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samedi 13 juin 2009

Un chercheur inquiété pour islamophilie

par Pierre Assouline, 10/6/2009

Au moins, l’affaire Geisser aura-t-elle eu la vertu de révéler au grand public la présence d’un type de fonctionnaire inconnu dans le monde de l’Université et de la Recherche : le fonctionnaire de sécurité de défense dit FSD. Il en est un, effectivement préposé au CNRS, du nom de Joseph Illand. Que fait-il ? Il surveille les travaux des chercheurs afin d’y relever tout ce qui pourrait nuire à la sécurité et à la défense de la France, ainsi qu’il s’en expliquait
ici. Ce qui n’est pas inutile en temps de terrorisme. Seulement voilà, il semble que M. Illand ait été tellement zélé que son rapport sur Vincent Geisser, politologue à l’Irenam (Institut de recherches et d’études sur le monde arabe et musulman) d’Aix-en-Provence, ait conduit à une possible sanction contre celui-ci. Motif : islamophilie. Pièce à charge : son livre La Nouvelle islamophobie (La Découverte, 2003). Vincent Geisser sera fixé le 29 juin; ce jour-là, il comparaîtra devant une commission du CNRS pour “manquement grave” à l’obligation de réserve à laquelle sont tenus les fonctionnaires. Voilà une conception du métier qui ne manquera pas d’enrichir le débat ouvert depuis plusieurs mois par le gouvernement sur les conditions et la finalité du métier de chercheur.
Ce M. Illand est doté d’un réel pouvoir si l’on en croit ce qu’a confié le chercheuse Françoise Lorcerie à
Libération :”Quand on part en mission à l’étranger dans des pays sensibles, on est obligés de lui communiquer nos plans de mission: qui on va rencontrer, où on va loger. Et on doit avoir son autorisation pour partir». Or il se trouve que Vincent Geisser travaillait depuis quelques temps avec son laboratoire sur une vaste enquête consacrée à l’apport des universitaires maghrébins au rayonnement de la recherche française dans le monde, notamment dans les sciences fondamentales. Il se plaint d’être l’objet d’un véritable harcèlement moral depuis cinq ans de la part de ce surveillant au nom de l’impératif sécuritaire. C’est pourquoi ceux nombreux qui le défendent, à commencer par sa collègue l’historienne Esther Benbassa, estiment que cette affaire va au-delà du cas Geisser :”Elle traduit l’intrusion inquiétante de logiques policières et sécuritaires au sein même des milieux scientifiques et universitaires, dont la finalité est de contrôler la production et la diffusion du savoir”. Le politologue Olivier Roy, également spécialisé sur le monde arabo-musulman, va plus loin encore puisqu’il évoque une attaque systématique envers les chercheurs qui refusent les clichés sur l’Islam :”En 2007-2008, j’ai reçu un mail signé du haut-fonctionnaire de défense me reprochant de mieux traiter l’islam que le christianisme. Estimant que cette personne n’avait pas à faire état de ses fonctions en exprimant ses opinions personnelles à l’encontre d’une fonctionnaire sur qui il pouvait avoir autorité, et en accord avec mon directeur de laboratoire, j’ai ignoré ce message et je l’ai mis en spam. Il apparaît maintenant qu’il s’agissait d’une sorte de provocation et je regrette d’avoir traité cette affaire simplement par le mépris”.
Que Vincent Geisser, chargé de recherche au CNRS et président du Centre d’information et d’études sur les migrations internationales (CIEMI), spécialisé depuis des années sur les migrations intellectuelles entre l’Europe et le Maghreb, soit un chercheur engagé, voire même “exalté” dans ses engagements selon un ancien élève admiratif, que sa proximité avec son sujet lui ait conféré une réputation d’islamophile, qu’il ait exprimé à plusieurs reprises sa défiance dans des courriers ou des prises de parole sur l’ingérence de ce fonctionnaire “Sécurité et Défense” dans ses travaux et ceux de ses collègues, tout cela ne fait guère de doute. Mais si un tel comportement devait justifier une quelconque sanction à son endroit, alors on peut prédire de “beaux jours” à un certain nombre de chercheurs français dans leur vie quotidienne. Ce qui n’a pas échappé à nombre de collègues de Vincent Geisser qui se sont immédiatement mobilisés (
lettre ouverte à la ministre et pétition) pour le soutenir. Toutes sensibilités confondues, cela va de soi.

Résultats des élections communales

par Mohammed Hifad
On vient d'annoncer les résultats des élections communales avec une participation de 51 % représentant 6.800.000 votants sur 13.360.219 inscrits .Bien sûr , les responsables et les partis , rendus malades par les résultats des dernières législatives , avec 80 % d'abstentions, jouent le jeu des chiffres pour maquiller l'accablante réalité de 30 % sans compter les bulletins vides ou annulés.
En réalité , les services de l'int2rieur ont vite oublié les 7 millions de Marocains qui ont boycotté les listes électorales , disons 6.640.781 sur 20.000.000 d'électeurs qui devraient , dans une situation normale , figurer sur les listes électorales.
Pour avoir une idée précise de ce qui se passe et faire la part des choses d'une manière objective, il faudra :



1/faire une moyenne de participation dans les villes où le niveau économique et politique de la majorité des habitants est passable;

2/faire une moyenne de participation dans les campagnes où les habitants sont analphabètes et votent encore pour la personne (un(e) parent(e),un notable du village ou pour celui ou celle qui paie le plus ) et non pour le parti dont ils ignorent jusqu'à l'existence;


3/ et faire une moyenne de participation pour les provinces du Sahara aux conditions particulières ;C'est force de constater que l'élite et les jeunes , en ville et à la campagne, ont boycotté ces élections .La seule chose positive reste l'élection d'un grand nombre de femmes : dernier recours d'un système en agonie.

Source : http://hifadmed.blogspot.com

Quelle que soit l'issue de ces fameuses élections communales...

par Belmaïzi
Quelle que soit l’issue de ces fameuses élections communales, le signe, claire et sans ambiguïté, est donné par les mouvements sociaux qui contestent le mensonge, la manipulation, le féodalisme, la monopolisation des richesses et le gaspillage des deniers publics, et qui demandent une nouvelle gouvernance, une démocratie participative, un Etat de droit.

Et tout démocrate, qu’il soit d’une obédience ou d’une autre – (notamment, et surtout, les petites formations de gauche qui pensent et rêvent en miroitant la réflexion autour cette idée insensée de « changer les choses de l’intérieur »… sans tirer les leçons des « erreurs du passé », alors qu’ils ne font que déforcer de l’intérieur une véritable gauche qui devrait être soudée autour des idéaux justes et des aspirations des mouvements sociaux) – a la responsabilité et le devoir de soutenir et de rejeter l’hystérie orchestrée autour de Annahj Addimoucrati. Car Annahj addimoucrati, que l’on soit d’accord avec ses orientations ou non, est une formation politique ancrée dans l’Histoire du Maroc et qui porte avec sérieux, compétence et abnégation les aspirations des mouvements sociaux…

Quelle que soit l’issue de ces fameuses élections communales, le pouvoir est sommé de changer de cap, de se défaire de sa folle tactique de la politique de « la terre brûlée ». L’Etat et son élite doivent assimiler une fois pour toute que le Maroc a bien changé, et que l’autoritarisme féodal ne peut en aucun cas réutiliser la répression des années de plomb. Ce sera à coup sûr sa perte avec le pire des déluges.

