La Voie Démocratique commémore l'automne des martyrs

Par la Voie démocratique, région Europe, Madrid, 5/12/2009

Nous commémorons ce 05 décembre 2009, l’automne des martyrs Au Maroc avec de la détermination et de la fierté d’appartenir à un peuple généreux, et qui a d’ailleurs prolongé cette saison sur une année, une histoire de luttes que nous résume dans

« Face aux tortionnaires » Abraham SERFATY :

« Aujourd’hui, je puis te dire, lecteur mon ami, ce que j’ai subi, non pour moi, mais pour dénoncer ces monstres et avant tout ceux dont le pouvoir est fondé avant toute chose sur la torture et sur le massacre qui ont tué ZEROUAL*, qui ont tué Evelyne, qui ont tué GRINA, qui ont tué Zaidi Brahim, qui tuent de la mort lente et affreuses ces jeunes disparus depuis 7 à 8 ans ; Dieu sait pourquoi mort-vivants de ce complexe de Rabat pour dénoncer ce régime qui a fait mourir Saida MNEBHI et Rahal JBIHA et maintenant Boubker DOURAIDI, c’est enfant de 19 ans, et Mustapha BELHOUARI et Rahal MESKINI. Ce régime responsable de l’assassinat de Mehdi Ben BARKA et de Omar BENJALLOUN, qui a fait exécuter Omar DAHKOUN et ses compagnons et tant d’autres martyrs du peuple marocain. Ce régime baigné du sang des massacres de Casablanca ( 1965 et 1981 ), du Rif (1959- 1984 ). Ce régime agresseur du peuple sahraoui, ce régime fer de lance de l’impérialisme dans la région et fourrier du sionisme dans le monde arabe… »

Chers camarades,

vous l’avez compris, c’est une opposition permanente des masses populaires marocaines à des choix économiques et politiques de pillage du compradore profitant à une poignée de familles, de hauts gradés militaires et des grands propriétaires fonciers.

C’est une lutte de classes héroïque que mène notre peuple pour la dignité et la démocratie contre ses fractions sociales.

L’automne des martyrs au Maroc est un témoignage poignant où s’imbriquent d’un coté le courage inouï de femmes et d’hommes vers une société plus juste, et de l’autre la haine d’un régime où la répression/le crime et la pseudo ouverture sont ses seuls arguments de gouvernance.

Depuis l’indépendance formelle en 1956, le peuple marocain a pu expérimenter la cruauté de l’appareil répressif du pouvoir : Abdellatif Zeroual et Amine TAHANI, morts sous la torture, les 33 morts dans les cachots de Tazmamart avant que les portes du bagne s'ouvrent sur les 28 survivants. On ne peut non plus oublier les massacres des populations portant par leur colère des revendications légitimes telles que l’enseignement public, l’emploi, une vie décente pour toutes les couches défavorisées. C’est un bain de sang que leur a réservé l’armée royale avec des centaines de morts lors des du 23 mars 1965 ,de juin 1981 à Casablanca, et de janvier 1984 à Marrakech et dans tout le Rif, de Nador à Ksar-el-Kébir, , en passant par Al-Hoceima. Hassan II- monarque absolu de l’époque- n’avait qu’un seul qualificatif pour justifier la répression sanglante, c’est de traiter les populations révoltées de voyous (Aoubachs). Déjà, prince héritier, il avait dirigé en janvier 1959 le massacre de la principale tribu rifaine, les Aït Ouriaghel, qui protestait contre les exactions de l’Etat néo-colonial naissant.

Mais à chaque fois qu’il est isolé, le pouvoir recourt à sa deuxième constante qui est la manipulation politique basée sur la récupération de tous les défaitistes imprégnés du révisionnisme ou d’opportunisme, pour neutraliser tout mouvement de contestation. C’est dans ce sens qu’il faut comprendre les ouvertures du régime et l’organisation des élections à travers desquelles le pouvoir cherche, dans la réalité, un répit pour consolider ses structures de domination utilisant en plus de la répression d’autres armes tels que le chauvinisme et la religion.

Cette répression aveugle reste à ce jour impuni. La presse est régulièrement harcelée, la détention politique prend une grande ampleur à Marrakech, Fès, Salé..toute contestation du mouvement populaire est sauvagement réprimée..

Or la création de l’instance équité et réconciliation, était la mauvaise réponse pour mettre fin aux souffrances d’un peuple. Au contraire, elle a échoué sur les trois plans de la vérité, la justice et l’impunité.

Car notre problématique au Maroc, aujourd’hui, reste entière. Comment peut jaillir la vérité sur les violations graves des droits de l’Homme sous un Etat de non-droit ?

1/- Si nous considérons que la justice est un élément clef pour faire la lumière sur tous les crimes impunis, il est indispensable que ;

- les coupables soient identifiés,

- le chef de l’Etat demande le pardon,

- une législation soit promulguée pour protéger la société de telles exactions

- les appareils répressifs soient dissous,

- une culture droit humaniste fasse le fondement du droit,

- toutes les victimes soient réhabilitées et indemnisés,

- une nouvelle constitution incarnant la souveraineté populaire et adaptée aux conventions internationales soit élaborée…

2/- De même, il est primordial, et ça va en pair, de mettre en place une politique de justice économique et sociale autour des producteurs des richesses-ouvriers et paysans- en leur garantissant tous leurs droits pour une vie de dignité.

Il est urgent de faire de la répartition des richesses, des droits au travail, à la santé, à l’enseignement public, au logement… des atouts pour sortir de la misère qui frappe de larges couches populaires dans le pays.

Et c’est pour ses idéaux, que des générations ont lutté pour changer le sort de notre pays, des martyrs sont tombés prônant des valeurs de solidarité, de la paix et de justice., démasquant les manœuvres politiques du pouvoir, rejetant le chauvinisme et appelant à la fraternité entre les peuples.

Sur leurs pas, nous marchons,

Gloire aux martyrs du peuple marocain

A ses criminels impunis, nous disons : « Vous pouvez arracher des roses, mais vous ne pouvez arrêter la poussée du printemps ».