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samedi 29 août 2009

Aïcha Mokhtari ... Elle n'a pas pu être soignée.

Par Tairi, 29/8/2009

Elle n'a pas pu être soignée.
C'est à quelques heures de notre capitale d'un pays voisin, frère, ami où toute une communauté y fait partie intégrante de notre paysage social, démographique, culturel, professionnel, idéologique politique et autres...
Toutes les demandes ont été faites, validées puis mises en attente, refusées, rejetées.
NON, on a dit non, on n'a pas voulu accepter.
On a validé un NON radical.
On a validé un NON d'ingérence à une situation à risque
On a validé une non-assistance à personne en danger …
C'est lamentable, ubuesque, kafkaien ….
A l'heure où la plupart rient, se baignent, sont attablés en terrasse et en famille , çà me révolte et je ne peux l'accepter sans réaction sans interpellation !!
Comment peut-on accepter la souffrance d'un être demandant aide, secours, assistance, soins sans tendre la main sous prétexte de …
Visa
homonymie
bureaucratie
C'est à dessein que je n'en mets pas tous les motifs invoqués.
Pour moi, je n'en vois aucun qui valide une telle situation.
Au départ, je me suis toujours, souvent en tous cas positionnée hors politique, structures syndicales ou toute émergence de diktats structurés.
Pour moi, une seule loi est à mettre en exergue, en émergence je dirai :
la dignité
l'identité
l'intégrité de la personne humaine
et ce quelque soit la couleur, son mode de pensée, de fonctionnement.
C'est la seule loi à reconnaître, celle du respect de l'individu de part et d'autres.
Où sont nos lois internationales ?
Où sont nos réseaux internationaux, si prompts parfois, souvent à se mobiliser ?
Où sont-ils donc passés ??,
Où sont passés nos valeurs de dignité, de liens, de mains tendues.
Une femme a perdu la vie à l'envers de nos foyers, de nos consciences, de nos regards dans des souffrances gratuites et innommables.
J'en appelle à tous ceux qui prônent nos idéologies : comment doit-on le percevoir ?

Pour des manifestations populaires pacifiques contre l’appauvrissement générale de la classe ouvrière

Par Adib Abdessalam, 29/8/2009

La cherté de la vie devient une pratique systématique des pouvoirs publics et cela depuis toujours (voir les événements de 1981- 1984-1990 ainsi que depuis 2005), cet été aussi la classe déshéritée est confrontée à une très grande vague de hausses des prix de tous les produits alimentaires de base malgré la baisse des cours de ces produits dans le marché mondial et malgré l’année pluvieuse. La seule explication logique existante c’est que les capitalistes bourgeois qui ont fait faillite cherchent à récupérer leurs profits sur le dos de la classe ouvrière, et le gouvernement se précipite comme toujours pour les aider.
Il faut être sûr que le gouvernement est responsable de cette cherté de vie soit directement soit indirectement, à savoir qu’elle n’a pas de légitimité populaire, car la plupart des Marocains ont boycotté les élections législatives et communales.
Alors, que faire ?

Il faut lutter contre ces politiques qui enrichissent d’avantage les capitalistes et appauvrissent la classe ouvrière, les manifestations populaires doivent continuer sous la coordination des partis politiques, des centrales syndicales, des organisations des droits humains et des associations civiles. Ces manifestations populaires sont nécessaires pour arrêter l’exploitation et l’appauvrissement, la coordination entre ces différentes instances militantes doit continuer comme au début de la constitution des coordinations contre la cherté de la vie en 2006 et en 2007.
Sefrou, 2007
Ci-dessous des images de lutte des coordinations contre la cherté de la vie quand on avait la volonté de coordonner sans manipulation politique, mais dans une vision de lutte des classes pour défendre les intérêts de la classe ouvrière contre l’exploitation de la classe dominante.
Ci-dessous un lien d’une vidéo sur différents sit-in des Tansikiates :
http://www.dailymotion.com/user/adib16/video/x7v3at_marche-241220069_news

Ahmed Eleuch, nouveau prisonnier personnel du général Ben Ali

Par Khaled Ben M'barek,coordinateur du CENTRE D'INFORMATION ET DE DOCUMENTATION SUR LA TORTURE CIDT-TUNISIE, 27/8/2009
Association de citoyens du monde pour le droit des Tunisiens à ne pas être torturés
Membre du Réseau SOS-Torture de l'OMCT-Genève
Comité d'honneur :
M. Jacques FRANÇOIS
Mgr. Jacques GAILLOT
Dr. Hélène JAFFÉ Besançon,
M. Gilles PERRAULT
M. François DE VARGAS
Président : Jean-Marc MÉTIN

Psychiatre parisien tombé entre les mains des tortionnaires de Tunis, AHMED ELEUCH est le NOUVEAU PRISONNIER PERSONNEL DU GENERAL BEN ALI. C'est donc à présent quasiment certain : Ahmed ELEUCH est voué à purger les 4 ans de prison auxquels l'avait condamné un simulacre de tribunal, bras articulé du pouvoir.
Dr. ELEUCH, psychiatre franco-tunisien en région parisienne depuis deux décennies, était rentré le 31 juillet à Tunis pour rendre visite à ses vieux parents malades. Auparavant, il avait tenté vainement d'obtenir son passeport tunisien. Selon toute vraisemblance, la police politique de l'ambassade l'aurait soumis au chantage classique : s'aligner sur le pouvoir ou rester sans passeport. Il semble même qu'un repenti tunisien l'ait appelé pour l'inciter à faire le voyage sans crainte. Etait-ce un guet-apens ou ce débris de l'opposition a-t-il lui-même été abusé par la police ?... Toujours est-il que Dr. ELEUCH aurait obstinément rejeté cette ignominie, lui qui est resté éloigné de son pays depuis de si longues années, attristé par le sort fait à son peuple, privé de tous ses droits, hormis celui de consommer et d'applaudir.
Médecin et intellectuel connu et respecté dans les milieux de l'immigration et de la diaspora tunisiennes, Dr. ELEUCH avait foi dans un islam ouvert, éclairé et fédérateur, loin de la violence et des soubresauts sanglants, comme certains pays musulmans ont pu en connaître. C'est cet homme-là qui a refusé d'abdiquer sa liberté et de courber l'échine, qui doit aujourd'hui servir d'exemple, si besoin était. Il a osé.
Or, le général de renseignement Zine Ben Ali, qui gouverne la Tunisie depuis 22 ans et qui rempile pour cinq ans en octobre prochain, n'apprécie pas qu'on le contrarie. MARZOUKI, HOSNI, BENSEDRINE, YAHYAOUI OU ABBOU, entre autres, l'ont contrarié. Tous ont été à un moment ou à un autre ses prisonniers personnels. Ils ne sortent de prison qu'après avoir subi ce que ce tortionnaire en chef espère être des séquelles irréversibles. Or, Dr. ELEUCH est un être modeste qui n'a jamais recherché la notoriété. En lui infligeant quatre an de prison ferme, M. Ben Ali semble avoir calculé qu'il se retrouvera en tête à tête avec sa victime, surtout par ces temps difficiles où nombre d'anciens opposants se sont mués en agents zélés de la tortiocratie, avec pour mission de débarrasser le militaire au pouvoir de ses opposants à l'étranger, notamment en France, y compris par de véritables opérations d'intox et de renseignement. L'un de ces agents installé en Suisse a tenté en vain une intox d'envergure auprès du Comité des Nations unies contre la Torture. Mais la « culture de la torture » qui règne à Tunis y est si connue que c'était peine perdue. Par ailleurs, on n'oubliera pas que le général Ben Ali vient de déposer officiellement sa candidature aux élections du 25 octobre, pour exercer le pouvoir jusqu'en 2014 et jusqu'à ce que mort s'ensuive. Il a donc besoin de faire taire toutes les voix discordantes, tant qu'il n'y a pas un prix à payer. Autrement, il peut se montrer pragmatique, voire magnanime.
C'est pour cela que nous appelons toutes les parties capables de lui porter secours, notamment le milieu médical en France, à se mobiliser pour que le franco-tunisien puisse voir ses parents et rallier sa famille et son cabinet médical au plus vite. Cela ne sera certainement pas facile, mais seul, il n'a aucune chance.
__________________________________________________________________________________________> Centre d'information et de documentation sur la Torture (CIDT-TUNISIE).> Association Loi 1901> 5A, rue Emile SCAREMBERG. F25000 Besançon. France - Tél : (33 3) 81 82 23 49 -> Courriel : cidtunisie@free.fr> CCP N° : 6 458 94 X DIJON

vendredi 28 août 2009

Alerte rouge au Maroc : Rotavirus au Palais !


Par Pedro Canales,28/8/2009

L'alerte a été donnée dans les ambassades étrangères à Rabat à cause de l'état critique du roi Mohamed VI. Une information publiée ce matin par le journal espagnol El Imparcial. Voici son contenu :

Le roi du Maroc souffre d'une infection étrangère par rotavirus, selon le Palais royal. La Maison royale marocaine a émis ce jeudi un communiqué dans lequel elle rapporte que Mohamed VI a besoin d'une récupération de cinq jours, pour faire face aux "dérangements digestifs et à la déshydratation" provoqués par "un rotavirus".
Bien que dans le même communiqué le Palais royal affirme que son état de santé "ne suscite aucune inquiétude", les alarmes se sont déchaînés au Maroc et dans les ambassades occidentales à Rabat. "Il n'y a pas de précédents dans lesquels la Maison Royale informe des traitements médicaux qui affectent le Roi, et beaucoup moins dont elle donne des précisions sur l'origine virale de sa maladie", a déclaré à El Imparcal une source politique marocaine. "Si maintenant c'est fait, c'est parce que l'affaire peut être grave et ils veulent préparer l'opinion publique à une annonce postérieure".
"L'infection par rotavirus" a causé une grande surprise dans les milieux scientifiques et médicaux. "Le rotavirus affecte presque exclusivement les bébés. C'est la cause principale de la déshydratation et de la diarrhée. En Espagne des traitements sont ordonnés pour combattre le rotavirus depuis l'âge une année et demie", déclare Alfred Cuadrado à El Imparcial, un pédiatre avec des années d'expérience. "Qu'un adulte présente des symptômes d'infection aigue par rotavirus est exceptionnellement rare. En premier lieu parce que les adultes ont déjà créé le système de défenses immunitaire. Et en deuxième lieu, parce qu'en cas de contamination par ce virus, la symptomatologie est toujours légère".
Le Communiqué de la Maison Royale marocaine n'a fait que tirer les alarmes. "Ce qui est possible c'est que le traitement pour faire face à la diarrhée et une déshydratation ait pu se tromper dans les rythmes ou dans les doses", affirment des milieux scientifiques espagnols. En cas d'un traitement précipité et à cause d'un excès d'injection de sodium, le patient peut subir un oedème cérébral. Les premières impressions qui prévalent dans quelques milieux scientifiques espagnols ce sont que Mohamed VI soit victime des conséquences néfastes d'un traitement incorrect.
"Il est possible que le régime soit en train de préparer l'annonce d'une mesure qui touche au fonctionnement des institutions, et même à la régence même", a déclaré le journaliste marocain Mustapha Hairan à El Imparcial.
Dans les milieux diplomatiques on n'exclut pas la possibilité que le Palais Royal annonce la constitution d'un "conseil royal" qui assume, provisoirement, les fonctions de régence. Le frère du roi, Moulay Rachid, qui n'exerce aucune fonction institutionnelle officielle, pourrait s'occuper de "mener les affaires d'État", en attendant que le prince héritier, Moulay Hassan, le fils de Mohamed VI, arrive à la majorité nécessaire pour la succession. Le cousin du roi, Moulay Hicham, avait déjà proposé la création d'un "Conseil de famille" en suivant l'exemple de l'Arabie Saoudite. Ce serait un organisme capable de maintenir la continuité dynastique et d'éviter le vide de pouvoir qui peut dériver de l'absence prématurée du Roi ou d'une convalescence prolongée.