Est-ce sur le jeu de l’« Après moi le déluge » que l’élite et l’Etat misent le tout ?!!

vendredi 12 juin 2009

Pourquoi ne nous écoutons-nous pas ? Pourquoi ne nous écoutons-nous pas ?

par Mohammed Hifad, 7/6/2009
Au Centre de Formation d'Instituteurs et d'Institutrices(CFI) , j'avais l'habitude d'organiser des discussions entre mes stagiaires à propos d'un sujet d'actualité. A la fin de chaque séance , je donne la parole à chacun d'entre eux pour qu'il fasse un bilan oral ou écrit de cette discussion. Chacun d'entre eux rapporte sa propre intervention et quelques vagues bribes de celles de ses collègues.J'ai constaté la même chose au sein des associations et des partis puis au niveau de la population d'un village, d'une ville , d'une région et de tout un peuple.
En principe , nous devenons solidaires par exemple:
a) Pour défendre notre terre familiale , régionale ou nationale;
b)Pour défendre notre population;
c)Pour défendre notre organisation politique et nos intérêts économiques.
d)Pour défendre notre langue,notre culture et religion;
e)Pour défendre nos droits sur le plan économique,politique,social,juridique et humain;
f)Pour faire face aux conflits,aux maladies et aux catastrophes naturelles;
g)Pour réaliser des travaux difficiles;
h)Pour partager nos moyens sur le plan matériel et économiser de l'argent etc.
A l'arrivée des Français au Maroc , ils ont méthodiquement tout mis en oeuvre pour saper les fondements de notre solidarité à tous les niveaux.Toutes les zones où ils ont rencontré une grande résistance sont laissées pour compte pendant toute la période du protectorat et nos concitoyens, d'une manière consciente ou pas, ont continué la même politique après l'indépendance.Ce n'est plus l'intérieur du pays où sont accumulées les richesses : c'est sur la côte que sont installées les grandes villes,les grandes usines , les grands ports et aéroports dans la mesure où c'est facile d'accés pour une intervention par la mer.Il suffirait d'un tsunami de la grandeur de celui de 1755 pour porter un coup fatal à toute l'économie du pays. Les routes sont exprès tracées de façon à être éloignées des zones de résistance et près de pauvres villages pour utiliser ces derniers contre les notables de l'intérieur opposés au protectorat.Nos caids et moqadems ne sont plus élus par la population : c'est l'administration coloniale qui nomme les caids , souvent des notables collaborateurs , lors de la guerre d'occupation. Le caid et l'instituteur arabophones sont envoyés en zone amazighophone et le caid et l'instituteur amazighophones sont nommés en zone arabophone : c'est la garantie pour qu'ils ne se solidarisent pas avec leurs administrés ou élèves .Nos concitoyens n'ont rien changé à cette pratique après l'indépendance. C'est juste à peine qu'ils tolèrent la désignation d'un khalif originaire de la région, au bas de l'echelle, en zone amazighophone.
Dans les écoles , sans parler des contenus, on procède à un véritable dressage des enfants pendant des années. Les élèves sont disposés en rang parallèles qui ne se rejoignent jamais.On sanctionne sévérement l'élève faible qui demande l'aide de son camarade immédiat : on le traite de tricheur , puisqu'il copie sur son voisin et vole un bien qui ne lui appartient pas : on lui confectionne un bonnet d'âne et on le fait circuler dans toutes les classes.
On gratifie de manière individuelle le bon élève par de bons points qu'il peut échanger à la direction contre du chocolat, des livres ou un billet de cinéma. L'élève soumis à ce dressage diabolique pendant des années sera définitivement incapable de s'intégrer dans un groupe ou d'être solidaire avec les autres.
J'imposais à mes stagiaires le travail de groupe pour le moindre exercice: chaque groupe doit trouver une partie de la solution.Celui qui a besoin de mon aide ou de celle de ses collègues , il peut le faire même le jour de l'examen.
J'ai toujours soutenu qu'il faut changer notre mode d'évaluation et l'adapter à la situation en question, en fonction du but recherché. Un élève faible a le droit de demander de l'aide à son camarade immédiat ou dans le reste de la classe : c'est au professeur d'adapter son évaluation à cette situation et inculquer aux jeunes, comme nos ancêtres , des reflexes de solidarité.Si la France avait procédé ainsi, c'est pour rendre les Marocains incapables de se solidariser, de prendre des initiatives ou de créer et leur inculquer l'esprit d'assistés. Malheureusement , c'est le même système qui sévit encore dans nos classes après quarante et quatre années d'indépendance.Les responsables actuels y trouvent-ils leur compte ou restent -ils encore indépendants?
Par expérience , je ne m'étonne pas lorsque je constate que ne nous écoutons pas. Il ne faut donc pas rejeter la faute sur les Arabes ou les Amazighs qui deviennent comme eux .On ne peut pas, dans ce contexte , citer Ibn Khaldoune : " les Arabes se sont entendus pour ne jamais s'entendre.".
Il s'agit là d'une réalité artificielle , mise au point par les colons pour défigurer complétement notre solidarité, notre éducation, notre culture, notre démocratie de la Jmaâ et détruire toute résistance chez nos concitoyens, sur le plan individuel et collectif.
Chacun d'entre nous doit procéder à sa propre réeducation et surveiller ses faits et gestes dans ce sens et commencer par faire son autocritique.

Report du procès des militants d'Annahj à Casa

par Ali Fkir, 12 /6/2009
Les 7 camarades d'ANNAHJ ADDIMOCRATI (arrêtés à Casablanca au cours de la distribution de l'appel d'ANNAHJ au boycott de la mascarade du 12 juin) le mercredi 10 et poursuivis sur la base de l'article 90 du code électoral, ont vu leur procès reporté au vendredi 26 juin 2009.
Étaient présent-es au tribunal de 1ère instance de Aïn Sebaa (e vendredi 12 juin 2009) des dizaines de militant-es de diverses sensibilités politiques et syndicales. Plus de 50 avocats se sont portés volontaires pour assurer la défense. Des dizaines d'autres sont attendus.


Communiqué de La Voie Démocratique Paris Île-de-France, 11/6/2009
Le 12 juin 2009 se déroulent les élections communales caractérisées par la continuité du bloc au pouvoir légitimé par la constitution de 1996 qui est octroyé et non démocratique au profit de la mafia makhzanèene qui lui permet l'impunité des crimes politiques économiques et sociaux.Cette élection qui ressemble aux précédentes qui se déroule entre des listes frauduleuses avec un découpage électoral favorable aux patrons et autres serviteurs dévoués au bloc social au pouvoir, Dans ces conditions, le régime s'abat avec sauvagerie sur le parti de la Voie démocratique, il s'ensuit :
- Notre privation des médias publics pour exprimer nos positions de boycott des élections ;
- L'interdiction de nos réunions publique avec les masses ,
- La répression des rassemblements d'indignation régionale organisé sous le slogan : « la voie démocratique proteste pour de son droit au médias publics et appelle au boycott des élections communale du 12 juin » ;
- Arrestations des militantes et militants de la voie démocratique partout au Maroc,- Interrogatoire du secrétaire national de la Voie Démocratique Abdellah El Harif,
- Détention des dizaines de militants,
- Jugement des sept militants de la voie démocratique demain le jour d'élection.
La Voie démocratique à Paris condamne la répression sauvage du régime marocain contre la Voie Démocratique ;
- Demande à l'Etat marocain l'arrêt immédiat des jugements, poursuites et intimidations contre nos militants
- L'établissement de son droit aux médias publics
- Il exprime sa solidarité absolue et sans conditions avec ces camarades et la poursuite de la lutte et la résistance dans le but de construire la démocratie et le socialisme.

Rapport d'enquête sur le "délit de solidarité" en France

L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme, un programme conjoint de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) et de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH), publie aujourd’hui un rapport d’enquête sur les entraves aux défenseurs des droits des migrants en France, intitulé « Délit de solidarité » : Stigmatisation, répression et intimidation des défenseurs des droits des migrants.

Un Etat bénéficiant d’institutions démocratiques solides et éprouvées est-il une garantie de sécurité et de sérénité pour les défenseurs des droits de l’Homme qui y travaillent ? Alerté par la Ligue française des droits de l’Homme (LDH), l’Observatoire a mandaté une mission internationale d’enquête chargée d’examiner les conditions d’exercice de la défense des droits des migrants en France.

La mission, qui s’est rendue en France du 17 au 25 mars 2009, s’est penchée sur la situation des personnes physiques et morales qui apportent une assistance aux étrangers en situation irrégulière en France, qu’il s’agisse des personnes qui s’opposent à certaines reconduites aux frontières, des associations qui fournissent une assistance juridique en centre de rétention ou dans les zones d’attente, des acteurs institutionnels ou associatifs en contact avec les étrangers (tels les lieux d’hébergement et de soin), ou encore les acteurs chargés du maintien de l’ordre et de la justice.

Les conclusions du rapport d’enquête sont inquiétantes : dérapages liés à la « culture » du résultat, objectifs chiffrés d’interpellations d’« aidants », pression permanente sur les personnes en contact avec les étrangers, favorisés par une législation imprécise et stigmatisante. Les cas recensés d’arrestations, voire de poursuites, de personnes ayant porté assistance à des étrangers permettent de conclure à l’existence, en France, d’un climat défavorable à la défense des droits des étrangers et ne peuvent que participer à une pression dissuasive forte. Cela est en contradiction flagrante avec la Déclaration des Nations unies sur les défenseurs des droits de l’Homme et l’Observatoire considère nécessaire de saisir, outre les autorités françaises concernées, les instances et mécanismes de protection des droits de l’Homme aux niveaux international et européen.

