- Par demainonline, 12/2/2013
Selon un rapport, les forces de l’ordre ont bien volé et pillé la ville de Beni Bouayach
Selon le quotidien Al Massae, la Commission régionale des droits de l’homme d’Al Hoceima, qui dépend du Conseil national des droits de l’homme (CNDH), a remis au président de ce dernier, Driss El Yazami, un rapport accablant qui prouve que les forces de l’ordre ont volé, cambriolé et pillé les commerces lors des événements de Beni Bouayach et des bourgs environnants de l’année dernière.
Le rapport parle de « dépassements dangereux ». Les forces
de l’ordre, du désordre dans ce cas, auraient tout piqué sur leur
passage, cassant du manifestant mais s’en prenant spécialement aux biens
des commerçants qui étaient étrangers aux manifestations.
Ce comportement n’est pas accidentel. L’année dernière à Chlihat, près de Larache, des commerces avaient été pillés par les policiers, comme on peut le voir dans cette vidéo publiée par Demain. En août de la même année on a vu comment l’activiste pro-démocratie Younès Derraz était cambriolé dans l’avenue Mohamed V de Rabat par un policier dûment identifié, photo du larcin à l’appui.
Quelques jours plus tard, le fondateur de Demain, Ali Lmrabet* était également agressé et cambriolé par trois policiers
en pleine rue, à Tétouan. Les trois policiers qui sont connus et
identifiés n’ont jamais été inquiétés par leur hiérarchie. Même après la
promesse du ministre de la justice, Mustapha Ramid, d’enquêter à ce sujet…
Dans ce pays, l’information ce n’est pas que des policiers marocains
volent ou cambriolent, c’est la coutume ici ; l’information serait que
l’Etat ou sa boutique droithommiste, le CNDH, mettent de l’ordre dans
cette écrurie d’Augias. Et c’est pas demain la veille que cela arrivera.
URL courte: http://www.demainonline.com/?p=25247
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Par Ali Lmrabet, demainonline
*Comment j’ai été agressé, cambriolé et privé de ma CIN par des policiers marocains
Opinion. Je vous le disais (hier), avec cette histoire
d’ivrogne et de police qui refuse de venir constater une agression chez
moi, des choses bizarres me tombent dessus depuis quelques mois sans
que, jusqu’à aujourd’hui, je ne comprenne le sens.
reportage.Ces précisions peuvent paraître futiles, mais elles sont im
Des décisions incompréhensibles de l’administration, dont je
raconterai plus tard les détails, puis, aujourd’hui, une agression
caractérisée par trois membres de la police en civil qui m’ont non
seulement frappé gratuitement et jeté par terre (quel courage ! Se
mettre à trois pour agresser une seule personne) mais ils m’ont
cambriolé emportant 200 DH (moins de 20 euros) et ma carte d’identité
nationale.
Que s’est-il passé ? Vers 1H30 du matin, je suis sorti pour faire ma
promenade habituelle. A un moment, je me suis arrêté près du marché
central de Tétouan, à quelques mètres de chez moi, devant l’étalage d’un
vendeur ambulant de fruits. Je voulais acheter des pommes.
Je n’étais pas « sekrane » (ivre). Manque de pot pour ceux qui
manient ces ficelles, on est en plein mois de Ramadan ; et puis je ne
bois pas (demandez au patron de la DST, Abdellatif Hammouchi, qui a
l’habitude de fouiller dans mes poubelles). Je n’étais pas non plus
accompagné d’une pute ou d’un petit garçon. Je n’étais pas en train de
cambrioler ou d’agresser quiconque. J’étais seul et j’achetais des
pommes. C’est tout. J’ai oublié de préciser que je ne manifestais pas
dans la rue, l’heure tardive ne s’y prêtait pas vraiment et je n’étais
pas en train de faire un
portantes
pour couper court à toute postérieure justification de ces voyous qui se
cachent derrière l’uniforme de la police.