Traduction :
Diasposa Sahraouie

jeudi 27 août 2009

La gauche est morte, vive la gauche !


Par Mounir Bensalah, 27/8/2009

Vous invitant à lire et signer, si vous en êtes d'accord, le texte suivant :
http://www.gopetition.com/online/29203.html

APPEL A UN RÉVEIL DU PEUPLE DE GAUCHE:
En moins d’une décennie, la Gauche marocaine - et en particulier l’USFP - a perdu la quasi-totalité de son influence au sein de la société. Les taux de participation catastrophiques et les résultats électoraux aux législatives de 2007, puis aux communales de 2009, sont des symptômes qui ne peuvent pas être banalisés. Mais plus grave encore, la majeure partie de la Gauche marocaine, après avoir perdu toute son influence, persiste et signe, jusqu’à en perdre son âme. Compromission, Manque d’ambition collective,Manque de courage politique, Calculs à court terme qui mettent à nu l’absence d’une vision pour l’avenir du Maroc…Force est de le reconnaître. Le Présent de la Gauche Marocaine interroge sur son Futur. Son Avenir, lui, est tributaire de l’engagement de chacun, aujourd’hui.Il ne serait que temps pour nous tous, peuple de la Gauche, Militants, Sympathisants et Electeurs de prendre nos responsabilités.
Signons cet appel pour entamer la discussion, rédiger une plateforme idéologique et politique de gauche. Construisons la force de Gauche de demain. Une Gauche où l’engagement est synonyme de Clarté, d’Ambition et de Courage.Et surtout, organisons-nous vite, car malgré et contre tout scepticisme, le Maroc peut changer. Il faudrait seulement, que nous soyons un peu plus nombreux à le vouloir vraiment.

Les chiffres de la rentrée scolaire





Quelques jours seulement nous séparent d'une rentrée scolaire qui aura lieu sous le signe de l'urgence. Celle de donner un nouveau tempo aux réformes contenues dans la charte de l'éducation, sous impulsion royale. En tout cas, le gouvernement ne s'est pas fait prier pour anticiper sur ce grand chantier avec des engagements chiffrés. Pas plus tard que mercredi dernier, le Premier ministre a présidé une réunion de la commission ministérielle de coordination des interventions au sujet de l'école.

Au cours de cette rencontre, Ahmed Akhchichine, ministre de l'Education nationale, a présenté un exposé assez révélateur des orientations à mettre en œuvre. Au-delà du débat souvent vague sur la qualité, l'école marocaine a surtout besoin de combler un déficit en moyens, devenu structurel. D'ailleurs, le bon sens ne voudrait-il pas que la qualité, terme cher aux ministres qui se sont relayés à l'Education, soit la résultante de moyens pédagogiques suffisants et non le contraire ? Justement, le ministre a insisté, par exemple, sur l'importance du transport scolaire qui sera renforcé et qui représente un facteur non négligeable pour garantir l'égalité des chances en matière d'accès à la scolarité. Le montant des bourses scolaires qui seront distribuées s'élèvera à 92,8 millions de DH et bénéficiera à 50.000 familles (90.000 élèves). Quant à l'initiative royale d'un million de cartables, elle profitera pour cette rentrée à pas moins de 3,7 millions d'élèves. L'autre bonne nouvelle pour les écoliers et leurs familles a cette fois-ci trait aux cantines scolaires et internats. Akchichine a fait savoir, à ce propos, que la bourse scolaire trimestrielle sera portée de 700 à 1260 DH, tandis que les cantines seront ouvertes durant 180 jours. Et comme les arbres aux racines profon des sont ceux qui montent haut, la charte de l'enseignement autant que sa nouvelle turbine qu'est le plan d'urgence ont mis l'accent sur le préscolaire et le primaire.Outre l'élargissement de l'offre pédagogique dans le primaire et le secondaire, le préscolaire bénéficiera d'un plan de mise à niveau au profit de 24.000 éducateurs et éducatrices en plus de la construction de plus de 230 classes dans les régions nécessiteuses et la remise de cartables et autres fournitures scolaires au profit de 7.000 enfants. Il n'y a pas meilleure solution que de soigner le mal à son origine. Tout le monde s'accorde à dire que le système éducatif marocain traîne le boulet de la déperdition scolaire dont les taux varient entre 6 et 8% dans le primaire. Le constat est alarmant au niveau du secondaire où l'abandon atteint 13,6% et le taux de redoublement 16,5%. Particularité de cette rentrée, les enfants qui intégreront pour la première fois l'école bénéficieront de nouvelles méthodes pédagogiques et d'un accompagnement individuel. La première année du primaire étant la base de la réussite dans les autres cycles de l'enseignement. Doté de presque 20 milliards de DH sur trois ans (2009-2011), le plan d'urgence est, certes, cher mais indispensable pour sortir du cycle vicieux des vœux pieux auréolés de bonnes intentions. Rien que pour l'année 2009, le budget de l'enseignement s'est vu gratifier de 8 milliards de DH supplémentaires. L'infrastructure scolaire et les ressources humaines en sont les principaux chevaux de bataille. Notamment par la mise en place de 8012 structures scolaires nouvelles et 486 internats ainsi que le recrutement de 41.449 nouveaux enseignants durant la période de cette réforme au pas accéléré. En effet, le mammouth qu'on a essayé par tous les moyens de dégraisser a encore besoin d'efforts. Les déficits sont énormes et le budget de fonctionnement continue de compromettre le changement qualitatif tant attendu. Mais l'éducation est aussi une question d'environnement. L'école ne peut être jamais isolée de sa région, sa commune ou sa ville. Sans pousser le zèle jusqu'à appeler à un plan marshal pour sauver l'école marocaine, la collectivité locale peut jouer le rôle de relais voire même s'engager dans des projets innovants et spécifiques.
Source Le Matin




OCP : La solidarité nous interpelle

Par Ali Fkir, 27/8/2009

L’OCP (l’office chérifien de phosphate), groupe public crée en 1920 par les autorités colonialistes pour exploiter les vastes et inépuisables gisements de phosphate situés dans la région de Khouribga à 120 km de Casablanca, le poumon économique du Maroc.
A l’échelle mondiale, le Maroc est l’un des premiers producteurs du phosphate et ses produits dérivés, et le premier exportateur. Aujourd’hui la production avoisine 20 millions de tonnes l’année : une partie est exportée sans traitement spécial, le reste est soumis à un traitement dont résultent de l’engrais, de l’acide phosphorique…La demande mondiale en phosphate (brute) et ses produits dérivés ne cesse d’augmenter. Au cours de l’été 2009 le chiffre d’affaire de l’OCP a battu son record.



Donc l’OCP, en tant qu’entité publique, devrait (en principe) donner le bon exemple quant au respect des droits des travailleurs, quant à la bonne gestion des biens publics et de la richesse nationale, quant à l’intégrité morale des responsables…N’oublions pas qu’au moment de la lutte pour l’indépendance, les dirigeants nationalistes promettaient aux marocainEs une rente « phosphataire » viagère de 200 « rials » (200 dourous) par personne (l’équivalent, après actualisation, de 150dh d’aujourd’hui). Après l’indépendance, les nouveaux tenants du pouvoir gaspillent et lapident honteusement les milliards de dh enfantés par la force de travail des prolétaires dont la situation ne cesse de se détériorer alors que la production et le prix de phosphate ne cessent d’évoluer dans le vert.
L’OCP est capable à lui seul de renflouer les caisses de l’Etat, ce qui permettrait de réduire les impôts qui frappent directement les revenus des travailleurs tel l’impôt sur le revenu (l’IR), et indirectement le pouvoir d’achat des classes populaires telle la taxe sur la valeur ajoutée (la TVA).
Malheureusement les milliards de dh encaissés par l’OCP vont dans les poches d’une poignée d’individus qui n’ont jamais risqué leur vie à descendre dans les entrailles de la terre, à « se salir » les mains...Quant aux décideurs, bien installés à Rabat, reçoivent, sans remord aucun , « leur part » de gâteau …Pour ces voraces, la rente « phosphataire » est assurée pour la vie et se compte par millions de dh.
Aujourd’hui, alors qu’il ne connaît aucune difficulté, le groupe public OCP tente de réduire « les charges » sociales (nouveau credo du capitalisme sauvage ), en s’attaquant directement à la rémunération globale de la force de travail (entendons par là le capital variable), maximisant ainsi la plus-value extorquée haussant ainsi le taux de profit, et réduisant au minima le pouvoir d’achat des prolétaires, le pouvoir d’achat de ceux qui s’aventurent dans les entrailles de la terre pour extraire ce minerai tant recherché par le marché mondial, surtout en ces temps de crise alimentaire.
Il faut noter que malgré que le Maroc ait développé ses unités de production d’engrais, le paysan pauvre se rabat toujours sur la bouse pour fructifier sa parcelle, car le prix de l’engrais « public » est en dessus de ses moyens d’achat. L’OCP, en monopoliste « conséquent », préfère écouler « sa » marchandise ailleurs, là où les spéculateurs d’autres nations paient mieux. La politique de commercialisation que suit l’OCP s’inscrit dans la logique du marketing antinational que préconise l’Etat makhzanien : ce sont les besoins de l’extérieur qui déterminent les choix des décideurs.
C’est dans ce cadre que l’OCP fait appel aux « services » des entreprises spécialisées dans le travail d’intérim, entreprises qui fleurissent dans le pays en l’absence de toute législation qui pourrait garantir les droits des producteurs.
Quatre entreprises assurent l’approvisionnement de l’OCP en force de travail très bon marché. Les victimes travaillent dans le cadre du Contrat à Durée Déterminée (CDD), renouvelable. Ainsi l’ouvrier travaille des années, sans espoir d’être embauché comme permanent. Il trime, il bouffe, fait ses besoins, « dort »…avec la hantise de se retrouver sur le carreau sans revenu aucun. L’épée du chômage pèse sur sa gorge. C’est le summum de la précarité du travail.
Aujourd’hui 850 ouvriers du groupe font les frais de cette nouvelle conception du contrat de travail. 850 ouvriers, c'est-à-dire 850 familles. N’oublions pas la réalité marocaine : un salarié se doit « assurer » les besoins des membres de « son foyer » et la pitance de ses parents et autres proches en détresse.