Lire le rapport
FRANCE: Délit de solidarité - Stigmatisation, répression et intimidation des défenseurs des droits des migrants - Rapport de mission internationale d'enquête

jeudi 11 juin 2009

Une étudiante jugée pour avoir manifesté

par Lara Mace, bakchich.info, 11/6/2009



Ce jeudi s’ouvre à Marrakech le procès d’une militante de gauche, Zahra Boudkour, et de dix étudiants. Leur crime ? Avoir manifesté après l’intoxication de plusieurs de leurs camarades.
Ce jeudi devrait s’ouvrir devant la Cour d’appel de Marrakech le procès de Zahra Boudkour, plus jeune détenue d’opinion du Maroc, et de dix autres jeunes étudiants. S’il s’ouvre, ce procès, qui a déjà été reporté à plusieurs reprises, mettra une fois de plus en lumière les dysfonctionnements de la
justice marocaine, impitoyable avec les petits et complaisante avec les puissants.
Rappelons les faits. En mai 2008, une vingtaine d’étudiants de Marrakech consomment un jus de fruit périmé et, sérieusement intoxiqués, doivent être hospitalisés. L’établissement de soins réclame 1000 dirhams – une petite centaine d’euros – à chaque étudiant, une somme trop élevée pour ces jeunes issus de familles modestes. Une marche de 3.000 étudiants démarre alors le 14 mai. Les CMI (compagnies mobiles d’intervention) s’en donnent à cœur joie et tapent sur tout ce qui bouge. Abdelkader Bahi, un étudiant en droit, tombe du quatrième étage d’un bâtiment de la cité universitaire et se trouve aujourd’hui dans un fauteuil roulant, la colonne vertébrale brisée.
Torturée pendant cinq jours
Arrêtée avec 18 autres étudiants de l’Université Cadi Ayad, Zahra Boudkour est rouée de coups, torturée et violentée pendant cinq jours, dans un poste de police proche de la Jamaa el Fna (une place touristique de Marrakech). Depuis, elle attend en prison d’être jugée. Durant les six premiers mois, rien ne lui a été épargné : insultes des gardiennes, menaces de codétenues manipulées par la direction, examens ratés, humiliations diverses.
Militante d’extrême gauche, comme ses camarades, Zahra se bat pour une université gratuite et pour une société plus juste. Ses idées irritent profondément les autorités, à commencer par un certain Ahmed Taoual, adjoint du préfet de police de Marrakech, qui a couvert toutes ces brutalités et proféré des menaces de mort à l’égard des étudiants.
Les forces de l’ordre, de dérapage en dérapage
Les dérapages de l’appareil sécuritaire auraient plutôt tendance à se multiplier par les temps qui courent. A Khenichet, dans le Gharb (au nord-ouest du pays), une dizaine d’habitants ont été condamnés il y a quelques semaines à plusieurs mois de prison pour avoir demandé de l’aide pour se reloger, leurs maisons en pisé n’ayant pas résisté aux pluies diluviennes qui s’étaient abattues sur la région. Les manifestants avaient été brutalement réprimés par les hommes de
Hamidou Laanigri.

« Ainsi, la police de la nouvelle ère, dix ans après l’accession au trône de Mohammed VI, est restée la même : une police de la répression et de l’injustice, du mépris envers le citoyen marocain et des abus qui rappellent les moments difficiles des années de plomb », écrit cette semaine Le Journal Hebdomadaire. Selon le journal, ni les opérations de marketing, ni les campagnes de communication ne pourront améliorer l’image du royaume (dont les autorités sont si soucieuses) aussi longtemps que les responsables de la sécurité et de la justice, à commencer par le sieur Taoual, n’auront pas changé radicalement de comportement et d’état d’esprit.

Dessin © Khalid

Répression à Sefrou

par Ali Fkir, 11/6/2009
Info de dernière minute: un sit in organisé par ANNAHJ - section Sefrou vient d'être réprimé sauvagement (à 20h du jeudi 11 juin 2009). Des blessés transportés à l'hôpital, une arrestation. ..

Les 4 militants hospitalisés sont:
- Badre ARAFAT enseignant
- Mustapha ALKHIATI tailleur
- Mohammed BOUHDOUN teinturier
- Mustapha ALBADIRI enseignant
Plusieurs citoyens blessés, refusent d'aller à l'hôpital évitant ainsi l'arrestation.
In n'y a aucune information plausible sur des éventuelles arrestations.
Un rassemblement avec slogans est organisé en ce moment (21h) devant l'hôpital.

Un cinquième militant vient d'être hospitalisé. Il s'agit de Hafid BEN ISSI (menuisier), condamné à 4 mois de prison après le soulèvement de septembre 2007.

23 h 48 : Les militants hospitalisés viennent de quitter l'hôpital.
Prompt rétablissement à toutes les victimes de la répression

7 militants jugés vite fait bien fait à Casa

par Ali Fkir, 11/6/2009
Les 7 militants d’Annahj Addimocrati détenus à Casa sont passés ce matin jeudi 11 juin 2009 devant le procureur du roi du tribunal de 1ère instance de Ain Sbâa, lequel a décidé de les faire passer devant la cour du tribunal de 1ère instance de Ain Sbâa, en liberté provisoire vendredi 12 juin 2009 à partir de 9h, salle 4,se basant sur L’article 90 du code électoral :

«Est puni d’un emprisonnement d’un mois à trois mois et d’une amende de 1.200 à 5.000 dirhams ou de l’une de ces deux peines seulement, quiconque à l’aide de fausses nouvelles, bruits calomnieux ou autres manœuvres frauduleuses, détourne des suffrages ou incite un ou plusieurs électeurs à s’abstenir de voter»
Les sept militants étaient soutenus par 8 avocats qui ont pu venir sur place

Élections entachées d'arrestations

par l'ASDHOM, Paris, 11/6/2009
Des élections municipales vont avoir lieu au Maroc le vendredi 12 juin 2009. La campagne électorale qui a connu une effervescence touche à sa fin. L’ASDHOM qui suit avec attention cette échéance déplore, tout en les condamnant, les arrestations et les interrogatoires opérés à l’encontre des militants de partis politiques qui appellent au boycott de ces élections. En effet plusieurs membres du parti de la Voie Démocratique dont son secrétaire général, M. Abdallah El Harrif, ont été arrêtés et conduits dans des commissariats de différentes villes pour y être interrogés alors qu’ils distribuaient des tracts appelant à boycotter ce qu’ils considèrent comme étant une mascarade. Leurs documents de campagne ont été saisis et même une observatrice dépêchée par l’Association Marocaine des Droits Humains (AMDH) à Casablanca a été inquiétée.

Parmi les membres de la Voie Démocratique arrêtés, sept ont été convoqués aujourd’hui, jeudi 11 juin, par le procureur du roi près du tribunal de 1ère instance d’Ain Sbaâ à Casablanca. Ils seront déférés vendredi 12 juin devant un juge sous le coup de l’article 90 du code électoral qui prévoit l’emprisonnement ou/et l’acquittement d’une amende pour « quiconque, qui à l’aide de fausses nouvelles, bruits calomnieux ou autres manœuvres frauduleuses, détourne des suffrages ou incite un ou plusieurs électeurs à s’abstenir de voter »

L’ASDHOM considère que l’invocation de cet article est une aberration et que ces arrestations n’ont qu’un seul but : empêcher des voix d’une certaine opposition à exprimer librement leur point de vue sur les communales. Cette atteinte au droit d’opinion est inacceptable. Ces pratiques contrastent avec le discours officiel en matière de respect des libertés politiques au Maroc.

L’ASDHOM condamne fermement ces arrestations et rappelle que ces militants n’ont fait qu’exercer un droit pourtant garanti par la loi. Elle appelle les autorités marocaines à :
- libérer immédiatement les personnes arrêtées
- se conformer aux engagements pris pour garantir le droit d’opinion
- veiller à observer une neutralité stricte quant au déroulement de ces élections

NDLR SOLIDMAR : Mercredi soir 10 juin à Casablanca Place Sraghna, 8 militants ont été arrêtés vers 20 h et conduits au commissariat Derb Sultan:
- Khadija ABNAOUE, responsable de l’AMDH section Casa, qui était sur place comme observatrice
- 7 militants d’Annahj: 1- Farid Halli 2- Med Elbahi 3- Abdemajid Radi 4- Med Belaatik 5- Med Belhaj 6- Said Chihab 7- Abdellatif Dchich

Qui a dit que la Françafrique était morte?

El Hadj Omar Bongo Ondimba, pilier de la Françafrique et parrain du Makhzen, est mort à Barcelone après 41 ans de règne.
Le point de vue sahraoui sur les implications de cette disparition.

