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samedi 18 juillet 2009

Solidarité avec les Ouïghours


L'Association des Ouïghours de France va lancer une deuxième manifestation à Paris à la Place de la République, samedi le 18 juillet 2009 à 12h00. L’ensemble de la communauté ouïghoure à Paris va se réunir, encore une fois, pour montrer leur solidarité avec les ouïghours du monde entier et leurs colères contre les injustices et politique discriminatoire de Pékin. Venez nombreux avec vos proches et vos amis pour soutenir et dire "CHINE: STOP AU MASSACRE DU PEUPLE OUÏGHOUR!".
L'heure : 12h00
Date : Le 18 Juillet 2009
Lieu de rassemblement : Place de la Repbublique (Métro: lignes 3, 5, 8, 9, 11; République)Itinéraire : Place de la République -- > Boulevard Voltaire --> Place de la Nation
Lieu final : Place de la Nation
Association des Ouïghours de France
http://www.ouighour.fr
email :
sos.ouighour@gmail.com


Débat - Le bilan de 10 ans de règne est nul, d'accord, et après ?

L'approche du 10ème anniversaire de l'accession au trône de M6 (30 juillet 1999) appelle naturellement des bilans. Le quotidien français Le Monde consacre une série d'articles à ce bilan. Oublions l'article consternant de l'ex-gauchiste Driss El Yazami, qui est un véritable hymne à la gloire du Palais sur le thème : "Tout Va Bien mais ça pourrait aller encore mieux" pour aller directement à celui d'Aboubakr Jamaï, qui interpelle la gauche de Sa Majesté : "La balle est largement dans le camp de cette élite de gauche qui a pactisé avec Hassan II. Promouvoir les valeurs progressistes ne peut se faire en se cachant dans les jupes d'une monarchie peu respectueuse de l'Etat de droit. Le temps est venu d'un grand débat, en fait de ce que les constitutionnalistes appellent "un moment constitutionnel" : les élites progressistes doivent accepter la souveraineté populaire ; elles ne doivent plus exclure la possibilité (non acquise d'ailleurs) de voir les nouveaux acteurs dits islamistes gagner les élections et accéder aux manettes de l'Etat."
SOLIDMAR ouvre le débat avec deux premières contributions. Envoyez vos contributions à solidmar05@gmail.com

Le bilan institutionnel étant "nul", le temps est venu d'un grand débat
par Aboubakr Jamai, Le Monde, 15/07/2009
Le Royaume du Maroc n'est pas une démocratie. Pour s'en convaincre, il suffit d'en lire la Constitution ou d'en observer les us et coutumes politiques. Deux points de vue sur l'intérêt d'une libéralisation politique dominent. Pour les uns, les Marocains ne sont pas mûrs pour la démocratie : la stabilité et le développement du royaume requièrent une main de fer. C'est le mythe du despotisme éclairé. Et puis il y a ceux qui estiment que la construction d'institutions démocratiques passe par une phase de transition. Au cours de celle-ci, le roi doit mettre une partie de son pouvoir au service d'une libéralisation graduelle et apaisée des institutions. Avec cette deuxième catégorie, on est toujours dans le concept du despote éclairé. Sauf que le souverain, désintéressé et soucieux d'agir pour le bien commun, est censé contribuer activement à la démocratisation du pays. Il existe un consensus tacite, datant des années 1990 : la structure autocratique des institutions est acceptée, mais seulement en contrepartie d'un engagement de la monarchie en faveur d'une ouverture du système - graduelle, certes, mais réelle. C'est dans cet esprit qu'Hassan II a offert à l'opposition socialiste d'intégrer le gouvernement et que celle-ci a accepté. Dix ans après son intronisation, Mohammed VI a-t-il respecté les termes de ces engagements ? Une analyse sérieuse des faits ne permet qu'une seule réponse : non. La modernisation politique du Maroc se mesure à l'aune de deux paramètres : la réforme des institutions et l'élargissement de l'espace public - les acteurs sociaux devenant autonomes et libres de parole. Pour ce qui est des institutions, le bilan de ces dix dernières années est tout simplement nul. Rien n'a été fait pour entamer une réforme constitutionnelle. Pis encore, aux yeux de la monarchie : évoquer la réforme de la Constitution confine au blasphème et expose ses promoteurs à la marginalisation politique et aux foudres des médias aux ordres. Pour ce qui est de l'élargissement de l'espace public, le bilan du "nouveau" règne est au mieux médiocre. Une société civile jugée trop dynamique et autonome a vu son espace vital se réduire. L'arme de la monarchie ? La Fondation Mohammed V. Cette organisation fondée par Hassan II en 1997 a vu sa puissance décuplée par l'organisation annuelle d'une campagne dite de solidarité nationale. Les Marocains sont invités à y faire leurs donations directement, à charge pour cette fondation de redistribuer cette manne aux ONG "méritantes". Inutile d'ajouter que les ONG aux vues un peu trop indépendantes en sont exclues. Même processus dans le monde des affaires, un autre domaine dans lequel le fils a surpassé le père. Le roi est aujourd'hui, à titre privé, le premier banquier, le premier industriel et le premier assureur du pays. Son statut de chef d'Etat, intouchable de par la Constitution, fait réfléchir à deux fois ceux qui seraient tentés de le concurrencer. Tant pis pour la libre entreprise et les effets bénéfiques de la concurrence pour le consommateur. Ce n'est pas tout. Un des phénomènes principaux apparus lors des dernières années du règne d'Hassan II : le processus d'autonomisation du patronat marocain, est aujourd'hui inversé par la mise au pas de sa principale organisation, la Confédération générale des entreprises marocaines. L'agora s'est rétrécie : les Marocains lisent moins de journaux, participent moins aux élections. Faut-il donc tout jeter de ces dix années de règne de Mohammed VI ? Peut-être pas. Il a eu des poussées modernisatrices. Mais, pour chacune de ces initiatives, que d'accès d'autoritarisme ! Les effets bénéfiques de la réforme du statut de la femme, réforme importante, où la sincérité et l'engagement de Mohammed VI ont été au-dessus de tout soupçon, sont sérieusement atténués par un système judiciaire profondément corrompu.

LE SILENCE ET LES COMPROMISSIONS
L'impact du travail de l'Instance équité et réconciliation, censée faire la lumière sur les atteintes aux droits de l'homme durant le règne d'Hassan II, est largement dilué. D'une part par les limites imposées à sa mission - telles que la non-divulgation des rapports d'enquête et l'interdiction de nommer les tortionnaires, encore moins de les poursuivre en justice. Et, d'autre part, par la persistance de la pratique de la torture. Amnesty International et Human Rights Watch ont publié des rapports révélant l'existence d'un centre de torture secret situé à quelques kilomètres du palais royal, à Rabat. Il y a, enfin, la guerre enragée contre la presse indépendante, faite d'interdictions, de répression judiciaire et de boycottage publicitaire. Cet hégémonisme royal commence à sérieusement inquiéter. Comment moderniser le pays et assurer sa stabilité avec des intermédiaires sociaux aussi décrédibilisés et en l'absence de compétences dans l'environnement de la monarchie ? Réponse : il faut que les élites retrouvent leur crédibilité. Qu'elles soient politiques ou économiques, elles doivent abandonner leur attitude passive vis-à-vis de la monarchie, lui signifier ses manquements. Car si la monarchie s'est accaparée autant d'espace, c'est que les élites et les partis politiques le lui ont permis par leur silence et leurs compromissions. Il leur faut aussi cesser d'attendre de la monarchie qu'elle arbitre les débats fondamentaux : agissant d'abord pour préserver sa toute-puissance, elle ne peut pas être désintéressée. La balle est largement dans le camp de cette élite de gauche qui a pactisé avec Hassan II. Promouvoir les valeurs progressistes ne peut se faire en se cachant dans les jupes d'une monarchie peu respectueuse de l'Etat de droit. Le temps est venu d'un grand débat, en fait de ce que les constitutionnalistes appellent "un moment constitutionnel" : les élites progressistes doivent accepter la souveraineté populaire ; elles ne doivent plus exclure la possibilité (non acquise d'ailleurs) de voir les nouveaux acteurs dits islamistes gagner les élections et accéder aux manettes de l'Etat. Les islamistes doivent, eux, s'engager à préserver les libertés politiques, religieuses et culturelles des Marocains. Dans le meilleur des mondes, ce processus bénéficierait du soutien de la monarchie. Espérons que cela reste possible.
Aboubakr Jamai est journaliste, ancien directeur du "Journal hebdomadaire" .


Premières réactions

Saïd Sougty,17/07/2009
Boubker Jamai est une des figures qui ont brillé ses dernières années dans "la presse indépendante" des partis politiques. Ce qui lui a valu son installation aux USA pour garder la liberté de sa plume.

Cette introduction est pour vous exprimer ma déception à la lecture de son texte. Il est totalement décalé dans le temps. De nouveaux éléments d’analyse s’imposent aujourd’hui à tout commentateur de la scène politique marocaine :
Ø le PJD est un mouvement totalement domestiqué, et devient un paramètre pour résoudre les équations du régime. Donc, nous sommes loin de sa conquête du pouvoir,
Ø La création du Parti Authenticité et Modernité n’est pas à négliger. Ce support publicitaire, qui devait amener les citoyens à croire aux institutions en perte de vitesse, s’est vu faire du réchauffé des plats du FDIC. Sa mission a totalement échoué devant le fort taux de boycott.
Ø L'ex-Koutla ne suscite plus d'espoir populaire; elle est réduite à une roue de secours. Pire encore, ses dirigeants transformés en notables sont prêts à tout type d’alliance, pourvu qu’ils restent à leur place. Ses partis, par manque de combativité, produisent, peu ou prou, de militants.
Ø L’'émergence de nouvelles forces politiques qui répondent aux aspirations populaires soient ponctuelles, locales ou nationales, et acquièrent le statut d’un pôle de changement, forçant le respect par leur lutte sans compromissions aucune. Je cite haut et fort les enchômagéEs, les étudiants de base, la grande AMDH et tout naturellement la Voie Démocratique, ATTAC, l’Alternative…
Je dirais que le texte de Boubker Jamai ci-dessous manque de toute investigation dont il nous a souvent habitué. Est-ce que le régime gagne des points en obligeant au départ des journalistes (le cas de Ali Lamrabet aussi), ou tout simplement c’est une réponse d'un fils désobéissant répondant à Khalid JAMAI qu'il n'a rien à attendre de sa lettre adressée à Mohamed VI, car le roi est mouillé jusqu'à l'ONA dans les écueils formulés ??
Said Sougty

Au Maroc
Par Belmaïzi, 17/07/2009
Voilà plus de 50 ans que les cris d’alarme retentissent sans interruption. Au moins trois générations ont inscrit valablement leurs griefs vis-à-vis de ce régime qui, sottement, se croit puissant et immuable. La loyauté de la critique et de la contestation constructives sont remarquablement orchestrées, par les véritables voix encadrant les aspirations de la majorité des citoyens. Elles visent, sans détour, l’élaboration d’une société juste, émancipée et démocratique. En somme un État de Droit.

