Procès des 24 de Gdaym Izik, audience des accusés et
témoins
Le procès des Sahraouis emprisonnés pour des raisons
politiques après l’attaque par les autorités marocaines le 8 novembre 2010 du
camp de protestation sahraouie dit de « Gdaym Izik » a commencé le 8
février à Rabat devant la cour militaire marocaine, après avoir reporté à 2
reprises. Tous les prisonniers ont dénoncé les chefs d’accusation et démontré
leur caractère factice et fabriqué pour la circonstance. Nombreux ont affirmé
avoir été régulièrement torturés et
humiliés au court des interrogatoires, au point de craindre d’en mourir.
Le déroulement global et quotidien du procès est rapporté
ici, ainsi que quelques particularités de l’intervention de chaque prisonnier
politique devant la cour.
Premier jour
Vendredi 8 février, en présence d'une bonne centaine d’observateurs
étrangers, la cour martiale marocaine, à
Rabat a commencé le procès des 24 prisonniers politiques sahraouis.
Cette première journée a fixé le cadre général du procès,
donnant la parole aux juristes.
Certaines familles ont pu entrer dans le tribunal, d’autres
ont été bloquées à l’entrée par les marocains. Les amis des accusés et les
activistes ont été interdits d’entrer. Les observateurs internationaux ont eux
été admis, qu’ils aient été invités par les autorités marocaines ou qu’ils
soutiennent les sahraouis.
Si l’ouverture des portes a été à 9h, les audiences ont commencé
à 11h, et fini à 21h avec une interruption de 2 h pour le déjeuner.
Au court de cette journée, le procureur du roi a annoncé
qu’il voudrait entendre les témoignages de 9 personnes.
La défense s’y est
opposée à moins que leurs identités ne soient rendues publiques et qu’il soit
évident qu’il ne s’agissait pas d’agents à la solde du régime. Le juge a décidé
de reporter l’audition de ces témoins à la fin du procès après avoir entendu
les accusés, sans préciser si alors il serait exigé que leur identité soit
dévoilée.
Une deuxième critique sur la forme a été avancée par les
avocats de la défense concernant la compétence du tribunal militaire. En effet
la constitution marocaine ne reconnait pas les tribunaux d’exception. La cour a
rejeté les arguments de la défense et s’est reconnue compétente au regard
l'article 75 au code de la justice militaire.
Deuxième jour
Le deuxième jour, samedi 9 février, la cour a limité l’entrée
des sahraouis à 45 personnes. En signe
de protestation contre cette mesure discriminatoire, les familles ont refusé
d’entrer sans les militants. Seuls sont finalement entrés 3 représentants de
l’ASVDH et 5 du CODESA. Les familles et les autres activistes sont restés
devant le tribunal où ils ont manifesté leur mécontentement.
5 prisonniers ont été entendus : Ennama Asfari,
Mohamed Tahlil, Hassan Eddah, Bachir Khadda et Abdallahi Toubali.
La cour a commencé
par écouter Ennama Asfari, activiste sahraoui co-président de l’organisation
française le CORELSO.
Celui-ci a parlé du cadre juridique du conflit du Sahara Occidental et expliqué qu'il avait été arrêté le 7 novembre
soit un jour avant l’attaque du campement, et les événements de ce jour-là.
Il a expliqué aussi qu’il avait été maltraité et torturé
à plusieurs reprises.
Il a ajouté qu’en tant qu’intellectuel, il était tout à
fait en mesure de signer sa déposition et a dénoncé qu’on l’ait forcé à apposer
son empreinte digitale en place de signature sur le procès verbal qu’il
refusait d’approuver.
Mohamed Tahlil , Hassan Eddah , Bachir Khadda ont tous
nié les chefs des accusations. Ils ont rappelé à la cour qu’ils sont des
militants connus par leur action de revendication en faveur de l'autodétermination
du Sahara Occidental.
Mohamed Tahlil a parlé en Hassanya et demandé la présence
d’un traducteur en arabe classique. Une personne a assuré la traduction sans
qu’il soit assuré que c’était un traducteur assermenté. Il semblerait que ce
soit plutôt un sahraoui intégré dans l’armée marocaine.
Tahlil a affirmé qu’il n'était jamais entré dans le
campement de Gdaym Izik, et qu’il n’avait pas non plus participé à la création
du camp. Il a été arrêté avec les deux autres dans un café à El Aaiun, le 5
décembre 2010, soit près d’un mois après le démantèlement du campement.