Pour une raison dont je ne suis pas en mesure d’en expliquer les
contours, trois policiers qui cassaient violemment les étals des
vendeurs ambulants se sont approchés et sans crier gare se sont balancés
sur moi. Insultes, coups de poing au ventre, prise d’étranglement etc….
Avec les habituels « din mouk », « din bouk », « zamel » (pédé), « on
va t’éclater la gueule », etc.
Sur la centaine de personnes présente, je suis le seul à avoir été cogné…
J’ai crié : « mais pourquoi vous me frappez ? ». En guise de réponse
un policier m’a fait un coup de ciseaux qui m’a fait tomber par terre.
Puis il a introduit sa main dans les poches de mon pantalon et les a
vidées. Il a pris un petit trousseau de clefs, mon portable, ma CIN et
un billet de 200 DH, de l’argent que je prends sur moi au cas où.
Pas content pour le maigre magot, le policier qui m’a fait le coup de
ciseaux a violemment jeté le portable qui a rebondi sur mes parties
génitales puis s’est débarrassé des clefs. Mais il a gardé ma CIN et
surtout les 200 DH.
Alors que j’étais par terre, un autre policier a essayé de me frapper
au visage, puis il m’a traîné plus loin et m’a plaqué au mur. Comme ces
flics voyous vivent constamment dans le marigot, je ne peux reproduire
le nombre d’insultes qu’ils ont déversé sur moi.
A la fin, sûrement rassasiés, les trois membres des « forces de l’ordre » sont partis. Comme si de rien n’était.
L’agression et le cambriolage ont été vus par des dizaines de
personnes. Et toute cette scène a eu lieu devant leur officier, un
monsieur bedonnant et en uniforme blanc. Je l’ai alors interpellé :
« Vous avez tout vu et vous n’êtes pas intervenu. Pourquoi et pour
quelle raison vos hommes m’ont agressé ». J’ai répété quatre ou cinq
fois la même question. Sa réponse : « Tu cherches des problèmes toi ».
« Mais vous devez faire un PV de police pour expliquer cette
agression, vous auriez dû m’arrêter », lui ai-je lancé. Rien. L’officier
est monté dans une voiture de service de la police portant
l’immatriculation 181873, et il est parti.
J’ai cherché mes courageux agresseurs parmi la foule. Je les ai vite
repérés. Je me suis dirigé vers le flic voleur qui m’a piqué ma CIN et
mes 200 DH. J’ai exigé qu’il me les rende. Il a fait un geste avec la
main comme s’il voulait m’abattre, son copain est venu me voir et m’a
lancé d’autres « din mouk », m’a menacé de mort, m’a traité encore de
« pédé » et m’a conseillé d’aller « voir Benkirane pour récupérer ta
CIN ».
J’ai alors commencé à hurler. Si j’avais commis un délit, la police
devait m’arrêter sur le champ et faire un PV d’audition, leur ai-je
lancé. Comme j’insistais, les trois policiers accompagnés d’autres
collègues sont partis pressant le pas vers le cinéma Monumental. Je les
ai suivis pour mémoriser leurs visages.
Puis, j’ai pris un taxi et je me suis rendu à la préfecture de police pour déposer plainte.
Je passe des péripéties pour que la police accepte de faire un procès
verbal d’un citoyen accusant d’autres policiers d’agression et de vol.
Le plus rigolo c’est la question pressante du préfet de police, arrivé
sur les lieux, qui m’a demandé avec insistance si je n’avais pas perdu
ma CIN et mes 200 DH « en tombant ». Je lui ai répondu que cela aurait
été possible si son policier n’avait pas introduit auparavant sa main
dans ma poche.
Finalement, le préfet a consenti à faire un PV. Une décision apparemment difficile.
Mais, durant mon audition l’inspecteur chargé de prendre mes
déclarations s’est levé à plusieurs reprises, fâché par la crudité de
mes propos (il fallait bien reproduire que ses collègues m’ont traité de
« zamel », ont insulté ma défunte mère et mon vieux père avec des mots
orduriers), ou parce que je n’étais pas d’accord avec l’interprétation
qu’il donnait à mes propos.