Peut-on rester insensibles devant ce genre de drame ?
Peut-on rester les bras croisés devant ce type d’injustice flagrante ?
Peut-on accepter que les producteurs de la richesse du pays vivent dans le besoin, alors que le fruit de leur travail alimente les comptes des oisifs, engraissent d’avantage les « bien- nourris » ?
Peut-on amettre qu’un établissement public se comporte comme un établissement « voyou » envers des milliers de citoyens ?
Peut-on supporter que les pouvoirs publics cautionnent les pratiques illégales d’un établissement étatique ?
A l’heure actuelle, 850 prolétaires, 850 familles, des milliers de citoyen-es, victimes de l’arbitraire, en détresse, lancent un SOS.
C’est un défi, non seulement pour le monde politique et syndical, mais surtout pour les défenseurs des droits humains et pour les démocrates conséquents.
Certes, prendre conscience du drame est une nécessité intellectuelle, mais pratiquer la politique de l’autruche, c’est réduire sa Conscience à un état d’hibernation, c’est cautionner moralement le crime.
La solidarité avec les victimes de l’arbitraire nous interpelle.
Que peut-on faire :
- Au niveau régional ( grand Casablanca, EL Jedida, Khouribga…) ?
- Au niveau national ?
- Au niveau international ?
J’ai déjà reçu des suggestions : création de comité national de solidarité, organisation de meeting, campagne internationale de pression sur l’Etat marocain (patron de l’OCP), de sensibilisation auprès des syndicalistes, des défenseurs des droits humains, des démocrates…

Ali Fkir, alifkir@yahoo.fr
tél 06 64 27 29 40



L’OCP par lui-même :
Le Groupe OCP extrait le phosphate brut du sous-sol marocain grâce à des chantiers à ciel ouvert ou des mines souterraines. Le minerai est ensuite épierré et criblé, puis séché ou calciné. Parfois, il subit une opération de lavage ou de flottation pour une augmentation de sa teneur en phosphore.
Environ la moitié du minerai est exportée comme matière première à destination d’une quarantaine de pays à travers le monde. L’autre moitié est livrée aux industries chimiques du Groupe pour être transformée en produits dérivés commercialisables : acide phosphorique de base, acide phosphorique purifié, engrais solides.
Leader mondial sur le marché du phosphate et des produits dérivés, et première entreprise du Royaume, le Groupe OCP opère sur les cinq continents.
Selon Mr Mostafa Terrab, nommé Directeur général de l’OCP par le roi en février 2006
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تقرير يوم 26/08/2009
بعد مناقشة حارة وساحنة، وبروح المسؤولية والنضالية، قرر الجمع العام لعمال سميسي ريجي المجتمع يومه الأربعاء 26 غشت 2009 بمقر الاتحاد المغربي للشغل، تسطير برنامج نضالي تصعيدي كالتالي :
1- اعتصام يوم الثلاثاء 01 شتنبر2009 أمام إدارة الفوسفاط بمعية أسرهم من الساعة 10 صباحا إلى الساعة 4 بعد الزوال.
2- اعتصام يوم الأربعاء 02 شتنبر 2009 بساحة المسيرة بوسط المدينة بمعية أسرهم من الساعة 4 بعد الزوال إلى الساعة 10 ليلا.
3- اعتصام يوم الخميس 03 شتنبر 2009 بساحة المسيرة بوسط المدينة بمعية أسرهم من الساعة 4 بعد الزوال إلى الساعة 10 ليلا.
4- وقفة احتجاجية أمام عمالة إقليم خريبكة يوم الثلاثاء 08 شتنبر 2009 بمعية أسرهم من الساعة 10 صباحا إلى الساعة 02 زوالا.
وسيصطحبون معهم إلى أمكنة الاعتصام الطناجر الفارغة والمعالق والصفارات، وتتلخص المطالب الأساسية للعمال في التالي :
1- إرجاع كل الموقوفين (850 عاملا) دون قيد أو شرط.
2- احترام الحقوق والحريات النقابية من طرف إدارة الفوسفاط، وفتح مفاوضات مع المكتب النقابي.
3- إدماج كل العمال في مجموعة المكتب الشريف للفوسفاط وترسيمهم.
4- مطالبة عامل إقليم خريبكة بتحمل مسؤولياته والتدخل
العاجل والفوري بما يضمن حقوقهم الاقتصادية والاجتماعية. -------------------------------------------------------------------------------------------------------
بيان الجمعية المغربية لحقوق الانسان
جمعية المغربية لحقوق الإنسان
فرع خريبكة
خريبكة في: 24 غشت 2009
بيــــــــــــــــــــــــــان
فرع الجمعية المغربية لحقوق الإنسان بخريبكة يدين الطرد الجماعي لـ 850 عامل من طرف إدارة الفوسفاط، ويطالب بإرجاعهم فورا إلى عملهم وتسوية أوضاعهم.
يتابع فرع الجمعية المغربية لحقوق الإنسان بخريبكة بعميق الاستنكار والقلق، إقدام إدارة الفوسفاط على الطرد الجماعي لـ 850 عاملا من عمال سميسي ريجي، بعد فشل محاولتها في التحايل عليهم وإرغامهم بحضور قوات الدرك على توقيع عقد عمل يشترط قضاء مدة ثلاثة أشهر كفترة تجريبية لفائدة بعض شركات المناولة للتنصل من كافة التزاماتها نحوهم... ويأتي هذا التصعيد بعد أن نظم العمال أنفسهم نقابيا في إطار الاتحاد المغربي للشغل، و بدؤوا في النضال للمطالبة بحقوقهم المشروعة وخاصة حقهم في الإدماج والترسيم بعد أن قضوا أكثر من 8 سنوات من العمل دون توقف تحت الإشراف المباشر لإدارة المكتب الشريف للفوسفاط في ظروف مأساوية وبأجور زهيدة وبدون عطل سنوية، رغم الأرباح القياسية والخيالية التي حققها المكتب من كدحهم وعرقهم خلال السنوات الأخيرة.
والجمعية المغربية لحقوق الإنسان في إطار دفاعها عن حقوق العمال التي أقرها الإعلان العالمي والمواثيق الدولية لحقوق الإنسان، خاصة العهد الدولي حول الحقوق الاقتصادية والاجتماعية والثقافية المصدق عليه من طرف المغرب، والاتفاقيات والتوصيات الصادرة عن منظمة العمل الدولية والدستور والتشريع المغربيين، وأمام هذا التصعيد الخطير الذي أقدمت عليه إدارة الفوسفاط بخريبكة من طرد جماعي للعمال واستدعائها للمتقاعدين لمضاعفة الضغط عليهم دون أدنى اعتبار لتشريد أسرهم، وبعد أن قامت السلطات المحلية بمنع اعتصامي 23 يوليوز و18 غشت 2009 أمام إدارة الفوسفاط بخريبكة بإنزال مكثف لقوات الأمن والقوات المساعدة لإغلاق جميع المنافذ المؤدية للإدارة، تعلن ما يلي :
1- تأكيد وتجديد تضامنها المطلق واللامشروط مع عمال سميسي ريجي، واستعدادها للانخراط في كل المبادرات المتخذة لمؤازرتهم ومساندتهم.
2- إدانتها الشديدة للتوقيف التعسفي لهؤلاء العمال، ومطالبتها إدارة الفوسفاط بإرجاعهم فورا إلى عملهم دون قيد أو شرط.
3- مطالبتها إدارة الفوسفاط باحترام الحقوق والحريات النقابية بفتح مفاوضات جادة ومسؤولة مع المكتب النقابي لعمال سميسي ريجي حول مذكرتهم المطلبية وعلى رأسها حقهم في الإدماج والترسيم.
4- استنكارها للمنع الذي طال الاعتصامين، وتنديدها بتورط قوات الدرك في الضغط على العمال.
5- تسجيلها باستنكار شديد عجز وصمت المسؤولين وطنيا ومحليا أمام تعنث إدارة الفوسفاط، ومطالبتها لهم بتحمل مسؤولياتهم وبالتدخل العاجل والفوري بما يضمن الحقوق الاقتصادية والاجتماعية لعمال سميسي ريجي وباتخاذ كافة التدابير اللازمة لصيانة حقوقهم.
مكتب الفرع


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الاتحاد المغربي للشغل
نقابة عمال سميسي ريجي
خريبكة



بيــــــــــــــــان


خاضت نقابة عمال سميسي ريجي بخريبكة المنضوية تحت لواء الاتحاد المغربي للشغل اعتصامين يومي17 و 18 غشت 2009 أمام مقر مديرية الاستغلالات المنجمية بخريبكة احتجاجا على التوقيف الجماعي و الجائر لأزيد من 850 عاملا. وقد فوجئ العمال في اليوم الثاني من الاعتصام بإغلاق القوات العمومية و قوات الأمن مختلف المنافذ المؤدية إلى مكان الاعتصام، لكن العمال بصمودهم وكفاحيتهم تمكنوا من الاعتصام في مكان آخر غير بعيد عن إدارة الفوسفاط .
وفي الوقت نفسه، تم استدعاء المكتب النقابي لعمال سميسي ريجي بمعية الكاتب المحلي لنقابات خريبكة من طرف السلطات المحلية ممثلة في شخص رئيس المنطقة الحضرية ألأولى لإجراء لقاء، التزمت فيه السلطات المحلية على نفسها بأن تلعب دور الوسيط بين نقابتنا وإدارة الفوسفاط من أجل فتح باب المفاوضات حول مطلبنا الأساسي المتمثل في الإدماج والترسيم، وبأن تعمل بشكل فوري على إرجاع جميع العمال إلى أماكن عملهم دون قيد أو شرط.
إلا أنه في الوقت الذي كان فيه العمال ينتظرون تنفيذ ما التزمت به السلطات المحلية، فوجئوا بمناورة جديدة لإدارة الفوسفاط بحيث لجأت إلى سد الفراغ الناجم عن توقيف 850 عامل بالمتقاعدين ضاربة عرض الحائط كل المواثيق الدولية والقوانين المحلية الجاري بها العمل.
وفي هذا الإطار انعقد جمع عام يوم الأربعاء 19 غشت 2009 تدارس خلاله المكتب النقابي مع العمال الصيغ النضالية التصعيدية المقبلة ضدا على تعنت الإدارة وعلى عدم احترامها لما تم الاتفاق عليه بين نقابتنا والسلطات المحلية.
وإيمانا منا بمبدإ الحوار، وفي انتظار وفاء السلطات المحلية بالتزاماتها، سينعقد جمع عام يوم الأربعاء 26 غشت 2009 ابتداء من الساعة 11 صباحا لاتخاذ القرارات والصيغ النضالية المناسبة.
المكتب النقابي
خريبكة، في: 21 غشت 2009
عاشت وحدة العمال صامدة مناضلة
عاش الاتحاد المغربي للشغل