Abdallahi Toubali, membre de comité de dialogue au
campement de Gdaim Izik a expliqué pour sa part que la marginalisation des sahraouis
et les pillages de leurs ressources naturelles ont été la base de la création
de Gdaim Izik . Il a nié les chefs d’accusations, et accusé les autorités
d'occupation de l’avoir enlevé. Il a demandé à ce que soit entendu le
témoignage de Mm Gajmoula Mint Abbi, une parlementaire qui lui a rendu visite
le 7 novembre 2010. Il avait été ce jour là, soit la veille de l’intervention
marocaine sur le camps, gravement blessé dans un accident avec une voiture de
la police marocaine qui l’avait écrasé.
Troisième jour
Dimanche 10 février, la cour a repris en écoutant le
prisonnier Ettaqui Lmachdoufi qui a expliqué que le camp de gdaim Izik était la
preuve du refus des Sahraouis de l'occupation du Maroc. Lamin Haddi, Brahim El
Ismaili, Banga Chaikh, Lmjayed Sid Ahmed, El Ayoubi Mohamed ont été entendus
ensuite.
Pour sa part, le prisonnier politique Mohamed Lamin Haddi
s’est dit surpris par les faits qui lui ont été imputées et a nié la totalité des
accusations portées à son encontre.
« Oui, on peut mourir pour arrêter l'injustice
contre notre peuple » a-t’il affirmé.
Au début de son intervention, il a souligné que sa santé
ne lui permettrait pas de parler longuement.
Il s’est présenté comme un militant pour l'indépendance
du Sahara Occidental, et a affirmé que les autorités marocaines avait commencé
leur harcèlement contre lui parce qu’il avait participé avec 71 autres
personnes à un colloque international en Algérie sur « le droit des
peuples à la résistance », qui avait eu lieu en septembre 2010 .
M. Haddi a affirmé que son refus de chanter l'hymne
nationale marocain ou de prononcer «
vive le roi » lui avait valu d’être davantage torturé par les militaires
marocains que lors du début des interrogatoires.
Brahim el Ismaili a dit qu’il avait avant cette fois déjà
subi une arrestation par enlèvement. En
1987 il avait été enlevé et avait passé plus de 8 mois dans un bagne secret à
El Aaiun.
Il a rappelé la légalité internationale, et les décisions
des Nations Unies concernant le conflit
du Sahara Occidental.
Il ajouté que les crimes commis par le Maroc contre les
populations sahraouies n'ont jamais cessés depuis 1975, et souligné que les renforts de sécurité et
paramilitaires qui sont arrivés actuellement dans les villes du Sahara
Occidental prédisent l'intention des autorités de commettre de nouvelles
violences. M. Ismaili a salué le peuple sahraoui pour sa solidarité avec eux
tous.
La quatrième intervention est celle de Banga Chaikh. Le
jeune homme a d’abord commencé par évoquer devant la cour le fond du conflit lié
à la décolonisation et le droit de son peuple à l'autodétermination. Il a cité
les déclarations du penseur American Noam Chomsky, qui avait affirmé que le printemps arabe
avait commencé à Gdaim Izik.
Il a rappelé avoir été arrêté le 8 novembre 2010 au sein
du camp de Gdaim Izik alors qu’il avait
apporté des médicaments pour sa tante installée là. Il a affirmé avoir été
ensuite transporté au siège de la gendarmerie où il avait subi la torture
morale et physique.
Il a expliqué aussi que chaque ville du Sahara Occidental
exprime d'elle-même la non souveraineté du Maroc sur ce territoire. Les
voitures des Nations Unies et autres organisations étrangères prouvent cette
vérité par leurs présences dans les rues, malgré la fausse propagande du pays
colonisateur.
Lmjayed Sid Ahmed s’est présenté comme président de
CSPRON, un comité qui de surveillance du pillage des ressources naturelles du Sahara Occidental. Ce comité milite aussi pour
l'autodétermination et le respect des droits de l’homme, et publie des rapports
réguliers sur le pillage et les violations des droits de l'homme.
Il a rappelé qu’il a participé à des colloques et
conférences en Europe et Algérie et qu’il est connu pour ses activités
politiques.
Il dénonce avoir été enlevé par des agents en civil et avoir
subi la torture lors des interrogatoires. Il a nié toutes les accusations, et
affirmé n’avoir jamais incité les jeunes à se déplacer vers le campements de
Gdaym Izik.
M. El Ayoubi Mohamed, 60 ans, peut à peine marcher, mais a
refusé l'assistance des gendarmes, les traitants d'assassins.
