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mardi 12 février 2013

Les mouvements féministes protestent contre le mariage des mineures

Code de la famille

Par Yousra Amrani, LE MATIN , 6/2/2013

Les féministes se mobilisent contre la révision de l’âge minimum de mariage des filles. Appel au maintien de l’âge de mariage à 18 ans au lieu de 16 ans.

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  Selon le mouvement féministe, cette modification représenterait une violation de la Convention des droits de l’enfant qui a été ratifiée par le Maroc.
Le mouvement féminin se mobilise contre la révision de l’âge minimum du mariage à 16 ans. Mardi dernier, la Coalition Printemps féministe et celle du Printemps de la dignité ont tenu une conférence de presse à Rabat pour appeler à l’annulation immédiate de la proposition de modification de la loi 03.70 approuvée par la Chambre des conseillers et qui vise à réviser les articles 20, 21 et 22 du Code de la famille dans le but de fixer l’âge minimum du mariage à 16 ans.
Pour ces associations, cette proposition de revoir l’âge de mariage vient en contradiction avec toutes les lois nationales qui reconnaissent l’âge de la majorité à 18 ans. Une telle modification représenterait même «une violation de la Convention des droits de l’enfant qui a été ratifiée par le Maroc et qui engage le Royaume à prendre toutes les mesures législatives et institutionnelles pour mettre en œuvre et protéger les droits de l’enfant», pour reprendre les termes de Fouzia El Assouli, coordinatrice de la Coalition Printemps féministe pour la démocratie et l’égalité.
Il semble que les féministes n’ont pas eu le temps de savourer leur victoire. En effet, lors de la session d’octobre 2012, la Chambre des conseillers avait approuvé la proposition de loi visant la révision des articles 475, 485 et 486 du Code pénal et la suppression du deuxième alinéa de l’article 475 (qui stipule que «le ravisseur ne peut être poursuivi s’il épouse sa victime que sur la plainte des personnes ayant qualité pour demander l’annulation du mariage et ne peut être condamné qu’après que cette annulation du mariage ne soit prononcée».) Cet article a été, rappelons-le, à l’origine de souffrances de plusieurs femmes dont le dernier cas de figure qui a ému tout le Maroc est de celui d’Amina (16 ans) qui s’est donnée la mort suite à son mariage forcé.
La révision de ces textes de loi avait provoqué alors une joie générale chez les féministes qui s’est vite estompée après la présentation de la proposition relative à la baisse de l’âge de mariage à 16 ans. «Si le mouvement féministe s’est félicité de cette modification des lois qui représente à nos yeux une étape importante certes, mais partielle, car elle doit incontestablement être accompagnée d’une refonte globale du Code pénal afin d’assurer la protection des femmes contre toutes les formes de violence, nous nous surprenons aujourd’hui de voir que cette approche de protection des filles mineures présente dans la première proposition de loi, est totalement absente dans la proposition de modification de la loi 03.70 qui vise à ramener l’âge minimum de mariage à 16 ans», renchérit Fouzia Assouli. 
Des propos appuyés par Khadija Rebbah membre de l’Association démocratique des femmes du Maroc qui qualifie cette proposition d’absurde. «Cette proposition de loi peut s’avérer très dangereuse si elle est définitivement adoptée parce qu’elle permettra à tous les tuteurs de recourir à ce texte de loi pour marier leurs filles même âgées de moins de seize ans. Les statistiques indiquent que 12% des mariages conclus actuellement (soit plus de 40 000 cas) sont des mariages de filles de moins de 18 ans même si la législation actuelle stipule que l’âge légal du mariage est de 18 ans.
Alors quel serait le cas si on autorisait à toutes les filles de 16 ans de se marier ?», s’alarme-t-elle. Pour Asmae El Mehdi, coordinatrice de la Coalition Printemps de la dignité, la modification de l’âge de mariage des filles pourra avoir une portée négative sur le projet de société que le Maroc veut édifier. «Si le Maroc opte pour un âge de mariage de 16 ans pour les filles, cela ne reflètera certainement pas l’image de la société démocratique et moderne qu’il veut véhiculer, mais plutôt une société qui marie ses filles très jeunes, les prive d’éducation et les expose à la violence conjugale et au divorce précoce», annonce-t-elle. En attendant donc une réaction du gouvernement, le mouvement féminin promet de ne pas baisser les bras et de multiplier les sorties médiatiques pour sensibiliser le public à cette question on ne peut plus importante. Aussi, et parallèlement à ces actions, les associations ont-elles déjà envoyé des plaidoyers aux présidents des groupes parlementaires, aux parlementaires et au ministre de la Justice pour expliquer les motifs derrière leur refus de cette proposition. Affaire à suivre…


Statistiques du ministère de la Justice

Pour le mouvement féminin, la décision de ramener l’âge minimum du mariage à 16 ans est surprenante, notamment après la publication des statistiques de l’année 2011 par le ministère de la Justice et des libertés. Statistiques qui indiquent que la proportion du mariage des filles de moins de 16 ans représente seulement 6%, tandis que la proportion des mariages de celles âgées de 16 à 18 ans dépasse les 93%.
Repères
  • La modification de l’âge de mariage des filles pourra avoir une portée négative sur le projet de société que le Maroc veut édifier.
  • Le mouvement féminin promet de ne pas baisser les bras et de multiplier les sorties médiatiques pour sensibiliser le public à cette question.



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