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samedi 25 février 2012

AMDH Bruxelles : Etat des lieux des droits de l’Homme au Maroc

Par Mohammed Belmaïzi,  Commission Préparatoire Provisoire, 22/2/2012

COMMUNIQUÉ 

En dépit de l’Instance Equité et Réconciliation et de ses recommandations, restées d’ailleurs inappliquées, une chape de plomb savamment orchestrée empêche l’instauration d’un véritable État de Droit au Maroc. Nombre de litiges, à ce sujet, voient le jour sans discontinuer. Le point culminant de ces violations, les plus récentes, on l’a vu, entre autres, dans la descente punitive sur Taza ! Cette incursion répressive ressemble goutte pour goutte à l’offensive des forces de police sur la ville d’Ifni en juin 2008 : tabassage ; torture; arrestations ; portes des maisons défoncées ; biens mobiliers saccagés ; attouchements et langage ordurier envers les femmes. A Taza, même le Hammam et l’intimité des femmes n’ont pas été épargnés par les Forces de la Sécurité!

Les arrestations arbitraires sont le lot quotidien au sein des étudiants et le Mouvement du 20 février. Les autorités se refusent à venir en aide à personne en danger, lorsqu’il s’agit de ces jeunes en prison pour délit d’opinion, en grève de la faim, menaçant leur vie.

La torture au Maroc ne s’arrête pas. Une liste de témoignages reste à disposition. Aux martyres tombés sous des coups meurtriers, durant l’année des protestations du Mouvement du 20 février, s’ajoute le décès sous la torture d’un homme El Asri Cherkaoui âgé de 26 ans, au cours d’une garde-à-vue à Témara, le 6 février 2012…

Le moins que l’on puisse dire, c’est que ces agissements condamnables et condamnés, relèvent des caractéristiques d’un Etat-de-Non-Droit, et que le dossier des violations des Droits Humains au Maroc, n’a jamais été clos. L’impunité sur tous les plans règne inlassablement et de manière scandaleuse. Les tortionnaires et les assassins durant les années de plomb, occupent encore les hauts rangs de l’Etat. Et le système perdure sur les ruines de graves contentieux des violations des droits de l’Homme.

Quant aux Marocains Résidents à Étranger, ils ne voient ni leurs droits ni leurs rapports s’améliorer avec les autorités consulaires et l’Etat de leur pays d’origine. Marginalisés de la participation à la politique de leur pays, les MRE ne sont traités que comme une vache à traire. Leurs droits à la citoyenneté bafoués, ils s’exposent constamment à la maltraitance aux frontières douanières lors des vacances d’été.

Aujourd’hui l’immigration clandestine des jeunes mineurs marocains suscite l’indignation de la communauté des MRE. Un jeune de ces clandestins vient de décéder dans le froid meurtrier, alors que les autorités consulaires semblent indifférentes à ce drame qui relève du droit à la vie digne et à la justice sociale.

Nous exhortons les institutions européennes de faire pression sur l’Etat marocain pour respecter ses engagements, et les chartes universelles des Droits de l’Homme. Ses violations empêchent résolument le Maroc de faire partie des pays prospères et moderne.


« Les gens ne doivent plus avoir peur du Makhzen »

Ecrit par: Alae BENNANI,
Par Nadir Bouhmouch, 25/2/2012

Le titre de votre film My Makhzen and Me parle d’une corrélation entre vous et le Makhzen. Il exprime aussi un sentiment de possessivité. Pourquoi ?
La réponse est chez Rousseau. Il est question du Contrat social entre le peuple et le Makhzen. Le titre est ironique car le contrat social est violé, le Makhzen ne discute pas et ne représente pas le peuple. Le titre exprime en effet un sentiment de possessivité, car j’estime que le gouvernement doit appartenir au peuple.

Pourquoi le film montre-t-il des scènes de répression parfois brutales ?
Cette animosité justifie la peur des gens à rejoindre les manifestations. Le Makhzen pense que la violence est nécessaire et que sa vie dépend de l’intensité de cette peur. On ne voit pas cela à la télévision, c’est pourquoi il faut montrer aux gens ce qui se passe dehors.

Il arrive à n’importe qui d’attribuer la Hogra au Makhzen. La police est censée véhiculer l’image de la sécurité. Pourquoi au Maroc, elle inspire la peur et la paranoïa ?
Car il est plus question de répression que de sécurité. Les années de plomb restent un terrible cauchemar. Je pense que c’est juste la méthode de répression qui a changé.

La répression n’a pas tout le temps lieu. Serait-il difficile de déclencher chez le Makhzen un déclic ?
On parle ici de l’inconsistance du Makhzen. Des fois il réagit avec force, des fois non. Dans ce cas, il est simplement là pour empêcher la multiplication des manifestants.

Les manifestants ont à maintes reprises scandés « Makhzen dégage ! ». La cohabitation avec lui est à ce point impossible ?
C’est un système incompatible avec la démocratie. Le Makhzen lui-même n’a jamais exprimé un désir de cohabitation avec les citoyens. Toutes les formes de répression doivent être jugées et écartées.

Existe-il un moyen de remplacer le Makhzen ?
Les gens ne doivent plus avoir peur du Makhzen tout simplement. Du moment que nous nous posons quotidiennement des questions sur la machine répressive du Makhzen, notre quête vers la démocratie n’a pas à se plaindre. Elle est entre de bonnes mains. ◆

Visualiser le film My Makhzen and Me sur le Soir.TV

Rabat : Bref rapport sur la journée de solidarité avec les détenus politiques en grève de la faim

Par Samira Kinani , AMDH, 24/2/2012

Le 22/2/2012, le bureau central de l’Association Marocaine des Droits Humains (AMDH) a organisé une journée de solidarité avec les détenus politiques et les victimes des arrestations et jugements arbitraires qui mènent une grève de la faim dans plusieurs prisons marocaines.
La journée comportait le programme suivant :
• Une grève symbolique de la faim
• Un sit-in devant le conseil national des droits de l’homme de 9h à 17h
La journée a été marquée par la forte présence des membres du bureau central (16 membres sur 17) ; la présence de représentants d’organisations des droits humains ; la présence des familles des détenus en grève de la faim ; de quelques médias et de centaines de diplômés chômeurs venus manifester leur solidarité avec les détenus en grève.
Au cours du sit-in la présidente de l’AMDH a prononcé une allocution suivie par des témoignages émouvants des familles des détenus sur les conditions de détention de leurs proches
La journée s’est achevée par une rencontre entre une délégation de l’AMDH et le secrétaire général du conseil national des droits de l’homme.