Depuis l’Indépendance, l’idée fondamentale qui surgissait et continue aujourd’hui à s’exposer au refus catégorique et agressif du roi et de son institution (l’entourage des béni oui-oui), est celle qui exige que le monarque règne et ne gouverne pas.

Une revendication logique, moderne et pleine de bon sens. D’ailleurs le roi Mohamed V, à l’aube de la décolonisation allait s’y résoudre s’il n’avait pas été happé par la pesanteur, la pression et les complots de coulisses – (jusqu’à sa mort… : dans le livre de Ignace Dalle « Les Trois Rois », l’auteur signale que Mohamed V, sous pression et las d’être roi, était sur le point de quitter le Maroc en emportant avec lui tout un butin…) – des mafieux à l’appétit dévoreur. Ils ont réussi à semer l’immoralité dans les rapports entre l’Etat et le Citoyen. La Hogra et la répression sont devenues un système de valeur.

La société civile, aujourd’hui plus outillée que jamais, est une force de proposition et de changement pour garantir un pays paisible, géré par une morale politique et une bonne gouvernance. Tout y est, mais le régime, enfoncé dans une lourde surdité, continue dans sa culture de mépris et de cécité.

Lorsqu’un pouvoir n’écoute pas les forces vives de la nation et qu’il ne fournit aucun effort pour canaliser les énergies en vue de la construction d’un véritable État de Droit. Et lorsque la gouvernance est gangrenée par la corruption de tout genre, par l’empire de l’impunité, par l’arbitraire de la féodalité (on a vu l’exemple de la terreur semée à Khénifra par la famille royale), par la violence répressive, gratuite et superbement inutile (Ifni et sa population martyre), par les bastonnades des manifestants paisibles (force de proposition) , par les emprisonnements à tout bout de champ… et pour n’importe quelle franchissement de lignes rouges… Lorsque les citoyens n’ont plus le goût de participer à la mascarade des élections, blasés qu’ils sont par la dérive et la perversion des cupides et des opportunistes…

Bref lorsque toutes les portes du futur sont fermées et que les horizons s’avèrent sombres et sans espoir, on peut commencer honnêtement à dire tout haut que ce pays n’appartient qu’à une certaine élite bornée qui va le précipiter dans les abîmes abyssaux.

Et du coup, ouvrir le débat sur un questionnement juste et dialectique, s’avère légitime : ce régime et cet État sont-ils fondamentalement légitimes, vu la profondeur du fossé entre une minorité écervelée par le prestige et le pouvoir, et les aspirations légitimes, ancrées dans l’Histoire et la tradition de notre pays ?

On ne peut continuer de tourner indéfiniment autour du pot.


Au Maroc, Mohamed VI règne, gouverne, juge, légifère, … sans opposition!

Par Mounir Bensalah,Des maux à dire, 22/07/2009
J’avais commencé depuis un certain temps à écrire mes impressions à l’occasion du 10 anniversaire de l’intronisation de Mohamed VI, puis j’ai arrêté en me disant que plusieurs analystes auraient fait pareil, et par paresse, je les laisse faire. Entre “nouveaux orientalistes” et réfuzniks, peu d”analyses objectives sur les 10 ans de règne. C’est ainsi quand Larbi a lancé son appel, il m’a implicitement encouragé à participer au “jeu”. Je le remercie de m’avoir poussé à transcrire ce que je pense être un regard, parmi tant d’autres. J’espère être aussi positif, citoyen et responsable J’aurais certainement oublié beaucoup de détails, mais 10 ans, en 10 paragraphes, c’est assez réducteur. J’espère avoir contribué à une lecture objective et constructive. Alors que Malika Ahfiri pense que “ce que l’on constate très nettement est que les dix années de règne du Roi Mohammed VI sont appréciés. Applaudis. Le Roi est aimé au Maroc. Il n’est pas craint. N’est ce pas là l’une des plus rassurantes et belle transition démocratique du Royaume?”, Politis se demande : “Doit-on pour autant prétendre que les dix dernières années sont à passer par pertes et profits pour le Maroc ?”, tandis qu’un fan et “…” d’internet, Baskaoui estime “devant de tel gouvernement les marocains n’ont confiance que dans les décisions sage de SM Mohamed 6 ,car les marocains sont maintenant sûr que ni le gouvernement ni les parties politique ne sont pas encors apte a prendre la responsabilité et que seule les directives royales était là pour corriger les erreurs incessantes du gouvernement et le pousse à penser aux intérêts des marocains non à ses intérêts personnelles.” Laurent, blog casawaves, estime quant à lui qu’ “En conclusion, beaucoup de choses sont à construire, mais l’avenir est ouvert”. Vous aussi, vous pouvez en parler. Essayez.
Beaucoup d’observateurs ont porté un grand espoir sur le règne du Roi Mohamed VI. L’image du Roi jeune, moderne et proche de son peuple a ravivé toutes les espérances. Bien des réalisations notoires ont pu voir le jour, mais ces mêmes observateurs ont omis, ou alors oublié sous l’effet de l’espoir, que le régime est marqué de continuité, la monarchie ne peut être que conservatrice, cherchant la stabilité du pays et la pérennité du règne.

Objectivement, le règne du Roi Mohamed VI a pu faire entrer le Maroc dans une spirale vertueuse de croissance économique, mal répartie par ailleurs, et de réformes. Tout honnête observateur remarquera le changement, en terme d’infrastructures, de comportements, d’attitude de l’administration, de « marges » de liberté, … certes, mais la rupture avec les pratiques du passé n’a pas été consommée. Il est aussi important de signaler les grands défis hérités par le Roi : Dossier du Sahara, islamisme, révolutionnaires reconvertis au makhzen, lobbies économiques et militaires, atmosphère internationale tendue… Plusieurs avancées notoires sont à mettre au compte du nouveau règne : Moudawana, grands chantiers structurant, IER, … mais cela ne s’élève pas à une rupture marquée qui saura porter le Maroc vers une vraie modernité et démocratie.

Sur le registre économique, plusieurs grands chantiers ont vu le jour. Le PIB par habitant a presque doublé depuis 1998, la croissance économique moyenne a dépassé les 4% par an. Certes la croissance est visible, mais la répartition est inéquitable. En bon élève des institutions internationales ( BM, FMI, … ), le Maroc a respecté une orthodoxie exemplaire sur le plan macro-économique, mais n’a pas pu dépasser « l’énigme » de sa croissance ( dixit la banque Mondiale ). De « nouveaux riches » et des « champions nationaux » de l’économie ont vu le jour et ont été les principaux bénéficiaires de la croissance. Malgré les efforts de l’INDH, initiative du souverain censée réduire les inégalités, le pays peine à surpasser le scénario le moins optimiste du « rapport du cinquantenaire » de l’indépendance. Entre « cadeaux » fiscaux, « cadeaux » terriens, protectionnisme tacite et de fait, bulle boursière, les champions nationaux font la pluie et le beau temps de l’économie, et sont souvent alliés à l’entourage du sérail ou de l’empire économique du monarque ONA/SNI/SIGER.

Le secteur social présente le plus grand défi du Maroc. L’analphabétisme bat un taux incomparable dans la région. A ceux qui ont trouvé la fatwa de « Taza est plus proche que Gaza », la banque mondiale a répliqué que l’éducation à Gaza est meilleure, martelant avec un ton humiliant qualifiant le pays de « cancre » de la région arabe ! La situation de la femme a été nettement améliorée grâce à la Moudawana que le souverain a imposé, à raison, à toute la classe politique, après que les progressistes du « plan d’intégration de la femme » ont abdiqué à leur projet devant une démonstration de force des islamistes. Ces derniers profitent de la conjoncture internationale, de l’analphabétisme et de l’enracinement de la religion au sein de la population pour imposer chaque jour des retours en arrière au sein de la société. Les femmes qui ont jadis enlevé le voile « marocain » à l’aube de l’indépendance, signe de modernité, ont importé 40 ans après, des voiles saoudien, égyptien, … voire afghan. Une jeunesse « nayda » ( traduction littérale : debout, en mouvement ) n’a pas pu s’imposer en tant qu’alternative « populaire ». Avec une musique au ton critique, un code vestimentaire libéré, la « nayda » n’a pas fédéré le monde culturel marocain. L’élite d’une autre génération voit en cette nayda un « mouvement de jeunes » qui ne s’élève pas à la « bonne culture ». Largement supportées par des fans jeunes à travers tous le Royaume, les festivités de « nayda » ont été bien assistées par le monde économique, avant que ce dernier se tourne vers des festivals « semi-publics » ( mawazine, Tanjazz, Gnawa Essaouira, spirituel de Fès … ) avec des « associations » bien introduites, dirigées le plus souvent par de grands commis du Makhzen. Le Roi, en 2008, soutient plusieurs groupes de cette mouvance à travers un don et des promesses ( tenues ) de tournage de clips par la télévision marocaine, et par le soutien au « L’boulevard » en 2009, association qui a essentiellement contribué à l’émergence de la nayda. Quant à la libéralisation du Paysage Audiovisuel Marocain, le PAM, elle n’a aboutit finalement qu’à quelques progrès, en laissant émerger quelques émissions radio de talk show et « libre antenne ». Côté télévision, le verrou makhzénien est toujours de mise.

Plusieurs autres défis sociaux de taille sont en jeu. Le mouvement amazigh pose désormais la barre haute. Après son manifeste, la création de l’Institut Royal de la Culture Amazigh, les promesses de la chaîne télévision … le mouvement n’a jamais oublié sa revendication de constitutionnaliser de la langue amazigh. Certains dans ce mouvement poussent vers le radicalisme, notamment dans certains campus universitaires. Ces derniers connaissent maints bouillonnements, dont le dernier s’est terminé par le procès de Zahra, 22 ans, étudiante à Marrakech, et ses camarades. Sidi Ifni, Sefrou, Tilmi, Boulemane, … des régions pauvres vivant dans la grande précarité se sont soulevées sans aucun encadrement politique des forces traditionnelles ( partis, associations, … ) ce qui commence à agacer les autorités. La liberté de la presse est de plus en plus bafouée, soit par de multiples procès, soit par des amendes faramineuses.

