à la connaissance de notre équipe que 15
jours après les faits, il est probable que d’autres enfants ont subit des sorts
similaires.
L'équipe Media se
tient à la disposition des familles pour les informer des démarches à suivre
pour des cas similaires, et les orienter vers les organismes locaux et
internationaux crédibles et sérieux de protections des mineurs.
Alors que le monde
s’apprête à célébrer le 1er juin la Journée mondiale de l'enfance,
et que le Maroc affichera des slogans auto-satisfaits, ses pratiques policières
sur les enfants sahraouis laissent des blessures physiques et psychologiques
qu’il semble espérer indélébiles et dissuasives.
Solidarité Maroc, Réseau de solidarité avec les peuples du Maroc, du Sahara occidental et d'ailleurs(RSPMSOA) solidmar05[at]gmail.com 17 rue Jean Eymar 05000 Gap France
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