L'AMDH dénonce les conditions du système de délivrance de visas aux Marocains

Par AMDH, 24/8/2009
Communiqué

Suite au décès d’Aïcha Mokhtari à qui le visa et son droit à l’hospitalisation en France ont été refusés, l’Association Marocaine des Droits Humains appelle à la dénonciation des conditions injustes et aléatoires du système de délivrance de visa aux Marocains

Le samedi 15 août 2009 à Oujda, la citoyenne marocaine Aïcha Mokhtari s’est éteinte après avoir atrocement souffert d’un cancer osseux durant plus de deux années.
Après le dépistage de sa maladie par des spécialistes marocains et eu égard à l’impossibilité de subir les soins nécessaires du fait de l’absence des conditions adéquates dans notre pays, il a été décidé de la transférer à l’étranger munie d’un dossier légalisé par les services du ministère de la santé. Sa famille a intervenu pour lui assurer, à leurs propres frais et charges, l’accès à un établissement sanitaire d’oncologie français. De même, l’intéressée a présenté un dossier complet pour l’obtention du visa auprès du Consulat français à Fès. Hélas, son dossier a été rejeté à cause d’une faute grave commise par le Consulat.
En dépit de l’intervention de l’intéressée et de sa famille avec force auprès des autorités françaises dont des ministres et le Président Nicholas Sarcozy lui-même, l’erreur n’a pas été corrigée et la délivrance du visa n’a pas été envisagée. Pour ce qui est des autorités marocaines dont le Premier ministre, elles n’ont pas levé le petit doigt pour garantir le droit aux soins à une citoyenne marocaine souffrant d’une maladie fatale et subissant l’injustice des autorités françaises.
Ainsi, Aïcha Mokhtari s’est éteinte du fait du refus de lui délivrer le visa qui lui aurait permis de jouir de son droit aux soins dans le lieu et les conditions convenables.
Après avoir pris connaissance des conditions et des circonstances ayant conduit au refus de délivrer le visa à la citoyenne Aïcha Mokhtari et partant de la privation de son droit de se déplacer pour des soins dans un établissement sanitaire spécialisé en France, le Bureau central de l’Association Marocaine des Droits Humains, réuni en session ordinaire, le dimanche 23 août 2009, en présentant ses vives condoléances à la famille de la défunte, déclare qu’il :
* Condamne le criminel refus de délivrer le visa à la citoyenne Aïcha Mokhtari par le Consulat français à Fès dont les conséquences néfastes sont la privation de son droit de se déplacer pour des soins et donc l’atteinte à son droit à la vie.
* Dénonce l’attitude des autorités françaises qui ont appuyé celle du Consulat cité plutôt que de corriger l’erreur fatale.
* Dénonce l’attitude des autorités gouvernementales marocaines qui ont manqué à leur devoir de garantir les droits au déplacement et aux soins de la citoyenne Aïcha Mokhtari.
* Condamne le système de délivrance de visa aux citoyenNEs marocainEs désirant voyager vers la France et les autres pays occidentaux en général caractérisé par des conditions injustes, dures, aléatoires et humiliantes alors que le/la citoyenNe des pays nordiques prenant la destination du Maroc n’a besoin en général que d’un passeport.
* Est déterminé à lancer une campagne pour divulguer les causes responsables de la mort de la citoyenne Aïcha Mokhtari et à coopérer avec tous les démocrates et les défenseurs des droits humains au Maroc et à l’échelle internationale pour démasquer les conditions du système français et européen pour la délivrance du visa aux citoyenNEs marocainEs et qui constituent une violation des droits humains universels.
Dans ce cadre, le Bureau central a décidé de mener une campagne sous le mot d’ordre : "Pour qu’Aïcha Mokhtari ne perde pas la vie vainement : militons contre les conditions inhumaines vécues par les Marocains pour la délivrance d’un visa". Pendant cette campagne le Bureau central compte :
* Organiser une conférence de presse le mardi 1er septembre 2009 à 10 heures du matin au siège de l’Association Marocaine des Droits Humains pour dénoncer les faits et pour faire connaître les objectifs de la campagne.
* Présenter tout le soutien possible à la famille d’Aïcha Mokhtari dans ses démarches pour poursuivre devant la justice les responsables du criminel refus de délivrer le visa à la victime et de sa privation de son droit aux soins.
* Commémorer le quarantième jour de la disparition d’Aïcha (le mercredi 23 septembre) en organisant :
- A Oujda, sa ville natale, une cérémonie oratoire, par la Section de l’Association en collaboration avec la famille de la victime.
- A Fès, un sit-in devant le Consulat français.
- A Rabat, un sit-in devant l’Ambassade de France.
- Un colloque sur les droits humains et la hogra du visa à partir de 18 heures.
* Adresser une lettre au Président de la République française et une lettre au Premier ministre marocain.
* Une pétition relative au sujet à signer par les organisations démocratiques.
Le Bureau central
Rabat, Le 24/08/2009

بــــــــــلاغ

بعد وفاة عائشة مختاري بسبب حرمانها من الفيزا ومن حقها في العلاج الطبي بفرنسا،
الجمعية المغربية لحقوق الإنسان تدعو لاستنكار الشروط المجحفة والعشوائية لنظام تسليم الفيزا للمغاربة

يوم السبت 15 غشت 2009 وبمدينة وجدة، فارقت المواطنة المغربية عائشة مختاري الحياة، بعد معاناة مأساوية استغرقت أزيد من سنتين بسبب مرض سرطان العظام.

فبعد اكتشاف مرضها من طرف أخصائيين مغاربة ، وتعذر علاجها بالمغرب نظرا لغياب الشروط الضرورية لذلك ببلادنا ، تقرر توجيهها للعلاج بالخارج بعد تسليمها ملفا مصادقا عليه من طرف مصالح وزارة الصحة. وقد تدخلت عائلتها، وعلى نفقتها، لضمان ولوجها إلى مؤسسة طبية فرنسية مختصة في مرض السرطان. كما أن المعنية بالأمر قدمت ملفا مكتملا للحصول على الفيزا من القنصلية الفرنسية بفاس، وهو ما قوبل بالرفض نتيجة لخطأ فادح ارتكبته القنصلية.

ورغم تدخل المعنية بالأمر وعائلتها بقوة لدى السلطات الفرنسية، بمن فيهم عدد من الوزراء ورئيس الجمهورية نيكولا ساركوزي نفسه، لم يتم تصحيح الخطأ وتم التمادي في رفض تسليم الفيزا. كما أن السلطات المغربية بمن فيهم الوزير الأول لم تحرك ساكنا للتدخل من أجل ضمان حق العلاج لمواطنة مغربية تعاني من مرض فتاك ومن ظلم السلطات الفرنسية.

وهكذا فارقت عائشة مختاري الحياة نتيجة حرمانها من الفيزا التي تمكنها من حق العلاج في المكان والشروط المناسبة.

وإن المكتب المركزي للجمعية المغربية لحقوق الإنسان المجتمع يوم الأحد 23 غشت 2009 في دورته العادية، وبعد وقوفه على شروط وملابسات حرمان المواطنة عائشة مختاري من الفيزا ومن حقها في التنقل قصد العلاج بمؤسسة طبية متخصصة بفرنسا وإذ يقدم تعازيه الحارة لعائلة الفقيدة، يعلن ما يلي:
* إدانته للحرمان الإجرامي للمواطنة عائشة مختاري من الفيزا الذي مارسته قنصلية فرنسا بفاس والذي أدى إلى إهدار حقها في التنقل قصد العلاج الطبي وأدى بالتالي إلى الإجهاز على حقها في الحياة.
* استنكاره لموقف السلطات الفرنسية الذي كرس موقف القنصلية المذكورة بدل تصحيح خطئها.
* استنكاره لموقف السلطات الحكومية المغربية التي لم تقم بواجبها لضمان حق التنقل وحق العلاج للمواطنة عائشة مختاري.
* إدانته لنظام الحصول على الفيزا من طرف المواطنين/ات المغاربة الراغبين في التنقل إلى فرنسا وإلى البلدان الأوروبية والغربية الأخرى بصفة عامة والمتميزة بشروط مجحفة وقاسية وعشوائية ومهينة تحط بكرامتهم، في حين أن المواطن(ة) القادم(ة) للمغرب من بلدان الشمال لا يحتاج عموما سوى لجواز السفر.
* عزم الجمعية على شن حملة لفضح الأسباب المؤدية إلى وفاة المواطنة عائشة مختاري وعلى التعاون مع سائر الحقوقيين والديمقراطيين بالمغرب وخارجه لفضح شروط النظام الفرنسي والأوروبي لتسليم الفيزا للمواطنين/ات المغاربة والتي تشكل انتهاكا لحقوق الإنسان الكونية.

وفي هذا الإطار، قرر المكتب المركزي القيام بحملة تحت شعار:" حتى لا تذهب حياة عائشة مختاري عبثا: لنناضل ضد الشروط اللاإنسانية لمنح الفيزا للمغاربة". وتتضمن هذه الحملة العناصر الأساسية التالية:
* تنظيم ندوة صحفية يوم الثلاثاء 01 شتنبر 2009 على الساعة 10 صباحا بمقر الجمعية المغربية لحقوق الإنسان للتنديد بما وقع وللتعريف بمضمون الحملة.
* تقديم كل أشكال الدعم الممكنة لعائلة عائشة مختاري في سعيها لمقاضاة المسؤولين عن الحرمان الإجرامي للضحية من الفيزا ومن حقها في العلاج.
* إحياء الذكرى الأربعينية لوفاة عائشة (الأربعاء 23 شتنبر)، وذلك:
ــ في وجدة مسقط رأسها، عبر مهرجان خطابي ينظمه فرع الجمعية بتعاون مع العائلة
ــ في فاس، عبر وقفة جماعية أمام القنصلية الفرنسية.
ــ في الرباط عبر وقفة جماعية أمام مقر السفارة الفرنسية.
ــ بتنظيم ندوة فكرية ابتداء من الساعة السادسة مساء حول حقوق الإنسان وحكرة الفيزا.
* رسالة لرئيس الجمهورية الفرنسية ورسالة للوزير الأول المغربي
* عريضة للتوقيع من طرف التنظيمات الديمقراطية حول الموضوع.