Ensuite il s'est déshabillé pour que les juges puissent
constater les traces des tortures sur son corps. Puis il a demandé à la cour
comment un homme souffrant de maladies chroniques et n'ayant pas le permis, ni de
voiture pouvait écraser des personnes. Il s'est ensuite expliqué sur les
raisons qui l'avaient poussé à se déplacer avec des milliers d'autres Sahraouis
en dehors de El Aaiun : le pillage des ressources naturelles et la
marginalisation mais aussi l'entrave du peuple sahraoui à son droit à
l'autodétermination.
Quatrième jour
Le 11 février 2013, la cour martiale de Rabat a poursuivi
son audition des prisonniers politiques sahraouis et a écouté Mohamed Khona
Babait, Lkhfaouni Abdellah, El Bakai Laarabi, Lafkir Mohamed M'barek, Abderahman
Zayou, Sidi Abdellah Abahah, Mohamed Bachir Boutngiza.
L’accusé M. Mohamed Khona Babait est entré dans la salle en
chantant des slogans en faveur de l'autodétermination et de l'indépendance du
Sahara Occidental.
Cette fois et contrairement à ce qui s’était passé la
veille, le juge a interrompu plusieurs fois l’accusé pour lui demander de
rester dans le contexte et de répondre
aux questions concernant les chefs d'accusation.
Le prisonnier Lkhfaouni Abdellah a nié les chefs
d'accusation et accusé les services marocains de l’avoir torturé et humilié durant
la garde à vue et dans l'avion.
Il a expliqué qu'il est un ancien « disparu »,
enfermé toute l’année de 1994 dans un centre secret à El Aaiun et qu’il avait
été arrêté en 1995 après avoir participé dans une manifestation à Boujdour.
Il a ajouté qu’il avait été arrêté en 1998 quand il avait
essayé de rejoindre les camps des refugiés sahraouis.
A la question de
savoir pourquoi il avait empêché le gouverneur de El Aaiun d'entrer dans le camp de Gdaim Izik, Il a déclaré
qu’il avait suivi les consignes, parce qu’il était un participant au camp et
pas dirigeant. Il a ajouté qu'il avait été arrêté avec une journaliste
espagnole (Erena Calvo) au barrage de la gendarmerie prés du camp.
Le juge l’a interrompu plusieurs fois, ce qui a entrainé
des protestations de la défense. La décision du juge d’une interruption de 2h
de l’audience pour la pause repas a écourté l’intervention de Lkhfaouni
Abdellah.
Deux autres prisonniers, El Bakai Laarabi et Lafkir
Mohamed M'barek ont également nié les accusations et expliqué les circonstances
de leur arrestation.
M. Lafkir a affirmé être militant pour l'indépendance du
Sahara Occidental, et n’avoir jamais usé de violence pour cela.
Il a expliqué comment les autorités d'occupation avaient
construit un mur pour encercler le camp de Gdaym Izik, le comparant au mur de
Berlin. Il a dénoncé la torture et les humiliations que lui avaient fait subir
les policiers et militaires marocains. Ceux-ci lui ont arraché la barbe, les
ongles de pieds, et ont uriné sur lui.
El Bakai a été arrêté le 9 septembre 2012 à Dakhla alors
qu’il travaillait dans le transport clandestin. Reconnu comme membre du comité
de dialogue du campement de Gdaym Izik, Il a été transporté à El Aaiun où il a
subi la torture. Il a ensuite été incarcéré à Salé avec les autres prisonniers
pour sa position politique.
Abderahman Zayou est un fonctionnaire. Il a affirmé aimer
la paix et dénoncer la violence. Il est militant associatif, et a dit que son
arrestation était liée à sa déclaration à la chaine internationale Al Jazeera.
Il a affirmé avoir été torturé lui aussi et nié tous accusations. Il a répété que
l'Etat sahraoui est la solution.
Mohamed Bachir Boutngiza est lui aussi entré la salle en
criant des slogans politiques. Il a commencé par expliquer l'histoire de son
engagement politique. Il a rappelé avoir été arrêté en 1992 et avoir passé 8
mois dans un bagne secret a El Aaiun.
Il a été forcé
d'immigrer hors de El Aaiun parce qu’un faux dossier avait été fabriqué par la
police l’accusant d’être lié à la drogue. Malgré que le Sahara Occidental soit
un pays riche, il a immigré clandestinement à bord d'un petit bateau. Il a
toujours été actif et a participé à de nombreuses manifestations contre
l'occupation marocaine.
Il a affirmé avoir été violé à la bouteille après son
arrestation par le divisionnaire Hamid Bahri qui l’accusait d’avoir tué un
soldat et d’avoir uriné sur lui.
M. Boutngiza a nié
les accusations portée contre lui et a affirmé être prêt à être confronté aux
vidéos et à répondre à toutes les questions. Il a fini son intervention par
" l'état sahraoui est la solution".