La loi tacite du « consensus » stérile bat son plein sur le champs politique. Aujourd’hui, le Roi règne, gouverne, légifère, … sans opposition. Le premier ministre, juste après sa nomination par le Souverain affirme que son « programme gouvernemental est celui des discours royaux ». Encore, un leader du Parti Authenticité et Modernité, PAM, a-t-il déclaré que les « partis politiques marocains se concurrencent dans les élections pour appliquer le programme du Roi ». Ce PAM, constitué autour d’Elhimma, « ami du Roi », vient couronner un long processus où ce dernier avait agi en chasseur de têtes avec une grande base de données, du ministère de l’intérieur qu’il occupait auparavant. Il a recruté à « gauche » comme à « droite » et une année après la formation de son parti, il est classé au sommet des votes !

Le paysage politique Marocain se dirige vers le projet d’assimilation d’une bipolarité : islamistes ( maîtrisés ) et « progressistes » autour du PAM, ce qui convergerait finalement vers le modèle tunisien ou égyptien. La gauche, en perte d’orientation et de projet, n’a plus aucune alternative et est tombée, sous l’effet de sa faiblesse, sous le charme d’une alliance avec le makhzen ou les islamistes. Les réformes constitutionnelles tant attendues depuis le nouveau règne, semblent aujourd’hui loin d’être un horizon visible, malgré l’appel, ou le rappel, à la « monarchie parlementaire » lancé par le 8ème congrès de l’USFP ( principale formation de gauche ), en mal pour ces médiocres résultats aux élections de 2007 et à l’éviction de Youssoufi, partenaire de Feu Hassan II dans l’expérience de l’alternance.


Aujourd’hui, alors que le règne de Mohamed VI perd sa qualité de « nouveau » après dix ans, les choix du souverain semblent être décidés : Renforcer les infrastructures du pays, renforcer les pôles économiques régionaux, œuvrer dans une politique sociale, renforcer l’image moderne du Maroc à l’étranger, … quant à la démocratie, la séparation des pouvoirs, l’équité sociale, … ils sont en seconde priorité.

Colonie de vacances de la jeunesse d'ANNAHJ ADDIMOCRATI du 22 au 31 juillet 2009 à Larache


vendredi 17 juillet 2009

Les victimes de l'arbitraire

Par Ali Fkir,17/07/2009

C'est une tautologie. Le capitalisme a propulsé l'humanité dans l'univers de l'individualisme le plus abject. Dans le subjectivisme le plus aveugle. La seule chose qui intéresse le patron ("l'entrepreneur"), c'est la maximisation du profit. L'humain n'a pas sa place dans les rapports de production.
En ces années de "vache maigre" (selon les dires des patrons) tous les moyens sont bons pour assurer " la rentabilité de leurs entreprises": licenciement abusif des ancienNEs ouvrierEs pour embaucher des nouveaux et nouvelles à salaire réduit de moitié, fermeture illégale pour rouvrir sous une autre dénomination sociale, le SMIG et la CNSS font désormais partie du passé. Dans le monde du travail au Maroc, seule prévaut la loi de la jungle.
Aujourd'hui des centaines de milliers d'ouvrierEs sont jetéEs dans l'enfer du chômage, l'enfer de la misère. CertainEs ont trimé des décennies et à la veille de la retraite, ils (elles) se retrouvent sur le carreau sans pension aucune. Les patrons n'ont jamais versé les cotisations sociales alors qu'elles étaient prélevées sur les salaires.
Et l'Etat? les différentes administrations qui devraient veiller à l'application du code de travail n'ont fait dans la pratique qu'encourager les patrons, véritables charognards, à piétiner plus ce code: silence complice, répression des ouvrierEs, arrestations des syndicalistes récalcitrantEs...N'oublions pas que l'Etat (au Maroc et ailleurs) est au service des plus puissants. C'est une autre tautologie.
Il arrive que des juges (et à contre courant) prennent position pour la justice et pour le droit: pour l'application de la loi en vigueur malgré ses nombreuses tares anti - ouvrière.
Et dans ces cas là, les patrons et avec la complicité d'autres administrations étatiques, bloquent l'exécution des verdicts.
Qui fait la force des ouvrierEs? la conscience, l'organisation syndicale, la solidarité, la maîtrise des aspects juridiques, la maîtrise des tactiques de négociation et surtout la détermination défendre les acquis et à arracher des droits...
Qui fait la force du patron? la complicité de l'Etat, la corruption, son mépris de la loi lorsqu'elle n'est pas de son côté, son inhumanité, son arrogance...
Qui fait la force de l'Etat? la matraque, la prison, l'allergie à la protestation...
Les ouvriers et ouvrières de la société Jacod Bitton (activité industrielle) ont obtenu juridiquement gain de cause (pour licenciement abusif), mais le patron qui a de "longues mains" fait tout pour bloquer l'application. Depuis deux ans (et après des années de trime), c'est la descente aux enfers de la misère: expulséEs de leurs logements pour non paiement de loyer, enfants non scolariséEs, malades non soignéEs, sous alimentéEs...
Des centaines de milliers de travailleurs et de travailleuses marocains vivent cette tragédie.
C'est scandaleux!


CertainEs ovrierEs de Jacob Bitton (militantEs de l'UMT) en sit in le mercredi 15 juillet en face du tribunal (devant la Wilawa de Casablanca). Ils et elles ne réclament que leur dû.

Arrestation de Mohamed Errahoui

Par Sadik Larach, 17/07/2009
Notre camarade Errahoui se trouve actuellement à la préfecture de police de Casablanca en état d'arrestation après son arrivée à Casablanca ce jour par le vol de la RAM 0561 à 14h20.

L'Algérie refoule des journalistes et des militants des droits de l'homme marocains et le Maroc ne réagit pas


Vendredi, 17 /07/2009

Des Marocains sont maltraités en Algérie, soit des frontaliers, soit des pseudo-clandestins(?), des journalistes et des militants de droits de l'homme interdits de séjour dans ce pays. Pourquoi le Maroc ne réagit pas en arrêtant avec l'hypocrisie de la fraternité arabo-machin? Un pouvoir aussi immoral qu' est le pouvoir à Alger, des frontières fermées pour soi-disant asphyxier économiquement le Maroc, etc... Sans y ajouter que la presse monochrome de ce pays en retard dans beaucoup de domaines, passe son temps à insulter les Marocains, sans y ajouter encore la diplomatie des valises qui consiste à engraisser tout ceux qui détestent les Marocains. Les derniers refoulements d'un journaliste et d'un militant de droits de l'homme venant assister à une manifestation en faveur des victimes du terrorisme, viennent confirmer que ce régime cultive la haine de tout ce qui est marocain. Je pense que le gouvernement marocain doit arrêter cette hypocrisie qui consiste à garder des relations avec ce pays tout en étant en désaccord sur tout. Il faut tout mettre sur la table et clarifier la relation entre le Maroc et l'Algérie. Pour l'instant, c'est la haine qui prévaut et il vaut mieux commencer par arrêter toute relation diplomatique,économique ou culturelle avec ce pays ou plutôt avec ce pouvoir de vieux attardés-mentaux. Au moins les Marocains comprendront que rien ne va entre le Maroc et l'Algérie.

ALGERIE : Forum atelier interdit et refoulement de M. Errahoui


Le Collectif des Familles de Disparus en Algérie (CFDA), SOS Disparus, la Fédération Euroméditérranéenne contre les Disparitions Forcées (FEMED), Djazaïrouna et Somoud ont pris l’initiative du forum-atelier « La mémoire des victimes pour la reconstruction d’une société ». Cet événement devait se tenir ce jeudi 16 juillet à Bachdjarah (wilaya d’Alger) mais il a été interdit.

Le forum-atelier devait débuter à 9 h à la maison des syndicats à Bachdjarah. Pas moins de 70 personnes étaient attendues. Dans tout le quartier de la Glacière un impressionnant dispositif de policiers, brigades anti-émeute et agents civils, totalement disproportionné par rapport à la teneur de l’évènement prévu, interdisait tout accès à la salle. Nombres de personnes tentant de se rendre à la salle ont été sommées de présenter leurs papiers d’identité. Le chef de la sûreté de Daïra a informé les organisateurs que le wali d’Alger avait ordonné, semble t-il, l’interdiction de la réunion. Toutefois, aucune notification écrite de cette interdiction n’a été présentée aux organisateurs.

Après maintes négociations pour accéder à la salle et après avoir pu informer un maximum de personnes de la situation, les organisateurs ont rapidement mis en œuvre le nécessaire pour transférer la réunion dans les locaux de Sos Disparus dans des conditions difficiles. La rencontre, rassemblant une cinquantaine de personnes a pu débuter à 11 h mais les mauvaises surprises n’étaient pas terminées.

En effet, les organisateurs avaient invité Mohammed Errahoui, disparu pendant plus décennie au Maroc, afin qu’il intervienne sur son expérience en termes de mémoire. Ce militant des droits de l’homme et auteur du livre-témoignage « Mouroirs » a été refoulé à son arrivée à Alger le 16 juillet 2009 à 11h56. Cette décision n’a ni été motivée ni expliquée. Malgré tous les contacts activés, M. Errahoui est actuellement en zone de douane, les autorités algériennes lui ayant indiqué qu’il passerait la nuit sur place. Toujours selon ces informations, il serait renvoyé demain vers le Maroc et arriverait en début d’après-midi à Casablanca. L'assistance a été outrée et choquée de la façon dont le défenseur marocain des droits de l’Homme est retenu à l’aéroport. Joint par téléphone, Mohammed Errahoui s’est dit touché par cette démonstration de solidarité.
Pour plus d’informations : 00 33 6 67 33 60 12 (FEMED)00 213 774 55 1882 (CFDA)

El Watan, 17 juillet 2009, "Mémoire et réparation : un séminaire interdit à Alger", disponible en ligne : http://www.elwatan.com/Memoire-et-reparation-Un-seminaire
El Watan, 17 juillet 2009, "Les dénis de mémoire encouragent la répétition des crimes", disponible en ligne : http://www.elwatan..com/Les-denis-de-memoire-encouragent
El Watan, 17 juillet 2009, "Mohamed Errahoui : ancien détenu politique marocain", disponible en ligne : http://www.elwatan.com/Nous-attendons-toujours-la-verite
-- Fédération euroméditérannéenne contre les disparitions forcées (FEMED)

En finir avec le prêt-à-penser laïcard : la gauche et l’islam

par Gilad Atzmon, 14/7/2009. Traduit par Fausto Giudice et commenté par IAY, Tlaxcala
Original : Thinking out of the Secular Box: The Left and Islam

«La religion est le soupir de la créature opprimée, l'âme d'un monde sans cœur, comme elle est l'esprit de conditions sociales d'où l'esprit est exclu. Elle est l'opium du peuple. »
Karl Marx (1843)


Avant d'aborder le traitement illusoire par les progressistes et les gens de gauche des religions, et en particulier de l’Islam et de la Palestine, j’aimerais vous faire partager une sale blague raciste. Attention : féministes s’abstenir…


Une militante usaméricaine, qui avait visité Afghanistan à la fin des années 1990 avait été anéantie de constater que les femmes y marchaient derrière leur mari, quatre mètres de distance. Elle ne tarda pas à apprendre de son interprète local que cela était dû à certaines règles religieux qui stipulaient que c’était là la manière de faire preuve de respect envers le « chef de famille ».