المكتب المركزي
الرباط في 24/08/2009

mercredi 26 août 2009

Le théâtre marocain entre tradition et modernité






Par Khalid Amine, 24/8/2009

Dans cette interview, le professeur Khalid Amine, président du Centre international pour les études du spectacle de Tanger, livre une lecture de l’histoire du théâtre au Maroc, de l’époque précoloniale jusqu’à aujourd’hui. Il revient sur l’héritage de la «Halqa» (attroupement autour d’un spectacle populaire), comme dramaturgie sociale et qui trouve ses racines dans la culture urbanistique maghrébine. De même, il évoque la problématique de la recherche théâtrale au Maroc et la critique qui, d’après lui, peine à accompagner le foisonnement théâtral récent.
Propos.

Le théâtre marocain a-t-il une histoire ? Le théâtre marocain a démarré au début des années vingt du siècle précédent. Cette naissance a été, au début, accueillie par la fascination et l’étonnement face à la découverte de ce nouveau venu, avant qu’une dynamique d’imitation ne s’installe et se propage. Elle prendra, à l’aube de l’indépendance, la voie de la contemplation rationnelle, de questionnement des courants théâtraux occidentaux, d’études des mécanismes de création du spectacle en adoptant la «science du théâtre,» avant de parvenir à la phase de la tentative de concrétiser les spécificités locales. Tenant compte de ce parcours alambiqué, il est difficile de résumer l’expérience théâtrale du Maroc dans un classement préétabli. Du fait que le corps théâtral est mobile et en dynamique perpétuelle, on a l’impression qu’il se meut dans un circuit fermé. De même, une lecture de cette discipline, à partir d’un répertoire encore en construction sera préliminaire ou plutôt pleine de trous.Au cours du processus de recherche d’un théâtre à spécificité marocaine, ont émergé plusieurs théories et expériences oscillant entre deux discours apparemment différents mais fondamentalement les mêmes.Le premier, qu’on peut appeler fondamentaliste, hostile à tout changement, rejette en vrac le modèle occidental et est adepte du retour aux sources, c’est-à-dire aux traditions authentiques et originelles du spectacle, à l’époque du Maroc précolonial. Cette école a conduit certains à glorifier les signes et les formes de spectacles traditionnels dans une tentative de résister et de battre en brèche l’aliénation motivée par l’occidentalisation du spectacle théâtral arabe depuis Maroun Nakach et, de là, à la quête de la pureté qui, à son tour, mène vers la «la distinction sauvage».Le second discours, quant à lui, considère que le théâtre occidental est un modèle suprême par rapport à son opposant connu communément par le «pré-théâtre». Cette position, qu’on peut qualifier d’occidentaliste, considère que l’influence occidentale est fortement enracinée dans notre imaginaire théâtral et essaye de reproduire le modèle occidental moderne. Pis encore, elle reproduit l’exclusion des traditions non européennes en la matière. A partir de cette logique réductionniste basée sur l’exclusion, il n’y a pas de théâtre arabe mais plutôt un théâtre écrit en langue arabe. Bien entendu, une telle position est très répandue dans les milieux académiques occidentaux (Jacob Landau, James Hastin, John Casner…) Aux côtés de ces deux discours susmentionnés et extrémistes, il y a la situation de l’«entre deux », du milieu, qui constitue l’espace le plus convenable dans lequel on trouve le théâtre marocain. Celui-ci se situe à la croisée des chemins. Il ne peut exister autrement, car il fusionne plusieurs discours hétérogènes qui donnent naissance à un théâtre hybride entre le soi et les autres, Orient/Occident, tradition/modernité, mais aussi modernité/post modernité. Il est, somme toute, le produit d’un dialogue entre les traditions théâtrales occidentales et arabo-amazighes locales. Cette combinaison des genres a permis au théâtre marocain de se positionner dans un troisième espace. Il s’agit d’un espace épistémologique constituant un fossé spatio-temporel interculturel avec, bien entendu, la finalité d’arriver à créer la distinction à partir de l’accumulation des expériences et de pouvoir construire un répertoire théâtral national. Cette situation d’«entre deux » se manifeste par la corrélation entre les perspectives de conceptualisation du théâtre et son édification à partir du rapprochement entre le soi/l’autre et amateur/professionnel. Il convient de noter qu’à ce sujet, l’indice le plus significatif se trouve dans les déclarations et contre-déclarations de la part des partisans du « théâtre festif », le « troisième théâtre », «le théâtre de l’étape», «de la critique », « du témoignage », celui «complémentaire » et de la « réalisation dialectique»…. L’ensemble de ces expériences renferme les prémices d’une tentative de briser ce troisième espace et de bâtir la distinction théâtrale éventuelle. Peut-on considérer les apports divers depuis l’indépendance jusqu’à aujourd’hui comme la structuration d’une dramaturgie spécifique ?Il faut noter que le processus de transfert des techniques du spectacle populaire marocain de l’espace ouvert (place Jama El Fna) à un espace clôt constitue une révolution permanente des formes permettant d’écrire des textes dans le cadre de l’intersection de cultures différentes. De ce fait, à travers les techniques du conteur («Asameri», «Hakawati», «abidate Arma» et «Soultane Tolba», l’homme de théâtre marocain exprime son anxiété et son incertitude. Cette situation constitue une partie de la crise de l’identité. Laquelle s’est retrouvée bâtie à la frontière entre deux types de récits, en l’occurrence le style occidental et l’autre arabo-amazigh, islamique…L’implication consciencieuse de Tayeb Saddiki, figure emblématique du théâtre marocain, dans cette nouvelle dynamique à la fin des années soixante, est la preuve de l’intersection de la pratique théâtrale marocaine avec les structures de la pensée qui partage la culture arabe. Il a inauguré cette nouvelle phase théâtrale avec une série de pièces sublimes, devenues un noyau réel du répertoire théâtral marocain. C’est le cas, à titre d’exemple, du répertoire «Sidi Abderrahmane Al Majdoub», «Maqamat Badii Azzaman Al Hamadani» et «Abou Hayan Taouhidi». Il s’est lancé dans une perspective de réconciliation du théâtre avec l’imaginaire marocain en se concentrant sur la théâtralisation des textes narratifs et poétiques puisés dans le patrimoine et encadrés sous forme de Halqa. Toutefois, il reste que la pièce théâtrale «Al Majdoub» constitue un saut qualitatif qui reflète l’évolution du théâtre marocain. Elle est devenue un texte de référence qui continue à exercer un pouvoir symbolique sur la majorité des textes et créations postérieurs. L’expérience Saddiki a ouvert la voie, à la fin des années soixante, à la fondation de la distinction théâtrale à partir de l’intersection positive avec le patrimoine autochtone. La Halqa, comme expression théâtrale, est-elle en voie de disparition ? La Halqa dans l’espace culturel maghrébin est une forme permise d’identification de la frontière entre la culture officielle et populaire, le sacré et le profane. De ce fait, la Halqa occupe une place d’ »entre deux » (Liminaty).Cette forme d’expression a maintenu son statut libre et libéré de toute hiérarchie culturelle, avec tout ce que cette dernière impose, particulièrement sur la culture officielle. De même, les limites de la relation entre le sacré et le profane dans l’espace d’expression populaire, notamment le conteur (Maddah) et narrateur, sont tendues. Cette tension sera vite dénouée dans le spectacle. Dans ce sens, la Halqa se positionne à partir des normes académiques et tout autour d’autres cultures profanes. Elle se place, en tant que commentaire social ludique qui donne une teinte parodique à ce qui se passe dans la sphère académique. C’est un miroir carnavalesque qui reflète un processus de va-et-vient entre l’intérieur/l’extérieur (inside/out) et l’extérieur/intérieur (outside-in) dans l’ensemble des manifestations de la vie. Cela se manifeste dans l’ancienne cité à la forme circulaire et dans la vie des nomades qui caractérise le mode de vie des ruraux dans le «douar», qui signifie cercle. Il n’y a pas longtemps, le douar était constitué d’un ensemble de tentes de nomades qui rassemble le cheptel au milieu pour resserrer la garde. De là, la forme circulaire était fortement enracinée à la fois dans la morphologie et la culture urbanistique maghrébine et dans l’imaginaire collectif des peuples du Maghreb dans la même époque et dans le Machrek arabe à travers le système du «Tawaf» et le mouvement des saisons. L’expérience arabe du sacré est fondée sur le principe la circumambulation. On note également la forme géométrique circulaire qui caractérise l’habitation maghrébine, ouverte au ciel afin de clarifier le sacré, et fermée sur l’entourage extérieur en conformité avec le système de voile dans la culture islamique. La tradition de la Halqa se considère comme une dramaturgie sociale qui institutionnalise un comportement culturel et incite les locuteurs à mieux assimiler leur identité et leurs univers à travers leur comportement par rapport au spectacle et à la culture immanente. Le comportement lié au spectacle est à considérer comme relevant de facto du spectacle avec des répercussions subjectives et exprime une narration acquise dont le but est de déboucher sur la réconciliation avec l’être. La halqa paraît, quelquefois, comme étant plus globale que le théâtre et que le rituel. Elle comprend en son essence un évènement rituel qui l’amène à s’associer au théâtre à travers la «performativité» et la théâtralité. Ce caractère spécifique qui définit la halqa par rapport aux autres expressions dans l’espace maghrébin a poussé le chercheur Azzeddine Bounit à considérer la Halqa comme une passerelle par laquelle transitent d’autres modes de création et une forme extérieure de l’organisation du spectacle plus que d’un phénomène ludique autonome. Le transfert de la Halqa à l’univers littéraire et au monde de la pratique dramaturgique a été effectué après une courte phase d’adoption négative des modèles théâtraux occidentaux. Après, les acteurs du théâtre maghrébin ont instauré, pour la période postcoloniale, un dialogue avec la Halqa dans le cadre d’autres formes faisant partie du patrimoine culturel maghrébin et l’entraînent vers l’espace de l’institution théâtrale. Tayeb Saddiki a inauguré cette nouvelle dynamique avec une nouvelle pièce théâtrale intitulé «Diwan Sidi Abderrahmane Majdoub». La pièce «Le juge dans la Halqa» d’Ahmed Tayeb Laâlaj a entrepris une phase du dialogue culturel avec les autres formes traditionnelles et orales du spectacle. En effet, Tayeb Saddiki est considéré comme le premier dramaturge maghrébin à se révolter contre l’imitation de l’Occident et a construit l’édifice théâtral. Saddiki a bénéficié d’une formation au Centre de la Maâmora. Puis, il s’est installé en France en 1959 afin d’approfondir ses recherches, lesquelles lui ont permis d’acquérir les techniques de professeurs de renommée : Hubert Gignous et Jean Villar, fondateur du Théâtre national populaire en France et directeur du célèbre Festival d’Avignon. Après son retour au Maroc, il a créé sa première troupe théâtrale, «Le théâtre ouvrier». L’objectif étant d’embrasser la souffrance quotidienne de la classe ouvrière. Une mission condamnée à l’échec en raison de l’influence du stock occidental, et en particulier le théâtre de l’absurde. Le résultat aurait été contraire s’il s’est ouvert au théâtre «leherstük Alberstei». Saddiki a compris que la série de pièces qu’il a adaptées ne traduisait pas ses préférences du spectacle enraciné dans sa mémoire enfantine imbibée de «Jamaâ Al Fna». C’était donc le retour à l’héritage marocain. Ainsi, il a commencé une nouvelle expérience avec son environnement et son imaginaire collectif. Il a renoué avec les contes et les mythes populaires. Dans ce contexte,il découvre le poète du seizième siècle Abderrahmane Al Majdoub dont les textes n’étaient pas écrits mais transmis par voie orale. Il a commencé également à collectionner les poèmes et à les réécrire sous forme dramaturgique. Ce travail a donné naissance à la pièce «Sidi Abderrahmane Al Majdoub», qui avait obtenu un succès exceptionnel dans l’ensemble du Maghreb.Le théâtre Tayeb Saddiki constitue le meilleur modèle de l’hybridation et ce jusqu’à ses dernières créations de «Bssat» (Eléphants et pantalons, Jananne chiba, Abu Hayan Taouhidi, suhur,…)Après la consommation de plusieurs adaptations puisées dans le théâtre occidental, Saddiki a inauguré une nouvelle approche de la pratique du théâtre au Maroc. La pièce «Sidi Abderrahmane Al Majdoub» témoigne de l’émergence du projet du théâtre narré au Maroc dans la période post-coloniale.Ainsi, pour la première fois dans la courte histoire de la scène marocaine, Saddiki a transféré la «Halqa» comme un espace géographique, culturel et esthétique à la construction de l’édifice théâtral en tant qu’espace pour l’autre, où il est une institution coloniale parallèle. Ainsi, la pièce «Sidi Abderrahmane Al Majdoub» est ouverte à toutes les hypothèses et à tous les mécanismes de fonctionnement du spectacle populaire. Dans la même veine, quand on évoque l’expérience théâtrale du Maroc, on note que la génération des pionniers, comme Ahmed Tayeb Laâlaj, Tayeb Saddiki, Abdeslam Chraïbi, s’est imprégnée de la mémoire de Jamaa Al Fna, Bab Boujloud,Kreia en tant qu’espaces de spectacle traditionnel et oral. Le transfert des techniques de la «Halqa» à une véritable structure théâtrale en tant que nouveau venu a permis la création et l’innovation de modèles théâtraux dans des contextes différents.La nécessité d’évoquer la tradition du récit dans notre patrimoine découle de la volonté de réinventer cette tradition dans le théâtre narratif et non pas en termes de reproduction en tant que modèles stables, figés.Cela a conduit à la production de l’hybridation théâtrale. Toutefois, l’expérience de Mohammed Baris - l’un des grands conteurs marocains engagés dans la Halqa jusqu’à aujourd’hui et qui tirent la sonnette d’alarme pour sauver ce patrimoine de l’extinction - a dépassé l’acculturation théâtrale qui donne accès aux autres traditions afin de résoudre les problèmes subjectifs. L’homme a fait irruption dans la culture littéraire et savante et a réinventé le spectacle basé sur le récit. Le transfert de l’un des plus beaux textes de Borges,intitulé «Recherche d’Ibn Rushd» - un texte fort évoquant l’expérience de la souffrance d’Ibn Rushd - en 1998, au bord de l’oral à Jamaâ Al Fna, puis à l’Université de Toulouse, est l’exemple optimal et unique de cette expérience. Celle-ci, qui a marqué la rupture de la dualité culture savante/ culture populaire, littéraire/orale ..., a été suivie par d’autres expériences qui ont converti les textes de Abdelfattah Kilito, Juan Goytisolo et Mohamed Faiz en spectacles où se croisent le récit et la scénographie et s’entremêlent d’autres cultures. Comment se porte le théâtre en général et le théâtre scolaire et universitaire en particulier ? En l’absence d’un observatoire national de la recherche sur le théâtre marocain ou d’un centre national de recherches théâtrales, voire d’une chaire à l’université marocaine, il est difficile de faire le diagnostic. Mais, soulignons que la faculté des lettres Dar Lmehraz, constitue l’espace idéal pour sauvegarder la mémoire théâtrale marocaine… Il est nécessaire de comprendre que l’avenir du théâtre au Maroc dépend de l’interaction positive entre la recherche scientifique, la formation appliquée et la pratique sur le terrain. Cette intersection est la seule voie vers la réconciliation avec le corps théâtral et son évolution. Malgré cela, nous nous disons inquiets à propos de la situation du théâtre universitaire, au Maroc. Nous espérons qu’il prenne sa place aussi bien dans les facultés des lettres et sciences humaines ou dans les facultés polyvalentes par le biais de son intégration dans le système de l’enseignement supérieur en tant que branche du théâtre et de la scénographie, ou l’intégrer dans la section de la communication et des études théâtrales parallèle à la pratique de l’éducation/apprentissage, et non seulement en tant que chapitres d’un cours de littérature ou matière de loisir. Il est temps de réfléchir à la création d’une branche du théâtre, au moins dans une institution d’enseignement supérieur, qui enseigne l’art du spectacle en tant que littérature et pratique qui requiert la formation de compétences en matière de critique, du comédien professionnel, metteur en scène, scénographe, dramaturge et même le spectateur. Il n’est pas raisonnable que l’université marocaine ne dispose pas d’un espace théâtral, à l’exception bien sûr de certains établissements universitaires où existent quelques espaces ludiques qui sont en vérité des amphis polyvalents. Propos recueillis et traduits de l’arabe par Soumia Yahia