Selon M. Giscard d'Estaing, Omar Bongo "ne représentait pas à lui seul la Françafrique" mais "ce qui est vrai c'est qu'il était un des derniers à la représenter et donc sa disparition marque d'une certaine manière la fin de la Françafrique", a-t-il aussi déclaré. Les autres membres sont plus discrets que le défunt qui était connu par sa "spontanéité".
Le vrai pilier de la Françafrique est le Maroc qui a participé dans presque toutes les expéditions militaires françaises contre l'Afrique (Congo, Côte d'Ivoire, etc.) Selon un article publié le 21/11/2005 par le
magazine Jeune Afrique, Omar Bongo était l'ami de Bourguiba et, surtout, de Hassan II, et il était presque le parrain de Mohammed VI.
Et en tant que bons alliés, Bongo, lors de la conférence des chefs d'état et de gouvernement de l'OUA, qui se tint à Libreville du 2 au 5 juillet 1977, le Gabon, favorable aux thèses marocaines, interdit l'accès de son territoire à la délégation sahraouie. Plus récemment, et toujours sous les directives de Paris, il a réitéré, à chaque fois, le soutien "ferme" et "constant" de son pays à la proposition d'autonomie au Sahara Occidental comme solution au conflit.
La France est allée encore plus loin, lors de la dernière réunion du Conseil de Sécurité de l'ONU, pour empêcher la surveillance des droits de l'homme par la MINURSO, sans oublier l'agression militaire contre les troupes du Front Polisario en 1977.
Jean-Pierre Tuquoi, journaliste au Monde et spécialiste du Maghreb, dans son livre "Majesté, je dois beaucoup à votre père", nous offre des détails croustillants sur cette complicité basée en partie sur du chantage.
Hassan II aussi avait beaucoup de secrets enterrés avec lui. Majesté, je dois beaucoup à votre père et, si vous le souhaitez, tout ce qu'il m'a donné, je m'efforcerai de vous le rendre “, les propos sont de Jacques Chirac à Mohammed VI un certain 25 juillet 1999, jour de l'enterrement de Hassan II.
Hassan II aussi avait contribué dans les campagnes de Jacques Chirac. Sinon comment expliquer tout cet acharnement des gouvernements français contre le peuple sahraoui? Contrairement à ce qu'affirme l'ancien président français, la Françafrique n'est et ne sera pas morte en Afrique tant que des hommes comme Bongo pourront gouverner les Africains.
C’est le problème de la continuité des dictatures africaines à travers et malgré les changements de régime. Une différence de personne ne fait pas une différence de systèmes. Bongo est mort, mais sa famille est là pour assurer la continuité au grand dam des populations qu’ils affament, torturent, assassinent, spolient, violent et déciment.
Hassan II est mort, mais Mohamed VI est encore en très bonne santé et plus vif que jamais sur son Jet-Ski. En quoi Mohamed est-il bien différent de son père? En quoi sera Ali Bongo différent de son père? Ils sont là pour montrer que les intérêts de la France sont et resteront prioritaires. Les dictateurs africains sont mortels, mais pas au même rythme que le système qui les sert et qu’ils transmettent.
Source :
http://diasporasaharaui.blogspot.com, 11/6/2009

mercredi 10 juin 2009

Conférence de presse d'Annahj Addimocrati

par Ali Fkir, 10/6/2009

ANNAHJ ADDIMOCRATI a tenu ( à son siège), le mercredi 10 juin 2009, une conférence de presse où les camarades Abdellah Elharif (secrétaire national d'ANNAHJ) et Abdelmoumen Chbari (membre du secrétariat national) ont expliqué aux journalistes présent-es la position du boycott des "élections" de 12 juin 2009 par ANNAHJ, ont exposé la situation politique prédominante à la veille de ces "élections", et ont fourni des informations précises sur la répression dont sont victimes les militants d'ANNAHJ , ainsi que le contenu de l'interrogatoire auquel a été soumis le camarade Elharif pendant 4 heures au commissariat de Rabat le mardi 9 juin.

Abdellah El Harif: toujours debout.......

par smirnova, 10/6/2009

cet homme de 65ans...
cet homme
ayant passé les meilleures années
de sa vie en prison:
17ans...
pour avoir osé
pour avoir rêvé
lui et ses camarades
à un Maroc digne
un Maroc meilleur...
cet homme à peine sorti de prison
s'est jeté dans l'arène
essayant de reconstruire
-avec les temps qui courent-
essayant de sauvegarder
la bougie allumée
de préserver l'immunité
contre les démissions collectives
face au makhzen
face au néolibéralisme..
cet homme
a été interpellé hier
et interrogé pendant des heures
pourquoi?
parce que son mouvement
a appelé au boycott des élections!!!!
ce mouvement
dont plusieurs membres
ont été arrêtés
ont été interrogés
pendant des heures
un peu partout au Maroc..
faut pas sortir de l'"unanimité"
de ceux qui gouvernent!!!!
qu'en pensent les démocrates??
même s'ils pensent différemment?
même s'ils pensent qu'il faut participer??
ne doivent-ils pas réagir
contre
ce bafouement
de la liberté d'expression???

Répression contre Annahj Addimocrati pour son appel au boycott des élections communales

Correspondance, 9/6/2009
Conférence de presse, Mercredi 10juin 2009 à 10h au Siège Central CASA
Une conférence de presse sera organisée demain mercredi 10/06, à 10h dans le siège central d'Annahj à Casa. Donc, tous les journalistes et intéressés sont priés d'assister à cette conférence. Et ce pour recevoir les éclaircissements et autres explications quand à la convocation par la police du SN d'Annahj à Rabat.

Au cours des dernières semaines, des poursuites judiciaires ont été engagées contre des militants d'ANNAHJ ADDIMOCRATI (Midelt, Guercif...)
Le samedi 6 juin 2009, c'est la répression des sit in d'ANNAHJ (Casablanca, Agadir, Rabat, Fès, Tanger, Guercif, Marrakech). Des blessés, des arrestations arbitraires...
- Des meetings et conférences sont interdites (Mohammedia, Tanger, Alhouceima, Chaouen...)
- Le lundi 8 juin 2009 arrestation des militants: le membre du secrétariat national d'ANNAHJ, Abdellatif Zeroual (neveu du martyr Abdellatif Zeroual, décédé en novembre 1974 sous la torture au centre de torture de Derb Moulay Cherif à Casablanca); le membre du comité national d'ANNAHJ, Lhoucine Boushabi; le secrétaire local d'ANNAHJ à Temara le camarade Afdil. Ils ont été relâchés après plusieurs heures de détention.
- Aujourd'hui mardi 9 juin 2009, le secrétaire national d'ANNAHJ ADDIMOCRATI, le camarade ABDELLAH ELHARIF est convoqué au 2ème arrondissement de Rabat. On ignore encore les raisons de cette convocation. Qu'on sache que rien ne peut empêcher ANNAHJ ADDIMOCRATI de mener sa campagne pour le boycoot de la mascarade du 12 juin 2009, ni arrêter son combat pour la démocratie populaire !

Le camarade Abdellah Elharif vient de quitter le commissariat après plus de 3 heures de questionnement sur la position de boycott des "élections" du 12 juin 2009, sur le contenu des communiqués.... et cela dans "le cadre de l'article 90 de la moudwana al intikhabat" qui peut mener en prison.

Parmi les militants d'Annahj section Témara qui ont mené la campagne pour le boycott de la mascarade du 12 juin 2009, cette fin de journée mardi 9 juin, trois militants ont été arrêtés et conduits au commissariat central de Témara vers 20h, il s'agit de Abdellah HRAYRI, Med NATIQ & Ali HASSANI.. et comme d'habitude ils ont réquisitionné "les matériaux" de la campagne: le journal Annahj, l'Appel du Boycott...

Je me demande dans quelle pays nous vivons devant l’ampleurs des intervention des pouvoirs publics pour faire réussir des élections communales … en sachant que le peuple n’a plus aucun confiance dans la machine de l’Etat makhzenien, et qu’il sait bien que soit qu’en vote droite ou gauche ou centre ou islamiste rien ne va changer dans son panier quotidien et que le chômage ne cessera pas d’augmenter et que la pauvreté va s’accroître d’avantage et tout cela est le fruit d’une politique capitaliste dépendante.
Les pouvoirs makhzeniens n’a même pas confiances dans ces 32 partis politiques en concurrences pour s’approprier le bien public, alors il se lance dans la répression sauvage des sit-in pacifiques de la voie démocratique et exerce des détentions arbitraires contre les militants d’annahj lors de distribution de l’appel du boycott des élections municipale de 12 juin 2009 plus que cela il fait des tentatives pour intimider le secrétariat national d’annahj en le questionnant durant 3h et demi le mardi 09 juin


Des détentions à Mohamadia :
Deux camarades de Anahj Adimocrati de Mohammedia ont été arrêtés à 21h , ce sont: Zouheir Yassin et Belbiyad Abderrazzak, ils sont toujours au commissariat de Mohammedia.