Une fois rentrée en Usamérique, cette militante révoltée lança campagne sur campagne en défense des droits des femmes afghanes. Or, il se trouve que cette même militante dévouée a de nouveau visité Kaboul le mois dernier. Cette fois-ci, elle a eu la surprise de constater que la réalité avait entièrement changé. Désormais, les femmes marchaient devant leur mari, à huit mètres de distance ! Notre militante fit immédiatement un rapport à son QG, en Usamérique : « La révolution pour les droits des femmes bat son plein ici, en Afghanistan! Alors qu’avant, c’était les hommes qui marchaient devant, aujourd’hui, ce sont les femmes qui ouvrent la marche ! » Son interprète afghan, ayant eu vent de son rapport, prit la militante à part en aparté et il lui fit comprendre qu’elle se plantait complètement : « Les femmes marchent devant...», lui expliqua-t-il, « … à cause des mines… »


Aussi tragique que cela puisse paraître à certains, nous ne sommes pas aussi libres que nous pouvons le penser. Nous ne sommes pas exactement les auteurs de la plupart de nos pensées et de nos prises de conscience. Nos conditions humaines nous sont imposées ; nous sommes le produit de notre culture, de notre langue, de notre endoctrinement idéologique et, dans bien des cas, nous sommes les victimes de notre paresse intellectuelle. Comme la militante usaméricaine semi-fictionnelle évoquée plus haut, nous sommes, dans la plupart des cas, prisonniers de nos idées préconçues, et cela nous empêche de voir les choses pour ce qu’elles sont réellement. Partant, nous avons tendance à interpréter (et en général à dénaturer) des cultures éloignées de la nôtre en employant notre propre système de valeurs et notre propre code éthique.


Cette tendance a de graves conséquences. Pour quelque raison, « nous » (les Occidentaux), nous avons tendance à croire que « notre » supériorité technologique, alliée à nos « Lumières » chéries nous équipent d’un « système éthique absolutiste, rationnel, laïcard et anthropocentrique », dont la position morale serait insurpassable.


La gauche progressiste


En Occident, nous pouvons détecter deux composantes idéologiques qui se font concurrence pour conquérir nos cœurs et nos esprits ; toutes deux affirment savoir ce qui est « faux » et ce qui est « vrai », ce qui est « bien » et ce qui est « mal ». Le libéral aura tendance à insister sur le dithyrambe de la liberté individuelle et de l’égalité civique ; l’homme de gauche aura tendance, quant à lui, à être persuadé qu’il détient un outil « social scientifique » qui lui permet d’identifier qui est « progressiste » et qui est « réactionnaire ».


Les choses étant ce qu’elles sont, ce sont ces deux préceptes modernistes laïcards qui jouent pour nous le rôle de gardiens de la vertu politico-morale occidentale. Mais en réalité, ce qu’ils ont réussi à faire, c’est exactement le contraire. Chaque idéologie, à sa manière particulière, nous a entraînés dans un état d’aveuglement moral. De ces deux discours soi-disant « humanistes » le premier (celui des libéraux) a préparé consciencieusement le terrain à des criminelles guerres interventionnistes et coloniales et le second (celui de la gauche) a été incapable de s’y opposer, du fait qu’il recourait à des idéologies erronées et à des arguments aberrants.


Tant les libéraux que les gens de gauche, sous leurs formes occidentales apparemment banales, suggèrent que le laïcisme est la réponse souveraine aux malheurs du monde. Sans aucun doute, le laïcisme occidental peut effectivement être un remède pour un certain malaise social occidental. Toutefois, les idéologies occidentales, libérale et de gauche, dans la plupart des cas, sont incapables de comprendre que le laïcisme est, en lui-même, un avatar naturel de la culture chrétienne, c’est-à-dire un produit direct de la tradition chrétienne, qui se caractérise par son ouverture vis-à-vis d’une existence indépendante en tant que citoyen. En Occident, la sphère spirituelle et la sphère sociale et citoyenne sont très largement distinctes [1]. C’est cette division même qui a permis l’ascension du laïcisme et du discours rationnel. C’est cette distinction même qui a conduit, aussi, à la naissance d’un système laïque de valeurs éthiques, dans l’esprit des Lumières et du modernisme.


Mais c’est cette séparation elle-même qui a conduit au développement de certaines formes frustes de laïcisme fondamentaliste, qui ont mûri pour se transformer en grossières visions du monde antireligieuses qui ont conduit l’Occident à ignorer totalement un milliard d’êtres humains au simple motif qu’ils portent le mauvais foulard ou qu’ils se trouvent croire en quelque chose que nous ne pouvons pas comprendre.


Progressiste contre régressif


À la différence du christianisme, l’Islam et le judaïsme sont des systèmes de croyance à orientation tribale. Plus qu’à un « individualisme éclairé », c’est à la survie de la famille étendue que ces deux systèmes de croyance sont essentiellement intéressés. Les Talibans, considérés par la plupart des Occidentaux comme le nec plus ultra de l’obscurantisme politique, ne se sentent tout simplement pas concernés par les questions ayant trait aux libertés individuelles ou aux droits de la personne. C’est la sécurité de la tribu, alliée au maintien des valeurs familiales, à la lumière du Coran qui en constitue le noyau. Le judaïsme rabbinique n’est en cela pas différent. Sa mission fondamentale est de protéger la tribu juive en perpétuant le judaïsme en tant que « mode de vie ».


Tant en Islam que dans le judaïsme, il n’y a pratiquement aucune séparation entre le spirituel et le civil. Les deux religions sont des systèmes qui apportent des réponses exhaustives en termes de problématiques spirituelles, civiles, culturelles et quotidiennes. Les Lumières juives (Hakalah) furent dans une grande mesure un processus d’assimilation juive au travers de la sécularisation et de l’émancipation, ainsi que de la diffusion de formes modernes très variées d’identités juives, au nombre desquelles figure le sionisme. Pourtant, les valeurs d’universalisme, propres aux Lumières, n’ont jamais été intégrées au corpus de l’orthodoxie juive. Comme dans le cas du judaïsme rabbinique, qui est totalement étranger à l’esprit des Lumières, l’Islam est très largement étranger à ces valeurs eurocentriques que sont le modernisme et la rationalité. Ne serait-ce qu’en raison de l’interprétation qu’ils font des Écritures (l’herméneutique), tant l’Islam que le judaïsme sont, de fait, beaucoup plus proches de l’état d’esprit postmoderne [2].


Ni l’idéologie de gauche, ni le libéralisme ne pratiquent le moindre dialogue intellectuel ou politique avec ces deux religions. C’est là une réalité désastreuse, car la plus grave menace qui pèse aujourd’hui sur la paix mondiale est celle du conflit israélo-arabe, un conflit qui est en train de devenir à grande vitesse une guerre entre un État juif expansionniste et une résistance islamique. Néanmoins, tant l’idéologie libérale que l’idéologie de gauche sont dépourvues des moyens théoriques indispensables qui leur permettraient de comprendre les subtilités inhérentes à l’Islam et au judaïsme.


Le libéral rejettera l’Islam comme sinistre, en particulier en raison de son approche des droits de l’homme et des droits des femmes. La gauche tombera dans le piège consistant à dénoncer la religion, de manière générale, comme « réactionnaire ». Sans doute sans en avoir conscience, tant les libéraux que les gens de gauche succombent ainsi à un argument manifestement suprématiste. L’Islam et le judaïsme étant plus que simplement deux religions, et étant donné qu’ils véhiculent un « mode de vie » et qu’ils jouent le rôle de réponse totalement exhaustive à des questions relatives à l’être-au-monde, les libéraux et la gauche occidentaux encourent le danger d’ignorer totalement un large secteur de l’humanité [3].

Récemment, j’ai été amené à accuser un homme authentiquement de gauche, qui est également un bon militant, d’islamophobie, parce qu’il avait accusé le Hamas d’être « réactionnaire ».


Ce militant, qui est manifestement un authentique sympathisant de la résistance palestinienne, se défendit prestement en affirmant que ce n’était pas seulement l’ « islamisme » qu’il n’aimait pas, mais qu’en réalité, il haïssait tout autant le christianisme et le judaïsme. Pour quelque raison, il était certain que le fait de haïr également toutes les religions était le bon moyen de gagner son certificat d’humanisme. Par conséquent, le fait qu’un islamophobe soit aussi un judéophobe et un christianophobe n’est pas nécessairement une preuve d’engagement humaniste. J’ai continué à défier cet excellent homme ; il a alors argué du fait que c’était en réalité l’islamisme (comprendre : l’Islam politique) qu’il désapprouvait. Je l’ai à nouveau défié, attirant son attention sur le fait que dans l’Islam, il n’existe pas de réelle séparation entre le spirituel et le politique.


D’ailleurs, la notion d’Islam politique (islamisme) pourrait fort bien être une lecture occidentale délibérément trompeuse de l’Islam. J’ai fait observer que l’Islam politique, et même la mise en pratique, rare, du « jihad armé », ne sont rien d’autre que l’Islam agissant. Malheureusement, ce fut, plus ou moins, ce qui mit un terme à notre discussion.


Ce militant pro-palestinien a sans doute trouvé trop difficile d’admettre l’unité du corps et de l’âme, propre à l’Islam. La gauche, de manière générale, est condamnée à échouer, en cela, tant qu’elle ne progressera pas, en écoutant, dans sa compréhension du lien organique, propre à l’Islam, entre le monde « matériel » et le fameux « opium du peuple ». Or, le fait de franchir ce pas représente, pour un homme de gauche, rien de moins qu’un saut intellectuel majeur. Un tel saut intellectuel a été suggéré, il y a peu, par le marxiste jordanien indépendant Hisham Bustani, lequel a déclaré :


« La gauche européenne doit procéder à une évaluation critique très sérieuse de son attitude « nous en savons plus que les autres », ainsi que de la manière dont elle a tendance à considérer comme idéologiquement et politiquement inférieures les forces populaires des pays du Sud ».


