Par La Tribune, 19/12/2009
Aminatou Haidar a triomphé. Après 33 jours d’une grève de la faim particulièrement éprouvante, la militante sahraouie des droits de l’Homme a donc rejoint, dans la soirée de jeudi, son domicile à Laayoune, au Sahara occidental. Selon plusieurs sources, la militante sahraouie a atterri vers minuit à l’aéroport de Laayoune, à bord d’un avion médicalisé qui l’a ramenée de Lanzerote, dans l’archipel des Canaris où elle a observée, trente-trois jours durant, sa grève de
la faim.
Affaiblie, Aminatou Haidar était accompagnée, selon l’agence de presse sahraouie, par son oncle. La veille, la militante était hospitalisée dans l’urgence et sur sa demande, suite à des complications liées à son refus de s’alimenter. Jusqu’à la dernière minute, celle que ses compatriotes qualifient de Ghandi sahraouie a poursuivi sa lutte malgré son hospitalisation.
Cela fait quelques jours, en effet, que les tractations allaient bon train afin d’amener le gouvernement marocain à remettre son passeport à Mme Haidar. Mercredi dernier, le président du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, s’est dit «confiant que la solution va intervenir rapidement». Le responsable espagnol savait apparemment que la solution allait venir de ses voisins français.
Vingt-quatre heures après la déclaration de Zapatero, la présidence française a rendu public un communiqué dans lequel elle indique que le président Nicolas Sarkozy a demandé au Maroc de restituer son passeport à Aminatou Haidar. Le chef de l’Etat français a fait cette demande lorsqu’il a reçu, la veille, le ministre marocain des Affaires étrangères, Mohamed Fassi El Fihri. Nicolas Sarkozy «a exprimé le vœu que le royaume du Maroc puisse, dans sa tradition d’ouverture et de générosité, faire remettre à Mme Aminatou Haidar son passeport marocain à son arrivée sur le territoire du royaume», a précisé le communiqué.
«C’est une grande victoire pour l’humanité et pour les droits humains. La première chose que je ferai sera d’embrasser ma mère et mes enfants», a
déclaré Aminatou Haidar avant de quitter l’hôpital de Lanzerote, selon l’agence sahraouie d’information. «Nous espérons que l’autorisation de retour à Aminatou Haidar présage une conformité à la légalité internationale qui aboutira à la libération du groupe de sept militants emprisonnés à la prison de Salé à Rabat, Degja Lechgar, Eli Salem Tamek, Ibrahim Dahan, Hammadi Nassiri, Yahzih Ettarouzi,Saleh Lebeihi et Rachid Sghair, et la libération de Mohamed
El Hafed Iazza,ainsi que tous les prisonniers politiques sahraouis», a déclaré le président sahraoui, Mohamed Abdelaziz.
Du côté occidental, la secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton, a déclaré dans un communiqué être «contente d’apprendre la décision du gouvernement marocain», rappelant que la militante sahraouie avait reçu le prix Robert Kennedy pour les droits de l’Homme. Mme Clinton a salué un «geste humanitaire» qui «reflète l’esprit véritable et la générosité du gouvernement et du peuple marocains, et qui souligne l’urgence à trouver une solution permanente du conflit au Sahara occidental». De son côté, le chef de la diplomatie espagnole, qui a affirmé hier à Bruxelles que son pays «n’a fait aucune concession» au Maroc, a exprimé sa «satisfaction sur le fait qu’elle [Aminatou Haidar] ait pu rentrer chez elle. Nous sommes contents. Cela a été une longue lutte pour elle». M. Moratinos a rappelé, selon l’AFP, au passage que «l’Espagne a une position très claire concernant la solution pour le Sahara occidental : une solution juste, politique, définitive, acceptable pour toutes les parties et qui permette l’autodétermination du peuple sahraoui».
C’est donc un épisode douloureux de la longue marche des Sahraouis pour leur indépendance qui se termine.