mardi 25 août 2009

Amnesty International demande un procès équitable pour Ennaâma Asfari, défenseur sahraoui des droits humains

Par EFAI, 17/8/2009

Amnesty International demande aux autorités marocaines de faire en sorte que le défenseur sahraoui des droits humains Ennaâma Asfari, actuellement détenu à la prison de Tan Tan, et son co-accusé Ali El-Rubia, bénéficient d’un procès équitable. L’organisation demande aussi qu’une enquête soit menée sur les allégations selon lesquelles les deux hommes ont subi des violences de la part de la police au moment de leur arrestation.


Ennaâma Asfari, actuellement détenu à la prison de Tan Tan, et son co-accusé Ali El-Rubia

Ennaâma Asfari et Ali El-Rubia ont été interpellés le 14 août 2009 lors d’un contrôle de la police marocaine à un barrage routier dressé près de Tan Tan, dans le sud du pays. Selon les informations recueillies, un policier a insulté Ennaâma Asfari parce qu’un petit drapeau du Front Polisario figurait sur son porte-clés. Il lui a demandé de le retirer, et une altercation s’en est suivie. Au final, Ennaâma Asfari et son compagnon de voyage ont été arrêtés et conduits au poste de police de Tan Tan. Les deux hommes auraient subi des violences au moment de leur interpellation : Ali El-Rubia aurait été frappé, notamment à coups de matraque, et Ennaâma Asfari aurait été projeté à terre et roué de coups de pied. Lorsqu’elle a pu voir son mari au poste de police quelques heures plus tard, Claude Mangin-Asfari a constaté qu'il avait des contusions au nez et que ses lunettes étaient cassées.
Avant son interpellation, Ennaâma Asfari prêtait assistance à une mission d’Action des chrétiens pour l'abolition de la torture (ACAT) – dont son épouse, Claude, fait partie – arrivée le 12 août pour enquêter sur la situation des droits humains au Sahara occidental. Il semble qu’il ait pu être pris pour cible parce qu’il soutient l’autodétermination du peuple sahraoui : il s’agirait de le dissuader de poursuivre son action en faveur de cette cause ainsi que ses activités de défense des droits humains.
Ennaâma Asfari et Ali El-Rubia ont été présentés au procureur du roi le 16 août à Tan Tan. Le magistrat a ordonné la remise en liberté provisoire d'Ali El-Rubia et le placement d’Ennaâma Asfari au centre de détention administrative de Tan Tan. Les deux hommes n’ont pas été informés précisément des charges qui pèsent contre eux, mais on pense qu’ils devront répondre d’outrage à des fonctionnaires dans l'exercice de leurs fonctions. Ennaâma Asfari aurait refusé de signer le procès-verbal dressé par la police, car il estimait que ce document ne reflétait pas correctement la réalité des circonstances dans lesquelles il a été arrêté.
Le 17 août, les deux hommes ont comparu devant le tribunal de première instance de Tan Tan. Ils n’étaient pas assistés d’un avocat. À la demande des prévenus, le tribunal a renvoyé l’audience au 24 août afin qu'ils aient le temps de contacter un avocat et de préparer leur défense.
Ennaâma Asfari est le coprésident du Comité pour le respect des libertés et des droits humains au Sahara occidental (CORELSO), une organisation basée en France, son pays de résidence. Il avait déjà été arrêté par des agents des forces de sécurité marocaines lors d’une visite effectuée en 2008. Condamné pour violences à autrui et conduite en état d'ivresse – charges qu’il a nié catégoriquement –, il avait purgé une peine de deux mois d'emprisonnement. Il affirme qu'à cette occasion aussi, il a été frappé par les forces de sécurité marocaines au moment de son arrestation, le 13 avril 2008. Les autorités n’ont toutefois pas ouvert d’enquête sur ses allégations, en violation des dispositions de la législation nationale et des obligations internationales souscrites par le Maroc, qui est partie à la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants.