La Palestine


La solidarité avec la Palestine est une excellente occasion d’examiner la gravité de la situation. On constate qu’en dépit du traitement meurtrier que les Israéliens infligent aux Palestiniens, la solidarité avec les Palestiniens n’a toujours pas acquis l’ampleur d’un mouvement de masse. Elle risque fort de ne jamais réussir à acquérir cette ampleur. Étant donné l’échec de l’Occident à soutenir les droits des opprimés, les Palestiniens semblent avoir retenu la leçon : ils ont démocratiquement élu un parti islamique qui leur avait promis de résister. Fait significatif, il y eut extrêmement peu de gens de gauche pour soutenir le peuple palestinien dans son choix démocratique.


Dans les dispositions actuelles, qui sont celles d’une solidarité politiquement conditionnée, nous sommes en train de perdre des militants à chaque tournant de cette route cahoteuse. En voici les raisons :


1) Le mouvement palestinien de libération est fondamentalement un mouvement de libération nationale : cette prise de conscience nous fait perdre tous les gens de gauche tenants du cosmopolitisme, c’est-à-dire tous ceux qui rejettent le nationalisme;


2) En raison de l’ascension politique du Hamas, la Résistance palestinienne est désormais perçue comme une résistance islamique : là, nous perdons les laïcistes et les athées rabiques, qui vomissent la religion, ce qui les envoie valdinguer dans la catégorie des PEP (Progressistes, Excepté en ce qui concerne la Palestine) [4] ;


De fait, les PEP se divisent en deux groupes :


Les PEP-1: ce sont ceux qui, tout en étant contre le Hamas au motif qu’il serait « réactionnaire », l’approuvent néanmoins, en raison de ses succès opérationnels, comme mouvement de Résistance. Fondamentalement, ces militants attendent des Palestiniens qu’ils changent d’opinion et qu’ils redeviennent des adeptes d’une société laïque. Mais ils sont prêts à soutenir les Palestiniens, en tant que peuple opprimé, à certaines conditions.


Les PEP-2 : ce sont ceux qui sont contre le Hamas au motif qu’il s’agirait d’un mouvement « réactionnaire », et qui, de surcroît, rejettent même ses succès opérationnels. Ceux-là attendent la révolution mondiale. Ils préfèrent laisser les Palestiniens cuire dans leur jus, pour le moment, comme si Gaza était une station balnéaire.


Avec l’évaporation rapide de ces forces de la solidarité, nous nous retrouvons avec un mouvement miniature de solidarité avec les Palestiniens, doté d’un pouvoir intellectuel (occidental) pitoyablement limité, et encore moins capable d’une quelconque efficacité au niveau de la base. Cette situation tragique a été dénoncée, récemment, par Nadine Rosa-Rosso, une marxiste indépendante vivant à Bruxelles. Elle écrit : « L’immense majorité de la gauche, communistes compris, est d’accord pour soutenir la population de Gaza contre l’agression israélienne, mais refuse d’en soutenir les expressions politiques, notamment le Hamas, en Palestine, et le Hezbollah, au Liban. » (sic, NdT)


Cela amène Nadine Rosa-Rosso à se demander « pourquoi la gauche et l’extrême-gauche mobilisent-elles aussi peu de gens ? Et, disons-le carrément, soyons clairs : la gauche et l’extrême-gauche sont-elles encore capables de mobiliser, sur ces questions ? »


Quel sera le prochain épisode ?


« Si le soutien qu’apporte la gauche aux droits de l’homme en Palestine est conditionné et dépendant de la dénonciation, par les Palestiniens, de leur religion et de leurs croyances idéologiques, de leur héritage culturel et de leurs traditions sociales, et de l’adoption, par les mêmes Palestiniens, d’une nouvelle gamme de croyances, de valeurs allogènes et de comportements sociaux convenant à ce que la culture de ladite gauche considère acceptable, cela signifie que le monde est en train de dénier aux Palestiniens un des droits humains les plus fondamentaux, à savoir le droit de penser et de vivre à l’intérieur du code éthique de leur choix. »
Nahida Izzat


Le discours actuel de solidarité avec les Palestiniens de la gauche est futile : il abandonne lui-même son sujet, il ne réalise rien du tout et semble n’aller nulle part. Si nous voulons aider les Palestiniens, les Irakiens et les autres millions de victimes de l’impérialisme occidental, nous devons vraiment nous arrêter une seconde, prendre une profonde respiration et tout recommencer de zéro.


Nous devons apprendre à écouter : au lieu d’imposer nos convictions aux autres, nous devons apprendre à écouter ce en quoi les autres croient.


Serons-nous capables de suivre les conseils de Bustani et de Rosa-Rosso, et réviser totalement notre notion de l’Islam, de ses racines spirituelles, de sa non-séparation de la sphère civile et de la sphère spirituelle, de sa vision de lui-même en tant que « façon de vivre » ? La question de savoir si nous en sommes capables, ou non, est une très bonne question.


Une autre option consisterait à reconsidérer notre aveuglement et à aborder les questions humanistes dans une perspective humaniste (en opposition à politique). Plutôt que de nous aimer nous-mêmes par le biais de la souffrance d’autrui, ce qui est la forme ultime de l’égoïsme, nous ferions mieux, pour la première fois, de mettre en pratique la notion de réelle empathie, en nous mettant à la place de l’autre, tout en reconnaissant que ne nous serons sans doute jamais à même de comprendre totalement cet autre-là.


Au lieu de nous aimer nous-mêmes à travers les Palestiniens, et à leurs dépens, nous devons accepter les Palestiniens pour qui ils sont, et les soutenir pour qui ils sont, sans égard pour nos propres opinions ou nos propres machins. C’est là la seule forme réelle de solidarité possible : elle vise à une conformité éthique plutôt qu’idéologique. Elle remet l’humanité en son centre. Elle réfléchit à la profonde compréhension qu’avait Marx de la religion en tant que « soupir poussé par les opprimés ». Si nous prétendons avoir de la compassion pour les gens, nous devons apprendre à les aimer pour ce ils sont, plutôt que pour ce que nous attendons qu’ils soient.


Notes

[1] Cela a à voir avec un héritage du Bas-Empire romain et des premiers développements du christianisme en tant que concept expansionniste visant à s’étendre lui-même à des cultures et à des civilisations lointaines.


[2] On peut argumenter que le programme essentiel des tentatives postmodernes est celui de déstabiliser les fondements de la connaissance et de l’éthique modernes en remettant en cause la possibilité qu’elles soient applicables universellement aujourd’hui. Comme l’a exprimé éloquemment Muqtedar Khan, le postmoderniste cherche à privilégier l’ « ici et maintenant » par rapport au global. Tant la philosophie postmoderne que la théologie, dit Khan, « rejettent l’affirmation moderniste de l’infaillibilité de la raison ». Comme les postmodernistes, l’Islam et le judaïsme sont sceptiques à l’égard de la souveraineté de la raison et du discours rationaliste.


[3] La suggestion marxiste bizarre et très commune selon laquelle « un tas de gens, hors de chez nous » sont, de fait, « réactionnaires » du fait qu’ils sont religieux implique la présupposition nécessaire que le marxiste lui-même est confortablement installé dans une supériorité morale absolue. Ce postulat est tout à fait erroné, pour deux raisons évidentes :


- Prétendre en savoir plus que les autres, sur la base d’une affiliation idéologique ou politique n’est rien d’autre que du suprématisme en action ;


- La prétention de posséder la supériorité morale de niveau X ne saurait être scientifiquement vérifiée, sauf à avoir été validée par une autre supériorité morale, encore plus élevée, de niveau X’. Pour pouvoir affirmer que sa position est « d’un niveau moral supérieur », un marxiste devrait poursuivre sa logique et affirmer détenir la position morale encore supérieure X’. Pour vérifier X’, il devra passer à un X’ supérieur, et ainsi de suite… Nous somme confrontés, ici, à la recherche sans fin de la validation d’une signification éthique. Un tel modèle de pensée devrait nous aider à comprendre la raison pour laquelle le marxisme occidental a réussi à se détacher totalement de la réalité éthique et de la pensée éthique, et a beaucoup de mal à aborder les questions relatives à l’égalité authentique.


Le problème – évident – que pose la mise en pratique par le marxisme de la dichotomie « progressistes contre réactionnaires » tient au fait que les marxistes affirment commodément se situer dans le camp des progressistes, et qu’ils affirment, tout aussi commodément, que l’ «adversaire » se trouve parmi les réactionnaires. C’est à l’évidence légèrement suspect, voire douteux, c’est le moins qu’on puisse dire.


[4] C’est Phil Weiss, sur son inestimable blog MondoWeiss, qui a récemment inventé cette définition politiquement utile : PEP = Progressiste, Excepté en ce qui concerne la Palestine.


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Commentaire


Je voudrais faire ce commentaire, avec tout le respect que je dois à Gilad Atzmon pour son engagement contre le sionisme.

En fait, je trouve « trop rapide » et « fausse » son analyse quand il dit :

"À la différence du christianisme, l’Islam et le judaïsme sont des systèmes de croyance à orientation tribale. Plus qu’à un « individualisme éclairé », c’est à la survie de la famille étendue que ces deux systèmes de croyance sont essentiellement intéressés. Les Talibans, considérés par la plupart des Occidentaux comme le nec plus ultra de l’obscurantisme politique, ne se sentent tout simplement pas concernés par les questions ayant trait aux libertés individuelles ou aux droits de la personne. C’est la sécurité de la tribu, alliée au maintien des valeurs familiales, à la lumière du Coran qui en constitue le noyau. Le judaïsme rabbinique n’est en cela pas différent. Sa mission fondamentale est de protéger la tribu juive en perpétuant le judaïsme en tant que « mode de vie »."


Depuis le premier jour l’islam a cassé l’allégeance « aveugle » à la tribu. Il a d’abord placé l’être humain devant sa responsabilité individuelle et son devoir personnel de mener son combat pour « s’élever » et pour atteindre les « lumières » (le djihâd contre soi). Il a rendu l’être humain responsable individuellement comme le lieutenant du Dieu/Allah « khalifah » sur la terre, et a placé cette responsabilité au centre de la foi et de la « mission divine » confiée à l’être humain.


L’islam a développé ensuite la notion de la « Oummah » qui dépasse toute appartenance tribale, mais où il ne s’agit nullement d’y faire allégeance comme si c’était une tribu, mais bien au contraire, de veiller, au prix de sa propre vie, à ce que cette Oummah soit toujours respectueuses du droit et de la justice.


