Par Moha Oukziz, coordinateur du comité de soutien aux étudiants Fès/Taza, 21/2/2012
Hier soir, il a été transféré à destination inconnue depuis l'hôpital de Taza, vraisemblablement un autre hôpital- celui de Fès. Les documents hospitaliers confirment que sa santé est très détériorée et qu'il est encore en vie, mais est-il réellement encore en vie ?
Hier matin, sa famille lui a rendu visite et confirme qu'il est dans un état extrêmement inquiétant. Il a envoyé une lettre/témoignage , peut être la dernière , elle sera traduite par Moha Oukziz et publiée dès réception dès réception.
Le bureau central de l'AMDH appelle à un rassemblement le 22 février 2012, à Rabat, place des martyrs, en face du Conseil National des Droits de l'Homme au Maroc.
Elle invite toutes les forces vives du pays à rejoindre le rassemblement et à observer une grève symbolique du 9h à 17h, toujours place les martyrs, afin de se faire entendre des responsables marocains, de demander la satisfaction des réclamations des prisonniers politiques en grève de la faim, de respecter leurs droits élémentaires, leur dignité, leur droit à la vie, et enfin solliciter leur libération.
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L’ennemi de tout prisonnier après le tortionnaire est le silence du monde extérieur à la prison.
Rappel :Des étudiants marocains sont en danger de mort dans les geôles de Mohammed VI
A ceux qui pensent que le Maroc a changé, qu’il est une exception, que les années de plomb ne sont qu’un lointain souvenir, nous recommandons la lecture ci-dessous :
Des étudiants détenus pour leurs idées dans des conditions inhumaines
L’étudiant Ezedine EROUSSI, arrêté le 1/12/2011 pour son appartenance à l’UNEM, (Union Nationale des Étudiants Marocains) centrale syndicale arbitrairement interdite, a été condamné à 5 mois de prison. Comme tout prisonnier politique marocain, il est victime de tortures physiques, de menaces de mort et autres tortures morales. Des aveux lui ont été arrachés sous la torture.
Pour protester contre cette détention arbitraire, il est en grève de la faim depuis le 19 décembre 2011 à la prison de Taza. A plus de 65 jours de privation de repas, parfois d’eau, le corps finit par épuiser toutes ses ressources. Le 5 février il est tombé dans le coma et a été transféré à l’hôpital de Taza. Deux jours en réanimation, des injections de sérum pour l’empêcher de mourir, puis retour dans sa redoutable cellule n°4 de la prison de Taza jusqu’à la prochaine perte de connaissance. Cette cellule est occupée par une centaine de prisonniers de droit commun dont la majorité relève de la psychiatrie. Selon l’AMDH de Taza l’administration pénitentiaire "offre" à ces codétenus dangereux des comprimés excitants pour qu’ils l’agressent sexuellement et le violent. Ezedine doit encore supporter ce cauchemar, s’il survit, pendant trois mois. L’administration reste sourde à sa demande de statut de prisonnier politique.
Sous Hassan II plusieurs grévistes de la faim ont poursuivi leur grève jusqu’à la mort face à l’indifférence du pouvoir. Le calvaire de Saïda Menebhi a fait le tour de la planète.
Ezedine a eu droit à la visite du procureur du roi, non pas pour constater son état et ses conditions de survie, pour faire valoir un droit à sa libération, ni pour ordonner des vrais soins au lieu d'injections de sérum, mais, selon les témoins en place, il est venu pour le menacer afin qu'il arrête la grève de la faim.
A 120km de Taza, quatre étudiants de l’université de Fès sont détenus à la prison d’Aïn Kadouss. Solidaires d’Ezedine, ils sont en grève de la faim depuis le 23 janvier et luttent comme lui pour obtenir une amélioration de leurs conditions de vie dans la prison, être traités comme prisonniers politiques, avoir accès aux journaux, aux livres, et aux programmes scolaires, à toute visite sans conditions, et ne plus subir le harcèlement des gardiens.