Complément d’information
Les militants sahraouis des droits humains continuent de subir des actes de harcèlement et d’intimidation, quand ils ne font pas l’objet de poursuites judiciaires. Amnesty International craint qu’ils ne soient pris pour cible en raison de leurs activités de défense des droits humains et de l’exercice, pourtant pacifique, de leur droit à la liberté d’expression, notamment de leur droit à promouvoir sans violence l’autodétermination. Ils sont également en butte à des obstacles administratifs motivés par des considérations politiques, qui les empêchent d’enregistrer officiellement leurs organisations et entravent davantage leur travail.
Amnesty International a demandé à de multiples reprises aux autorités marocaines de prendre des mesures concrètes pour que tous les Sahraouis puissent exercer pleinement leur droit à la liberté d’expression, d’association et de réunion et que les militants sahraouis des droits humains, en particulier, puissent recueillir et diffuser des informations et des opinions sur les questions liées aux droits humains, sans crainte d'être poursuivis en justice ni soumis à des actes de harcèlement ou d'intimidation. Ces droits sont consacrés par le droit international, notamment le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, auquel le Maroc est partie, et la Déclaration des Nations unies sur le droit et la responsabilité des individus, groupes et organes de la société de promouvoir et protéger les droits de l’homme et les libertés fondamentales universellement reconnus, adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies le 9 décembre 1998.

lundi 24 août 2009

LE PAIN NU DE MOHAMED CHOUKRI : Chronique d'une enfance douloureuse


Par Aomar Moellebi, L'Expression (Alger), 24/8/2009

Une enfance aussi pénible, il en existe des tas, mais celle que raconte l’écrivain marocain, Mohamed Choukri, est vraiment atypique.
Ce roman, qui ne cesse d’être réédité parce que très lu et considéré, à juste titre, comme un classique, nous plonge dans un monde où la souffrance n’a pas de limite. A telle enseigne que vivre sans endurer devient utopique. D’abord, quelques détails primordiaux sur Mohamed Choukri. Jusqu’à l’âge de vingt ans, ce dernier ne savait ni lire ni écrire. Il était complètement analphabète. Il faut dire qu’avant cet âge-là, il ignorait jusqu’à l’existence des chiffres et des lettres. Ceci a fait de lui un auteur spécial. Sur toutes les couvertures de ses livres, l’éditeur n’oublie jamais de mettre en avant ce détail. Mohamed Choukri, est donc devenu écrivain «in extremis». A aucun moment de sa biographie, il n’a rêvé de finir auteur et comment pouvait-il rêver? Lui, l’enfant battu tous les jours par un père, dont la place devait être la psychiatrie, un père qu’on ne pourrait même pas juger, tant ses actes dépassaient tout entendement. Comment Mohamed Choukri pouvait-il formuler des rêves après avoir assisté, en direct, à la mort de son frère. Une mort causé par ce père tyrannique. En effet, le père, dans un accès de colère bat son fils jusqu’à le tuer. Un secret que Mohamed Choukri a dû cacher dans ses tréfonds jusqu’au jour où il décide de tout déballer en écrivant son roman.

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Mohamed Choukri, né en 1935 et décédé en 2003, est un auteur marocain arabophone d'origine berbère.
Mohamed Choukri est né en 1935 à
Beni Chiker, un petit village berbère du Rif près de Nador au Maroc. Élevé dans une famille pauvre, il s'enfuit à l'âge de 11 ans et devient enfant des rues de Tanger, où il vit dans les bas-fonds de la ville, au milieu de la misère, de la violence, de la prostitution et de la drogue. À l'âge de 20, il décide d'apprendre à lire et à écrire et deviendra instituteur.
Dans les années 60, dans le
Tanger cosmopolite, il fera la rencontre de Paul Bowles, Jean Genet et Tennessee Williams. Il commence à être publié dès 1966 (dans Al-adab, mensuel de Beirut, la nouvelle Al-Unf ʿala al-shati (Violence sur la plage). Son succès international viendra avec la traduction en anglais par Paul Bowles de Al-khoubz Al-Hafi (Le Pain nu, For Bread alone, Peter Owen editions) en 1973. Le livre sera traduit en français par Tahar Ben Jelloun en 1980 (éditions Maspero), publié en arabe en 1982 et interdit au Maroc de 1983 à 2000.
Ses principales œuvres seront la trilogie autobiographique commencée avec Le pain nu, suivi de Zaman Al-Akhtaâ aw Al-Shouttar (le temps des erreurs ou la sagesse de la rue, 1992) puis Visages. Il écrira aussi une série de nouvelles dans les années 60-70 (Majnoun Al-Ward, le fou des roses, 1980 ; Al-Khaima, la tente, 1985), ainsi que des recueils de mémoires concernant ses rencontres avec les écrivains
Paul Bowles, Jean Genet et Tennessee Williams (Jean Genet et Tennessee Williams à Tanger, 1992, Jean Genet à Tanger, 1993, Jean Genet, suite et fin, 1996, Paul Bowles, le reclus de Tanger, 1997).
Le 15 novembre 2003, à l'hôpital militaire de
Rabat, Mohamed Choukri succombe à un cancer. Inhumé au cimetière Marshan à Tanger le 17 novembre en présence du ministre de la culture, de hauts fonctionnaires, de personnalités du monde de la culture et du porte-parole du palais royal. Avant de mourir, il créa une fondation Mohamed Choukri (président, Mohamed Achaâri), possédant ses droits d'auteur, ses manuscrits et travaux personnels. Il fit bénéficier d'une pension à vie à sa domestique, Fathia, qui passa près de 22 ans à travailler pour lui.
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Mémoire. La seconde mort de Choukri
TelQuel, 16/9/2006


Mohamed Choukri souhaitait la création d'une fondation à son nom. Dissensions familiales et passivité des milieux culturels bloquent pour l'instant la concrétisation de cette dernière volonté.
Eté comme hiver, le cartable de Mohamed Choukri ne le quittait pas. Il l'a accompagné même sur son lit de mort. Pourtant, ce porte-documents a disparu à sa mort et avec lui la trace de l'existence d'un document juridique qui pose les jalons d'une fondation à son nom. Les héritiers du défunt, notamment son frère Abdelaziz, ont tenté en vain
de retrouver les traces de la sacoche. “Quand mon frère est mort, j'ai demandé à l'administration de l'hôpital militaire et notamment au colonel qui était au chevet de Mohamed, de me rendre ses affaires. Il m'a dit que c'était Abdelhamid El Akkar (actuel président de l'Union des écrivains du Maroc) qui les avait et ce dernier m'a affirmé que elles étaient restées à l'hôpital. Mais n'est-il pas de notre droit de récupérer tout ce que notre frère avait avec lui ?”, s'interroge Abdelaziz Choukri.

Un imbroglio familial et administratif
Abdelaziz, Rhimou et Malika Choukri sont les frère et sœurs de l'écrivain, et ses seuls héritiers. Selon de nombreux témoignages, les relations entre eux n'étaient pas des plus chaleureuses. Les personnes proches de Mohamed Choukri parlent même d'un déshéritement, information infirmée par Abdelaziz : “Mon frère n'a laissé aucun testament. Nous n'avons eu à faire aucun recours auprès de la justice pour annuler un soi-disant testament”.

Abdelaziz Choukri, la soixantaine, vit à Tétouan et tient un magasin de jouets à Fnideq. Il s'est attiré les foudres de ses sœurs quand, plus de deux ans après le décès de Mohamed Choukri, il a accédé à l'appartement de l'écrivain, scellé quelques heures après sa mort. Après avoir rassemblé tous les documents de succession, il avait obtenu l'autorisation d'entrer dans l'appartement de l'écrivain. “C'est en présence de la PJ que je l'ai fait. C'est d'ailleurs un serrurier qui est venu nous ouvrir la porte. La cire du scellé n'existait plus . J'ai récupéré toutes les affaires de mon frère. Il y avait tous les livres de sa bibliothèque, des documents manuscrits, des toiles, raconte Abdelaziz. Mes sœurs étaient au courant de ma démarche. J'avais d'ailleurs une procuration qui me permettait d'agir en leur nom”. Aujourd'hui, tout le legs - du moins ce qu'il en reste- de Mohamed Choukri est dans l'appartement de Abdelaziz à Tétouan. Certains des manuscrits se dégradent puisque ce dernier ne sait comment les protéger.

Quid de la fondation ?
Le soir de l'inhumation, la création d'une fondation a été évoquée par plusieurs de ses proches, écrivains et hommes de lettres, et notamment par son agent littéraire qui a travaillé à ses côtés pendant 17 ans. “Bien avant sa mort, Mohamed Choukri m'avait dit, à maintes reprises, qu'il voulait une fondation après sa mort et qu'il allait prendre les dispositions nécessaires”, affirme M. Roberto De Hollanda, son agent littéraire. Choukri a-t-il rédigé un document ? Selon Zoubir Benbouchta, dramaturge à Tanger, des agents de l'arrondissement se seraient déplacés à l'hôpital militaire, au chevet de l'écrivain, pour les signatures et les légalisations. “Mais à ma connaissance, il ne s'agissait que des statuts de la fondation”, précise-t-il, qui auraient désigné quatre membres : Mohamed Achaâri, Hassan Aourid, Abdelhamid Akkar et Hassan Nejmi. Pour de nombreux observateurs du milieu littéraire marocain, il est très difficile de pouvoir les réunir, les occupations de chacun ne facilitant pas cette tâche. Quelques semaines avant sa mort, Choukri avait modifié une dernière fois les statuts. Il avait “ajouté un article prévoyant une pension à vie de mille dirhams pour sa domestique, Fathia, qui a travaillé près de 22 ans pour lui”, affirme Tarik Slaïki, éditeur à Tanger et proche de Mohamed Choukri. Pendant un certain temps Roberto de Hollanda a versé cette somme à Fathia.

L'agent littéraire ne cache pas sa déception. Il estime que Mohamed Choukri a été mal conseillé. “Il fallait que les personnes que Choukri voulait voir dans sa fondation le conseillent et lui montrent les bonnes procédures. Il y aurait un document, mais aujourd'hui, personne n'est capable de confirmer ou d'infirmer son existence”, s'indigne t-il. Roberto De Hollanda aurait même adressé des lettres à messieurs Achaâri et Nejmi pour avoir plus de détails. Il n'a reçu aucune réponse. Contacté au téléphone, Hassan Nejmi reconnaît l'existence d'un document : “Mais ce ne sont que les statuts de la fondation”, précisera-t-il. L'écrivain, ex-président de l'Union des écrivains ne cache pas son amertume : “Je suis conscient que nous avons failli à la volonté de Mohamed Choukri. Mohamed Achaâri, ministre de la Culture, avait pourtant choisi l'emplacement de la Fondation, dans les jardins du musée de la Kasbah. Le local devait être restauré. Le ministre, ainsi que Hassan Aourid, s'était déplacé sur les lieux. Tous deux avaient même pris contact avec un opérateur économique de la place qui avait accepté de participer aux travaux”, ajoute-t-il. Alors pourquoi rien n'a-t-il été fait ? M. Nejmi affirme qu'en plus des différentes occupations des uns et des autres, subsiste le problème des héritiers. “Ils n'arrivent même pas à s'entendre entre eux. Pour eux, la fondation est une affaire de sous. Il faut que ça leur rapporte. Ils sont un frein à sa création”, s'indigne-t-il. De son côté, Abdelaziz Choukri affirme que jamais, ni Nejmi, ni Achaâri ne l'ont contacté pour en parler.

Une famille qui se déchire
Mohamed Choukri voulait sa fondation. Tout ce que devait rapporter son œuvre devait servir à son fonctionnement. Les héritiers ne savent d'ailleurs pas quoi faire de ce qu'ils ont récupéré dans son appartement. Le frère avait une procuration de ses deux sœurs que celles-ci viennent d'annuler après la signature d'un contrat avec Sochepress. En effet, Malika, qui réside à Casablanca, a signé en 2005 un contrat pour l'impression et la distribution du Pain Nu en arabe, en coédition avec le Fennec.