Adresse: La voie démocratique, Immeuble 70, Rue Max Kedg N° 12,Médina, CASABLANCA MAROC
fax/tel: 212 22 20 70 80

mardi 9 juin 2009

Zahra, mon enfant!!!!

par smirnova, 8/6/2009
elles/ils étaient là
ce matin..
ds le local central de l'AMDH
les représentantEs des familles des étudiants détenus/Marrakech...
conférence de presse..
pour re relancer l'opinion publique
pour raconter leurs souffrances
pour nous rappeler notre impuissance!!
car c ce que je ressentais
en les ecoutant relater
toute cette barbarie
toute cette sauvagerie..
par laquelle on les traite...
interdits de penetrer au tribunal
tabasséEs qd ils protestent
sur les conditions de vie de leurs enfants..
condition de vie???
ZAHRA
cet enfant sortie des entrailles de ce peuple
souffre le martyr
souvenez vous de son temoignage
ou elle a raconté au monde
le type de torture qu'elle a subie:
énudée,ayant pourtant ses regles
et laissée par terre
frappée là ou ça fait mal
physiquement et psychologiquement..
daba, elle est malade
on lui refuse de voir un gynéco
elle souffre..
elle s'est même évanouie le jeudi dernier..
car hormis les douleurs genitales
elle ne peut plus vivre ss antalgiques
souvenez-vous
lors de son arrestation
c avec un bâton ayant à son extrémité un clou
qu'on la tabassait
et sur la tete!!!!!
Zahra est aujourdh'ui en grève de faim
de 48heures
elle et ses camarades
mais zahra
menace d'entamer
une grève de la faim ouverte..
ce qu'elle demande?
son droit à la santé
son droit aux études..
c'est bcq
pour ces tortionnaires
qui voient en cette jeunesse
tenant la tête encore
dehors toute la mièvrerie
dont ils ont pollué le pays
refusant le désespoir
et luttant
pour des conditions d'étude,de vie
meilleure....
ces familles ont parlé
l'avocat , ce miltant
-car dans les temps qui courent
faudrait leur tirer
un grand chapeau
à ces avocats qui se lévent
pour défendre la dignité
aux dépends de leur temps
aux dépends de leur gagne pain..-
dont les clients sont emprisonnéEs
depuis plus d'un an
avec reports répétitifs des audiences
privé de ces témoins
à qui on interdit de rentrer ds la salle d'audience!!!!
appelle lui aussi a la solidarité
pour qu'il y ait un jugement équitable!!!
le pere jmili
ce vieil homme
de tichka
qui est là aussi
cet homme si souvent malmené
pour etre là
avec ses enfants..
les chouini
3 enfants détenus...
dire quoi
et ne pas dire quoi..
un scandale!!
c peu comme expression..
ce que je peux dire
c qu'en leur disant au revoir
c qu'en me disant merci
j'eus honte

lundi 8 juin 2009

Mohammed Nadrani, le dessin ou la folie

Entretien réalisé par Christophe Cassiau-Haurie, le 16 janvier 2009 par MSN entre Maurice et le Maroc. Source : http://www.bdzoom.com/spip.php?article3884


