Pourquoi, quand on est arabe et musulman(e), et dès lors que l’on défend la liberté pour tout un chacun de décider de sa vie et de penser de manière autonome, est-on forcément accuser d’être asservi aux normes dites « occidentales » ? Ne sommes-nous pas assez grands et grandes pour réfléchir de façon autonome ? Ne sommes-nous pas assez matures et responsables pour savoir critiquer nos propres sociétés et déconstruire leurs dualismes ? Ne sommes-nous pas assez conscients et alarmés de la schizophrénie à laquelle nous ne manquerons pas de condamner notre jeunesse tant que nous ne lui aurons pas donné les outils critiques pour se penser et se panser ?
Une pensée plurielle vitale
Il me tarde de voir enfin acceptée comme une part entière de nous-mêmes et de nos sociétés arabes et musulmanes, et non pas comme une part importée d’ailleurs ou exogène donc répulsive, cette pensée plurielle, qu’elle soit progressiste, laïque, démocratique… C’est insulter la jeunesse et l’esprit arabes que de les estimer incapables de produire leurs propres chemins de libération, lesquels chemins passent aussi bien par la mise à distance de la raison religieuse comme source unique de la pensée politique, sociale, économique, que par le rejet d’un champ politique sclérosé et inadapté, ou encore par l’aspiration à plus de justice et d’égalité.
Refuser cette capacité de subversion qui est en marche dans le monde arabe aujourd’hui, la reléguer au rang d’un « mimétisme occidental » comme savent si bien le faire certains islamistes pour mieux la disqualifier, c’est montrer bien peu de confiance en soi. Ceux qui déconstruisent aujourd’hui nos sociétés par leurs interrogations, leurs doutes, leurs réflexions, sont bien plus responsables que ceux qui les détruisent par leur cécité. Car les vraies questions qui nous fragilisent ne sont pas celles que l’on ose poser: ce sont celles que l’on n’ose pas. Alors osons !
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