Sidi Abdellah Abahah a lui salué l'AMDH, le parti
politique « la voie démocratique » et tous les honorables marocains, observateurs,
les solidaires avec la cause sahraouis venus assister au procès.
Selon lui le Maroc a envoyé plus de 180.000 marocains dans
les villes du Sahara Occidental et les a
parqué pendant des dizaines d’année dans des campements autour des
villes des territoires occupés pour fausser le referendum, sans leur laisser de
réelles possibilités de mouvement ou d’évolution.
Il a fait un parallèle entre cette pratique du régime
marocain et l’accusation portée à leur encontre d’avoir séquestré des citoyens
venus volontairement et de plus en plus nombreux dans le campements de Gdaym
Izik pour protester contre l'occupation.
Cinquième jour
Mardi 12 février 2013, la cour a entendu Ahmed Sbaai, Daich
Dafi, Abdeljalil Laaroussi¸ Mohamed Bani, Hussein Zaoui, Mohamed Bourial. Puis 5
témoins sahraouis, et 1 des 9 témoins marocains prévus.
Ahmed Sbaai s'était pour commencer son intervention, a
déclaré que durant les séances d'interrogatoire, les enquêteurs lui avaient posé
des questions sur d’autres sujets que sur les incidents de Gdaim Izik, sur ses
actions et activités politiques.
Il souffre d'une maladie cardiaque et a affirmé s’être
évanoui à plusieurs reprises durant l'enquête. Un médecin de l'hôpital avait
fini par demander qu’on cesse de le torturer.
Selon lui, les conditions étaient à tel point difficiles
et douloureuses, qu’il pensait à cette période qu’il allait mourir et devenir
martyr de la cause.
A la question du juge sur ses liens avec Hassana Alaia,
M. Sbaai a répondu que c’était un collègue militant comme lui, et a critiqué
les contradictions de la police marocaine qui sachant M. Alaia impliqué dans la
manifestation de Gdaym Izik, l’avait arrêté, puis libéré au bout de 3 jours et
laissé partir pour l'Espagne.
Daich Dafi ,membre de comité de dialogue, est lui aussi
est entré dans la salle d'audience en chantant des slogans pour
l'autodétermination et l'indépendance du Sahara Occidental.
Il s’est présenté comme un activiste associatif et
sportif.
Pour lui, la violente attaque du campement le 8 novembre
est une trahison et une mise en œuvre des mensonges marocains. Selon ses
explications, le général Abdelaziz Benani, chef d'état major, leur avait promis
2700 postes de fonctionnaires, et cela devant les trois gouverneurs qui
représentent le ministre de l'intérieur
marocain. Ils avaient ainsi donné l’illusion que les revendications sociales
sahraouies étaient entendues, alors que dans les faits c’est tout le contraire.
Dafi a déclaré avoir été violé avec un outil
tranchant durant les interrogatoires. Il
a montré les traces de torture sur son visage. Cette violence n’a pas entamé sa
détermination et il a répété des slogans politiques.
Abdeljalil Laaroussi , directeur de sécurité au
campement, a lui aussi dénoncé avoir été violé avec un objet tranchant durant
son interrogatoire. Il a expliqué le but du campement et pourquoi les habitants
sahraouis avaient décidé de se déplacer.
Il a dit que les deux raisons en étaient la revendication du respect de l'autodétermination
de son peuple, et l’opposition au pillage de ressources naturelles de leur
territoire.
Les questions du juge ont porté sur sa responsabilité
réelle comme chef de la sécurité du campement, sur ses relations avec le Polisario.
Il lui a demandé si son chef était Boulsan.
Mohamed Bani, a dit qu'il est né en 1969. Il a fui avec
le peuple sahraoui pour l'exil des campements de réfugiés du sud ouest algérien
en 1975. Il a étudié à l'école du 9 juin (date de la mort du martyr El Wali,
fondateur du front Polisario). Il a rejoint l'armée de libération sahraouie qui
lui enseigné des solides valeurs morales, et il ne peut donc avoir tué quiconque,
contrairement à ce qui lui est reproché.
Il était au moment des faits fonctionnaire au ministère
de l'équipement marocain et affirme qu’il ne s'est jamais absenté de son
travail.
Une attestation signée par son directeur régional
confirme qu'il était sur son lieu de travail jusqu'au 5 novembre 2010. Le
procureur s'est opposé à l’argument en le qualifiant de sans importance.
Hussein Zaoui, a commencé son intervention en saluant
l'AMDH et toutes les personnes solidaires avec la cause des sahraouis. Il a
ajouté qu'il était membre du comité de dialogue, et qu'il avait donc participé
aux négociations avec les autorités marocaines représentée par des hauts responsables.