L’un d’eux, Mohamed Ghaloud a été gravement violé par la police au cours de son interrogatoire musclé : méthode de la bouteille dans l’anus. (Spécialité de la police marocaine qui parfois aussi utilise la matraque ou la barre de fer…) Il saignait le jour de son audience devant le juge et sous le regard de sa famille présente. Il est très malade et vomit du sang… Ibrahim Essaïdi, un autre gréviste de la faim perd souvent connaissance. Leurs compagnons sont tous très affaiblis..
Nous souhaitons que ces cinq détenus ne viennent pas allonger la liste déjà longue des morts victimes du makhzen durant cette année de lutte déterminée du Mouvement du 20 février pour la démocratie, et que, libres, ils puissent reprendre leurs activités au sein de leur organisation syndicale.
Les parents d'Ezedine à qui les visites à leur fils sont interdites, subissent des harcèlements par téléphone et par lettres anonymes. Victimes de menaces, ils sont terrorisés et lancent un appel de détresse aux défenseurs des droits de l’homme, pour sauver leur fils qui meurt à petit feu, et pour le protéger contre la violence qu’il subit.
Un comité de soutien a été créé, aidé par des associations de défense des ddH
Le comité de soutien a mis en ligne deux pétitions*, il a envoyé un appel urgent aux parlementaires et autres élus, à de très nombreux journaux et sites marocains et français. Les retours sont encore timides, l’information en France passe mal, le gouvernement français apporte un inacceptable soutien inconditionnel à « son ami le roi »
Le journal l’Humanité et des sites comme Médiapart ont bien relayé l’information de ce drame imminent qu’il faut à tout prix éviter en dénonçant cette situation inhumaine et en faisant pression sur le pouvoir marocain afin que cessent enfin toutes ces arrestations arbitraires basées sur des aveux extorqués sous la torture.
Un courrier sera envoyé à l’ambassadeur du Maroc. Hier le député communiste Michel Vaxes a envoyé un courrier à Alain Juppé pour lui demander de faire pression sur les autorités marocaines.
Des écrivains militants tels Alain Rouscio et Mohamed Belmaïzi et de nombreux militants de l’AMDH, de la Voie Démocratique et de Attac Maroc et Attac-France apportent un précieux soutien à la lutte des étudiants grévistes
Le comité approuve le soutien et les exigences du Mouvement marocain du 20 février Paris /Ile de France, qui face au danger de mort qui guette les cinq jeunes grévistes de la faim, et particulièrement EZZEDINE, dans les prisons de TAZA et de Fès :
▪ Dénonce la détention arbitraire de ces jeunes étudiants pour des raisons syndicales
▪ Condamne les conditions inhumaines et affreuses de la détention de ces jeunes militants
▪ Exige leur libération immédiate pour éviter le danger de mort auquel ils sont exposés
▪ Exige l’arrêt immédiat des pressions et intimidations exercées à l’encontre de leurs familles par le régime marocain et ses serviteurs
▪ Exige de l’État Français de cesser son soutien au régime marocain ce qui, le moins qu'on puisse dire, l'encourage d'avantage dans sa politique de répression.
▪ Alerte les médias Français, l’opinion publique nationale et internationale sur l’état de santé des jeunes grévistes de la faim. L’assistance à personne en danger de mort est bien réelle et nous interpelle toutes et tous
▪ Appelle toutes les forces démocratiques, leurs militant-e-s et élu-e-s, amies du peuple marocain à se mobiliser pour sauver la vie d’ EZZEDINE et la vie des détenus de Fès
L'AMDH a adressé une lettre urgente et ouverte à Messieurs le président du gouvernement au Maroc, le ministre de la Justice et de la Liberté au Maroc, lettre transmise au président et au secrétaire général du conseil national des droits de l'homme au Maroc et invite à un rassemblement le 22 février 2012, à Rabat, place des martyrs, en face du Conseil National des Droits de l'Homme au Maroc.
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