Il faut rappeler qu'en juillet 2004 la société de distribution et les héritiers représentés par leur sœur, Malika, avaient déjà signé un premier contrat pour la distribution des livres en stock chez Sochepress. Pour les ouvrages qui n'existaient qu'en petite quantité, le distributeur était intervenu pour les faire réimprimer chez Najah El Jadida. “Mais les héritiers n'avaient pas d'argent pour faire imprimer les ouvrages”, affirme Meriem Kabbaj, directrice générale adjointe de Sochepress, qui précise que les contrats signés ont été rédigés et réalisés dans la “transparence complète et ne lèsent personne”. Choukri avait un contrat privilégié qui a été maintenu avec les héritiers.

Ces derniers veillent, tant bien que mal, sur le legs de Mohamed Choukri. Il est aujourd'hui inconcevable que la contribution de l'écrivain tangérois à l'histoire littéraire marocaine se perde entre les frictions des héritiers et l'indifférence des responsables. “Je me suis aperçu que l'écriture pouvait aussi s'avérer une manière de dénoncer, de protester contre ceux qui m'avaient volé mon enfance, mon adolescence et une partie de ma jeunesse. C'est à ce moment seulement que mon écriture est devenue engagée”, disait-il. La création d'une fondation par ses amis et par les défenseurs des lettres au Maroc, permettrait que la lumière de Mohamed Choukri continue à briller, même après sa mort.

dimanche 23 août 2009

Les intellectuels marocains et le Sahara Occidental

Par Mohamed Mahamud Embarec, Diaspora Saharui, 23/8/2009

La question du Sahara Occidental est pour les Marocains un concept entraînant trois types de visions différentes.

La première, c'est l'opinion du citoyen marocain ordinaire. Et c'est un point de vue qui se divise lui-même en deux. Le premier, c'est celui des citoyens qui ignorent tout du sujet, mais qui ont adopté l'approche du régime marocain sur la "marocanité" du Sahara. Ils n'ont pas nécessairement de mauvaises intentions, mais la manière dont le problème est présenté (par l'utilisation d'inexactitudes historiques) leur a fait croire que le territoire du Sahara n'est qu'une extension historique du Maroc. Pour le second, il concerne les citoyens qui savent que le Sahara ne fait pas partie du territoire marocain, mais ils préfèrent rester à l'écart, ne se préoccupant au fond que d'eux-mêmes. La seconde grande opinion, c'est celle des intellectuels de la société marocaine. Cette catégorie sait mieux que personne que le problème du Sahara a été fabriqué par le régime afin d'ajuster la situation interne du Maroc (exclusion de l'armée, exclusion de toute tentative de réforme, au prétexte que le pays fait face à un danger qui menace la sécurité de son unité). Mais cette catégorie a préféré rester silencieuse pour éviter des poursuites entreprises par le gouvernement. Cela en raison de la férocité pour laquelle le régime était connu, en particulier sous le règne d'Hassan II. En ce qui concerne le troisième point de vue, c'est celui des investisseurs majeurs au Maroc qui se sont toujours tenus derrière l'attachement de la monarchie au problème du Sahara. L'objectif de cette catégorie est de conserver ses profits, même s'ils sont pratiqués au détriment du Maroc. Certains parmi ces investisseurs opèrent dans le secteur des phosphates (en s'appropriant des phosphates du Sahara, en le rajoutant au phosphate du Maroc, ils peuvent ainsi garder le leadership dans le secteur), ils sont les fournisseurs de l'armée marocaine au Sahara (il y a plus de 200.000 soldats au Sahara, ils représentent un marché sûr ouvert à ceux qui monopolisent les produits alimentaires, les hydrocarbures, les poissons, les cigarettes, les pièces de rechange et différents types de services). Au niveau international, les pays qui ont poussé Hassan II à envahir le Sahara - parmi lesquels la France, les Etats-Unis - même s'ils ont soutenu le Maroc, pratiquaient une politique n'ayant comme seule intention que de conserver l'instabilité dans la région de l'Afrique du Nord. Ils sont enchantés avec le statut quo.
De nombreux Marocains nous ont habitués (dans tous les forums) à utiliser des expressions, comme le Sahara Marocain, les mercenaires et les dissidents du Polisario, les citoyens marocains emprisonnés à Tindouf et autres réflexions qui reflètent l'ignorance des auteurs de ces commentaires, avec pour toile de fond le conflit dans le Sahara. Le Maroc n'a-t-il pas proposé un référendum ? Pourquoi il le refuse aujourd'hui, s'il était sûr que les Sahraouis allaient choisir le Maroc ? Pourquoi accepte-t-il la Minurso au Sahara si ce territoire était le sien ? Et les réfugiés sahraouis à Tindouf ? Sont-ils des fantômes ? Pourquoi le Maroc discute avec les membres du Polisario, si vraiment ces gens sont des mercenaires ? On ne peut pas continuer à nier que la RASD est membre de l'UA, et 80 pays d'ailleurs, dont des pays arabes, comme la Mauritanie, la Libye, l'Algérie (3 pays du Maghreb sur 5), la Syrie, le Yemen,etc.. reconnaissent aujourd'hui la République Arabe Sahraouie Démocratique (RASD) tandis qu'aucun ne reconnaît la légitimité du Maroc sur le Sahara... Le Royaume du Maroc se trouve seul contre tous.
C'est drôle de voir certains parmi eux répéter "Le Maroc de Tanger jusqu'à Lagouira” malgré le fait que Lagouira soit actuellement contrôlée par les autorités mauritaniennes avec l'accord du Polisario depuis la signature de l'accord de paix du 5 août 1979 qui a mis fin aux hostilités entre le Front Polisario et la Mauritanie.
Beaucoup de ces commentaires proviennent d'adolescents des banlieues françaises qui, à cause de leurs âges, ignorent entièrement la réalité du conflit. Mais ce qui est triste c'est le discours prôné par des éminents intellectuels à l'étranger connus par leur opposition au régime marocain.
Ils sont progressistes démocrates, réformistes, mais, dès qu'il s'agit d'aborder le sujet du Sahara Occidental, ils sont plus royalistes que le roi et ils ne font que répéter des expressions insérées dans leurs esprits par le régime qu'ils contestent. Des expressions vides communes et des slogans adressés à la consommation locale comme l'expression "mercenaire du régime algérien". Est-ce qu'un mercenaire aurait résisté 34 ans ? Non, il s'agit de la cause d'un peuple opprimé convaincu de son droit. Grâce à cette conviction il a été capable de résister face à une puissante armée soutenue par les armes françaises, américaines, espagnoles, et les expertises israéliennes dans la construction des murs de défense, avec l'argent saoudien et émirati.
L’élite marocaine adore imputer à l’Algérie les échecs cuisants de la position officielle du Maroc à propos du conflit. Pourquoi oblige-t-on toujours le peuple marocain à imputer à l’étranger l’incendie qui embrase sa demeure? La position de l’Algérie n’a pas changé d’un iota que ce soit en 2009 ou lorsqu’elle a voté la résolution 2075 en 1965 sur le Sahara-Occidental.
Le peuple marocain, qui a donné une élite, tels Mokhtar Souissi, Mohamed Abed Al Jabiri, Tahar Ben Jelloun, Fatma Merini et autres, ne peut garder le silence devant la violence d’une rare sauvagerie dont ont été victimes les Sahraouis dans les universités marocaines et dans les territoires occupés du Sahara-Occidental
Les intellectuels marocains, comment peuvent-ils accepter que leur pays continue à s’inscrire en faux contre les efforts de la communauté internationale et continue à se dérober de ses engagements internationaux en refusant une consultation référendaire démocratique? Le peuple marocain accepte-t-il de voir des femmes sahraouies de tout âge, parfois enceintes, malmenées, piétinées, assistant impuissantes à la répression féroce de leurs enfants qui finissent dans les cachots, loin d’elles? L’élite marocaine doit se débarrasser des discours officiels passés en boucle, telle une antenne, qui alternent chantages et menaces contre des ennemis qui n’existent que dans la propre imagination du gouvernement marocain.
C'est rarement qu'on rencontre un intellectuel marocain intègre et honnête envers le peuple sahraoui. Les violations des droits de l’homme ont été dénoncées par le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies à Genève et par de nombreuses organisations internationales : Human Rights Watch, Amnesty International, "Fondation France Libertés", "Société internationale des droits de l’homme", "Mouvement international de jeunes et d’étudiants pour les Nations Unies", Fédération syndicale mondiale, etc. Mais les intellectuels marocains qui se prétendent soucieux de défendre les droits de l’homme au Maroc n’en disent pas un mot ! Les sahraouis sont considérés comme des ennemis à la solde de l'Algérie parce que ces élites sont bourrées de décennies de propagande du plus grand boucher de l'histoire du Maroc, Hassan II, et son héritier continue à alimenter cette haine contre le pays voisin. Le régime marocain a réussi à faire fantasmer les intellectuels marocains sur le sujet du Sahara.
Ali Lamrabet, le journaliste marocain intègre a été condamné par un tribunal de Rabat à 10 ans d'interdiction d'exercer son métier, tout simplement par ce qu'il a déclaré que les sahraouis ne sont pas séquestrés à Tindouf, comme le véhicule la propagande officielle. Si c'est à cause de la répression que les intellectuels ne peuvent exprimer leur solidarité, la moindre des choses qu'ils peuvent faire, c'est de le reconnaître et adopter le silence pour ne pas être complices du régime qu'ils dénoncent.
Nous, les Sahraouis, nous ne sommes ni marocains, ni mauritaniens, ni algériens... Nous sommes nous-mêmes : des Sahraouis. Le peuple marocain frère manipulé par le Makhzen fera mieux de combattre la monarchie qui le spolie de ses richesses et de sa dignité. Le peuple marocain et nous, sommes victimes au même titre de la tyrannie de ce régime féodal. Le magazine Forbes a publié dernièrement des statistiques déconcertantes : la fortune personnelle de Mohamed VI a atteint 2,5 milliards de dollars après avoir augmenté d’un milliard de dollars en 2008. La gestion des douze palais du roi du Maroc coûte un million de dollars par jour, soit pas moins de 365 millions de dollars par an. Une somme énorme dépensée essentiellement dans les vêtements et les voitures de luxe, alors que le PIB par habitant au Maroc est de seulement de 4000 dollars. Chaque année, l'Etat marocain verse 205 millions d'euros au roi. Dans un pays pauvre, cela est humiliant et assez pour refuser la nationalité marocaine.
Et il convient de rappeler qu'aucune force au monde ne peut annihiler la volonté d’un peuple, fût-il petit, et partant l’empêcher d’exister et de recouvrer sa liberté. Un règlement juste du conflit du Sahara Occidental va créer une atmosphère d’harmonie, de paix et de coopération entre les pays de la région et serait bénéfique pour tous les peuples de la région.