La BD engagée reste encore un genre à inventer en Afrique. Peu ou pas d’œuvres dénonçant les dictatures ou prenant partie politiquement. Parmi les rares exemples qui font exception, on peut citer deux dessinateurs marocains qui ont raconté leur terrible histoire personnelle à l’époque des années de plomb, période des années 70 marquée par la répression des opposants politiques sous le règne d’Hassan II : Aziz Mouride, membre fondateur du courant d’extrême gauche 23 mars (auteur du superbe On affame bien les rats en 2000) et Mohammed Nadrani, qui a publié Les sarcophages du complexe (Ed. Al Ayam en 2005).
L’histoire de ce dernier est hors du commun. Condamné en janvier 1977, à perpétuité par contumace, au procès de Casablanca. Il était considéré comme étant en fuite alors qu’il était entre les mains de la DST marocaine. C’est lors de cette terrible et douloureuse expérience que Nadrani fait la connaissance avec le dessin, découverte qui lui permit de tenir le coup sans sombrer dans la folie puis d’en faire son métier après sa libération. L’auteur revient en détail sur cette période dans une auto - analyse au scalpel d’un apprentissage artistique tout simplement extraordinaire….
Avant de connaître la prison, aviez vous été en contact avec le dessin ou l’art ?
Non. Je suis amazigh, berbère. Issu de la paysannerie et n’ayant jamais fréquenté l’école, mon père quitta le Rif en y laissant sa petite famille. Plus tard, j’ai débarqué du Rif à l’age de 9 ans, je ne parlais pas un traître mot d’arabe. J’étais le « chalh », le berbère du quartier. Mes parents n’avaient aucun rapport avec l’art. Mon père travaillait dans les mines de phosphates, comme ouvrier mineur à la tâche. En dehors de son travail et de ses activités syndicales, tout ce qui comptait pour lui c’est de savoir en fin d’année que je ne redoublais pas de classe. Quant à ma mère, n’ayant jamais quitté son village natal dans le Rif, elle ne sortait presque jamais de la maison, sauf pour aller au Hammam pour femmes, les bains turcs. Je n’ai pas non plus souvenir, au cours de mon parcours scolaire, d’avoir eu un prof de dessin, pourtant j’ai passé un baccalauréat de lettres modernes bilingue, arabe et français. Par contre, mon père tenait absolument à ce que j’apprenne un métier de peur de me voir quitter un jour l’école. Il avait choisi pour moi le métier de tailleur (couturier). Je passais mes vacances scolaires, trois mois à l’époque, à exercer, comme apprenti, le métier de tailleur. En apprenant la coupe masculine, pantalon et veste, je commençais déjà à dessiner avec de la craie sur le tissu des formes géométriques. Puis, ce furent mes études de philosophie à l’université de Rabat, avec l’arrestation à l’age de 22 ans et la disparition forcée durant 9 années du 12 avril 1976 jusqu’au 31 décembre 84.
Comment est né votre engagement politique et syndical ?
Le dimanche, jour de repos, mon père, étant syndicaliste, accueillait souvent chez nous au salon des invités des réunions du syndicat des mineurs. En participant au service du thé, je suivais les discussions et décisions des syndicalistes. C’est ainsi que j’ai subi cette influence de la culture ouvrière et suis devenu au lycée, militant et membre du syndicat National des lycéens. Par la suite, j’ai adhéré à l’organisation marxiste léniniste Ilal-Amam (en avant).
Racontez nous comment vous avez découvert le dessin ?
J’ai été emprisonné dans trois lieux différents : au Complexe à Rabat, du 12 avril 1976 au 5 août 1977, au centre secret de détention à Agdz, du 5 août 1977 au 22 octobre 1980 puis au centre secret de disparition forcée à Kalâat-M’gouna, du 22 octobre 1980 jusqu’au 31 décembre 1984. Mes débuts dans le dessin datent d’une période de réclusion solitaire qui a duré vingt deux mois dans une cellule du centre de Kalâat-M’gouna. Un jour, je découvris dans ma cellule dont je commençais à connaître chaque millimètre intimement, un bout de charbon de bois qui était, sans aucun doute, tombé providentiellement, du plafond. Je pris entre mes doigts ce bout de charbon d’un centimètre et demi et commençais à écrire mon nom, pour m’assurer que je n’en avais pas oublié l’orthographe. Ensuite, il me vint l’idée de dessiner, et de coucher sur le sol en ciment, une première esquisse. Aussitôt, je tâchais de croquer une tête de profil. Mais, comme étourdi, je me révélai incapable de composer dans mon esprit les traits d’un visage. Un peu déçu, je me mis, tant bien que mal, à esquisser des formes géométriques que j’effaçais pour en recommencer d’autres que je devais à nouveau rapidement effacer avant l’arrivée du gardien. Au bout de trois jours d’affilés passés, minute après minute, à dessiner, le bout de charbon s’était complètement éteint sur les bouts de mes doigts. Je n’avais désormais plus le moyen de dessiner. Le dessin commençait déjà à me manquer. Je récupérai donc un caillou de calcaire. Je tentais de l’utiliser, mais malheureusement il rayait le ciment et le geste perdait énormément de sa fluidité. Et à force de gratter le sol avec le caillou, je risquais d’abîmer le sol de ciment. Parfois, en forçant, le caillou se bloquait et le geste, incontrôlable, partait dans une direction indéterminée. Cela me rendait fou : j’étais tout le temps sur les nerfs. Le plus souvent, une fois le dessin achevé, je me mettais debout et marchais en diagonale en faisant les habituels cinq petits pas que ma cellule avait à m’offrir pour une promenade si étroite que j’avais l’impression de me promener dans mon for intérieur. En prenant ainsi la maigre distance qui m’était permise, et en surplombant de ma taille le dessin, je pouvais mieux en apprécier la qualité d’exécution.
Une rencontre avec l’art qui reste hors du commun…
D’autant plus que la seule surface praticable commençait, à souffrir des craquelures qui, comme des vers, s’attaquaient peu à peu au ciment. Combien de temps ce fragment de ciment, auquel je trouvais une étrange ressemblance avec la carte géographique du Maroc, allait-il résister ? J’étais convaincu que si je continuais à abîmer, à cette cadence, le sol, il me faudrait bientôt demander un crayon et du papier. Par inattention, j’avais versé un peu de café sur le sol. Aussitôt, une idée providentielle me vint à l’esprit : celle d’utiliser le café. Presque au même moment, me vint aussi l’idée de façonner un pinceau. Je retirai de mon pantalon quelques fibres de nylon que je nouai de sorte que je puisse l’utiliser comme pinceau que, par la suite, je fixai à l’aide du fil, à un petit morceau de roseau échappé du plafond de la cellule. Du semblant de café qu’on me donnait le matin, je gardais la moitié que je sacrifiais pour pouvoir dessiner. Je trempais le pinceau dans le café et dessinais sur le sol de ciment. Je passais des heures et des heures à dessiner. Par moments, je portais, sans m’en rendre compte, la tasse d’aluminium à ma bouche pour en avaler une gorgée et je continuais naturellement à dessiner. Je commençais à y prendre vraiment goût.
Vous n’aviez rien d’autres pour illustrer vos dessins ?
Pour avoir fréquenté l’école coranique pendant mon enfance, j’avais pensé au schiste qu’on appliquait sur la tablette de bois poli sur laquelle on écrivait pour apprendre le Coran. Avec un chiffon imbibé d’eau et d’argile, j’enduisis, d’une fine couche, le sol de ciment. En séchant, cela donnait une pellicule blanchâtre qui, au passage du pinceau enduit de café, permettait de faire ressortir les traits. De jour en jour, le fragment de ciment se colorait d’une teinte marron noire qui donnait de la couleur à mon dessin. Je m’exerçais ainsi au dessin et, avec le temps, le résultat s’améliorait.
Peut-on dire que le dessin vous a aidé à tenir le coup et à moins ressentir la solitude ?
Oui. Par exemple, un jour je dessinai un profil féminin qui était loin de ressembler à celui de ma bien-aimée Rabéa. Mais, quand je me levai et que j’entrepris de le regarder en prenant du recul, j’eus l’impression que c’était elle qui me parlait. Je pouvais alors imaginer une conversation avec elle, qui se reproduisait chaque jour. Je passais le reste de mes journées à parler tantôt avec ma bien-aimée et tantôt avec les autres personnages que je créais pour me tenir compagnie, et remplir le vide qui m’enserrait dans un étau puissant. Un jour, après le café, je me mis à dessiner un cheval à partir d’un relief, que la pluie avait modelé . Difficile, à partir de ce modèle que me fournissait le hasard, d’imaginer en entier le corps d’un cheval. Je m’efforçai donc de me souvenir de l’allure d’un cheval, de ses mouvements, de son regard et de ses sabots… Une première esquisse, une deuxième… Etc.… Des centaines de dessins ont ainsi été réalisés sur le sol. Mais, malheureusement, je devais les effacer, à mon grand regret, à coup de chiffon mouillé. Un peu d’eau, versé sur le dessin, finissait par tout effacer.
Comment faisiez-vous avec les gardiens ?
J’avais l’œil sur mon dessin et je dressai l’oreille pour intercepter le moindre bruit suspect car je craignais d’être surpris par le gardien. Un jour, j’étais tellement absorbé par la réalisation d’un dessin que je n’entendis pas s’ouvrir la porte de l’extérieur. Le temps de m’en apercevoir, le Gorille (le gardien) commençait déjà a ouvrir le cadenas de ma cellule. N’ayant pas le temps d’effacer mon dessin, je le cachai avec la couverture et je m’assis dessus. Le gorille fouilla partout en regardant dans les recoins, derrière le bidon, et il déplia ma veste dont j’avais fait un oreiller. Heureusement, il n’avait pas soulevé la couverture. En sortant, une grande déception se lisait sur son visage.
Cela devenait compulsif, non ?
Oui, mais je n’avais pas le choix. Je passais tout mon temps à dessiner, sans répit, jusqu’au coucher du soleil. À la tombée de la nuit, je donnais libre cours à mon imagination. Je repassais dans ma mémoire, en grelottant de froid, les images qui me renvoyaient à un passé lointain. Le lendemain, je recommençais le dessin. Un jour, j’avais pensé à un dessin à trois dimensions. Pour modèle, j’avais pris, vu à travers la fenêtre de ma cellule, le bagne qui se profilait, avec son barbelé surplombant les cellules. Pendant une semaine je ne faisais que dessiner d’après ce modèle. Soudain, je constatai que, chaque fois, que je pensais à diriger mon geste vers le haut, je voyais ma main descendre. Le geste allait dans le sens contraire de la pensée. Je perdais complètement la maîtrise de ma main. Ma main se mit à trembler sans cesse. Impossible de tracer un seul trait. Inquiet, j’arrêtai aussitôt le dessin. J’étais étourdi, désarçonné, les larmes aux yeux, je me demandais ce qui allait m’arriver. Deux semaines s’étaient écoulées sans que je touche au pinceau. Je m’efforçais de reprendre mes esprits et de coordonner, en forçant sur la concentration, le geste et l’intention. Malgré tous mes efforts, le phénomène de discordance persistait. Un mois, jour pour jour, s’était écoulé ainsi. Cela devenait alarmant ! J’en vins à craindre d’être dans l’incapacité de dessiner à cause de ce trouble inexpliqué de coordination de mes mouvements. Je me résignais à ne plus penser au dessin dans l’espoir de retrouver un jour mon équilibre.
Et comment cette « panne » a-t-elle pris fin ?
Après 22 mois d’isolement, je suis revenu parmi mes amis, « co-disparus ». Au fil du temps, peu à peu, j’ai commencé à retrouver la fluidité du geste que j’avais cru perdu à tout jamais. Un matin, alors que j’étais sur le point de finir un dessin, le Gorille s’était introduit dans l’enceinte de la cour pour nous ouvrir. C’était raté, je dus tout arrêter jusqu’au lendemain. Mes croquis s’amélioraient de jour en jour. Au bout d’une semaine, je maniais le pinceau avec une certaine dextérité. À mon premier dessin réussi, j’ai sauté de joie.
Quelle a été la réaction de vos codétenus ?
L’un d’entre eux, Abderrahmane, s’est proposé comme assistant technique. Pendant que je dessinais, il s’agenouillait à côté de moi sur le sol. Immobile, attentif, il suivait chaque geste des yeux, du début jusqu’à la fin. Puis, il me donnait de précieux conseils, que je prenais en compte le lendemain. Quelques semaines plus tard, nous nous concertâmes tous les deux pour une série de portraits. Dans ma solitude passée, je n’avais pensé à aucun visage, excepté celui de ma bien-aimée. Je me suis donc mis à la besogne en pensant à elle. A mesure que les traits du portrait apparaissaient, je vis le visage d’Abderrahmane s’illuminer peu à peu, comme s’il revoyait un être cher car il la connaissait. Dessiner me redonnait confiance. Plus tard, mes camarades allaient me servir de modèles : tantôt c’était Errahoui, tantôt Moulay Driss ou encore Lahbib. Les jours passaient relativement plus vite que de coutume. En cette période, j’en venais presque à oublier nos geôliers.
Quand avez-vous commencé votre carrière de dessinateur professionnel ?
Ce n’est qu’après ma libération, survenue, le 31 décembre 1984, que je me suis mis à dessiner avec des crayons et du papier. Puis j’ai entamé une expérience de peinture à l’huile sur toile qui m’a servi de support pour dénoncer les violations graves des droits humains au Maroc. Toujours autodidacte, j’ai commencé à m’intéresser à la BD. Et ce fut mon premier album Les Sarcophages du Complexe pour reconstituer les faits de mon séjour au « Complexe » de Rabat, un lieu de détention où j’ai passé 18 mois les yeux bandés et les mains passées aux menottes. Les Sarcophages du Complexe est une autobiographie, que j’ai réalisée en BD afin de montrer par la force de l’image les conditions réelles de la disparition forcée.
Une sorte de défi ?
Oui, les forces de la répression avaient voulu m’anéantir, éteindre en moi toute lueur de culture, de savoir et d’humanisme, j’en suis sorti plus fort et consolidé par la passion que j’avais forgée dans les pires conditions de ma disparition forcée dans les geôles du régime de Hassan II. C’est en quelque sorte ma revanche sur mes tortionnaires !!! J’ai voulu que cet art, cette passion qui s’est révélée en moi dans ces conditions, soit et demeure une arme pour combattre toute injustice, pour combattre l’oubli, pour briser le silence et la complicité. Je revendique le parti pris de toute création de quelque genre que ce soit.
Qu’en est-il de votre seconde BD sur l’émir Abdelkrim ?
L’histoire du héros du Rif, dont je suis originaire, a été, po
ur des raisons politiques, occultée durant presque un siècle. Pour moi, cette partie de l’histoire de notre pays a été effacée, falsifiée et surtout reniée par le pouvoir en place. On a voulu faire disparaître cette histoire, effacer la mémoire de notre peuple. Je le dis avec beaucoup de modestie. C’est à nous de faire revivre cette histoire afin de sauvegarder la mémoire de notre peuple.
C’est également une leçon que vous avez tiré de votre emprisonnement ?
Oui, pendant notre disparition forcée, privés de lecture et d’écriture, nous avions mis en place un programme oral pour lutter contre ce que nous avions appelé à l’époque la lutte contre l’érosion de l’oubli. Pour conserver notre savoir nous ressassions, chaque nuit avant de nous endormir, nos connaissances. L’histoire de Abdelkrim faisait partie de ce stock d’histoires et de récits qui avaient germé dans mon cerveau et que je m’étais juré de réaliser en BD.
Qu’en est il de la BD au Maroc ?
Par le passé, au Maroc, nous avions une tradition de BD. Je me souviens dans ma génération nous avions appris le français en lisant les albums de Blek le roc, les Kiwi, les Akim, les Capitaine Swing, les Mustang, les Zembla, les Rodéo et autres. On pouvait même pour quelques centimes louer des albums ou les acheter à bon marché dans des quartiers populaires. Mais depuis cette tradition a tendance à disparaître. On ne trouve plus ces précieux albums !! C’est bien dommage. Il est vrai que le fossé de la crise de la lecture en général s’approfondit et s’élargit de plus en plus, mais la BD embryonnaire au Maroc souffre doublement de cette crise du manque de lecteurs.
Y a-t-il d’autres obstacles, disons plus administratifs ?
D’une part si le prix exorbitant de la publication d’une BD, surtout en couleurs, en absence de toute subvention ou aide étatique n’encourage guère les éditeurs à s’y aventurer, la distribution, quant à elle, transformée en guillotine, finit par l’achever. Les 45% relevé sur le prix couverture au profit de la société de distribution (SOCHEPRESS) au Maroc ne laisse aucune marge pour en vivre, ni pour le bédéiste ni pour l’éditeur. Je pense qu’en absence d’une certaine « discrimination positive » en faveur de la BD à peine émergente au Maroc, il est quasiment impossible de voir la BD prendre sa place dans un futur proche sur les rayons de nos librairies. Malheureusement, les institutions étatiques qui devraient jouer ce rôle d’encourager et de promouvoir le 9ème art ont hélas, et depuis longtemps, démissionné, surtout quand il s’agit d’une BD engagée qui parle vrai et dénonce. Nous ne sommes plus en face de la censure directe, crue, répressive de l’interdiction. Le nouveau visage de la « censure » peut porter différents voiles… pour obliger à courber l’échine et à accepter de plein gré de s’autocensurer.

