A quand une stratégie d’insertion des indigents ?
Par A.Jamali, Al Bayane, 7/07/2009
Incontestablement, la mendicité s’étend, se répand et s’institue comme profession libérale, un secteur informel, en l’absence de mesures adaptées pour l’enrayer et de moyens confirmés pour la combattre. Ce qui fait que nos villes sont envahies de nuées de mendiants de tous âges, dans les rues et les stations de bus, devant les gares, hôtels, banques, boulangeries, sur les parvis des mosquées, les lieux touristiques, etc. Même les souks hebdomadaires en sont inondés. Ils abordent, harcèlent et même insultent quand ils sont insatisfaits. Mais ils peuvent aussi agresser, comme le font ces «essuyeurs de pare-brise» dans les ronds-points…
Au Maroc, on estime le nombre de ces miséreux à plus de deux cents mille personnes. Un nombre peut-être sous-estimé. Mais une enquête réalisée par l’ancien ministère du Développement social, de la famille et de la solidarité et publiée en septembre 2007 - la première du genre -, classe Rabat-Salé-Zemmour-Zaër en tête des régions où la mendicité sévit le plus, avec un pourcentage de 21,8%. Viennent ensuite les Régions du Grand Casablanca (17,8%) et de Chaouia-Ouardigha-Abda Doukkala (6,8%).
Parmi tous les mendiants du pays, 34,6% sont âgés de 40 à 59 ans. Les moins de 18 ans représentent 11,5%.
Les causes, on en convient, sont aussi diverses que nombreuses, allant de la pauvreté au handicap, en passant par la perte des parents, le divorce, une famille nombreuse, etc. Le drame, c’est que de nombreux professionnels du «métier» exploitent nourrissons, enfants, personnes âgées et handicapées moyennant une «prime» quotidienne pouvant aller jusqu’à 500 dirhams par jour. Face au phénomène, les pouvoirs publics, malgré certaines actions limitées, se voient impuissants.
En effet, la loi marocaine considère la mendicité comme un délit passible d’une peine de prison d’un à six mois. Mais le texte afférent, inappliqué qu’il est, reste lettre morte. En 2006-2007, une tentative de le mettre en œuvre, à travers une note conjointe des ministères de la Justice et de l’Intérieur, n’a pas fait long feu. Au niveau de Casablanca, une lutte contre ce fléau a été tentée en 2007, pour une enveloppe de sept millions de dirhams. Des équipes ont été formées comprenant assistantes sociales, Forces auxiliaires et services de police. Les mendiants appréhendées étaient acheminés vers le centre de Tit-Mellil où les possibilités d’intégration étaient examinées avec les concernés, avec la contribution de tout un réseau d’associations. Hélas, c’est la persévérance qui manquait le plus.
Aujourd’hui, les mendiants s’inquiètent le moins du monde en sévissant partout où il y a du monde. On soupçonne même des cartels qui se partagent le territoire et supervisent chacun son groupe, tandis que les autorités sont absentes. L’on se demande donc pourquoi ces démunis disparaissent en un tour de main lors des visites royales.
A ce sujet, il faudrait évoquer l’expérience tunisienne basée principalement sur l’insertion des mendiants dans leur milieu d’origine par la formation et le soutien matériel. Et cela est conforté par une loi à caractère répressif dûment adaptée et appliquée. Comme résultat, le fléau a nettement fléchi à la satisfaction et des citoyens et du tourisme tunisiens.
En ce qui nous concerne, nos villes ont besoin d’un sérieux coup de balai, dans le cadre d’une action institutionnelle, familiale ou socioéconomique qui privilégie avant tout l’insertion des indigents. Car la pauvreté ne justifie pas tout. Mais il faut le vouloir…
Lâche juridiction
Code pénal marocain :
Article 326: «Est puni, de un à six mois de prison, quiconque ayant les moyens de subsistance ou étant en mesure de se les procurer par le travail, ou de toute autre manière licite, se livre habituellement à la mendicité en quelque lieu que ce soit.»
Code pénal tunisien :
Article 171: «Est puni de six mois de prison, celui qui simule des infirmités ou des plaies dans le but d’obtenir l’aumône.
La peine est portée à un an contre :
- Celui qui, dans le même but, use de menaces ou pénètre dans une habitation sans l’autorisation du propriétaire ;
- Celui qui, mendiant, est trouvé porteur d’armes ou d’instruments de nature à procurer les moyens de commettre des vols ;
- Celui qui emploie à la mendicité un enfant âgé de moins de dix-huit ans. La peine sera portée au double si cet emploi se fait sous forme de groupes organisés Note Modifié par la loi n°95-93 du 9 novembre 1995;
- Celui qui mendie, porteur de faux certificats ou de fausses pièces d’identité.»
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