C’est cette paire « Individu, Oummah » qui va ensemble et jamais l’un sans l’autre. D’ailleurs le Coran a aussi développé un concept d’un « individu-oummah » dans l’exemple d’Ibrâhim (paix sur lui), où toute une « Oummah » pourrait être égarée et c’est un seul individu qui jouera le rôle de toute une oummah par sa rectitude.


Je ne vais pas citer ici les versets ou les paroles du Prophète. Mais je trouve dommage que l’exemple cité par Gilad Atzmon pour apporter des arguments à sa thèse soit celui des Talibans, comme s’ils étaient les représentants officiels de l’islam.


C’est d’autant plus regrettable que beaucoup de gens respectent M. Atzmon et acceptent ce qu’il dit sans y apporter nécessairement un regard critique.

IAY

Surexploitation des ouvrierEs agricoles de Chtouka Aït Bah


Par Ali Fkir, 17/07/2009

- Halte aux pratiques moyenâgeuses
- Halte à la violence dont sont victimes les travailleurs et travailleuses de Chtouka Aït Baha: 70 milles personnes
- Halte aux harcèlements sexuels dont sont victimes les ouvrières agricoles
-Dénonçons la guerre menée par le patronat, avec la complicité de l'Etat, contre le mouvement syndical
- Dénonçons la répression qui s'abat sur les militantEs syndicalistes
- Dénonçons la ségrégation salariale dont sont victimes les ouvrierEs agricoles.

Exemple: le SMAG(salaire minimum agricole garanti) est aux environs de 50 dh la journée, alors que l'ouvrierE agricole trime plus de 10 heures la journée de travail ; le SMIG (salaire minimum interprofessionnel garanti) est supérieur à 10 dh l'heure: plus de 80 dh la journée de travail .

C'est scandaleux!
Solidarisons - nous avec ces damnéEs/persécutéEs et qui ne sont autres que les producteurs et productrices de richesse. Par sa nature le capitalisme est inhumain, le capitalisme agraire constitue sa face la plus hideuse.

Le militant Mohamed Errahoui refoulé d'Algérie

Par Saddik Larach,16/07/2009


Mohamed Errahoui, membre du FMVJ et ex-disparu de Kalat Meggouna et Agdz pendant plus de neuf ans a été invité par le CFDA (Coordination Française pour le Droit d'Asile) et le FEMED (Fédération Euro-méditerranéenne contre les Disparitions forcées) à prendre part à un atelier sur la mémoire.

Arrivé à Alger par le vol 940 de Casablanca vers 11h55 de ce matin ( 16 juillet 2009), les autorités de l'aéroport lui ont signifié qu'il est interdit d'accès au pays .
Il se trouve dans la zone douanière de l'aéroport d'Alger pour être refoulé demain par le prochain vol sur Casablanca.

Son portable est 212 664636494
Contact en Algérie : Mlle Virginie joignable sur le 0033667336012


Natacha Estemirova, martyre des droits humains

Natacha Estemirova a été enlevée à la sortie de son domicile, à Grozny, en Tchétchénie, mercredi matin 15 juillet à 8h 30. Son corps sans vie, criblé de balles, a été retrouvé à 16h 30, dans une forêt près de Nazran, dans l'Ingouchie voisine.
Natacha avait été l'une des principales informatrices d'Anna Politkovskaïa. Après l'assassinat de la journaliste de Novaïa Gazeta, en octobre 2006, elle était devenue la première récipiendaire du prix Anna-Politkovskaïa, en 2007. Elle avait également reçu un prix du Parlement européen et avait été proposée pour le prix Sakharov. Elle avait été désignée pour participer à un conseil des droits de l’homme en Tchétchénie, mais elle avait été écartée par Kadyrov, parce qu’elle refusait de porter le voile conformément à la charia instaurée en Tchétchénie. Elle enquêtait sur plusieurs affaires louches, dont le meurtre d’une dizaine de jeunes filles, victimes de crimes dits d’honneur, la disparition d’un étudiant expulsé d’Egypte, le meurtre la semaine dernière d’un présumé indépendantiste ainsi que les incendies de maisons de parents de rebelles.

Le Centre russe pour défense des droits humains “Mémorial” a publié dans la soirée du 15 juillet une déclaration urgente sur l'assassinat de Natalya Estemirova :

“Aujourd'hui ils ont tué notre amie et collègue, une personne qui nous était proche. Pendant presque dix ans Natacha a été une militante importante de "Mémorial" dans le Nord-Caucase, surtout en Tchétchénie. Non seulement elle recueillait des informations sur les violations des droits humains, mais elle était une défenseure des droits humains avec une majuscule, un paladin du peuple.

Les habitants de la Tchétchénie ont été victimes de bombardements, d'"épurations", d'enlèvements, de violences: Natacha cherchait à les aider tous. Elle demandait l'impossible aux autorités : qu'elles mettent fin à l'illégalité et à l'injustice. Parfois elle avait des succès : la conviction d'être sur la voie juste et la foi dans le droit lui donnaient de la force. Ce travail a rendu Natacha célèbre dans toute la Tchétchénie, les gens s'adressaient à elle dans l'espoir d'être défendus, même si les injustices n'étaient pas un mystère.

Natacha a été menacée plus d'une fois par des fonctionnaires de tout rang, mais il lui était impossible d'imaginer pouvoir travailler loin de sa patrie, la Tchétchénie.

En particulier, d'après une déclaration du président du Conseil du Centre "Mémorial", Oleg Orlov : [...] Ramzan Kadyrov avait déjà menacé Natacha, il l'avait insultée, il la considérait comme une ennemie personnelle. Nous ne savons pas si c'est lui-même qui a donné l'ordre de l'assassiner ou si ce sont ses plus proches collaborateurs qui l'ont fait, pour plaire à leurs supérieurs[...]”.

“Nous savons que les derniers rapports de Natacha sur de nouveaux enlèvements, des exécutions extrajudiciares, d'exécutions publiques près d'un village tchétchène avaient suscité l'indignation dans le cercle dirigeant tchétchène. Le soi-disant commissaire aux droits humains en Tchétchénie Nurdi Nouchajiev en avait parlé avec la direction de notre antenne de Grozny. Il avait dit qu'il ne voulait pas qu'il arrive quelque chose car il en aurait rejeté la faute sur les défenseurs des droits humains.

Nous avons couru le risque, qui s'est avéré inutile. Nous sommes profondément coupables.

Nous les désignerons tous par leurs noms. En Russie la terreur d'État continue. Nous avons connaissance d'assassinats en Tchétchénie et hors de Tchétchénie. On tue ceux qui tentent de dire la vérité, de critiquer le gouvernement. Ramzan Kadyrov a rendu impossible le travail des militants des droits humains dans la république. Ceux qui ont tué Natacha Estemirova voulaient interrompre le flux d'informations précises provenant de Tchétchénie. Peut-être y ont-ils réussi.”



Source : Правозащитный Центр "Мемориал" об убийстве Натальи Эстемировой

Article original publié le 15/7/2009

Traduit par Fausto Giudice,Tlaxcala


jeudi 16 juillet 2009

Manifestation de solidarité avec les 6 prisonniers politiques (Affaire Belliraj) وقفة تضامنية مع المعتقلين السياسيين الستة يوم 9 يوليوز 2009

وقفة تضامنية مع المعتقلين السياسيين الستة يوم 9 يوليوز 2009نظمتها اللجنة الوطنية للتضامن مع المعتقلين السياسيين الستة بالتنسيق مع تنسيقية عائلات المعتقلين السياسيين الستة ومشاركة هيئات حقوقية وسياسية ونقابية.
Manifestation de solidarité avec les six prisonniers politiques de l'affaire Belliraj, actuellement jugés à Salé, le 9 Juillet 2009, organisée par le Comité national de solidarité avec les six prisonniers politiques, regroupant la coordination des familles des six prisonniers politiques et six organisations des droits de l'homme, politiques et syndicales.



رسالة مفتوحة من خالد الجامعي إلى الملك محمد السادس Lettre ouverte au Roi

2009/07/11,Khalid Jamai خالد الجامعي


لقد طفح الكيل. . وبلغ السيل الزبا. . ولم يبق في قوس الصبر منزع

سيدي،

تُطارد كلماتنا.

تُصلب جملنا.

يحاولون تقييد أفكارنا بالأغلال من خطوط حمراء.

تُسَفَّه كتاباتنا.

تُلاحق جرائدنا، أسبوعياتنا ومجلاتنا.

عدد منا عرف السجن وحتى بعض أشكال التعذيب.

كلنا أصبحنا تقريبا "سجناء" افي سراح مؤقت.

وهذا منذ سنوات.

نُتهم بأننا عدميون وأنه ليست لدينا إلا نظرة وخطاب سلبيين حول ما يجري في بلد يزعمون أنه "أجمل بلد في العالم".

ننعت كطابور خامس يزرع اليأس وسط الشعب ويحبطه.

سيدي،

محاكمات تتعاقب بسرعة غير مسبوقة

لم تشهد المملكة قط نظيرا لها

محاكمات هزلية، سخيفة، جعلت المغرب عرضة لسخرية الأمم.

"محاكمة الحجرة المقدسة"، "محاكمة العمارية المقدسة" "محاكمة المدونين"، فؤاد مرتضى وحسن برهون الذين تعبأ من أجلهم آلاف من مستعملي الانترنت من مختلف مناطق العالم.

"محاكمات بدعوى المس بالاحترام الواجب لشخصكم" والتي تعطي الانطباع بأن المواطنين المغاربة لا يولون أدنى احترام لكم وللعائلة الملكية.

والعكس هو الصحيح.

أضف إلى ذلك المؤامرة التي دبرها الهمة على "لوجورنال إيبدومادير" (قضية الرسوم الكاريكاتورية للنبي) وتوظيف كلود مونيك* في محاكمة أخرى ضد نفس الأسبوعية.

محاكمات أدارها بعض القضاة مفرطين في الحماس، رغبة منهم في أن يكونوا ملكيين أكثر من الملك.

محاكمات يقف أمامها المرء مذهولا.

محاكمات لا تتوفر فيها الشروط التي يجب أن تتوفر في المحاكمة العادلة.

محاكمات أجبرتم فيها، أنتم بأنفسكم، على التدخل، أكثر من مرة، مستعملين فيها حقكم في العفو لتجنيب هذا البلد سخرية أكبر.

سيدي،

عدد من الجرائد والأسبوعيات لم تنشر البارحة افتتاحياتها، تاركة البياض يعم المكان المخصص لها.