Les "électionettes"

par Ali Fkir, 5/6/2009

1 - A Mohammedia
les travailleurs, de larges franges de la petite bourgeoisie et la jeunesse sont décidés à ne pas cautionner la mascarade du 12 juin 2009.
La bataille est engagée entre les barons de l’immobilier : le pigeon, le tracteur et le cheval. Beaucoup de choses se disent sur l’origine de leurs fortunes. De toute façon ils ne lésinent sur aucun moyen pour obtenir le maximum d’élus afin de s’emparer de la citadelle de la présidence du conseil de Mohammedia. L’un des conseils les plus riches du pays. La cagnotte se chiffre en centaines de milliards.
Des accrochages ont lieu, des incendies…Des blessés sont à l’hôpital. Des dizaines de personnes ont bloqué le mercredi 3 juin la circulation dans un quartier d’Al Alia. Les contestataires réclament « leur dû ». Tard dans la nuit le « cavalier » à dû payer cash. Les rejetons du makhzen se disputent avec violence la plus proche place des commis locaux de l’Etat pour mieux se servir.
A Mohammedia les désoeuvrés et autres « mal- nourris », la misère oblige, assurent en cette période d’ « élections » leur pitance. Ils vous disent sans état d’âme que « la gamelle/gamela est assurée ».
Dans la main d’un homme « d’affaire » (qui change de couleur à chaque « élection »), la rose qui a perdu toute sa splendeur depuis que ses cultivateurs ont abandonné la terre défrichée par leurs ancêtres pour s’installer en tant que simples valets au château du seigneur, n’attire plus les amoureux de la nature.
La lampe-tempête a perdu toute sa luminosité depuis que la plupart des conseillers du parti ont pris place dans le tracteur. Selon nos estimations l’USFP (1ère force dans le conseil précédent avec 14 sur 39) et le PJD (2ème force avec 11 conseillers sur 39) vont se battre désormais pour la 4ème et la 5ème place derrière les partis made administration. Quant à la balance, sa rouillure s‘est accélérée à l’image de la santé de la primature. Le PI peut espérer occuper la 6ème place.
Les autres forces politiques vont jouer le rôle de simples figurants dans la comédie du 12 juin dont le mauvais goût ne nécessite pas une démonstration particulière… Les militants de l’Alliance de la Gauche Démocratique, et malgré la qualité de la plupart des candidats (honnêtes, sincères, bonne volonté..) ne peuvent espérer une meilleure place que celle qu’occupent les cancres dans une classe de collège. Pourquoi ? parceque la base sociale qui pourrait voter pour la gauche boude, et avec raison, les urnes qui sentent de loin la puanteur nauséabonde du makhzanisme. Ces camarades de combat ont aujourd’hui une occasion inouïe pour frapper politiquement un grand coup et gagner l’estime des masses populaires de Mohammedia qui est dégoûtée par ce qui se passe. Comment ? L’alliance se retire avec fracas médiatique d’une course biaisée, d’une opération où l’argent reste le meilleur moyen pour récolter des « voix » . Mohammedia s’est divisée en deux. D’un côté, la majorité qui évite de se salir la conscience, de l’autre côté un souk à « voix » où la dignité n’a pas de place.

2 – A l’échelle nationale :
- Le PAM, le parti de l’ami du roi, qui n’a pas encore éteint sa 1ère bougie est en tête de classement des partis selon le nombre de candidats : un peu moins de 17 000, suivi du parti du 1er ministre, un peu plus de 15 000. L’entourage du palais attire plus que la primature.
- Selon les dires des gens, les partis sans moralité aucune, paient minimum 3000dh les individus qui acceptent de compléter la liste. Les partis de l’Alliance de gauche démocratique qui ne recourent pas à ce type de pratiques, n’arrivent pas à couvrir les villes : à Casablanca, divisée en préfecture de 500 000 habitants en moyenne (chiffre non officiel), l’Alliance n’a pas pu se présenter dans la plupart de ces préfectures par manque de candidats. Dans la région de Beni Mellal, jadis fief de la gauche radicale ittihadie, le taux de couverture (selon la presse) n’a pu dépasser 11%.