Le ministre de l'intérieur et trois gouverneurs ont
assisté à ces négociations qui été dirigées par le dénommé Ilias El Ammari, ce
dernier se présentant comme délégué des organes suprêmes (c'est-à-dire le roi
et ses amis)
M. Zaoui a déclaré qu'il avait subi des tentatives de
corruption mais avait refusé toutes les propositions. Il a ajouté qu'il avait
subi le viol et les tortures à un point qu’il avait du être transporté
plusieurs fois à l'hôpital. Il a fini son témoignage en clamant des slogans pour
l'autodétermination du peuple sahraoui.
Mohamed Bourial, lui aussi membre du comité de dialogue au camp de Gdaim
Izik a parlé le dernier pour le groupe des prisonniers. Il a interrogé la cour
de la raison pour laquelle une enquête n'avait pas été ouverte suite à l'assassinat
du jeune Ennajem Lgarhi, ce jeune sahraoui tué par l'armée marocaine.
Il a également confirmé que Ilias El Amari était présent
comme représentant du palais aux séances de dialogue et négociations, assisté
par le ministre de l'intérieur marocain, démontrant ainsi la duplicité de la
parole de l’Etat marocain. Il a nié tous les chefs d'accusations et clamé des
slogans en faveur de l'autodétermination.
Cinquième jour, l’audition des témoins
La Cour est entrée ensuite dans une autre phase, l'écoute
de témoignages.
5 sahraouis - Dalil Lahsen, Mohamed et Bachir Salmani ,
Bachir Belgasem, Abhaou Mohamed- ont expliqué ce qui s'est passé le 8 novembre
2010. Ils ont également réfuté toute implication des prisonniers présents dans
le tribunal et nié les allégations des chefs d'accusations.
Selon Dalil Lahsen l'un des témoins, les sahraouis
avaient décidé de se déplacer pour des
raisons sociales, le campement était bien organisé et sécurisé aussi.
Il a expliqué
comment les agents de sécurité du camp avaient éloigné toutes les personnes qui
étaient arrêtées en possession de drogue ou qui étaient susceptibles de
commettre des actes de violence ou des agressions.
Il a assuré être un homme de classe moyenne, et donc ne
pas être concerné par les revendications sociales, mais il a admiré la gestion
du camp. Selon lui, personne ne s’attendait à une intervention de démantèlement
du camp par la force. Il a visité le
camp deux fois, afin « de profiter de la liberté de vivre les traditions
Sahraouies ».
Mohamed Salmani et son frère Bachir ont expliqué comment
les forces de police ont saccagé leur maison et ont arrêté Ennama Asfari le 7
novembre 2010.
Abhaou Mohamed a
affirmé que le jour de l'intervention militaire marocaine contre le camp, il
était avec le prisonnier Zayou Abderahman dans une maison sur le boulevard de Tan-Tan à El Aaiun.
Et à la question « est ce que Zayou a donné ordres à ses collègues du comité
sahraouis pour casser le blocus imposer contre le campement en utilisant la violence contre les forces de
l'ordre », il a répondu par la négative. Il a affirmé : « Nous
les sahraouis détestons la violence, que
ce soit contre les forces de l'ordre, ou contre quiconque».
Le juge a ensuite appelé les témoins marocains.
Il a commencé par écouter M. Radouan Lhalaoui, agent de
la protection civile.
Celui ci a déclaré qu'il avait accompagné le chauffeur
d'une ambulance allant au camp le jour
de l'intervention. Ils ont transporté 8 ou 9 soldats blessés vers l'hôpital
militaire, et l'ambulance a été encerclée par des hommes enturbannés qui n’ont
eu aucun geste de violence envers eux.
Il a ajouté n’avoir jamais vu de personnes mortes, ni de
sahraouis attaquant les forces de l'ordre. Il a aussi affirmé ne reconnaître
aucun des sahraouis présents dans la salle.
Le juge a exprimé sa volonté de continuer à auditionner
le témoin mais la défense s'y est opposée. Le témoin ne reconnaissant pas les
prévenus, l’audition d’avait plus lieu d’être.
Le juge a alors décidé de ne pas poursuivre l'audition et
d'annuler celles des 8 autres témoins marocains. Il a suspendu l'audience
jusqu'au lendemain.
La journée de jeudi 14 février sera consacrée aux
plaidoiries des avocats et du procureur du roi. Après délibération des jurés,
le verdict est attendu pour vendredi 15 février.
Ces deux jours feront l’objet de nouveaux articles.