Cet inspecteur a bien essayé de trouver des contradictions dans ma
version, mais il a vite déchanté. Il n’y en avait pas. C’est pas aux
vieux singes qu’on va apprendre à faire la grimace.
Et ce n’était pas fini. A la fin de mon audition, l’imprimante du
commissariat a refusé d’imprimer le procès verbal. Deux officiers de
police ont dû s’y prendre à plusieurs reprises, et durant longtemps,
avant que, miraculeusement, le texte ne soit finalement imprimé. Une
vieille ficelle policière pour permettre à des personnes occultées
derrière d’autres bureaux du commissariat de relire tranquillement le
texte avant la signature de la victime.
Pour preuve, avant que l’imprimante ne se mette à fonctionner,
l’inspecteur-auditeur qui avait quitté les lieux est revenu pour
rajouter une phrase : je ne vois aucun signe de violence, a-t-il écrit.
Voulez-vous que je me déshabille pour que vous puissiez constater les
coups ? lui ai-je demandé. Réponse : non.
A la fin, ultime contrariété, alors que la loi l’y oblige, le
policier n’a pas voulu me donner le numéro de la plainte. L’inspecteur
en charge de la permanence étant parti. « Revenez plus tard », m’a-t-il
conseillé. J’ai répondu : « Faites ce que vous voulez avec ce PV.
D’ailleurs tout cela c’est du cinéma ». Et je suis parti.
Maintenant, les policiers de Charki Draiss, digne héritier de Driss
Basri (pourtant je n’ai jamais été agressé du temps de Basri) peuvent
dire ce qu’ils veulent, trouver toutes les justifications possibles et
imaginables, mais du moment qu’ils ont refusé de m’embarquer quand ils
m’ont agressé, et de faire un PV de police par la suite, ils se sont
privés de toute justification postérieure. Certes, ils peuvent nier ou
chercher des témoins « providentiels » qui diront ce qu’ils leur
voudront qu’ils disent, mais ces trois flics voyous en civil et leur
complice de chef en uniforme sont dans la merde.
Si j’avais commis un crime ou un délit ou si je les avais insultés,
si j’avais refusé de présenter une pièce d’identité pour m’identifier
lors d’un contrôle d’identité, un « motif » d’arrestation comme ils
disent dans le jargon policier, ils m’auraient embarqué et leur
agression aurait été en partie justifiée. Mais je n’ai commis aucun
impair, aucun délit et je connais trop cette racaille corrompue, pour la
voir à l’oeuvre chaque jour dans mon pays, pour être sur mes gardes
tout le temps.
Je sais, nous savons que ces trois policiers voyous et leur chef ne
vont pas être punis ou même admonestés. Le préfet et ses supérieurs vont
trouver la bonne solution, la « hila », pour dédouaner leurs hommes. Je
ne me fais aucune illusion à ce sujet. Mais cette histoire démontre
qu’avec ou sans nouvelle constitution, qu’avec ou sans gouvernement
« issu », zaâma !, des urnes, ce pays est resté le même. Une dictature
couronnée. Des citoyens peuvent se faire arrêter, violenter, et
maintenant cambrioler, en toute impunité, par ceux-là même qui ont la
charge de lutter contre le crime.
Et qu’on ne me dise pas que les forces de l’ordre ne cambriolent pas.
Nous savons tous comment les habitants de Laâyoune, Dakhla, Smara, Taza
et Beni Bouayach ont été volés, cambriolés et massacrés par les forces
de l’ordre lors des récents troubles dans ces régions.
Dans les prochains jours, on va voir comment dans ce pays, où existe
un ministère de la « justice et des libertés », la justice va traiter
cette affaire.
Hier, un baltagi ivrogne, bouteille de vin en main (en plein mois de Ramadan !),
a attaqué ma maison vers 1h00 du matin. En dépit de mes plaintes
réitérées auprès de la préfecture de police, aucun élément des forces de
l’ordre n’a daigné se présenter chez moi.
Coïncidence ?
URL courte: http://www.demainonline.com/?p=20034
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