وهذا يذكرنا، للأسف، بفترات سوداء من تاريخنا.

ولم تصل هذه الجرائد والأسبوعيات إلى هذا الموقف إلا مجبرة.

إنها صرخة إنذار.

سيدي،

خلال السنوات الأخيرة، لجأ مضطهدونا، مستأصلو الصحافة المستقلة، إلى توظيف العدالة، مخترعين سلاحا جديدا:

سلاح الغرامات التي انطلقت من 50 مليون سنتيم مع الدعوى القضائية التي رفعها وزير الشؤون الخارجية السابق ضد "لوجورنال إيبدومادير"، لتتجاوز، اليوم، 500 مليون، دون الحديث عن "تعليمات" مملاة على عالم الأعمال من أجل عدم إعطاء أي إشهار لصحف اعتبرت "سياسيا غير صحيحة"، بل تخريبية، معللة ذلك بتعليمات آتية "من الأعلى".

خصومنا، أعداء أي دمقرطة حقيقية في هذا البلد، يبدو أنهم وقعوا على قرار موتنا، وقد يكونون بصدد تنفيذه.

لكن إعدامنا لن يخفي الحقائق ولن يحل المشاكل التي تعاني منها بلادنا، بل على العكس من ذلك.

هذا الهجوم ضد حرية الصحافة والرأي ليس إلا دليلا إضافيا عن النقص في الديمقراطية التي يعاني منها البلد. بلد لم يعد شعبه يثق في شيء والذي أبان، خلال الانتخابات الأخيرة، عن رفضه لطبقة سياسية حولت المشهد السياسي المغربي إلى "سوق دلالة" مع "شانقيه"و سماسرته ووسطائه.

سيدي،

هذه اليوميات، هذه الأسبوعيات بصحافيها ومسؤوليها، طرقت جميع الأبواب، وتوجهت إلى كل المسؤولين لتصون حقوقها وتضمن حريتها في التعبير و لكن بدون جدوى.

إن المتغنين بالأمس بحرية التعبير هذه، زعماء أحزاب "الكتلة": الاستقلال، الاتحاد الاشتراكي للقوات الشعبية والتقدم والاشتراكية أصبحوا جلاّدي و "توركيمادا" هذه الصحافة ومطاريدها بدون هوادة. ناهيك عن الأمنيين.

سيدي،

أنتم تسودون وتحكمون.

ولقد اخترتم ملكية تنفيذية وصرحتم بذلك علنا.

اليوم، أنتم السلطة، وكالمالك الوحيد لهذه السلطة، نتوجه إليكم من أجل إيقاف هذا الهجوم العسفي وهذا الإضطهاد الذي يلاحق الصحافة المستقلة.

إننا لا نتسول امتيازا، بل نطالب بحق.

أتينا إلى العالم وصرخنا صرختنا الأولى، صرخة لا يمكن لأحد أن يقيدها.

كان الخليفة عمر يقول: "الحرية حق تعلنه ساعة الميلاد".

سيدي،

لسنا سلطة رابعة.

إننا سلطة مضادة.

سلطة مضادة لفضح انحرافات واختلالات حكامة يبدو أنها أخذت منعطفا خطيرا.

مجبرين ومضطرين، تحولنا إلى مؤرخين،وسوسيولوجيين،و سياسيين، واقتصاديين من أجل تحليل ونقد واقع يصبح ، يوما بعد يوم، أكثر إيلاما، أكثر ضررا، محاولين تغطية النواقص وملأ فراغ وهزالة الأحزاب السياسية.

لقد تمكنت أنظمة الحكم، بفضل عمل الصحافة، أن تتحصن ضد أضاليل و أكاذيب بعض مسؤوليها.

سيدي،

لا يمكن أن توجد أي حرية حقيقية للصحافة والرأي الديمقراطية بدون عدالة حرة ومستقلة.

إنها ضمانتنا الوحيدة.

ولكن نحن مضطرون،

اليوم أن نسجل أن هذه العدالة أصبحت في خدمة السلطة التنفيذية والتشريعية، وذالك ما أقر به عدد من المسؤولين، ومن بينهم الوزير الأول، عباس الفاسي، الذي صرح منذ زمن ليس بالطويل : "يجب أن ينصت القضاة إلى ضميرهم وليس إلى هواتفهم النقالة".

إن أولئك الذين يخوضون المعركة ضدنا لا يختلفون عن "الدون كيشوت" وحربه ضد المطاحن العاملة بالرياح لأنهم لا يفقهون شيئا في التاريخ و تحولاته.

وهكذا ينسون أننا في حضارة جديدة، حضارة تعدد فيها وسائط الإتصال، الانترنت، الهاتف النقال ، الحاسوب: أدوات لا يمكن أن تلجم والتي مكنت الملايين من متابعة، تقريبا "بالمباشر"، أحداث إيران والهندوراس كاشفة، في نفس الوقت، عن أعمال القمع والتزوير والاستغلال التي تقوم بها الأنظمة في هذه البلدان.

في المغرب كذلك،إن أحد المواطنين هو الذي أتى بالدليل القاطع على القمع الوحشي التي تعرض له سكان سيدي إفني، مفندا تصريحات عباس الفاسي وشكيب بنموسى وذالك بالبث على موقع "يوتوب" تسجيلا حيا يفضح، بالصورة و الصوت، هذا القمع الوحشي .

كما إن قناصة "سيدي إفني" "وتارغيست"، هم الذين أتوا بالحجة الدامغة عن ارتشاء بعض رجال الدرك والشرطة.

وهكذا، عرف المغرب، على غرار دول أخرى، وبفضل الهاتف النقال، ذي آلة تصويره المصغرة، والانترنت بزوغ "المواطن الصحافي".

اليوم، هم عشرات، غدا سيكونون مئات وفي غضون بضع سنوات سيغدون ملايين.

وهكذا أصبحت الدولة وأجهزتها، ومن الآن فصاعدا، تحت حراسة عالية.

وهكذا كذلك قد يتحول كل مقهى انترنت إلى وكالة للأنباء توفر المعلومات بالمباشر وتعري أشكال الاستغلال والقمع التي تحدث في الجهات الأكثر نائية في المملكة..

ومع ذلك سيدي، الصحافة في هذا البلد سند لكم، لأنها غالبا ما تقول ما يُخفى عنكم وما يكتم عليكم.

بدون هذه الصحافة المستقلة ، هل كنتم ستسمعون يوما عن بوشتى البودالي وموته الرهيب، عاريا مقيدا إلى قضبان زنزانته؟

وقد جالت صورته المرعبة العالم.

بدون هذه الصحافة المستقلة ، هل كنتم ستسمعون، يوما، الحديث عن التعذيب المروع الذي ألق بزهرة بودكور، هذه الطالبة البالغة عشرين ربيعا، والتي تُركت عارية لمدة ثلاثة أيام في زنزانة بمفوضية الشرطة جامع الفنا، تنزف دم حيضها ، والتي رفض السماح لها بطبيب لعلاج مرض من أمراض النساء ألم بها نتيجة المعاملة السيئة التي تلقتها؟

بدون هذه الصحافة المستقلة، هل كنتم ستسمعون ،يوما، عن مأساة "أنفكو" الذين أحطتم ساكنتها بعنايتكم؟

بدون هذه الصحافة المستقلة، هل كنتم ستسمعون، يوما، عن حفصة أمحزون التي شوهت وجه مواطنة على مرأى ومسمع من العالم مستغلة روابطها مع العائلة الملكية؟

واللائحة أبعد ما تكون عن الحصر.

سيدي،

يلاحقوننا باسمكم.

وباسمكم يضطهدوننا.

وباسمكم يقاضوننا.

وباسمكم يحكمون علينا.

وباسمكم ينطقون بالأحكام:سنوات سجن، وغرامات مذهلة.

سيدي،

يقول الله تعالى "إن جاءكم فاسق بنبإ فتبينوا أن تصيبوا قوما بجهالة فتصبحوا على ما فعلتم نادمين" سورة الحجرات. فلا ثقة في الذين يوسوسون ضدنا.

وحدكم بإمكانكم أن تضمنوا لهذه الصحافة حقوقها، في انتظار ان تضمنها عدالة مستقلة ، عندما تدخل السياسة قاعة المحكمة تخرج العدلة من هذه القاعة.

سيدي،

إن صحافة كاملة الحرية هي الضمانة الحقيقية لديمقراطية حقة والحصانة المنيعة ضد الخروقات والشطط في ممارسة السلطة وتفاشي الرشوة والحد من اللاعقاب. كما يمكنها أن تكون آلة ناجعة في النمو الإقتصادى.

سيدي

"لقد طفح الكيل. . وبلغ السيل الزبا. . ولم يبق في قوس الصبر منزع"


Mon cher ami Khalid,

Si j’étais le Roi, j’aurais été ébahi par ta lucidité et je t’aurais pris pour mon meilleur Conseiller. Je t’aurais écouté et j’aurais obéi illico à ta lumineuse vision ancrée dans l’Histoire et entre les aisselles perlées de sueur de ceux qui feront le Maroc de demain.

Si j’étais le Roi, je mettrai ta Lettre Ouverte sur un écran géant pour la consulter nuit et jour, m’imprégnant de son souffle éthique qui n’a pour intérêt que la paix, la démocratie, l’émancipation d’un pays appelé à devenir, tôt ou tard, beau et liiiiiiiiiiiiiiiiiiibre !!!

Si j’étais le Roi, à force de lire ta Lettre Ouverte, je me serais rendu compte qu’un homme comme moi ne peut rester indéfiniment otage d’une institution qui l’emprisonne. Je serais allé jusqu’à annoncer par « décret » que le Roi « règne » et « ne gouverne pas ». Sachant d’ailleurs que je ne suis pas issu d’un suffrage universel… Et quand je dis « règne », ce n’est pas que je défends mon trône bec et ongles, à vie (car je sais qu’aucun pourvoir ni dynastie ne sont éternels), mais seulement pour jouer le modérateur, le fédérateur, le garant de la démocratie et de l’Etat de Droit. En somme, je ferai comme mes autres collègues rois et reines des pays du nord.

Si j’étais le Roi, à force de lire ta Lettre Ouverte, j’aurais fait table rase de tout ce système qui m’emprisonne et nous emprisonne tous. J’aurais opté fermement pour un Maroc nouveau où jamais l’on emprisonne les gens pour leurs opinions, ou l’on va cabosser les jeunes diplômés mis au chômage, pour la justice sociale et l’égalité des chances qu’ils revendiquent.

