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vendredi 12 juin 2009

Pourquoi ne nous écoutons-nous pas ? Pourquoi ne nous écoutons-nous pas ?

par Mohammed Hifad, 7/6/2009
Au Centre de Formation d'Instituteurs et d'Institutrices(CFI) , j'avais l'habitude d'organiser des discussions entre mes stagiaires à propos d'un sujet d'actualité. A la fin de chaque séance , je donne la parole à chacun d'entre eux pour qu'il fasse un bilan oral ou écrit de cette discussion. Chacun d'entre eux rapporte sa propre intervention et quelques vagues bribes de celles de ses collègues.J'ai constaté la même chose au sein des associations et des partis puis au niveau de la population d'un village, d'une ville , d'une région et de tout un peuple.
En principe , nous devenons solidaires par exemple:
a) Pour défendre notre terre familiale , régionale ou nationale;
b)Pour défendre notre population;
c)Pour défendre notre organisation politique et nos intérêts économiques.
d)Pour défendre notre langue,notre culture et religion;
e)Pour défendre nos droits sur le plan économique,politique,social,juridique et humain;
f)Pour faire face aux conflits,aux maladies et aux catastrophes naturelles;
g)Pour réaliser des travaux difficiles;
h)Pour partager nos moyens sur le plan matériel et économiser de l'argent etc.
A l'arrivée des Français au Maroc , ils ont méthodiquement tout mis en oeuvre pour saper les fondements de notre solidarité à tous les niveaux.Toutes les zones où ils ont rencontré une grande résistance sont laissées pour compte pendant toute la période du protectorat et nos concitoyens, d'une manière consciente ou pas, ont continué la même politique après l'indépendance.Ce n'est plus l'intérieur du pays où sont accumulées les richesses : c'est sur la côte que sont installées les grandes villes,les grandes usines , les grands ports et aéroports dans la mesure où c'est facile d'accés pour une intervention par la mer.Il suffirait d'un tsunami de la grandeur de celui de 1755 pour porter un coup fatal à toute l'économie du pays. Les routes sont exprès tracées de façon à être éloignées des zones de résistance et près de pauvres villages pour utiliser ces derniers contre les notables de l'intérieur opposés au protectorat.Nos caids et moqadems ne sont plus élus par la population : c'est l'administration coloniale qui nomme les caids , souvent des notables collaborateurs , lors de la guerre d'occupation. Le caid et l'instituteur arabophones sont envoyés en zone amazighophone et le caid et l'instituteur amazighophones sont nommés en zone arabophone : c'est la garantie pour qu'ils ne se solidarisent pas avec leurs administrés ou élèves .Nos concitoyens n'ont rien changé à cette pratique après l'indépendance. C'est juste à peine qu'ils tolèrent la désignation d'un khalif originaire de la région, au bas de l'echelle, en zone amazighophone.
Dans les écoles , sans parler des contenus, on procède à un véritable dressage des enfants pendant des années. Les élèves sont disposés en rang parallèles qui ne se rejoignent jamais.On sanctionne sévérement l'élève faible qui demande l'aide de son camarade immédiat : on le traite de tricheur , puisqu'il copie sur son voisin et vole un bien qui ne lui appartient pas : on lui confectionne un bonnet d'âne et on le fait circuler dans toutes les classes.
On gratifie de manière individuelle le bon élève par de bons points qu'il peut échanger à la direction contre du chocolat, des livres ou un billet de cinéma. L'élève soumis à ce dressage diabolique pendant des années sera définitivement incapable de s'intégrer dans un groupe ou d'être solidaire avec les autres.
J'imposais à mes stagiaires le travail de groupe pour le moindre exercice: chaque groupe doit trouver une partie de la solution.Celui qui a besoin de mon aide ou de celle de ses collègues , il peut le faire même le jour de l'examen.
J'ai toujours soutenu qu'il faut changer notre mode d'évaluation et l'adapter à la situation en question, en fonction du but recherché. Un élève faible a le droit de demander de l'aide à son camarade immédiat ou dans le reste de la classe : c'est au professeur d'adapter son évaluation à cette situation et inculquer aux jeunes, comme nos ancêtres , des reflexes de solidarité.Si la France avait procédé ainsi, c'est pour rendre les Marocains incapables de se solidariser, de prendre des initiatives ou de créer et leur inculquer l'esprit d'assistés. Malheureusement , c'est le même système qui sévit encore dans nos classes après quarante et quatre années d'indépendance.Les responsables actuels y trouvent-ils leur compte ou restent -ils encore indépendants?
Par expérience , je ne m'étonne pas lorsque je constate que ne nous écoutons pas. Il ne faut donc pas rejeter la faute sur les Arabes ou les Amazighs qui deviennent comme eux .On ne peut pas, dans ce contexte , citer Ibn Khaldoune : " les Arabes se sont entendus pour ne jamais s'entendre.".
Il s'agit là d'une réalité artificielle , mise au point par les colons pour défigurer complétement notre solidarité, notre éducation, notre culture, notre démocratie de la Jmaâ et détruire toute résistance chez nos concitoyens, sur le plan individuel et collectif.
Chacun d'entre nous doit procéder à sa propre réeducation et surveiller ses faits et gestes dans ce sens et commencer par faire son autocritique.

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