Les élections communales de juin 2009 vues par un abstentioniste sans parti ni tribune

par Mohammed Hifad, Sidi Kaouki, juin 2009
Depuis les années soixante-dix , pour ma génération, il y a une constante dans l'organisation des élections au Maroc:
1/les partis, les associations , les services de l'intérieur , les conseillers étrangers etc, recensent les revendications des citoyens .
2/L'Etat procède à un triage de ces données , les classe par ordre de priorité , selon ses possibilités ou volontés , par mesure de sécurité etc
3/L'Etat rassemble les données visées dans un livre blanc qu'il confie à l'un de ses cadres pour qu'il lance un nouveau parti .
4/Les autres partis doivent considérer ce livre blanc comme une ligne rouge à ne pas dépasser.Pour ceux de ma génération , nous avons mordu à l'appât du livre blanc du parti constitutionnel de monsieur Maâti Bouabid , premier Ministre à l'époque et gratifié par la création d'un nouveau parti , un grand privilège pour un citoyen marocain.Je suis sûr que si on donne à un jeune d'aujourd'hui le même livre , il appréciéra son contenu.Je n'ai pas dépassé deux semaines dans ce parti.Je me suis présenté une fois en tant qu'indépendant contre un milliardaire et vous imaginez la situation qui tient de la dérision!
Y'a-t-il un changement sur le terrain? A-t-on changé la constitution et les lois laissées par les années dites du sang ou du plomb utilisées comme moyen désormais d'obtenir des privilèges comme pour la résistance après l'indépendance? Qui va indemniser tous les habitants du Rif ,de Zayane,de Ouarzazate , de Haha avec Abdellah ou Bihi et Anflous ,de Sous , autonome sous le commandement du Caid Birouk jusqu'au début du XXe siècle, des Ait Baâmranes,des Sahraouis etc .L'authentique indemnisation ne peut se réduire à des privilèges qui engendrent d'autres discriminations et d'autres ressentiments qui ne peuvent que faire déborder le verre déjà plein.Il faut garantir les droits de tous et non appliquer la loi du partage du butin de guerre ,réelle ou fictive ,sur le dos d'un peuple tout entier.Il faut confisquer les biens des responsables de ces années dites du sang ou du plomb et les distribuer pour les victimes.Tout le monde parle de réconciliation , de période de transition démocratique , de plus de libertés ,etc.. Les bonnes intentions des responsables ne vous sont d'aucun secours face à un tribunal qui fait scrupuleusement son travail et applique les lois à sa disposition.Or la constitution et les lois qui datent de ces années sombres restent en vigueur.Notre problème à nous ,c'est que nous nous limitons à la forme dans tous les domaines et pas seulement dans les elections.Un parti peut dire n'importe quoi dans son programme , il sait que personne ne viendra jamais lui demander des comptes.Et même si on veut le faire , est-ce que la constitution actuelle le permet vraiment ?Quant à l'abstention , politique encore et bientôt économique à la Gandhi ,si les choses ne bougent pas rapidement, il y a la révolution silencieuse, de tous les mécontents du pays: les diplômés chômeurs , les salaires dérisoires,la corruption qui ronge le corps national comme un cancer et l'abstention de tous les Amazighs dignes de ce nom.
Vous me direz que c'est là un constat et les solutions ?
1/Changer la constitution.
2/Etablir un Etat de droit dans les faits.
3/Garantir une bonne gouvernance et un partage équitable des richesses.
4/Reconnaître les droits des Amazighs et de tous les citoyens marocains sans exception . /Créer une pension de chômage pour les laissés pour compte comme dans tous les pays civilisés avec , désormais , les revenus du pétrole de Tarfaya .
5/Garantir par la constitution l'autonomie de la justice.
6/Garantir les droits de l'homme en général et de la femme et de l'enfant en particulier.
7/Garantir le droit de choisir sa religion.
8/Notre démocratie doit tenir compte de nos ethnies et tribus après l'échec de l'Etat Nation et jacobin et le découpage electoral doit y correspondre .
9/Comme les parlementaires ont la possibilité de retirer leur confiance au gouvernement à une certaine majorité , la constitution doit garantir la même chose pour les electeurs pour qu'ils renvoient aux urnes leurs représentants aux conseils communaux et au parlement si ces derniers changent de camp ou s'il s'avère qu'ils sont incompétents ou ne respectent pas leurs programmes proposés lors des elections.
10/Mettre fin définitivement à une démocratie réduite aux simples élections manipulées comme une insulte pour l'intelligence du peuple.Il faut se rendre à l'évidence que le temps des turbans , de l'ignorance et des résultats faciles de 99,99 % est révolu.Ne pas le comprendre , c'est exposer ce beau pays au plus grand danger et aux lendemains incertains, qu'à Dieu ne plaise !
Source :
http://hifadmed.blogspot.com/

ASDHOM : Soirée festive à Nanterre (France-92)

ASDHOM : 1984 – 2009
25 ans d’engagement
Pour un Etat de Droit au Maroc
Soirée Festive
Témoignages,
Musique, Dîner(*),
Expositions de peintures, Livres,
Artisanat, Calligraphie…

Le samedi 27 juin à Nanterre de 18h à minuit
Lieu : Salle Jacques Decour, rue des Rosiers
Métro/RER : la Défense, puis bus 258 : arrêt les Bergères

Pour vous réserver un bon accueil, pensez à nous confirmer votre participation
asdhom@asdhom.org ou Tél : 06 03 67 79 47

(*) Une participation aux frais sera demandée pour le dîner

Le peuple marocain a besoin de vous pour porter son combat et ses espérances

Avis des familles des détenus politiques à Marrakech

par Les familles des détenus politiques à Marrakech
Avis
Devant le maintien en détention de nos onze fils* (le groupe de Zahra Boudkour) sans aucune raison….
Devant l’obstination qui marque encore l’attitude de l’Etat marocain en ce qui concerne le dossier de nos fils et les violations juridiques que connaît cette affaire ( ajournements non justifiés, arrestation des témoins…)
Devant la répression quotidienne des luttes des familles, qui ont été victimes le 19 mars et le 28 mai 2009 devant la cour d’appel ( matraquage, détention et interdiction d’entrer à la cour …)
Devant notre souffrance quotidienne en tant que familles des détenus politique à Marrakech depuis un an et presqu’un mois.
Devant la poursuite de la souffrance et les conditions de vie inhumaines dans la prison de Marrakech (le surpeuplement, la propagation de maladies,les problèmes sociaux du côté des femmes et celui des hommes,....), nous dénonçons la privation de leur droit aux soins médicaux et à la poursuite de leurs études et soutenons leur demande de droit de réunion et leur séparation des détenus de droit commun .
Devant la falsification flagrante des notes de leurs examens , le refus de l’administration de leur donner les relevés de notes, et la planification systématique en vue de les éliminer ...

En tant que familles des détenus politiques à Marrakech, nous organiserons une conférence de presse à Rabat le lundi 08 Juin 2009 à 10h du matin au siège central de l’AMDH sous le slogan : « stoppez ces souffrances et libérez nos fils ».

A cette occasion et au nom des mères et pères des détenus politiques à Marrakech, nous invitons les représentants de la presse nationale et internationale, les organisations de droits de l’homme, les organisations démocratiques nationales et internationales, les agences de presse nationales et internationales, les organisations et organismes intéressés aux conditions de vie dans la prison, à assister à cette conférence de presse.
Les familles des détenus politiques à Marrakech

* 7 étudiants ont déjà été libérés après avoir fini leur temps de détention


Source : http://tililli.viens.la

dimanche 7 juin 2009

Sit in pour le boycott : succès ...et répression.

par Ali Fkir, 7/6/2009
Le samedi 6 juin 2009 , dans toutes les régions du Maroc, les militant-es et sympathisant-es d'ANNAHJ ADDIMOCRATI ont répondu présent-es à l'appel d'ANNAHJ pour exprimer et expliquer la position du boycott des élections du 12 juin et dénoncer la privation d'ANNAHJ des moyens audiovisuels publics.
Le ministère de l'intérieur a interdit arbitrairement ces sit in légitimes.
A Tanger, Rabat, Agadir, Guercif, Casablanca et à Fès, les forces de répression ont dispersé brutalement les manifestant-es, arraché les banderoles et les pancartes, confisqué les mégaphones...Des militants ont été hospitalisés à Rabat et à Agadir, d'autres blessés sont signalés à Guercif où la répression était particulièrement féroce. Des militants sont arrêtés à Tanger et Guercif, puis relâches par la suite.
A Marrakech le sit in a été interdit, la place était inaccessible aux militants et aux citoyens.
A Meknès, ANNAHJ a pu organiser avec succès le sit in.
A Alhouceima capitale du Rif d'Abdelkarim Alkhattabi, premier grand républicain du Maroc,
les militant-es et sympathisant-es d'ANNAHJ, ont organisé un grand rassemblement populaire dans le plus grand boulevard de la ville, et cela malgré l'interdiction. Les forces de répression n'ont pas pu intervenir, évitant ainsi la réaction de la ville. C'est une question de rapport de force.
A Casablanca, des centaines de militant-es et sympathisant-es se sont rassemblé-es à la place de Sraghna, et malgré l'intervention musclée de diverse forces de répression, des slogans ont été scandés, les militant-es n'ont quitté la place qu'après avoir réalisé l'objectif du sit in.
Le soir du samedi 6 juin 2009, les sections d'ANNAHJ ont repris l'opération de distribution des milliers et des milliers de tracts et autres brochures , présentant ANNAHJ, expliquant ses positions, et appelant les masses populaires à boycotter la mascarade du 12 juin 2009.
Les positions d'ANNAHJ dérangent. Les actions d'ANNAHJ font peur. Tant mieux! nous sommes sur la bonne voie!
Bravo les militant-es et sympathisant-es d'ANNAHJ !
La lutte continue!