Si j’étais le Roi, j’aurais déserté les encombrantes infos du journal télévisé où l’on ne voit que Moi partout, ubiquité d’un personnage surnaturel. J’aurais dit aux journalistes : assez de mentir et travaillons le pays ensemble et que chacun apporte sa pierre à l’édifice de notre maison. Pourquoi c’est toujours Moi qu’on affuble du ciment et de la pierre que je dois inaugurer ? Je leur dirais aussi : Assez de ces « tables ronde » qui nous aveuglent et n’aboutissent jamais à rien de concret.

Mais comme je ne suis pas le Roi, je t’invite, mon cher Khalid, à manger avec moi des sardines magistralement grillés, accompagné d’un pain croustillant qui vient de sortir du four de notre quartier… Sardines à manger en face de la mer, cet océan qui nous appartient, et que personne ne peut nous le retirer... Quoique…

Nous sommes nés Rois, même devant le braséro qui siffle et nous prévoit un thé chaud et bien monté d’odeur de menthe fraîche qui nous soule d’espoir et d’amour.

Mon cher Khalid,

Comme je ne suis pas le Roi, je me cantonne dans les mains de mes semblables d’infortune que tu cites dans ta Lettre Ouverte, pour résister à leur côté… et je te dis : heureusement que tu es toujours là, au bon moment !!

Cordial,
Belmaïzi

mardi 14 juillet 2009

Pas de vacances pour les Sans Papiers

Par le Collectif des Sans Papiers 93, le 14/07/2009
Pas de vacances pour les Sans Papiers du Collectif 93 !
Le collectif 93 vous invite à les rejoindre pour passer avec eux, et avec elles, la nuit du 15 au 16 juillet (22h30 à 9h) devant la Préfecture de Bobigny. Que vous soyez élu(e)s, militant(e)s associatifs ou simples citoyen(ne)s, venez nombreux marquer votre solidarité à la cause des sans papiers du 93.

Information à diffuser sans modération !

lundi 13 juillet 2009

Almichaâl et AMDH : deuxième audience du procès ce mardi

Par Mustapha Rohane, 13/07/2009

Ce mardi 14 juillet 2009 s’ouvrira la deuxième séance du procès contre Almichaâl » et Mustapha Addari , le responsable de la section de Khénifra de l’AMDH (Association marocaine des droits de l’homme) au tribunal de première instance d’«Ain Sbaa » à Casablanca. Date qui a été fixée par le juge du même tribunal, à la fin de la première audience du 16 juin dernier. Rappelons que le plaignant en ce procès est une association du nom de « défense des intérêts de la famille Amahzoune Mouha Ohamou Zayani » qui a déposé plainte, il y a plus d’un mois, devant le tribunal d’ Ain Sbaa contre le directeur de l’hebdomadaire Almichaâl Driss Chahtane, et Mustapha Addari . Le plaignant demande 100 millions de centimes (cent milles euros) de dommages et intérêts et l’interdiction au directeur d’ « almichaal » d’exercer sa profession de journaliste, suite à l’interview de Mustapha Addari » publiée par Almichaâl dans son numéro 191 paru le 27 novembre 2008, dans un dossier intitulé : « les scandales des tantes du roi ».

La martyre du foulard: l'assassinat de Marwa El Sherbini dans un tribunal allemand déclenche la fureur en Égypte

par Kate Connolly, à Berlin et Jack Shenker au Caire, The Guardian, 7/7/2009
Traduit par Fausto Giudice,
Tlaxcala
Original : The headscarf martyr: murder in German court sparks Egyptian fury
Deutsch: Die Kopftuch-Märtyrerin: Mord in deutschem Gericht verursacht Empörung in Ägypten

• Une femme a été assassinée de 18 coups de couteau en plein tribunal à Dresde
• L’indignation devant la faible couverture médiatique en Allemagne alimente les protestations


L’Égyptienne Marwa El Sherbini et son mari Ali Elvi Okaz. Photograph: EPA Photo: EPA

C’était alors que Marwa El Sherbini témoignait à la barre, rappelant comment le prévenu l’avait insultée parce qu’elle portait le hijab, après qu'elle lui avait demandé de laisser son fils s’asseoir sur une balançoire, l'été dernier, que l’ homme a traversé la salle du tribunal de Dresde et lui a asséné 18 coups de couteau.

Marwa s’est écroulée à terre sous les yeux terrifiés de son fils de 3 ans Mustafa.

Même son mari, Ali Elvi Okaz n’a rien pu faire lorsque le contrôleur de stocks russe de 28 ans poursuivi pour insultes et abus a pris la vie de sa femme enceinte. Alors qu’Okaz se précipitait pour lui porter secours, il a été abattu par un agent de police qui l’avait pris pour l’agresseur. Il est actuellement en soins intensifs dans un hôpital de Dresde.

Alors que l’horrible incident qui a eu lieu le 1er juillet, a reçu peu de publicité en Europe, et qu’en Allemagne on a mis davantage l'accent sur les questions touchant à la sécurité dans les tribunaux que sur les motivations racistes de l'attaque, à 3200 km de là, dans son pays natal, l'Egypte, la pharmacienne de 32 ans a été nommée la «martyre du foulard".


Elle est devenue un symbole national de la persécution pour un nombre croissant de manifestants, qui sont descendus dans la rue pour protester contre ce qu’ils perçoivent comme une croissance de l'islamophobie en Occident. Les funérailles de Sherbini ont eu lieu dans sa ville natale, Alexandrie, le lundi 6 juillet, en présence de milliers de personnes endeuillées et de personnages du gouvernement. Il est prévu de donner son nom à une rue.


Sherbini, une ancienne championne nationale de handball, et Okaz, un ingénieur en génie génétique sur le point de présenter sa thèse de doctorat, vivaient en Allemagne depuis 2003, et d’après ce que l’on sait, ils prévoyaient de retourner en Égypte à la fin de l'année. Ils attendaient un deuxième enfant pour janvier prochain.

Alex W., un chômeur originaire de Perm en Russie, avait été reconnu en novembre dernier coupable d'outrage et d’abus contre Sherbini, pour lui avoir crié «terroriste» et «pute islamiste ", lors de la rencontre dans un parc de Dresde. Il avait été condamné à une amende de 780 € mais avait fait appel du verdict, raison pour laquelle il s’est de nouveau trouvé face à Sherbini au tribunal.

Alors qu’il avait exprimé clairement ses sentiments anti-musulmans, la sécurité n’a pas été renforcée et des questions demeurent quant aux raisons pour lesquelles il a été autorisé à porter un couteau dans la salle d'audience.



Les personnes en colère qui ont suivi les funérailles de Marwa à Alexandrie ont accusé l’Allemagne de racisme, criant des slogans comme «les Allemands sont les ennemis de Dieu" et le Grand Mufti d’Égypte Mohamed Sayyid Tantaoui a demandé à la justice allemande de punir sévèrement Alex W.


"La colère est forte", a déclaré Joseph Mayton, rédacteur du site web d'informations de langue anglaise Bikya Masr. "Jamais depuis que l'Égypte avait remporté la Coupe d’Afrique [de football], les Égyptiens ne s’étaient retrouvés unis sous une bannière commune".

En Allemagne, le gouvernement d'Angela Merkel a été vivement critiqué pour la mollesse de sa réaction au premier assassinat islamophobe dans l’histoire du pays. Les secrétaires généraux du Conseil central des Juifs d’Allemagne et le Conseil central des musulmans, Stephen Kramer et Aiman Mazyek, qui se sont rendus ensemble lundi au chevet du mari de Sherbini qui a fait lundi une visite conjointe à l'Sherbini chevet de son mari, ont parlé des réactions «inexplicablement rares" de la part des médias et des politiciens .

Ils ont dit que même si le caractère raciste du meurtre est hors de question, le débat en Allemagne s’est concentré davantage sur la question de l'absence de sécurité dans la salle d'audience. "Je pense que les faits parlent d'eux-mêmes», a déclaré Kramer.

Le porte-parole adjoint du gouvernement Thomas Steg rejeté la critique, disant qu’on n’en savait pas encore assez sur les détails de l'incident.

"Dans ce cas concret, nous nous sommes retenus de faire une déclaration parce que les circonstances ne sont pas suffisamment claires pour permettre une réponse politique large ", a-t-il dit, ajoutant: «S’il s‘avérait qu’il s’agissait bien d’un acte xénophobe et raciste, [le gouvernement] le condamnerait dans les termes les plus vigoureux possibles ".

Alors que des centaines d'Arabes et de Musulmans manifestaient en Allemagne, et que des observateurs faisaient des comparaisons avec l’affaire des caricatures danoises, des représentants du gouvernement égyptien à Berlin ont déclaré qu'il était important de garder l'incident en perspective.

«C’était un incident criminel, mais cela ne signifie pas qu’on assiste à une persécution populaire des musulmans est en place», a dit Magdi El Sayed, le porte-parole de l'ambassade d'Égypte à Berlin.

Mais comme il s'est produit quelques jours seulement après que Nicolas Sarkozy avait prononcé un important discours de politique générale dénonçant la burqa, de nombreux Égyptiens pensent que la mort de Sherbini s’inscrit dans une tendance plus générale à l'intolérance envers les musulmans en Europe.

L'ambassade d'Allemagne au Caire a cherché à calmer le jeu, en organisant une visite de condoléances de l'ambassadeur à la famille de la victime en publiant une déclaration insistant sur le fait que l'attentat ne reflète pas le sentiment général des Allemands envers les Égyptiens.

Des protestataires ont lancé des appels répétés à manifester devant l'ambassade d'Allemagne au Caire. Le Syndicat des pharmaciens égyptiens a dit qu'il envisage une semaine de boycott des médicaments allemands.

Le frère de la victime, Tarek El Sherbini, hôte d’un talk show populaire, a qualifié l’Allemagne de pays "froid". Des pontes médiatiques, comme Abdel Azeem Hamad, rédacteur en chef du quotidien AshShorouk, ont attribué le désintérêt des médias occidentaux pour cette affaire au racisme, faisant valoir que si Sherbini avait été juive, elle aurait reçu beaucoup plus d'attention.

Les hommes politiques en Egypte cherchent à chevaucher la vague de fond des sentiments populaires. Mais certains commentateurs ont critiqué la réaction à l'assassinat comme une diversion pour le régime impopulaire du président Hosni Mubarak, qui fait face en ce moment actuellement à une vague de grèves et sit-ins.

"La tragédie de Marwa El Sherbini est réelle, comme l’est le racisme anti-arabe, en Europe et ailleurs, mais ... sa mort a été utilisée pour canaliser le ressentiment contre l’Occident, dans le style des caricatures danoises", écrit le célèbre blogueur The Arabist.